l’ancienne flèche cen trale , fixe au XIIIe siècle , de la m anière la p lu s précise, la d ate de la construction de la charpente aussi bien que celle de ce cam panile. L a cou- v ertu re se com pose de 1236 tables de plom b, d o n t chacune a 10 pieds de lo n g u eu r su r 3 de la rg e , et dont le poids total est évalué à 420,240 livres. La flèche, aussi couverte en plom b, avait 104 pieds depuis le faîtage du com ble ju sq u ' au coq placé à l 'ex trém ité de la croix. Elle m enaçait ru in e en 1792 ; on la d étru isit peu de tem ps après. L a vue que nous publions des b âtim ents de l’évêche re p ré - sente la flèche encore debout et peut d onner une idée de l’h eu re u x effet q u ’elle p ro d u isait p o u r ro m p re la longue ligne d u comble.
N otre gravure de la façade occidentale de N otre-D am e la m o n tre com plètem en t re sta u ré e , avec toutes ses statues rem ises en place , d ’ap rès le p ro je t com m uniqué p a r les architectes. La gravure de l’élévation m éridionale réta b lit égalem ent la décoration des chapelles et des co n tre-fo rts, dans l’é ta t où elle re p a ra îtra d ’ici à quelques m ois. N ous avons réédifié la flèche, d o n t la restitu tio n sem ble défini- tivem ent arrêtée. Nos lecteurs p o u rro n t ju g e r, d ’ap rè s n o tre plan ch e, de la disposition des bâtim en ts de la sa- cristie neuve avec la vieille cathédrale. Quand on a vu , com m e n o u s, la sacristie que Soufflot avait adaptée aux chapelles d u ch œ u r, et qui le s écrasait de sa p esan teu r, on apprécie bien m ieux encore to u t ce que l’aspect extérieur de N o tre -D a m e a gagné depuis la co nstruction de la sacristie nouvelle. L ’A d m inistration des cu ltes a g énéreu- sem ent accepté tous les sacrifices p o u r que cet accessoire indispensable de la cathédrale fût am en é à p e rfe c tio n 1.
1 Le Dictionnaire raisonné d'A r chitecture de M. V iollet-l e-Duc e x am in e su c c essiv em en t tous les d é ta ils de la c o n stru c tio n de
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In térieu r d e l ’é g lis e .
L ’aspect in té rieu r de N otre-Dam e est très-im p o san t.
Le c a ractère u n peu lourd de l ’a rc h ite c tu re n ’a rie n qui nuise à l'effet g én é ral; il lui im prim e au co n tra ire qu elq u e chose de plus grave et de plus m ajestueux. T andis que l’enveloppe de l’édifice subissait to u s les changem ents que nous avons co n statés, la nef et le c h œ u r, d o n t la co n stru c- tion exigea p rès de soixante ans de trav au x , conser- v aient dans le u r ensem ble u n e rem a rq u a b le u n ité . Ce n ’est guère que dans les détails q u ’on su rp re n d quelques différences. R ejetées en dehors de la ligne que l’œil p a r- court depuis l’e n tré e occidentale ju sq u ’au fond de l’abside, les façades d u tra n ss e p t ne viennent pas in te rro m p re la sym étrie. Au m ilieu de ta n t de p ertes à jam ais regrettables que l’église a successivem ent éprouvées, la plus fâcheuse de to u te s, celle qui en altè re le plus p rofondém ent les conditions essentielles, c’est la suppression systém atique de tous les vitraux peints qui rem plissaient les trois ra n g s de fen êtres dans les chapelles, d an s la trib u n e e t dans le p o u rto u r des m aîtresses voûtes. T outes ces baies, garnies a u jo u rd ’hui de v erres in c o lo res, laissent arriv e r le jo u r avec tro p d’ab o n d an ce e t de liberté. L ’arc h itec te du XIIIe siècle, qui c r ut d evoir ag ra n d ir to u te s les fenêtres h au tes, c o m p tait sur la présence des v itra u x peints p o u r co lo rer la lum ière et p o u r réchauffer les tons p a r trop uniform es des grandes m urailles. Il a u ra it, nous n ’e n pouvons d o u te r, adopté d’au tre s com binaisons, s'il n’avait
N otre-D am e, e t les e xp liq u e so it p a r le tex te , soit p a r la g ra - v u r e .
eu à sa disposition ce m oyen su r d ' illum iner l'édifice des teintes les plus brillan tes et les p lu s variées.
Du seuil de la gran d e p o rte au tra n se p t, le nom bre to ta l des travées est de d ix ; m ais les deux p rem ières , com prises e n tre les to u rs fo rm e n t une espèce de porche in té rie u r, d o n t l' élévation est d ’ailleurs égale à celle d u reste de la nef. Ces deux travées n ’o n t pas la m ê m e la r- g eu r que les suivantes : u n faisceau de colonnes les sépare, de chaque côté, l’une de l’a u tre , et des colonnettes, placées en second o rd re , m o n te n t à la voûte. De g randes baies ogivales o uv ren t su r les salles de l’étage su p é rie u r des tours.
A la p rem ière trav ée, au-dessus de l’entrée de l’église, se trouve la trib u n e de l’org u e, co n stru ite aussi au XIIIe siècle, et dont la voû te croisée de n ervures repose su r les piles la térales. A vant l’établissem ent des o rg u es, cette trib u n e pouvait recevoir des ch a n te u rs ou servir à la rep résen - tation de quelques scènes du d ram e litu rg iq u e , ce qui avait lieu e n c o re , il n ’y a pas lo n g te m p s, d an s certain es églises d ’Italie. Deux piliers ad m irab les, form és de la réu n io n de nom breuses colonnes qui s’élèv e n t d ’une seule venue ju s q u ’à la m a îtresse voûte, soutien n en t chacun le poids d’un des angles des to u rs, et m a rq u e n t, en m êm e tem ps que la lim ite d u porche, le com m encem ent de la n ef p ro - p re m e n t d ite ; ils p o rte n t un vigoureux arc doubleau re n - forcé d ’énergiques m oulures. H uit travées ap p a rtien n e n t d o n c spécialem ent à la nef. La nécessité de consolider les parties voisines des to u rs n ’a pas p erm is de d o n n e r à la p rem ière une la rg e u r p areille à celle des sept au tres.
Aussi cette travée présen te-t-elle un arc en ogive su rh au s- sée qui n ’a pas eu de place po u r se développer davantage.
D eux files de sept colonnes m onostyles serv en t de sup- pors aux arcs la té ra u x, e t u n e d ern iè re s’engage de chaque côté d ans le pilier d’angle d u tran se p t. Ces colonnes sont
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d ’un très-fo rt d ia m è tre ; elles o n t des socles carrés, avec grandes feuilles su r les an g les, des bases en to u ré es de scoties et de m oulu re s p la tes , des ch a p ite aux d ' une grosseur peu com m une, sculptés d ’une rich e et p uissante végétation tout em p ru n tée à la F lore parisien n e. La p rem ière colonne de chaque file est can to n n ée de q u a tre au tre s, évidem m ent destinées à d issim uler les p o rte-à-faux du second ordre e t des arcs la térau x . Le second p ilier ne conserve plus qu ’une seule de ces colonnes engagées , qui lui vient en aide p o u r p o rte r le g ro u p e de colonnettes im p lan té sur son chapiteau. D égagées de toutes ces excroissances, les colonnes qui suivent o n t u n e allure franche e t régulière.
Tous les arcs latérau x so n t en ogive, bordés de m ou- lu re s toriques. A u-dessus de chaque colonne s’élève un triple faisceau qui va recevoir les retom bées des voûtes , et qui p o rte aussi deux p etites colonnes su r lesquelles s ’appuient les arcs for m erets. U ne grande trib u n e , toute voûtée en p ie rre, d ’une larg eu r égale à celle d u p re - m ier collatéral , se prolonge dans to u te l’étendue de la n e f , au-dessus des arcs in férieu rs. A la prem ière travée, plus é tro ite que les suivantes, nous l’avons d i t , elle n ’a que d eux baies soutenues p a r de solides pilastres, et encore cette p réc au tio n n’a-t-elle pas suffi ; le ta s- sem ent des to u rs a occasionné d an s les arcs une d ép res- sion très-sensible. S u r chacune des sept autres travées de la nef, et su r deux travées en re to u r d an s le tra n sse p t, la tribune o uvre p a r u n e trip le ogive en cad rée d’un g ran d arc de m êm e form e. L a baie m édiane dépasse celles qui l’accom pagnent ; à elles tro is elles o n t po u r appuis deux colonnes légères taillées chacune d an s un seul bloc, et deux p ila stres engagés, tous co uronnés de chapiteaux à crochets. Un œ il-de-bœ uf a été percé d an s le tym pan de chacun des arcs qui enveloppent les trois au tre s, d u côté
du sud ; il n ' y a pas d ’o u v ertu res sem blables dans les ty m p an s du côté du n o rd . Cette galerie ajoute beaucoup à l’effet du m onum ent p a r ses p ro p o rtio n s ; c’est une dis- position p articulière aux églises de l’Ile-de-France. Le reg a rd se perd au m ilieu des voûtes et des faisceaux de colonnes de cette seconde cathédrale suspendue aux flancs de la gran d e église. L’état provisoire du m u r de clôture et des baies de la trib u n e , d u côté e x té rie u r, indiquait com m ent les voûtes en avaient é té modifiées lors de l’a- grandissem ent des fenêtres supérieures. A ujourd’hui la disposition prim itive a p u ê tre rétab lie dans la p rem ière travée après les to u rs et dans les deux re to u rs des galeries su r les tran ssep ts.
