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X. DE D'ICONOGRAPHIE

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T R A I T É

D'ICONOGRAPHIE

CHRÉTIENNE

P A R

M** X . BARBIER DE MONTAUtT

PRÉLAT DE LA MAISON DE SA SAINTETÉ

O r n é d e 3 9 P l a n c h e s c o m p r e n a n t 3 9 4 D e s s i n s P A R M . H E N R I N O D E T , ARCHITECTE T O M E S E C O N D N O U V E L L E É D I T I O N

PARIS

SOCIÉTÉ DE LIBRAIRIE ECCLÉSIASTIQUE E T R E L I G I E U S E

13, RUE DEL AMBRE, 13

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TRAITÉ

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ICONOGRAPHIE CHRÉTIENNE

ANGES, DÉMONS.

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L I V R E . X

LES ANGES ET LES DÉMONS

CHAPITRE I

LES ANGES

1. — Ange dérive du latin angélus, qui traduit littéralement le grecayy&oç ; il signifie envoyé, messager. L'ange est, en effet, le héraut de Dieu dans ses rapports avec la terre.

2. — Il y a quatre opinions sur le moment précis de la création des anges. Dans la première, ils correspondent au premier jour, qui est celui de la lumière ; le xnic siècle, à Chartres, les fait créer en

même temps que le firmament où il les* place, c'est-à-dire le second jour ; dans les livres d'heures, ils sont créés seulement au cin-quième : Dieu, par sa bénédiction, les faitéclore dans le ciel, où ils apparaissent à mi-corps et alors leur est appliqué ce texte de la Genèse : « Creavit Deus omnem animam viventem secundum ge-n u s s u u m » (i, 21) ; ege-nfige-n, ils auraiege-nt suivi la créatioge-n matérielle, dont ils sont le complément {fresque de Buffumalco,au Campo santo

de Pise, xive s.).

3 . — Le nombre des anges est considérable. En effet, Notre

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2 TRAITÉ D'ICONOGRAPHIE

Seigneur, lors de sa Passion,dit à Saint Pierre: «An putas quia non possum rogare Patrem m e u m , et exhibebit mihi modo plusquam duodecim legiones angelorum? » {S. Mntth^ xxvi, 53).

4. — Les anges étant de purs esprits, l'art a dû, pour les rendre visibles, leur donner une forme matérielle : il a pris, en consé-quence, la plus belle et la plus noble, qui est la forme humaine que souvent il a cherché à idéaliser, pour la rendre le plus i m m a -térielle possible.

Deux systèmes ont été adoptés: l'ange a clé figuré homme ou

enfant^ vêtu ou «//, avec ou sans sexe.

L'homme est un adolescent, à figure imberbe ou un h o m m e fait, de vingt-cinq à trente ans, mais sans barbe, pour exprimer sa jeunesse éternelle. Lorsque les trois Maries arrivent au sépulcre, elles y rencontrent un ange sous les traits d'un jeune h o m m e : « tët inlrocuntes in monumentum, viderunt juvenem sedentem in dextris, coopertum stola candida » (S. ilurc, xvi, 5.). A l'Ascen-sion, ce sont deux /tommes qui parlent aux apôtres : « Gumque in-luerentur in cœlum eunlem illum, ecce duo viri astiterunt juxta i l l o s i n vestibus albis » (Aet. apost^ i, lu). Aussi l'art des premiers siècles n'a-t-il pas donné d'ailes à ses anges, ce qui les rend encore plus semblables h des hommes.

La virilité des traits et du corps n'entraîne nullement la consta-tation du sexe, erreur grave dans laquelle est tombée la renais-sance et que contredit formellement l'Évangile: « Gum enim a mortuis resurrexerint, nequo nubent neque nubentur, sed sunt si-cut angeli in cœlis * (6\ Marc, x n , 25). Le sexe masculin, le seul qui leur ait été donné, ne convient pas, puisqu'il est le signe de l'infirmité et du mariage, deux choses purement matérielles, en rapport avec la terre.

La forme en enfant se manifeste surtout à partir de la renais-sance et on Ta adoptée comme symbole de candeur et d'inno-cence.

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LIVRE DIXIÈME. — LES ANGES ET LES DÉMONS 3

parties seulement. Entier, c'est l'homme complet; par parties, on lui enlève successivement les pieds, les jambes et le buste. De la sorte il est de moins en moins matériel et réduit à l'élément indis-pensable pour représenter une créature vivante et intelligente.

Le corps alourdit l'être: en lui cnleva:it les pieds, on le dégage de la terre. L'école giottesque les supprime ou tout au moins les dissimule sous une longue robe traînante.

La partie inférieure du corps, dont la Fonction est foule animale, a été également omise p a r l e s peintres italiens du xivc siècle, qui

ont compris que la forme humaine ne comportait ni les besoins ni les passions de l'humanité. L'ange en buslc émerge dès nuages et les facultés dont il est doué se condensent dans sa poitrine, où bat

le cœur, et dans sa tête, siège de l'intelligence

Enfin, le corps, diminué de plus en plus, ne garde plus qu'une

tête, ce qui donne encore davantage l'idée d'un être ne vivant

au-c u n e m e n t de la vie matérielle et terrestre. Cette forme a prévalu surtout depuis la renaissance.

0. — T r o i s choses caractérisent l'ange: le nimbe, les pieds nus et les ailes. Le nimbe est l'attribut de la sainteté; on le complète souvent par le diadème, qui signifie lu gloire. La nudité des pieds est un signe de mission dans le monde et de glorification ; cepen-dant elle n'est pas toujours absolue: en Italie, on ajoute des

san-dales, ce qui est l'équivalent, tandis que les Byzantins et les Latins,

qui ont subi l'influence de l'Orient, chaussent les pieds de brode-quins.

Les ailes sont utiles pour remplir la mission confiée et pour exprimer la rapidité avec laquelle s'accomplit le commandement reçu. Elles sont c o m m e celles des oiseaux, en plumes blanches ou multicolores : au x ve siècle, on adopta de préférence les plumes

de paon (tapisseries de la cath. d'Angers). 11 y en a deux, fixées aux é p a u l e s ; quelquefois quatre, dont deux couvrent la partie i n -férieure du corps; ou encore six, dont deux attachées au cou et dressées derrière la tête, de façon à dessiner une croix. Les ailes

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4 TRAITÉ l/lCONOGRÀPHIE

sont abaissées, au repos; volantes% quand îl y a un ordre à exécuter ;

un système mixte consiste à abaisser une aile et dresser l'autre, ce qui indique une mission temporaire.

7. — Les anges habitent le ciel et se groupent autour de Dieu : « Et omnes angeli stabant in circuitu throni » (Off. de la Tous-saint). Ils émergent des nuages ou volent dans les airs. Sur terre, ils remplissent la mission spéciale qui leur a été assignée.

