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À quoi sert la prison ? En quête de prison républicaine,enquête sur la prison contemporaine

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À q uoi ser t la pr ison ? En q uêt e de pr ison répub li c a ine, enq uêt e sur la pr ison c ont em por a ine

N°12

` ^e fb o p a b i^ ` r o fq °

`~ÜáÉêë ÇÉ ä~

ë¨Åìêáí¨

Également dans ce numéro La prison aux États-Unis aujourd’hui :

un échec retentissant L’histoire de l’enfermement

Rythmes, obstacles, aléas

À quoi sert la prison ?

En quête de prison républicaine, enquête sur la prison contemporaine

n°12

http://www.cahiersdelasecurite.fr

Direction de l’information légale et administrative Accueil commercial : 01 40 15 70 10

Commande : 124, rue Henri Barbusse - 93308 Aubervilliers cedex Fax : 01 40 15 68 00

www.ladocumentationfrancaise.fr

4 0

You th Vio len ce in J apa n:

Crime

in an Aff luent Socie ty

Chikao URAN

AKA

Youth violenceis a

prime concer

n in Japanes e public

deb ateand

media comme

nt.Onthe one hand

, afeeling

ofinsecurity resulting

fromthis type ofviolence,

especially atschool,

is increasing.

Ontheotherhand,

statis ticssho

wthatforms ofviolence

ofunprecedent ed

gravityareemerging, eventhough

criminal offences

overallare onthe

decline.

Thisarticle willexamine

oldand,more particularly , new

manif estations

ofdelinquency inJapan

andatte mpt to

reflect up onthesoc

ial,econom ic andcul

tural background

by whichit is

explained.

Chikao Uranaka Chikao Uranaka

holdsa degreefrom theUniversity of Yamanashi in Japan andhasa Master’s

Degree inPolitical

Science fromthe University of SocialSciencesofToulouse.Asa rese

archerattheCentre d’ Etudesetde

Recherches su r laPolice– CERP

(Centre for Stu dyandResearchonthe

Police) of the IEP at Toulou se,hewrote

a thesis ab out the police inJapan.He

is amember of the Association d’Etude des Sciences de laSéc

urité au Japon

(Associationforthe StudyofSecurityScience inJapan). He contribute

d to thebook:

“Questionsdesécurité,

sociétalisation desréponses,

globalisation desmenaces

,” Dieu (F.),(dir.), 2006,

Paris,L’Harmatt an.

© RF242775/LD/©

image100/Corbis

t i s necessaryto

define thecon

cept of a

“m inor”inJapan.Fro

ma legalpoint ofview,

the ageofma

jorityis 20.Hence , itis against

thelaw forperson

s underthe ageof20to

smoke tobacco or drink alcohol

. Civilmajority,

particu larly for voting,

wasalso attained a

t the

ageof20until very recently, it havingjust beenlowered

to18.Curr ently, ther

e isdebate on whether

tolower the

ageofcrim inal majority

from20to18,as w ellas thatof

thecivil majority.

The FourWavesofYouthCrime andtheFeeling of Insecurity In

regardtoyouthcrime between 1945and

today,

statisticsreveala rathe r sinusoidalcurveofcha

nge, with

episodesofgrowth , thenreduction

. Fourpeaks inthe

riseofyouthcrim e canbeidenti

fied(tab le 1).

The first wave occu

rred aftertheendof theSecond

Wo rldWar, at the en

d of the 1940 s and in

thebeginning

I

7 3

El re cale ntam iento clim ático, un riesgo

consider able

Alain COUS

TOU

La realidad del rec alentam

ientoclimáticoy laresp onsabi- lidad

delasactiv idades

humanasestán genera lmente admitidas

porlos científ icos

El roldelosgases deefecto invernader

o (GES) de

origenantr ópico

esbas tante consi- derable

actualm ente¿Perolas subidas de tem

peraturas previstas por

losdiv ersos

modelos delGru

podeExper tos Intergubernament

al sobr e laEvolución

del Clima

(GIEC) nocorr

enel riesgo desobr

epasar sesi setiene

encuent a el deshielo

encursodel gelisuelo

deSiberia y deAlaska

, la aceleracióndelretro

cesoestival del b ancode

hielo ártico, el riesgode

desestabilizaciónde lascapa

s de hidratosdemetano

oceánicas, lo s efectosdeumbra

l, sinergia

y retroacción?

Alain Coustou Doctor e

n Ciencias Económ icas,antig

uo presid entey co-fundador

del centrouniv ersitario de D

ouala(Camerún), enseñante

-investiga doragregado

del Instituto d e Estudio

s Demográfic os de launiversidad d

e Burdeos(IED UB);

asociadoa laUnidad Mixta de Investig

aciones(UM R) de lascien

ciasy el m edioamb

iente(CN RS-universid

ad de Burdeos4).Escribió

: « Terre,findepartie?(Tierr a, ¿final

departida?)

» (sobr e losriesgos

climático s y publicado en septiem

brede200 5 enÉditions Eons, col. EonsDossier

s).

© Minis tère del’Intérieur– DIC

OM

Problem áticageneral Efecto invernader

o yciclos natur

ales o esencialde latend

enciaal recalentamiento sedebe

al aumen to delefect

o invernader o.

Ya no se tratade una si

mple hip ótesis, sino de una c

erteza casi abs oluta. Sinembargo, laTierraya

hasufridoen lostiempos geológicosperiodosmarcadosporun recalenta

miento másintenso

queel que nosotrosestam

os sufriendo actualm

ente.Portanto, es lícitointerrogarsesobre

la posib le parte

de respon sabi- lidadde los ciclos n

aturales y de las actividades hu

manas en elcambioclim

áticoen curso,así co moen elritm

o de éstey los

riesgos de evo lución futura.

Aunqueyase hanproducidofuertes

variaciones climáticas, sobre to

do alo lar go de los

últimos 650 000 años marcadosporuna

sucesión casicíclic

a delargos epis odios glaciares ycalores intergla

ciares m ás cortos,loscambios imputables

a estos únicos

ciclos na turales

aparecen mucho más len

tamenteque los que seestánconstatando actualm

ente.A lolargode los 12últim

os milenios, las únicas ex

cepcionescorrespon dena cambiosde d

uración relativamente

corta, dealgu nosañosa algunos

siglos.

