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La mesure des affaires : bilans-or? : reevaluations d'actif? : theories et experiences allemandes

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Charles-Marie SABATIER

Expert-Comptable

Doc/eur e'l Droil, Lic"ncié è. L ellr ••

LA

MESURE

des Affaires

« BILANS-OR

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RÉÉVALUATIONS

D'ACTIF~

Théorie

s

el Expériences allemandes

SOr.J~;T~: ANONYM F. ur

RECUEIL

SIREY

i.e, nItr 801/fllol, fAnrs, fi' U:ON TENIN, OireclBllf' de la Librairie

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(9)

TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES

LIVRE PREMIER

L'ERREUR COMPTABLE

CHAPITRE 1. - LA THÉORIE ALLEMANDE DE L'ERREUR COMPTABLE. 15 Objet de cette étude; sa méthode et son esprit; ses divisions.

L'hypothèse des comptables allemands devant les paradoxes économiques de l'inflation: son succès universel.

Exposé logique de la théorie: illusions du nominalisme comptable durant l'inflation; profits apparents et « perte de substance ». L'origine et le caractère de l'erreur comptable.

CHAPITRE II. - LA PERMANENCE DU PROBLÈME. . . . • . • . • . • • . • . . . . 21 Conséquences de l'erreur sur la comptabilité et la vie des

entre-prises durant l'inflation et la déflation (simple rappel). Instabilité perpétuelle de l'unité monétaire : permanence de

l'erreur comptable. Conséquences sur la vie économique : les crises périodiques. La valeur de re-production suivan t le pr Schmidt.

LIVRE DEUXIÈME

LA CORRECTION DE L'ERREUR

CHAPITRE III. - LES DEUX MÉTHODES. . . • • . • • . • . . . . . . . • • . . . • . . . 25 Position de la question: nécessité d'une « table des corrections ». Les deux méthodes traditionnelles et universelles : a) le système

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8

-LIVRE II. - PREMIÈRE PARTIE LE « BILAN-OR ))

CHAPITRE IV. - LA MESURE IDÉALE DES VALEURS. . . • . . . . . . . . . . 28 Le « Franc-or» : incertitude de cette notion.

La mesure idéale des valeurs selon le pr Schmalenbach. Sa déter-mination : divers procédés à rejeter. La throrie des drbouchés et le niveau général des prix.

CHAPITRE V. - CRITIQUE ET MÉTHODE. . • • . . . . . . . . . . . • . • . :13 Intérêt de la ,doctrine : une véritable « science » des comptes. Exposé de la méthode suivie pour sa cri tique : pourquoi celle-ci sera d'abord historique: économie et comptabilité, expériencc et théorie.

Puis elle sera dogmatique: comptable, économique, logique ..

CHAPITRE VI. - LA RENTE DE L'INFLATION. . . . . . • . . . . . . . . . . • . 38 La « perte de substance» des entreprises duran t l'inflation: limites

de sa possibilité.

La « rente» économique de la plupart des entreprises durant l'in-flation : rappel sommaire des faits essentiels.

§ 1. Loi d'airain. - Hausse du salaire et baisse de la monnaie. Productivité du travail. Salaire nominal et salaire réel. Coût

de la vie et minimum d'existence.

La baisse du pouvoir d'achat des salariés et l'augmentation des dépenses de luxe.

Conséquences morales sur ce point de l'inflation.

§ 2. Expropriation. - Créanciers hypothécaires, obligataires; actionnaires des sociétés anonymes; « mouillages de ca pi tal » et politique des dividendes.

Le risque commercial durant l'inflation.

Les classes dites libérales et les « ducs de l'indus trie ». La propriété, loin de se disperser, se concent.re.

§ 3. Prime double à l'exportation. - La thèse de l'AuslJerlratLf (liquidation totale) et de l'Uberfremdung (tradition à l'étran-ger) par l'exportation. Distinction nécessaire enlre l'économie nationale et l'économie privée.

Da,mnum emergens ou lucrum cess ans ?

Les procédés de défense des exportateurs: leur prospérilP durant l'inflation.

La double prime à l'exportation: « dumping » et hénéficr de change.

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-CHAPITRE VII. . - « STURM UND DRANG ». . . • . . . . • • • . . . • 54 § L La famine de capital. - La crise de capital en 1924, mais

en 1923 également : dilemme.

Le manque de fonds de roulement: banques, caisses d'épargne, assurances. A la recherche d'une explication.

§ 2. La prime de dépréciation monétaire. - Histoire du taux de l'intérêt durant l'inflation: les banques et les recettes du compte Commissions. « Sauvegarde de la substance » ou profit ?

La « prime de dépréciation monétaire)) : son importance, sa signification. En novembre 1923, situation des dépôts en banque.

§ 3. L'inflation des immobilisations. - Le mal véritable des en-treprises durant l'inflation: rupture d'équilibre entre immo-bilisations et fonds de roulement: l'économie se fige. La folie des « valeurs réelles )). Développement des

immobili-sations dans l'outillage national et privé. Conséquences : J.-B. Say et Courcelle Seneuil.

§ 4. Repentirs. - Rapatriement des capitaux exportés. Crédits extérieurs.

Le vrai mal de la stabilisation allemande: manque de « liqui-dités )).

Douloureuse surprise de l'Allemagne en 1924-1925 : pour reconstruire, il faut commencer par démolir (<< Abbauen » !). CHAPITRE VIII. - CONVERSIONS. • • . . . . . . . . .. . . • . • .. • . 65

§ 1. COnlJersion arithmétique. - Les ordonnances de 1-923-1924 sur les « bilans-or )). Leurs rapports avec la doctrine scien Li-fique :discussion d'une importante question préjudicielle. La conversion arithmétique et ses conséquences : la panique

devant les « valeurs-or » et les pertes apparentes créées par les « bilans-or ».

§ 2. Conversion morale: le « Risorgimento » économique de l'Alle-magne. - « U mrechnung )) ou bien « Umstellung)) ? Conversion arithmétique ou bien morale? Le sens profond d'une vérita ble stabilisa lion : le retour à l'équilibre, la justice et la raison. Position de la question pour le bilan: la revision pragma tique

des actifs el. de leurs évaluations. Le comptable et [' « éco-nome ».

CHAPITRE IX. ~ LES MÉSAVENTURES D'UNE THÉOHIE. . . . . • . . . . • . . 72 ~ 1. Le problème capital. - Détermination du capital: grandeur

fixe ou variable? D'où, conversion ariLhmétique ou réévalua-tion ? Quelques exemples pratiques tirés de l'hi~1 oirc con Le 111-porame.

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§ 2. Table rase. - Le compte « Dépréciation du Capital)) et les nécessités pratiques du crédit dans l'Allemagne de 1924. La pratique allemande et les ordonnances.

Subreptice solution: réévaluations et divination de l'avenir; capital actuel et rendements futurs.

CHAPITRE X. - BÉNÉFICE ET CAPITAL •. . . • . ... ... .. .. • . . :. 79 Le « bilan-or)) de l'aven~r : nécessité d'une critique dogmatique. Le compte « Dépréciation du Capital )).

§ 1. « Bilan-or)) et « Valeurs réelles )). - Le « coefficient de dépré-ciation )) et le mystérieux renversement des situa lions comp-tables obtenu par le « bilan-or ».

Raisonnement d'un exemple concret de « valeurs réelles )) (immobilisations), dans différentes hypothèses. Plus-ou moins-value, bénéfice ou perte? Qu'est-ce que « réaliser)) ? Bénéfice, notion subjective et fuyante.

§ 2. « Bilan-or)) et paleurs monétaires. - Raisonnement d'un autre exemple. Le « coefficient de dépréciation)) et la dispersion des prix. La vitesse de rotation du capital.

Le capital, « mètre)) des entreprises. Postulat de cette notion. Le concept juridique de capital dans les sociétés

anony-mes. Capital début du raisonnement comptable ? ou bien au contraire, sa conclusion ?

Cette conception et le perpétuel devenir de la vie économique. CHAPITRE XI. - LA MESURE DES VALEURS. . . . . . . . . . . . . . . • . . . . . . 92

§ 1. La valeur et le nombre. - La notion de mesure: ses nécessités spatiales.