8. — Leur costume comprend un ou deux vêtements, tunique seule ou tunique et manteau, de couleur blanche, c o m m e le dit l'Evangile. La tunique est longue, en forme de robe, recouvrant parfois les pieds, ceinte \\ la taille et souvent ornée d'orfrois; la renaissance l'échancre sur les côtés, de manière à ne pas gêner la marche, mais à produire un effet do nu et ajoute souvent une seconde ceinture sous les aisselles. Le manteau se jette sur les épaules et est ramené en avant.

Au x ve siècle, on les revêt de F aube et de Famict à paiement ;

puis on y ajoute une étolc croisée sur la poitrine et aussi une

dalmatique ou une chape de couleur, parce que les considérant

c o m m e ministres de Dieu, on leur attribue les mômes vêtements qu'aux ministres des autels.

9. — Leurs attributs ordinaires s o n t : un bdlon pommelé, signe distinctif de leur mission ; un bouclier, quand ils combattent; un

étendard^ car ils appartiennent à la milice céleste ; le [/lobe du

monde, pour exprimer la puissance céleste qui les d é l è g u e ; un

glaive ou une lance, qui en fait des guerriers ; nno palme, symbole

du triomphe ; le sceau de Dieu, marqué d'une croix ou du chrismo ; un sceptre, car ils représontent le roi des cieux ; des yeuxt répartis

sur les ailes, car ils voient tout.

1 0 . — A consulter. Didrou, Iconoyraphie des anges, dans les

Annales archéologiques, t. XI, XIF, XVIII ; Yan Drivai JJiconographie des anges (Arras 18(W, in 8°), extr. de la Revue de l'art chrétien,

t. x.

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LIVRE DIXIÈME. — LES ANGES ET LES DÉMONS 5

CHAPITRE 11

LES FONCTIONS DES ANGES

1. — Les fonctions des anges sont multiples: cependant on peut les diviser en deux catégories, suivant que leur rôle est historique ou mystique.

J'entends par rôle historique celai que leur assigne la Bible ou qui est mentionné dans la liturgie et les vies des saints: il en sera question le cas échéant.

Le rôle mystique est une conception purement artistique et qui repose sur un sentiment pieux.

2. — Les anges forment, au ciel, la cour céleste, attendant les ordres de Dieu, le louant et l'adorant : « Ceciderunt in conspeetu throni in faciès suas et adoraverunt Deum. » [Off. de la Toussaint).

Le Christ, dans 'sa vie mortelle, les associe à sa naissance, à sa fuite en Egypte, au baptême, où ils tiennent les vêtements; à sa passion, dont ils portent les instruments ; à sa mort, qu'ils pleu-rent et où ils recueillent son sang ; à sa déposition de la croix, soutenant le cadavre ; à son ascension, soulevant son auréole, de m ê m e qu'à sa majesté et enfin l'escortant au jugement dernier.

Porugin, x ve s. — Fig. 198. Ango à six ailes ocellées, x i i r s . —

Fig. 199. Ange sans jambes, xiv° s. — Fig. 200. A n g e chaussé, x ne s. — Fig. 201. Ange sandale, x uc s. — Fig. 202. Ange en aube :

armoire de Noyon, xiv° s. — Fig. 203. Ange chape : chasse de sainte Ursule, x ve s. — Fig. 201. Ange avec le bâton pomiaoié,

ivoire grec, x° s. — Fig. 205. Ange tenant le siqnum Dei : coupe émailléc au Louvre, xm° s.

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6 TRAITÉ D'ICONOGRAPHIE

La Vierge y a droit é g a l e m e n t ; ils la servent au t e m p l e , l'enlè • vent n son assomption, la c o u r o n n e n t et assistent à son t r i o m p h e . L'Eglise la proclame reine des a n g e s , « r e g i n a a n g e l o r u m , domi-n a a domi-n g e l o r u m , » élevée au-dessus des a domi-n g e s : « Exaltata est S a domi-n c t a Dei g e n i t r i x super choros a n g e l o r u m ad crrlestia r é g n a » (Off> de l'Assomption).

Souvent, ils escortent les s a i n t s , p o r t a n t leurs a t t r i b u t s .

3. — R e l a t i v e m e n t aux âmes, ils les portent au ciel, les appellent au j u g e m e n t d e r n i e r , font la séparation des bons et des m é c h a n t s , d o n n a n t des c o u r o n n e s aux élus, i n t r o d u i s a n t d a n s le séjour des b i e n h e u r e u x : « In p a r a d i s u m d e d u c a n t t e a n g e l i . Chorus a n g e -l o r u m te suscipiat. Occurrite, a n g e -l i Domini, suscipientes a n i m a m cjus, offorentes cam in conspectu Altissimi. » (Rit. Rom.)

4. — S u r terre, on leur r e m e t aux m a i n s les i n s t r u m e n t s du saint sacrifice (cath. de Reims, x n ic s.), ils soutiennent, le croissant de l'ostensoir, portent les saintes reliques, Pécusson des d o n a t e u r s ou des défunts, veillent s u r les t o m b e s : « Deus, cujus m i s e -r a t i o n e a n i m a i fidelium -r e q u i e s c u n t , h u n e t u m u l u m benedice-re d i g n a r e eique a n g e l u m t u u m s a n c t u m députa c u s t o d e m . » (Rit. Rom.)

5. — Les a n g e s sont debout* h genoux, votants, s u i v a n t leur

rôle.

Agenouilés, ils adorent, soit Dieu, soit l'Eucharistie, qu'ils r e g a r -dent en face, car c'est le x v n0 siècle seulement qui a eu l'idée s a u g r e n u e de leur faire baisser les yeux, témoin cette h y m n e du bréviaire parisien : « N u b u n t q u e vultus angeli. »

AcoIytkeS) ils t i e n n e n t un chandelier ou un encensoir., p o u r h o n o -rer Dieu, la Vierge, les saints et les défunts.

Musiciens, ils c h a n t e n t et s ' a c c o m p a g n e n t d ' i n s t r u m e n t s divers. On leur m e t alors e n t r e les m a i n s un rouleau n o t é , u n livre ins-crit a u Sanctus, un phylactère é c r i t .

fi. — Dans l'Apocalypse, sept a n g e s sont s p é c i a l e m e n t c h a r g é s de châtier la terre : ils s o n n e n t de la trompette et c h a c u n d'eux

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LIVRE DIXIÈME. — LES ANGES ET LES DÉMONS 7

CHAPITRE III

L E S A N G E S G A R D I E N S

1. — Chaque fidèle, au b a p t ê m e , est mis sous la protection d'un a n g e spécial, qui l'assiste p e n d a n t sa vie et h sa m o r t . La liturgie a, le p r e m i e r octobre, u n e fête des saints anges g a r d i e n s , m a i s elle est d'institution r é c e n t e .

2. — Il en est de m ê m e de l'iconographie, qui n e remonte pas au-delà du x v nc siècle.

