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La rente et la propriete de la terre

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Principales études d'Economie et de finanŒ, du même Autear.

lA production capitaliste -Turin, Bocca, 1899.

'Prod1ntion et valeur - Turin, Roux & Frassati, 1899 (<< Riforma ::>ooiale ».

SU?' la tMorie hédoniste de la ttzte1Lr - Turin, Roux & Via-ren,go, 1900 (<< RifoI1na Sociale,).

Les doctrines économiques de Mm'x (Polémique avec Jaurès) -Milan, «Critica Sociale #, 1900 j Paris, «Derenir Social >, 1900.

S/I ( la loi de la jouissance déc;-roissante et le principe du degré final d'l/tititli - Vn.lparaiso, Typ. de l'Univers, 1901. Le renou"t'Cllement des traités de commerce et les intérêts de la

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Noies Sllr lcs S)/ndicatsilldustl'iels - Cagliari. Typ. Dessi, 1909. E.'s.,ai d'Il Ill' analyse sur les lJriX Cl~ l'{H;illUJ de C01U1/i'rCIlCe et dl' s.l/I/l!iml l'IIlre les ellll'L'prclleu?'S - Jmola, Cuop. Typ. EdL-trice l'. Ga.leali, 19U9.

La taxe de famiUe et ses réf m'mes -Rome, Typ, Sodal!:' Palizzi & Valentini, 1910.

COll rs de comptabilité d'Etat à ~'Ull irersité COIl~1ncl'cialc Buc-coni (Alluée ACM':mique lD1l-12) - Pavie, Eta.bl. T} p. Suce. Bruni, 1912.

La question agraire en Ro1naglle -lIilall, Bihliothèque «Critica ':iociale" 1913.

L'e:rcédent légal de la s1uta$e communale, et les dépenses obli, natoires et fan/llatÎl'Cs - Home, Typ. Sociale Palizzi & Va-lentini, 1916.

QUAllLtités et prix d'équilibre entre offre ct demande, en COIl-dition.s de conc;-urrence, de monopole ct de syndicat enh'e entrepreneurs - Rome, Atheneum, 1918.

Les fina1UJes des C01mnunes de Crémone et Due Miglia, et les L'cnulition.s et les effets de leur union ét-elltuelle - Crémone, 'ryp. Interessi Cremonesi, 1919.

'Prix ct S1trprix dans l'économie capitaliste - Turin, Bocca, 2· édition. UJ24; Berlin, Prager, 1923 j Paris, Rieder, 1925. La l'OnCepti01t d1t surtra-rail et la tMorie de la t'aleur -ROMe,

:'\laglione & Strini, 1925 j Berlin, Prager, 1925.

Le prix et le surprix par rapport aU$ consommateurs et aU$ travailleurs -Rome, Maglione & Strini, 1925 j Berlin. Prar ~er, 1925.

La théorie de la valeur et le prob~Wte du capital. «constant, (technique) - Rome, Maglione & Strini, 1926 j Berlin, Pra-ger,1926,

Copitat cl Colon ies - Milan, Monanlll, 1927 j Berlin. Prager, 1~28.

Capital et Salaires -!llilan. Monanni, 1928; Derlin, Pr~r, 19!}9. Syndicats ct Salaires - Milan, Trevisini, 1929 j Berlin, Prager,

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BIBLIOTHÈQUE GÉNÉRALE D'ÈCONOMIE POLITIQUE

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ANTO}.JIO GRAZIADEI

LA RENTE

ET LA

PROPRIÉTÉ

DE LA TERRE

(Critiques

aux Théories de Marx)

PARIS

LIBRAIRIE DES SCIENCES POLITIQUES & SOCIALES MARCEL RIVIÈRE

31, Rue Jacob, et l, Rue Saint-Benoit 1931

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'VIII PRÉFACE

rester expos~ au diatnger)" mais' certainement une plus grande énergie que ceux qui, jouissant au moins des avantages relatifs à l'organisation du marxisme officiel, ffilIl.tiv8IlJt et engraissent, avec 'UIIl zèle si sava;nt, la plante fructueuse de la parfaite orthodoxie.

A celui qui s'engage sur delL'C fronts, on pourra lancer l'accusation de présomption. Mais le reproche de « tra-hison» est si peu apl:iroprié au cas, qu'il ne peut sembler que grotesque à quiconque a le sens des proportions.

Comme le premier de nos derniers petits volumes sur le marxiSme (prix et surprix dans

r

Ec<.yyunnie capita-liste) 'a paru en juin 1923, ces professionnels de la dif-famqJtion ont, entre autre, insinué qu'il existerait un rapport, chez nous intentionnel, entre la nauvelle situa-tion politiqrue de l'Italie et notre aJctivité scientifique. Mais l'évidence des dates suffit à liquider la grossière fal-sification. Notre premier livre de critique à la théorie dite dé la valeur de Cl1'arles Man (La prOdUCtÙA1J capi-taliste) remonte à ... 1899, soit à 23 ans avant iJ.'octdbre de 1922! Notre polémique a,vec Jaurès, à propos de la théorie de la valeur, remonte à 1900. Enfin, de 1913 date notre Question agraire, dans laquelle an soutient que, en agTiculture, la concentration de'la propriété ne se vé-rifie pas suivant la doctrine marxiste.

Pour toute personne honnête, il existe un seul rap-port entre la nouvelle situation italienne et notre acti-vité scientifique. Notre activité parlementaire réduite de plus en plus et ayant ensuite cessé complètement, il 'nous est resté beau.coup plus de temps pour étudier. et surtout pour Icoordonner les idées qLle nous avions 10n-g'uement müries. Nous avons pu, ainsi, maintenir l'en-gagement que nous avions pris publiQ1uement depuis de nombreuses années déjà, de reprendre, avec une prépa-ration moins incomplète, nous l'espérons, les publications sur le marxisme que nous avions suspendues pendant tl'lle certaine période, avec l'intentjon décidée et annon-cée de les continuer après une étude plus approfondie.

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PRÉFACE IX gauche que jadis. Il sufflt de comparer l'optimisme trop pressé de ll10tre Prodzwtio,n capitaliste avec les conclU!-sions contenues dans nos derniers volumes, et notam-ment avec ceÙes de page 7-45 de notre Capital et Colo-nies (1927, Milan, tMonanni, éditeur).

Il est d'ailleurs absurde de vouloir de toutes façons rapporter au seul milieu italie.n un effort théorique qui vise à la doctrine plus générale, et qui s'adn~~e par suite

à tous les marxistes, soit à ceux des pays où ils sont le plus combattus, soit à ceux des pays CÙ, au contraire, ils occupent le pouvoir. Le caractère même de nos re-cherches, le fait qu'elles ont été traduites dans d'autres langu~ que l'italienne et qu'elles ont intéressé des mar-xistes des nations les plus diverses, de l'Allemagne au Japon, tout cela prouve, par le fait, l'absurdité de la manœuvre.

C'est précisément en vue de la pOlI"tée de notre te,nta-tive, que nous avons demandé, dès juillet-août 1944 et ensuite encore en mai 1925, la nomination d'une Com-mission Internationale qui, contradictoirement avec nous, aurait discuté et .iugé ncS thèses. Le fait que cette Com-mission ne fut jamais constituée n'aura d'autre résultat que de prolonger plus qu'il ,ne faudrait et de comp'iquer par de misérables et inutiles éléments à base person-nelle, une crise doctrinale, qui s'élargit fatalement, et dont la solution s'aperçoit déjà.

Il faut noter, du restJe, que le fait d'invoquer la situa-tion présente en divers pays d'Europe pour chercher d'empêcher l'élaboration critique de la doctrine mar-xiste, revient à faire de la démagogie de la pire espèce. Ce sont précisément les périodes Où l'activité politique rencontre le plus d'obstacles, celles 'où se trouve la possi-bilité et le devoir de mieux approfondir la culture d'idéeS. POUT citer un grand exemple, le Capitaln'e sera:it jamais né, si la faillite de la révolution sur le continent euro-péen n'avait obligé Charlès Marx à concentrer ses pro-pres efforts dans l'étude.

