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La Version K (Catalane) du 'Devisement du Monde/Milione' de Marco Polo : recherches et éditions

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Academic year: 2021

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Scuola Dottorale di Ateneo

Graduate School

Dottorato di ricerca in Italianistica e

Filologia Classico-Medievale

Ciclo XXVIII

Anno di discussione 2015/2016

École Doctorale n° 472

Histoire, Textes et Documents

La Version K (catalane) du Devisement du Monde/Milione

de Marco Polo: recherches et éditions

Tesi di Dottorato di Irene Reginato

Matricola: 810495

Settore scientifico disciplinare di afferenza:

L-FIL-LET/09 ― 4101568/SISE

Coordinatore del Dottorato Tutore del Dottorando

Prof. Tiziano Zanato Prof. Eugenio Burgio

Co-tutore del Dottorando Prof. Fabio Zinelli

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R e m e r c i e m e n t s

Je tiens à remercier pour leur aide et contribution Mme Maria Careri, Mme Teresa De Robertis, M. Luciano Formisano, Mme Francesca Manzari, Mme Marina Navàs, Mme Samuela Simion, M. Paolo Vian, M. Hanno Wijsman. Pour la révision linguistique, je remercie Mme Nelly Barbon, M. Jérôme Chaty et Mme Lydia Sattler.

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I

N D E X

Avant-propos V

***

Introduction

Chapitre I. LES MANUSCRITS DES TÉMOINS

1. Descriptions des manuscrits étudiés

1.1. Kc. Florence, Biblioteca Riccardiana, Ricc. 2048 IX 1.2. Kf. Vatican, Biblioteca Apostolica Vaticana, Ott. Lat. 2207 XVII 1.3. Ka. Madrid, Real Biblioteca de l’Escorial, Z. I. 2 XXIII 2. Autour de la Version K. Marco Polo en Catalogne XXXI

Chapitre II. LES RAPPORTS ENTRE LES TÉMOINS

1. Kc, Kf et Ka ne sont pas des codices descripti

1.1. La macrostructure XXXVII

1.2. Les lacunes XXXIX

2. Les rapports réciproques entre Kc, Kf et Ka

2.1. L’apport de la macrostructure XLIV

2.2. Kf et Ka. Bindefehler XLIX

2.3. Kc vs. Kf, Ka. Trennfehler LVIII

2.4. Conclusions: le stemma codicum LX

3. L’archétype: Kx

3.1. Erreurs d’archétype LX

3.2. La langue de l’archétype LXIX

3.3. Témoins directs et indirects: erreurs de copie et erreurs de

traduction XC

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Chapitre III. LA TRADUCTION

1. Le texte source

1.1. Erreurs qui présupposent un texte français de départ XCV

1.2. Termes français dans Kc CI

1.3. Noms propres CV

1.4. Une source franco-italienne? CVII

2. Dynamiques de traduction

2.1. Le degré d’exactitude: les erreurs du traducteur CXV

2.2. Le degré de fidélité CXXVI

Chapitre IV. LE RÉSUMÉ

1. Le contenu du résumé CLXIX

1.1. Les omissions majeures CLXXII

1.2. Les omissions mineures CLXXVII

1.3. Remarques conclusives CLXXXIX

2. La distribution de la matière

2.1. K unit lorsque F sépare CXCI

2.2. K sépare lorsque F unit CXCIII

2.3. Différences de segmentation CXCIV

2.4. Différences d’ordre CXCVII

2.5. La “régie” de la Version K CXCIX

3. Les techniques du résumé

3.1. Les répétitions CCII

3.2. L’onomastique CCIV

3.3. Les descriptions et les narrations CCVIII

3.4. Les explications supplémentaires CCXV

3.5. Les “alinéa-charnière” et la voix du narrateur CCXVIII

3.6. D’autres changements stylistiques CCXXII

Chapitre V. K DANS LA TRADITION DU DEVISEMENT DU MONDE

1. Prémisse

1.1. La tradition du Devisement du Monde CCXXVII

1.2. Le stemma codicum de référence CCXXX

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2. K dans la tradition du Devisement du Monde 2.1. K et δ’’’ CCXXXII 2.2. K et δ’’ CCXXXIV 2.3. K et δ’ CCXLV 2.4. K et Fr CCLV 2.5. K et δ CCLXVIII 2.6. K et α CCLXXII 2.7. Conclusions: la place de K CCLXXX

3. L’apport de K: évaluation des Lectiones singulares

3.1. Lectiones singulares “apparentes” CCLXXXI

3.2. Lectiones singulares non originales CCLXXXVI 3.3. Lectiones authentiques? CCXCIII

Annexes

I. K et la Flor d’Hayton CCCIII

II. Une Version Catalane plus complète? CCCVI

III. Le Prêtre Jean en Afrique CCCXXV

IV. La mappemonde de Gênes, B .I. 36 CCCXXX

***

Textes

Critères généraux d’édition 3

Kc Florence, Ricc. 2048

La langue de Kc 17

Critères d’édition 27

Texte 31

Kf BAV, Ott. Lat. 2207

La langue de Kf 99

Critères d’édition 119

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Ka REB, Z. I. 2 La langue de Ka 187 Critères d’édition 197 Texte 203 ***

Traduction Critique

NOTES À LA TRADUCTION CRITIQUE 265

1. Le texte base 266 2. La traduction 288

3. L’apparat 293

La Version K. Traduction Critique 297

Tableaux Synoptiques 1. Chapitres F, Kc, Kf, Ka 395 2. Chapitres et alinéas F, Kc, Kf, Ka 399 3. Chapitres K, F, Fr, Z (R) 423 Index Nominum 427 BIBLIOGRAPHIE 443

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V

A v a n t - p r o p o s

U n e v e r s i o n c a t a l a n e d u D e v i s e m e n t d u M o n d e

Dans son introduction à l’édition du Milione de 1928, Luigi Foscolo Benedetto annonçait – dans le chapitre Echi e frammenti vari – l’existence de trois manuscrits formant un petit groupe qui témoigne d’une version catalane perdue (BENEDETTO 1928, p. CCI).

Dans à peu près une dizaine de pages, Benedetto définit les termes du problème, proposant des hypothèses et ouvrant des pistes d’approfondissement.

Désignée par la lettre «K», cette version survit dans trois témoins: un texte catalan nommé K (Florence, Ricc. 2048), un texte français appelé K1 (BAV, Ott. Lat. 2207), et un

texte aragonais dit K2 (dans le manuscrit composite de la bibliothèque de El Escorial Z. I. 2).

Les lettres établissent une hiérarchie: K est un témoin direct de la version catalane perdue, alors que K1 et K2 en sont des témoins indirects. Benedetto n’établit pas de stemma codicum

mais, en s’appuyant sur une poignée d’erreurs communes, montre que les trois textes sont indépendants et remontent au même archétype. De cet archétype, il définit la langue, le catalan, et dénonce l’aspect abrégé et lacunaire: la Version Catalane lui apparaît «mutilata senza alcuno scrupolo», aggravée par les fréquentes erreurs commises par son rédacteur.1 À

partir des réflexions sur la genèse de certaines fautes de K, enfin, Benedetto en propose une dérivation franco-italienne: «la versione di cui parliamo è stata condotta sopra un esemplare franco-italiano […] simile ad F» (BENEDETTO 1928, p. CCV). Placée au sein du

«groupe» A de la tradition du Devisement du Monde, K serait en rapport avec F1, l’exemplaire

franco-italien supposé à l’origine de la version française Fr. 2

Le travail de Benedetto a été suivi d’importantes contributions, notamment les éditions du texte catalan (GALLINA 1958) et aragonais (NITTI 1980), et les contributions sur

la langue du manuscrit aragonais de GALLINA 1956 et BUESA OLIVIER,CASTANER MARTIN

1996. À ces études il faut rajouter les récents articles MENEGHETTI 2007 et 2011, qui

ouvrent des perspectives nouvelles, avec des conjectures sur lesquelles on reviendra à plusieurs reprises.

***

Les considérations formulées par Benedetto à propos de la Version K indiquent les pistes de recherche suivies dans ce mémoire. D’abord, le premier chapitre se penche sur les manuscrits des témoins la Version K, en essayant également d’approfondir l’histoire de leurs

1 Cf. BENEDETTO 1928, p. CCI-CCV. La citation est à page CCV.Une longue liste d’erreurs se lit aux pages.

CCVIII-CCIX.

2 BENEDETTO 1928 divise la tradition du Devisement du Monde en deux groupes, dont A est le plus riche en rédactions, parmi lesquelles il y a F et Fr. Le sigle F indique la version franco-italienne conservée dans le ms.