L'ange p r e n d p a r la m a i n u n enfant, pour le conduire a u ciel qu'il lui m o n t r e et le d é t o u r n e r soit du démon, représenté p a r "un serpent, soit de Y enfer \ il lui a p p r e n d aussi à prier. S u r une toile de 1018, à l'église de Sainte P u d e n t i e n n e , à Rome, l'enfant estnw, c'est-dire sans défense : il tient son cœur à la main, e m b l è m e de sa cha-rité ; u n e a i g r e t t e de feu brille s u r sa tête, pour i n d i q u e r sa foi et Fange lui p r é s e n t e u n e ancre d'or, c'est dire qu'il lui enseigne la p r a t i q u e des. trois vertus théologales.

La scène se complète p a r cette inscription, gravée à la frise de la porte Angélique, à Rome : « Angelis suis m a n d a v i t de te ut c u s t o d i a n t te in o m n i b u s viis t u i s » (Ps. xc, 11) ou cette a u t r e ,

rele-préside à un fléau : « Et septem a n g e l i , qui habebant septem t u b a s , p r œ p a r a v e r u n t s e ut tuba c a n e r e n t . Et primus a n g é l u s tuba cecinit et facta est g r a n d o et ignis mixta in sanguine et m i s s u m est in t e r r a m et tertia p a r s t e r n e c o m b u s t a est. » {Ap.7 vin, G, 7.)

7. — Types iconographiques. Fig. 20<>. Ange thuriféraire, tombe du x i ve s., a Châlons sur Marne. — F i g . 2 0 7 . Ange céroféraire, clo-c h e de J o i g n y , x ve s. — Fig. 208. Ange présentant des couron-nes aux élus : tombe de Châlons, x i ve s.

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8 TRAITÉ D'ICONOGRAPHIE

vée d a n s l'archidiocèse de B é n é v e n t : « Datus s u m tibi ut praeco-d a m et custopraeco-diam te in via et i n t r o praeco-d u c a m le apraeco-d c œ l u m . » [ExocL, XXIII.)

3 . — L ' i c o n o g r a p h i e a aussi préposé des a n g e s à la g a r d e des planètes : au x i ac siècle surtout, le soleil et la lune sont t e n u s p a r des a n g e s .

4. — Type iconographique. Fig. 209. Ange g a r d i e n défendant u n e j e u n e fille contre l'assaut du d é m o n , m i n i a t u r e du xvn° s.

CHAPITRE IV

L E S A N G E S A P O G R Y P H E S

1. — Le moyen âge a invoqué des a n g e s que l'Eglise ne r e c o n -n a î t pas et qu'elle a m ê m e formelleme-nt c o -n d a m -n é s , e -n t r ' a u t r e s a u v me siècle, au concile de Rome présidé p a r le pape Z a c h a r i e . Les gnostiques en sont p r o b a b l e m e n t les a u t e u r s , la m a g i e a c o n t i n u é .

2. — Dans les mosaïques de R o m e et de Ravenne, le Christ est assisté p a r q u a t r e a r c h a n g e s . T r o i s sont c o n n u s : Michel,Gabriel et Raphaël ; le q u a t r i è m e est Uriel, n o m m é trois fois d a n s le 4« livre d'Esdras: « Angélus.qui missus est ad me,cui n o m e n Uriel » (rv,i); « Mihi m a n d a v i t Uriel a n g é l u s » (v, 20) ; «Ubi est Uriel a n g é -lus ? » (x, 28). Uriel est désigné n o m m é m e n t s u r le moule h vase l i t u r g i q u e du m u s é e d'Orléans (vncs.), et le n œ u d d ' u n e crosse d'ivoire du Musée de Lyon (xic s.) Il était invoqué à Milan.

A la fin du xv° siècle, P é r u g i n a peint au Vatican les q u a t r e ar-c h a n g e s : Miar-chel, Gabriel, R a p h a ë l et Uriel.

3. — Au maHyrium de Poitiers, et sur le moule d'Orléans, le q u a -trième a n g e est appelé Raguel. Or Raguel est p r é c i s é m e n t un de

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LIVRE DIXIÈME. — LES ANGES ET LES DÉMONS 9

CHAPITRE V

LES NEUF CHOEURS DES AfiGES

1. — Les anges ne sont pas tous égaux ; entr'euxest établie une hiérarchie, basée ô la fois sur l'enseignement de S. Paul, de

S. Denis l'Aréopagiteet de la liturgie.

S- Paul n o m m e les Principautés, les Puissances, les Vertus, • les Dominations et les Trônes (AdEphes., i, 20-21 ; adColossen.ji, 16)". Les préfaces de la messe désignent les Anges, les Archanges, les Trônes, les Dominations, les Puissances, les Vertus et les Séra-phins. Dans le Te Deum, nous n'avons que les Anges, les Cieux ou Trônes, les Chérubins, les Séraphins et les Puissances. Cette nomenclature est incomplète, parce qu'elle ne comprend que cinq ou sept ordres d'anges.

S. Denis, plus explicite, établit trois familles, c h a c u n e de trois groupes : Conseillers; Séraphins. Chérubins, Trônes. Gouverneurs : Dominations, Vertus, Puissances. Ministres : Principautés, Archanges, Anges.

2 . — Les Séraphins, wSeraphim», sont nu premier rang. En hé-breu, Seraphim veut dire brûler : ce sont les anges do l'amour. Ils ont donc l'ardeur et la couleur du feu ; ils sont complètement

rouges, visages et ailes. Les ailes, au nombre de six, couvrent e n

-ceux qui, avec Uriel, ont été réprouvés au concile romain. Ce nom signifie Pasior Dei.

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10 T R A I T É D ' I C O N O G R A P H I E

tièroment le corps. On leur met en main une épée flamboyante ou des flamme* (onth. de Chartres, \ n f s . ) , et chez les Byzantins, un double flnhelhnn avec l'inscription : Saint, saint, saint, ; au tom-beau de S. Pierre de Vérone, h Milan (1338), ils tiennnent un

chan-delier allumé. Ce fut un séraphin qui purifia les lèvres d'Isaïc avec

un charbon ardent, un dos deux qui formaient le trône de Dieu : * Vidi Dominum sedentpm super solium excelsum et clcvatum... Seraphim stabant super illud, sex nia? uni et sex alœ alteri : bus velabant faciemejus, et duabus velabant pedes ejus et dua-bus volabant et elamabant alter ad altcrum et dicebant: Sanc-tus, Sanclus, SaneSanc-tus, Domînus Dous exercituum, plena est omiiis terra g l o r i a e j u s » (Is., vi, 1-3).

L'ordre des Séraphins fut fondé en Suède l'an 1334. Les che-valiers portaient au cou un collier, formé de têtes de séra-phins ailées, or et rouge, alternant avec des croix à double croi-sillon ; le médaillon qui y pendait était marqué au monogramme du nom do Jésus, accompagné des quatre clous de la Passion, sur c h a m p d'azur.