Nous avons déjà indiqué les changem ents ap p o rtés, dès le XIIIe siècle, à la form e des fenêtres h au tes, e t le r é ta - blissem ent com m encé de quelques-unes d ’en tre elles dans le u r é ta t prim itif. Les fen ê tre s, agrandies p a r les succes- seurs des prem iers architectes, descendent p resq u e sur les grands arcs de la trib u n e . Au co n tra ire , avant le u r re m a - niem ent, les baies des fenêtres s’a rrêta ie n t à u n e distance telle, q u ’une rose avait p u être pratiq u ée au-dessous de chacune d’en tre elles. L’édifice avait ainsi à l’in té rie u r un étage de plus, et l’on p e u t v oir, d ’ap rès les travaux déjà opérés, com bien il y g agnait en g ra n d e u r ap p a ren te . La n ef centrale é tait particu lièrem en t éclairée p a r les g ran d es fenêtres ouvertes d an s les m u rs des galeries. Il est facile, a u jo u rd ’h u i, de se re n d re com pte de cette belle disposition p rem ière.
Les voûtes sont partagées en travées p a r des a rcs d o u - bleaux, e t croisées de n erv u res. Deux cordons toriques, avec u n filet in te rm éd ia ire , fo rm en t les n erv u res ; les arcs doubleaux p rése n ten t un bandeau plat accom pagné aussi de deux tores. Les clefs sont sculptées de fleurons accostés
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de tê tes d ' hom m es ou d ’an im au x . Cette m a îtresse voûte p ara ît nue et dégarnie. Les nerv u res, au lieu de s’y croiser à chaque trav ée , suivant le systèm e adopté plus ta rd , fo rm e n t les diagonales de deux travées. Des voûtes ainsi disposées se p rê te n t m ieux assu ré m e n t à recevoir de g randes figures peintes que celles où des n ervures m ul- tip liées fra ctio n n en t l’espace en com p artim en ts étro its ; m ais, r é d uites soit à la teinte de la p ie rre , soit à celle d u badigeon , elles ne paraissent pas suffisam m ent re m - plies. L ’œ il, qui vient d’ailleurs de m e su re r l’éten d u e de l’édifice p a r le n o m b re des travées inférieu res, ne s’habitue pas facilem ent à voir les divisions d u plan dim i- nuées de m oitié p a r l’arran g e m en t de la voûte supé- rie u re ; les dim ensions réelles du m onum ent sem blent am oindries d ’une m an ière très-notable.
Les collatéraux de la n e f sont doubles su r une lo n - g u eu r de h u it travées. A l’en trée de chacun de ces deux b as-c ô tés, sous la to u r , u n e vaste salle c a rré e , sans divisions, form e un po rch e co rresp o n d a n t aux d eux p re - m ières travées de la nef m édiane. E n su ite, le bas côté est divisé p a r une file de sept colonnes en d eux galeries, dont les deux p o in ts ex trêm es so n t m a rq u é s p a r des piliers. Les colonnes sont alternativem ent m onostyles, e t entourées de douze m inces colonnettes e n tiè re m e n t détachées du fû t ce n tra l, auquel elles a d h è re n t seulem ent p a r les bases et p a r les chapiteaux. Voûtes croisées de n ervures à c h a - que travée ; arcs doubleaux, n erv u res et chapiteaux pareils à ceux de la n e f ; colonnes engagées dans les intervalles des chapelles ; feuilles sculptées su r les angles de presque toutes les b a se s; petites clefs fle uro nnées, quelquefois en form é de croix.
Les ch apelles so n t au n o m b re de q uatorze, sept au n o rd com m e au m idi. E lles so n t petites e t n e tira ien t
autrefois le u r im p o rta n ce que de leurs fondations, ou des choses précieuses qui s' y trou v aien t rassem blées. Des colonnettes s’engagent dans leurs angles ; à leurs voûtes, au to u r d ’une clef d ’un feuillage élég a n t, se croisent des n erv u res form ées d’un cordon to riq u e qui se détache su r u n b andeau. Nous avons déjà p arlé des baies à m eneaux qui les éc la ire n t. L eurs arcs d ’o u v ertu re su r le collatéral, b o rd és de plusieurs ran g s de to re s, m a n q u en t de p ro p o r
tion ; les colonnes, qui en reço iv en t les retom bées, ayant été u n peu tro p exhaussées, il n ’e s t p lus resté de place p o u r dessiner une ogive com plète. Les tro is dernières chapelles au n o rd o n t seules à le u r en trée des colonnes m aintenues à la m êm e h a u te u r que celles du bas coté , et dès lors l'a rc ogival a pu s’y développer dans sa form e norm ale.
A ux q u a tre angles de la p a rtie centrale du tra n ss e p t, de ro b u stes piliers, revêtus les uns de pilastres réu n is, les a u tre s de colon nes en faisceaux, m o n te n t sans in te rru p tio n depuis le sol ju sq u ’aux voûtes. L es deux croisillons n ’avaient chacun dans le p rincipe que d eux travées en lo n g u e u r, sem blables à celles de la n ef ; ils o n t été allongés d ’une travée m oins profonde, à l’époque de la reconstruction de le u rs façades. Les travées p lu s récentes se d istin g u en t p a rfa item en t des q u a tre a u tre s ; de fines n e r- vures rondes se croisent à leurs voûtes, a u to u r d ’une clef p lu s fouillée e t plus abon d an te que celles des p arties p lu s anciennes. La p o rte du n o rd e t celle d u sud s’aju ste n t dans une a rc a tu re assez riche, d o n t les divisions et les tym pans ne peuvent m ieux se com parer qu’à ceux d’une gran d e fen ê tre à m eneaux. D ans le croisillon m éridional, des sta- tues p lu s ou m oins m u tilée s, rep rése n tan t le C hrist et p lu - sieurs saints personnages, so n t restées debout su r les pointes des gables. E n d écrivant l’extérieur des façades,
n ous avons fait co n n a ître la galerie à jo u r qui s’étend dans to u te la larg eu r de chaque croisillon, et la g ran d e rose qui s’ouvre un peu p lu s h a u t. L’a rc a tu re ex tern e de la galerie est doublée en dedans p a r une arc atu re pareille ; un pas- sage circule e n tre leurs deux ran g s de colonnettes, et il en existe encore u n second au-dessus d ’elles. L’effet in té rieu r des roses, avec les éclatantes v errières qui en g arnissent tous les com p artim en ts, rappelle les descriptions m erveil- leuses q ue D ante nous a données des cercles concentriques d u p ara d is ; elles é to n n en t les regards et les en ch an ten t to u r à to u r p a r une splendeur incom parable. P o u r décorer les m u rs latérau x de ses travées, Jean de Chelles y a con- tin u é en application des arc atu res e t des fenêtres à m e- neaux. Le cardinal de Noailles a dépensé généreusem ent plus de deux cent m ille livres p o u r ré p a re r la voûte du croisillon m éridional et la rose de son m u r de face. Bof- fran d , architecte d u roi, dirigea les trav au x , qui fu re n t exécutés p ar l’a p p a reilleu r C laude P in et, de 1725 à 1728.
On m onte trois m arches du tran ssep t au ch œ u r e t à ses co llatérau x . Les deux arcs p a r lesquels les bas côtés d u ch œ u r o u v ren t s u r chaque croisillon p o rte n t les traces de rep rises faites vers le XIVe siècle. On y voit, n o ta m m e n t au-dessus des archivoltes, q u atre petites figures d ’anges très-fines qui so n n e n t de la tro m p e tte . Une de ces sta- tuettes a été débadigeonnée ; elle est com plé te m en t peinte.