La théorie de la valeur chez le pr Schmalenbach.

La théorie autrichienne : importance de l'élément subjectif dans l'élaboration du concept de valeur. D'Aristote à Con· dillac par Buridan.

De la possibilité d'une mesure des valeurs : Adam Smith cl K. Marx. Coût de production et prix de vente: critique des économistes et des comptables.

La théorie mathématique de l'équilibre économique: une solu-tion tranchante, mais non décisive.

§ 2. Prix et paleur. - Les origines logiques de pareilles concep-tions quantitatives: Je « logari thme des sensations)) et J'in-terprétation chiffrée des phénomènes de la pensée. L'opinion d'un mathématicien: Jules Tannery.

Objection tirée du sentiment de la durée et de la mesure du temps. L'opinion d'un autre mathématicien: H. Poincaré el sa théorie de la convention.

Une convention analogue: prix et valeur.

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CHAPITRE XII. - LES PRIX ET LEURS MARÉES. . . . . . . . • . . . • . . . • • 100 § 1. L'hypothèse essentielle. - La théorie du « bilan-or » : les

va-ria tions monétaires, cause des fluctuations du niveau général des prix.

§ 2. La logique et l'expérience. - L'équation de l'échange: son interprétation nécessaire.

Critique de ce postulat à propos soit des crises antérieures à 1914, soit des expériences récentes.

L'erreur profonde du « bilan-or ».

§ 3. Inflation commerciale et monnaie dirigée. - Ml'. Mc Kenna à la Midland Bank, le 25 janvier 1924. Ce qu'impliquent pa-reilles hypothèses.

J.-M. Keynes et sa conception de la monnaie dirigée. The economic consequences of Mr. Keynes.

Conclusion du chapitre: la mesure des valeurs et l'état station-naire. L'inconséquence de la théorie du « bilan-or ».

CHAPITRE XIII. - VALEUR DE LA MONNAIE. . . • . . . . . . • . • • . . . . 110 § L Il faut choisir. - Dilemme. La valeur de la monnaie et la

théorie : les dcux orientations possibles et leurs consé-quences comptables.

§ 2. Le rythme historique des théories monétaires. - Aristote, Nicolas Oresme et leurs théories morales. Le mercantilisme. Les Physiocrates. Les économistes du xrx e siècle et contem·

porams.

Mr. Aftalion et sa théorie de la monnaie. La monnaie pour le comptable.

§ 3. La morale de la monnaie. - La valeur sociale de la monnaie, droit de créance sur l'universalité des biens sociaux (1. Fisher). La convention monétaire et l'adhésion commune.

La monnaie, lien social.

CHAPITRE XIV. - "Bn.AN-OR » ET POLITIQUE DES PRIX • . . • . . . , . . 118 Conséquence du chapitre précédent: en période d'inflntion, dan·

ger du « bilan-or », instrument de dissociation: l'exemple alle-mand dès 1922 et l'usage constant du « mark-or» dans l'indu~· trie et le haut commerce. La fiscalité et les « pertes-or ». Au malaise social de l'in fla Lion, une seule solution : elle ne peut

être seulement de technique compLable.

CHAPITRE XV. - LE SY)1BOLE ET LA VIE . . . " . . . . . . . . . 1.21 Raisonnement comptable et raisonnement ma thématique. La

confusion fondamentale du cc bilan-or » et sa conséquence : la perte apparente.

La ~omptabilité, mathématique des entreprises; le cc piano il raIsonner n.

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CHAPITRE XVI. - POLITIQUE DES (l BILANS-OH »... 125 Les contradictions si apparentes de la doctrine ne

s'expliqueraienl-elles poin L par une inten tion politique dissimulée?

f:oïncidences au moins curieuses. La p'articipalion de l'industrie allemande aux charges des Réparations et le plan Dawes. Un aveu de l'industrie allemandc en juin j924 et son désayeu dc

la théorie comptable.

La théorie du II bilan-or» mise au service de la propagancle poli-l.iqCle par la diplolllH tic allpmande en 1924.

LIVRE II. - DEUXIÈ~IE PARTIE LES VALEURS ACTUELLES

CHAPITRE XVII. - MISE A JOUR. . . . . .. .. .. .. .. . . • . . . '1:10 Le second mode de correction complable : les réévalua1ions

d'ac-tif. Rapide exposé de la théorie du pr Schmidt. La valeur actuelle au jour de l'échange. Sa définilion du bénéfice selon le bilan II organique ».

Réalisation technique du principe. Méri 1 e essentiel de la théorie.

CHAPITRE XVlJI. - -SOLUTION OU MÉTH.ODE ? . . . . ... ... . . 1::\5 Discussion d'objections formelles élevées contre cette thèorie.

Critique : sa confusion des cieux notions de prix et de valellr. Conséquences .pratiques à propos: a) des stocks; b) des immo-bilisations.

Conclusion, sous réserve de certaines tendA ncf'S exn p:rrPIll en 1 nri 1 hméliques.

LTVRE THOTSTl!:i\II<:

T,A VAT,EUR UU BILAi\'

CHAPITRE XTX. - THÉORIE l'ATRlMONIALE DU BILAN... 142 Les deux théories du bilan devant les expériences récen tes. La

conceplion patrimoniale: confusion des deux notions, cepefl-dant disLinctes, de j'inventaire et clu bilan. Le bilan, « rial dl' situation ». l~vollliion historiquc du comple de Pcrtes cl

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CHAPITRE XX. - VALEUR DE L'ENTREPIHSE.... . .. ... . . 147 Le dualisme du bilan d'après Faragi (1906). Le pr Schlliaieubacb

et sa théorie dynamique du bilan (1919).

Le bilan, manifestation politique: un moL de Sir J. SLamp a)Jrèti celui de H. WiLhers.

lmage de la valeur d'un pa Lrimoine ? ... La puissance producLi vc de l'enLreprise. Une idée chère à Durkheim. Curieux renverse-ment de la théorie traditionnelle.

CHAPITRE XXI. - VrVRE OU AMORTIR ? ... lG~ Un « dynamisme 1) véritable et sa position vis-à-vis des

imlllobilj-sations dans le bilan. Objection traditionnelles du complable contre la conception de « l'économe)). Discussion.

La théorie classique de l'amortissement eL sa dérouLe dcvanL les récentes expériences monétaires.

Procédés de la technique comptable moderne : s Locks réglellLell-taires et immobilisés.

Le bilan et son rôle réduit dans Ulle doctrine moins dyllami4uc peut-être que soucieuse des réalités.

Le pr Schmalenbach et le dualisme du bilan. Son « dynümisille » : obscurités et fiction.

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LIVRE PREMIER

L'erreur comptable

CHAPITRE PREMIER

LA THEORIE ALLEMANDE DE L'ERREUR COMPTABLE

Tous les désastres de l'inflation ne sont-ils pas nés d'une vaste erreur comptable et de l'illusion qu'engendre le tradit.ionnel nomi-nalisme?

Bien plus : cette erreur ne se proJonge-t-elle pas, avec toutes ses conséquences, au-delà des périodes de troubles déclarés, en somme exceptionnelles, jusque dans les temps que nous appelons normaux de la stabilité monétaire ?

Telles sont les deux questions qui se sont imposées en Allemagne à de vigoureux esprits, économistes et comptables.

C'est à leur étude que nous consacrons ces pages. Discerner l'in-fluence que les variations de la monnaie ont exercée sur la notion héréditairement reçue du bilan et de sa finalité; - jndiquer l'évolu-tion générale des idées actuelles en ce domaine; - Lcnter enfin de les préciser, puisque, naissantes, elles restent encore indistinctes ct confuses, voilà notre objet.

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Si HOUS médiLons ceLte théorie, HOllS voyons aussitôt qu'elle rayonne d'un centre idéal, logique et scientifLque.