BnF f. fr. 1116 éditée dans EUSEBI 2010. Par Fr, par contre, on désigne la version française éditée par MÉNARD 2001-2009. Le sigle F1 désigne une version franco-italienne perdue semblable à F, à la base de la version française Fr. On connaît aussi un fragment de la version F, récemment découvert par Chiara Concina,

(10)

VI

possesseurs. Les trois versions sont “rebaptisées” Kc (texte catalan), Kf (texte français) et Ka (texte aragonais), et cela pour deux raisons: premièrement, pour ne pas accorder a priori une supériorité à la version catalane; deuxièmement, pour éliminer l’ambiguïté provoquée par l’emploi de la lettre «K» à la fois pour la version dans son ensemble (la Version K) et pour le texte catalan qui en constitue l’un des témoins (le Ricc. 2048). Ensuite, le deuxième chapitre montre l’indépendance des trois versions et établit un stemma qui rend compte de leurs rapports réciproques. L’existence de l’archétype, nommé Kx, est prouvée par une série

d’erreurs de copie, alors que plusieurs paragraphes sont consacrés à la définition de la langue dans laquelle il fut rédigé. Le troisième chapitre prend en charge le dynamisme délicat entre copie et traduction que la physionomie particulière de la Version K met en place. La Version K est considérée en tant que traduction et appelée Ky: on reconstruit la langue de

son modèle et on fait la part entre erreurs de traduction et erreurs de copie. Le quatrième chapitre, puis, se penche sur la physionomie résumée de K: il montre les coupures, les passages abrégés et les déplacements d’informations, tout en décelant de possibles constantes et techniques. L’éventualité de l’existence d’une autre version catalane plus complète est évaluée dans une Annexe en marge à l’Introduction. Tout le long de la recherche, la comparaison entre Kc, Kf et Ka est opérée à la lumière de la rédaction F. La seule version qui conserve la physionomie linguistique franco-italienne originale, F fonctionne comme “texte juge”: elle indique la bonne leçon en cas de manque d’accord entre les témoins et permet de déceler les erreurs et les coupures de la Version K. Enfin, le cinquième chapitre met en relation la Version K avec la tradition manuscrite du Devisement du Monde, essayant de définir sa place dans le stemma codicum proposé dans BURGIO,EUSEBI 2008.

L’essai introductif est suivi de l’édition des trois versions Kc, Kf et Ka, chacune précédée d’une analyse linguistique. La dernière partie de ce travail est enfin consacrée à l’édition critique de K, une opération qui met en relief l’originalité et les caractères distinctifs de cette branche particulière du Devisement du Monde.

À l’intérieur d’une tradition active où «i confini tra copia e rifacimento (anche di quel particolare rifacimento che è una traduzione) sono labilissimi» (BERTOLUCCI

PIZZORUSSO 1975, p. 351), la Version K représente à la fois un cas particulier et la

reproduction à l’échelle réduite des dynamismes qui caractérisent l’histoire de la transmission du Devisement du Monde dans son ensemble. En effet, K remonte à un archétype perdu et est conservée dans des témoins écrits en langues différentes, chacun modelé à travers le filtre plus ou moins conscient de son rédacteur, qui y produit des fautes et des choix stylistiques.

Or, pour “restaurer” la leçon de cet archétype dans un texte critique unitaire et homogène, le procédé d’édition a exigé une opération supplémentaire de traduction. Ainsi, l’édition critique de K est-elle une traduction critique, où le texte base est traduit en français moderne, il est convenablement corrigé et il est accompagné d’un apparat qui enregistre la

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* * *

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(13)

IX C h a p i t r e I

L

E S

M

A N U S C R I T S D E S

T

É M O I N S

1. DES CRI PTIO NS D ES MANUS CRITS ÉT UDI ÉS

Les appellatifs Kc, Kf et Ka désignent les manuscrits sur la base de la langue dans laquelle ils sont rédigés. Ils remplacent les dénominations précédentes assignées par Luigi Foscolo Benedetto, qui indiquait par la lettre K à la fois la Version K dans son ensemble et le codex catalan Ricc. 2048 (ici Kc), alors qu’il nommait les versions française et aragonaise respectivement K1 e K2 (BENEDETTO 1928, p. CCI).

Pour la datation du texte contenu par la Version K, on donne généralement un

terminus a quo représenté par 1330-1331, et un terminus ante quem coïncidant avec 1396. La

première donnée chronologique fait référence à l’accomplissement de rédaction de la Relatio d’Odoric de Pordenone. Puisque la Version K contient deux passages interpolés de l’ouvrage du frère franciscain, il est sûr que sa rédaction est postérieure à l’écriture de la

Relatio.1 Quant au terminus ante quem, le prologue de Ka indique Juan Fernandez de Heredia

comme maître de l’Ordre de Saint Jean, ce qu’il fut entre 1377 et 1396. Toutefois, le lien entre la Version K et l’Atlas Catalan de 1375 permet d’anticiper cette dernière date, la faisant remonter à 1375, date de fabrication de la célèbre carte géographique (cf. Annexes, II).

1.1. Kc. Florence, Biblioteca Riccardiana, Ricc. 2048 (olim S. II. XXXI I).

1.1.1. Description

Le manuscrit Ricc. 2048 est un petit codex en papier, que Benedetto date du XIVe siècle.2 L’analyse des filigranes, (étoile/soleil;3 fleur en forme de tulipe, semblable à Briquet

1 Les passages tirés de la Relatio concernent le chapitre XXII de l’ouvrage d’Odoric selon CORDIER 1891, correspondant à WYNGAERT 1929, chap. XXIII, p. 466. La première rédaction de la Relatio d’Odoric de

Pordenone date du mai 1330 et fut transcrite à Padoue par le frère Guillaume de Solagna «sicut frater Odoricus ore proprio exprimebat». La deuxième rédaction, en revanche, date de l’année suivante et fut transcrite par le frère Henri Pfefferkorn (Henri de Glatz, de la ville polonaise de Kłodzko) sur la base de l’exposition de la Relatio tenue à Avignon par un groupe de frères franciscains dont Marchesino de Bassano. Par rapport à la première rédaction, cette seconde version comporte deux passages supplémentaires (De

reverentia magni Chanis et De Potentia magni Chanis). On ignore de quelle version sont tirées les parties insérées

dans la Version K. En outre, on sait qu’il existe une version plus brève de l’ouvrage, connue comme Recensio

brevior, qui se diffusa dans une période antérieure à 1330, mais en tout cas pas avant 1328-1330, puisqu’en en

1327-1329 Odoric se trouvait encore en Asie (cf. ANDREOSE 2012, p. 19-21).

2 BENEDETTO 1928, p. CCI. Dans le Inventario de 1810 le codex est daté du XVe siècle: «Cod cartac. in quarto Sec. XV» (cf. INV.RICC. 1810, p. 43).

3 Le filigrane est visible au ff. Ir, IIr (plus clairement), entre la troisième et la cinquième vergeure; il se voit aussi au ff. Vr (entre la deuxième et la troisième vergeure) et VIr (plus clairement, entre la troisième et la quatrième vergeure). Il mesure 25 x 45 mm (f. IIr). Il s’agit d’un soleil ou étoile avec un bouton au milieu

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X

6685;4 cerf5) permet toutefois de préciser cette datation et d’avancer que le manuscrit

appartient au dernier tiers du siècle et que sa fabrication se situa entre Pise, Sienne et Florence. Il contient III + 66 + III feuillets (dont le f. 66 est blanc) et mesure 223 x 145 mm, avec justification de 168 x 115 mm.6 Il est composé de 34 bifolia en papier regroupés

en six fascicules: deux bifolia pour les feuillets de garde I-II et V-VI; un cahier de dix feuillets (1-10); quatre cahiers de douze feuillets (11-22; 23-34; 35-46; 47-58; réclames aux ff. 10v, 29r, 34v, 46v).7 Le feuillet III ne rentre pas dans la structure et il est collé par un onglet

de papier plus épais (comme le papier des gardes I, II, V et VI). Les feuillets allant du 59 au

f. IV constituent un cahier incomplet, dont le centre se situe entre les ff. 64v et 65r. Les ff. I

et II ont un grain plus épais et sont plus blancs que les autres; également, les ff. V et VI (les deux derniers feuillets de garde finals) sont aussi plus blancs mais de grain aussi fin que les feuillets écrits. Les ff. III (troisième feuillet de garde initial), IV (premier feuillet de garde final) et 1-66 présentent un papier différent caractérisé par les successions de nombreuses rayures verticales (semblables aussi à des vergeures) séparées d’environ 2 mm l’une des autres. Le f. Ir présente huit vergeures horizontales à une distance d’environ 26 mm les unes des autres.8 Huit vergeures se voient également aux ff. IIr et Vr (la huitième est ici très

proche de la septième, 150 mm). Le f. VIr en présente neuf, avec la même proximité entre

surmonté par un cercle. Le filigrane n’est visible qu’à moitié: on aperçoit cinq pointes (donc la figure complète doit en avoir plus). Les seuls exemples proches sont Briquet 6084 (mais il est qualifié de champenois, cf. BRIQUET 1907, vol. I, p. 349), 6086 (le seul lié à la Tuscane: «6086. 29, 5 x 44. Troja, 1528.

