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On pourrait évoquer, comme le font Raimondi et Bottoni, certains passages du Manfred de Byron traduits par Pellico (sur «quei capi supremi, di cui le

rupi sormontate di castella guardano sulle profonde valli», qui, de

«l’estremo orlo» des «balze», contemplent «giù sulla riva del torrente gli

alti pini impiccioliti come arbuscelli, nella vertigine della lontananza»,

saluant le «volo» de l’«aquila» «fenditore di nubi» dans les «cieli più al-

293 Ed. cit., p. 86. L’idée d’échapper, par la force du génie, aux chaînes terrestres (à la

mortalité) revient, avec une insistance significative sur le verbe «percer», trois strophes plus tard (p. 87: «Ah! [...] Si je pouvois du ciel franchir les vastes routes, / Ou percer par mes chants les infernales voûtes / De l’empire des morts») et dans le final (p. 91: «Celui qui, se livrant à des guides vulgaires, / Ne détourne jamais des routes populaires / Ses pas infructueux, / Marche plus sûrement dans une humble campagne / Que ceux qui, plus hardis, percent de la montagne / Les sentiers tortueux. // Toutefois c’est ainsi que nos maîtres célèbres / Ont dérobé leurs noms aux épaisses ténébres / De leur antiquité; / Et ce n’est qu’en suivant leur périlleux exemple, / Que nous pouvons, comme eux, arriver jusqu’au temple / De l’immortalité.»). Pour le rapport avec les «successeurs» cf. également, pour l’«étrange manie» du génie dont il est question dans le texte de Loyson, la «sainte manie» du génie dans l’ode de Rousseau, p. 85. Manzoni évoque «l’ode de J. B. Rousseau à la Fortune» dans la pensée XXIII de l’éd. Bonghi (Opere inedite e rare, vol. II, cit., p. 489) comme exemple du fait que «Maintes opi- nions de bon sens se trouvent plusieurs fois, pendant des époques qui durent parfois longtemps, dans les seuls écrits des poètes: parce qu’on les considérait des paradoxes, des opinions fantastiques et populaires: et l’on croyait que la poésie devait accueillir des opinions de ce genre»: c’est un autre cas où le génie poétique, vrai ou présumé, re- joint le sens commun... On pourra enfin ajouter que le lecteur de Manzoni peut bien songer à Napoléon «Segno d’immensa invidia / E di pietà profonda» (v. 57-58, trad. littérale: «Objet d’immense envie / Et de pitié profonde») en lisant les deux vers cé- lèbres qui terminent l’épitaphe consacrée par Piron à «l’illustre et malheureux Rous- seau»: «Il fut trente ans digne d’envie, / Et trente ans digne de pitié».

ti»)

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ou également, pour la description d’une nature sauvage qui précède

et qui est comme le «corrélatif objectif» de l’image de l’aigle, les vers «al-

295

Ed. Raimondi-Bottoni (Milan, Principato, 1987), p. 366. Il s’agit surtout des vers de la scène II de l’acte I, avec Manfred seul sur un pic rocheux de la Jungfrau, au mat- in: «And you, ye crags, upon whose extreme edge / I stand, and on the torrent’s brink beneath / Behold the tall pines dwindled as to shrubs / In dizziness of distance; […]» («Et puis vous, les rochers! Sur vos pointes extrêmes / Je me dresse et en bas, sur le bord du torrent, J’aperçois les grands pins devenir arbrisseaux / Dans la vertige du lointain.»: G. BYRON,Manfred. Poème dramatique, trad. par F. Guilhot et J.-L. Paul, nouvelle édition révisée, Cœuvres-et-Valsery, Editions Ressouvenances, 1993, p. 31); «Aye, / Thou winged and cloud-cleaving minister, [An Eagle passes] / Whose happy flight is highest into heaven,» («Hé! Toi, ministre ailé, toi fendeur de nuages, [Un

aigle passe] / Toi dont le vol heureux est le plus haut du ciel,»: ibid., p. 33). Mais un

rapprochement avec l’aigle est évident également dans la scène I de l’acte II, quand le chasseur de chamois conseille à Manfred la patience et obtient pour réponse «Patience – and patience! Hence – that word was made / For brutes of burthen, not for birds of prey! / Preach it to mortals of a dust like thine, – / I am not of thine order.» («Patience, patience!… Allons! ce mot fut fait / Pour la brute docile et non l’oiseau de proie. / Prêche-le aux mortels sculptés dans ton argile, / Je ne suis pas des vôtres»: ibid., p. 45). L’image du Manfred reviendra significativement, avec une application expli- cite à Napoléon, dans Le rouge et le noir de Stendhal (qui avait déclaré, dans De

l’amour, en se référant déjà à Napoléon, et en comparant en quelque sorte Napoléon à