Théorème ou postulat, une certiLude la soutient; elle cu est le fOlldement intellectuel: elle dépasse d'ailleurs l'horizon stl'icLement comptable. L'économie se réduit à une physique, une « physique sociale », comme on l'a définie. Si bien que tous ses phénomènes peuvent être mesurés exactement et que les relations clairement et distinctement intelligibles de la quantité expliquent et dévoilent les li.ens de leur causalité. Quand les humanistes de la Renaissance et Galilée surtout conçurent l'idée géniale de soumettre aux lois du nombre les faits mécaniques et physiques, ils créaient la science moderne, laquelle, dit G. Tarde, « n'existe que des quantités et des accroissements ou, ce qui revient au même, des similitudes et des répétitions phénoménales ».

A cette conception essentiellement quantitative de l'économie s'oppose une doctrine que nous pouvons appeler qualitative.

Pour elle, la valeur est un fait essentiellement subjectif, surtout moral ei de sens social, en un temps déterminé, en un lieu égale-ment déterminé. Le problème n'est donc pas de tendre à la suppri-mer, comme le veut une école célèbre imaginant une solution trop aisée, mais ail conLrail'e de déterminer comment et dans quelles limites on peut parlel' d'Lme « mesure des valeurs »; c'est-à-dire comment l'esprit humain peut s'évader de la difficulté suivante, de cette antinomie: à ce pbénomène qualitatif, intérieur à l'homme et au milieu dans lequel il vit, peut-on appliquer une mesure chiffrée, quanti.tative ? aux phénomènes de la dUl'ée, les caLégories de l'espace et du nombre?

L'effort de cette critique est donc de reprendre l'analyse des notions économiques de valeur, de prix, de (Jaleul' de la monnaie; mais aussi des concepts compLables de capital et de bénéfice. Par ce chemin, peut-être, parviendra-t-elle à concevoir plus distinctement les frontières, sans doute étroites, entre lesquelles peut apparaître

quelque chose qui ressemble à la certitude ...

'~.~Est-il besoin de dire que ce point de vue est le nôtre, et que nous venons ainsi de jalonner la route d'étapes principales où nous nous arrêterons au cours de ce voyage?

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pure- -1'1-,

ment formelle, logique et déductive; qui espère, hors de tout COll tact, de toute confl'ontatioll avec l'expérience, tirer la vérité de son propre fonds. En ce mOllIenL où le mot est à la mode, nous dirons

au contraire que la cOl1lptahilité doit être expérimentale; par lit nous

voulons seulement rappeler t[u'elle ne constitue pas une abstraite arithmétique de la production et de l'échange, dont OH pcut

combi-ner sûrement les formules pour atteindre un résultat ccrtain. en

ap-pliquant tout uniment les quatre règles élémentaires.

Loin de dominer l'espace, le temps, le perpétuel déroulement de l'humanité du haut de quelque sommet supra-terrestre et transcen-dantal comme la raison pure, elle est au contraire cllOse essentiellc-ment relative; il est vain, par conséquent, d'imaginer l'universalité de ses mesures et la pérennité de ses conclusions.

Monde de signes, non pas de réalités, toujours et partout, les données comptables doivent être interprétées. Pur eux-mêmes, leurs

symboles sont de pures images. Détachés de la vie, ils ne signifient

rien. Ils ne porLent nullement en eux cctte adrequatio rei el intel-lectus où l'anciennc philosophie voyait l'élémcnt fondamental de la

certitude.

Cel essai se divise en l.ro.is parties une pOSItIOn g'éllérale de la ljllestion Îlltroduisant la théoric de l'erreur comptable; - un exposé

des modes de correction étudiés par les auteurs allemallds, suivi de leur cl'itiçp.te ; - l'influence des troubles monétaires sur les concep-tions traditionnelles du bilali.

La conclusion oppose la méthode surtont interprétative, expéri-mentale, inductive, aux procédés principalement déductifs, logiques,

arithmétiques des savants allemands.

Entre les deux séries contradictoires de phénomènes, si remal'quées par tous durant l'inflation, quelle liaison logique introduire?

Quelle explication admettra l'esprit de cette pauvreté de la

mOll-naie, cause apparente d'enrichissement des nations, puis de la ruine

survenant brusquement au milieu de la prospérité qu'ellc semblait créer ?

De bonne heure en Allemagne, des comptables imaginèrent une hypothèse. Elle eut un succès considérable, devint la raison

ofIi-cielle des faits; admise non seulement par les techniciens, mais pal' les économistes ct les hommes d'État, elle passa les frontières du Reich: elle s'imposa évidemment à l'Autriche, puis à l'Italie, même ù ln France. Plus célèbre PHI' ses retentissantcs form1iles que par sa

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profonde logique, elle y connut un éclatant succès. Elle fut en termes exprès consacrée définitivement, semble-t-il, pour le monde entier, par l'Enquête sur la Production du Bl,lreau international du Travail. Rappelons quelques notions fondamentales sans discuter ici tous les postulats qu'elles impliquent. Les principes comptables de la mesure et de l'équivalence des valeurs supposent un système de symboles; comme de tous les autres symboles, leur signification est conventionnelle. La convention qui leur donne un sens ne s'ex-plique elle-même que par l'unité monétaire.

Ainsi, à la base de la comptabilité, on ne trouve pas seulement le problème de la valeur, ni celui de la mesure des valeurs; mais essen-tiellement celui de la valeur de la monnaie.

Le paysan qui voudrait dresser son bilan jetterait dans le même sac comptable, pour ainsi dire, ses billets de banque et son blé.

L'opération n'est pas folle, si les symboles continuent à conserver le même sens; elle sera légitime, si dans le temps et dans l'espace, tout le monde est d'accord sur la convention initiale; si le blé, le billet de· banque peuvent universellement, perpétuellement, pour la même quantité de l'un et de l'autre, se muer réciproquement.

Reprenons la formule donnée par Karl Marx, de la circulation des richesses (M. A. M.) ; il faut évidemment que dans le cycle des échanges se maintienne constamment l'égalité:

Marchandise = Monnaie = Marchandise, etc ...

Pour ne parler que de la monnaie, le système ne peut fonctionner que si l'unité monétaire, "mesure des valeurs", reste identique à soi-même. Le caractère essentiel d'un instrument de mesure, c'est en effet la stabilité. Sinon, le ({ mètre» du pavillon de Breteuil ne serait pas en platine iridié.

Mais qu'arrive-t-il si l'instrument de mesure perd précisément sa stabilité?

Tandis que le cycle des transformations et des échanges se pour-suit, si l'unité monétaire varie, si ce mètre, dirons-nous, se raccourcit par hypothèse, nous n'aurons plus dans les faits l'égalité formulée par Karl Marx, par Aristote aussi à propos de la chrématistique naturelle, mais bien cette expression :

Marchandise> Monnaie

=

Marchandise> Monnaie (1). (1) Pour éviter toute équivoque, l'auteur croit bon de signaler que de la

page 17 à 33, il résume unl'l théorie étrangère à sa pensée: il ne la présonte nullement comme sienne.

(21)

Ainsi, chaque fois qu'une vente est effectuée, il ne rentre dans l'entreprise sous la forme monétaire qu'une grandeur inférieure à celle qui en sortit sous la forme de marchandise. Par conséquent, la quantité de marchandise réintroduite lors du deuxième cycle est elle-même plus petite que la quantité initiale. Et ainsi de suite!. .. Il en résulte que l'entrepreneur, à chaque fois, ne peut reconsti-tuer ses stocks à la hauteur qu'ils atteignaient précédemment. Il s'appauvrit de plus en plus et se ruine.

Exposant la même idée sous une forme arithmétique, au lieu des égalités :

100

=

100

=

100 = 100 .. , nous aurIOns par exemple:

100

>

99 = 99

>

98, etc.

Si telle était la présentation comptable des réalités, le danger ne serait pas considérable. Des remèdes seraient vite trouvés par l'in-géniosité humaine pour guérir cette anémie progTessive. Par malheur, le formalisme comptable, fils du formalisme juridique, suivant lequel un franc égale toujours un franc, continue imperturbablement la série des déductions, comme si rien ne 8' était passé.

De toute évidence, cette opposition entre la vérité économique et sa représentation comptable se manifeste tout aussi bien en cas de mouvements monétaires différents, dans les périodes non plus d'ex-pansion, mais de contraction, de relJalorisation, disons-nous aujour-d'hui.