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x PRÉFACE

POUy en finir avec ce triste sujet, il est non seulement répugnant, mais impos'sible et inutile, de suivre certains soi-disant marxistes dans toutes les insinuations qu'ils ont inventées ou qu'ils pourrant inventer. Comme l'uni-que activité scientifique, à laquelle la nature les a des-tinés, est la d~ffamati()ln, il est. natlUrel alors qu'il leur reste beaucoup de temps pour leurs exercices.

Leur système rentre, du reste, dans un cadre qui est trop vieux peur ne pas être faJciJlement recanl1lU~

L'expé-rience historique démontre que tous ceux qui ont eu et ont une mentalité fondamentalement conservatrice et obscurantiste (et c'est malheureusement la majorité dans toutes les écoles), ont toujours cherché à s'opposer aux idées nouvelles en diffamant les personnes qui les soutenaient. Il s'ag'it donc d'une arme émoussée, qui ap-part~ent à l'histoire d~ toutes les l'êactionf:i et qui a tou-jours servi à joindre à la haine du nouveau, les obliques vengeances oontre les statures gênantes. Son usage est encore plus triste quand il ·est pratiqué par ceux qui, vu leur âge, auraient pu être des jeunes. Une fausse jeunes~e, c'est bien là le plus miséra.ble des spectacles! A ceux qui cherchent à transformer en une question ... morale toute bataille d'idées, il est permis d'opposer que l'immoralité est, objectivement, toute et ,seulemEIDlt de leur côté.

Le fait même qu'appelés à discuter, ils recourent à des diversions à base per2drmelle, montre bien leur inca-pacité à opposer arguments à arguments, comme leur intention de dég'uiser leur impréparation et leur

impuissallice. . _

Et comme la. plus grande deS «trahisons» consiste à prétendre de faire ce que l'on ne sait fl'lire et à vouloir exercer des fonctions supérieures à: ses l)rapres forces, 1f'.oS véritables «traîtres du prolétariat» deviennent, ob-jectivement, précisément ceux qui, confondant l'idéologie, toujours cap-able d'être revisée, d'un vaste mouvement, avec la désolante pauvreté de leurs idées et de leur cul-ture, cherchent à tenir la classe ouvrière éloignée d'un renouvellement doctrinal, aUSsi nécessaire qu'inévitable. Leur impréparation ahsolue, leur présomption grotes-qlUe, 1eu'ng syst~mes diffamatoires sont, dl~ reiSte, si connus, que leurs jugements, si on peut leur donner ce nom, ne trouvent aucun crédit aJU'près des personnes

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PRÉFACE XI maIS même aux yeux des orthodoxes les plus raisonna-bles, une sanction les attend. Leur nom laissera une trace, uniquememt paree qu'il est lié à la. vitalité, impos-sible à supprimer, des idées mêmes qu'ils (mt cherché à dénigrer, et à la bassesse des moyens au...'Cquels, dans leurs tentat.ives misérables, ils n'ont pas hésité à recourir.

II.

TI existe heureusement une autre espèce de marx~stes : celle des marxistes, qui, bien qu'avec une excessive into-lérance, savent discuter objectivement, et combattre les arguments d'autrui, non par les ignobles diveT3ions de diffamations personnelles, mais par des raisonnements vrais et propres. Nous-même avons eu l'occasion et le plaisir de nous battre 'avec quelques-uns d'entre eux.

Comme le présent travail et les autres qui le précè-dent contiennent implicitement, et sous une furme bien plus org'anique que celle qui est permise par des polé-miques occasionnelles et fragmentaires, les plus amples réponses aux objections de nos adversaires, nous cher-cherons à éviter d'inutiles répétitions. Nous nous born,e: rons plutôt à préciser nos réfutations aux questions pré-judicielles que nos adversaires opposent à la direction générale de notre pensée, et aux dangers que, suivant eux, elle présenterait.

Notre position vis-à-vis du marxisme reste enco.re au-jO'llrd'hui, et restera d'une façon inébranlable à l'avenir. celle que nous avons eu l'occasion de préci~r dès les pre-mières pages de notre Prix et surprix dans l'Economie capitaliste.

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XII PRÉFACE

***

La première critique que l'OD! 'Oppose à une telle

asser-tion est que le marxiSiffie constitue un tou.t 'UJIlique, qu'il faut accepter ou repousser dans san ensemble.

Le système marxiste, en somme, serait fait d'un seul bloc. En détacher la plus petite pierre voudrait dire mettre en danger la stabilité de l'entier édifice.

l\1ais une semblable thèse, est, entre toutes, la plus erronée et la plus compromettante.

Le Iculte, oUle l'on doit à un homme ,de génie comme Marx, ne peut, sans porter préjudic.e à ses enseigne-ments mêmes, dégénérer en idolâtrie. Le marxisme est une doctrine et une fui d'hommes libres; elle ne peut devenir lm dogme ou une superstition. Si grande que puisse être notre admiration pour la figure gigantesque de C. Marx, toute prétention de vouloir renfermer le dévelcppement de la connaissance humaine dans' les li-mites de l'œuvre d'un seul homme, fût-il le plus grand, nous semble contraire au .bon sens et à l'expérience. Le plus grand des penseurs ne peut jamais apporter qu'une contribution 'bien partielle au progrès de la science. Dans n'importe Qluel ,champ, aucune théorie, ou groupe de théories, n'a jamais résisté plus d'un eertain temps. rI noUIS pan1îtrait abs.uJnde de prétendre qu'à cette destinée, commwne même à l'encyclopédie ,aristoteJiqwe, puiose se soustraire l'œuvre de C. 'Marx: œuvre, au surplus, qui se raworte à des phélnomènes p:a:r excellence changeants, et qui a ét.é pensée da.nIs une péri'ode, quli, p.ar rap-port aux scieœes sociales et à leur objet, peut désor-mais étre considérée comme lointaine.

Devant une loi aussi générale, l'affirmation, en vertu de laquèlle enlever une pierre au système marxiste vou-drait dire faire crouler tout l'éJdiifice, est, en substance, la plus antimarxiste que l'on pu.i'Sse imaginer. Comme un certain' nombre de pierres devra ü,€vitablemenJt tom-ber la thèse suivant laquelle tout l'édifice alors cr ou-ler~, devient la plus imprudente pOUT le marx.isme même.

Il est d'ailleurs' singulier que ceux qui soutlenn.e!nt une teille thèse, qui' :s.e préoCcupent ta!r1t des pièges des éco-nomistes «offi.cieJs », iITe s'aperçoivent pas que, par là, ils font spdnuanément le jeu des adversaires.

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sui-PRÉFACE XIII vant la(;juelle la valeur d'échange serait déterminé2) par le travail, précisément parœ qu'ils espèrent, à travers la réfutation de ses incontestables erreurs, faire crolùer tout l'édifice, et, donc, également les théories de la plus-'-alue et du surtravail.

Comme les doctrines de plus vaste portée sociale, SUl' le terrain strictement économico-technique, sont ces dernières, l'effort le plus utile serait précisément de dé-montrer le contraire: c'est à ,dire que, si même la doc-trine ricardienne-marxiste de la valeur d'échange êtait abandO!1Jnée, les théories ci-dessus énoncées reeteraient debout, dans leurs parties véritables. La thèse du «tout ou rien» se réduit à ceci: ccmcéder aux a:dversaires que, si la pierre de la théorie de la valeur tombe, les pierres de la théorie du surtravail et de la plus-value, tombent nécessairement.

Sans s'en apercevoir, nos contradicteurs rendent ainsi aux économistes orthodoxes le plus précieux des serviCES. Etant dODIné l'impossibilité de soutenir la théorie ricar-dienne-marxiste de la valeur - impossibilité q'lLi Ine peut aujourd'hui être niée que par ceux qui ignorent l'Eco-l'lIOmie Politique - un des plus 'Utiles appuis que l'on puisse apporter à la pa.rtie vitale du marxisme, est pré-cisément celui ,de prouver, comme nous l'avons fait lar-gement, que le procédé de réalisation du revenu ca-pitail.iste, n® seulement n'est pas toujours nécessaire-ment lié à lUne doctrime déterminée de la valeur, et d'au-tant moins à celle ricardienne-marxiste, mais qu'il peut dans tous les cas résulter de façon plus parfaite à: tra-vers une autre doctrine de la même valeur. QueUe est

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XIV PRÉFACE

La possibilité de séparer «la théorie de la valeur» de Marx de l'ensemble du système marxiste est d'autant plus admissible, si l'on se rappelle les véritablE'~<; origines de la théorie ellé-même. . .