Mantoue, A. di Stato: Carteggio di Napoli. – Voy. Likhatscheff (n° 3276), Florence, 1533») et 6087 («6087. 26 x 46r. Naples, 1579. A. di Stato: Esecutoriale, n° 46», cf. IBID., vol. I, p. 353). Ces étoiles, toutefois, n’ont que six

pointes. À onze pointes on trouve le filigrane «soleil» 13963, mais il contient un blason à l’intérieur qui est absent du nôtre («13693. 41 x 56. Filigr. posé au centre de la feuille ouverte. Parme, 1543. A. di Stato: Raccolta di

carte», IBID., vol. II, p. 688.) Des filigranes à étoile, Briquet écrit: «L’origine italienne de la plupart des papiers

ainsi filigranés est incontestable» (IBID., vol. I, p. 349).

4 IBID., vol. III, filigrane 6685 (1368): «La fleur en forme de tulipe ou de campanule […] est une marque exclusivement italienne». Les filigranes 6685-6690 sont définis «Quatre fleurs opposées deux à deux, sur une tige terminée en croix». À propos du 6685: «6685. 31 x 45. Pise, 1368. A. di Stato: Opera del Duomo, n° 32.

Entrata e uscita. Var. simil. sur grosse verg. avec supplém.: Montepulciano, 1368; Texel, 1369; Gouda, 1370;

Sienne, 1380. – Voy. Midoux & Matton (n° IX), Midi de la France, 1365; Zonghi (LXV), Fabriano, 1373». Le 6686 est aussi très semblable (voire plus) à celui que l’on trouve dans le codex, mais les données reportées par Briquet («6686. 30 x 45 r. Texel, 1349. La Haye, Rijksarch.: Papierenverzameling.Var. ident.: Blaton (Belg.), 1381: Grenoble, 1382») le rendent beaucoup moins probable. Visible au ff. 12r, 17r , 19r, 27r, 28r, 36r, 41r, 48r et ― renversé ― aux ff. 13r, 16r, 21r, 29r, 30r, 40r, 43r, 45r, 57v. Dimensions: 50 x 30 mm environ (f. 12r). Traces de filigranes se voient aussi au f. 32r.

5 Un filigrane partiellement visible et qui semble représenter un animal avec des cornes se voit aux ff. 49r, 56r, 65r et, surtout, IVr. Placé entre la deuxième et la quatrième vergeure, le filigrane montre deux pattes d’animal et une partie du corps. Aux ff. 49r, 52r, 60r, 62r, 64r on voit également des traces de filigranes, qui semblent reproduire la gueule et les cornes d’un cerf. On pourrait donc le rapprocher des types décrits par Briquet comme «Demi-cerf» (un filigrane «exclusivement italien. Sur grosse verg., généralement avec fil verg. supplém., on le rencontre jusque vers 1386»; les variantes 3273-3277, 3279 et 3281 sont de provenance toscane, cf. IBID., vol. I, p. 219) ou «cerf» (p. 219-221; les plus proches seraient les variantes 3286, 3287, 3294,

attestées respectivement à Pistoia 1359, Florence 1359-65 Pise 1366-69 Pistoia 1367 Sienne 1370, et Pise 1396-97, cf. p. 220). Toutefois, la figure est très difficilement visible et elle ne s’entrevoit que partiellement, ne permettant pas d’identification précise.

6 Les dimensions se réfèrent au feuillet 1r; La largeur des feuillets varie légèrement entre 145 et 150 mm (ex. le

f. II mesure 124 x 150 mm).

7 Les réclames sont: «que s(er)a(n)» (f. 10v); «p(er) lo flu(m)s» (f. 34v); «lo port» (f. 46v). Les cordes de la reliure sont visibles entre les ff. Iv-IIr, 5v-6r, 16v-17r, 28v-29r, 40v-41r, 52v-53r, 59v-60r, 64v-65r, Vv-VIr.

8 La septième vergeure n’est pas exactement parallèle aux autres: sa distance de la huitième vergeure va de 24 à 28 mm.

(15)

XI

la huitième et la neuvième. Les autres feuillets présentent six vergeures horizontales non uniformément distanciées.9 Le manuscrit est écrit à longues lignes (19-23 lignes par page) et

les rectrices ne sont pas toujours visibles. On n’y voit aucune trace de poncturation. La foliotation des pages est moderne et imprimée en cachet, en chiffres arabes placés dans l’angle droit supérieur; elle va du f. 1 au f. 66. Le premier feuillet de garde (f. I) mesure 200 x 149 mm; il porte, au recto et en haut de la page, la cote du manuscrit (écrite en crayon rouge dans l’angle droit) et, encadrée entre parenthèses carrées, l’indication de la langue: «[catalano]», en graphie moderne et en crayon gris. Le feuillet II (220 x 148 mm) est blanc. Le feuillet III (221 x 152 mm) et renforcé par un onglet; le papier est plus fin et on y trouve des taches et des trous. Au recto, en haut de la page, on lit le chiffre «73» (crayon rouge) et, au-dessous, le titre «Istoria del Catay in Lingua Spagnola», en encre brune très foncée et en graphie moderne. Au verso, une main moderne a écrit en encre grise un ex-libris barré; on ne lit que les mots «Aquest libre es dē segnor...».10 Au f. 1r, dans la marge inférieure, on trouve

le cachet de la bibliothèque. Au f. 24r, dans l’angle droit inférieur, on lit le chiffre «36», écrit à l’intérieur d’un cadre, en encre brune. Un talon renforce la reliure des ff. 59 et 60.Au f. 66r, une autre main a écrit un extrait de Mandeville (cf. Infra). Au milieu du f. 66v on a le cachet de la bibliothèque et la description: «Carte 66, nuov. num./ Qd. da 12 meno il primo/ da 10», tracée en graphie moderne et en encre rouge; le chiffre «66» est imprimé par un cachet.

Le texte de Marco Polo est tracé par une écriture gothique documentaire ibérique,11 en encre brune, de module assez petit et régulier (3 mm environ pour les

minuscules, 5 mm pour les majuscules, 8 pour les lettres longues). La qualité formelle de l’écriture  remarque Dutschke  diminue au fur et à mesure que l’on avance dans les pages.12 Les corrections au texte sont, en fait, assez fréquentes (ff. 1r, 1v, 2v, 6r, 7r, 9v, 11r,

11v, 14r, 14v, 15v, 22v, 23r, 23v, 24r, 24v, 25r, 27v, 29r, 30r, 30v, 31v, 32v, 33r, 38v, 43v, 61r). Dans certains cas, on remarque que l’encre employée est légèrement plus foncée par rapport à celle du texte, ce qui amène à envisager deux sortes de corrections, à la fois des corrections faites currenti calamo, ou bien des corrections postérieures. Les premières comportent généralement une rasure (1r), des taches noires pour effacer une lettre (2v), des rangées de points pour exponctuer un mot (32v) ou bien des rayures suivies des mots corrects (9v, 11r). Les deuxièmes se réalisent généralement par des rayures, des souscriptions ou des intégrations dans l’interligne supérieur (6r, 7r, 7v, 14r, 14v, 22r, 22v, 23r, 23v, 24r…) ou dans la marge inférieure du feuillet, parfois à travers un système de réclames (24v, 29r, 32v). Voici des exemples de corrections, aux feuillets 24v et 32v. Les lettres encadrées montrent que la forme des lettres et des groupes en ligature ne change pas, ce qui conduit à penser que les corrections sont de la même main du copiste:

9 Les distances vont de 40 à 25 mm au f. IVr.

10 Même pas la lumière d’une lampe de Wood n’a permis d’avancer sur ce point.

11 Pour des exemples d’écriture très proche de celle en question, cf. SANCHEZ MARIANA 1993, en particulier les p. 241- 243.

(16)

XII

f. 24v, correction:

f. 24v, exemples de graphie:

f. 32v, correction:

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XIII Ri cc. 2 04 8, ff . 2 4v , 3 2v . Ex empl es d e g raphi e et corr ect ions.