Les phénomènes sont identiques, mais renversés : ce qui restait vrai du profit apparent en cas de dépréciation, le devient de la perte apparcnte dans l'hypothèse contraire. .

Dans l'une et l'autre circonstance, la comptabilité nominaliste produit des conséquences tout autant paradoxales.

Ici, le bénéfice splendide s'évanouit en fumée : les paillettes de ses oripeaux dissimulent une perte.

Là, c'est la perte qui devient illusoire: sous son manteau troué se cache un bénéfice.

Telle apparaît l'erreur comptable.

formule, d'apparence mathématique, dont l'Allemagne entière abusait alors qu'elle croyait seulement en user, tout le danger de certaines expressions trop simplement évidentes des réalités.

(22)

Son ongme, c'est l'instabilité de la monnaie; et puisque celle-ci est notre instrument de « mesure des valeurs» économiques; l'unité monétaire nationale, base de toutes les fixations et de tous les l'ap-ports comptables devient, comme on l'a dit souvent, « un mètre en caoutchouc », qui s'allonge et se l'accourcit au gré des événements. Son caractère, c'est de heurter le principe d'identité ou de non-contradiction, fondement de notre connaissance et de tous nos rai-sonnements, comptables ou non. La comptabilité est un vaste syl-logisme : le bilan de clôture est la nécessaire conclusion des prémisses du bilan d'ouverture, combinées avec les médianes plus ou moins nombreuses, que représentent les opérations de la période étudiée; ce système logique ne peut fonctionner sûrement, comme toute déduction mathématique, qu'à une condition : au même énoncé, dans deux propositions consécutives, il ne faut évidemment pas donner un sens différent ...

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LA PERMANENCE DU PROBLÈME

De ces principes, il est facile de déduire toutes les conséquences que l'erreur nominaliste produira, en période d'inflation, sur la comp-tabilité et sur la vie des entreprises.

Les savants allemands eurent l'impression d'étudier ces faits au microscope: un numéro de la Gazette de Cologne, ~n décembre 1923, coûtait deux cents milliards de marks. C'était plusieurs fois la valeur de toutes les créances hypothécaires existant cn 1914 sur If' teni-toire de l'Empire.

Dans de telles conditions, quel sens peut conSC1Te1' la comptabi-lité?

Tous ces phénomènes sont connus et la thèse allemande SUI' ces points fut largement divulguée par des auteurs franrais et étrangers, qui consciemment ou non, reprenaient les idées et parfois les expres-sions des comptables allemands.

La notion fameuse dc « pcrtc dc substance », intimement liée à celle de l'erreur comptable, connut une fortune inouïe. Tout dévelop-pement à ce sujet serait donc oiseux.

En dépit des proflts nomihaux si facilement considérables, le mouvement réel des aftail'cs, aussitôt révolue la période initialc d'enthousiasme provoqué par la hausse des prix et l'apparence des bénéfices, subit une réduction croissante. A chaque cycle nouveau, les stocks diminuent. Et Michel, le bon Michel, n'a plus qu'une res-source :' suspendre sa fortune et sa vie au seul clou qui lui reste de son wagon fameux ...

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La même théorie se hâterait d'ajouter que la déflation crée des catastrophes semblables, mais symétriquement inverses. Pour être moins apparents, ses effets ne sont pas moins redoutables. Elle ne manquerait pas de rappeler les souffrances subies par tous les pays qui contractèrent leur monnaie: Grande-Bretagne ou Pologne, Alle-magne ou Tchéco-Slovaquie. A propos de ces troubles, parler d'une crise de convalescence ou d'assainissement, voir dans l'expansion monétaire la cause véritable du malaise observé pendant la contrac-tion, c'est exprimer une idée juste. Toutefois, on ne donne du phéno-mène qu'une heureuse image, non pas une interprétation logique. Celle-ci n'est obtenue que par la notion de l'erreur comptable.

Mais voici le point où l'analyse allemande redevient pour nous actuelle et de la plus grande portée.

L'intérêt de sa critique dépasse de beaucoup la signification his-torique des cataclysmes, en somme exceptionnels, produits par ces violel1ts sêismes de la monnaie.

Penser que ces désastres cesseront le jour où sera rétabli ce qu'on appelle « l'étalon d'or », c'est méconnaître les variations de l'or lui-même et par conséquent l'instabilité profonde de l'unité monétaire.

Ces faits sont bien connus, au moins depuis juin 1865 : St. Jevons :tnontrait alots à.la Société dc Statistique de Londres que d'après ses calculs, entre 1789 et 1809, la valeur de l'or tombait de 100 à 54, soit 46 % en 20 ans! Par contre, de 1809 à 1849, elle se relevait de 100 à 2451 c'est-à-dire de 145

%

en 40 ans: constatations qui l'avaient d'ailleurs poussé à reprendre l'idée de Lowe et créer une nouvelle table des références. Les expériences récentes ont depuis vulgarisé les conclusions des écononùstes.

Si les crues et décrues de la monnaie d'or n'avaient frappé que les spécialistes avant 1914, si les comptables et les hommes d'affaires, même pour leuts contrats à long terme, en avaient alors dédaigné les effets, c'est sahs doute ... parce qu'ils les ignoraient; mais pareille attitude de l'esprit n'est plus admissible, au lende-main des catastrophes dont nous sommes encore tout chauds.

L'importance du ptoblème de l'erreur n'a d'égale que sa perma-nence.

L'erreur comptable, évidente ces jours~ci, existait tout aussi bien les années précédentes. Elle survivra demain à la disparition des monnaies fiduciaires. La stabilité de l'or est une dangereuse chimère. L'illusion que les chiffres créent est la racine profonde des maux qu'èngendrent les crises.

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miqùes. Nous nous arrêterons tin ÏI1stant à son expliélition ; elle est caractéristique du rôle qUe, selon h!s professeurs allemands, peut ét doit jouer la comptabilité dans l'organisation de la cité.

Sa théorie se rattache d'ailleurs directement à cèlle que M. Afta-lion développa darts son ouvrage sür les Crises ph'iodiquès de sur-prodùction. La cause de la survenance des crises est, comme on sait, imputée par l'économiste français à la surcapitalisation, à l'cxces· sive création d'immobilisations, de capitaux fixes, elle-même engen-drée par l'erreur des entrèprenèt1rS, provoquée à son tour par l'état des prix et l'intensité des besoins; ceux-ci entraînent la persistance des hauts profits durant la phase ascendante du cycle, et détournent ainsi l'attention des producteurs de la masse énorme d'immobilisa-tions en voie d'achèvement, lesquelles terminées, feront éclater la CrIse.

De même, le comptable allemand voit l'explication des cycles dans l'erreur commise par les entrepreneurs qui distribuent mal leurs forces économiques entre les biens de consommation et les biens de production, les immobilisations.

Or, cette erreur fondamentale provient du faux instrument de mesure comptable.

Pendant la hausse des prix, la comptabilité exagère les bénéfices et calcule des profits apparents; naturellement, afin de consolider et d'augmenter ces bénéfices, l'entrepreneur va se hâter d'élargir son exploitation et par conséquent de créer ·de nouvelles immobili-sations.

Mais pourquoi la comptabilité calcule-t-elle ainsi des profits appa-rents ? Tout uniment parce qu'elle détermine le profit sur la base des montants dépensés effectivement pour chaque élément du coût de production.

La vérité, dit le pr Schmidt, exige au contraire de faire entrer en compte la ('aleur de re-production; c'est par ce seul procédé que l'on assurera l'équilibre de la consommation et de la production.

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d'une chose devait se mesurer, non pas au t.ravail qu'elle allait coûté, mais au travail qu'elle allait coûter, si l'on voulait la reproduire.

Donc, durant la phase de prospérité et de hausse des prix, la différence entre les frais de production et les frais de re-production cons-titue le profit apparent.

Par contre, durant la phase de dépression et de baisse des prix, la perte apparente détourne les entrepreneurs de la politique d'immobi-lisations; le plus clair du revenu national passe sur le marché des biens de consommation; phénomène qui suscite progressivement une nouvelle tendance à l'immobilisation, il de nouveaux profits apparents par suite d'une nouvelle hausse des prix.