La doctrine, suivant laquelle la valeur d'échange serait déterminée par le travail, n'est nullement de Marx. Marx a soumis cette doctrine à une élaboration particulière, et s'en est surtout servi pour en déduire la théorie de la plu.s-value, théJorie qui, elle vraiment, peut être con-sidérée comme son œuvre. Mais la théorie par laquelle le travail i<JIéterminerait la valeur, n"appartielnt en au-cune façon à Marx. Marx l'a tout simplement trouvée et prise chez Ricardo, qui fut un grand économiste « bourgeois» et un très fortuné banquier.

Dans sa préface à la réé.dition de 1884 de la Misère de la Philosophie de Marx, Frédéric Engels, polémisant avec Rodbertus, qui se considérait plagié par Marx même, écrit: «Rodbertus croit si inicomparaJbles ses déoouver-tes, qu'il ne lui vient pas même à l'esprit que Marx ait pu, à lui seul, tirer de Ricardo ses conclusions ». '

Il reste ainsi ,démontré qu'un marxiste, qui critique la théorie que certai,ns marxistes appellent la «théorie de la valeuT de Marx », critiquent bien plus, en réalité, un économiste bour,geois, certainement. très grand, Ri-cardo, que Marx lui-même.

On pourra dire que les marxistes défendent la théorie de la vaileur de". Ricardo, parce qIUe, sans elle, croule-rait également la théorie du surtravail et de la plus-value. Mais, sans compter qu'on vient ainsi à reconnaître la vérité historique que j'ai rappelée, une telle affirma-tion entre, sans autre, dans le fond du problème. Pour notre compte, nous croyons plus que jamais avoir dé-' montré tout le contraire dans nos livres.

De toutes façons, dès qu'il est reconnu que la loi, sui-vant laquelle la valeur serait donnée par le travail, n'est pas de Marx, mais de Ricardo, un nouvel argument vient se présenter contre la thèse du «tout ou rien ».

P'UJisQJUe, précisément la théorie de la valeur, accueillie par Marx, provient de Ricardo et de l'école «classique », c'est à dire de l'économie orthodoxe, elle représente dans l'ensemble de la doctrine de Marx la partie la moins

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PRÉFACE xv

L'allusion aux orig'ines orthodoxes de la soi-disant théo-rie de la valeur de Marx nous offre l'occasion pour ré-pondre à une des critiques qui nous a été faite par les marxistes les plus sérieux,

Comme, en substance, ils nous ont reproché de mar-cher trop d'accord avec l'économie «bourgeoise », nous estimons que c'est vraiment à eux d'apprendre de Marx comment on doit agir en face de l'économie « officielle ». Marx connaissait mieux que personne les intérêts de classe auxquels, plus cu moins consciemment, se pliaient dans la tractation de certains thèmes les économistes «officiels ». Malgré cela, comme le démontrent, entre autre, les' trois volumes du Capital, et les deux sur les ThéOTies de la plus-valu.e, il avait étudié profondément toute l'économie «hœugeoise », de Petty à StUiart-Mill. Ce fut précisément cette étude qui constitua une des con-ditions pour lesquelles il put devenir le plus grand des économistes antiofficiels.

Au c<Xlltraire, trop de marxistes, ou soi~disa;nt teliS, avec le prétexte que les économistes « bourgeois» défendent les privilèg'es de leur classe, croient pouvoir les ignorer. De cette façon, la question politique préjudicielle devient un excellent prétexte pour la poltronnerie mentale,

Malheureusement, le marxisme officiel, précisément parce que dans le CLùte mécanique du «verbe» il a s té-rilisé l'esprit de la critique, n'a donné jusqu'à présent qu'un seul économiste original: Marx. A moins donc de vouloir réduire l'histoire de la pensée humaine à l'~ toire de la pensée d'un ... seul homme, ou de vouloir éle-ver au rang d'économistes tous ceux qui n'ont... jamais étudié l'économ:le, il est évident qu'un marxiste qui ne veuille pas s'inscrire à cette dernière école, n'a qu'un~ route ouverte devant lui: d'un côté interroger Marx, de l'autre interroger les meilleurs d'entre les économistes « officiels» qui ont écrit aussi après Marx, de 1867 à ce jour. En 62 ans le monde marche, et le monde « bour-geois» marche à son tour.

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n-XVI PRÉFACE

nête, et s'adaptant le mieux aux buts que lui-même se proposait. En substance, les rapports dialectiques entre l'économie marxiste et l'économie officielle se trouvent résumés ,dans la préface, déjà citée, d'Eng'els, à la réédi-tiar: d.e 1884 de la M1i,ère de la. philosophie de Marx: « Le s0C?-alzsme 1noderne ... procè.de de l'éco11mnie bowrgeoise ». Ralsonna.nt par .contre comme certains marxistes, on pourrait arriv~ à la conclusion que :Marx était un ... mauvais marxiste, parce qu'u.ne partie très remarquable de sa pensée économiqu.e dérivait de ... l'école classique. Eh bien, dans les limites de .nos très modestes forces, nous n'avoms vouJu faire autre chase que suivre l'exem-ple de Marx. Comme, même àprès Marx l'économie « bourgeoise» a fait dans certains domai~es d'autres progrès, et remarqUiables, II10UlS avons cherché de nous servir de la partie meilleure de ses nouveaux procédés, et de démQntr:er que cette partie, au lieu de contredire l'étude critique du capitalisme, ne peut que la renforcer. Rien de plus facile qu'en suivant !Ces directives nous ayoms commis des erreurs, même graves. Dans ce cas, la faute sera à attribuer à notre insuffisance personnelle, mais non à la méthode. Grande est l'erreur de ces mar-xistes qui visent au contraire à combattre la méthode elle-même. A part toute autre question, ils ne s'aperçoi-vent PI4'> qu'il s'agit d'une méthode... typiquement marxiste.

Nous devons ma.intenant examiner le mérite d'une autre critique qui nous a été adressée, et à laquelle noUs avons déjà fait allusion.

On affirme en substance que, si l'on abandonne la théo-rie ric:ardiennne-marxiste de l'a valeur d'échange, tom-bent nécessairement la théorie du oortravail et de la plus-value, dont l'importance technique est si grande pour l'étude critique du capitalisme.

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PRÉFACE XVII Nous prenons acte, ~ outre, que cette façon .de pds'er le· problème par Il1Œl adversaires, met la théorie -de la valeur d'échange sous le jour véritable où doit être placée toute autre théorie scientifique. Aucune doctrine ne peut et ne doit jamais se considérer comme «fin» à elle-même, comme un féti.che isolé. Toute théorie n'est qu'un instru-ment log'ique pour expliquer d'une certaine ma,nière un certain nombre de faits. Elle doit donc être abandonnée, si par une autre théorie on réussit à expliquer d'une façon plus satisfaisante le même Illombre de faits, et, plus encore, ::fil s'agit d'un D'ombre plus grand de faits.

Mais :nos critiques oublient qu'une grande parne

œ .

notre effort tend précisément à démontrer que les doc-trines du surtravail, et, nous voudrions ajouter, de la plus-value elle-même, non seulement restent confirméeS, mais trouvent une expr~ion plus exacte et qui laisse comprendre un plus grand nombre de faits, précisément même si l'on abandonne, et, dans un certain sens, à la condition d'abandonner, la doctrine rkardienne-marxiste de la valeur d'échange.

il ne s"agit donc pas de défendre contre nous la théorie du surtravail, et celle suivant laquelle le véritable et propre revenu capitaliste des différents entrepreneuP3 copstitue un surplus gratuit (plus-value). II s'agit seule-ment d'établir si la représentation du surlravail que dé-fendent les marxistes orthodoxes, ou celle que nous pro-pœons; la théorie du surplus gratuit que soutiennent les marxistes orthodoxes ou celle présentée par nous, correspondent mieux à la réalité et expliquent mieux un plus grand nombre de faits.

En dehors de toute superfétation et de toute équivo-que, c'est la seule façon sincère de po3er le problème. «Hic Rhodus, hic salta ».

