Comprendre et interpréter les résultats
L’infection par certains types de papillomavirus à risque (HPV
HR) est une condition requise pour le développement des pré-cancers et du cancer du col utérin. Ce fait a été établi par les études épidémiologies sur de larges séries qui ont évalué les facteurs de risque de cancer du col chez les sujets pressentant des néoplasies intraépithéliales cervicales (CIN) ou dysplasies. Les mécanismes moléculaires allant de la réplication à l’intégration virale dans l’ADN du noyau jusqu’à la transformation cellulaire sont bien connus.
Les HPV
HR, en particulier les 16 et 18, transmis par contact sexuel, sont très pré- valents dans la population générale en particulier chez les jeunes femmes de 15 à 25 ans, période privilégiée d’exposition aux virus. La clearance de ces virus est élevée témoignant de la capacité immunitaire naturelle à éradiquer spontanément ces virus dont l’infection sera passée inaperçue pour la majorité des sujets exposés. Seules les femmes qui auront gardé les virus persistants témoins de l’échappement immuni- taire sont à risque de développer des CIN actuelles ou futures.
L’histoire naturelle de la maladie est un processus long qui témoigne de l’échap- pement immunitaire à éradiquer spontanément l’ADN viral chez un nombre limité de sujets exposés.
Cette inégalité immunologique, face aux HPV
HR, légitimise le développement de candidats vaccins HPV 16 et 18 prophylactiques.
et des marqueurs moléculaires
Le lien entre HPV
HRet cancer du col a suscité le développement de méthodes sen- sibles de détection de l’ADN viral en pratique clinique. Ces méthodes sont actuelle- ment disponibles pour une utilisation clinique.
Le test HPV est considéré aujourd’hui comme l’approche préférentielle de prise en charge des femmes ayant un frottis ambigu (ASC-US) sur le liquide de cytologie ou sur un prélèvement séparé. Des recommandations récentes indiquent la possibi- lité de proposer ce test dans d’autres utilisations cliniques.
Face à la perspective d’utiliser le test HPV en dépistage primaire en complément du frottis, il est important que les cliniciens, pathologistes et biologistes sachent quand proposer et comment interpréter les résultats de ce test.
Apports du test HPV en pratique clinique
Les indications du test HPV sont les suivantes : – frottis anormal ;
– dépistage primaire ; – suivi des patientes ;
– situations discordantes ou ambiguës.
Test HPV en première intention
Couplé au frottis de dépistage après l’âge de 30 ans, le test HPV permet de palier aux difficultés et aux écueils du frottis conventionnel et de moduler le rythme du dépis- tage selon le risque. Les études menées à large échelle ont permis d’aboutir à deux notions fondamentales :
– La valeur prédictive négative du test pour les lésions de haut grade ou pré- cancéreuses, c’est-à-dire la capacité qu’a le test lorsqu’il est négatif à indiquer qu’il n’y a pas de lésion sous-jacente est supérieure à 99 %. En d’autres termes, l’absence de papillomavirus sur un frottis exclut presque toujours et en toute sécurité la pré- sence d’une lésion précancéreuse ce qui ne peut être affirmé par la réalisation du seul frottis conventionnel.
– La sensibilité du test pour les lésions de haut grade ou précancéreuses, c’est-à-dire la capacité qu’a le test lorsqu’il est positif à ne pas méconnaître une lésion précan- céreuse est supérieure à 95 %, ce que le seul frottis de dépistage ne permet pas tou- jours d’affirmer puisque sa sensibilité est inférieure à 66 %.
S’appuyant sur l’étude ALTS, large essai randomisé, le test HPV est actuellement recommandé en triage primaire pour les femmes ayant un frottis équivoque (ASC- US). Le seul test HPV dans cette indication permet instantanément de reconnaître la majorité des CIN de haut grade sous-jacentes aux ASC-US ; il est plus sensible qu’une colposcopie ou deux frottis successifs. C’est la seule indication remboursée actuelle- ment.
– Face aux frottis L.SIL, H.SIL et AGC, la colposcopie est recommandée en première
intention.
(1)HPVHR+ Persistant : au-delà de 9 à 18 mois.
(2)ASC-US : Atypies des cellules malpighiennes de nature mal définie. (Atypical Squamous Cells of Undetermined Significance)
(3)L.SIL : Lésion malpighienne intra-épithéliale de bas grade. (Low Grade Squamous Intraepithelial lesion)
(4)H.SIL : Lésion malpighienne intra-épithéliale de haut grade. (High Grade Squamous Intraepithelial lesion)
(5)AGC : Atypie des cellules glandulaires. (Atypical Glandular Cells)
Après conisation, la sensibilité du frottis à reconnaître les lésions résiduelles ou
récidivantes peut être majorée par la pratique du test HPV. Dans le suivi des CIN 1
ou des femmes traitées pour CIN, le test HPV est plus sensible que la cytologie pour
détecter une persistance ou une récidive.
La reproductibilité de la colposcopie n’est pas optimum. Le test HPV peut amé- liorer les pratiques. Il est prouvé que le test HPV de deuxième intention améliore la spécificité de la colposcopie et la prédiction des anomalies significatives en par- ticulier dans les situations où les modifications de zone de transformation ne sont pas marquées.
Test HPV de deuxième intention
L’évaluation en cytopathologie a une part de variabilité diagnostique.
Face à un résultat histologique ambigu (métaplasie malpighienne immature, ou
une CIN 1 discordante avec la colposcopie ou la cytologie), le test HPV de deuxième
intention permet de faire le contrôle qualité en histopathologie.
(6)TA1 : Transformation atypique de grade 1.
(7)JSC : Jonction squamo-cylindrique.