Estassituaciones han estado ese

ncialmente re lacionadas conmod

ificacionesmáso m enosdura

blesde la actividad solaro con aco

ntecimientos e xcepcionales

relativos a los océanos como

el vertidorápido de aguade deshielo de capasglaciares o

las modificaciones delas gr andes corrientes oceánicas.Sin

embargo, nin gunode estos m

ecanism os está implicadoen laactual evolución

climática.

L

Également dansce

numéro : Gangs, cartels, mafias…

: lagran de famille dela crimin

alitéorganisée Lesmaîtresdu

territoir e etdu secret– partie

1 Vulnérabilité,hommeet forêt Entretien avecJean-Mar

ie Bo ckel

n°8

`~ÜáÉê ë ÇÉ ä~

ë¨Åìêáí¨

Les nouv eaux

territ oir es de la sécurit

é

juillet-septembre2009

`~ÜáÉê ë ÇÉ ä ~ n°9

ë¨Åìêáí¨

Également dans

cenuméro :

Lesgangs auxEtats-U

nisaujourd’hui

Lesmaîtr esdesterrit

oireset du secr

et -Par tieII

Lalutte contr e l’habit

at indig ne

enSeine- Saint-Denis

La trait e des êtr es humains, un déf i mondial

janvier-mars 2010

`~ÜáÉêë ÇÉ ä~

ë¨Åìêáí¨

Également dans ce numéro Prévenir les épisodes de «violences urbaines » La sécurité à l’heure des nouvelles technologies de contrôle : l’exemple de la vidéosurveillance

en France

Sport

:

risques et menaces

n°11

Code barre

3303334700743

Prix : 22 € Imprimé en France ISSN : 1774-475X

Image de couverture : © Tritooth - fotolia.com

7

Les gangs aux États-Unis aujourd’hui

Synthèse de l’étude National Gang Threat Assessment 2009 menée par le National Gang Intelligence Center Christophe SOULLEZ, Olivier GOURDON

l y a quelques semaines, était publié sur le site du Federal Bureau of Investigation (FBI) un rapport sur l’évaluation des menaces liées à l’activité des gangs criminels aux États-Unis en 2009, National Gang Threat Assessment 2009. Sur près de quarante pages, les auteurs de ce rapport dressent un état des lieux sur la présence des gangs dans les différents États américains, sur leurs activités criminelles, leurs principales caractéris- tiques et le nombre estimé de leurs membres. Mais, allant plus loin que la simple description, ils s’attachent également, dans une vision prospective ou prédictive, à évaluer leurs potentialités d’évolution et les menaces auxquelles seront confrontées les autorités fédérales et locales.

En mars 2009, pour la première fois depuis des années

− le sujet était jusqu’alors tabou ou, pour le moins, occulté

− le ministère de l’Intérieur français a fait état d’une étude menée par les nouveaux services de la sous-direction de l’Information générale de la direction centrale de la Sécurité publique sur les bandes en France.

Toutefois, les deux rapports n’ont pas encore les mêmes caractéristiques et présentent quelques différences notables.

La première d’entre elles, et non la moindre, concerne la mise à disposition des informations. Dans le premier cas, le rapport américain est public et la méthodologie de l’étude connue. En France, en dehors des initiés, nous ne connaissons de l’étude que ce qui est paru dans la presse et n’avons pas accès à l’analyse complète. Cette absence de transparence entraîne nécessairement des doutes sur la véracité des chiffres publiés et sur la rigueur des travaux puisque la méthodologie n’est pas diffusée. On peut cependant reconnaître que le fait, pour la première fois depuis des années, de réaliser une étude sur les bandes est déjà un premier pas qu’il conviendra de pérenniser dans le cadre d’une approche partagée et d’une analyse plus fine du phénomène.

Il est clair que les services de sécurité anglo-saxons portent une attention plus importante à la connaissance des phénomènes criminels que leurs homologues français.

Il y a, au Canada, aux États-Unis ou en Grande-Bretagne, une véritable culture du renseignement criminel. L’action n’est possible que si elle s’accompagne d’un travail d’analyse et d’étude visant à mieux cerner les organisations crimi- nelles et leurs évolutions. Cela se traduit aussi par un souci constant d’anticipation et d’adaptation et non pas exclusivement de réaction.

En France, par tradition et culture, les services de police sont plutôt dans une logique réactive. La réf lexion en amont, la recherche stratégique sur les évolutions crimi- nelles, hormis dans le cas de la lutte contre le terrorisme, sont peu présentes dans la démarche proactive des services de sécurité publique. La création de la sous-direction de l’Information générale, mais également l’ouverture croissante des services de police et le développement de collaboration avec des structures hors police/gendarmerie devraient nettement contribuer à renforcer l’importance de « l’intelligence criminelle ».

L’autre différence notable entre les deux productions concerne la densité des analyses et notamment l’aspect prédictif de l’évolution des menaces inhérentes à l’activité des gangs. Le rapport américain fourmille de détails sur les caractéristiques des principaux gangs américains, sur leurs implantations territoriales ou encore sur leurs perspectives d’évolution tant concernant leur expansion territoriale que le développement de leurs activités cri- minelles. Le rapport français reste encore très limité quant aux informations qualitatives, mais surtout prédictives.

C’est pourquoi, tant dans une démarche de connais- sance des acteurs criminels implantés aux États-Unis que dans une perspective où la France developperait ses analyses

I

2009 Également dans ce numéro :

Interrogations sur une nuit d’émeute à Montréal

Psychiatrie et délinquance : quels lieux et quels moyens de traitements ?

Interpol : une plateforme opérationnelle pour la coopération de police internationale Pègre, banditisme, mafias, pirates,

cartels, crime organisé,

triades, gangs, trafics...

n 7

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ë¨Åìêáí¨

Les organisations criminelles Les organisations criminelles

Les États-Unis viennent de diffuser une synthèse remarquable sur les gangs. Il est urgent pour la France de développer des analyses sur les bandes hexagonales.

S

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Cybersécurité

Protection des systèmes d'information et résilience des organisations Gérard PESCH

Cybersecurity

Following the publication of France’s White Paper on defence and national security, the author highlights the vulnerability of our critical information systems as data networks become increasingly open and cyber attacks ever more unpredictable in nature.

To respond effectively to these threats, we must combine all the expertise at our disposal in a process of convergence between the civil and military worlds and between the public and private sectors.

Within organisations themselves, a transverse approach to security management with the support of competent service providers (the combined expertise of consultants, system architects and engineers) is needed as we step up to the challenges ahead.

Now is the time to apply best practices and deploy new models of secure information systems, as well as new concepts of resilient organisations as a matter of urgency.