3. — Cherubim-, en hébreu, signifie proche,assistant. Anges de la doctrine, les Chérubins ont six ailes, entourant une tete seule, sans corps apparent: le tout est bleu. Deux chérubins étendaient leurs ailes versTarche d'alliance, c o m m e Dieu l'avait commandé à Moïse: » Duos quoque cherubim aureos et productiles faciès ex utraque parte oraculi. Cherubim unus sit i n l a l e r e uno et alter in altero. Utrumque latus propitiatorii tegant, expandentes alas et operientes oraculum, respiciantquo se mutuo versis vultibus »

(Exod., xxv, 18-20), Le tombeau de Saint Pierre de Vérone leur

attribue trois livres fermés, emblème de la Trinité et un phylac-tère, à cause de l'unité de Dieu. Dieu est assis sur les Chérubins et c'est eux qui l'enlèvent aux cieux : « Qui sedes super Cherubim »

{Ps. L X X I X , 2) . « Inclinavit c œ l o s e t descendit... Et ascendit super

Cherubim etvolavit » (Ps. xvn, 10-11).

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LIVRE DIXIÈME. — LES ANGES ET LES DÉMONS H

« Aspiciebam donec throni positi sunt et antiquus dierum sedit.*. thronus ejus flamma ignis, rote ejus ignisaccensus. » (Daniel, v u , 9). Les roues, enlacées les unes dans les autres, 'sont embrasées et

ailées, car leur course est rapide; elles sont parsemées d'yeux,

pour exprimer qu'elles sont à la fois intelligentes et animées. Tel est le type des Byzantins. A Chartres, le Trône, à six ailes ocellées, est debout sur une voue \ h. Milan, il a râpée et Dieu dans une au-réole.

5. — Les Dominations, « Dominationes », chez les Grecs, ont pour attributs : une aube, une ceinture d'or et une étole verte ; une

baguette d'or ou un sceptre terminé par une croix et le sceau de Dieu-, inscrit à son nom.

A Chartres, le x i n8 siècle les habille richement, tunique et

man-teau, et leur donne, c o m m e eux rois, le sceptre et la couronne*, à. Milan, elles ont le sceptre et le

globe-G. — Les Vertus, « Virtutes », se confondent pour les attributs avec les Dominations. La baguette leur convient, c o m m e à Moïse, car ce sont elles qui opèrent les miracles et les prodiges, dit Isi-dore de Séville : « Septimus gradus spiritualium ministrationum Virtutes nominantur, per quos spiritus virtutes et signa et mira-bilia in hominibus sajpe factitantur ». A Milan, elles tendent les mains vers le ciel, pour signifier que Dieu seul opère par elles : « qui facit mirabilia solus » (Ps. LXXT, 18).

7. — Les Puissances^ « Potestates » combattent les démons, c o m m e le chante une ancienne h y m n e :

Potestates viribus D œ m o n e s arcere Soient, n e h o m i n i b u s Queant prcovalcre.

Leurs attributs consistent dans Vaube, la baguette d'or, le sceau de Dieu et le sceptre, ce qui ne les différencie pas suffisamment; à Milan, leur poing fermé indique le combat et la victoire est expri-mée par le démon qu'elles foulent aux pieds.

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12 TRAITÉ D'ICONOGRAPHIE

8. — Les Principautés, « Principatus », chez les Byzantins, se re-connaissent h leurs armes, hache ou javelot; à leur costume de

guerrier; à un lis fleuri et au sceau de Dieu. A Chartres, leurs

at-tributs s o n t : Y aube, la dalmatique et Yêvangéliaire, car dit Saint Isidore.elles sont établies « ad explenda Dei ministeria qua?. facere subjecti debeant » et à c e titre on les assimile aux diacres. Milan leur met en main un roc/ter, surmonté d'un château fort.

9. — L e s Archanges, « Archangeli », ont le costume militaire, tunique et manteau, glaive, lance et bouclier ; les Grecs y ajou-tent le sceau de Dieu. A Milan, le phylactère dénote qu'ils sont des messagers célestes et parlent au nom de Dieu.

10. — Les Anges, « Angeli », figurent au dernier rang. Le pre-mier chapitre de ce livre leur a été entièrement consacré. A Mi-lan, ils montrent une jeune fille, qui est la Vérité, parce qu'ils ont combattu pour elle.

11. — Los neuf chœurs ont été symbolisés par neuf pierres pré-cieuses et neuf couleurs :

Séraphins: escarbouclc, rouge. Chérubins : topase, blanc. Trônes : crysolithe, vert et or.

Dominations: onyx, pourpre et blanc, Vertus : saphir, bleu.

Puissances : émeraude, vert. Principautés: sardoine, rose. Archanges: béryl, violet. Anges: jaspe, vert foncé.

12. — Types iconographiques. Fig. 210. Chérubin, m?, grec au Vatican, v mc s. — Fig. 211. Séraphin sur Trône,sculpt. de la c a l h .

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LIVRE DIXIÈME. — LES ANGES ET LES DÉMONS 13

C H A P I T R E V I

LES ARCHANGES

1. — Saint Isidore appelle les archanges les ambassadeurs : * Ar-c h a n g e l i , id est hominis nuntii voAr-cantur, per quos majora quœ-que bominibus nuntiantur». Parmi eux, trois, spécialement dési-g n é s par VEcriture,ont joui d'un culte exceptionnel dans l'Édési-glise ; ce sont Saint Michel, Saint Gabriel et Saint Raphaël.

2. — Rarement, on les voit associés ensemble, à cause de la sy-métrie, qui préfère deux ou quatre. Cependant ils accompagnent le Christ sur l'autel d'or de la cathédrale de Baie, qui est au mu-sée de Cluny et qui date du x ic s i è c l e ; l'inscription les désigne

a i n s i : Quis sicut el, Forêts, Medicus, c'est à-dire par la significa-tion de leurs noms hébreux. Le XTI° siècle les a assis sur le pied

d'un crucifix d'autel (coll. Debruge), où ils tiennent dans un mé-daillon leur nom hébreu avec sa traduction : Michael, quis ut Deus.

Gabriel, forlitudo Dei. Raphaël ,medicina Dei.

Saint Michel et Saint Gabriel sont figurés dans les mosaïques do Ravenne au vi" siècle et à T'arme, au xu°, ils assistent à la cru-cifixion;

3. — Michel signifie en hébreu qui est comme Dieu, cri qu'il prononça lors d e l à révolte des anges. La liturgie lui assigne un triple rôle: chef de la milice céleste, ministre de l'autel,

introduc-teur des âmes.

Costumé en guerrier, il est vêtu du casque et do la cuirasse, armé du bouclier, d'un glaive ou d'une lance, quelquefois de la

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ÎA TRAITÉ D'ICONOGRAPHIE

d ' u n dragon (à Milan, d ' u n crapaud) et le tient e n c h a î n é ou le p e r c e de la croix. Chef de la milice céleste, il a en m a i n u n êtendard,ù\iiouv duquel se g r o u p e n t les a n g e s fidèles. « Signifer s a n c -tus Michael ». {Messe des morts). « F a c t u m est silentium in cœlo d u m draco c o m m i l t e r e t bellum et Michael p u g n a v i t eu m eo et fecit victoriam ». (Hrév. rem.) « Hic est Michael a r c h a n g e l u s , prin-ceps mililiîc a n g e l o r u m » (ItricL). Deux notables s p é c i m e n s du c o m b a t contre le démon s o n t : le t y m p a n de la porte, à Saint Mi-chel d'Entraigues (Charente), au x uc siècle et p o u r le xvi% le t a -bleau de Raphaël, qui est a u Louvre.