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LIVRE DEUXIÈME

La Correction de l'Erreur

CHAPITRE

ni

LES DEl1X Mf:n -rODES

L'analyse allemande, au moment où elle ;-tut avee la comptabi-lité créer un appareil précis de mesure économique, voit que l'unité de mesure essentielle, c'est-à-dire l'unité monétaire, varie sans cesse, aussi bien en période de « stabilité» et de monnaie d'or qu'en période d'instabilité flagrante et de monnaie fiduciaire.

Telle est l'antinomie et voilà posé le problème des corrections comptables.

Ainsi, nous devons étudier, non plus seulement un procédé de redressement empirique, un moyen de remplacement, un Ersalz-mittel, comme l'écrit en toutes lettres le pr Mahlberg, hon pOUl' construire un bilan de secours en période d'inflation, mais u.ne méthode pour la recherche de la lJéI·ité comptable.

L'erreur n'est plus accidentelle, jugeraient le mathématicien ct l'astronome, s~'stématique au contraire. Ji faut donc créer une table des corrections . .

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C'est sans doute la constatation qui s'impose il tout observateur informé de la technique des « redressements » de bilan, pratiquée dans la plupart des états européens durant l'inflation. A ce point de pue, l'Allemagne ne nous apprit rien de noupeau. Les procédés que certains y crurent inventés sont d'un universel emploi et viennent tout naturellement à l'esprit: on les retrouve identiques en Autriche, en Hongrie, en Italie. Le praticien qui les avait étudiés dans la comp-tabilité d'entreprises allemandes ou françaises, mais aussi polo-naises, roumaines ou yougo-slaves, se demandait quelle pouvait bien être l'originalité de certains systèmes, qualifiés de « nouveaux ». Ils ne l'étaient sans doute que pour leurs auteurs.

Plus juste et plus instruit, M. Delavelle, déjà bien connu du grand public par sa remarquable étude sur le Bilan au point de pue comp-table et juridique, avait soin d'indiquer dès 1922 à la semaine de la Monnaie que la comptabilité sur doubles colonnes, qu'il propo-sait, avait été pratiquée au Mexique, bien avant l'inflation alle-mande. On pourrait citer un exemple plus frappant encore et plus ancien : celui de l'Argentine, depuis sa fameuse réforme. Mais l'his-toire, ancienne ou moderne, nous en fournirait bien d'autres: le banquier de jadis utilisant le marco-banco, devait, nous l'imagi-nons facilement, tenir déjà ses comptes sUl" deux colonnes : ainsi procèdent naturellement tous ceux qui suivent le mouvement des changes et des arbitrages.

Ce qu'il est plus intéressant de retenir, et qui relève non de la mécanique, mais de la théorie économique et comptable, c'est la distinction capitale et d'ailleurs bien connue, entre les méthodes de correction : elles se partagent, instinctivement pour ainsi dire, en deux groupes. Quelques auteurs, conser(J(1,nt la monnaie usuelle, pro-cèdent par réévaluation, c'est-à-dire par intégration dans les postes du bilan des plus-values ou des moins-values constatées aux inven-taires périodiques; le lecteur français reconnaît ici l'essentiel des propositions de M. Bayart dans son livre, les Effets de l'inflation sur

le bilan au point de pue fiscal; c'est également le caractère du système préconisé par le pr Dr Schmidt dans Geldentwertung und Bilanz et Die organische Bilanz im Rahmen der Wirtschaft.

D'autres écrivains, comme M. Delavelle en France, le pr Dr W. Mahlberg en Allemagne, utilisent une unité de compte, autre que l'unité nationale, dénominateur commun auquel sont réduits les divers postes du bilan précédemment exprimés en monnaie usuelle.

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rentre dans cette catégorie. C'est proprement le procédé dit du « Bilan-Or ».

Nous l'étudierons tout d'abord.

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LIVRE II PREMIÈRE PARTIE

LE Il BILAN-OR"

CHAPITR.E IV

LA MESURE JDI:;ALE DES VALEUnS

La première méthode de Gonection comptable, dite du « bilan-or », suppose donc la substitution ù la monnaie nationale, en usage dans l'exécution des contrats et toute la vie économique, d'une unité abstraite de compte, appelée, suivant les pays, mark-or, « franc-or », lira-or, etc ...

La question n'est pas de développer plus ou moins longuement les avantages comparés d'une réduction au même dénominateur annuelle, mensuelle, hebdomadaire ou quotidienne, mais avant tout cIe savoir ce crue représente cette nouvelle unité de mesure.

Il suffit de rappeler le chaos d'idées et de solutions qu'évoquait en France, durant l'inflation, ce terme de "franc-or", si barbare en notre langue et' qui répugne tant ;'t son génie d'analyse, comme à notre besoin de clarté.

Cc mot était alors dans toutes les bouches, toutes les oreilles, tous les yeux et tous les esprits; mais personne ne savait ce qu'il voulait dire.

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Comment et sur quelles bases la déterminer? Les opinions fusaient alors en tous les sens. Chacun avait son petit système : valeur du métal jaune sllr le marché, bilan de la Banque de France, change des devises appréciées surtout, indice du coùt ùc la vie, indice des prix de détail, indice des prix de gTOS, indices spéciaux, prix Jc mar-chandises d'élite comme le blé, tous les procédés étaient employés pour tenter ùe fixer cette notion fl,lyante.

Du passé ne retenant que ses enseignements, essayons de préciser le point de vue adopté par la critique allemande pour la correction des erreurs futures.

Le pr Schmalenbach en donne dans sa Dynamik (p. 194) la noLion la plus nette. Il reconnaît tout de suite que la valeur des biens étant déterminée par la valeur d'autres biens, toute mesure n'est que rela-tiye, non pas absolue.

Puis, il cerne sa pensée dans la citation suivante, dont on excusera la longueur, parce qu'elle exprime des idées essentielles.

« Une évaluation parfaite, " dit-il", exige pour pouvoir répondre à toutes les attaques, une mesure stable de valeur. Et par suite, nous nous voyons contraints de poser la question sur le terrain de la mesllre idéale des valems.

« Nous ne voulons pas entreprendre eetLe recherche de telle manière que nous soulevions la question de la valeUl' de la monnaie. Nous n'avons pas besoin de la soulever. Xuus avons seulement besoin de la réponse à cette question: comment obtenir une mesme de la valeur des biens ?

« C'est une question d'économie de la production : quelle unité assure au mode d'évaluations, utilisé par l'économie de la produc-tion, les plus sûres possibilités de comparaison?

« La solution la meilleure du problème, c'est d'éliminer en pensée autant que faire se peut, le fait monétaire. Le mieux serait de pou-voir imaginer qu'il n'y a pas de monnaie; qu'il n'existe que le troc pur et simple, et plutôt qu'il n'existe pas d'échange; mais cepen-dant que tout devrait être évalué avec précision et que pour cela une unité de mesure doive être créée : si possible, la meilleure; sinon, une bonne; et si ~alheureusement, la chose est Inéalisable, la meilleure d'entre les mauvaises. Telle est à peu près la position d'esprit que nous adoptons ici.

« Mais à ce degré souhaitable nous ne pourrons pas nous libérer

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sous les yeux que notre but, ce n'est pas la monnaie, mais seulement la meilleure unité de mesure des biens ».

Ce principe posé, quelle sera, sinon la meilleure, la moins mauvaise unité de valeur idéale?

Certes, nous ne retiendrons pas le~ procédés de détermination du « franc-or» d'après la cote du marché des métaux, ni le bilan de la Banque de France. La critique en fut faite, décisive, même durant l'inflati'on.

Le procédé du change, si néfaste, s'est révélé ce qu'il est vrai-ment, pour tous les Français, durant les mois de juillet et d'août 1926. Chacun alors a vu clairement quel élément de trouble, d'incer-titude et d'instabilité surtout apporte dans les calculs un facteur aussi fébrilement nerveux que le cours des devises appréciées.

Pour le problème qui nous occupe, la solution qu'il donnerait serait une pure absurdité. On se propose d'éliminer les troubles créés par les variations de l'or : par quelle logique irait-on choisir un mode qui reflète indirectement les variations de l'or lui-même, combinées avec toutes l,es fantaisies, tous les caprices de la spéculation, toutes les perfides malveillances des intérêts politiques ou financiers?