Gérard Pesch

Directeur de l’activité Conseil en sécurité et évaluation de l’équipe dédiée à la sécurité des systèmes d’information et de communication au sein du Groupe Thales. Ingénieur agro-alimentaire, maître ès Sciences en biologie, sa formation dans le domaine du vivant lui a donné le goût de l’ingénierie des systèmes complexes. Il a complété son expertise par un DEA de Gestion industrielle. Il est diplômé du CPA/HEC et auditeur de l’INHES. Sa carrière s’est déroulée au sein de grands groupes d’ingénierie (SERETE, SGN), de services (AREVA) et de conseil (ARTHUR ANDERSEN), principalement tournée vers l’amélioration de performances des ressources opérationnelles et la maîtrise des risques.

Dans le sillage du Livre blanc sur la Défense et la Sécurité nationale, l'auteur met en évidence la vulnérabilité de nos systèmes d'information critiques confrontés à l'ouverture des réseaux de données et au caractère imprévisible des cyberagressions. La mobilisation de toutes les compétences passe par le rapprochement des mondes civils et militaires, publics et privés. Au sein des organisations elles-mêmes, seul un management transversal de la sécurité pourra relever les nouveaux défis. Il est urgent d'appliquer les bonnes pratiques et de déployer de nouveaux modèles de systèmes d'information sécurisés, ainsi que des nouveaux concepts d'organisations résilientes.

© Thales P

Introduction à la rubrique Intelligence économique

Gérard PARDINI

Gérard Pardini

Chef du département Intelligence économique et gestion de crise, INHES.

98

INHES a fait le choix de promouvoir une conception ambitieuse de l’idée de sécurité globale. Dans un environnement chaque jour plus incertain et mouvant, la recherche, l’acquisition et la diffusion de bonnes pratiques, mais également de nouveaux concepts liés aux différents domaines de la sécurité, constituent des axes forts pour l’Institut.

L’intrication de l’économie et de la sécurité nous a conduits à ouvrir une rubrique permanente dédiée aux interactions entre économie et sécurité, dans cette nouvelle formule des Cahiers de la sécurité.

Cette initiative doit permettre de donner une tribune au réseau développé depuis maintenant plus de dix années par l’INHES et tout particulièrement depuis deux années par le département Intelligence économique et gestion de crise.

Notre souhait est d’ouvrir le champ de la réf lexion aux grands enjeux liés aux instruments des politiques économiques et institutionnelles qui relèvent de la res- ponsabilité directe des pouvoirs publics. Toute décision concernant l’ordre public, les institutions, les sphères monétaires et financières provoquera une évolution à la hausse ou à la baisse de la croissance et de la compétitivité du pays 1.

L’ordre public dans le contexte global d’évolution de l’économie mondiale ne se réduit plus aux seules dimensions policières et militaires.

Les acteurs de la sécurité ont certes pour mission de protéger les personnes et les outils créant de la richesse,

mais également d’appliquer des règles du jeu acceptées par l’ensemble des acteurs économiques, et permettant une coopération entre sphère publique et sphère privée.

Cette coopération nécessite de se pencher sur l’effectivité des règles régissant la sécurité et au-delà l’activité écono- mique. N’oublions pas deux évidences trop souvent occultées : la première est que le revenu global de l’État est fonction de l’activité productive ; la seconde est que plus l’État et les pouvoirs publics en général ont besoin de revenus pour financer les besoins collectifs des citoyens, plus les acteurs économiques doivent faire l’objet d’une attention particulière par ces mêmes pouvoirs publics. Pour être acceptés et légitimés, ces derniers doivent protéger – pour qu’il se développe – l’écosystème de production de la richesse nationale.

Pour ce faire, la pertinence de l’action institutionnelle, qui relève de la seule responsabilité des pouvoirs publics, doit être évaluée de manière permanente pour l’adapter à cet environnement mondial mouvant qui est une donnée.

Le discours d’imprécation contre la mondialisation relève d’une longue tradition française qui préfère privilégier le mythe et entretenir un décalage entre l’étiquette et le contenu d’une politique. L’analyse de nos institutions le démontre : la charte du 4 juin 1814 restaure la monarchie absolue mais consacre les grands principes de 1789, les lois constitutionnelles de 1875 fondent un régime parlementaire accepté par les royalistes mais qui se transforme très vite en République des républicains, la IVe République proclame la toute puissance du Parlement sans que ce dernier tire parti de cette suprématie, la plasticité remarquable de la Ve République permettra au Général de Gaulle d’asseoir un régime présidentiel, à François Mitterrand d’inaugurer la pratique de la cohabitation et d’engager le processus qui a transformé

L

(1) Cf. notamment les travaux toujours d’actualité de Xavier Greffet, 1994, Éléments de politiques publiques, Dalloz, Paris, et de Christian Camiliau, professeur honoraire à l’Institut universitaire d’étude du développement de Genève, 2006, La croissance ou le progrès, Seuil.

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Colloque organisé par la Fondation pour l’Enfance en partenariat avec l’association Droit@l’Enfance

e 30 mai 2008, la Fondation pour l’Enfance, en partenariat avec l’association Droit@

l’Enfance a organisé un colloque sur le thème : Internet est-il un jeu d’enfant ? Cette journée de travail réunissant policiers, gendarmes, magistrats, avocats, représentants d’associations et d’admi- nistrations, ainsi que de nombreux professionnels de la protection de l’enfance s’est déroulée dans l’amphithéâtre de l’INHES.

Internet et, plus généralement, les nouvelles techno- logies constituent un progrès considérable en termes de communication et d’information : c’est indiscutable.

Mais elles constituent aussi le terrain de nouvelles formes de criminalités, dont les enfants et les adolescents sont la cible facile. Comme l’a développé Florence Marguerite, magistrate à la direction des Affaires criminelles et des Grâces (DACG) au ministère de la Justice, les risques pour les mineurs sont de deux ordres : les contenus qu’ils peuvent recevoir via Internet d’une part, et les contacts avec des agresseurs potentiels d’autre part.

Ce qui apparaît comme rassurant, c’est que la sécurité des enfants sur Internet est aujourd’hui une priorité pour les pouvoirs publics. Ceci a été développé par Olivier Peraldi, adjoint au délégué interministériel à la Famille, qui a rappelé tout l’intérêt que porte Nadine Morano, secrétaire d’État à la Famille, à ce sujet. À cette occasion, la secrétaire d’État a souhaité préciser qu’il est nécessaire d’agir sans cesse pour adapter les lois, identifier et diffuser les bonnes pratiques, sensibiliser les parents et les enfants dans le cadre de démarches partenariales incluant les pouvoirs publics, les industriels, les associations et les parents.

