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La ville en transition, AgriCité ou Food City ?

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4. La ville en transition, AgriCité ou Food City ?

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Figure 4. Crédit photo SB/Terres en Villes.

Evidemment, chaque politique locale combine des éléments de plusieurs types. Les deux premiers types regroupent surtout les villes des grands bassins de production céréaliers comme Toulouse, Amiens, Nancy ou laitiers comme Rennes et Besançon qui ont vu disparaître leurs exploitations spécialisées et diversifiées au fur et à mesure de la modernisation. Les trois derniers types rassemblent les villes de la polyculture élevage comme Chambéry, Grenoble, Lyon, Nantes ou les villes méditerranéennes comme Aix en Provence, Aubagne, Perpignan et Toulon qui ont gardé jusqu’à présent une agriculture de proximité diversifiée et/ou une agriculture à forte valeur ajoutée.

Toutes ces politiques ont dans la dernière période revalorisé la fonction nourricière de l’agriculture et réinterrogé le modèle de la campagne urbaine centré sur les seules aménités vertes de l’agriculture périurbaine.

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pag. 193 protection des espaces agricoles mais tend si on y prend garde à autonomiser les

formes agricoles des formes urbaines. Par contre, si on la conçoit aussi comme un moyen d’organiser la ville diffuse, la lutte contre l’étalement urbain devient créatrice de nouvelles formes agri-urbaines. La seconde, la nature en ville, est aussi un des prin-cipaux vecteurs du renouvellement des formes agricoles périurbaines. Les politiques fondées sur l’acception traditionnelle de la nature en ville, c’est à dire les espaces ouverts et leurs usages récréatifs, se sont renforcées à la faveur du développement des projets locaux et de l’essor de la planification stratégique (trame verte et bleue, schémas régionaux de cohérence écologique). Quant à la seconde acception de la nature en ville, elle rompt avec la construction hors sol de la ville : “La nature, ce n’est pas juste la biodiversité, c’est une politique de territoire qui tend à penser la ville comme un système ouvert et non pas comme un système clos autosuffisant” (Blanc 2010). Enfin l’agriculture périurbaine est de plus en plus interrogée du point de vue de la transition énergétique et du métabolisme urbain.

L’irruption de la question alimentaire a revalorisé la fonction de production de l’agricul-ture et mis en avant une approche sociétale de l’alimentation. Le passage d’une so-ciété agricole où ce qui est produit est consommé sur place à une soso-ciété agro-indus-trielle puis agro-tertiaire où les aires d’approvisionnement alimentaire s’organisent à une échelle mondiale a suscité une réaction forte ces dernières années, “un bascule-ment vers une forme de reterritorialisation de l’alibascule-mentation” (Brand, BonneFoy 2010).

Des AMAP à l’avis du Comité européen des régions, cette évolution érige le système alimentaire territorial en question politique.

Assez loin d’une Italie plus urbaine, plus interprofessionnelle et de son mouvement Slow Food, chantre de la dimension culturelle et symbolique des territoires, la France urbaine s’attache plus aux qualités sanitaires du produit, à la dimension sociale et à l’évolution des pratiques agricoles qu’à un ‘terroir’ jugé trop ruraliste, trop ‘chabrolien’.

Là encore, la montée en puissance des acteurs de la société civile et des pouvoirs locaux a élargi le champ de la politique agricole périurbaine locale en multipliant les actions  : approvisionnement de la restauration collective et développement de la production biologique ou locale de qualité, organisation de la logistique de mise en relation de l’offre et de la demande locales, appuis aux innovations de marché, épice-rie et paniers solidaires, banques alimentaires, actions transversales entre les champs sanitaire, économique et social de la gouvernance alimentaire comme le projet d’une Maison Intercommunale de l’Alimentation et du Mieux Manger en Pays Voironnais ou la définition du référentiel de l’alimentation durable par la région Nord-Pas-de-Calais.