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XIV

Le manuscrit est «senz’arte» (BENEDETTO 1928, p. CCI), la seule décoration étant

constituée par les initiales noires à encadrement qui marquent le début de chaque paragraphe. Elles vont du f. 1 au f. 36, à partir duquel l’espace leur consacré est vide et on n’en voit que la réserve et la lettre d’attente. Les lettrines ont des dimensions variables (entre deux et quatre unités de réglures) et présentent un aspect géométrique et des décorations composées de hachures, de lignes ondulées et de points. On y reconnaît des initiales majeures plus grandes et très décorées (comme les deux initiales du f. 1r), et des initiales secondaires plus petites et simples (ff. 2r-36v).13 Le manuscrit est relié par deux

planches en bois et un dos à trois nerfs recouvert en cuir (mesures: 280 x 152 x 33 mm). La première planche présente, à l’intérieur et en bas, le chiffre «73» écrit à l’inverse.

Aux ff. 1r-65v, le codex contient la version catalane du récit de Marco Polo: «Istoria, tradotta in Ispagnuolo, S. II. codez cartac. in 4 n. XXXIII» (cf. LAMI 1756, p. 277).

Incipit: «Ací comensa lo libre de les províncies e de les encontrades qui són desotz

la seyoria del gran emperador del Catay, lo qual ha la seyoria del Gamballech, e seyor dels Tartres, axí con ho reconta micer March Pollo ciutadà noble de Venecia; e primerament diu axí de la província de Tangut, hon él stech XXVI anys per saber la veritat de les coses daval scrites».

Explicit: «E al‹t›re no se que·us pusca dir, per què fas-vos fi an aquest libre. Déus na sia benesit. Amén».

Au f. 66r on a un extrait concernant la Norvège tiré d’une version italienne des voyages de Mandeville. L’écriture est une mercantesca tracée en encre brune. Au f. 66v on lit la description: «Carte 66, nuov. num./ Qd. da 12 meno il primo/ da 10»; tracée en main moderne, le chiffre «66» est imprimé par un cachet.

1.1.2. Histoire

D’après G. Lami, le passage tiré de Mandeville et écrit à la carte 66r serait autographe de Piero Vaglienti, identifié par conséquent comme le possesseur du volume au XVe siècle.14 Le manuscrit est présent dans le catalogue de Giovanni Lami de 1756 (LAMI

1756, p. 277) et dans l’Inventario e stima della libreria Riccardi, manoscritti e edizioni del secolo XV

in Firenze de 1810 (INV.RICC. 1810).

Accueillie par Vacca, Benedetto et Dutschke, l’attribution a Vaglienti a été récemment remise en question par MENEGHETTI 2011 (p. 78, note 4) mais confirmée par

Teresa De Robertis. Sur la base d’une comparaison entre cette carte finale du Ricc. 2048 et le célèbre Codice Vaglienti (le ms. Ricc. 1910), De Robertis conclut en effet que la main responsable de l’écriture à 66r «ha ottime possibilità di essere quella del Vaglienti», quoiqu’elle atteste d’un stade plus archaïque de son écriture (datable vraisemblablement de la première décennie du XVe siècle), et d’un ductus plus cursif, indice d’une écriture moins soignée et plus rapide. Malgré ces différences, et bien que les graphies de type dit mercantesco

13 Dutschke a avancé l’hypothèse que les décorations et la peinture des lettrines en encre peuvent être attribuées à un possesseur postérieur, mais on n’a pas d’arguments pour soutenir cette thèse: «Large opening initials and smaller secondary initials through f. 36 (thereafter blank) possibly filled in in ink with crude decorations by a late owner» (IBID., p. 330).

14 «L’ultimo foglio di guardia del manoscritto contiene, come gentilmente mi avvertì il bibliotecario, una pagina autografa di Piero Vaglienti», cf. VACCA 1907, p. 107-108.

(19)

XV

tendent généralement à se ressembler, les points en commun entre la graphie du ms. 1910 et du ms. 2048 sont nombreux et concernent surtout la disposition des mots dans la page, la forme des lettres (notamment les lettres g, s, v) et des groupes en ligature (en particulier qu,

st).15

Piero di Giovanni Vaglienti (1438-1514) était le fils aîné du florentin Giovanni Vaglienti, marchand de soie qui en 1442 se déplaça à Pise, où Piero accomplit son apprentissage commercial auprès de la compagnie de Benedetto Dei. De 1467 à 1474, Piero voyagea par mer sous le commandement de Piero di Giuliano Vespucci, séjournant à Palerme vers 1470. À partir de 1474 il se lança dans une aventure commerciale très propice avec son frère Bernando, en travaillant comme employé auprès des marchands appelés Sernigi, qui avaient d’étroits contacts avec l’Espagne. Piero et Bernardo acquièrent le statut de «mercatores» et tissèrent de liens avec les Médicis, notamment Lucrezia Tornabuoni, mère de Lorenzo il Magnifico.16 Un revers de fortune eut toutefois lieu en 1495, année où

Charles VIII fomenta le soulèvement des habitants de Pise contre les florentins qui se virent chassés de cette ville. Piero dut assister d’abord à la confiscation de ses biens, puis à la mort de Bernando, avant d’être contraint à un long exil, jusqu’en 1509.

Le nom de Piero Vaglienti est connu aussi grâce à deux ouvrages littéraires de caractère plus ou moins biographique. Commencée en 1495, la Storia dei suoi tempi17 raconte

la vie de Piero et de Pisa, de l’élection de pape Alessandro VI – moment funeste, origine des mésaventures successives – à la connaissance de Charles VIII lors de sa rencontre avec les ambassadeurs florentins (8 novembre 1494), jusqu’à la mort du narrateur/personnage Piero le 15 juillet 1514. À partir de 1499, Vaglienti nourrit un intérêt toujours plus vif pour les récits de voyage. C’est ainsi qu’il entreprit un recueil de documents qui trouveront leur place dans son ouvrage le plus célèbre, connu sous le nom de Codice Vaglienti, correspondant avec le manuscrit Ricc. 1910. Il s’agit d’une anthologie de textes qu’on peut placer dans le panorama des compilations de voyages de la même époque, entre le Libretto

de tutta la navigatione de Re de Spagna (Venise, 1504) et Paesi novamente ritrovati (attribué a Fracanzio da Montalboddo et daté de 1507) d’un côté, et les Navigationi et Viaggi (1550-1559) et la compilation de Alvise Zorzi (le «Codice Alberico», rédigé une vingtaine d’années après) de l’autre.

15 Je remercie Teresa De Robertis pour m’avoir très gentiment fourni cette analyse. 16 Pour la biographie de Piero Vaglienti, cf. FORMISANO 2006.

17 Conservée dans le codex autographe ms. II. IV. 42 de la Biblioteca Nazionale Centrale di Firenze, cf. LUZZATI 1982.

(20)

XVI Ricc . 1 91 0, f. 11 r – Ricc . 2 04 8, f. 6 6r.

(21)

XVII

À mi-chemin entre une chronique des voyages portugais financés par la bourgeoisie toscane, et un ouvrage biographique avec des réflexions personnelles, le codex

Ricc. 1910 représente le “livre de la vie” de Piero, qui le rédigea entièrement jusqu’à sa mort

en 1514, et qui en est aussi le destinataire privilégié.18 Caractérisé par une focalisation

centrée sur les nouveaux voyages des Portugais et les conséquences que la carreira da India pouvait avoir sur Pise et Florence, ainsi que par l’omission volontaire du voyage de Christophe Colomb, le Codice se divise en deux macro-sections. Après une ouverture représentée par deux lettres de Vasco de Gama, la première section contient une version toscane du Milione et trois extraits des Voyages de Mandeville, qui constituent une sorte de

compendium du savoir géographique traditionnel tel qu’il était disponible pour un marchand

de la bourgeoisie toscane.19 La deuxième partie, en revanche, est tournée vers le présent et

est consacrée aux voyages portugais,20 desquels Vaglienti devine toute l’importance pour

Pise au détriment de Venise: «Pisa col tenpo è ato a eser una Vinegia novella».21

Au total, le manuscrit ressemble cent vingt-huit textes, recueillis aussi grâce aux marchants Sernigi et Marchionni, avec qui Vaglienti entretenait des rapports commerciaux et personnels. Il s’agit d’un codex en papier mesurant 284 x 210 mm et comportant dix-huit cahiers de dix feuillet chacun; écrit en graphie mercantesca, il ne présente pas de décoration. Arrivé à la Biblioteca Riccardiana après la rédaction du catalogue de Lami (1756), il est toutefois présent dans l’Inventario de 1810; comme un fragment de la Storia dei suoi tempi (parmi les Carte Machiavelli de la Biblioteca Nazionale Centrale de Florence), il appartint à la de la famille florentine des Ricci.