La liturgie m o n t r e S a i n t Michel, debout près de l'autel, u.n en-censoir d'or en m a i n : « Stetit a n g é l u s j u x t a a r a m templi, h a b e n s t h u r i b u l u m a u r e u m in m a n u sua et data s u n t ei i n c e n s a m u l t a et ascetidit fumus a r o m a t u m de m a n u a n g e l i in conspectu Domini ». Cet e n c e n s qui fume symbolise la prière du peuple c h r é -tien : « Michael a r c h a n g e l u s venit in adjutorium populo Dei, Stetit i n auxilium pro a n i m a b u s justis. Michael a r c h a n g e l e , veni in a d j u t e r i u m populo Dei ».

Saint Michel est l'introducteur au p a r a d i s , aussi tient-il e n m a i n la balance avec laquelle se pèsent les âmes ou leurs œuvres:

« A r c h a n g e l u s Michael, praipositus paradisi. Venit Michael a r -c h a n g e l u s -c u m m u l t i t u d i n e a n g e l o r u m , -cui tradidit D-cus a n i m a s s a n c t o r u m ut p e r d u c a t eas in p a r a d i s u m exultationis. A r c h a n g e l e Michael, constitui te p r i n c i p e m s u p e r o m n e s a n i m a s s u s c i p i e n -d a s ». (firêv. rom.).

Un de ses attributs est la coquille, à c a u s e du célèbre p è l e r i n a g e du Mont Saint Michel. Deux de ses a p p a r i t i o n s sont fêtées d a n s l'Eglise : celle du m o n t G a r g a n , sous la forme d'un t a u r e a u (8 mai) et celle au m o n t Tombe (21) septembre) : u n e troisième est n o n m o i n s célèbre, celle qui fit d o n n e r au mole d'Adrien à Rome le n o m de fort Saint-Ange, parce qu'il s'y m o n t r a , r e m e t t a n t l'épcc d a n s le fourreau p o u r i n d i q u e r la cessation de la peste, p e n d a n t u n e procession présidée p a r Saint Grégoire-le-Grand.

(22)

LIVRE DIXIÈME. — LES ANGES ET LES DÉMONS 15

Un ordre avait été institué sous son vocable en 14*31), par Louis XL 11 existe encore en Angleterre, où il a été fondé en 1817. La croix portait sur la face Saint Michel terrassant le dragon et en exergue Qui* ut heus et au revers hominus potens in prxlio

{Psalnu xxiii, 8).

Saint Michel est le protecteur de la France, de l'Angleterre, d'e la Bavière, du royaume de Naplcs et du Portugal.

On l'invoque en particulier pour la bonne mort.

Il est le patron des balanciers, bonnetiers, chapeliers, escri-meurs, étuvistes, gaufriers et oublieurs, merciers et épiciers."

4. — Gabriel, en hébreu, se traduit force de Dieu. Cet archange ne paraît qu'à l'Annonciation et alors il a pour attributs : le

cos-iume ecclésiastique, aube, élole, chape ou dalmatique, pour

indi-quer un ministre de Dieu ; un bdton pommelé ou crucifère, scep-tre ou verge des hérauts; un phylactère, où sont les premiers mots de la salutation qu'il adressa à Marie: Ave yratia plena; un

lis, pour exprimer à la fois la pureté de la Vierge et le but de son

message, qui était le remède aux maux de l'humanité; le geste de la bénédiction qu'il apporte à Marie, la proclamant bénie entre les

femmes ou d'indication, quand il lui montre la colombe divine

qui descend du ciel. Quelquefois, il est escorté d'un groupe d'an-ges.

5. —L'hébreu Raphaël signifie remède ou guèrison de Dieu, car il remédie et guérit en son nom. Son double attribut est le poisson, avec lequel il rendit la vue à Tobie et le jeune Tobie lui-même, qu'il accompagne en lui donnant la main : « Egressus Tobias in-venit juvenem splendidum, slantem praccinctum et quasi paratum

ad ambulandum » (Tob., v, 5). « Fel valet ad ungendos oculos in quibus fucrit albugo et sanabuntur » (vi, 9). « Ego sum Raphaël, unus ex septem qui astamus ante Dominum » (xii, 15).

Saint RaphaîM est le patron des voyageurs et des marins, h cause du rôle qu'il joua vis-à-vis de Tobie. Ses attributs sont: un

(23)

1 6 T R A I T É D ' I C O N O G R A P H I E

qui indique une marche longue; le poisson, qu'il ordonna d é p ê -cher ; un vase à remèdes, comme ayant guéri Tobie.

6. — Types iconographiques. Fig. 2 1 2 . Saint Gabriel : émail grec, x r s. — Fig. 213. Saint Michel terrassant le dragon, cuivre gravé, xiii0 s. — Fig. 214.Saint Michel pesant les â m e s : vitrail de

liourges, xiu° s.

C H A P I T R E VII

LIfiS SlâPT ANGES

1. — Les sept anges sont désignés deux fois dans l'Ecriture. Ra-phaël se déclare un des sept. « Unus ex septem qui astamus ante Dominum » (Tob., x n , 15). Dans l'Apocalypse, ils sont les ministres des fléaux de Dieu : « Vidi angelos septem, habenles plagas novis-simas » (xv, 1). Leurs noms ne sont pas toujours les m ê m e s , c o m m e on va voir.

2. — A Palermc, on découvrit, en 1510, une peinture représen-tant les sept anges, avec leurs noms hébreux et latins : « Michael, victoriosus; Raphaël, medicus; Gabriel, n u n c i u s ; Barachiel, ad-julor; lehadiel, rémunéra lor; Uriel, forlis socius ; Sealtiel,orator ».

Chez les Jésuiles,à Venise, « Seallîel, oratio Dei »,fait le quatrième archange (xvne s.).

A Venise, la Vierge et l'enfant Jésus sont entourés de sept an-ges tenant des banderoles; une copie existe à Rome et c'est elle qui a fait donner a l'église où elle est vénérée le nom de Sainte

Marie des anges; les noms des anges ont été elîacés sur les

bande-roles, par ordre de Dcnoît XIV.

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LIVRE DIXIÈME. — LES ANGES ET LES DÉMONS 17

CHAPITRE VIII

L E S D É M O N S

1. — Le démon est un ange déchu ; on lui conserve donc son

ca-r a c t è ca-r e d ' a n g e , qui consiste d a n s - l e nimbe, la nudité des pieds, la forme humaine et les ailes ; m a i s , p o u r exprimer la dégradation, le type originel est altéré ou modifié n o t a b l e m e n t .

Le n i m b e , a c c i d e n t e l l e m e n t d o n n é , signifie, non plus la sain-teté, m a i s Impuissance du mal.

Les pieds, c o m m e l'être tout e n t i e r , o n t un aspect bestial, velus, f o u r c h u s , à griffes.