L’architecture du chœ ur et de l’abside ne diffère de celle de la n ef que p ar les détails qui ap p a rtien n e n t à u n style encore à m oitié ro m an . Le ch œ u r a q u atre travées de lon- g u e u r; on en com pte sept en p o u rto u r à l’abside. Les cinq travées de la tê te de l’abside o utrepassen t un p eu l’hém icycle et te n d e n t à d éc rire un cercle p lu s com plet. Deux piliers et quatorze colonnes libres p o rte n t les arcs de c e tte seconde p artie de l’église. T oute l’o rd o n n an c e du rez-de-chaussée
a m alheureusem ent disparu d e rriè re une o rnem entation m oderne. A insi, les q u a tre travées du ch œ u r sont com - p létem en t m asquées ju s q u ’à la trib u n e p a r des stalles du XVIIIe siècle, p a r l’arch itectu re des p ortes latérales et p ar des tableaux d ’une énorm e dim ension. Les sept travées de l’abside o n t vu e m p riso n n er le u rs colonnes e t leurs ogives sous de grandes plaques de m a rb re , qui tra n sfo rm e n t les p rem ières en p ilastres et les secondes en pleins cintres.
L ’église de Maurice de Sully ne sort de ces entraves q u ’au- dessus des grands arcs. La trib u n e est dem eurée intacte.
E lle règne sans in terru p tio n dans to u te la circonférence, et reto u rn e dans le tra n sse p t su r les deux trav ées anciennes de chaque croisillon. S ur chacune des travées du g ran d vaisseau elle p résen te, non plus trois baies com m e d an s la nef, m ais seulem ent deux ogives, com prises sous un m êm e a rc , bordées de m oulures, soutenues p ar une colonne libre et p a r deux colonnes engagées. Les ch apiteaux, un peu plus anciens q u e ceux de la nef, so n t aussi p lu s riche m en t ciselés e t plus variés d an s leurs form es. On sait quelle rech erch e les scu lp teu rs de l’époque rom ane o n t souvent déployée d an s cette p artie si essentielle de la déco- ratio n. Nous retro u v o n s ici s u r quelques chapiteaux le r in - ceau des p re m ie rs te m p s d u XIIe siècle, et les muffles d ’an im au x qui m o rd e n t le feuillage aux angles de la co r- beille. Aux d eu x travées d u croisillon n o rd , la trib u n e d u ch œ u r a p e rd u ses divisions intérieu res e t ne conserve p lu s que les arcs d ’enveloppe. Dans le croisillon su d , on rem a rq u e , su r ses colonnes e t su r ses arc eau x , des restes considérables de coloration, qui an nonceraient au m oins un com m encem ent de décoration peinte p rojetée po u r l’a r - ch itec tu re. Dans le cours du XVIIIe siècle, le C hapitre fi t g a rn ir de ram p es de fer to u te s les baies de la tribune p o u r prévenir les accidents q u ’on p o u rra it c ra in d re , q uand la
foule se presse dans les galeries aux jo u rs des solennités an n u elles 1.
Com m e celles de la nef, les colonnes du ch œ u r e t de l’abside p o rten t des faisceaux trip les qu i vont rejoindre les voûtes. Les fenêtres h au te s, les arcs doubleaux, les n e r- v u res, les clefs accostées de têtes, les arcs form erets sont les m êm es que d an s la n ef, sauf quelques différences d ’exécution qui se p erd e n t d an s l’ensem ble, Les nervures de la voûte ne se croisent que d eux fois p o u r les q u a tre travées d u ch œ u r. Celles d u ro n d -p o in t se réunissent, au n o m b re de sept, au to u r d ’une m êm e clef.
Un double collatéral environne tout le chevet. Quat re p iliers et dix-sept colonnes le p arta g e n t en deux galeries.
Le no m b re de ses travées est donc de vin g t, c’est-à-dire q u ’il en a cinq de plus que le ch œ u r et l’abside ensem ble.
L a dirrérence du rayon de la courbe à décrire explique n atu re lle m en t cet accroissem ent dans le no m b re des arcs e t d an s celui des points d ’appui nécessaires po u r les sou- te n ir. C’est d ’ailleurs to u jo u rs le m êm e systèm e dans la s tru c tu re des voûtes. S eulem ent, au ro n d -p o in t, com m e la disposition des travées à couvrir ne se p rê ta it plus au croisem ent régulier des n erv u res, on s’est con ten té de ré u n ir e n tre eux les points d ’appui p a r des arcs en ogive, d o n t les intervalles o n t été rem p lis au m oyen de portions de voûtes de form es diverses. Les colonnes libres e t les
1 N ous liso n s dans les R emarques historiques et critiques sur les églises de Paris, p u b lié e s en 1792 p a r F . J a c q u e m a rt, que le Cha- p itre m e tta it en ré se rv e tous les ans u n e som m e de 50,000 liv res p o u r les ré p ara tio n s. Le m êm e a u te u r v an te aussi l 'e x actitu d e du C hapitre à p a y e r les h o n o ra ire s de to u s les officiers de l 'ég lise, e t le s c ru p u le q u ’il a p p o rta it à re n d re com pte p u b liq u e m e n t ch aq u e année, dans le Bref, de l ’em ploi des re v en u s et d e l ’ac- q u itte m e n t des fo n d a tio n s.
groupes engagés dans les m u rs de refend des chapelles ap p a rtien n e n t à la p rem ière co n stru ctio n , com m e le p ro u - vent suffisam m ent le style de le u rs chapiteaux et les feuilles en relief sur les angles de leurs socles. Deux harpies, l' une m âle, l’a u tre fem elle, à co rp s d ’oiseau et tète hu m ain e, sculptées d an s u n feuillage, su r un ch a p ite au , e n tre les septièm e et h u itièm e chapelles au sud, m a rq u e n t la tr a n - sition d u style qui se p laisait à l’em ploi des personnages e t des an im au x , à celui qui le u r a sub stitu é presque exclu- sivem ent le règ n e végétal. Si de la colonnade in te rm é- diaire nous passons aux chapelles, nous voyons q u ’elles p résen ten t u n total de v in gt-trois travées. A m esure q u ’on s ’éloigne d u ce n tre, le no m b re des subdivisions devient forcém ent p lu s considérable. Nos lecteurs savent déjà les dates de toutes ces chapelles. Les cinq prem ières, de chaque côté, n ’o n t pas p lu s d ’u n e travée d’étendue. La prem ière s u rto u t est plus re stre in te encore, envahie par le m assif qui ren ferm e l’escalier de la trib u n e. V ers le ron d - p o in t, l’architecte d u XIVe siècle a voulu que ses chapelles fussent plus dégagées et plus élégantes. Il a donc p ris le p arti de su p p rim e r h u it m u rs de refend p o u r avoir deux chapelles doubles e t trois triples. Le collatéral y a gagné p lu s de légèreté et p lu s de lum ière. D ans les chapelles sim ples, les nervures croisées rep o se n t s u r des colonnettes engagées dans les angles. Les chapelles doubles et triples o n t des faisceaux de colonnes p o u r sou ten ir le u rs voûtes e t le u rs arcs doubleaux. Les n erv u res sont ro n d es, q u el- ques-unes m êm e avec ce filet en saillie su r le to re qui devint o rd in aire d an s la seconde m oitié du XIIIe siècle. Le feuillage des clefs et des ch ap iteau x , ch ê n e, lie rre , trèfle, vigne, e tc ., a été tra ité avec u n e délicatesse et une vérité charm antes. Les arcs doubleaux e t les a rcs d ’ou v ertu re so n t fortifiés de nom breuses m oulures to riq u e s. Il est inté-
ressan t de com parer su r place, et souvent dans l’espace d ’une m êm e travée, la m anière du XIIe siècle et celle du XIVe. Il est resté dans p lu sieu rs de ces chapelles, com m e dans quelques-unes de celles d e la nef, des piscines cre u - sées dans les m u rs et su rm o n tées de p etits pignons. T out était p rév u . A insi, ces piscines p rése n ten t un double bas- sin, l’u n com m u n iq u an t avec l’ex térieu r p ar un déversoir p o u r re je te r l’eau qui a servi à p urifier les m ains du p rê tre avant le canon de la m esse ; l’a u tre , percé d ’un conduit qui va se p e rd re dans le sol m êm e de l ’église, afin de ne pas laisser to m b er su r une te rr e pro fan e l’eau d o n t le p rê tre se lave les doigts après avoir touché aux saintes espèces.
Quelques vagues indices de p ein tu re m urale s’ap erço i- vent çà e t là su r les m u rs des chapelles absidales. Les trac es d ' une d écoration polychrom e plus com plète se sont trouvées sous le badigeon dans les tro is chapelles d u fond.