Comme nos thèses sur ce sujet forment l'objet de , nombreuses études, que nous avons publiées depuis 1923, nous ne pouvons nous_ faire l'illusion que nous obtien-drons aujourd'hui, à travers une rapide introduction po-lémique, une conversion, qui n'eut pas lieu précédem-ment, malgré un développement bien plus ample et organique.

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)

XVIII PRÉFACE

Nou;:; nous limiterons à une synthèse qui résume notre

pensée et qui, par sa briéveté même, sert à en mettre mieux en relief les parties les plus substantielles.

Pour c.e qui ·concerne la théorie du surtmvail, nous avons cherché à démontrér (notamment dan,> notre étude La oo:noeption du surtravaü et la 1;héorie de la valeur) que la vérité qui s'y trouve contenue est d'autant plus indépendante de la théorie ricardienne-marxiste de la valeur d'échang"e, et, en général, de toute doctrine de la valeur, qu'elle ne peut 'être représentée exactement

qu'en rapport à la vision pour la totalité d'entreprises ;

c'est à dire en rapport à une vision qui, par elle-même, exclut toute oonsidération de valeur d'échange.

Suivant nous, dans une société basée sur les échanges, il faut considérer, sous certains aspects et pour certains buts, les différentes entreprises et leurs différents pro-duits; et il faut donc étudier également les rapports qui, à tnavers les valeurs d'éch;ange, vienJnent s'étaJblir entre les premières et les seconds. Mais, pour d'autres buts plus larges et complets, il faut au contraire examiner

les entrepr:ÎlSes et les produits dans leur totalité, et, pour

ce, faire abstraJction de c~ valeurs d'échange. dont la présupposition est le rappàrt, et non la somme

totali-taire, des produits et des entreprises. " Cela établi, le surtravail ne peut se mesrurer, ni même

se concevoir, pour un ouvrier isolé ou groupe d'ouvriers

qui tràvaille auprès d'une seule entreprise déterminée, et produise une seule m:archandise déterminée. Une re-présentation du travail néoessaire et du surtravail, qui soit vraiment C'omp~ète et serve à expliquer complète-ment même les phénomènes qui se produisent auprès des différentes entreprises et des différents groupes d'ou-vriers, ne peut être que celle qui se rapporte à la classe des travailleurs: figurée comme un seul tout, au travail social et à la production sociale conçus .dans leur ensemble.

De cette façon, on obtient une représentation du sur-travail qui, se référant aux produits considérés comme

ensemble de quantités et de valeurs d'usage, se

main-tient indépendante de toute théorie de la valeur d'échange. Ainsi entendue, la doctrine du surtravail reste vraie, même si l'on abandonne la théorie ricar-dienne-marxiste de la valeur d'échange.

(21)

PRÉFACE XIX aYons exposées en leur temps. TI s'agit seulement d'une énonciation dans le but de mettre au clair une fois de plus l'esprit de noo recherches et notre véritable pœition en face de la doctrine marxiste.

***

Pa&'lons maintenant à la théorie de la plus-value. Avant tout, il n'est pas toujours nécessaire que la re-présentation du revenu capitaliste passe à travers la forme valeur. Si l'on considère la totalité des entre-prises, le revenu capitaliste apw,raît sous la forme d'UiIl surproduit collectif au global, dont la lC()Jtt:eption, par sa dé:fuùtion même, s'abstrait de tout échange et de toute valeur d'échange. De même qu'il existe le surtra-vail de la classe oUlVIière, lequel en outre, pour les rai-sons déjà exposées, constiuue la représentation pillus com-plète et parfaite du surrtravai,l, de même à ce surtravail collectif ou de classe correspond un surproduit pareille-ment collectif 011 de classe. L'existence et la représen~ tation d'un tel surprodluit, c'est à clire diu fonds de con-sommation de la classe capitaliste, sont elles aussi ~om­ pIètement indépendantes de tout subside de la valeur d'échange.

Cette dernière n'entre en jeu q1Ue 10rsQ!l1'on ccmsidère

~a répartition, entre les différents erutrepreneœrs, du

sur-produit global; c'est à d'ire lorsqu'on CdnISidère les en-treprises isolées et las échanges· de produits et de ser-vices de l'une à J'alUtre. Mais iJ n'est nullement vrai que le procédé de réaliS'ation du Tevenu œpitaJiste, dans ces conditions, puisse se concevoir seuJemeJr1t au moyen de la théorie ricardienne-marxiste de la vaJeur d'échange, et de la théorie marxiste de la plus-value.

Nous ne combattons pas la théorie marxiste de ]a plus-value, parce que et en tant qu'elle représente le véri-table et propre revenu capitaliste des différents entre-preneuTS' comme un surplus gratuit. Tout au contraire: cette représentation étant le plus grand prix de la théorie marxiste de la plus-value, nous-même nous avom soutenu et soutenons une doctrine du surprix, qui fait aboutir au même résultat.

(22)

at-xx PRÉFACE

teint indépendamment de la doctrine ricardienœ.-ma;r-,xiste de la valeur d'échange, et des erreurs qu'elle contient.

En substance, avec la théorie marxiste' de la plus-value, de nombreux phénomènes restent inexplicables. Pour ci-ter seulement les principaux, parmi ceux examinés en temps et lieu: 1° on n'e peut par cette théorie compren-dre la croissa.nte substitution du ca,pital technique (com;.. tant), c"est à dire d'un capital qui serait improductif de plus-value, au capital salaires; 2° toutes les varia-tions des quantiiills produites et d€s prix correspondants ne peuven'1;-s'encadrer; dn ne peut par suite entendre

le processus en vertu duquel les hauts salaires sont, sous certaines conditions, compatibles avec l'augmentation simultanée du revenu capitaliste; et certains phéno-mènes pa.rmi les plus caractéristiques de l' économie mo~ derne, notamment nord-américaine, restent inexpli~

bleS; 3° on ne réussit pas à comprendre les gains capi-talistes plus gian:ds qui distinguent le régime de m0no-pole total ou de synd'Ïcat, et qui, avec une évidence su-périeure à toute opinion préconçue, résultent obtenus même au préjudice ides consommateurs (qu'ils soient ou-vrierS ou non); 4° on n'arrive pas même à représenter exactement les formes de la distribution du revenu, et particulièrement celle relative à la rente, et à l'intérêt. Pour ce qui concerne la r€ll1te, le volume que IImUS pré-santons maintem.aJl1t sert à le démontrer, ne fût-ce que

partiellement. ,

Notre théorie dru. surprix est, pour ainsi dire, une théorie de la plUs-value qui cherche précisément à expli-quer aussi les phénomènes qui échappent à la doctrine de la plus-value de Marx.

(23)

PRÉFACE XXI cette affirmation résultait fondée, comme nous le croyons, le choix ne poUrrait plus être douteux.

Pour conclure, les eJreès de . l'idolâtrie marxiste ont créé un arrêt dans l'élaboration de la doctrine et dans sa mise à jour. Le fait €!St d'autant plus grave et alar-mant, que trop d'années sont passées depuis la publica-tion du premier volume du Capital; trop de phénomènes économiques, et de trop nouveaux, se sont depuis déter-minés; trop de perfectionnements ont été effectués dans l'entretemps par la science «officielle ».

Nous sommes profondément convaincus qu'un des plus grands services que l'on puisse rendre à la cla~e 'Ouvrière est précisément celui de ,dénoncer le da.nger et de réagir contre lui.

Nous aurons sans nul doute commis bien des erreurs; mais la direction, que nous aVIons suivie, nous semble. l'mùque pœsible.

Au lieu de se cristalliser dans la répétition mécanique de tel ou tel passage d'un seul livre, fût-il même très grand, au lieu de fermer les yeux à la réalité, que les marxistes les plus intelligents et les plus jeunes se met-tent à la besogne u,ne bonne fois. Le plus tôt ils nous arurant distancés sur la même route, et plus nous sen-tirons qu'ils nous ont rendu justice, et plus nous louerons, dans leur victoire, les lois de la vie.

(24)
(25)

CHAPITRE 1.

La tripartition du revenu capitaliste et la théorie de la valeur d'échange

1. - LA TRIPARTITION DU REVENU CAPITALISTE.

