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L’éducation promotrice de la santé des enfants de 3 à 11 ans

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des enfants de 3 à 11 ans

J.-C. Azorin et A. Stoebner-Delbarre

Dans une démarche de promotion de la santé et du bien-être, l’enfant est un homme en devenir dans ses multiples dimensions bio-psychosociales en rapport avec son environnement familial, culturel et éducatif. De 3 à 11 ans sur le plan de son développement physique, psychologique, affectif et socio-cognitif, l’enfant va connaître divers stades ou étapes et vivre des expériences déterminantes dans la construction de sa personnalité. À la maison, à l’école, dans la rue, il va découvrir les contours de son identité, la confronter à l’autre, aux autres. Ces épisodes de vie sont déterminants dans l’émergence d’une estime et d’une affirmation de soi rai- sonnables et positives pour la prise de décisions pertinentes par rapport à ses choix de vie.

Les acteurs d’éducation pour la santé, en partenariat avec la plus large commu-

nauté socio-éducative possible, peuvent alors inscrire leur action dans un continuum

tout au long de la scolarité de l’enfant en se faisant « passeurs » de santé en mettant

en liaison des espaces, des temps et des acteurs d’éducation.

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Pourquoi promouvoir la santé à l’école ?

L’école est reconnue comme un des lieux privilégiés d’éducation et de promotion de la santé. Elle ne peut jouer son rôle que si les enfants-élèves sont capables d’appren- dre. En cela, l’éducation et la santé sont indissociables. L’enfant qui a peur, qui a faim ou qui est fatigué n’est pas capable de bien assimiler des connaissances. De même, un climat de violence, des difficultés affectives, et d’autres problèmes évita- bles de santé peuvent entraver le développement harmonieux de l’enfant. « On app- rend mieux lorsqu’on est en bonne santé. Lorsqu’on apprend mieux, cela favorise la santé » (1). L’école est aussi un lieu communautaire privilégié dans la mesure où elle permet d’atteindre la très grande majorité d’une classe d’âge (2). Enfin, après la famille, l’école est l’espace où l’enfant peut acquérir les connaissances et renforcer les compétences propices à la conquête de son autonomie et de son épanouisse- ment. Les enfants qui acquièrent jeunes des compétences leur permettant de rester en bonne santé peuvent les appliquer avec leurs parents et par la suite lorsqu’ils deviennent adultes les transmettre à leurs propres enfants.

Qu’est ce qu’une école promotrice de santé ?

Une école promotrice de santé doit veiller à ce que la santé soit présente dans tous les aspects de la vie scolaire et communautaire. Les élèves, les enseignants, les parents et les autres membres de la communauté sont impliqués et s’occupent d’eux-mêmes et des autres, prennent des décisions sur les conditions et les situa- tions qui influencent la santé, créent des conditions sociales favorables à la santé, améliorent la compréhension des concepts sanitaires par les élèves et leur applica- tion (adapté de la première Conférence internationale sur la promotion de la santé d’Ottawa 1986 [3]).

En France, la mission de l’école dans le domaine de la promotion de la santé s’in- tègre dans le processus éducatif concernant l’ensemble des élèves. Elle vise à :

– favoriser l’équilibre et le bien-être physique, mental et social des élèves, afin de contribuer à la réalisation de leur projet personnel et professionnel ;

– détecter précocement les difficultés susceptibles d’entraver la scolarité ; – agir en appui de l’équipe éducative, pour une meilleure prise en charge des élèves ;

– accueillir et accompagner tous les élèves, leur faciliter l’accès aux soins ; – développer une dynamique d’éducation à la santé et à la sexualité et de pré- vention des conduites à risque ;

– contribuer à faire de l’école un lieu de vie prenant en compte les règles d’hy- giène, de sécurité et d’ergonomie.

Elle contribue, en liaison avec la direction générale de la santé, à une mission

d’observation et de veille épidémiologique. Ces missions sont définies dans la

circulaire n° 2001-012 du 12 janvier 2001 (4).