On a découvert il y a quelques m ois sur le m u r de refend de dro ite de la chapelle d u fond, une belle p ein tu re d u XIVesiècle re p ré s e n ta n t la V ierge assise sur un trô n e avec l’en fan t Jé su s; à gauche e s t saint Denis à genoux tenant sa tê te e n tre ses b r a s ; à d ro ite u n évêque égalem ent agenouillé ; au-dessus de la V ierge on voit d eux anges enlevant une âm e sous form e d ’un je u n e hom m e n u . Une arc a tu re en pierre en to u ra it cette p ein tu re, qui se trouvait pro b ab lem en t placée au-dessus du tom beau de Matiffas de de Bucy, le fondateur de ces chapelles. L'é vêque placé à la dro ite de la sainte V ierge se ra it alors le pieux p ré la t.
D ans la crain te de voir disp a ra ître ces restes qui déno- te n t u n a r t fo rt avancé, les arch itectes les o n t fait copier en fa c sim ile de g ran d e u r n atu relle p a r M. Stein heil.
L a seconde et la troisièm e chapelles du ch œ u r au sud se rv e n t m ain ten an t de passage p o u r arriv e r aux galeries
du cloître de la sacristie neuve. Des p ortes y o n t été p ra - tiquées au-dessous des fenêtres, de m a n ière à m odifier le m oins possible l'asp e ct de l’arch itectu re.
D é c o r a tio n : a m e u b le m e n t.
La cath éd rale a tte n d , depuis cin q u an te années, le ré ta - blissem ent de ses autels e t la rép a ra tio n de ses chapelles.
Il n ’existe p eu t-ê tre dans aucun des diocèses de F rance u n e église épiscopale dont la décoration in térieu re soit aussi peu en rap p o rt avec la dignité de son caractère. Le ch œ u r seul e t l’abside ont g ard é une p artie de la déco ra- tion som ptueuse dont le roi L ouis XIV les d o ta , en exécu- tion d u vœu de son p ère , L ouis X III. Dans ses lettres p a te n te s du 10 février 1638, ap rè s avoir mis son royaum e sous la protectio n spéciale d e la V ierge, Louis XIII décla- ra it q u ’il consacrerait d an s le sanctuaire de N otre-D am e de P aris le souvenir de ce vœ u solennel. « A fin, disait-il, que la p o stérité ne puisse m an q u er à suivre nos volontés à ce su je t, po u r m o n u m e n t et m a rq u e incontestable de la consécration présente que nous faisons, nous ferons cons- tr u ir e de nouveau le g ra n d autel de l’église ca th éd rale de P a ris, avec une im age de la V ierge qui tienne en tre ses bras celle de son précieux fils descendu de la croix, et où nous serons rep résen té aux pieds du fils et de la m è re , com m e le u r offrant n o tre cou ro n n e et n o tre sceptre. » L ouis X III cessa de vivre en 104 3, sans avoir pu m e ttre la m ain au m onum ent q u ’il avait p ro je té ; Louis XIV se chargea d ' a c q u itter la d e tte de son père. Com m encée en 1699, in terro m p u e à l’époque de nos rev e rs, rep rise en 1708, la nouvelle décoration du ch œ u r de N otre-D am e fu t te rm in é e une a n n é e seu lem en t avant la m o rt de Louis XIV. Nous en reconnaîtrions sans peine la g ran d e u r
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e t la m agnificen ce, si elle avait conservé ses bronzes dorés et ses grilles ouvragées et si elle ne nous avait pas coûté le sacrifi ce de tout ce que l’ancien ch œ u r con ten a it de plus vénérable et de p lu s précieux. R o b e rt de Cotte donna les dessins; N icolas C oustou, G uillaum e son frè re , et Coyzevox sc u lp tè re n t en m a rb re la descente de croix et les effigies agenouillées de Louis XIII e t de L ouis XIV ; les h u it anges de bronze, les uns en ad oration aux angles de l’au tel, les au tre s adossés aux p iliers de l 'abside, fu re n t m odelés par Cayo t. Vanclève, P o irier, H u rtrelle, N agnier e t Anselm e F lam e n ; Vassé fit les bas-reliefs de l’a u tel ; P oule tier, F r ém in, L e P a u tr e, L em oine. Be rtr a n d et T hierry exécu- tè re n t les douze v ertus en bas-relief au-dessus des arcades m odernisées du ro n d-point ; Du Goulon fu t chargé de la sculpture des trô n es avec le u rs riches co u ro n n e m en ts, et des stalles avec leurs d ossiers couverts de bas-reliefs qui rep résen ten t les uns la vie de la V ierge, les autres des figures allégoriques; les h u it g ran d s tableaux fu re n t p eints p a r Hallé , Jouven e t , L a F o sse, Louis Boullongue e t A ntoine Coypel. Le g roupe de la descente de Croix , six anges de bronze p o rta n t les insignes de la passion , to u te la m enuiserie des stalles e t des chaires archiépiscopales, les gran d s ta b le a u x , à l’exception des tro is, so n t encore en place1. Les statues des d eux rois font p artie du m usée de sc u lp tu re m oderne au L o u v re , en a tte n d a n t q u ’elles p u issen t r e n tre r à N otre-D am e. Les figures e t les trophées q u i décoraient les arcades absidales n ’existent p lus. Le m a ître autel fu t aussi d é tru it avec tous ses accessoires, en 1793 , e t su r les p o m p e u x débris de l’a n tiq u e im pos- tu r e , com m e le pro clam aien t les hym nes sacrilèges du cu lte n o u v ea u , s’éleva une m ontagne sy m b o liq u e, du
1 On a su p p léé à ceux qui m an q u a ien t p a r d eux p e in tu r e s de P h i- lippe de Ch am p aig ne, et p a r u n e troisième de L au re n t de Lahire.
som m et de laquelle la déesse R a iso n recevait les h o m - m ages d ’u n peuple en délire. L’autel que n ous voyons a u jo u rd ’hui n ’a été rec o n stru it qu ’en 1803; son C hrist au tom beau ; en cuivre d o ré , fondu su r les dessins de Yan- clève, pro v ien t de la chapelle des L ouvois, dans l’ancienne église des C apucines de la place V endôm e. L a croix e t les six chandeliers ap p a rten a ien t, av an t la révolution , à la cathédrale d ’Ar ras. Le lu trin en b ro n z e , com posé avec g o û t et soigneusem ent cise lé , date de 1755; le nom de D uplessis, fo ndeur d u ro i, y est gravé su r la base.
Les stalles occupent trois travées. A la q u a triè m e , de chaque côté, s’ouv re une p o rte m oderne décorée de grilles, gu irlan d es et têtes d ’anges. La construction de ces po rtes, si lourdes et si peu agréables à voir, ne s’est accom plie q u ’au g ran d dom m age de la curieuse clôture ex térieu re du chœ ur. D étruite dans to u t le parcours de l’abside, elle s’est heu reu sem en t conservée au no rd e t au sud , en a rrière des stalles auxquelles ses p arois serv en t encore de dossier. La partie se p ten trio n a le , bien su p é rie u re à l' a u tre , d ate du XIIIe siècle ; celle du sud n ’a été sculptée que dans le XIVe. A u n o rd , un soubassem ent, divisé en d ix-neuf ogives trilobées, qui reposent su r des faisceaux de tro is colonnettes, p o rte un bas-relief continu où se suc- cèdent treize sujets du N ouveau T estam en t. Des touffes de feuillages, des an im au x fantastiques et quelques petits personnages rem plissent les intervalles des archivoltes.
L’arc atu re, toutes les figures des bas-reliefs et les fonds sont encore enlu m in és. N ous ne pouvons q u ’ind iq u er les sujets ; le le cte u r en sa u ra bien a p p ré cie r quelques-uns qui sont traités avec u n sen tim en t et un a r t adm irables.