D’ores et déjà, comme l’a rappelé Myriam Quéméner, la France n’a pas à rougir de son arsenal législatif, car celui-ci est tout à fait calqué sur la Convention du Conseil de l’Europe applicable depuis juillet 2004. C’est le premier traité international de lutte contre la cyber- criminalité. Depuis dix ans, les choses ont considérablement

évolué. La loi du 5 mars 2007 relative à la prévention de la délinquance élargit encore les infractions de la détention à la consultation habituelle d’images pédo- pornographiques et crée l’infraction de proposition sexuelle à un mineur, qui vise à traquer des criminels cherchant à prendre contact avec un enfant. Pour ce faire, la loi offre la possibilité aux enquêteurs, sous couvert d’un pseudonyme, de participer aux échanges avec des personnes susceptibles de commettre une infraction. Ces échanges peuvent ainsi être conservés et, fait nouveau, être versés à la procédure et servir de preuve si besoin.

Ces dispositions ont notamment été utilisées dans le cadre d’une affaire récemment médiatisée dans laquelle plusieurs individus avaient planifié l’enlèvement d’une fillette à laquelle il réservait un traitement des plus sordides. À noter que la Fondation pour l’Enfance s’était constituée partie civile dans cette affaire.

C’est d’ailleurs cette action plutôt méconnue de la Fondation qui a été présentée par Maître Bénédicte Grandin, représentant Maître Olivier Baratelli, avocat de la Fondation pour l’Enfance depuis 2003. Maître Grandin a ainsi rappelé que la Fondation pour l’Enfance s’était constituée partie civile dans plus d’une centaine d’affaires intéressant les faits prévus et réprimés par l’article 227-23 du Code pénal, à savoir la diffusion, la fixation, l’enre- gistrement, la transmission, la détention, l’importation, l’exportation, la captation d’images d’un mineur présentant un caractère pornographique. L’intérêt de cette action est double : il est répressif, car les dommages et intérêts sollicités et obtenus par la Fondation ont souvent davantage d’impact sur les condamnés que les peines d’emprisonnement avec sursis prononcées ; il est préventif, car il convient de faire comprendre à l’accusé à quel point son intérêt pervers pour ce genre d’image participe activement au fait d’enlèvement, de viol, de séquestration et parfois de barbarie au préjudice des enfants utilisés sur ces images. Ainsi, celui qui consulte ou collectionne ces images participe à ce honteux et lucratif trafic, alors même que, bien souvent, les victimes ne peuvent être identifiées.

L

Internet : un jeu d’enfant ?

Arnauld GRUSELLE

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À quoi sert la prison ?

En quête de prison républicaine, enquête sur la prison contemporaine

avril-juin 2010

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n°12

00 premiere page CS12.qxp:Mise en page 1 21/04/10 11:49 Page 1

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AGOZINO Adalberto, Professeur, Faculté de Buenos Aires BALLONI Augusto, Professeur, Bologne

BARGACH Majida, Professeur, Université de Virginie, Charlottesville BAUER Alain, Criminologue, Président de l’Observatoire national de la délinquance

BOLLE Pierre-Henri, Professeur, Neuchâtel

COOLS Marc, Professeur de faculté de droit pénal, Université de Gand CURBET Jaime, Professeur, Université Ouverte de Catalogne, Gerone CUSSON Maurice, Professeur, Université de Montréal

DELSOL Chantal, Professeur des Universités, Marne-la-Vallée DUPAS Gilberto, Professeur, Université de São Paulo EKOVICH Steven, Professeur, American university of Paris GJIDARA Marko, Professeur des Universités, Paris II-Assas

GRABOSKY Peter, Professeur, Université nationale d’Australie, Canberra

JOUBERT Jean-Paul, Professeur des Universités, Lyon III LEMAITRE André, Professeur, Université de Liège

LEVET Jean-Louis, Professeur associé, Université Paris XIII, Directeur général de l’IRES

OONUKI Hiroyuki, Professeur, Tokyo

PANCRACIO Jean-Paul, Professeur des Universités, Chef de projet du Pôle recherche de l’enseignement militaire supérieur

RIBAUX Olivier, Professeur, Université de Lausanne

SILVERMAN Eli, Professeur, John Jay College of Criminal Justice, New York VANDERSCHUEREN Franz, Directeur du programme de Sécurité urbaine, Université du Chili

VELASQUEZ MONSALVE Elkin, Professeur, Université de Bogota WAJSMAN Patrick, Président de la revue « Politique internationale » ASSO Bernard, Avocat, Professeur des Universités, Nice Sophia Antipolis

BARBOT Ivan, Préfet de région (Hr), Président (Hr) de l’OIPC-Interpol BAVEREZ Nicolas, Avocat, éditorialiste, essayiste

BERGES Michel, Professeur des Universités, Bordeaux IV COULOMB Fanny, Maître de conférences, Grenoble II

DE BEAUFORT Viviane, Professeur à l’ESSEC, co-directeur du CEDE DIEU François, Professeur des Universités, Toulouse I Capitole Directeur de la recherche et du developpement, ENAP, Agen DOMENACH Jacqueline, Professeur des Universités, Paris X-Nanterre FORCADE Olivier, Professeur des Universités, Sorbonne-Paris IV GUILHON LE FRAPER DU HELLEN Alice, Directrice du groupe CERAM, Sophia Antipolis

HERNU Patrice, Administrateur de l’INSEE

LATOUR Xavier, Maître de conférences, Université Paris V Descartes LOUBET DEL BAYLE Jean-Louis, Professeur des Universités, Toulouse I Capitole MOINET Nicolas, Maître de conférences, Poitiers

PICARD Jean-Marc, Enseignant chercheur, Université de technologie de Compiègne

POIRIER Philippe, Docteur en sciences politiques et enseignant chercheur, Université du Luxembourg

RAUFER Xavier, Directeur des études et de la recherche, Institut de criminologie de Paris, Paris II-Assas

ROCHE Jean-Jacques, Professeur des Universités, Paris II-Assas ROSA Jean-Jacques, Professeur des Universités, IEP Paris ROUCAUTE Yves, Professeur des Universités, Paris X-Nanterre