Occupant trente-sept cartes, la version toscane du Milione est une rétro-traduction d’une version latine connue comme LA, à son tour élaborée dans le milieu des marchands florentins sur la base de la version vénitienne VA.22

1.2. Kf. Vatican, Biblioteca Apostolica Vaticana, Ott. Lat. 2207

1.2.1. Description

Codex en parchemin, le manuscrit de la Vaticane est de datation controversée, entre XIVe ou XVe siècle.23 Il contient 26 feuillets, encadrés par 6 feuillets de garde: II

(papier) + I (parchemin) + 26 (parchemin, blanc le f. 26v) + I (parchemin) + II (papier).24 Il

18 Pour le Codice Vaglienti, cf. FORMISANO 2006.

19 «Una sorta di enciclopedia del sapere storico-geografico tradizionale così come poteva essere attinto da un rappresentante medio del ceto mercantile» (IBID., p. 21).

20 On y trouve, entre autres, les trois lettres envoyées par Amerigo Vespucci à Laurent de Médicis en 1500-1502, le récit du voyage de Pedro Alvares Cabral, la première lettre de Giovanni da Empoli et aussi la première traduction en toscan du Coran (IBID., p. 22).

21 Ms. Ricc. 1910, f. 84a, cité dans IBID., p. 24.

22 Pour la version LA, cf. BENEDETTO 1928, p. CXXI-CXXII; FORMISANO 2006, p. 312; GADRAT-OUERFELLI 2013, p. 142.

23 Le manuscrit est defini «certamente quattrocentesco» par Luigi Foscolo Benedetto, qui en fournit une brève description dans l’introduction à son édition du Milione. La datation s’oppose à celle proposée par Baldelli-Boni, Lazari et Yule, qui considéraient le manuscrit plutôt du XIVe siècle (BENEDETTO 1928, p. CCII, note 3). Consuelo Dutschke aussi date le manuscrit du XIVe siècle (DUTSCHKE 1993, p. 462).

(22)

XVIII

mesure 313 x 234 mm et a une justification de 255 x 175 mm.25 Écrit à longues lignes

(41-43 lignes par page; 32 lignes pour le f. 26r), le texte se pose sur des rectrices (pas toujours visibles) réalisées en crayon gris, sans traces de poncturation. Quand on arrive à les entrevoir, les rectrices couvrent toute la largeur de la page (réclames comprises), et se distancient de 5-7 mm les unes des autres. La foliotation des pages est moderne, en chiffres arabes placés dans l’angle droit supérieur et allant de 1 à 27.

Le codex comporte trois fascicules en parchemin, les deux premiers de 8 ff. chacun (1-8; 9-16; réclames aux ff. 8 et 16)26 et le dernier de 10 ff. (17-26). Les feuillets de

garde, d’époque moderne, sont disposés de façon spéculaire à l’ouverture et à la clôture du volume: elles sont constituées d’un bifolium en papier (dont le premier feuillet est une contre-garde collée sur chaque contre-plat), plus un onglet en parchemin épais. Le f. IVr porte aussi une sorte de patine blanche qui en augmente encore l’épaisseur et que l’on retrouve aussi aux cartes 23v, 25v et 26v. La contre-garde antérieure porte une étiquette orange indiquant la cote. Dans la marge droite du f. 1r on trouve le cachet de la bibliothèque.

L’écriture est une minuscule assez soignée («a careful, well spaced hybrid writing» selon DUTSCHKE 1993, p. 463), tracée en encre brune et de module petit (2 mm pour les

lettres courtes, 5 mm pour les lettres longues telles que b, l et les majuscules; 7 mm pour s et f). D’après une expertise de Maria Careri, on apprend que la graphie peut être localisée dans le Nord Est de la France, etdatée du dernier quart du XIVe siècle ou du premier quart du XVe. En particulier, un indice qui relèverait d’une datation plus tardive (vers 1410-1420) serait, selon Francesca Manzari, la hauteur de certaines hastes verticales, qui sortent de la marge supérieure avec des évolutions très élégantes.27

Le texte de Marco Polo est écrit par une seule main. D’autres signes d’écriture, toutefois, d’encre et de main différente, sont visibles dans les feuillets de garde et sont épars dans le codex. Le f. II laisse entrevoir de restes d’écritures modernes en encre brune. Au

recto, on lit une ancienne cote barrée («Fr. 53») et on remarque cinq lignes d’écriture en

orientation ascendante mais tout-à-fait illisibles. Au verso, on trouve encore des lignes illisibles, mais on y reconnaît des sigles et des chiffres («K. VI. 2g» et «nnos 3007», avec «3007» barré),28 respectivement en haut et en bas de la page, et deux indications presque

identiques en écriture cursive: «m.c Poli Itinerario» (en haut de la page et en module très

petit), et «Martini Poli Itinerarium» (plus bas et en module majeur), le «Martini» étant barré et corrigé par un «Marci» écrit au-dessus. En bas et proche de la reliure, une encre bleue forme un dessin qui ressemble à une sorte de crochet verticale (avec une ligne horizontale et un cercle au milieu). Sur le recto du quatrième feuillet de garde, on lit le chiffre «27» (suite de la numérotation, dans l’angle droit supérieur) et les écritures «Anno» et «Anno m iij» (le «A» de module majeur et décoré). Au f. 1r, en haut, on lit le numéro de cote (un «758» barré et corrigé par un «2207»), repris en bas de page («2207 ottob.») en écriture cursive moderne et encre bleu. La même encre est à l’origine d’une série de signes qui se répandent aussi

25 Les dimensions se réfèrent au feuillet 1r. Les mesures des feuillets sont en moyenne de 310 x 237 mm, avec un cadre de réglure de 250 x 162 mm (255 x 175 si l’on inclue les lettrines).Le f. I mesure 310 x 240 mm et est blanc, alors que le f. II mesure 308 x 240 mm.

26 Réclames: «de neufves» (f. 8r); «Gambalech ou demeure le Grant Quan» (f. 16v). 27 Je tiens donc à remercier Maria Careri et Francesca Manzari pour cette analyse.

(23)

XIX

dans les pages qui suivent, notamment des barres obliques (en nombre progressif, de 1 à 4: / au f. 1r; // 2r; /// 3r; //// 4r),29 le chiffre «4» (f. 5r), des barres verticales (trois barres au f. 11r, avec l’écriture «Dor» dans la marge gauche; quatre barres au f. 12r), et des

gribouillages (ff. 13r, 14r, 18r, 19r, 20r, 21r, 22r; une croix grecque au f. 23r). Au f. 26r, la fin du texte est marquée par le mot «Amen» écrit en lettres gothiques de module majeur (8 mm pour le A majuscule, 6 mm pour les autres lettres). Au-dessous, on trouve une signature: «Loys de Luxembourg», soulignée et suivie par un sigle, vraisemblablement composée de deux LL cursives avec des petits points de décorations.

La décoration du manuscrit, sobre mais élégante, consiste en des décors floraux développés autour des lettrines, comme des festons ou des prolongements à l’italienne. Typique du XIVe siècle, cette décoration florale bicolore est conservée aussi au siècle suivant, et ne contredit donc pas les données issues de l’analyse de la graphie. Les lettres initiales sont de deux types: au f. 1r il y a une lettre initiale majeure, en saillie dans la marge, de dimension égale à 4-5 lignes et couleur rouge et bleu, réalisée à bordure sur trois côtés et ornée avec fleurons et motifs filiformes; au début des autres paragraphes, ensuite, on voit des initiales secondaires plus petites (2-3 lignes) mais toujours en vedette et à bordures, et de couleur alternée bleu ou rouge.

La reliure est moderne, mesure 323 x 255 x 24 mm et est en peau de veau tachée sur carton; le dos a cinq nerfs et est couvert d’une membrane de couleur plus claire que celle qui couvre le volume, avec des impressions dorées portant le cachet de la BAV,30 la

cote et des décors floraux.

Le codex ne contient que le texte de Marco Polo, écrit en langue française dans les

ff. 1r-26r. Le texte comporte également un bref prologue, ainsi qu’une formule de clôture.

Incipit (f. 1r): «Icy commance le livre des prouvinses et des encontrees qui sont soubz la seignourie du grant empereur del Cathey, lequel a la seignourie de Gambalech, et seigneur des Tartarins, ainsi comme raconte messer Marc Pol, ciutadà de la noble cité de Venecie; et premierement dit ainsi de la prouvinse de Tangut, ou il demoura XXVI ans pour savoir la verité des choses cy dessus escriptes».

Explicit (f. 26r): «Autre chose ne vous en sçay dire, par quoy je vous fois fin en ce livre. Le nom de nostre Seigneur soit benoist et de sa benoite Mere. Amen».