Les ailes n e sont plus celles des oiseaux, mais de la chauve-sou-ris, a n i m a l m a l f a i s a n t ; on én ajoute m ê m e deux autres aux pieds.

La forme humaine, conservée d a n s l'ensemble, se rapproche de celle de la bête,par les cornes, plantées au front; la bouche, dé-m e s u r é dé-m e n t a g r a n d i e ; la face gridé-maçante', les poils, qui c o u v r e n t tout le corps ; la queue, a u bas des r e i n s ; les griffes, aux m a i n s et a u x pieds. La dégradation est complétée p a r l a nudité a b s o l u e : « n u d u s est infernus c o r a m illo» (Job, X X V L 6 ) et des v ê t e m e n t s n e sont d o n n é s au démon q u e lorsqu'il se déguise pour m i e u x séduire

i l 2

T r i n i t é d a n s cet ordre : Michel, Gabriel, Raphaël, Uriel, Salathiel, Egoudiel, Barachiel.

S u r u n e intaille g r e c q u e , du ivc siècle e n v i r o n , le Christ en pied est a c c o m p a g n é de sept n o m s d ' a n g e s : Raphaël; Rcnol, Ou-riel, S c h t y s , Michael, GabOu-riel, Azaël.

3 . — A c o n s u l t e r ; J u l i e n D u r a n d , Les sept anges, d a n s le Bulle-tin monumental, 1884.

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18 TRAITÉ D'ICONOGRAPHIE

et encore le reconnaît-on à ses cornes et à ses griffes (Fresq. de S Kustorgc de Milan, x ve s.).

2.— Ses attributs sont: une chaîne, pour retenir les d a m n e s ;

un croc, pour les attirer ; une fourche, pour les jeter dans le bra-sier infernal ou les y retourner.

;j, — S a couleur est quadruple: noir, comme le vit S. B e n o î t ;

fauve à la façon des botes; rouge, h cause du feu où il vit; vert,

symbole du mal.

i , — S o n rôle est considérable: sur terre, il est historique, comme la tentation d'Adam et d'Eve, celle du Christ, la vie des saints; il tente l'homme; le conseille, perché sur son épaule ; c o m -bat avec Tange gardien, pour avoir son â m e ; emporte l'Ame du réprouvé on enfer.

On le retrouve dans les limbes et le purgatoire, dont il a la garde ; mais surtout en enfer, où il détient et torture les damnés.

5. — Ses symboles sout parmi les animaux :

Vaspic et le basilic (Ps. xc,

Le crapaud: à S..Léger Montbrillais (xic s.), il sort de la bouche

d'un possédé ; à Ste Croix de Bordeaux (xn°s.), il suce les ma-melles d'une réprouvée ; à S , Bertrand de Comminges, sur la chape de Clément V (xive s.), le Christ communie Judas avec un c r a

-paud: « Intravit autem Salanas in Judam. » (S. L u c , x x n , 3j ; h

YAmbrosiana de Milan(xv°s.), S. Michel fouleaux pieds un énorme

crapaud.

Le corbeau, à cause de sa noirceur et de ses habitudes c a r n a s -sières. Sur un chapiteau du xi* siècle, en Périgord, il sollicite Eve au mal ; a Assise (xinc s.), il est perché sur l'épaule de S. Grégoire,

en pendant de l'Esprit saint, pour le tenter.

Le crocodile, h la large gueule et aux dents acérées.

Le dragon: « Et factum est prœlium m a g n u m in cœlo : Michael et angeli ejus prseiiabantur c u m draconc et draco pugnabat et an-geli cjus » (Apoc., xii, 7).

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LIVRE D I X I È M E . — LES ANOES ET LES DÉMoXS 19

La grenouille : « Ranse, deemones: Vidide ore draconis spirilus très immwidos in modmn ranarum(Apoc.,x\\~i, 13) » , d i t S . Méliton. Kilo se confond ici avec le c r a p a u d .

Le hibou, qui se plaît d a n s les ténèbres.

Le lion : « F r a t r e s , sobrii eslote et vigilate,quia adversarius ves-tor diabulus c i r c u i t quasrens q u e m devoret, cui resistite fortes in fide. » (l S. Petr., v, 8 ). « Libéra eas (animas) de ore leonis, n e absorbeat eas t a r t a r u s » (Offertoire de la Messe des morts).

Le loup: « L u p u s , diabolus : Merceuurius videi lupvm venienlem et dimittit oves et fugit (S. J o a n n . , x, '12) », dit S. Méliton.

La perdrix, p a r c e qu'elle vole les œufs des autres oiseaux.

Le renard: « Vulpes, d i a b o l u s ; i n p s a l m o : Tradenlur in manus gladiiy partes vulpium erunt (Ps. L X I I , II) », selon S. Méliton.

Le sanglier : « Aper, diabolus : Extermiuavit eam aper de si/va

(Ps. L X X I X , 14) », selon S. Méliton.

Le serpent: « Et projectus est draco illc m a g n u s , serpens'anli-.

q u u s , qui vocatur diabolus et S a t a n a s , qui seducit u n i v e r s u m or-bem » [Apoc., x n , 9)*

Le singe} qui est l'altération du type de l'homme fait à l'imago

de Dieu.

La taupe, à cause de sa n o i r c e u r et parce qu'elle travaille sous t e r r e .

Le vautour, en raison de s e s i n s t i n c l s carnassiers. La vipère : « Vipera, diabolus. » (S. Méliton).

G. — L'on i g n o r e le motif et le temps de la rébellion des anges. Dans les livres d ' h e u r e s , ils sont expulsés du paradis, en m ê m e t e m p s que Dieu crée les a n g e s . L'iconographie les m o n t r e pour-chassés p a r S. Michel, à la tête de la milice du ciel et c u l b u t é s d e s h a u t e u r s célestes. Ils d e v i e n n e n t alors noirs et se transforment p l u s ou moins en bêtes.

7. — Le d é m o n e n t r a n t d a n s un corps, la personne est dite pos-sédée.

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dé-2 0 TRAITÉ D'ICONOGRAPHIE

CHAPITRE IX

S A T A N

1. — Satan est Je chef et p r i n c e des d é m o n s . On le n o m m e aussi Lucifer et Déelzebub: « Quomodo cecidisti de cœlo,Lucifer ?» (Isai.jix, 12). « Quidam a u t e m e x e i s d i x e r u n t : In Beelzebub, p r i n -cipe d a î m o n i o r u m , ejicit dteinonia» (S. L u c , xi, 15.) Il a sous ses ordres des a n g e s , d é c h u s c o m m e lui : « Draco p u g n a b a t et a n g e l i ejus » (Apoc, x n , 7).

2. — S i n g e a n t Dieu, il a un triple visage, pour r e g a r d e r le passé, le présent et l ' a v e n i r ; il est assis en majesté s u r un t r ô n e et il tient un sceptre à la m a i n .

Ses autres a t t r i b u t s s o n t : une langue de serpent, des cornes for-mées de têtes de s e r p e n t sifflantes ; des têtes horribles s u r les diffé-rentes parties du corps, pour attester sa puissance.