lui-même, que «Le grand homme est comme l’aigle; plus il s’élève moins il est vi- sible, et il est puni de sa grandeur par la solitude de l’âme» : cf. l’éd. présentée, établie et annotée par V. Del Litto, Paris, Gallimard, 1980, pp. 94-95): «Julien, debout sur son grand rocher regardait le ciel, embrasé par un soleil d’août. Les cigales chantaient dans le champ au-dessous du rocher; quand elles se taisaient tout était silence autour de lui. Il voyait à ses pieds vingt lieues de pays. Quelque épervier parti des grandes roches au-dessus de sa tête était aperçu par lui, de temps à autre, décrivant en silence ses cercles immenses. L’œil de Julien suivait machinalement l’oiseau de proie; ses mouvements tranquilles et puissants le frappaient, il enviait cet isolement. // C’était la destinée de Napoléon, serait-ce un jour la sienne?» (STENDHAL, Le rouge et le noir, préface de J. Prévost, édition établie et annotée par A.-M. Meininger, Paris, Gallimard, 2000, p. 119: la question finale rappelle significativement celle de la conclusion du chapitre 18 du livre 19 des Mémoires d’outre-tombe de Chateaubriand: «Napoléon était de mon âge: partis tous les deux du sein de l’armée, il avait gagné cent batailles que je languissais encore dans l’ombre de ces émigrations qui furent le piédestal de sa fortune. Resté si loin derrière lui, le pouvais-je jamais rejoindre?»). La nécessaire soli- tude du génie, mais dans un contexte de retraite et non pas de domination violente, avait été évoquée à propos de J.-J. Rousseau (qui sera comparé à l’aigle aussi par Höl- derlin: «comme l’aigle au-devant des orages, d’un vol / Téméraire, au-devant de ses dieux son esprit plane, / Annonciateur de leur venue…»: fin de l’ode Rousseau, dans

Œuvres, Bibliothèque de la Pléiade, trad. G. Roud et R. Rovini, Paris, Gallimard,

pins» d’Adelchi, où sont évoqués une nature silencieuse proche de celle de

Loyson (strophes huit et neuf) et, déjà, le «falco» et l’«aquila» («Dal campo

/ Inosservato uscii, l’orme ripresi / Poco innanzi calcate; indi alla destra /

Piegai verso aquilone, e abbandonando / I battuti sentieri, in una angusta /

Oscura valle m’internai: ma quanto / Più il passo procedea, tanto allo

sguardo / Più spaziosa ella si fea. [...] / – Oltre quei monti / Sono altri mon-

ti, ei disse, ed altri ancora; / E lontano lontan Francia; ma via / Non havvi; e

mille son quei monti, e tutti / Erti, nudi, tremendi, inabitati / Se non da

spirti, ed uom mortal giammai / Non li varcò. – Le vie di Dio son molte, /

Più assai di quelle del mortal, risposi; / E Dio mi manda. [...] Giunsi in capo

alla valle, un giogo ascesi, / E in Dio fidando, lo varcai. Qui nulla / Traccia

d’uomo apparìa; solo foreste / D’intatti abeti, ignoti fiumi, e valli / Senza

sentier: tutto tacea; null’altro / Che i miei passi io sentiva, e ad ora ad ora /

Lo scrosciar dei torrenti, o l’improvviso / Stridir del falco, o l’aquila

dall’erto / Nido spiccata in sul mattin, rombando / Passar sovra il mio capo

[...]»

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). Je veux seulement rappeler que le Fermo e Lucia soulignait avec

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la retraite: de pareilles âmes sont exposées à se voir seules, à vivre isolées, comme l’aigle; mais, comme lui, l’étendue de leurs regards et la hauteur de leur vol sont le charme de leur solitude» (Maximes et pensées, éd. L. Ducros, Paris, Larousse, 1929, p. 52). Du «coup d’œil d’aigle avec lequel Napoléon jugeait immédiatement les choses et les personnes» témoignait de son coté le Mémorial de Sainte-Hélène (E. DE LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène [1823] éd. par G. Walter, Paris, Gallimard, 1956-1957, 2 tomes, t. I, p. 788), confirmant un topos déjà consolidé et prêt désormais à être décliné également dans les comparaisons, selon lesquelles, par exemple, Ali Pa- cha était «à Napoléon ce que le tigre est au lion, le vautour à l’aigle» (V. HUGO, Les

Orientales. Les feuilles d’automne, éd. présentée, établie et annotée par P. Albouy, Pa-

ris, Gallimard, 1966, p. 24).

296 MANZONI, Adelchi, acte II, scène III, v. 167-174; 180-188; 194-203. Comme on l’aura remarqué («alla destra» à la place du «alla manca» de l’éd. 1845), j’ai cité à partir de l’éd. 1822, reproduite récemment dans l’éd. R. Marchi, Milan, Oscar Classici, 1987, dans l’éd. G. Lonardi et P. Azzolini, Venise, Marsilio, 1992 et finalement dans l’éd. critique procurée par I. Becherucci, Florence, Accademia della Crusca, 1998. Voici la traduction proposée par Fauriel: «Je sortis du camp lombard sans être aperçu, et repre- nant la voie par laquelle j’étais arrivé, je la suivis quelque temps et me détournai en- suite à droite, vers le nord. Abandonnant bientôt les sentiers battus, je m’enfonçai dans une vallée étroite et sombre, mais qui, à mesure que j’avançais, s’élargissait de plus en plus. […] – Derrière ces montagnes, me répondit-il, sont encore des montagnes, puis d’autres et d’autres encore; et par-delà, loin, bien loin, est le pays des Franks: mais il n’y a pas de chemin pour y aller; et les monts qui nous en séparent sont sans nombre, tous escarpés, tous effrayants, plus hauts que les nuages, inaccessibles pour l’homme,

insistance un certain parallélisme entre Frédéric (le «faucon» dont on par-

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