1.2.2. Histoire

Comme le montre la cote alphanumérique à la carte 1r, le Ott. lat. 2207 appartint à Paul Petau (Petavius).31 En 1650, Christine de Suède acquit quelques mille cinq cents

29 De telles barres obliques, dont la fonction est évidemment de garantir la correcte succession des cahiers dans le codex, sont habituellement tracées sur le recto de chaque feuillet compris dans la première moitié du fascicule. LEMAIRE 1989 les retrace aussi dans d’autres codex de la deuxième moitié du XIVe siècle (LEMAIRE

1989, p. 64-67).

30 C’est le cachet portant le blason de pape Pius IX (1846-1878), notamment un bouclier divisé en quatre sections, deux portant des rayures obliques et deux un lion rampant. Le bouclier est surmonté par deux drapeaux avec une croix et, au milieu, un sceptre.

31 Paul Petau (latinisé en Paulus Petavius) était un érudit et collectionneur né à Orléans en 1568 et mort à Paris en 1614. Intéressé à l’antiquaire, à la numismatique et à la chronologie, parmi ses œuvres on rappelle Antiquariae supellectilis portiuncula (1610), Veterum numismatum (1610). Il recueillit une grande collection d’antiquités, monnaies, livres et manuscrits, ces derniers cédés par son fils Alexandre à la reine Christine de Suède.

(24)

XX

manuscrits de la bibliothèque de Paul et de son fils Alexandre, dont le manuscrit ici décrit. Ensuite, en 1690, le codex fut choisi par Alexandre VIII Ottoboni pour sa bibliothèque personnelle et entra enfin à la Bibliothèque Vaticane en 1748(cf.D’AIUTO,VIAN 2011, p.

453-455).

Le feuillet 26r porte, à la suite de l’explicit, une signature et un monogramme composé de deux signes. Le nom écrit est «Loys de Luxembourg», et les signes qui le suivent sont deux boucles (peut-être des «LL» majuscules, donc un sigle) avec de petits points de décoration. Or, le seul nom de «Louis de Luxembourg» ne suffit pas pour préciser l’identité de ce personnage, possesseur (commanditaire ou héritier) du manuscrit. Dans la vaste et complexe lignée représentée par la famille de Luxembourg, dont l’arbre généalogique s’entrelace avec les comtes de Saint Pol et de Ligny, prolongeant ses branches dès Louis IX jusqu’au moins au XVIIe siècle, on trouverait en effet trois candidats possibles répondant au nom de Louis.32

Le premier est Louis de Luxembourg (1390-1443), évêque de Thérouanne et Ely, fils cadet de Jean de Luxembourg, comte de Brienne, et Marguerite d’Enghien et frère du Jean de Luxembourg qui vendit Jeanne d’Arc à Pierre Cauchon. Archevêque de Rouen dès 1437, en 1439 Louis était à Florence, où le pape Eugène IV le consacra cardinal et puis évêque du bourg romain de Frascati. Un lien avec Rome existe aussi dans la biographie d’un autre Louis de Luxembourg, petit-fils du premier et le dernier candidat en ordre chronologique (il mourut en 1503). Comte de Ligny et prince d’Altamura, ce Louis fut lieutenant de Charles VIII, qu’il accompagna auprès du pape en Vatican en janvier 1495, lorsque le souverain «fist son obéissance en personne à nostre dict Saint Père».33

Toutefois, ni l’ancien évêque de Frascati, ni le jeune lieutenant sauraient égaler la “candidature” de Louis de Luxembourg comte de Saint Pol et connétable de France, neveu du premier Louis et père du dernier. La preuve de son identité avec l’auteur de la signature de notre manuscrit réside dans la comparaison avec d’autres signatures placées dans le

colophon d’autres codex lui appartenant, ainsi que de documents d’archives signés par lui.34

Voici en particulier la mise en comparaison de la signature de l’Ott. Lat. 2207 avec celle du manuscrit de la BnF, fond français 12556, contenant le Brut de Wace d’Angleterre,35 et celle

du manuscrit de La Haye, KB 71 A 18, renfermant la quatrième décade de Tite-Live:36

32 Pour une histoire complète et la généalogie de la famille, cf. BONNABELLE 1880. Pour l’archevêque de Rouen, cf. aussi la biographie universelle de Feller (DE FELLER 1847-1850, sub voce). Une lettre autographe mais non signée du “premier Louis” se trouve dans BnF, ms. Baluze 11, ff. 27r-27v.

33 On possède une lettre rédigée de Louis à son cousin Philippe et date 21 janvier 1495. La lettre, conservée dans la Bibliothèque de Nantes (ms. 1100), est publiée dans DE LA PILORGERIE 1886, p. 122-158.

34 Consistant pour la plupart en des actes juridiques, des contrats de mariage et des baux, les documents concernant la maison de Luxembourg pendant la période en question se trouvent aux Archives Nationales, sous les cotes AP 166-172.

35 Ancienne cote: supplément français 186. Il s’agit d’un très beau manuscrit en parchemin, richement décoré et date du XVe siècle. Dans le colophon on lit les signatures de Louis de Luxembourg et de Marie, sa fille (cf. WIJSMAN 2005, p. 123-124 et 129).

36 Au-dessous de la signature de Louis, on lit très bien celle de Philippe de Clèves, le mari de sa nièce Marie (IBID., p. 123). Je remercie Hanno Wijsman, à qui je dois l’envoi de la photographie.

(25)

XXI

BAV, Vat. Ott. Lat. 2207, f. 26r (détail)

BnF, fr. 12556 f. 226r (détail)

La Haye, KB 71 A 18 (détail)37

37 Cf. notice de Den Haag, Koninklijke Bibliotheek, 071 A 16-18, dans la base Jonas-IRHT/CNRS. Consultation du 28/09/2015.

(26)

XXII

Né en 1418, Louis était le fils aîné (le premier de neuf) de Pierre de Luxembourg (frère de Louis), comte de Brienne, Conversano et Enghien, et de l’Italienne Marguerite de Baux (del Balzo), fille de François de Baux et de Sveva Orsini (PAVIOT 2000, p. 327). À la

mort de son père (1433), Louis hérita à la fois d’un patrimoine considérable et d’une position sociale élevée, qui firent de lui un des personnages les plus considérés de son époque. À cela s’ajoutèrent des relations familiales prestigieuses: à travers les mariages de ses sœurs Jacquette, Catherine et Isabelle, Louis acquit des liens avec Jean duc de Bedford, Arthur de Richemond comte de Bretagne et Charles d’Anjou. Par ses propres noces, ensuite, il se lia à Jeanne de Bar d’abord et, à la mort de celle-ci (1472), à Marie de Savoie. Fidèle à la fois au duc de Bourgogne et au roi de France, Louis paya de sa propre vie la neutralité qu’il essaya de maintenir pendant le conflit qui opposa Charles le Téméraire et Louis XI. Nommé connétable par le roi en 1465, Louis continua néanmoins à servir le duc de Bourgogne, sans pourtant parvenir à atteindre, comme l’avait fait son père, la prestigieuse admission à l’ordre de la Toison d’Or. Soupçonné à la fois par le duc et par le roi, en 1475 il fut capturé par le premier et déféré devant la justice royale, qui le fit décapiter par haute trahison le 19 décembre de la même année (WIJSMAN 2005, p. 120-

121).

L’attribution du manuscrit de Kf au connétable de France s’accorde avec la physionomie culturelle de Louis, bibliophile possesseur d’environ une soixantaine de manuscrits, et mécène ambitieux d’auteurs renommés tels qu’Antoine de la Sale et Jean Miélot.38 Une liste des manuscrits attribuables à Louis de Luxembourg a été dressée par

WIJSMAN 2005 et 2010, et contient des ouvrages variés, où un intérêt plutôt marqué pour

l’histoire (surtout les traductions de Tite-Live et les chroniques de Jean Froissart et de Baudoin d’Avesnes) se mêle à des textes didactiques (Christine de Pizan, Ciceron, Aristote), encyclopédiques (le Trésor) et religieux (la Bible historiale), mais aussi romanesques (dont le

Brut d’Angleterre duquel on a vu la signature, cf. WIJSMAN 2005, p. 122-123; WIJSMAN 2010,

p. 434). Certains livres datent d’une époque antérieure à la naissance de Louis, et constituent une partie de son héritage familial. La signature de Louis se trouve en effet dans le colophon du fr. 2633 de la BnF (la Chronique dite de Baudouin d’Avesnes), qui date de la fin du XIIIe, ainsi que dans le fr. 1317 (Connaissance du corps humain: explication des songes), daté du XIVe. Dans le premier codex, la signature s’accompagne de celle de sa nièce Marie, fille de Pierre II de Luxembourg et deuxième femme de François de Bourbon; dans le deuxième, par contre, on lit le nom de Philippe de Clèves, mari de l’autre fille de Pierre, Françoise de Luxembourg (WIJSMAN 2005, p. 124-125 et 121).