SARLANDIE DE LA ROBERTIE Catherine, Professeur des Universités, Rennes I Présidente de l’AFUDRIS

TANDONNET Maxime, Conseiller à la Présidence de la République TEYSSIER Arnaud, Inspecteur général de l’administration

VALLAR Christian, Avocat, Professeur des Universités, Nice Sophia Antipolis WARUSFEL Bertrand, Professeur des Universités, Lille II

Directeur de la publication : André-Michel VENTRE

Coordinateurs du dossier : François DIEU et Paul MBANZOULOU

Responsable publicité et communication : Jean-Christophe CANTER – [email protected] Conception graphique et fabrication : Laetitia BÉGOT, Daniel VIZET

Ventes et abonnements : La Direction de l’information légale et administrative – 29-31, quai Voltaire – 75344 Paris Cedex 07 – Tél. : 01 40 15 70 00 Par correspondance – La Direction de l’information légale et administrative, 124, rue Henri-Barbusse, 93308 Aubervilliers Cedex – www.ladocumentationfrancaise.fr

Tarifs : Prix de vente au numéro : 22,00 € – Abonnement France (4 numéros) : 65 € – Abonnement Europe (4 numéros) : 69,90 € Abonnement DOM-TOM-CTOM : 69,90 € (HT, avion éco) – Abonnement hors Europe (HT, avion éco) : 74,00 €

Impression : Corlet Imprimeur Tirage : 1 200 exemplaires

© Direction de l’information légale et administrative, Paris, 2010

Conditions de publication : Les Cahiers de la sécurité publient des articles, des comptes rendus de colloques ou de séminaires et des notes bibliographiques relatifs aux différents aspects nationaux et comparés de la sécurité et de ses acteurs. Les offres de contribution sont à proposer à la rédaction pour évaluation. Les manuscrits soumis ne sont pas retournés à leurs auteurs. Toute correspondance est à adresser à l’INHESJ

à la rédaction de la revue. Tél. : 01 55 84 53 74 – Fax : 01 55 84 54 26 – cahiersdelasecurite @inhesj.fr www.cahiersdelasecurite.fr –– www.inhesj.fr

Conseil scientifique international Rédaction

Comité de rédaction

`~ÜáÉêë ÇÉ=ä~

ë¨Åìêáí¨ Président : André-Michel VENTRE

Directeur : Yves ROUCAUTE

Directeur adjoint : François DIEU

Rédactrice en chef : Laurence ALLIAUME

00 premiere page CS12.qxp:Mise en page 1 23/04/10 9:47 Page 2

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avril-juin 2010

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Également dans ce numéro La prison aux États-Unis aujourd’hui :

un échec retentissant L’histoire de l’enfermement

Rythmes, obstacles, aléas

À quoi sert la prison ?

En quête de prison républicaine, enquête sur la prison contemporaine n°12

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INHESJ École militaire

Case 39 75700 Paris 07 SP Tél : 01 76 64 89 00 Fax : 01 76 64 89 31 www.inhesj.fr www.cahiersdelasecurite.fr

n°12

Éditorial . . . 5

Avant-propos . . . 7

Entretien

Trois questions à Jean-Amédée Lathoud, Directeur de l’Administration pénitentiaire. . . 10

Dossier

Prison et démocratie

Donner un sens à la peine privative de liberté - Jean-Olivier VIOUT. . . 13

« Mener une vie responsable » : amorce d’une réforme du discours pénitentiaire

après la loi du 24 novembre 2009 - Philippe POTTIER. . . 17 La prison dans son environnement : symptômes de l’ambivalence des relations

entre les démocraties et l’enfermement carcéral - Philippe COMBESSIE . . . 21 École du crime ou école de la citoyenneté ?

Éloge de la prison en démocratie - Pierre-V. TOURNIER . . . 32 Citoyenneté et légitimation démocratique de la prison

Quelques réflexions sur les évolutions du contrôle de l’enfermement - Jean-Charles FROMENT . . . 42

Prison et contrôle

Pourquoi un regard international et européen sur les prisons ? - Xavier RONSIN . . . 51 L’éveil des prisons françaises au droit international et européen pénitentiaire

Jean-Paul CÉRÉ . . . 61 Du contrôleur général des lieux de privation de liberté et de ce qu’il en advient

Jean-Marie DELARUE . . . 69 Règles pénitentiaires européennes - Christine CÉPÈDE, François FÉVRIER . . . 78

Prison et justice

L’évolution de la justice pénale des mineurs : de la modélisation à la réalité

Jocelyne CASTAIGNÈDE . . . 86 Les aménagements de peine, le mythe de Sisyphe ? - Éric MARTIN. . . 94 La récidive : un mot qui en cache un autre

L’expérience canadienne - Philippe BENSIMON. . . 101 La récidive des sortants de prison : éléments statistiques - Annie KENSEY . . . 116

Prison et violence

La dangerosité pénitentiaire ou la dialectique du risque - Paul MBANZOULOU. . . 127 Le suicide en milieu carcéral : les réponses de l’administration pénitentiaire

Véronique PAJANACCI, Laurent RIDEL, Philippe POTTIER . . . 137 Du face-à-face à la relation en miroir

Le risque professionnel en prison - Antoinette CHAUVENET . . . 141

L’institution carcérale en France au miroir des drogues illicites - Michel GANDILHON. . . 153

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avril-juin 2010

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Également dans ce numéro La prison aux États-Unis aujourd’hui :

un échec retentissant L’histoire de l’enfermementRythmes, obstacles, aléas

À quoi sert la prison ?

En quête de prison républicaine, enquête sur la prison contemporaine n°12

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Prison et détention

Quelle est la nature d’un établissement pénitentiaire pour mineurs ? - Laurent SOLINI . . . 162 Prison du corps, geôle de l’esprit

Étude du vieillissement en milieu carcéral - Aurélie GAUTHIER . . . 171 La prise en charge psychiatrique pénitentiaire des auteurs d’agressions sexuelles :

un état des lieux - Nathalie GOURMELON . . . 178 Les modes de coordination entre intervenants en santé mentale en milieu carcéral

Logiques professionnelles et dynamiques organisationnelles

Thomas LE BIANIC, Guillaume MALOCHET . . . 183 Quarante ans d’emploi pénitentiaire : vers un droit des travailleurs détenus ?

Fabrice GUILBAUD, Philippe AUVERGNON . . . 190 Mécanique des normes et déplacement de la surveillance

Les unités de vie familiale - Cécile RAMBOURG . . . 201 Le placement sous surveillance électronique mobile : un nouvel espace de la peine ?