La scène m arche de l’est à l’ouest. L’établissem ent du m assif de la p o rte latérale du ch œ u r a y a n t causé la sup- pression de to u t ce qui p récédait, c’est p a r la V isitation
q ue com m ence l'h isto ire évangélique. Puis viennent sans in te rru p tio n ; 2° l’annonce de la venue d u S auveur aux b e rg e rs ; 3° la naissance du C h rist; 4 ° l’adoration des Mages ; 5° H érode conseillé p a r le dém on, et p résidant au m assacre des en fa n t arrach és des bras de leurs m ère p a r des gardes arm é s de g laiv es; 6° la fuite en E gypte : Marie p ressan t son fils su r son sein avec une tendresse infinie;
les sim ulacres des É gyptiens renversés de leurs autels à l’arrivée de l’E nfant-D ieu ; 7° la présen tatio n : une fem m e p o rta n t des colom bes dans un p an ier p o u r l’offrande légale ; la Vierge soutenant Jésus deb o u t sur un autel ; le vieillard Sim éon te n d a n t, p o u r le recevoir, ses deux m ains couvertes d ’une nap p e ; 8° Marie re tro u v a n t dans le tem p le l’en fan t qui discute avec d eu x d o cteu rs; 9° Jésus d eb o u t d an s l’eau du Jo u rd a in , qui s’am oncèle a u to u r de lui ju s q u ’à m i-corps, et recevant le baptêm e des m ains de sa in t J e a n ; u n ange te n an t la tu n iq u e ; 10° les noces de Can a : le Ch ris t, la V ierge, l’époux et l' épouse à table ; les u rn e s dans lesquelles s’est opéré le m iracle ; les ser- viteurs ap p o rta n t à g oûter l’eau changée en vin ; 11° l’en- tré e à Jé ru sa le m : les ap ô tre s, des palm es à la m ain ; Jésus m onté su r l’âne ; Zachée su r son a rb re ; u n p e r- sonnage étendant à te rre ses vêtem ents ; spectateu rs su r la p o rte de la cité sainte ; 12° la Cène : dans une enceinte crénelée, Jésus à ta b le avec les douze ap ô tres; sa in t Jean l’É vangéliste couché su r la poitrine de son m a ître ; 13° deux a p ô tre s; le C hrist la v an t les pieds à sa in t P ierre, qui tie n t un liv re ; 14° le ja rd in des o liviers ; les ap ô tre s en- d o rm is ; Jésus en p rières; le P ère É te rn e l, qui se m o n tre à m i-corps dans u ne nuée p o u r b én ir son fils; plusieurs anges.
D eux cordons de feuillage en c ad ren t le bas-relief. La scu lp tu re se co n tin u ait sur le ju b é ; c’est ici q u 'o n voyait les m ystères de la passion et de la résu rre ctio n . Mais l’ancien
ju b é fut dém oli du tem ps du card in al de Noailles, et rem - placé p ar une lou rd e décoration, qui elle-m êm e a fait place à deux am bons de m a rb re . La clô tu re historiée re p re n d du côté du m idi, e t les sujets se suivent en re- m o n ta n t de l’ouest à l'est. C ette seconde p a rtie , m oins ancienne que l’a u tre , n ’a été achevée q u ’au m ilieu d u XIVe siecle; le badigeon qui la couvre laisse à peine aper- cevoir quelques traces de p ein tu re dont elle é tait re h a u s- sée. A rc atu re très-fine e t bien découpée, com posée de vingt-sept arcs en ogives trilo b ées qui se divisent en neuf sections, dont chacune correspond à un su jet sculpté en ro n d e-b o sse; colonnettes en faisceaux, chapiteaux feuil- l agés, trèfles e n tre les retom bées des archivoltes, dais co n tin u , en pendentif, au -d e ssu s des figures.
N ous venons de dire quelle brèche la d estru c tio n des bas-reliefs du ju b é avait causée dans la suite des sujets.
Il n ’y a plus d ’in term éd iaire e n tre l 'agonie au ja rd in des Oliviers et l’ap p a ritio n du C hrist ressuscité à la Madeleine.
Voici T ordre des g roupes : 1° le C h rist, sous la form e d’un ja rd in ie r, se m o n tre à Madeleine; 2° il ap p a ra ît aux trois Maries, qui s’inclinent p o u r lui em b rasser les pieds e t p o u r l ’a d o r e r; 3° p lusieurs apôtres réunis dans un édifice;
saint Jean so rt p o u r c o u rir au s é p u lc re ; sa in t P ie rre voit le S auveur et s’agenouille devant lui ; 4° Jésus m arche e n tre les deux disciples d ’E m m a ü s; ensuite il est à table avec eux dans l’in té rie u r d ’une m a iso n ; 5° Jésus, qui ne s’était m o n tré jusque-là q u ’aux saintes fem m es, à P ie rre e t aux deux disciples . a p p a ra ît aux ap ô tres assem blés ; 6° sixièm e apparition d u C hrist ; il fait to u c h er à T hom as, p o u r le convaincre, ses m ains e t son cô té; 7° il p arle à P ierre su r le bo rd de la m e r de T ibér iade ; d ’a u tre s dis- ciples, m ontés d an s une b arq u e , tire n t un g ran d fi let rem pli de poisson : c’est la p êc h e m iraculeuse ; 8° les
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apôtres voient encore une fois le Christ , et quelques-uns d’e n tre eux s’ageno u illen t p o u r l’ad o rer ; 9 ° les ap ô tre s viennent de se lever de ta b le ; le C hrist est au milieu d ’eux, un livre à la m ain ; il ouvre leu r esp rit à l’in te l- ligence des É critu res et le u r recom m ande d ’aller p a r tout le m onde p rêc h an t l’Évangile à to u te s les cré a tu re s. L’ex a - m en de tous ces su je ts , leur description détaillée et la discussion de toutes les q u estions d ’iconographie qui en d écoulent, nous en tra în era ien t bien au delà des lim ites qui n ous so n t fixées. Les visiteurs de N otre-D am e suppléeront en ce point à n o tre silence ; nous les engageons aussi à bien é tu d ier les deux p arties de c e tte clô tu re, dont les dates sont ce rtain e s, e t à se re n d re com pte ainsi, au m oyen d’un exem ple facile, des m odifications de l’a rt dans sa m arche du XIIIe au XIVe siècle. Q uant à n o u s, la p artie la plus ancienne nous paraît bien préférable à l’a u tre , ta n t p o u r
le style que p o u r l’exécution.
La clô tu re du ch œ u r s’est to u jo u rs com posée d’une m u raille pleine, en a rriè re des stalles. Mais après avoir laissé u n passage p o u r les deux entrées latérales, elle se p ro lo n g ea it en claire-voie dans to u t le p o u rto u r du sanc- tu a ire , e t de cette dern ière p artie il ne reste m alh eu reu se- m en t p lu s rien ; des p ilastres, des g rilles, une gran d e niche p o u r la descente de croix de Nicolas C oustou, en tien n en t lieu depuis un siècle et dem i. «Le ch œ u r de l’église N o stre- D am e, dit le père Du B reu l, est clos d ’un m u r percé à jo u r a u to u r d u g ra n d a u te l, au h a u t duq u el sont représentés, en g ran d s personnages de p ierre dorez et bien p ein ts, l'h isto ire du N ouveau T estam e n t, et plus bas l’h istoire du Vieil T estam ent, avec des e scrits au-dessoubs qui ex pliquent lesdites histoires. » G uillaum e de Melun , archevêque de S ens 1, avait fait faire une travée de la clô tu re, en l 'hon-
1 Deux p ré la ts de ce nom o nt oc cu p é le sié g e de Sens, au
neu r (le D ieu, de la vierge Marie et de m onseigneur saint É tienne. P ierre de Fayel , chanoine de P aris, dépensa deux ce nts livres p o u r aider à sc u lp te r les histoires qui étaient d u côté de l’o rien t e t p o u r les nouvelles v errières de la trib u n e au fond de l' ab sid e ; l’effigie de ce généreux p e r- sonnage se trouve a u jo u rd 'h u i déposée dans les m agasins d u L ouvre, accom pagnée d ’une inscription qui co nstate le fait de la donation. L a clôture com m ençant, nous l’avons d it, à l ’entrée latérale du chœ ur au n o rd , p resque vis-à- vis de la p o rte R ouge, tra v e rsa it l’église avec le ju b é , se po u rsu iv ait d an s le bas côté m é rid io n al, enveloppait l ’ab- side, et s’en venait en suite finir à peu p rès au point d ’où elle était p a rtie .— E n cet en d ro it, m aître Jean Ravy, m açon de N otre-Dam e de P aris p en d a n t l’espace de vingt- six ans, qui avait com m encé cette longue suite de sculp- tu re s, était rep résen té à genoux, les m ains jo in tes. L' in s - cription q ui ap p re n ait le nom et le titre m odeste de cet habile hom m e, ajoutait que l’œ uvre avait été p arfaite en 135 1, p a r Jean le B outeiller.
La cinquièm e chapelle de la n ef au n o rd , du titre de S aint-Julien le P auvre et de S ainte-Marie E g yptienne, est rev êtu e d ’une p artie de la boiserie qui décorait l’ancienne salle capitulaire, et dont le style accuse la fin du XVe siècle.