Quant aux “sources” possibles de la bibliothèque de Louis et aux échanges livresques que l’on pourrait y supposer, il faut prendre en compte les nombreuses et prestigieuses relations familiales du comte de Saint Pol, qui le lient à la fois au duc de Berry, au roi Charles V et à l’Aragon de Jean I. D’abord, d’échanges livresques peuvent s’imaginer entre les familles Luxembourg et Berry en France, Visconti et Savoie en Italie. Le lien serait assuré d’un côté par la famille maternelle de Louis (rappelons que sa mère était Marguerite de Baux, del Balzo), de l’autre par le fait que Louis de Luxembourg et Jean de Berry possédaient tous les deux des manuscrits appartenus à Bertrando de Rossi, comte de San

38 Les deux auteurs avaient travaillé respectivement au service des comtes d’Anjou et de Philippe le Bon. Pour la figure de Louis en tant que mécène, cf. WIJSMAN 2005, p. 136-142.

(27)

XXIII

Secondo, qui travaillait à Paris au service des Gonzaga. Ensuite, via Jacquette, sa sœur, Louis avait des contacts avec le duc de Bedford, qui après le traité de Troyes (1420) et la mort de Charles VI (1422) racheta la bibliothèque qui fut du roi de France Charles V. En fait, la précieuse Histoire universelle jusqu’à la mort de César conservée à Copenhague (KB, Thott 431 f) et rentrant dans les livres de Louis, appartint d’abord au roi de France. En outre, de son arrière-oncle Waleran III de Luxembourg-Ligny39 Louis obtint les manuscrits des Politiques et économiques d’Aristote (Jena, ThULB, El fol 91), et de La cité de Dieu de saint

Augustin (La Haye, KB, 72 A 22) dans les versions respectives de Nicole Oresme et de Raoul de Presles, à savoir les mêmes traductions qui avaient été réalisées à la demande de Charles V (WIJSMAN 2005, p. 127-128). Quant aux liens avec l’Aragon, la première épouse

de Louis, Jeanne de Bar, était non seulement la nièce de Charles VI, mais aussi la sœur de Yolande de Bar, mariée à Jean I d’Aragon (1350-1396).

En remontant à rebours le fil de la formation de la bibliothèque de Louis de Luxembourg, on entrevoit donc des liens possibles à la fois avec la bibliothèque royale de Charles V, et avec celle de la cour d’Aragon. Et s’il est bien connu que Charles V possédait des versions du Devisement du Monde,40 on verra que Jean d’Aragon possédait lui-aussi un

livre de Marco Polo (hérité peut-être de son père Pierre IV), et que son frère Martin I avait justement un exemplaire de la Version K.

1.3. Ka. Madrid, Real Biblioteca de l’Escorial, Z. I. 2 (I. c. 3 et I.≡.4)

1.3.1. Description

Codex en parchemin daté de la deuxième moitié de XIVe siècle, le Z. I. 2 est un grand manuscrit de 432 x 295 x 93 mm, le feuillet Ir mesurant 418 x 289 mm, avec une justification de 300/305 x 190/192 mm environ. Le manuscrit est ainsi structuré: [I]II (papier) + VI (parchemin) + 314 (parchemin) + II[I] (papier). Le recueil se compose d’abord de quatre feuillets de garde en papier, deux antérieurs et deux postérieurs, insérés au moment de la reliure et identiques aux contre-gardes (entre crochés carrés) collées sur les deux contre-plats. Après ces deux feuillets de gardes en papier, on trouve un cahier de six feuillets de garde en parchemin, numérotés en chiffres romaines réalisés en crayon dans l’angle droit supérieur de la page. Les ff. en parchemin V et VI sont blancs, mais on y voit le cadre de réglure et les rectrices. À la suite on a 38 cahiers de 8 ff. chacun, numérotés en chiffres arabes allant du 1 au 312 et oubliant une carte après le f. 19 et une autre à la fin. On compte des réclames tous les huit feuillets.41

Le prologue et les index (feuillets en parchemin I-IV) sont écrits en longues lignes (33 lignes par page). Les ff. restants sont écrits en deux colonnes, chacune de 30-32 lignes

39 Pour les circonstances de l’acquisition d’une partie de l’héritage livresque de Waleran, cf. IBID., p. 133-135. 40 Léopold Delisle en compte cinq (DELISLE 1907, vol. II, p. 142, n° 872-876). Aujourd’hui, le seul que l’on possède c’est le ms. Stockholm, Bibliothèque Royale, Holm. M 304, siglé C1 par BENEDETTO 1928, p. XLII et renfermant la version française Fr.

41 Réclames pour le texte de Marco Polo: «ya gentes» (63v), «husança» (71v), «que es» (79v), «archeros» (87v), «cia de luxuria» (95v), «Erminio» (103v).

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XXIV

avec bouts-de ligne à la fin.42 L’écriture est une gothique minuscule aragonaise typique du

dernier quart du XIVe siècle, en encre brune (sauf les rubriques rouges, dont certaines comportent des mots rejetés à la ligne suivante) et de module compris entre 6 mm pour les lettres basses et 7-8 mm pour les lettres hautes. Les trois premiers textes ont été réalisés par la même main, alors que le dernier texte fut rédigé par une main différente.43 Le récit de

Marco Polo, en outre, contient des notes marginales écrites par une main postérieure et en langue catalane.44 Tout au long du recueil on voit des notes en encre brune, pas toujours

lisibles; dans le Secretum, on trouve aussi des signes en crayon gris, tels que des croix ou des astérisques. Puisque certaines notes placées dans les marges externes sont interrompues par le bord de la page, on peut supposer que les feuillets aient été rognés dans la longueur.

Le décor se compose de lettres initiales de deux types: des initiales secondaires à bordure sur trois côtés et de couleur alternée bleue et rouge marquant le début de chaque paragraphe, et des initiales majeures placées en saillies dans la marge gauche et marquant les débuts de différents textes ou des divisions majeures à l’intérieur de chaque livre. Parmi ces initiales majeures, cinq sont historiées:

f. Ir – Le premier feuillet en parchemin, appartenant au fascicule I-VI montre le

portrait de Juan Fernández de Heredia. Le commanditaire du volume porte la veste noire avec la croix blanche typique de l’Ordre de Saint Jean de Jérusalem. La lettrine mesure 92 x 86 mm et présente à côté le reste de la consigne destinée à l’enlumineur où l’on lit le mot «barba», se référant à la barbe de Heredia.45

f. 1r – Portrait d’Hayton, 70 x 66 mm.

f. 58r – Portrait Marco Polo. Le voyageur est représenté avec des paquets de

marchandises. L’enluminure est un carré de 77, 5 mm de côté. On peut lire une autre indication pour le décorateur, écrite en langue provençale: «vinheta a un baston et que hi aia un mercader».

f. 113v – Portrait de Saint Augustin. Il se trouve au début du texte des Auctoridades. f. 254r – Portrait d’Aristote. Lié au commencement du Secreto Secretorum.

42 Voici le détail exact pour la portion consacrée au Marco Polo: «Thirty-two lines (284-300 x 75-82 mm.) 58r-63v, 72r-78v, 79v, 89v, 94r, 96r-104v; thirty-three lines (293-303 x 78-88 mm.) 64r-71v, 80r-89r, 90r-93v, 94v-95v; thirty-one lines (280-282 x 80 mm.) 79r», cf. NITTI 1980, p. XVIII.

43 Cf. IBID., p. XVIII.En fait, le Secreto montre, surtout à partir de la carte 292r, une graphie plus soignée, caractérisée en particulier par des décorations (boucles, volutes) insérées dans certaines lettres, notamment les

E majuscules.

44 Les notes sont: «nota que la trasmuntana se guarda por lo mig jorn» (65r); «nota nobleza de la gran ciutat de Quynsay» (84r); «nota que Marcho Pollo senyoreja la ciutat de Janguy por el gran can» (87v); «nota que en la islla de ianua... no vee la tramontana» (93r); «nota que en este realme no parece la trasmontana et es per lo gran ca» (93v); «nota nobles arbres» (93v); «nota dels homes que han coa com cans» (94r); «nota dels arbres que fan farina; (94r) «nota della gens que an dens con cans»; (95v) «nota que aquest rey tiene VM mullers» (94r); «nota com son orats aquesta gent ques crreman por amor de lur rey» (95v); «nota que aqui jas lo cors de sant Thomas» (96r); «nota que en esta tiera pintan los diablos blancos»; (97v) «nota com an longa vida los abramins» (96r); «nota dels grius» (100r); «nota de la gran font de oli» (194r). Outre ces notes bien lisibles, on trouve des notes incomplètes, notamment aux ff. 67r (dans la marge interne on lit «bierta» et «todo»; la marge externe porte un «ma...» coupé), 70r («+ ali»), 78r («lievan los», marge interne), 95v (outre les notes signalées plus haut, on en trouve une autre, illisible, dans le coin supérieur à gauche). Enfin, on a plusieurs essais d’écriture, notamment aux ff. 82r, 83r, et des traces de peinture rouge au f. 102r.