Resterait donc la méthode des indices: comme ils sont nombreux, sur lequel d'entre eux se fixera notre choix?

Les statisticiens sont les premiers à reconnaître qu'un groupe de quelques biens peut servir à construire un indice utile dans des hypo-thèses limitées: non pas, certes, un mètre de la valeur!

Ainsi l'indice du coût de la vie, en France comme en Allemagne, mérite les mêmes critiques; à plus forte raison, faut-il écarter l'in-dice des prix de détail.

La formule « indice spécial » est assez ambiguë. Souvent, elle désigne un procédé capable de déterminer les variations de valeur d'un article particulier : le type le plus frappant et le plus célèbre est la détermination de la valeur de l'unité monétaire par la valeur de l'or sur le marché, A cet ordre d'idées se rattache le large emploi des valeurs dites « constantes », en Allemagne, aux heures de la catastrophe. « Valeurs-charbon », valeurs-potasse », « valeurs-seigle », « valeurs-courant-électrique », s'effondrèrent en novembre-décembre 1923 et janvier 1924. L'expérience d'alors montra cruellement toute leur « inconstance» et le danger de leur substitution à la monnaie nationale.

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seule-ment de la monnaIe, mais aussi des marchandises et des services raison pour laquelle ils ne peuvent remplir le rôle d'une mesure

générale des valeurs.

Continuant les analyses d'Irving Fisher et soucieux de trouver cette mesure (stable par définition), le pr Schmalenbach imagine une hypothèse.

Puisque la monnaie, qu'elle soit d'or ou de papier, est la cause permanente de l'erreur comptable, le mieux est de l'éliminer du rai-sonnement.

Le pr Schmalenbach donne alors de longs détails qui paraîtraient oiseux au lecteur français; tout son développement reproduit, par -fois littéralement, la pensée d'un auteur, qu'il ne cite pas, mais connaît bien, J.-B. Say.

Il est donc inutile de rappeler les termes de la fameuse théorie

des débouchés. Qu'est-ce que la monnaie? dit-elle. Un fugitif moment de l'échange, un intermédiaire que l'on acquiert, mais pour s'en débarrasser. (( Les échanges terminés, il se trouve qu'on a payé des produits avec des produits ». Par conséquent, toute notion de crise générale de surproduction est inconcevable, la demande totale des produits étant toujours égale à l'offre totale.

Bref, comme le répéterait Walras, l'équilibre économique est per-manent. Il ne peut y avoir d'autres fluctuations dans le niveau général des prix que les variations provenant du fait monétaire. La valeur de la monnaie restant égale à elle-même, le niveau général des prix reste invariable.

Si l'on veut exprimer la même idée par la formule opposée, la

valeur de la monnaie restant égale à elle-même, il ne peut pas exister de variations dans la valeur des biens pris dans leur ensemble.

C'est donc uniquement dans les oscillations du facteur monétaire qu'on doit chercher l'explication du mouvement rythmique des prix et

des cycles économiques.

Tels sont, indissolublement liés, la conclusion et le fondement

logique à la fois de la théorie: le niveau général des prix est la mesure stable des valeurs. Ses variations reflètent seulement les fluctuations

de la monnaie. Dès lors le cercle est fermé et le comptable tient la clé du problème : il lui devient logiquement possible d'éliminer de

ses raisonnements et de ses comparaisons la cause de troubles et d'erreurs que représente la perpétuelle instabilité monétaire ; les

mouvements du niveau général des prix lui donnent s~ table des corrections.

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CRITIQUE ET MÉTHODE

Pour crItIquer la première méthode de correction comptable, dite du « bilan-or », nous nous attachons de préférence à la théorie allemande, telle qu'elle est exposée par le pr Schmalenbach.

Déjà ses formules de réalisation intéresseraient particulièrement le technicien j de semblables systèmes, elles donnent l'expression la moins imparfaite.

Mais surtout, elle est construite solidement sur une théorie écono-mique, elle-même profondément méditée par une longue lignée d'au-teurs, qui va de Le Mercier de la Rivière aux écrivains les plus contemporains en passant par J.-B. Say. Elle exprime avec netteté les tendances des théories quantitatives: nous devons donc essayer de critiquer cette transposition de l'économie dans la comptabilité. A cette élaboration doctrinale, elle doit son intérêt et sa force. Les procédés purement techniques de redressement des bilans, surgis un peu partout durant l'inflation, ne prétendaient être que des moyens de fortune, c'est-à-dire juste bons dans le malheur des temps. Visant au plus pressé, leurs propagateurs se contentaient facilement de solutions sommaires: le plus généralement, ils propo-saient le cours des changes comme base des conversions. Si la réflexion n'avait pas à tous révélé le danger social que présentent pareilles solutions, des évènements récents, en France tout au moins, en ont condamné sans recours l'erreur fondamentale.

Le pr Schmalenbach eût-il, sans nous indiquer les raisons de son ~hoix, donné comme au hasard la préférence à l'indice général des prix, peut-être ne nous serions-nous pas arrêtés plus longuement

à la discussion de ses idées.

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Ce qui nous frappe au contraire, c'est sa tentative d'introduire dans la comptabilité ce fOlldamental élément de certitude et de pré-cision mathématiques, sans lesquels il est prétentieusement vain de rêver d'une véritable science des comptes.

Par là, son effort brise le cadre des phénomènes de l'inflatioll, auxquels se bornaient étroitement les autres pratiques du (( bilan-or J) : il n'est pas seulement tourné vers le passé, mais aussi le présent et plus encore l'avenir.

Au pr-emier regard, peut donc apparaître suffisante une critique abstraite et comme dogmatique.

Le lecteur se contenterait alors d'examiner le fondement et les possibilités de la théorie, d'un point de vue économique, comptable et logique: il étudierait à son propos la notion de valeur et de sa mesure, celle de prix et de niveau général des prix; - puis, les idées de béné-fice et de capital; - enfin, il justifierait peut-être l'assimila Lion du raisonnement comptable au raisonnement mathématique.

Constatant dès le début que notre critique est également histo-rique, certains ne regretteront-ils pas de voir que nous ne laissons point le passé seul ensevelir ses morts, mais qu'au contraire, nOLIs revenons vers lui pour y chercher la raison de nos jugements actuels ou de nos décisions futures ?

A l'avance, l'objection nous fut faite, en Allemagne plus encore qu'en France. Pourquoi ne pas examiner la question d'un point de vue purement discursif? En pareille matière, la méditation ne doit pas oublier son seul but, l'action. Pour l'homme d'affaires, l'avenir seul est intéressant, non le passé. A sa génération, l'écrivain technique doit des impératifs et non des imparfaits.

A plus forte raison, si mêlé lui-même aux affaires, il n'a pas les loisirs ni la concentration d'esprit qu'exigent la cueillette et la cri-tique des faits.

- Su-rtout, une argumentation historique, ne serait-elle pas soumise

il

toutes les chances d'eneur, ù cette perpétuelle revision des résul-tats qui marque les recherches et les explications de l'histoire, peut-elle vraiment nous éclairer sur la vérité d'une doctrine?

... La dispute est bien vieille : il est amusant de la voir renaître jusque sur ce terrain.

-Nous sera-t-i1 permis de faire remarquer qu'en dépit de Hobbes et

de

J.-B. Say, l'histoire d'abord, l'histoire des doctrines économiques enfin sont bien vivantes désormais.

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bien reconnaître cependant, qu'un comptable, c'est d'abord un his-torien.

L'étude des conséquences pratiques de certaines conceptions comptables doit aider à l'évolution de la comptabilité, à son perff'c-tionnement doctrinal et pratique. Tout traité qui se respecte 11(' pr-ut p:l.S aujourd'hui ne pas citer les mots de positivisme et d'expérimen-ation. NJUS dirons donc avec plaisir que ce procédé doit servir à la comptabilité, qui souhaite d'être expérimentale et positive ...

La pratique et la vie en eITet, même avec toutes les déformations qu'elles peuvent lui faire subir, sont encore les meilleures pierres de touche de la théorie : vraie des systèmes qui paraissent les plus désintéressés de toute action morale et sociale, la chose est évidente des constructions idéales qui ne prétendent qu'à mieux organiser la pratique et la vie ...