Dans les études qui précèdent celle-ci, et qui par-tent du Prix et surprix dans l'Economie .Gapit'aliste

(Turin, Bocca, 2" édition, 1924 ; Paris, Rieder, 1925), jusqu'à Syndicats et Salaires (Milan, Trevisini, 1929 ; Berlin, Prager, 1930), nous avons toujo-q.rs considéré le revenu capitaliste comme un tout unique, sans nous occuper de sa répartition en rente, profit et intérêt.

Les raisons d'opportunité et de simplicité, qui nous conseillaient l'adoptiŒl d'une telle hypothèse, en vue des problèmes spéciaux auxquels nous nous intéres-sions alors, sont exposées dans le chapitre V de notre étude Capital et Colonies (Milan, Monanni, 1927 ; Ber-lin, Prager, 1928). Il nous semble inutile de nOlus ré-péter et nous nous en remettons à ce que nous avon'S eu l'occasion alors de soutenir. .

Ivlais le caractère même des problèmes, que nous entendons maintenant discuter, nous oblige à aban-donner une supposition dont l'adoption provisoire im-pliquait la volonté de laisser momentanément de côté l'existence de ces problèmes.

(26)

2 I.A RENTE ET I.A PROPRIÉTÉ DE I.A TERRE

Après avoir épuisé quelques-unes des plus impor-tantes questions théoriques et techniques qui se rap-portent à la valeur et au prix, après avoir examiné quelques-uns des principaux aspects de la situation de la classe ouvrière dans l'assiette actuelle écono-mique (1), les problèmes qui se présentent actuelle-ment sont préciséactuelle-ment ceux qui concernent la répar-tition du revenu provenant de capitaux.

Le fait de supposer que le revenu de chaque. entre-prise se présentait c,omme un tout unique voulait dire que l'on imaginait que chaque entrepreneur particulier était à la fois pTIOpriétaire, et du terrain qu'il utilisait, et de tout le capitall dont il avait besoin. Et alors, pour cette r<vison; le surprix total, qui dans des conditions d'équilibre était permis aux différentes entreprises, allait au bénéfice total de l'ent;repreneur TEl6pectif et de lui seul.

Si, par contre, on imag'ine que la proprrété de la terre et celle de tout ou partie du capital mOQilier nécessaire à une entreprise donnée n'appartient pas, comme règle~ à son entrepreneur, il s'ensuit qu'alors ce dernier devra abandonner une quote-part plus ou moins grande du sm"prix réalisé à ceux qui lui auront concédé l'usage de la terre et du capital. C'est donc

(27)

I,A TRIPARTITION DU REVENU CAPI1'AI,lSTE 3 la séparation de la propriété de tout ou partie de la terre ou du capital mobilier de la direction res-ponsable de l'entreprise; c'est la distinction de la figure du propriétaire de la terre et du prêteur du capital, de la figure de l'entrepreneur proprement dit, industriel ou agricole, qui détermine nécessaire-ment la distribution du revenu capitaliste entre les

différents représentants des diverses formes de pro-priété: en d'autres termes, la division du surprix en quotes-parts typiquement distinctes, dont l'une reste à l'entrepreneur vrai et propre (profit), dont l'autre va au propriétaire dB la terre (rente) et dont la troi-sième va au propriétaire du capital mobilier (in-térêt) (1).

Dans l'étude actuelle, nous nous occuperons uni-quement de quelques aspects du phénomène de la rente.

Il. - LA VISION POUR ENTREPRISES ISOLÉES ET POUR TOT ALITÉ D'ENTREPRISES.

Pour mieux orienter les recherches, nous estimons nécessaire de faire, au préalable, certaines observa-tions générales qui pourront être utiles aussi bien pour les recherches actue1les sur la rente que pour (1) Notre 'but est d'étudier les lois du revenll, telles qu'elles se développent dans une économie capitaJisle paL'faitement organisée. Pou;r cette raison, nous considérons 'comme une donnée de fait la distinction nette entre la quolArpart dn re-venu qui va au propriétaire de la terre et la 'quote-part qui va à l'entrepreneur: distinction qui est précisément spéciale

à cette économie. TI est entendu que dans les condiLions

50-daJes, qui ont précédé' celte dernière, la lente présente des

formes bien dlyerses. Leur analyse trouverait place dans une.

(28)

4 LA RENTE ET LA PROPRIÉTÉ DE LA TERRE

ceUes à venir sur le profit ,et sur l'intérêt vrai et

propre. Il ne s'agit pas d'observations, neuves pour nous, mais plutôt d'observations que nous avons pré-sentées dans nos études précédentes, et spécialement dans le Prix et surprix par 1YlljJport aux consomma-teurs et aux travailieuTs; ,nous les résumerons dans les lig'nes générales, pu'isque elles constituent aussi ies directives -pour les 'nouvelles analyses qui nous

attendent.

C En vue des buts que nous nous proposons, nous continuerons ensuite, même dans l'étude actuelle, la méthode d'exposition des travaux précédents; autre-ment dit, nous procéderons" toutes les fois qu'il nous sera possible, à des comparaisons entre les doctrines de Marx et les 'conceptions qu'il nous semble plus utile de leur substituer. L'étude des faits appar,aîtrtl. ainsi mieux re.liée à celle des théories, et la critique de ces dernières présentera un caractère non seule-ment négatif, mais aussi reconstructeur .

(29)

LA ~RIPAR~I~ION DU REVENU CAPI~ALIS~E 5 Evidemment, comme la société est organisée pra-tiquement au moyen des différentes entreprises ou

des différents groupes d'entJI1eprises, l'examen de leur

activité, considérés chacun par lui-même ou dans ses

r~ports avec les autres, apparaît indispensable. Il devient par suite nécess:aire de cons'idérer Iles

phéno-mènes économiques également à travers les valeuTs d'échange (prix pour de longues périodes). Mais

lors-qu'on veut examiner certains aspects plus généraux des phénomènes 'économiques, et lorsqu'on veut se former une idée plus complète de certains

problè-mes de la vie même des différent€S entrepri~es, il faut également recourir à la vision par totalité

d'entreprises.

Mais Dette derniè're vision implique la nécessité

logique de laisser de côté, tant qu'on veut en ;sei",

tout phénomène de valeur. Comme « échange»

signi-fie « rapport », la valeur d'échange présuppose un rapport entre deux marchandises, ou mieux entre

deux propriétaires de deux marchandises, entre ceux

qui dirigent les deux entreprises qui produioont et

échangent ces marchandises. Quand, par contre, on

considère les phénomènes économiques dans Ie.ur

ré-sultante, au lieu des rapports entre les marchandises

apparaît l'ensemble des produit:s vus comme dans un

inventaire, et l'ensemble des valeurs d'usage suœède à-la valeur prévalente d'échange.

On peut dire en général que les deux visions, p,a:r entreprises isolées et par totalité d'entreprises,

doi-vent être coordonnées entre elles; et que l'heureuse

solution de nombreux problèmes dépend de l'usage

opportun de l'une et de l'autre.

Par son caractère très général, cette vérité a sa valeur non seulement pour les phénomènes de la pro-duction, mais aussi pour ceux de la distribution. Il

(30)

6 LA RENTE ET LA PROPRIÉTÉ DE LA TERRE

où il s'agit de considérer un aspect particulier de la distribution, celui pour lequel le revenu capitaliste apparaît communément soùs la forme de rente, d'in-térêt et de profit. Le fait de n'avoir pas vu cette né-cessité a amené Marx à commettre de nombreuses et très graves erreurs,' même dans l'étude de la ré-partition du revenu..

\

III. LES ERREURS DE LA THÉORIE RICARDIENNE-MARXISTE DE LA VALEUR ET LEURS CONSÉ-QUENCES SUR L'EXAMEN DE LA TRIPARTITION

DU REVENU CAPITALISTE.

Il y a plus. Si la prétention de saisir en son entier

le mécanisme économique, à· travers la seule vision des entreprises prises isolément, ne repose sur aucun fon-dement, les conséquences deviennent encore plus graves, lorsque, comme instrument pour cette visionj on adopte une théorie erronée de la valeur d'échange. Indépendamment du fait que la théorie ricardienne-marxiste de la v:aleur d'échange. laisse de côté les pro-cédés réels avec lesqueJs-les hommes opèrent même sur le terrain économique, et, entre autre, de la circons-tance essentielle que les hommes manquent vraiment de tout critère. -empirique pour la mesure du travail, cette même doctrine est également une source de très graves erreurs sur le terrain de la clistribution.