Des draperies sculptées en couvrent la p artie basse ; au- dessus, de petites niches en coquille, accostées de p ilastres dans le goût de la p rem ière ren aissan ce, con tien n en t les figures en relief de quinze ap ô tres ou disciples, de saint M athurin , sainte G eneviève, saint G erm ain, sainte Cathe- rin e, saint C hristophe e t saint G régoire, pape. Tous ces p ersonnages so n t désignés p a r le u r nom et caractérisés p a r des a ttrib u ts dignes d ’ê tre exam inés. D ans une cha-
XIVe s iè cle, G uillaum e I V, de 1317 à 1329, et Gu illau m e VI , de 1344 à 1376.
p elle voisine, on a recueilli quelques fragm ents de la m êm e su ite, un sa in t Je a n -B aptiste, un saint Jé rô m e , un saint E tie n n e, un sa in t Nicolas et un saint d o cteu r que no u s n ’avons pas reco n n u .
Citons encore le buffet d ’orgues sculpté au XVIIesiècle ; u n e collection no m b reu se de g ran d s tableaux de l’an- cienne école française, d o n t la p lu p a rt o n t été donnés à l’église p a r la C om m unauté des o rfé vres, qui jadis en offrait un chaque année, le 1er m ai 1 ; un font b aptism al m o d ern e en m a rb re blanc, autrefois placé dans l ’église de Saint-D enis du P as ; un lu trin en bois, o rn é de figures, qui fu t exécuté p ar un scu lp teu r provençal appelé Ju lience, p o u r l' église des C hartreux (XVIIIe siècle); tro is statues de m a rb re , savoir : une V ierge debout, p a r Vassé ; u n e a u tre V ierge assise, p a r A ntoine R aggi, p ro v e n a n t des Carm es d éch au ssés; un saint D enis, au jo u rd ' hui m u tilé , œ uvre de N icolas Coustou ; enfin, u n saint Marcel, m odelé en p lâ tre, dans le siècle d e rn ie r, p ar Mouch y .
N ous devons aussi faire m ention de quelques m o n u - m ents très-curieux qui dépendaient de l’ancienne déco ra- tion de N otre-D am e. A l' e n tré e de la nef, u n sa in t C hris- to p h e en p ierre d ’une p ro p o rtio n colossale, que m essire A ntoine des E ssarts fit sc u lp te r en 1413, p o u r rem ercier le saint de l’avoir sauvé d e la vengeance des B ourguignons.
Au bas du ju b é , v ers le m idi, une V ierge qui o p érait des m iracles ; et plus loin, vers le m a ître au te l, l’im age de N otre-D am e de Consolation. A côté du m êm e au tel, au n o r d , la s ta tue d e Ph ilippe-A uguste, élevée su r une colonne
1 Cette offrande re m p laç a it le m a y de c h a r p e n te hist orié e et en lu m in ée que les maîtres orfé v res de P aris éta ien t dans l ’usage de p r é s e n t e r a n n u e lle m e n t, de puis 1449, d ev an t le g ra n d portail de N o tre -Dame, le p r e m i e r j o u r du mois de mai, à l ’h e u r e de minuit.
d e p ie rre . A l’en trée de la c h a p elle de S aint-D enis, e t à celle de la chapelle de Sain t-N ic aise, les sta tu e s, ég alem ent posées su r des piliers, de deux évêques de P a ris, Denis du Moulin, p atriarche d ’Antioche, et S im on Matiffas de Bucy, m o rts, le p rem ier en 1447, le second en 1304. P rè s du gros pilier du tran ssep t, devant l' im age de la V ierge, tro is colonnes de p ie rre, su r lesquelles étaient placées trois g randes figures en cire, le pape G régoire XI, son neveu et sa nièce, qui to m b è re n t de vétusté en 1599. Dans la chapelle de Saint-Martial, p rès la p o rte, vers l'évêch é , trois statues d ’évêques et celle d' un roi qui passait po u r Louis VI. Au d ern ie r pilier de la nef, du côté du m idi, su r une plate-form e p o rtée p ar deux colonnes, s' élevait une g ran d e sta tu e de p ierre re p ré se n ta n t un roi arm é de toutes pièces et m o n té su r son cheval de bataille. Le roi avait la visière de son casque baissée ; une tu nique blasonnée de F rance recouvrait sou arm u re . Le cheval était vêtu d 'u n e longue housse arm oriée. Les savants du d ern ie r siècle o nt été fo rt divisés d ’opinion su r le vrai nom du p rin ce qui s’était fait sculpter en cet appareil g u errier. Q uelques-uns pensaient que Philippe le Bel avait voulu ériger ce m onu- m en t de sa reconnaissance envers la Vierge p o u r la victoire gagnée à Mons en P u èle ; ils citaient, com m e de graves présom ptions en le u r faveur, les fondations p a r Philippe le Bel d ’une com m ém oration solennelle de cette bataille à N otre-D am e de P aris, d ’un office de la victoire à No tre- Dame de C h artres, et d ’u n e m esse d ite aussi de la victoire, à Saint-Den is. Le ch a p itre de P aris s' était p rononcé pour Philippe le Bel ; il avait m êm e rendu publique sa croyance, en faisant placer u n e inscription d an s ce sens au-dessous de la statue. D’a u tre s, e t le P. M ontfaucon en tê te, affir- m a ien t que la statu e ne pouvait être celle d 'un a u tre p rince que P hilippe de Valois. Ils avaient lu , en effet, d a ns
le C o ntinuateur de la chronique de G uillaum e de N angis, et dans des m a n u scrits de la Bibliothèque royale, que P hi- lippe de Valois, après la victoire de Cassel, était e n tré d an s l 'église de N otre-Dam e de P aris, revêtu des m êm es arm e s et m onté su r le m êm e cheval d o n t il s’était servi pen d a n t le com bat, p o u r les offrir à la Vierge, com m e il en avait fait le vœu au m om ent o ù les tro u p es flam andes, après avoir traversé son cam p, v in re n t le su rp re n d re ju sq u e dans sa te n te. Le souvenir d ’une consécration aussi ex tra o rd in aire était bien d ig n e q u ’un m o n u m e n t le tra n s - m ît à la p o sté rité 1 .
Les anciennes stalles dataien t d u XIVe siècle. Le m a ître autel était p la c é e n tre p lu sieu rs colonnes de cuivre réu n ies p a r des b arres de fer, auxquelles on appen dait des cour- tines de couleurs diverses suivant les fêtes. Il n ’y avait pas de tab ern acle ; une pixide supen due au-dessus de la table ren ferm ait les saintes hosties. En arrière du m a ître autel, on en tro u v ait un second nom m é l 'a utel des ardents , ou de la sainte T rin ité, élevé de telle sorte q u ’il se voyait des stalles du chœ ur par-dessus le p rem ier. On y m ontait par deux ram p es à b alu stre de cuivre. E n tre les deux ram p e s, au-dessous de l ’autel, u n e po rte à claire-voie ferm ait ce q u ’on appelait le conditoir e, où étaien t déposés tons les objets nécessaires à la célébration des g randes m esses.
Une figure de la V ierge en alb â tre , p arfaitem ent travaillée, surm ontait l 'a utel des ardents. A u-dessus, un g ran d corps de m enuiserie enfoncé dans la baie la plus ex trêm e de
1 P h ilip p e de V alois é ta it aussi re p ré se n té à ch ev al su r la façade p rin cip ale de la c a th é d ra le de Sens. P a r u n e sin g u liè re c o ïn c id en c e, on a v ait en co re dans c e tte ég lise, com m e à N otre- D am e. im posé le nom de P ie rre de C u g n ières, avocat du m êm e p rin c e , à un m ascaro n g ro te s q u e , afin de se v e n g e r d es atta- q u e s de ce lég iste c o n tre les im m u n ités e cclésiastiq u es. Le roi donna raison au c le rg é c o n tre ce té m é ra ire p erso n n ag e.
l’abside, et richem e n t sc u lp té , co n ten a it, rangées en trois étages, la châsse de sa in t Gen d u lp h e, celle de saint Severin , solitaire, celle de p lusieurs m a rty rs, celle de saint G er- m ain , évêque de P aris, celle de saint Ju stin , m a rty risé à L ouv es en P a r isis, celle des com pagnes d e sainte U rsule, e t celle de saint L u cain. L a châsse d e saint Marcel était posée dèr r ière le m a ître au tel. Ce reliquaire en v erm eil, enrichi de pierres précieuses e t de perles fines, re m a r- quable p a r la délicatesse d u travail, fu t p o rté à la Mon- naie de P aris p o u r être fondu, le 8 octobre 1792 ; il pesait q u atre cent trente-six m a rcs , non-com pris les écrous, fe rru res e t plateau . La trad itio n p opulaire en a ttrib u a it la fabrication à saint É lo i; nous n ' avons pas besoin d ’ajo u te r que le saint évêque de Noyon n’en é tait pas plus l’au te u r que de tan t d ’autres joyaux auxquels on attac h ait son n o m .