Cela va même jusqu’à l’émergence d’une nouvelle catégorie politique, l’agriculture urbaine, qui regroupe les jardins partagés, collectifs, l’agriculture nomade…

Le retour de l’économie territoriale, un des signes du post-fordisme, est facilité par l’af-firmation des agglomérations et métropoles comme cœur du réacteur économique selon l’expression du maire de Lyon. La reconfiguration de l’économie des territoires français, notamment l’émergence d’un système territorial dit résidentiel productif qui tire partie pour son développement productif de l’économie présentielle, devraient susciter de nouveaux types d’actions en faveur de l’agriculture et de l’agro-alimen-taire périurbains. Les emprunts aux politiques de pôle de compétitivité tout comme la prise en compte de la dimension économique de la gouvernance alimentaire mé-tropolitaine (y compris dans sa part non marchande) devraient être dans les années futures un angle d’approche important des politiques agricoles périurbaines.

La trajectoire française agricole périurbaine semble donc conduire actuellement sous l’égide de la transition écologique, énergétique et sociale de la ville à une hybridation

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des deux approches historiques, celle de la planification par l’espace agricole et les formes et celle du développement agricole local par le projet local et l’économie, et, à une nouvelle créativité. L’agriculture périurbaine apparait de plus en plus comme une composante de la ville diffuse et de la métropolisation dont les rôles mais aussi les formes commencent à être revisités par la transition écologique et sociale.

Elle est clairement en France une politique d’agglomération, en passe de devenir assez commune, une préoccupation portée de plus en plus par les acteurs de la ville dont les experts de l’urbanisme mais avec une présence mieux affirmée du monde agricole. Ceci ne va pas sans conflit, sans opposition sur le modèle d’agriculture et la place des professionnels dans la définition des orientations agricoles locales.

Toutefois le caractère mouvant de l’agriculture périurbaine et l’irruption de ‘l’agricul-ture urbaine’ en fait un objet flou, souvent intégré (et parfois instrumentalisé) par d’autres politiques comme la politique Ville/Campagne, la politique de trame verte et bleue, la politique alimentaire.

Il est urgent d’en comprendre les spécificités (ou de dépasser le concept), les modes de renouvellement pour bien l’articuler avec les autres enjeux.

Références

Berriet-Solliec M., trouvé A. (2010), “La Politique agricole commune est-elle territoriale?”, in Hervieu B., Mayer B., Muller P. (sous la direction de), Les mondes agricoles en politique.

De la fin des paysans au retour de la question agricole, Presses de Sciences Po, Paris, pp.

397-413.

BonneFoy S. (2011), “La politisation de la question agricole périurbaine en France  : points de repère”, Urbia, n. 12, pp. 17-38.

Bertrand n. (2009), “Les enjeux des territoires périurbains en Europe”, communication lors des 1ères Rencontres européennes des Leader périurbains, Le Mans, 3 Décembre 2009.

Burgel g. (1993), La ville aujourd’hui, Hachette, Paris.

douillet a.c., Faure A. (2010), “Périurbanité et dynamiques intercommunales : l’agricul-ture entre sillons de dépendance et nouvelles priorités d’action publique”, in Bertrand n. (sous la direction de), L’agriculture dans la ville éclatée, Université de Montréal, Mon-tréal, pp. 123-138.

Fleury A., laville J., darly S., lenaerS v. (2004), “Dynamiques de l‘agriculture périurbaine : du local au local”, Cahiers d’études et de recherches francophones / Agricultures, vol. 13, n. 1, pp. 58-63.

Hervieux B., viard J. (2011), Au bonheur des campagnes et des provinces, Éditions de l’Aube, La Tour d’Aigues (orig. 1996).

Auteur Serge Bonnefoy Terres en Ville

serge.bonnefoy@terresenvilles.org

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Esperienze e racconti di nuova agricoltura 1

Giuseppe Canale, Massimo Ceriani