Au m o n t Athos, il est assis s u r Xenfer, exprimé p a r un m o n s t r e ;

à sa ceinture p e n d e n t les clefs de l'enfer.

m o n et délivre le possédé. Celte c é r é m o n i e c o m p o r t e trois élé-m e n t s : la récitation de prières, e x p r i élé-m é e par un livre, q u i est le rituel ; X adjuration, sous forme de bénédiction ou imposition des m a i n s ; l'aspersion d'eau bénite, figurée par le goupillon.

Le démon sort par la bouche ou la parLie postérieure (sculpt. du x i nc s., à Bourgueil).

8. — Types iconographù/ues. Fig. 215. Démon t e n t a n t Notre-Sei-g n e u r , Notre-Sei-g r a v . de 1192. — F i Notre-Sei-g . 210. Démon s o r t a n t de la b o u c h e d'un possédé, id. — Fig. 217. Démon vomissant u n c r a p a u d , mi-niat. du xiv° s. — Fig. 218. Démon sous la forme d ' u n oiseau n o i r , m i n i a t . du xic s.

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LIVRE DIXIÈME. — LES ANGES ET LES DÉMONS 21

CHAPITRE X

L ' E N F E R

1. — On n o m m e enfer, « infernus », c'est-à-Jire lieu inférieur, le séjour des démons et des damnés. « Tune dicet et his qui a si-nistris erunt: Discedite a me, maledicli, in ignem œternum, qui paratus est diabolo et angelis ejus » (S. Matth., xxv, 41).

2. — L'enfer est l'opposé du paradis: c'est donc un lieu de brû-lure, de ténèbres et d'agitation, puisque, dans le canon de la messe» on demande pour les défunts le rafraîchissement, la lumière et la paix : « locum refrigerii, lucis et pacis. »

3. — L'enfer a été représenté de quatre manières :

Edifice en ruines, masure, plein de flammes ;

:j. — L e s Templiers, qui adoraient le démon, l'avaient repré-senté sous une forme spéciale qu'ils nommaient Baphomet* Il était ainsi figuré sur la brique découverte en Auvergne et sur le coffret du duc de Blacas : Tête barbue, couronnée, avec des cornes, mar-quée au front du chrisme entre Y alpha et l'oméga ; tunique courte, laissant voir les parties sexuelles, ceinte à la taille; dans la main droite, un disque; dans la gauche, une l a n c e ; sous les pieds, u n serpent et des chaînes ; autour, un poignard, deux têtes coupées, un stylet, deux pieds, une patte de ruminant, un anneau, qui sont des symboles maçonniques. L'individu porte souvent les deux sexes ; les serpents à la ceinture signifient la sodomie.

4 . — Types iconographiques- Fig. 219. Satan armé d'une four-c h e : fresq. du Campo Santo de Pise, xive s. — Fig. 220.

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2 2 TRAITÉ D'ICONOGRAPHIE

Chaudière, dans laquelle sont plongés les d a m n é s et d o n t les dé-m o n s attisent le feu ;

Gueule d'un dragon, v o m i s s a n t la flamme et cngloutisssant les réprouvés. « Domine Jesu Christc, rex glorue, libéra a n i m a s o m -n i u m defu-nctorum de pœ-nis i-nfer-ni et deprofu-ndo lacu ; libéra eas de ore leonis, ne absorbeat eas t a r t a r u s , n e c a d a n t in o b s c u r u m » (o/fertoire de la messe des morts).

Monstre, sur lequel est assis S a t a n : sa queue se t e r m i n e p a r sept têtes, dévorant c h a c u n e un d a m n é , p a r allusion a u x sept péchés capitaux. C'est le type des Byzantins.

4. — L'imagination des artistes a multiplié l e s ' s c è n e s de d é t a i l , c o m m e d a n s l'enfer de Michel Ange et celui de Gallot, où l'on voit des supplices de toutes sortes. Il i m p o r t e de s i g n a l e r c e r t a i n e s

ca-tégories de supplices, en rapport d i r e c t avec le p é c h é : a i n s i ' l a luxure est p u n i e p a r des crapauds ou des serpents s u ç a n t les m a nielles et m o r d a n t les parties sexuelles ; Yavarice a u n e bourse p e n d u e au cou, etc.

5. — Types iconographiques. F i g . 221. Démons p r é c i p i t a n t ' l e s d a m n é s en enfer, m i n i a t u r e du xiv6 s.

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LIVRE XI

DIEU

CHAPITRE I

D I E U

1. — L'tètre s u p r ê m e est un et triple d a n s son essence : «

Deustri-n u s u Deustri-n u s », dit L a c t a Deustri-n c e . L'UDeustri-nité se Deustri-n o m m e Lieu, les trois per-sonnes réunies forment la Trinité.

L'art s'est p r é o c c u p é de ces deux aspects et il a figuré tantôt l'Unité, tantôt la T r i n i t é .

2. — Dieu se m o n t r e surtout en trois c i r c o n s t a n c e s ; à l'a créa-tion, secourant Vhomme, en majesté. Il est souvent difficile de dis-t i n g u e r s'il s'agidis-t alors de Dieu p r o p r e m e n dis-t didis-t ou du Père, avec lequel l'iconographie Ta confondu, p a r exemple dans les fresques de Raphaël et de Michel Ange, au V a t i c a n .

Son type est un homme âgé ou u n vieillard vénérable, toujours barbu, debout on assis. La liturgie l'appelant tout puissant, éternel, roi, on lui d o n n e des attributs en conséquence : trône, sceptre, globe, couronne, tiare.

Dans les livres d ' h e u r e s gothiques, Dieu créant le m o n d e est costumé en empereur : il est âgé et bénit à trois doigts.

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2 4 TRAITÉ D'ICONOGRAPHIE

Sur les fonts b a p t i s m a u x de Liège (xnc s.), la m a i n divine, dex-tera Dei, sortant du ciel, ne se contente pas de bénir, m a i s envoie

un triple rayon de lumière qui rappelle la Trinité des p e r s o n n e s .

Agnès, abbesse de la Trinité de Poitiers, avait s u r son contres-ceau Dieu, assis, n i m b é , b é n i s s a n t de la droite et de la g a u c h e te-n a te-n t ute-n globe crucifère, a v e c cette l é g e te-n d e : SGA. TRINITAS. VNVS. DS. (Deus).

Au Campo santo de Pise,Buffamalco (xivc s.) a peint Dieu debout, t e n a n t à deux m a i n s l ' u n i v e r s divisé en cercles. S u r u n e m i n i a -t u r e i-talienne du x u ic siècle, b a r b u , il émerge de sept cercles de feu et tient une balance et un compas, c a r il a tout fait

avec

poids et m e s u r e : « O m n i a in m e n s u r a et n u m é r o et pondère dispo-suisti » (Sap., xi, 21).

Ses a u t r e s attributs sont VEternité, la Divinité, la Providence, q u i o n t été personnifiées au Vatican par le xvi° siècle.