V itra u x .
La suppression des v itra u x a com plé te m en t d én atu ré l’aspect de l’église. En 174 1 ils existaient encore, e t c’est à celui-là m êm e qui en a exécuté la ru in e que nous devons quelques renseignem ents précieux su r le u r im portance P ierre Levieil, fab rican t de vitraux m odernes, et d e s tru c - te u r p atenté de v itra u x anciens, raconte froidem ent q u ' il eu t m ission de d ém o n ter toutes les verrières de la n ef e t du ch œ u r de N otre-D am e p o u r les rem placer p ar du v erre b lanc, avec chiffres e t b o rd u re s fleurdelisées. Voici ce q u 'il y trouva : dans le ch œ u r et l' abside , les deux baies ogivales des fenêtres co n ten aien t d eux figures colossales, q ui p o rtaien t au m oins d ix -h u it pieds de h a u t, rep rése n - ta n t des évêques coiffés de la m itre , te n a n t à la m ain des
1 L ev ieil, Traité p ratique et historique de la peinture sur verre.
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b âto n s pasto rau x term inés p a r u n sim ple b o u to n , au lieu de la crosse o rd in a ire ; le to u t au p rem ier tra it, larg em en t dessiné. Les d rap eries de verre coloré en blanc n ’étaient relevées que p a r u ne espèce de galon o u de frange de couleur d ’o r. A l’œ il-d e -b œ u f du t ym p an , le verre était fort épais, recouvert d ' u n e grisaille avec lacis rehaussés de ja u n e . Une larg e frise, p ein te de diverses couleurs e t com posée de verres découpés en losange, en- cad rait les grisailles ainsi que les personnages, et rem - plissait les interstices des com partim ents. L evieil pensait que la plus gran d e p artie de ces vitres d ataie n t au plus ta rd de 1182; il ajoute m êm e que beaucoup de d éb ris de v itres bien an térieu re s, p rovenant sans dou te des a n - ciennes basiliques qui avaient précédé N otre-D am e, se ren c o n tra ie n t ç à et là confondus d an s la grisaille du XIIe siècle. Quelques p o rtio n s de bordures en rinceaux, d ’une m erveilleuse disposition e t d ’un éclat très-v if, avaien t été refaites au XIVe siècle. Les fenêtres de la nef éta ie n t aussi garnies de grisailles e t de personnages de l'A ncien T estam en t. Les vitres du fond du sanctuaire, où l’on voyait Je C hrist e n tre la V ierge et saint Je an - B aptiste, o n t subsisté ju s q u 'en 1733.
D ans la trib u n e du ch œ u r, les six fen ê tre s d u ron d - poin t o n t été refaites, nous l’avons d it, au com m encem ent du XIVe siècle. L eur vitrage en verre blanc, sans p ein tu re, com posé de co m p artim en ts en losanges, à surfaces ondées e t raboteuses, fu t dém onté en 170 1 ; il avait été donné p a r Michel de D arency, chanoine e t chapelain de Saint- F e rré o l, qui se lit rep résen ter su r une des fenêtres, à genoux, vêtu d ’une d alm a tiq u e , e t te n a n t dans ses m ains un des v itra u x to u t aju sté. La date de ce don n ’e st pas connue ; m ais on sait que Michel de Darency testa en 1358.
Levieil assure que le vitrail, donné p a r S uger à la cathé-
d ia le de P aris, s’é ta it en p a r tie conservé dans une des fen ê tre s de la trib u n e du c h œ u r, et qu' on le reconn aissait facilem ent à sa ressem blance avec certaines v errières des chapelles absidales de Sain t-Den is. Le fond était form é de ce beau verre b le u , q u e le XIIe siècle savait si bien p r é p a re r ; les p ersonnages rep ré se n ta ie n t une espèce de triom phe de la Vierge.
Quelques chapelles au no rd et à l’o rie n t, dans l’enceinte d u choeur, p ossédaient des v itra u x en grisaille , avec fleu ro n s de couleur du XIIIe ou d u XIVe siècle. Dans celle de saint Je an-B aptiste, placée e n tre les chapelles d e Gondi e t de Vin tim ille, le rep a s d ’H érode et la décollation de saint Jean étaie nt peints s u r de petits p an n e a u x ; un roi, P hilippe le B el, e t Jeanne de N av a rre, sa fem m e, priaient agenouillés; ils avaien t auprès d’eux les écussons de leurs arm e s. On faisait assez de cas, d it L evieil, des vitres peintes qui rem plissaient le h a u t de la fen être de la chapelle d’Har cou r t, ou de S aint-É tienne, ainsi que de quelques panneaux in férieu rs de la m êm e fen ê tre , sur lesquels s’étaie n t conservés les p o rtra its des do n ateu rs.
Ces vitraux ap p a rte n a ie n t à la fin du XVIe siècle; on y ad m irait un ju g e m en t d e rn ie r, e t tous les o rd res de la h iérarch ie céleste ran g és a u to u r du C hrist.
Ce qui reste a u jo u rd ’h u i dans les chapelles du chevet m é rite à peine une m entio n . Quelques arm oiries, bo r- d u res fleurdelisées et g u irla n d e s, XVIIe et XVIIIe siècles;
aux sixièm e et septièm e fe n ê tre s, à p a rtir du croisillon n o rd , les écussons d u m aréch al et du cardinal de Noailles, peints par P ierre Levieil ; aux h u itiè m e , neuvièm e et dixièm e fen êtres, quelques restes de grisailles et de bor- b ures sem ées d ' aiglettes e t de feuillages, XIVe siècle ; à la h u itièm e , deux p etits anges te n a n t la croix, la couronne d’épines, les clous, et deux au tre s avec des tro m p e tte s; à
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la dixièm e, un pélican qui n o u r r it ses p etits, to u te s ces d ern ières figures du XIVe siècle ; à la seizièm e, le C hrist assis dans le ty m p a n , d rap é d ' un m anteau ro u g e, m o n tra n t ses plaies, a u to u r de sa tê te un n im be b le u croisé d 'o r , m êm e ép o q u e; à la dix-neuvièm e, des m orceaux d' an - ciennes b o rd u res d’u n ro u g e trè s-v if, et u n e petite figure de la V ierge, les pieds s u r un cro issan t, son fils e n tre les b ra s , XVIe o u XVIIe siècle.