Certaines de ces erreurs ont été réfutées par nous dans nos études les plus récentes. A propos du plus fondamental des phénomènes d.e "la distribution, soü des rapports entre salaire et revenu capitaliste global,

nous avons vu, entre autre, qu'avec la théorie

(31)

I,A TRIPAR'tITION DU REVENU CAPITALISTE 7 les périodes de prospérité, est une caractéristique des systèmes capitalistes les plus avancés.

La situation se répète également pour les autres aspects de la distribution qui, actuellement, nous in-téressent davantage.

La doctrine ricardienne-marxiste, par le fait seul qu'elle veut faire dépendre la valeur d'échange uni-quement du coût de production, et, pis encore, d'un seul de ses coefficients, le travail, finit par oblitére1-l'importance que présentent les phénomènes de la cir-culation, aux effets de la production et encore plus de la distribution. A force de parler de seul coût de pro-duction, bien plus, de seul travail, et précisément à propos d'un phénomène typique d'échange, c'est à dire de circulation, tel qu'est vraiment la valeur d'échange,

on finit par croire que les phénomènes de la distri-bution doivent coïncider 'avec ceux de la production, et doivent coïncider plus encore, étant donné la vision seule par entreprises üwlées, dans le cercle restreint de chaque entreprise. .

Il s'ensuit que, l'élévation- de la valeur de toute marchandise, prise isolément, étant limitée par la grandeur du travail correspondant, non seulement le revenu capitaliste dans son ensemble doit pour chaque entreprise résulter de l'exploitation pure-ment physique (plus-value) des seuls ouvriers qui

y travaillent; mais aussi la grandeur de la rente,

(32)

8 LA REN'rE E'r LA PROPRIÉTÉ DE LA 'l'ERRE grandeur du surtravail des ouvriers qui lui corres-pondent, la rente absolue, le profit et l'intérêt ne peuvent, dans leur ensemble, dépasser la même mesure (l),.

Poursuivant les recherches qui forment l'objet de la présente étude, nous verrons en' temps opportun à quelles erreurs fort graves cette nécessité présu-mée a conduit Marx dans son énonciation de la rente

absolue. . /.

IV. - LA TRIPARTI::rION DU REVENU CAPITALISTE ET LA THÉORIE DE LA VALEUR RÉPONDANT MIEUX À LA RÉALITÉ DES FAITS.

La conception que nous soutenons est tout.e différente.

Pour nous, la valeur d'échange (prix pour de lon-gues pédodes), non seulement se détermine par un procédé continuatif qui exclut toute création ex novo et ex abrupto, et qui coïncide. par suite avec le mode réel de juger et d'agir des hommes, mais résulte en fonction de toutes les conditions de l'équilibre écono-mique: le coût de production n'est qu'une de ces nom-breuses condition:s, fût-ce même des plus importantes,

(1) Marx lui-même a dû apporter quelques correction, il

cette conclusion, qui est la conséquence logique de la pré

-misse d'où il était parti. Nous avons vu, par exemple traitant

du capital constant (La théorie de la valeur et le pToblèrne d1C capital constant), que Marx admet que les entrepreneurs qui, sur un capital de la même grandeur absolue, emploient une

quote-part relativement plus petite de capital-salaires et réa -lisent par suite dans leur entreprise une plus·value plus fai -ble, peu,vent, à travers la cll'culation, participer à la plus forte

plus-value obtenue par les entrepreneurs qui utilisent

propor-tionnellement une plus forte quote de capital-salaires. Mais

il s'agit de corrections qui par leur caractère exceptionnel

(33)

LA TRIPARTITION DU REVENU CAPITAI,ISTE 9 de même que le travail, à son tour, n'est qu'un des nombreux coefficients de ce même coût.

Débarrassé de toute subordination préconçue, au

travail et, en général, aux phénomènes de la

produc-tion de chaque entreprise isolée, le'prix pour de

lon-gues périodes se présente sous ses vrais caractères,

comme un phénomène propre de l'échange et de la circulation, autrement dit comme un phénomène de

relation, à travers lequel chaque entreprise

produi-sant une seule marchandise se met en rapport avec

toutes les entreprises produisant, chacune de leur

côté, les autres marchandises.

Le revenu capitaliste total de chaque entreprise nous apparaît alors comme le résultat, non seulement

de la production et de la distribution, bien entendu

dans des conditions historiques déterminées, mais

aussi de la circulation. Il n'est plus déterminé et-

me-suré par la seule situation des seuls ouvriers qui

tra-vaillent dans une entreprise donnée, mais par la

si-tuation générale de la classe ouvrière et des autres classes; il ne dépend plus seulement de l'exploitation

purement physique des différents groupes d'ouvriers

de chaque entreprise, mais aussi du poids plus ou moins grand, qui, avec la hauteur plus ou moins

grande du prix de chaque marchandise, peut être

dé-chargé sur les épaules des consommateurs respectifs,

qu'ils appartiennent ou non à la classe ouvrière. La conséquenoe est que la hauteur du prix et, ce-teris paribus, du surprix, comme la grandeur du re-venu capitaliste et de ses fractions, résultent pour

nous, toujours tant que l'on considère les entreprises prises isolément, libres de toutes les limites que,

sui-vant la doctrine marxiste, elles devraient trouver

dans la mesure, en admettant même que cette

me-sure existe, du travail et du surtravail des seu1s

ou-vriers dépendant de chaque entreprise isolée.

(34)

I O t A RENTE ET LA PROPRIÉTÉ DE LA TERRE Si les prémisses organisatrices de l'assiette pré-sente et si les c.onditions des équilibres économiques qui tour à tour s'y déterminent, exigent que la rente absolue, .ou que le profit ou que l'intérêt atteignent dans leur expression monétaire une hauteur donnée au lieu d'une autre, nul obstacle ne peut s'y opposer. Tout ,au contraire, cette extensibilité et cette varia-bilité constituent une <jes conséquences les plus na-turelles d'une conception suivant laquelle la valeur d'échange (prix pour de longues périodes) constitue la résultante rnobile de toutes les conditions mobiles de l'équilibre économique.. En résumé, le prix et, à pa-rité de coût de production, le surprix, peuvent pré-senter toutes les augmentations qu'exige l'équilibre économique.

v. -

LES PHÉNOMÈNES DE LA CIRCULATION ET LE SURPRODUIT COLLECTIF.

C'est en vain que certains marxistes croiront

pou-voir objecter qu'en attribuant une si grande impor-tance au phénomène de la circulation et en accordant une si grande élasticité à la grandeur du revenu ca-pitaliste global des différentes entreprises et des frac-' tirons parmi lesquelles il se répartit, on admet, pour ainsi dire, que 1a circulation a la faculté de créer elle-même des produits, et que le t"urprix se résout en une simple surélévation nominale.

Ces objections" en effet, ne reposent sur aucun fondement.

(35)

I,A TRIPARTITION DU REVENU CAPITAI,ISTE Il prix et du SUlllriX dans la détermination du revenu capitaliste des différentes entreprises doit être mis en rapporf avec la conception et avec le phénomène du surproduit collectif. Or, c'est ce dernier qui cons· titue le fonds de consommation de la classe capita-liste (1). Ce ne sont certes pas les phénomènes de la

(l) On ne doit pas croire que le surproduit collectif se

dé-termine à travers un procédé préordonné, ou préexiste

néCès-sairement à d'autres phénomènes économiques. Au contraire,

ainsi que nous l'avons noté dans des travaux précédents, il se

forme .d'une façon automatique et moyennant un flux

conti-nuatif qui est simultané à tous les autres phénomènes de la

présente éconoIrÙe. Les ouvriers recevant normalement, pour

leurs conditions 'sociales mêmes, et comme salaire, une partie seule du prix brut des marchandises des entreprises respec-tives, et, par suite, une partie seule de la monnaie circulante

sur un marché national donné, ils peuvent, avec cette dernière,

alimenter la demande, et par contrecoup stimuler l'off·re. d'une

seule partie des marchandises qui se produi~ent pour ce

mar-ché: et, pour être plus précis, d'une 'Parme d'autant plus

faible comme quantité et d'autant plus inférieure comme qua-lité, que leur entrée monétaire, leur salaire, est plus petit.