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Quelles stratégies pour promouvoir la santé à l’école ?

Politiques de santé

Les politiques de santé scolaire constituent la voûte supérieure des programmes dans les écoles. Elles apportent objectif, cohérence, crédibilité et engagement à tou- tes les autres activités entreprises pour améliorer la santé des élèves et les résultats scolaires.

En France, depuis 2003, le programme quinquennal de prévention et d’éduca- tion pour la santé des élèves, complété par un arsenal de circulaires, réaffirme l’im- portance de la prévention et de l’éducation à la santé à l’école pour le développe- ment harmonieux de l’enfant et la réussite de l’élève (5). La tutelle de la mission de promotion de la santé des élèves est exercée, au ministère de l’Éducation nationale, par la sous-direction de la vie scolaire (DESCO). Le cœur de ce dispositif est l’éta- blissement scolaire sur lequel reposent la définition des besoins, l’impulsion et l’a- nimation des actions dans le cadre du projet d’établissement, l’organisation des par- tenariats de proximité, sous la responsabilité du chef d’établissement, tant en ce qui concerne les élèves que les équipes éducatives. La loi du 9 août 2004 pour une nou- velle politique de santé publique renforce l’importance de la prévention par la pro- motion et l’éducation pour la santé (6).

Les stratégies politiques concernent les droits, mais aussi les devoirs et l’égalité.

Elles veillent à mettre à disposition un environnement favorable à la santé et acces- sible pour tous. Les dispositions prises dans ce cadre peuvent concerner la sécurité des aires de jeux de l’école mais aussi la restauration scolaire, la prévention de la violence, l’accès à l’eau et à des sanitaires respectueux de l’intimité. Des politiques scolaires de régulation du comportement des enseignants et des élèves en matière de santé peuvent constituer un moyen de renforcement de l’éducation à la santé : en s’abstenant de fumer à l’école, par exemple, les enseignants peuvent servir de modèles positifs à leurs élèves. Enfin, ce sont les dispositifs politiques qui organi- sent aussi l’accès aux soins, aux services de santé scolaire, ou de protection mater- nelle et infantile.

Une politique peut ainsi contribuer à créer un environnement physique et

psychosocial harmonieux pour tous les élèves et pour le personnel scolaire et faire

de l’école, un modèle pour toute la communauté (7).

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Approche intégrant les structures liées au cursus scolaire

En France, l’école maternelle accueille les enfants dès l’âge de trois ans, pour trois années et trois sections à cheval sur deux cycles de cursus scolaire (tableau I).

D’un point de vue sanitaire, sur trois ans que dure la scolarité en maternelle, l’enfant va être suivi successivement par deux services différents : les services de la Protection maternelle et infantile du Conseil général les deux premières années, les services de santé de la médecine scolaire la troisième année. Cela constitue dans les faits une première rupture dans le suivi des enfants, de par la séparation de tutelle de ces deux services.

Au niveau scolaire, l’enfant va connaître une deuxième rupture plus éducative qui survient lors du passage de la « petite école » vers la « grande école », où l’on consta- te une déperdition dans le suivi du développement psychoaffectif de l’enfant loin d’ê- tre compensée par la politique des cycles à l’école primaire. Une école qui favorise la santé prend en compte ces différentes ruptures structurelles, éducatives et sanitaires qui ont tendance à tronçonner l’enseignement et les actions éducatives. Le tableau II illustre la mise en perspective possible du cursus scolaire et de l’éducation pour la santé de l’enfant de 3 à 11 ans. Priorité de santé publique et programme de l’Éduca- tion nationale sont tout à fait compatibles dans un continuum d’actions éducatives et pédagogiques tout en respectant le développement de l’enfant et ces capacités d’apprentissages. Les textes et les recommandations officiels des deux ministères Santé et Éducation nationale autorisent et cadrent ces enseignements. Dans cette mission, Épidaure joue un rôle de médiateur. Les actions doivent rester pertinentes par rapport aux priorités de santé publique telles qu’elles sont définies par les diver- ses données épidémiologiques. Enfin, les interventions prennent aussi en compte les directives, textes, recommandations et programmes officiels des différents ministères en charge de l’enseignement, de l’éducation et de la santé de l’enfant.