Olivier RAZAC . . . 209

Repères

L’histoire de l’enfermement. Rythmes, obstacles, aléas - Christian CARLIER. . . 216 Qui devient surveillant de prison ? Étude sur le profil sociodémographique

des élèves surveillants 1968-2009 - Laurent GRAS, Nicolas BOUTIN . . . 228 La prison aux États-Unis aujourd’hui : un échec retentissant - Robert McCRIE . . . 238

Notes de lecture

Histoire politique du barbelé - Jean-Louis LOUBET DEL BAYLE. . . 247 Profession criminologue. Analyse clinique et relation d’aide en milieu carcéral - Paul MBANZOULOU. . . 251 La part de l’ombre de l’État de droit. La question carcérale en France et en RFA depuis 1968

Julien MOREL D’ARLEUX . . . 254

Focus

Le Centre interdisciplinaire de recherche appliquée au champ pénitentiaire (CIRAP) . . . 257

Articles disponibles sur www.cahiersdelasecurite.fr

Le parcours d’exécution des peines : un vecteur de réinsertion ? - Élodie NADJAR www.cahiersdelasecurite.fr/cs12/nadjar

L’exécution des peines en Suisse - André VALLOTTON www.cahiersdelasecurite.fr/cs12/valloton

L’expertise psychiatrique, outil de l’individualisation des mesures privatives de liberté ? Aude LEROY www.cahiersdelasecurite.fr/cs12/leroy

La régulation des incidents en prison

Laurence CAMBON-BESSIERES, Cécile RAMBOURG www.cahiersdelasecurite.fr/cs12/cbr Les architectes concepteurs d’établissements pénitentiaires - Anne HÉRICHER

www.cahiersdelasecurite.fr/cs12/hericher

Les drogues en milieu carcéral. Une étude qualitative chez les détenus de la prison de Gand Freya VANDER LAENEN, Maaike DE PAUW, Stefan DE VALCK

www.cahiersdelasecurite.fr/cs12/lpv

Temps psychiques, temps judiciaires. Études anthropologiques, psychologiques et juridiques Fabien GOURIOU www.cahiersdelasecurite.fr/cs12/gouriou

INHESJ École militaire

Case 39 75700 Paris 07 SP Tél : 01 76 64 89 00 Fax : 01 76 64 89 31 www.inhesj.fr www.cahiersdelasecurite.fr

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quoi sert la prison ? Chaque citoyen, dans notre pays, mais aussi dans tous les pays démocratiques, se pose cette question non sans pertinence. Les interrogations sur le

sens d’une autorisation de privation de liberté sont nombreuses et celles qui portent sur l’efficacité de cette privation au regard des effets recherchés le sont plus encore.

La rédaction des Cahiers de la Sécurité a donc engagé les auteurs des articles à éclairer scien- tifiquement une question qui engage le sens de nos démocraties, tout en sachant qu’il est difficile de travailler sereinement sur un objet qui déchaîne des émotions et des passions dans l’arène sociale et politique.

Elle y est néanmoins parvenue comme chacun pourra le constater. La légitimation de l’emprisonnement avait été assez bien énoncée par le Conseil National de la Résistance qui avait, naguère, posé quelques principes qui alliaient sanction, éducation, responsabilisation et réinsertion.

Un de nos auteurs rappelle avec pertinence que ces mêmes principes ont été repris par le Conseil de l’Europe dans ses règles pénitentiaires. Les débats au Parlement, qui ont précédé le vote de la loi pénitentiaire du 24 novembre 2009, ont porté sur ces mêmes principes ; ils ont révélé toute la diversité des approches sur le sens de la peine, mais aussi la recherche du maximum d’efficacité dans le souci commun du bien public.

Le détenu apparaît ainsi théoriquement avant tout, mais pas toujours, comme un condamné qui va être amené, durant son séjour en prison, à s’amender, à se responsabiliser pour mieux se réinsérer lorsqu’il sera rendu à la liberté. Il se mettrait ainsi en règle avec la société.

Mais la prison est-elle vraiment une bonne école de la vie en collectivité ? Y cultive-t-on l’estime de soi, le respect d’autrui et le rapport à la société en dormant parfois par terre dans des cellules souvent surpeuplées au contact de malades mentaux qui ne peuvent pas être accueillis ailleurs ? Y apprend-on la responsabilité lorsque la majeure partie de la journée s’écoule en cellule et non dans des espaces de vie où le travail redevient une valeur qui permet l’éducation civique ? Drogues, gangs, recrutements de criminels, menaces et risques divers contraignent à des prises en compte de la réalité.

De l’affirmation infondée selon laquelle la prison est l’école du crime à celle selon laquelle elle n’est plus la bonne manière de sanctionner, il y a plus qu’une frontière à ne pas dépasser : une incompréhension des nécessités de notre démocratie.

Si la prison n’est pas l’école du crime, jugement hâtif de ceux que la privation de liberté effraie plus que tout, la prison doit être étudiée sans œillères et préjugés à l’aide des sciences pour lui redonner du sens et modifier certains modes d’enfermements, afin de les rendre plus efficaces.

La réponse appartient à la Nation à qui il revient de consentir les efforts nécessaires à la mise en musique des principes qu’elle a retenus. Quant à la science, elle offre seulement les outils d’analyse de la situation et de perspective pour une politique publique qui voudrait être plus efficace dans le souci du bien public.

André-Michel VENTRE

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rison en démocratie ou démocratie en prison ? Au-delà d’une simple déclaration de principe, cette question interroge la double exigence répu- blicaine de concilier la nécessaire sanction par l’enfermement avec la non moins nécessaire réinsertion du détenu, le droit à la sécurité par la contrainte physique et le respect des droits fondamentaux de la personne incarcérée. Cette double exigence n’est pas seulement une inclination philosophique, une posture idéologique, mais aussi le fondement de la réforme pénale et pénitentiaire que le droit positif s’efforce de formaliser graduellement.