Le « bilan-or )) est le fils de l'inflation. Pour bien comprendre l'un, on ne peut pas ne pas évoquer l'autre. Autre Janus, dieu des portes et des carrefours, il est à l'intersection de deux routes. Si rigoureusement tourné qu'il puisse être vers l'avenir, son effort ne se distinguera bien que si l'on rappelle le passé.

Comme nous le verrons, sans ce travail préliminaire, on ne peut apprécier vraiment le sens de la pièce essentielle du système, le poste compensateur des variations du capital. Ce comptf', durant l'infla-tion intitulé « Dépréciation du Capital », a d'abord un y'ôle technique, mais son sens ne se révèle que si l'on en cherche la morale, dirais-je, si l'on interprète ses données d'un point de vue économique.

Les écrivains allemands l'ont bien remarqué; leur soin le plus vif ne fut pas seulement de tirer un solde arithmétique, dont la signi fi-cation n'aurait pas été sensible à l'immense majorité de leurs le c-teurs. Ils se sont empressés d'attribuer à cette diITérence la valeur, autrement frappante, d'une notion économique: le compte « Dépré-ciation monétaire» est intimement lié à la théorie dc la « Perte de Substance n. Ces deux idécs se prêtent un mutuel appui et leur union crée un être idéal: l'une est son visage comptable, l'autre, son âme économIque.

Il serait donc aussi vain de critiquer la «Perte de Substance » sans examiner la « Dépréciation du Capital n, que de juger la «( Déprécia-tion du Capital » sans discuter la « Perte de Substance n.

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bien Sl cette expression qui, partie de l'Allemagne, fi t le tour du

monde, n'est pas autre chose qu'une vaste et profonde erreur.

Oubliant pour quelques minutes la comptabilité, nous contem-plerons donc l'expérience et la vie. Mais par cela même ne battrons-nous pas les champs?

Nous nous maintiendrons au contraire dans les limites fixées. Nous appliquerons strictement notre méthode, essentiellement intrl"-prétative, inductive, que nous opposons, tout au long de cet ouvrage, aux procédés surtout déductifs', arithmétiques qui prévalent trop souvent dans cette technique. Ce que nous voulons, c'est examiner à la lumière des faits la théorie et les résultats comptables, les critiquer à l'aide des conclusions de l'économie.

Que cette étude, surtout en cette partie historique, reflètc toutes

les faiblesses. de son auteur, je ne puis d'avance que m'en eXcuser.

D'ailleurs, je ne prétends nullement procéder sur ce point à dcs enquêtes personnelles, apporter à la science une contribution origi-nale.

Bien au contraire. En effet, pour essayer de prouver l'eneur dcs auteurs allemands, je citerai de préférence dcs écrivains allemands.

C'est à ceux-ci que nous irons demander si ceux-là avaient raison,

et si vraiment, comme l'assurent les comptables germaniques, les

entreprises allemandes avaient, par l'inflation, perdu leur

subs-tance ...

Une étude historique de la question présente d'autres avantages.

Les ordonnances de 1923-1924 imposèrent à l'économie allemande entière ce qui jusqu'alors n'était qu'un procédé de laboratoire.

L'hy-pothèse des savants se trouvait soumise à la plus vaste « expérience»

qu'on puisse imaginer.

Et nous n'essayerions pas d'en retracer l'histoire, de discerncr

dans quelle mesure et pour quelles raisons le plan de réforme subi t

des transformations, si profondes que la pratique bouleversa la théorie!

Pour montrer précisément les répercussions sociales et les dangers de cette doctrine, il ne suffira pas de poursuivre une analyse histo-rique. Le « bilan-or ~ suppose évidemment l'emploi d'une «

monnaie-or n et sa fin naturelle est de tendre à l'emploi des « clauses-or n.

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bilan-or » : celles-ci peuvent en effet paraître seulement techniques, mais à l'ignorant, sinon à l'indifférent.

Bref, dans notre critique historique, nous opposerons la notion de rente de l'inflation à celle de la perte de substance subie par les entre-prises durant la dépréciation; nous essaierons de préciser quel était le vrai mal dont celles-ci souffraient; et nous comprendrons dans un troisième chapitre (Con(Jersions ... ) comment se posait le problème dans l'Allemagne de 1924 et pourquoi la théorie du « bilan-or )) connut une étrange mésaventure.

Les conclusions nous permettront de mieux comprendre l'erreur du compte « Dépréciation Monétaire ».

A la lumière de la théorie économique, nous tenterons de discer-ner pourquoi la conception des « bilans-or) est fausse dans son prin-cipe, vide de toute possibilité de réalisation vraiment pratiq ue durant l'inflation; d'autre part, avec le rétablissement d'une monnaie basée sur l'or, pourquoi la recherche d'une mesure idéale de la valeur, au moins telle qu'elle pourrait s'exprimer dans le niveau général des prix, n'est qu'un rêve décevant.

Montrer l'erreur de ce système ne serait pas suffisant; il faut en rappeler les dangers et justifier aussi (dans le chapitre Politique des Prix) l'opposition que la jurisprudence ne cesse de manifester à l'égard de clauses contractuelles, destinées à aggra,ver l'injustice qu'elles veulent éliminer.

Notre critique logique (chapitre: Le Symbole et la Vte) voudra dis-tinguer du raisonnement comptable le raisonnement arithmétique, de déduction purement formelle, avec lequel, en suprême analyse, tend à le confondre cette théorie.

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VI

LA HENTE DE L'INFLATION

Que cette thèse comptable des auteurs a.llemands contienne une gTande part de vérité, qu'elle reste même féconde pour l'avenir, nous n'hésitons pas à le souli~ner au seuil de cette étude. Disons-le tout de suite et très fortement. afin de ne plus y revenir. Elle est VJ'aie, en ce sens qu'avec une autorité singulière, les professeurs germaniques ont posé la critique du raisonnement comptable. Ils ne se sont pas endormis dans le « sommeil dogmatique» et la quiète certitude que semble assurer de toute tradition à l'esprit humain, la « simple et merveilleuse éloquence des chiffres )). Ils ont discerné plus ou moins nettement, l'existence de l'erreur comptable; ils ont, plus ou moins fortement, tenté de mettre leurs contemporains en garde contre elle.

Disons encore que cette explication raisonne exactement quelques phénomènes particuliers observés durant l'inflation. Si l'on veut se garder de toute généralisation excessive, ne pas étendre à toutes les entreprises de toutes les nations le fait de quelques-unes dans cer-taines d'entre elles, elle sera vraie en ce sens encore qu'elle montre clairement la cause de leur ruine pour divers commerçants ou socié-tés, surtout dans le petit négoce.

En Allemagne, en Autriche par exemple, on pût assister en effet à de réelles « pertes de su bstance » ; ou, si cette formule possède un seas, à une dissipation du capital de l'entrepreneur au profit du con-somma Leur.

Mais en dépit de toutes les alIirmations sur ce sujet, allemandes ou autrichiennes, si visiblement intéressées, n'oublions pas que la vérité de l'hypothèse suppose la réalisation préalable de deux conditions

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20 L'impossibilité absolue, totale, non pas en droit évidemment, mais en fait, d'échapper à cette réglementation.

La « perte de substance» se produit pour toutes lcs entreprises qui

vendent au-dessous de leur prix de revient reconnu « réel 1), non pas

seulement, on le voit, en période d'inflation, mais, même en période dite de stabilité, pour les industries qui luttent contre le trust ou bien

avec lui.

Au point de vue de la logique, la théorie est séduisante; et la

véri-table raison de son succès, ce fut sa clarté, la simplicité de ses

déduc-tions fondées sur la constatation et l'anal~'se d'un fait expérimental. Elle se comprend parfaitement si l'on se place au point de vue du

producteur; toutefois, elle n'explique plus rien, au point de vue du

consommateur et de l'économie générale. A la fièvre des ventes et de la production, doit en effet nécessairement correspondre une ardeur analogue d'achats et de consommation. Or, comment supposer chez le consommateur un raisonnement essentiellement comptable, fondé sur l'existence d'un compte de Pertes et Profits?