Tableau I - Cursus scolaire de l’enfant de 3 à 11 ans en France : ruptures structurelles, édu- catives et sanitaires.

Cursus scolaire Primaire

des enfants de 3 à 11 ans Maternelle Élémentaire

Cycle 1 Cycle 2 Cycle 3

Petite Moy.

section section GS CP CE1 CE2 CM1 CM2

Instances impliquées Protection Médecine scolaire dans le suivi santé maternelle Service santé

des élèves et infantile de l’Inspection académique Conseil général (Éducation nationale) Suivi pédagogique Inspection académique Éducation nationale

Suivi éducatif Employés municipaux, associations

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Tableau II - Mise en perspective des cursus et programmes scolaires concernant l’éducation à la santé de l’enfant de 3 à 11 ans avec les thématiques santé abordées à Épidaure.

Cursus et Cycles I Cycle II Cycle III

programmes Apprentissages Apprentissages Approfondissements

scolaires premiers fondamentaux Cours élémentaire 2,

Petite et moyenne grande section cours moyens 1 et 2 sections de maternelle de maternelle,

Découverte sensorielle cours préparatoire Éducation à – Explorations gustative et élémentaire 1 l’environnement et olfactive Les manifestations – Approche écologique Exploration du de la vie chez l’enfant à partir de

monde de la matière – Le corps de l’environnement – Conscience de l’enfant : les 5 sens, proche

l’existence de l’air les mouvements, Le corps humain

– Observation des les dents et l’éducation

caractéristiques du vivant Importance à la santé Découverte du milieu, des règles de vie – Les mouvements

environnement et d’hygiène corporels

– Découverte de milieux et (propreté, (fonctionnement de leurs caractéristiques alimentation, des articulations – Initiation à une attitude sommeil) et des muscles)

responsables : gaspillage, – Première approche

tri, respect des lieux des fonctions

et de la vie de nutrition (digestion,

Découverte du corps, respiration, circulation)

hygiène et santé – Reproduction

– Image du corps humain, des humains et éducation

règles d’hygiène à la sexualité

Éducation à la sécurité – Conséquences de

– Risque de la rue, de la route, notre hygiène ; actions de l’environnement familier bénéfiques ou nocives

de nos comportements ; principes simples de secourisme Thématiques J’existe, je découvre Je grandis, je vis Je partage le monde

santé le monde : avec les autres avec les autres

abordées – Je goûte – Je mange bien – Alimentation

à Épidaure – Je respire – Je me bouge, et nutrition – J’explore de – je me repose – Respiration, nouveaux espaces – Je prends l’air circulation – Je mets des mots – Je prends soin – Mon corps sur mes sensations de moi (hygiène m’appartient

bucco-dentaire, – Prévention des corporelle, vestimentaire)conduites addictives – Je mets des mots – J’exprime mes choix, sur mes sentiments j’émets des opinions

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Approche globale de l’enfant

Les programmations en éducation pour la santé s’appuient sur la mise en perspective et l’intégration des divers facteurs du développement de l’enfant avec son environnement familial et social. En s’attachant à la meilleure prise en compte de la globalité de l’enfant et des différents stades de son développement, l’approche en éducation pour la santé est multidisciplinaire, transversale et s’inscrit dans une méthode de promotion du bien-être et de la santé globale de l’enfant en se gardant de démarche injonctive, normative, mora- lisatrice ou limitée à la prévention de tel ou tel risque ou telle ou telle pathologie.