Cette construction d’un espace social et physique d’enfermement en phase avec les idéaux démocratiques et leurs prolongements libéraux heurte de plein fouet une approche critique dominante, systématisée en son temps par Michel Foucault, qui voit, au contraire, dans la prison le stade ultime et exemplaire de l’entrée de plain-pied de nos sociétés dans une ère disciplinaire de mise sous contrôle, voire sous tutelle de l’individu. Dans cette perspective, l’idéal démocratique ne peut pénétrer l’enceinte de la prison, sous réserve de s’en tenir à une somme de discours entendus et abstraits, voire à un leurre, à un artifice entretenant l’illusion que l’enfermement pourrait être juste et humain. Plus récemment, la stigmatisation du traitement pénal et carcéral de la misère, dans le sillage des écrits engagés de Loïc Wacquant, est venue rappeler, avec conviction, la persistance de cet obstacle idéologique, de ce postulat philosophique empruntant à l’humanisme la nécessaire sacralisation de l’individu surtout lorsque ce dernier est privé de sa liberté de mouvement, qui interdit, de fait, de reconnaître à la prison une signification démocratique même ambivalente et contingente.

Il ne s’agit pas dans cette livraison des Cahiers de la Sécurité d’apporter un démenti ou une confirmation à cette antinomie principielle, dans la logique de

« disciplinarisation », entre prison et démocratie. Plus prosaïquement, notre propos est plutôt de nous abstraire de ces débats et représentations afin de proposer, sur la situation française, un état des lieux non exhaustif de la prison et des questions pénitentiaires dans une démocratie, somme toute, pluraliste et apaisée, avec le concours de quelques pistes de comparaison internationale.

Le propos n’est pas non plus encyclopédiste, avec le projet illusoire de rassembler dans un même volume l’ensemble des savoirs et des questionnements sur la prison.

Il s’agit plutôt, par touches successives, de proposer un espace même limité et éphémère de discussions et de réflexions susceptibles de répondre même partiellement à certaines interrogations prégnantes des chercheurs comme à celles des professionnels. Cette préoccupation est bien en phase avec la raison d’être de cette revue qui organise une forme de dialogue constructif entre les champs de la recherche et de l’action, en offrant à leurs acteurs respectifs un outil concret d’expression et, on peut le souhaiter, de dialogue et de mise en commun. Aussi ce

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numéro permettra-t-il à des universitaires, chercheurs et spécialistes, sociologues, juristes et historiens, à des magistrats et personnels de l’administration pénitentiaire de faire état de leurs travaux et analyses sur la prison, avec pour seule contrainte une fenêtre rédactionnelle, on le sait, toujours trop étroite.

Dans le dessein de mieux cerner les enjeux et les contradictions de cette quête de formalisation et d’édification d’une « prison républicaine » dans la société française contemporaine, ce numéro est organisé autour de cinq thématiques. La première, prison et démocratie, revient d’abord, à l’aune de la loi pénitentiaire du 24 novembre 2009, sur la question du sens de la peine (Jean-Olivier Viout) et de l’évolution du discours pénitentiaire (Philippe Pottier). La fonction de la prison en démocratie est ensuite questionnée à partir de son positionnement à la fois social, symbolique et normatif (Philippe Combessie, Pierre-Victor Tournier, Jean- Charles Froment), puis, et c’est notre deuxième thématique, des mécanismes de normalisation et de contrôle, en phase avec la concrétisation de l’idée d’État de droit (Jean-Marc Delarue), sous la pression d’une prise en compte des prescriptions internationales et européennes (Xavier Ronsin, Jean-Paul Céré, Christine Cépède et François Février). La troisième thématique aborde les relations de la prison avec une justice qui est son autorité de tutelle naturelle et son donneur d’ordres exclusif, avec une évocation de la justice pénale des mineurs (Jocelyne Castaignede), des aménagements de peine (Éric Martin) et de la récidive (Philippe Bensimon, Annie Kensey). La prison est également un espace qui n’est pas épargné par la violence et l’insécurité, dont traite la quatrième partie du dossier, avec les problématiques de la dangerosité pénitentiaire (Paul Mbanzoulou), du suicide (Véronique Pajanacci, Laurent Ridel et Philippe Pottier), du risque professionnel (Antoinette Chauvenet), et des consommations de drogues (Michel Gandilhon). Enfin, la dernière théma- tique, prison et détention, revient sur certains problèmes particuliers observés dans le cadre de l’enfermement, qu’il s’agisse de la question des mineurs (Laurent Solini), du vieillissement (Aurélie Gauthier), des auteurs d’infractions à caractère sexuel (Nathalie Gourmelon), des troubles mentaux (Thomas Le Bianic et Guillaume Malochet) et du travail des détenus (Fabrice Guilbaud), avant de s’interroger, au final, sur d’autres formes de détention, nouveaux espaces de la surveillance et de la peine, notamment les unités de vie familiale (Cécile Rambourg) et le placement sous surveillance électronique mobile (Olivier Razac). À côté du dossier à proprement parler, les questionnements carcéraux et pénitentiaires ont également débordé sur la rubrique « Repères », avec alors un triple témoignage historique sur l’enfermement (Christian Carlier), sociodémographique sur l’évolution du profil des surveillants de prison (Laurent Gras et Nicolas Boutin) et criminologique sur la situation d’échec de la prison aux États-Unis (Robert McCrie).

Le souci d’aménager ce dialogue indispensable des thématiques et des auteurs a permis également de placer ce numéro à l’abri des pressions et impositions médiatiques. Bien évidemment, il n’était pas concevable de passer sous silence les problématiques de violence ou encore de suicide dans les établissements pénitentiaires, mais en dépassant le prisme d’affaires largement médiatisées. La considération attentive pour les soubresauts du système social ne doit pas être une abdication sous le joug d’une actualité largement captée et mise en forme (en scène ?) par les médias, avec un traitement souvent circonstanciel et superficiel.

La nécessité de proposer, alternativement, un discours argumenté et étayé par des investigations scientifiques et/ou des expériences professionnelles ne permet

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cependant pas toujours d’apporter des réponses construites à toutes les questions que se posent les gouvernants, les institutions et l’opinion publique. C’est le cas, par exemple, de la progression du prosélytisme religieux, voire de l’intégrisme et de ses dérives terroristes dans les prisons qui, si elle constitue une menace sérieuse, n’a guère fait l’objet d’investigations rigoureuses, dans le domaine de la recherche tout au moins. La connaissance du champ pénitentiaire, par-delà les progrès récents de la recherche, conserve encore, il faut bien le reconnaître, de nombreux terrains inexplorés.