Comme les capitalistes, au contraire, perçoivent la quote-part nette du prix (sur-prix) des marchandises respectives, et que cette quote-part est élevée, tant en rapport absolu que par

rapport au fait que le nombre des propriétaires de capital est bien plus bas que celui des OUVriers; comme, par suite,

les mêmes capitalistes dispœent d'une partie de la monnaie circulante, relativement bien plus élevée, ils peuvent, avec celle-<!i, alimenter la demande et stimuler l'offre de nombreuses

autres marchandises, dont la valeu·r est plus grande et dont

la consommation dépasse les besoins les plus élémentaires de

la vie. De cette façon, on produit et on porte chaque jour sur le marché des marchandises qui, étant donné les entrées de

ceux qui les désirent et étant donné l'élévation de leur prix,

peuvent être achetées par les capitalistes et non par les

ou-'Vl'iers. Le surproduit est simplement,l'ensemble ·variable de ces marchandises, qui chaque jour se produit, se vend et se con-somme. Pour mieux le relier aux phénomènes les plus

essen-tiels de la- production, et, entre autre, du surtravail collectif,

nous avons ·représenté et nous représenterons le surproduit

comme un ensemhle de p'roduits, autrement dit, de valel1~ d'usage. Mais, par contre, si les produits qui le compœent

sont considérés comme marchandises, et ils sont tels en

'Vé-rité, on pouI"I'ait en établir les prix et en fa.ire la somme,

(36)

12 LA RENTE ET LA PROPR1ÉTÉ DE LA TERRE

circulation qui peuvent, par eux seuls, déterminer la

fo'rmation des produits qui le composent, ou en faire

varier la quantité ou la quali,té. La circulation permet

seulement, aux différents capitalistes, de puiser à ce

fonds,' en proportion de la hauteur du prix des mar -chandises qu'ils produisent et vendent, et du surprix

consenti par la différence, Oll marge entre ce prix même et le coût d,e productioIt. '

Plus', dans la sphère de la ,circulation, sera élevé

le surprix correspondant' à une marchandise donnée,

c'est à dire la marge entJro le prix respectif de vente

et le coût respectif de production, et plus grande sera,

ceteris paribus, la quote-part que pourra puiser au surproduit collectif l'entrepreneur producteur de

cette marchandise. Pour employer une analogie ba -nale, le surproduit collectif est comme l'eau dans une

citerne,et les surprix des différentes marchandises,

$oit les marges entre le prix respectif de vente

et le coût respectif de production, sont comme les canaux qui portent l'eau vers les diverses entreprises. Plus large est la marge, c'est à dire le canal, et plus grande est la partie de l'eau totale qui afflue à l'en -treprise correspondante (1).

D'ailleurs la hauteur du prix et, à parité de coût

de production, du surprix,' n'est certainement pas. attribuant ainsi aux produits mêmes une valeur globale égale à la quantité totale de monnaie qui leur correspond. Au lieu d'un ensemble de valeurs d'usage, on aurait alors la somme arithmétique dés prix correspondants.

(1) Comme le prix (et aussi en partie le surprix) ,repré

-sentent des phénomènes de circulation qui toml)ent sons ,

l'angle visuel des différentes entreprises, tandis que le sux -produit collectif constitue un phénomène de production et de

distribution qui tombe sous l'angle visuel de la totali~ des entreprises, l'exemple reporté dans le texte est une preU\e

nouvelle des avantages que l'on peut retirer, en coordonnant

(37)

LA TRIPARTITION DU REVENU CAPITALISTE 13 même pour nous, le résultat d'une m,ajoration arti-fioieHe. Bien loin de dépendre de la volonté arbitraire des différents entrepreneurs, eUe est en fonction des conditions générales de l'équilibre économique, y com-pris la situation de la classe ouvrière.

Sous un régime de m,onopole partiel (syndicat) ou de monopole total, les entrepreneurs peuvent, à parité des autres circonstances, obtenir une ' augmentation du prix et du sUlllrix. Mais cela se produit précisé-ment parce qu'en régime de monopole partiel ou total, les conditions de l'équilibre économique diffèrent de celles en régime de concurrence, et parce que la vo-lonté des entrepreneurs organisés, opérant suivant la direction et. entre les limites des force? économi-ques, contribue à les rendre telles.

(38)

CHAPITRE II. La rente de la terre 1. - LE CONCEPT DE RENTE ET SES DIVERS DEGRÉS D'EXTENSION .

. Nous appellerons du nom de rente, toute et seule-ment la partie du revenu global net, qui va aux pro-priétaires de la terre comme tels. Ainsi conçue, la rente se résout dans la quote de revenu qui est des-tinée à compenser la concession de l'usag'e d'un capi-tal qui ne peut se repro.duire; c'est à diFe d'un ca-pital dont la grandeui·, examinée, non par rapport aux différents usages entre lesquels il peut être dis-tribué, mais dans son ensemble, se présente comme ne pouvant être augmentée. On peut donc admettre sans autre, qu'étant donné la propriété privée d'un tel capital, et dans des conditions favorables à

ses

propriétaires, la rente dépasse d'ordinaire la compen-sation qui revient par contre aux propriétaires des capitaux pouvant se reproduire (1); soit des capi-taux dont la quantité peut, plus op. moins rapidement,

(1) Nous ,'errons en son temps que si, par contre, les con-ditions deviennent défavorables aux propriétaires de teITes ; si, par exemple, la demande de la terre pour certains usages devient fort inférieure à la quantité de terre jusqu'alors de-mandée et offerte pour ces mêmes usages, comme il arriva en An:gJ.eterre pour les terres à blé, à la suite de l'abolition des droits protecteurs et de 1 a concurrence nord-américaine, les propriétakes des mêmes terres, au ]jeu d'obtenir un revenu

(39)

I,A RENTE DE LA TERRE 15 se proportionner, de façon complète, aux augmenta- " tions de la demande.

Pour supprimer toute équivoque, il faut toujours

se rappeler que, sous le nom de rente, nous

compren-drons dans tous les cas, non la seule différence entre.

la hauteur plus grande du revenu qui revient aux

propriétaires, de terrains comme tel's et la hauteur

moindre du revenu qui va aux propriétaires des

ca-pitaux susceptibles d'augmentation; mais la hau·teur

entière du premier revenu, par rapport autIuella

dif-férence entre les deux n'est qu'une partie. Il n'y

au-rait naturellement rien de mal à appeler même du

nom d'intérêt la quote de revenu des propriétaires

de la terre qui égale l'intérêt courant pour les

capi-taux reproduisibles, et du nom de rente (positive) seuleme.nt le surplus. C'est toute une question de convention; et toute convention a son bOri côté. Nous estimons cependant, qu'en appelant rente le tout, on

distingue mieux, dans ses caractkristiques globales et inséparables, celui qui est le revenu net vrai et

pro-pre, appartenant aujourd'hui aux propriétaires de la terre, comme tels et parce que tels.

Tandis que l'école classique anglaise, sous l'influence

de son grand fondateur, Ricardo. considère comme

rente la quote de revenu total net - et elle se.ule -qui va aux propriétaires d'un capital réel et-

spécifi-que, la terre, de nombreux économistes modernes (il suffira de citer parmi eux Pareto, Marshall, Fisher,

etc.) appellent rente, ou quasi rente, n'importe quelle

quote de richesse, recouvrée par une personne

quel-conque, pourvu qu'elle dépende de la propriété d'un

capital réel ou personnel, doué d'une rareté spéciale; 1 . d'un capital, en somme, dont l'augmentation

quànti-tative, même si elle n'est pas impossible, comme. dans

le cas de la terre considérée. dans son ensemble, est

(40)

16 LA RENTE ET LA PROPRIÉTÉ DE LA TERRE

Les capitaux de ce genre, pouvant être considérés Cûmme des quantités fixes pour de brèves périodes, permettent à leurs propriétaires un sur-revenu qui, par ses causes et par 'Ses relations avec le prix des marchandises ou des services auxquels ils se r' appor-tent, présenterait une grande ressemblance avec les origines économiques de 'la rente agricole, et avec les relations qui passe.nt entre cette dernière et le prix

des produits ag6coles. Suivant une telle conception, on considérerait comme rentes ou quasi rentes, pour '

ce qui regarde les capitaux réels, les rentes différen-tielles qui peuvent, par exemple, être obtenues par l'application de procédés soumis' à un brevet; et, pour ce qui concerne les capitaux per.sonnels, les gains extra, par exemple, d'un chanteur doué d'une voix axceptionnelle. La rente ricardienne constituerait ainsi une espèce particulière d'un genre plus, vaste.