Les divers programmes de promotion pour la santé font la part belle aux modè- les préconisant des méthodes favorables à l’acquisition par les sujets eux-mêmes des aptitudes individuelles à exercer un plus grand contrôle sur leur propre santé et faire les choix favorables à celle-ci, mais c’est au fil des années que l’enfant suit une pro- gression où chaque acquis antérieur sert de base pour l’étape suivante. Ainsi, l’ap- proche en éducation pour la santé s’efforce-t-elle d’apporter au questionnement de l’enfant les réponses adaptées à sa réalité, à ses préoccupations du moment, à ses motivations, à ses capacités à intégrer un réel savoir qui fasse vraiment sens pour lui.

Par ailleurs, tout en stimulant sa créativité, il est important de mettre en place des dispositifs au sein desquels il peut renforcer un ensemble de compétences suscepti- bles de l’aider à développer son esprit critique et les capacités de son expression et communication avec le monde. Ce cheminement n’est pas linéaire mais en spirale et progressif de 3 à 11 ans comme illustré dans le tableau III. Il sert de structure à toutes les actions réalisées par Épidaure auprès des enfants.

Tableau III - Approche progressive en éducation pour la santé, de l’intime vers le social pour les enfants de 3 à 11 ans.

J’ai trois ans J’ai onze ans

Moi Je suis – Je grandis – Je prends soin de moi

Moi et le monde Je découvre le monde – J’explore le monde – Je partage le monde Moi et les autres Je dis – Je lis – J’écris

Mes habiletés Je manipule – J’expérimente, je tâtonne – J’émets des hypothèses Mon approche Sensori-motrice – Concrète – Formelle, puis abstraite

du monde

Ma conception Bien dans mon corps – Bien dans ma tête – Bien avec les autres de la santé

De l’intime vers le social

Approche globale intégrée dans le cursus scolaire

Une approche cohérente doit être globale dans l’espace, le temps, entre tous les

intervenants et prendre en compte tous les statuts de l’enfant (fils ou fille de, élève,

ami(e), usager) (tableau IV).

(7)

Tableau IV - Éléments et cohérence pour une prise en charge globale en éducation pour la santé (pour une approche globale et cohérente, tous les éléments doivent être pris en comp- te selon les axes verticaux et horizontaux).

Espaces Temps Responsables Responsables Statuts

éducatifs santé

Maison Extrascolaire Parent Famille Médecine de ville Enfant

École Scolaire Enseignants PMI Élève

médecine scolaire, psychologue scolaire

Restaurants Périscolaire Animateurs, Textes Usager

scolaires, crèches, Agents réglementaires,

centres de loisirs techniques comité technique, etc.

Pour accroître l’adhésion de tous, l’équipe d’Épidaure a pris l’option de mettre en pertinence les priorités de santé publique régionales et nationales avec les objectifs d’en- seignement de l’Éducation nationale. Cette mise en perspective permet aux enseignants d’intégrer dans leur « métier » et leurs pratiques professionnelles et pédagogiques au quotidien des interventions en éducation à la santé en surmontant la représentation persistante de leur conception de la santé perçue comme une affaire d’experts médicaux.

D’un point de vue thématique, si l’on met en perspective les déterminants de la santé d’un individu avec les contenus disciplinaires et les compétences transversales ou méthodologiques au programme de l’école, on s’aperçoit que les angles d’attaque sont multiples, très ouverts et aisés à mettre en cohérence et en application (fig. 1).

Compétences psychosociales Compétences transversales

favorables à la santé à développer à l’école

– Savoir résoudre des problèmes, savoir prendre des décisions – Avoir une pensée créative, avoir une pensée critique

– Savoir communiquer efficacement, être habile dans les relations interpersonnelles – Avoir conscience de soi, avoir de l’empathie pour les autres

– Savoir gérer son stress, savoir gérer ses émotions

Fig. 1 - Approche intégrée de l’éducation pour la santé dans le cursus scolaire pour les enfants de 3 à 11 ans.