Mais surtout, l'examen des faits économiques, en Allemagne

comme en France, aboutit à de tout autres résultats que la déduc-tion comptable. Alors que celle-ci voyait, durant l'inflation, le

béné-fice illusoire et la perte réelle, la progressive diminution de la

sub-stance; au moment de la stabilisation, pensait trouver la preuve

fou-droyante de sa thèse dans l'écroulement d'un grand nombre

d'en-treprises et surtout dans la famine de capital caractéristique de

cette période, l'histoire économique montre au contraire, que pen-dant l'inflation, les profits ne furent pas « apparents Il ; ils furent bien « réels », considérables même. Dans certaines branches particulière-ment favorisées de l'industrie ou du commerce, comme il fallait s'y attendre suivant la logique et l'histoire, la. dépréciation monétaire

enfin créa, disent les économistes, une rente en faveur des entreprises, un véritable don de fortune.

La chose est évidente en France, où l'évolution des faits par rap-port à l'Allemagne présente naturellement des nuances particu-lières. Ce n'est pas sans raison que les hommes d'aITaires souriaient, lorsque des comptables, sur la foi des théories allemandes adoptées S;1ns critique et souvent même insuffisamment comprises, tentaient de leur démontrer, pour employer le jargon chaotique et fumeux à la mode alors, que leurs « bénéfices-papier)) étaient en réalité des

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d'impor-tantes réserves. Il n'en reste pas moins que ses observations confir -ment la tendance générale des affaires observée à cette époque.

Elle n'est pas moins certaine en Allemagne. Tous les exemples, cités bruyamment, de ruine ou d'appauvrissement ne doivent pas créer d'illusions, faire oublier l'immense majorité des cas et surtout cette armature d'installations et de matériel que l'Allemagne ne pouvait dissimuler, soit dans l'outillage national, soit dans l'appareil des entreprises privées.

Durant l'infla;tion, on vit un développement des transactions et de la production, surtout minière et métallurgique, que n'ont pas contesté les partisans eux-mêmes de la théorie. Loin de diminuer, les entreprises croissaient : non seulement en force, en importance, mais en nombre. Est-il utile de rappeler des chiffres et des souvenirs qui sont dans toutes les bibliothèques ou dans toutes les mémoires, allemandes et françaises ?

La doctrine du profit apparent ne permettait pas aux entreprises qui vendaient 'au-dessous de leur prix de revient de reconstituer leurs stocks : et les stocks grossissaient; et le matériel s.e renouve-lait, les constructions s'étendaient sans cesse.

Les statistiques des faillites durant l'inflation laissent croire qu'ils n'étaient pas nombreux, les bons Michels ni les Jacques Bonhommes, prompts à se pendre au clou célèbre.

La revue statistique allemande Wirtschatt und Statistik, rappe-lait qu'en 19Ft, on avait dénombré 7.739 faillites; cn 1921, on n'en comptait plus que 2.975. L'inflation se prolonge et augmente. En 1922, elles se réduisent à 996; mais voici 1923, l'année catastro-phique : 253 faillites ... Par contre, en 1924, année du rétablissement, on en relève 5.710.

Il faut rcconnaître nettement que, tout au contraire, la phase ascendante du cycle fut l'époque dorée pour certains, celle dont les industriels et les commerçants ne peuvent pas parler sans un soupir de regret.

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ce qui justifia plus tard d'autres métaphores médicales, les mots d'assainissement ou de cure.

Ce qui .créai? cette fièvre de fondation, ce n'était pas le « profit

appa-rent )), mais bien une fièvre de consommation, une soif de jouissances qui s'emparait de toutes les classes de la population. L'inflation inté-resse évidemment le financier et le comptable, le juriste et l'écono-miste ; elle ne doit pas moins fixer l'attention du moraliste.

Cette fièvre de consommation tombée, tomba la fièvre de fon-dation; avec elles plus d'une maison, non pas toutes d'ailleurs,

comme on le dit trop souvent, parmi celles qui furent créées durant la dépréciation, mais aussi parmi les entreprises anciennes

entraî-nées par le vertige général, telles Hamburger Privatbank, Molinari. Toutefois, en 1924, si plus d'un « dancing» de Berlin a dû fermer ses portes, personne n'aura la naïveté de croire que sa faillite est due aux profits « illusoires Il de 1923, de 1922 et des années antérieures. C'est tout simplement au contraire, parce qu'il ne pouvait plus en 1924 réaliser les bénéfices de naguère.

Étiquetés apparents par les théoriciens de la perte de substance, ils étaient suffisamment réels pour permettre au propriétaire, aux orchestres de nègres de mener une vie que n'auraient pas laissé rêver

à d'honnêtes commerçants, entre 1910 et 1914, leurs « bénéfices-or ». Expliquer par les illusions de la dépréciation certaines

catas-trophes du rétablissement monétaire, c'est formuler une hypothèse que nient les faits autant que la raison.

Le moyen à notre avis le meilleur et le plus certain de démontrer l'existence de cette rente en faveur des entreprises, serait de retracer l'histoire des prix en période de dépréciation et de manifester,' à l'aide d'une méthode comptable et statistique, l'évolution des

l'ap-ports existant entre les divers éléments du prix de revient (l'une part, puis entre le prix de revient et le prix de vente d'autre part, enfin entre la fixation du prix de vente et ses modes de règlement. Ainsi pourrait se dégager précisément la notion de profit.

Peut-être donnerons-nous ultérieurement les résultats de cette

analyse dont le présent ouvrage est en somme « l'appareil critique »,

dirait un philologue. Toutefois, il s'agit là d'une étude fort difIérentc par l'esprit et la documentation; elle nécessite une publication

séparée. Dans ces pages où nous ne voulons pas critiquer l'économie

à l'aide de la comptabilité, mais tout au contraire les conceptions

comptables à l'aide de l'économie, il nous suffira de rappeler les

(44)

Si, vérifiant une fois de plus les enseignements de toute hausse des prix, l'inflation fut favorable au producteur, cette circonstance éLait due essentiellement à sa position stratégiqlle 3 l'égard de ceux qui, d'une part, lui vendaient leur travail, de l'autre, lui prêtaient leurs capitaux.

Comme on le voit, cette étude exigerait le long examen des points pl'incipaux d'une théorie de la répartition; c'est pou.rquoi nous ne prétendons pas ici tenter autre chose qu'une esquisse très sommai1'e

des contours du sujet, un simple raccourci de travaux antérieurs. Dans les relations intérieures, si la perte de substance subie pal' les entreprises du fait de l'inflation était justifiée, nous devrions voir inévitablement leur ruine progTessive compensée par

l'enrichis-sement correspondant des salariés et des capitalistes.

Sinon, cette théorie reste inconcevable et nous restons dans le pur verbalisme.

Nous allons dans les deux paragraphes suivants, rappeler

succinc-tement la situation faite d'abord aux salariés, puis aux capitalistes. Nous ,consacrerons un troisième paragraphe aux conditions créées

aux entreprises par le commerce extérieur et l'exportation des

mar-chandises.

§ 1. -- LOI D'AIRAIN

Or, contrairement aux propositions de la thèse allemande, on remarque durant l'inflation que la hausse du salaire ne précède pas, mais suit au contrai/'e la baisse de la monnaie; de plus, qu'elle est sensiblement moins forte. C'est précisément dans la lente adaptation

du salaire aux variations monétaires, dans son inertie relative, que l'entrepreneur trouve le moyen le meilleur de réaliser ses plus sûrs bénéfices.

Ces faits, d'abord vivement discutés pour des raisons q;1Î n'ont rien à voir avec la certitude scientifique et la recherche désintéressée, ont été l'objet de volumineuses études en France, en Allemagne,

et surtout au Bureau international du Travail; et les conclusions,

que nous venons de résumer brièvement, ne sont plus guèl'e contestées. En cette matière, la théorie de la pertc de substance implique

en effet deux postulats; eUe ne devient admissible que si l'on prouve deux faits:

1° Le salaire s'est élevé dans une proportion notablement supé-rieure à la hausse du prix de vente;

2° A la hausse du salaire correspondit une diminution

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