A près to u t, N otre-D am e a , p a r un ra re b o n h eu r, sauvé du désastre la p artie la p lu s splendide de ses anciennes verrières. Ce sont les g randes et m agnifiques roses des trois p o rtails, dem eurées intactes ju sq u ’à ce jo u r, et d o n t rien ne surpasse l’éclat. P a r une adm irable disposition, chacu n e de ces trois roses com plète, avec les ressources de ses com binaisons m atérielles et le prestige de ses cou- leu rs, le sens de chacun des trois portails de l’église. A la rose de l’ouest, la p atro n n e d u tem ple, la Vierge, occupe le c o m p artim e n t c e n tra l, couronne en tê te, sceptre à la m ain ; son b ras gauche soutient le C hrist, qui bénit. A u to u r se ra n g e n t en cercle douze p ro p h ètes, qui annoncent la gloire de la V ierge m è re et de son fils. Dans les deux cercles qui s’in terp o sen t e n tre celui des p rophètes et la circonfé- rence, les signes d u zodiaque et les trav au x des mois m e- su ren t le cours de l’année, qui passe com m e une om b re de l’éte rn ité de Dieu ; puis les v ertu s, cof fées de couronnes, te n a n t d’une m ain les a ttrib u ts de le u r dign ité, e t de l ’a u tre une longue lance, co m b atten t avec énergie les vices, auxquels chaque ch ré tien doit faire une g u erre sans trêve. A u-dessus de la p o rte d u C loître, consacrée à la vie et aux m iracles de Marie, la Vierge p a ra it encore avec son fils, m ais entourée cette fois d u nom b reu x c o rtége des p atriarches, des ju g e s, des p rê tre s, des pro p h ètes et des rois, tous ancêtres du C hrist, les u n s selon la ch air, les au tre s
selon l’esp rit. La rose du m idi, qui correspond à la po rte des M artyrs, p ré se n te , en q u atre cercles, le chœ ur des douze a p ô tre s ; une a n n é e d’évêques e t de saints personnages de divers o rd res, qui tous ont en m ains soit les palm es du trio m p h e, soit les in stru m e n ts de le u r glorieux supplice ; des anges leur ap p o rte n t des couronnes d ’o r. A la h au - te u r où ces vitraux se tro u v en t p lacés , il est difficile de distin g u er bien n e tte m e n t les a ttrib u ts de chaque figure. Il y aurait d ’ailleu rs de la té m é rité à vouloir n o m - m er tous ces personnages. Mieux vau t a tte n d re le jo u r où les trav a u x de restau ratio n du tran ssep t re n d ro n t néces- saire l’établissem ent de g ran d s éch afau d ag es , qui p e r- m e ttro n t d ’ap p ro c h e r des roses e t de lire les nom s inscrits su r des banderoles dans la p lu p a rt des m édaillons. On p eu t d istin g u er dès à p ré se n t, dans la rose du n o rd , ceux d’A aro n , de Sadoch, d ’A chin, de Joas et de plusieurs rois de Judas. A u-dessous de cette ro se, d an s les c o m p a r- tim ents des angles, d o n t les plus p etits co n tien n en t d e s anges qui encen sen t, on tro u v e, en m o n ta n t su r la d e r- nière galerie, deux scènes des plus cu rie u ses : d ’un côté l’A n téc h rist , couronne en tê te , décapite E noch et le p ro p h ète É lie ; dans l’a u tre m édaillon , c ’est Dieu lui-m êm e qui so rt d ’une nuée p o u r tu e r l'Al téchrsit , e t celui-ci tom be à la renverse. Des légendes viennent ici au secours de l' in te rp rè te , en indiquant avec p ré- cision les titre s de ces sujets ra re m e n t rep rése n tés, et dès lors très-difficiles à reconnaître. Dans un des m édaillons de la rose m éridionale, saint D enis p o rte sa tête à la m ain . Quelques faits de ce q u ’on appelle le Combat des A pôtres se so n t aussi in tro d u its d an s cette d ern iè re rose, p arm i les personnages qui la re m p lisse n t, e n tre autres l’arrivée de saint M atthieu en présence d u roi E gy p tu s et le baptêm e de ce p rince converti p a r le saint ap ô tre. Le C hrist é ta it
ce rtain e m e n t assis su r u n trô n e , an cen tre de la m ê m e ro se, au m ilieu de ses apôtres et de ses m a rty rs. Mais ap rès les resta u ratio n s exécutées dans cette p artie de l’église p ar les soins d u cardinal de Noa illes. lorsque Guil- laum e B r ice re m it en plom b neuf, suivant l’o rd re prim itif, to u s les vitrau x de la rose , le p e in tre v e rrie r, Michu, fut chargé de p ein d re , en 172 6 , les arm oiries du p ré la t, qui ont occupé la place ce ntrale et qui s’y sont m aintenues ju sq u ’à p ré se n t. La rose occidentale a subi quelques pertes et quelques raccom m odages fâc h eu x ; les v itrau x , retirés p e n d a n t les trav au x de rép a ra tio n du g ra n d p o rtail, vien- nent d ’ê tre rem ontés ap rès avoir été soigneusem ent répa- rés. Les deux roses du transsept sont intactes. A peine sera-t-il nécessaire d ’y ra p p o rte r quelques rares m orceaux p o u r com bler les lacunes causées p ar le te m p s. Nous avons seulem ent parlé des figures si n om breuses et si intéressantes q u ’elles contiennent. Mais les fonds vigoureux et les rinceaux qui s’enlacent a u to u r des m édaillons, ne sont pas m oins dignes d ’étu d e et d ’ad m iratio n . Les trois roses sont co n tem p o rain es des façades q u ’elles décorent ; tout concourt à le p ro u v er : unité de style, sim ilitude d ’exécution, relatio n intim e clans le choix et la com posi- tion des sujets.
s é p u ltu r e s ; to m b ea u x .
Les n e fs, le ch œ u r e t les chapelles de N otre-D am e étaien t autrefois pavés de p ie rres to m b a le s; on y lisait les in sc rip tio n s, o n y contem plait les effigies gravées des p erson n ages les plus illu stres de l'Église e t de l’È tat.
D ans quelques lieux privilégiés, des m o n u m e n ts s’élevaient au-dessus du sol, et portaien t des statues de m a rb re , de p ierre ou de bronze. C’était u n ém ouvant et solennel
spectacle que celui de to u s ces m o rts déposés là ju sq u ’au d ern ie r ju g e m en t. Com m e le ch a n tait D ante, au XIIe livre de son P u r g a toire : « Les tom bes construites au pavé des églises m o n tre n t le p o rtra it des ensevelis, tels q u 'ils étaient ja d is afin que le u r m ém oire d em eu re, si bien q u 'o n se p ren d m aintes fois à p le u re r, tout poigné p a r ce souvenir, qui ne fait se n tir son aiguillon que dans les cœ urs pieux. » Les architectes du roi Louis X IV fu re n t les prem iers à po r- te r la m ain su r les sépultures du ch œ u r po u r su b stitu er aux tom bes des évêques e t des g ra n d s de la te rre un carrelage de m a rb re , d o n t la rich e con te x tu re n’est faite que p o u r la distractio n des yeux. La sim ple nom en clatu re des p er- sonnages dont les cendres fu re n t troublées et les m o n u - m ents à jam ais d é tru its , en dira p lu s que toutes nos paroles. On fit alors avec une certaine apparence de res- pect et de co nvenance, ce que firent plus ta rd les rév o - lutionnaires d an s l’accès de la fu re u r. Chacun des p erso n - nages d o n t les nom s suivent, avait dans le ch œ u r son effigie ou son épitaphe. Princes et princesses : P hilippe , archidiacre de P aris, fils d u roi Louis VI, 1161 ; Geoffroy, duc de B retagne, fils du roi d ’A n g leterre , 1186 ; Isabelle de H ainaut, p rem ière fem m e de Ph ilippe-A uguste, 118 9 ; Louis de F rance, dau p h in , (ils de Charles V I, 1 4 1 5 ; Louise de Savoie, m ère de F rançois Ier, 1531 (son cœ ur) ; le roi Louis XIII , 1613 (ses en tra ille s).— È vêques de P aris : E udes de S ully, 1208 ; É tien ne II, d it Tem p ie r , 1 2 7 9 ; le cardinal A ym eric de Magnac, 1 384; P ierre d ’O rgem ont, 1 409; Denis D um oulin, p a tria rc h e d’A ntioche, 1447.—
A rchevêques de P aris : P ierre de M arca, 1662; H ardouin de Péréfixe 1671 ; F rançois de H arlay, 1695; enfin un
1 Que lq ues tombes de c u iv re a vaient été d é jà fo n d u e s p l u - si eurs années au p arav an t, e t le m étal a vait se rvi à la confec tio n
du lutrin.
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archevêque de S ens, qui était en m êm e tem ps g rand aum ônier de F ra n c e , R enaud de B eaun e, m o rt en 1616.
Des procès-verbaux, dressés au m om ent m êm e de la dé- m o lition des tom beaux, révèlent une foule de faits curieux s u r l’état des sépultures et su r les objets précieux q u ’on y recueillit. De 1771 à 1773 , tout le sol de la nef, de ses bas côtés , du tra n ss e p t et des co llatéraux d u chevet fut rép aré en g ra n d s ca rre au x de m a rb re blanc et bleu.
Cette o p éra tio n , qui occasionna une dépense de plus de trois c e n t m ille livres, en tra în a la destru ctio n des innom brables pierres tom bales qui com posaient l’ancien dallage et qui p ortaient presque toutes des effigies gravées en c re u x 1. On débita ces p ierres p o u r en tire r p a r ti; il s ’en ren c o n tre des fragm ents ju sq u e su r les terrasses des chapelles et su r les galeries des to u rs. Quelques d ébris en o nt été aussi retro u v és dans des tas de décom bres. Les seules inscriptions à peu p rès com plètes q u ’on ait pu ra s
sem bler , so n t celles de Jean D eslandes , chan o in e de N otre-D am e, conseiller m a ître en la cham bre des com ptes de P aris, m o rt en 1437, et du chapelain, P ierre B onny, qui fonda en 1562, des p rières p o u r le repos de son âm e e t p o u r le salut de son oncle, An d ré B érard. P ierre B onny est rep résen té assisté de saint P ierre , son p atro n , et prian t une V ierge de pitié.
De toutes les statues d évêques autrefois si nom breuses à N otre-D am e, il ne reste plus que l’effigie en m a rb re de Sim on Matiffas de Bucy, m o rt en 1304. A rrachée du tom b eau qui la su p p o rtait, au com m encem ent de la révo- lu tio n , elle fu t reléguée dans une cave de la sacristie, d ’où elle n ’est sortie que depuis peu de tem ps. Elle sera b ientôt réin tég rée dans la chapelle que Matiffas fonda au ro n d - point de l’abside. Une grande tom be de p ierre sculptée en relief, autrefois placée d an s une des chapelles du chœ ur,