Déterminants de santé physiologique, biologique et environnementaux – Biologie humaine

– Environnement – Comportements, styles

de vie

– Services de santé – Milieu socioculturel

Contenus disciplinaires scolaires – Découvrir le monde. Sciences

de la vie et de la terre.

Éducation physique et sportive.

Sciences et technologie – Vivre ensemble. Agir dans le

monde. Éducation citoyenne

Programmes Santé

(8)

Qui peut promouvoir la santé à l’école ?

Sur la base de représentations anciennes, la santé et son articulation avec l’éduca- tion ont posé chez les « non-spécialistes » le problème de la compétence et suscité chez eux une certaine inhibition. C’est ainsi que l’éducation pour la santé a long- temps été le domaine réservé du milieu biomédical, milieu qui, par voie de consé- quence, s’est trouvé en situation de contre-emploi, l’enseignement des très jeunes par exemple n’étant pas son métier premier.

De nos jours, les définitions de la santé et les théories de l’éducation appliquées à la santé basées sur la notion de promotion font émerger l’intérêt d’une approche globale et offrent à chacun une place dans l’appropriation de la connaissance et la maîtrise des déterminants de santé (tableau V). Cette approche communautaire en interaction avec les modèles biomédicaux et psychosociaux implique toute la com- munauté éducative réunie autour de l’enfant en qualifiant de manière claire l’ensei- gnant pour cette mission. Cependant, les enseignants émettent souvent la question, sinon de l’opportunité, de la légitimité de l’éducation pour la santé à l’école et de leur rôle dans ce domaine. Cette position n’est pas du tout inconfortable car les objectifs mais aussi les méthodes de l’enseignant moderne et de l’éducateur pour la santé sont heureusement les mêmes.

Tableau V - Évolution et permanence des définitions et modèles en éducation pour la santé.

XIXe Milieu du XXe De nos jours

Définitions de la santé État Résultat Processus

Domaines de la santé Biomédical Sanitaire et social Communautaire, participative Finalité Soigner le mal Prévenir la maladie Promouvoir la santé Objectifs des acteurs Transmettre Inciter S’approprier

de santé

Publics Objet Sujet Agent

Objectifs Instruire Enseigner Éduquer

Méthodes pédagogiques Dogmatique Socratique Active, non directive

L’enseignant

Dans la finalité de sa mission, le pédagogue partage avec le promoteur de santé le

souci commun de favoriser l’épanouissement complet de l’enfant, pour en faire un

adulte autonome en mesure d’effectuer les choix pertinents pour son développe-

ment harmonieux et sa réussite. Pour cela, tous deux vont l’aider à construire des

connaissances, développer des compétences psychosociales ainsi qu’une image posi-

tive de lui-même favorables à son inscription dans un processus permanent

d’adaptation à son environnement.

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L’équipe pluridisciplinaire

Une équipe multidisciplinaire peut assurer un suivi des programmes en fédérant autour des actions tous les acteurs concernés sur l’axe du temps, mais aussi sur la durée suffisante à la mesure d’un impact sur l’état de santé de la population visée.

Un centre ressources de l’Éducation nationale ayant pour objectif la promotion de la santé trouve tout naturellement sa place dans ce dispositif au côté des équipes éducatives en ce qui concerne l’éducation à la santé. Il constitue un outil suscepti- ble de mettre en liaison, pertinence et continuité, les divers acteurs de santé et édu- catif engagés sur des programmes en éducation pour la santé dans le milieu scolai- re mais aussi péri- et extrascolaire. Une équipe dédiée avec un statut de « centre res- sources académique » permet d’intervenir en toute légitimité pour la mise en cohé- rence des programmes. Elle assure le suivi par-delà les clivages et ruptures institu- tionnelles, éducatives et fonctionnelles. Elle peut occuper une place médiane très intéressante pour être un « passeur de santé », assurant la cohérence et la continui- té des interventions à l’intersection des divers milieux éducatifs que l’enfant sera conduit à fréquenter.