45 Le même portait se retrouve dans d’autres mss. fait exécuter par Heredia, et présentant tous une iconographie analogue, cf. CORTÉS AFERESE 1996, p. 50-52.

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XXV

Le manuscrit Z. I. 2 est un manuscrit hétérogène, qui se compose de quatre ouvrages différents précédés d’une description moderne du contenu, un prologue général et un index. En écriture cursive moderne46 et en encre marron clair, la description du

contenu se lit dans le deuxième feuillet de garde (feuillet en papier IIr, 417 x 277 mm), au-dessus de l’ancienne cote barrée «I. ≡. 4» centrée en haut de la page:

Relación e historia de los reinos orientales, especialmente de los Tartaros, y del modo que se podría tener en pasar a la conquista de la Tierra Santa, compuesta por fray Haiton hermano del rey de Armenia, el qual los andubo  llamase aqui este libro, Flor de las historias de Oriente, y Pasage de la Tierra Santa. || Doctrinas y documentos

para gobernar republicas y comunidades, sacados de la sagrada escriptura, doctores santos y sabios antiguos fol 105. Aristoteles, de Secreto Secretorum  este libro compuso Aristoteles a petición de Alexandro Magno: tratanse en el particularidades y secretos de diversas sciencias  fol. 254.47

Au-dessous, une autre cote barrée («I. C. 3») est remplacée par la cote actuelle, écrite en module majeur; plus en bas, la même cote est écrite en crayon rouge. Le prologue général du volume se lit dans le premier feuillet de parchemin, le f. Ir (418 x 289 mm, justification: 300 x 193), écrit en longues lignes. L’index occupe les feuillets IIr-IVr. Au f. IIIr on lit le nombre «26» (en chiffres arabes, en correspondance du deuxième chapitre d’Hayton) en haut de page a droite, et, plus en bas, l’indication «folio 58», qui signale le début du récit de Marco Polo. Réalisées en crayon bleu, ces deux notations relèvent d’une écriture cursive et d’une main moderne. Le f. IVr est partiellement blanc, mais les 34 rayures tracées en encre brun restent bien visibles

Le recueil contient:

ff. 1a-57d – «Flor de las ystorias de orient». Version aragonaise de l’ouvrage rédigé par le prince arménien Hayton. Le f. 1 mesure 415 x 294 mm; la justification (300 x 205 mm) est encadrée par des décorations végétales. Lettrine illuminé avec le portait d’Hayton (cf. Supra). Le feuillet porte le cachet de la bibliothèque.

ff. 58a-104c. ― Le texte de Marco Polo en aragonais (non mentionné par le prologue-index, cf. Infra). Le feuillet 58 mesure 415 x 283 mm (justification: 290 x 178). Le texte se repartit dans deux colonnes de 750 mm de largeur, séparées l’une de l’autre de 27 mm. Lettrine illuminée avec le portait de Polo (cf. Supra). Au bas de la page, on lit le guide pour l’enlumineur «vinheta a un baston et que hi aia un mercader» (cf. Infra).

Incipit: «Primerament, quando hombre cavalga XXX jornadas del grant desierto

qui se clama el desierto del Lobo, troba hombre una grant ciudat que se clama la ciudat del Lobo, et aquel desierto dura de traviesso XXX jornadas, et de luengo un anyo».

Explicit: «Et otra cosa no sé que pueda dir, por que fago fin en aquesti present

libro. Finito libro».

ff. 105a-250d – Un recueil d’auctoritates (partiellement tirés des Factorum ac dictorum

memorabilium par Valerio Massimo, cf. MENEGHETTI 2011, p. 79) nommé «Auctoridades de

46 Comme la reliure, l’index date du XVIe siècle, cf. ZARCO CUEVAS 1929, 3, p. 58-60. 47 Pour les critères suivis dans cette transcription, cf. les Critères d’éditions de Ka.

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XXVI

los doctores de la Yglesia» dans le prologue-index (cf. Infra), et «Rams de Flors» à l’intérieur de l’ouvrage.

ff. 254a-312d – Le Secreto de los Secretos (lui aussi omis dans l’index), version aragonaise du Secreto Secretorum pseudo-aristotélicien.

Le dernier feuillet de garde, qui précède la contre-garde collée sur le contre-plat, porte le nombre «276», réalisé en chiffres arabes dans le coin gauche supérieur du recto; main moderne.

Les quatre textes sont réunis par une reliure datant du XVIe siècle, réalisée en cuir marron clair sur carton gris et mesurant 430 x 290 x 90 mm, protégée par une couverte en tissu rouge mesurant 432 x 295 x 93 mm. Le plat antérieur porte des décors floraux aux marges et le cachet de la bibliothèque en milieu, entouré de motifs végétaux. L’ex-libris est un bouclier grillé symbolisant le martyre du saint qui donne son nom au monastère, saint Laurent. Doré comme les bords de la reliure, le dos est à quatre nerfs et porte l’écriture «F. HAYTON» en lettres capitales de couleur brune et hauteur de 50 mm. Au-dessous, on trouve

le chiffre «2», de la cote actuelle Z. I. 2, alors qu’en bas il y a le chiffre «3» se référant à l’ancienne cote du volume.48 Nitti remarque que la reliure actuelle du dos en a remplacé une

autre plus ancienne réalisée en cuir rouge et encore visible (NITTI 1980, p. XVII).

1.3.2. Histoire

Le manuscrit Z. I. 2 vient de la Chapelle Royale de Granada, d’où il fut transféré en 1591; avant cette date, il était dans la bibliothèque d’Isabelle la Catholique.49 Sa

réalisation est étroitement liée aux intérêts de son commanditaire, Juan Hernandez de Heredia. Né à Munébrega (Catalayud) entre 1310 et 1315, le fils d’un caballero de Jaume II et de la reine Léonor, Juan Hernandez de Heredia fut l’un des personnages les plus charismatiques et prismatiques de son temps, une figure de premier plan à la fois pour ce qui est du pouvoir politique et dans le domaine des lettres et des savoirs. Parmi les données biographiques qui émergent de la très vaste bibliographie le concernant,50 on pourrait

sélectionner deux dates clés, 1346 et 1374, qui représentent les limites des deux périodes biographiques principales de sa longue vie. La première, de 1346 à 1380, voit Heredia serviteur fidèle et dévot de Pierre IV el Cerimoniós. Devenu castellán d’Amposta à la place de Sancho de Aragon (oncle du roi) en 1346,51 dès lors Heredia fut le loyal et valide

collaborateur du souverain, qu’il aida sur le plan politique et dont il nourrit aussi les intérêts

48 Le manuscrit Escorial H. I. 5 contient un inventaire du fond espagnol de la Bibliothèque, rédigé à la fin du XVIe siècle. Au f. 147, le Z. I. 2 apparaît sous la cote I. C. 3, corrigée ensuite en I. ≡. 4. L’inventaire enregistre seulement le premier texte: «Haiton hermano del Rey de Armenia relación e historia de los Reynos orientales especialmente de los Tartaros, y del modo que se podría tener en passar a la Conquista de la Tierra Sancta, pergamino. I. C. 3. I. ≡. 4».

49 En l’an de 1591, Philippe II ordonna le déménagement auprès du monastère de l’Escorial du fond libraire lié à Isabelle de Castille, qui se trouvait à la Capilla Real. Dans les inventaires des livres provenant de la Chapelle, le Z. I. 2 apparaît encore seulement sous le titre de la Flor, cf. RUIZ GARCIA 2004, p. 55 et p. 446.

D’après Padre Guillermo Antolín, Isabel reçut le livre en héritage de son père Jean II, qui a son tour l’eut d’Henri d’Aragon, cf. ZARCO CUEVAS 1929, vol. 3, p. 58-60.

50 Le travail le plus complet (qui recueille de contributions seront évoquées tout le long de ce paragraphe) est EGIDO,ENGUITA 1996. Une bibliographie ultérieure est citée par NITTI 1980, p. XX, et LEDESMA RUBIO

1996, p. 20.

51 Pour les circonstances dans lesquelles Heredia parvint à s’emparer de la place de Don Sancho, cf. NITTI 1980, p. XX et LEDESMA RUBIO 1996, p. 20.

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