II. - LES DANGERS ET LES LIMITES DANS LA GÉNÉRALISATION DU CONCEPT DE RENTE.

Nous n'entendons pas nous opposer a priori à de telles généralisations. Même, si les analogies sur les-quel1es elles se fondent sont parfois superficielles, nous ne nions pas que leur emploi, s'il est pratiqué avec prudence, puisse faciliter une vue d'ensemble J?lus simple, et la çonquête de vérités plus générales,

(41)

carac-LA RE::-;TE DE carac-LA TERRE 17 tères différentiels de ces dernières, aussi bien sur le

terrain économique que sur le terrain juridique '(1). Les dangers des généralisations précipitées sont en

général bien' plus grands que ceux des· analyses trop

restreintes en superficie. Sans compter que,dans une

science comme l'Economie politique, bien souvent les

analogies et les généralisations se sont prêtées et se

prêtent à voiler les caractères spécifiques des

phé-nomènes qui sont trop incommodes, ou trop

dange-reux, pour les intérêts et pour les passions de classe

ou de parti.

Nous ne dirons donc pas qu'il est inutile, ou, pis

encore, préjudiciable, si elle est conduite avec la

rela-tivité nécessaire, de. faire l'étude des anélllogies qui

pas-sent entre les conditions de l'offre d'un capital comme

la terre, dont la quantité totale, surtout dès l'instant

qu'elle a été toute soumise au régime de la propriété,

peut être cons~dérée comme non susceptibles d'aug-mentation de façon absolue, et les conditions de l'offre

d'autres capitaux, réels, ou même personnels, qui, par la difficulté et la lenteur de leur production, peuvent

être considérés comme non susceptibles

d'augmenta-tion pendant une certaine période de temps. Comme conséquence, nous ne combattrons pas, a priori,

l'ex-tension de telles études aux analogies qui passent, par

exemple, dans 16s rapports entre les prix des

mar-(1,) Nous disons « sur Je terrain juridique», parce que ce sont surtout les conditions et les problèmes de la propriété qui, comme un fait exp.rès. appanlissent ·comme confus, ou, pis encore cachés à travers certaines généralisations. Par exell1r pIe, la quasi rente d'un grand écril'ain se base jLU'idiqucment sur la protection des œuvres de l'esprit, que toute société, d'uÎle façon ou de l'autre, avec des prix directs ou indirects, aura toujours intérêt à accorrler. Au contraire, la rente ·vx·aie et pt'opre de la terre repose sur une forme de pn)priété du sol qui est typique d'une organisation sociale déte['IJlinée, et qui a. var 8uite. PU mesure bien plus gl'aIllJe, 11 n caractère

histo-l'jfjUe et l'8latiL /

(42)

18 LA RENTE ET LA PROPRIÉTÉ DE LA TERRE

chandises OU des services qui peuvent être tirés de

la terre et les revenus correspondants, comme dans les rapports entre les prix des marchandises ou -des servrces provenant des capitaux réels et personnels, dont la quantité peut être conçue comme fixe pour un certain temps, et les revenus corrélatifs.

Nous reoonnaissoos même qu'une telle étude, tou-jours si elle est effectuée avec la modération néces-saire, peut porter à une vue plus large et plus com-plète, tant des phénomènes de l'offre et de la demande, que des phénomènes de la rente même, considérée dans le sens le plus étroit.

De toutes façons, le but spécial de nos recherches nous préserve des dangers que peuvent présenter de • telles généralisations, quand elles -ne sont pas faites avec les précauti0ns opportu,nes. Voulant examiner les formes prépondérantes de la distribution du re-venu capitaliste, nous devrons nécessairement consi-dérer la rente sous sa sig'nification la plus restreinte et spécifique: c'est à dire, sous la signification de quote du dit revenu, perçue par les propriétaires de la terre, comme tels. L'unique généralisation que nous comptons faire, et les raisons en seront exposées en leur temps, est celle relative à la signification de « terre» dans ses r,apports avec le phénomène de la rente. Nous entendrons, en effet, par terre, non seu-lement celle. qui est employée en agriculture dans s.a plus large acception, mais celle qui est destinée à tout autre usage dont on puisse retirer un revenu monétaire.

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LA RENTE DE LA TERRE 19

III. - LES CONDITIONS POUR UNE THÉORIE SATISFAI-SANTE DE LA'RENTE,

Pour obtenir une théorie satisfaisante de la rente, il faut, suivant nous, obtempérer, entre autres, aux trois conditions suivantes: 1° disposer d'une théorie du prix (valeur d'échange), qui ne soit pas en con-tradiction avec les faits, et qui n'exige par suite pas, pour se sauver, une explication préconçue des phéno-mènes mêmes de la rente, et spécialement de ceux d'entre eux qui se trouvent le plus intimement liés,

toujours tant que l'on considère les différents pro-priétaires et les différentes terres, aux manifesta-tions de l'échange; 2° fondre plus intimement le con-cept de la rente, qui pour l'école classique anglaise est la rente «différentielle », avec celle que Marx a dé-nommée la rente «absolue»; 3° rapprocher et mieux coordonner les phénomènes de la rente agricole vraie et propre avec les phénomènes de la rente afférente à la propriété du sol en général, quel qu'en soit l'usage, pourvu qu'il s'agisse d'un usage donnant un re-venu (1), auquel le sol même est destiné; 4° relier la conception ainsi unifiée de la rente au fait de. la (1) Pour un usage {( donnant un revenu» nous entendons un usage qui permette au propriétaire d'en retirer un re-venu monétaire net, Une superficie destinée à jardi.n pour la JOUissance personnelle du propriétaire ne donnerait pas un revenu dans le sens indiqué, Un champ, une mine, un terrain à bâtir le donneraient au contraire, s'ils sont loués, .l:'rocédant par généralisations analogues à celles dont nous avons parlé dans ;J.e texte, on peut dire que même un jardin pour jouis-sance personnelle donne un revenu, Mais alors évidemment le terme revenu est employé dans un sens trop différent de l'usueL C'est Je sens dans lequel l'entend Fisher, quand dans son ouvrage S~lr la nature du capital et du Te-venu il appelle,

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20 LA RENTE ET LA PROPRlÉTÉ DE LA TERRE

demande et· de l'offre de la terre, ramenant en même temps ce fait aux principes de la demande et de l'offre en général.

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CHAPITRE HI.

La rente différentielle et sa première for.me

I. - LA PREMIÈRE FORME DE LA RENTE DIFFÉRENTIELLE ET SES CONDI TI ONS.

Dans l'évolution de la pensée économique, et

spé-cialement dans le système de Ricardo, la théorie de

la rente se présente avant tout comme la théoirie de

la rente différentielle. Bien que, comme nous l'avons noté dans le. chapitre précédent, notre conviction soit qu'une doctrine complète doive embrasser en une

unique synthèse aussi bien la rente différentielle que

celle que Marx appelle la rente « absolue », l'histoire

même des diverses théories et leur ordre de succes-sion nous obligent à considérer avant tont la rente

différentielle, et à la traiter pour l'instant, comme séparée et différente de l'autre:

On peut distinguer deux formes de rente

dif-férenti,elle.

La première est dépendante du fait qu'à des ca~i­

taux égaux appliqués sur des terres séparées de su-perficie égale, correspondent des rendements 'inégaux. La seconde au contraire est dépendante du fait que

des capitaux égaux appliqués successivement à la

même terre donnent lieu eux aussi à des résultats

inégaux.

Commençons à considérer la première forme, au-tour de laquelle le développement de la doctrine a été sans nul doute plus grand.

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