Dans ce cadre, Épidaure, département prévention du CRLC, abrite le centre Ressources Prévention Santé de l’Inspection académique de l’Hérault, dont la mis- sion consiste à relier les équipes éducatives des écoles maternelles et élémentaires aux spécialistes de santé publique, afin de les accompagner dans leurs projets en éducation pour la santé. Une des missions du centre ressource va être notamment d’aider les enseignants à inscrire une démarche active d’éducation à la santé dans leur pratique quotidienne.

Quelle démarche pratique utiliser en éducation pour la santé à l’école ?

Partir de l’enfant

Même très jeune, l’enfant a déjà une expérience du fonctionnement de son corps et une histoire partagée avec son bien-être ou son mal-être. Notre intervention repose sur la réflexion que l’on va proposer à l’enfant sur ce vécu mais aussi sur ses repré- sentations et conceptions par rapport à la notion de santé. L’inflexion des conscien- ces vers des modes de vie pertinents au regard de sa propre santé passe tout autant par l’acquisition de connaissances que par l’amélioration de compétences psycho- sociales propices à répondre avec efficacité aux épreuves de la vie.

Acquérir des savoirs par le vécu-perçu

Notre dispositif éducatif propose de mettre l’enfant en position favorable pour

confronter ses propres représentations à celles d’autres enfants mais aussi à l’expé-

rimentation. La priorité que nous donnons à l’apprentissage de l’enfant est une

approche par le vécu-perçu en lui faisant vivre un certain nombre d’expériences

susceptibles de l’amener à mettre en perspective son ressenti avec « une réalité »,

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c’est-à-dire à acquérir des savoirs qui fassent sens. Cette théorie est illustrée dans l’encadré I détaillant une animation type à Épidaure pour une classe d’élèves du CM2 de l’école élémentaire sur le thème de la prévention du tabagisme.

Ateliers pour les élèves de 10 à 12 ans sur le thème de la prévention du tabagisme

Déroulement de l’animation

• Accueil et présentations mutuelles

• Recueil des représentations sur les notions de respiration, santé et prévention (Discussion)

• Test de connaissances initiales sur l’appareil respiratoire et le tabac (Questionnaire vrai/faux)

• Ateliers : parcours d’interprétation par petits groupes (10 ateliers)

Objectif Matériel fourni

Tester ses connaissances sur l’appareil respiratoire Fiche quizz

Comparer la température ambiante à celle de l’air expiré Fiche et thermomètre

Évaluer sa capacité pulmonaire Fiches et ballons

de baudruche Constater l’hygrométrie de l’air expiré Miroir de poche Mesurer sa fréquence respiratoire au repos, après effort Fiche

Sablier Mesurer sa cage thoracique à l’inspiration et à l’expiration Fiche

Mètre de couturière Analyser une affiche publicitaire pour le tabac Fiche

Analyser les infos sur les emballages de paquets de cigarettes Fiche paquets factices

Quizz de connaissances sur le tabac Fiche

Test attitude tabagisme Fiche

• Regroupement : Projection d’une vidéo « Les Streums ».

• Jeux de rôle « Moi, les autres et le tabac » où un élève propose à un camarade une cigarette.

• Projection de la vidéo « Mini Keums et tabac ».

• Conclusion, émission d’un message commun prévention santé.

• De retour en classe dans la quinzaine qui suit : test de connaissances post-action (même questionnaire vrai/faux)

Encadré I

4 ateliers Tabac 6 ateliers respiration

}

}

(11)

« Tout petit au restau » La nourriture à l’école

Programme d’intervention en éducation nutritionnelle dans le cadre scolaire et périscolaire pour les enfants de maternelle, leurs parents et les équipes éducatives.

Initié conjointement par Épidaure CRLC, la protection maternelle et infantile de l’Hérault Agence de Montpellier Sud, la municipalité de Montpellier et l’Inspection acadé- mique de l’Hérault, ce projet a reçu le soutien du Plan régional Nutrition et Santé.