Tout en associant le plus largement possible les chercheurs qui ont contribué au développement de la connaissance scientifique du monde de la prison et de l’administration pénitentiaire, ce numéro s’est appuyé, plus particulièrement, au plan du pilotage rédactionnel et de diverses contributions, sur l’expérience de recherche appliquée développée au niveau de l’École nationale d’administration pénitentiaire (Enap), qui célèbre cette année le dixième anniversaire de sa délo- calisation à Agen. Cette livraison des Cahiers de la Sécurité est publiée également au moment où intervient, dans les faits, la transformation de l’Institut, avec l’inté- gration de la dimension judiciaire, formalisée avec l’adoption de l’appellation : Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice (INHESJ). À cet égard, les questions pénitentiaires et carcérales font, en quelque sorte, le lien entre la sécurité et la justice, en démontrant, s’il en était besoin, la pertinence de la nécessité d’une approche globale du phénomène criminel, dépassant les cloison- nements thématiques et institutionnels, ainsi que les frontières géographiques et professionnelles.

Déjà, il y a une douzaine d’années, un numéro spécial de la revue avait été consacré à la prison (« Prisons en société », n°31, 1 er trimestre 1998), avec cer- taines interrogations qui trouveront, dans le numéro présent, des compléments de réponse et des prolongements à partir des évolutions du droit et de la matière pénitentiaires. La revue récidive aujourd’hui, en ouvrant une nouvelle fois ses colonnes… à la prison, ce qui peut paraître paradoxal au regard de la logique même d’enfermement, mais aussi et surtout du peu de considération généralement réservée à cet objet de recherche trop souvent considéré comme opaque, peu valorisant, voire stigmatisant. La prison dérange, inquiète et fascine, ce qui com- plique à l’envi la tâche de celui qui entend dépasser le sens commun et les stéréotypes. Pour autant, comme l’idée d’une « prison républicaine » est loin de se réduire à une construction chimérique, celle de l’appréhender comme un « objet de science » ne doit pas non plus être cantonnée au registre d’une ambition triviale.

François DIEU Professeur des Universités, Toulouse I Capitole Directeur de la recherche et du développement à l’École nationale d’administration pénitentiaire (Enap)

Paul MBANZOULOU Responsable du Centre interdisciplinaire de recherche appliquée

au champ pénitentiaire, Enap

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Trois questions

à Jean-Amédée Lathoud,

Directeur de l’Administration pénitentiaire

Cahiers de la sécurité : la loi pénitentiaire a été pro- mulguée le 24 novembre 2009 après plusieurs années de réflexion et de débats. L’adoption de ce texte a soulevé de nombreuses critiques. Comment cette loi va influer l’action de l’administration pénitentiaire ?

La loi pénitentiaire de 2009 est le fruit d’un long débat démocratique. Depuis près de dix ans et les rapports des commissions d’enquête du Sénat et de l’Assemblée nationale, le rôle de la prison dans notre société a fait l’objet de nombreux commentaires, de prises de positions des élus, mais aussi des universitaires, de professionnels de la justice et de la société civile. Chacun a donné son avis et il est logique, au regard de la richesse des échanges, que certains ne soient pas pleinement satisfaits du texte adopté.

Ces critiques masquent la richesse du texte adopté. Par exemple, ceux qui regrettent l’absence de définition du sens de la peine privative de liberté ne prennent pas en compte les premiers articles de la loi. Le premier article, en particulier, reprend pourtant les principes définis par le Conseil de l’Europe sur le rôle d’une peine privative ou restrictive de liberté : permettre au condamné de mener une vie exempte de nouvelle infraction. Il ne s’agit pas de théorie, mais d’une exigence concrète et humaine. L’exé- cution des peines privatives de liberté doit permettre de prévenir la récidive, il faut donc que le condamné intègre le sens de la sanction pénale et que l’exécution des décisions pénales soit efficiente.

En ce sens, il faut rappeler que s’il s’agit du premier texte de cette ambition pour le service public péniten- tiaire, la loi du 24 novembre vient confirmer le vœu des gouvernements successifs pour une meilleure exécution des décisions pénales. La loi du 9 mars 2004 en avait posé les principes. Le président de la République et Mme le garde des Sceaux l’ont rappelé en 2009 : pour qu’une peine ait un sens, elle doit être exécutée. Le service public pénitentiaire concourt donc à cette bonne exécution des décisions de justice et tout le volet de la loi qui concerne l’aménagement et l’exécution des peines confirme cette ambition.

Rappelons aussi que la loi du 24 novembre 2009 n’est pas une loi pour la direction de l’Administration péniten- tiaire, mais bien une loi sur le service public pénitentiaire.

Cette précision est importante, car la France a fait le choix, depuis trente ans, d’une politique de « décloison- nement », d’ouverture de la prison. Les protocoles signés dans les années 1980 avec les ministères de l’Éducation nationale et de la Culture, puis la loi du 18 janvier 1994 pour l’accès aux soins des personnes détenues, ont insti- tutionnalisé l’intervention d’autres fonctionnaires au sein des établissements pénitentiaires (enseignants, personnels de santé). Ils sont aujourd’hui plus de 4 000 à intervenir chaque semaine dans les 193 établissements pénitentiaires.

À ces agents de l’État, il faut ajouter les équipes des entreprises privées chargées de la gestion déléguée mise en œuvre à partir du programme 13 000 et de la loi du 22 juin 1987 et qui participent au quotidien au bon fonctionnement de 48 établissements. Il faut aussi insister sur l’engagement quotidien des bénévoles associatifs qui accompagnent les détenus (visiteurs, courrier de Bovet), participent à leur formation (GENEPI, Auxilia) ou apportent du soutien à leurs proches (accueil familles, relais enfants-parents, Secours catholique, etc.).

Cette action partenariale est consacrée par la loi du 24 novembre 2009. L’article 3 précise, en effet, que le fonctionnement du service public pénitentiaire est assuré par la direction de l’Administration pénitentiaire avec le concours « des autres services de l’État, des collectivités territoriales, des associations et d’autres personnes publiques ou privées ». La France se conforme ainsi à ses engagements internationaux, en particulier les règles pénitentiaires européennes du Conseil de l’Europe. Contrairement aux idées reçues, l’organisation du système français, confortée par ce texte législatif, est plus conforme aux ambitions du Conseil de l’Europe que de nombreuses autres adminis- trations pénitentiaires étrangères dont le fonctionnement est complètement « intégré », même pour les soins ou l’enseignement des personnes détenues. Dans la plupart des pays voisins, l’accès au soin est assuré par des personnels sous contrat avec l’administration pénitentiaire alors qu’en France, il s’agit de personnels de santé, indépendants de l’institution pénitentiaire.

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