Finalité : le programme a pour finalité la promotion de la santé des jeunes enfants par une meilleure alimentation à travers la réalisation des objectifs définis.

Objectif général : rendre plus cohérentes les différentes prises alimentaires de l’enfant et de l’élève au cours d’une journée. Observer l’évolution de l’indice de masse corporelle (IMC) des enfants en moyenne section de 2001 à 2006 à la lumière des évolutions de com- portements.

Objectifs spécifiques de la session 2003-2004 – Méthode et actions :

– objectif à terme : suivre une cohorte d’enfants sur trois ans (habitudes alimentaires) ; – réunir et sensibiliser les directeurs des écoles ;

– former les équipes ATSEM du secteur scolaire ;

– réaliser une enquête auprès des enseignants sur les diverses prises alimentaires de l’enfant au cours de son séjour à l’école ;

– évaluer qualité et quantité des prises alimentaires au repas de midi au restaurant sco- laire ;

– organisation de tables rondes dans les écoles réunissant médecins et assistants sociaux de la protection maternelle et infantile, parents, enseignants, ATSEM, nutrition- nistes et diététiciennes ;

– enquête « petit déjeuner » auprès des parents d’enfants de petite section.

Résultats : suite à notre action un tiers des classes concernées a supprimé la collation du matin et un tiers l’a aménagée. Cela a eu pour effet constaté une meilleure appétence des enfants pour une plus grande variété de produits alimentaires le midi et une sensibili- sation des parents et enfants sur la nécessité d’anticiper en prenant un petit déjeuner plus complet à la maison.

La formation des ATSEM a remporté un grand succès d’estime et permis de sensibili- ser par leur biais des équipes éducatives qui ne se sentaient pas concernées par la réflexion entamée.

Perspectives : une généralisation de l’action et l’observation de l’évolution des com- portements comme des courbes IMC devrait permettre de tirer quelques conclusions de causes à effets (cohérence des diverses prises alimentaires et prévalence de l’obésité).

Pour qu’ils ne restent pas lettre morte par rapport au développement d’attitudes et comportements favorables à la santé, l’enfant doit pouvoir mettre ses nouveaux savoirs en perspective avec son environnement proche et la manière dont il s’y inscrit.

Il ne servirait à rien, par exemple, de mettre en place de séances de promotion de l’hy- giène bucco-dentaire à l’école si les enfants n’avaient in situ, dans leur quotidien, un accès à un espace aménagé pour le brossage des dents ou d’avoir une quelconque ambition d’ef- ficacité si, à côté d’un message militant anti-tabagique, les maîtres continuaient à fumer au vu et au su des enfants.

Encadré II

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Bénéficier de démarches pédagogiques qui font sens

L’école a le souci d’adopter des démarches pédagogiques qui font « sens » en respec- tant la différence à travers la diversité de ses publics. À partir des représentations et du questionnement de l’enfant, notre souci sera de lui fournir les outils pour partir à la conquête de son identité et renforcer une image positive de lui-même. Une telle image sera favorable à son inscription dans un processus permanent d’adaptation à son environnement allant du biologique au social, en commençant par la structura- tion de son moi enfantin, tout comme le sera le fait de lui apprendre à mieux lire et à comprendre le monde qui l’entoure. Trop souvent les savoirs enseignés restent anecdotiques et ne font pas réellement sens pour l’enfant en demeurant des connais- sances abstraites détachées de sa réalité, de ses préoccupations et de la finalité de l’en- seignement. L’apprentissage morcelé des principales fonctions physiologiques du corps humain n’est pas suffisant et parfois contre-productif dans un objectif d’édu- cation pour la santé. Il sera plus intéressant, par exemple, dans une séance de pré- vention du tabagisme d’engager les enfants à s’écouter respirer que d’apprendre la composition comparée de l’air inspiré/expiré ou bien dans le cadre d’éducation ali- mentaire de se poser la question du « pourquoi on mange ? » avant de détailler une classification des aliments en fonction de leurs qualités nutritionnelles.

Pour illustrer cette théorie, nous proposons dans l’encadré II un exemple d’ani- mation éducative nutritionnelle.

S’approprier des savoirs

Dans notre démarche une priorité est de rendre l’enfant acteur de ses apprentissa- ges en partant de son questionnement et en le conduisant à devenir l’auteur de ses savoirs à travers une approche expérimentale. Il est invité à fréquenter des parcours d’interprétation thématiques (voir encadré I). Cette situation doit être mobilisatri- ce, porteuse de sens et provoquer une activité dans laquelle l’apprenant s’implique personnellement et durablement.

Développer des compétences

L’information est nécessaire, mais ne suffit pas. L’amélioration des connaissances ne conduit pas automatiquement à des changements de comportements (8). Certaines compétences sont nécessaires pour prendre et appliquer des décisions de santé positives.

C’est pourquoi le développement de l’estime de soi, le renforcement des compétences psychosociales telles que la négociation, la résolution de problèmes, la pensée créatrice, la capacité à prendre des décisions, à faire face, les relations interpersonnelles et la com- munication sont des éléments importants à intégrer dans les programmes d’éducation pour la santé (9). Cet enseignement rejoint une éducation à la citoyenneté (10).

Conclusion

L’acquisition des connaissances et l’inflexion vers de nouvelles attitudes susceptibles

de susciter des comportements positifs pour le bien-être s’acquièrent dès le plus

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jeune âge. Cette démarche concerne tous les intervenants auprès des enfants en croisant les champs de l’éducation et de la santé. Elle doit être l’expression de com- pétences dans divers domaines comme la pédagogie, la communication, la psycho- logie, la sociologie… Au côté des enseignants, des parents et des acteurs de santé reconnus, Épidaure contribue à cette œuvre commune de promotion de la santé.

Références

1. O’Byrne D (2001) In : Promotion de la santé, prévention et surveillance des mal- adies non transmissibles, OMS Organisation mondiale de la santé. Informations sur la santé à l’école. Créer des écoles santé : 5

2. INSERM Expertise collective (2001) Éducation pour la santé des jeunes.

Démarches et méthodes. Eds INSERM Paris

3. Charte d’Ottawa (1986) www. .gouv.fr/cdrom_lpsp/pdf/Charte_d_Ottawa.pdf 4. Lang J (2001) Politique de santé en faveur des élèves. Orientations générales pour la politique de santé en faveur des élèves. Circulaire n° 2001-012 du 12-1-2001 BO spé- cial n° 1 du 25 janvier 2001 http://www.education.gouv.fr/bo/2001/special1/texte.htm 5. Ministère de l’Éducation nationale DESCO. La santé des élèves : programme quin- quennal de prévention et d’éducation. Circulaire n° 2003-210 du 1-12-2003 BO n° 46 du 11 décembre 2003 http://www.education.gouv.fr/bo/2003/46/MENE 0302706C.htm

6. Loi n° 2004-806 du 9 août 2004 relative à la politique de santé publique (1) JO n° 185 du 11 août 2004 page 14277 texte n° 4

http://www.legifrance.gouv.fr/WAspad/Visu?cid=712996&indice=4&table=JOR F&ligneDeb=1

7. Badura B, Kickbusch I (1991) Health promotion research. Towards a new social epidemiology. WHO Regional Publications, European Series 37

8. Institute of Medicine (2001) Health and behavior. The interplay of biological, behavioral, and societal influences. National Academy Press Washington 9. Sandrin-Berthon B (1997) Apprendre la santé à l’école. Coll. Pratiques et enjeux

pédagogiques. ESF Eds

10. Jourdan D (2004) La formation des acteurs de l’éducation à la santé en milieu scolaire. Coll École et santé, Éditions universitaires du Sud

sante

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