L'Eternité, au moyen âge, fut exprimée p a r Xauréole c i r c u l a i r e ; u n e g r a v u r e allemande du x v ic siècle met aux m a i n s de Dieu u n t r i a n g l e inscrit d a n s un cercle, parce qu'il t o u r n e s u r l u i - m ê m e ; pour Rubens, c'est une vieille femme, assise i m m o b i l e sur u n ro-cher, un serpent qui se mord la queue et une corde, t e n u e s u r la terre p a r un enfant et au. ciel p a r u n a n g e , d a n s laquelle sont enfilés des médaillons de papes et d ' e m p e r e u r s , à qui est assurée ainsi l'immortalité.

Au Vatican, le xvi° siècle a personnifié l'Eternité, en lui d o n n a n t p o u r attributs : un cercle; u n e êcritoire, car les papes m e t t e n t en tête de leurs actes : Ad perpetuam rei memoriam ; le livre de la vie éternelle, m a r q u é des lettres g r e c q u e s alpha et oméga; le phénix, qui renaît sans cesse de ses c e n d r e s ; le palmier, a r b r e des plus résistants c o m m e durée.

La Divinité régit le monde qu'elle a créé.

La Providence arrête un enfant 6cheve]é qui, le t a m b o u r i n à la m a i n , va dansant et folâtrant d a n s une v i g n e .

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ICONOGRAPHIE CHRÉTIENNE

Planche XXI.

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LIVRE ONZIÈME. — DIEU 2 5

CHAPITRE II

LA TRINITÉ

1. — La T r i n i t é , c'est-à-dire Dieu en trois personnes d i s t i n c t e s ,

a été représentée de trois façons, sous forme humaine,symbolique et mixte.

Quelque soit le mode, on lui a t t r i b u e Y auréole, c a r l'Eglise, après Saint Hilaire, c h a n t e , le j o u r de la T r i n i t é : « 0 lux, b e a t a Trini-tas ». Le x v ne siècle ajoute des nuages tout autour, pour m o n t r e r que cette l u m i è r e est inaccessible aux mortels, selon le bréviaire de Paris :

0 luce qui m o r t a l i b u s

Lates inaccossa, D e u s .

2. — L a forme h u m a i n e est répréhcnsible, parce qu'elle d o n n e un corps au Père et au Saint-Esprit qui n'en ont j a m a i s eu. Cepen-d a n t elle est très a n c i e n n e , puisqu'elle remonte au ve siècle (sar-cophage de Latran) ; elle cesse s e u l e m e n t au xvu°.

Les trois p e r s o n n e s ont le triple caractère de la divinité : le nimbe crucifère, le double vêlement et les pieds nus.

Elles sont debout, comme au Latran ou assises en majesté, p a r exemple d a n s YHortus deliciarum du x ne siècle.

Leurs attributs v a r i e n t , suivant qu'ils sont généraux'ou spéciaux. hébreu et Vœil de Dieu, qui voit tout : cet œil a élé placé q u e l q u e -fois s u r la verge que tient l ' a r c h a n g e Gabriel (musée de Montpellier,

X V I IE s.).

4. — Type iconographique. Fig. 222. Dieu : gaufrier du musée do Cluny, x me s.

(35)

2 6 TRAITÉ D'ICONOGRAPHIE

Pour la première catégorie, ce sont la bénédiction, le sceptre, la

couronne, le globe du monde, le livre de vie, les ornements

ponti-ficaux (chape et tiare). Mais il en est aussi de propres à chaque personne.

Le Père est ordinairement au milieu, ayant à sa g a u c h e le Saint-Esprit et à sa droite le Fils dont le Credo dit : « Sedet ad dex-teramPatris », Cependant, parfois, l'ordre est bouleversé: le Fils se place entre le Père et le Saint-Esprit ou le Saint-Esprit passe à la droite du Père.

3. — Les personnes sont égales ou inégales.

L'égalité comporte trois personnes absolument semblables, sous tous rapports : âge, costume, attitude, et entièrement distinctes, c'est-à-dire, séparées les unes des autres. L'unité est affirmée par un manteau commun jeté sur leurs épaules, le môme siège et le m ô m e dais (Stalles d'Amiens, xvi° s.).

L'inégalilé est rare. Comme physionomie, le Père est un vieillard, le -Fils un homme d'âge mur et le Saint-Esprit, un adolescent. Elle se manifeste aussi par la diversité des attributs, qui laisse intacte la personnalité.

4. — Aux x vc et xvic siècles, m ê m e encore au xvnB,on trouve une

monstruosité, condamnée en 1G28 par Urbain VIII, et en 1745 par Benoît XIV : « Urbanus VIII comburi jussit imaginem c u m tribus buccis, tribus nasibus et quatuor oculîs, et alias si quaî inveniren-tur similes »(Ferraris, Prompta bildiotheca, au mot Imagines). Trois têtes soudées ensemble, ce qui donne un seul front, trois nez, trois

mentons et deux yeux, sont supportées par un seul corps. Los exemples en sont fréquents dans les livres d'heures gothiques.

5. — Dans l'Ancien Testament, la Trinité s'est manifestée deux fois : h la création (sarcophage de Latran) et a Abraham (fresques d'Orvieto, x i ve siècle ; vitr. do Saint Etienne du Mont, à Paris,

X V IE s.). Dans le premier cas, on a voulu rendre le « Faciamus

ho-mincm » (Gen.r i, 2fi); dans le second, Abraham voit trois anges

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LIVRE ONZIÈME. — DIEU 2 7

Saint A u g u s t i n , adoptée p a r le bréviaire romain d a n s un des répons de l'office de la Q u i n q u a g é s i m e : « Très vidit, u n u m adora" vit ». En Grèce, les trois a n g e s ont le n i m b e crucifère, t a n d i s qu'en

Occident on n e le d o n n e q u ' à un seul.

G. — Les représentations mixtes combinent l ' h u m a n i t é avec le symbole de deux m a n i è r e s : le Père et le Fils sont h o m m e s , le Saint-Esprit p a r a î t en colombe ; le Père est figuré p a r u n e m a i n , le Fils est h o m m e et le Saint-Esprit colombe.

Du x i ne a u xvi° siècle, le Fils est assis à la droite du Père sur un m ê m e siège, la colombe va de l'un à l'autre, c o m m e si ses ailes sortaient de l e u r b o u c h e .

Du xiii° a u xvii°, le Père, assis, tient dans ses b r a s la croix à laquelle le Fils est attaché : la colombe divine va de l'un à l'autre, en d e s c e n d a n t ou r e m o n t a n t , ou se pose sur un des b r a s de la croix.

Au iv° siècle, Saint P a u l i n d é c r i t ainsi la mosaïque qu'il avait fait e x é c u t e r d a n s son église de Noie:

P l e n o coruscat Trinitas m y s t e r i o :

Stat Christus agno, vox Patris c œ l o tonat, E t p e r columltam S p i i ï t u s sanctus fiait.

Ainsi, en h a u t , la voix du Père qui parle, figurée p a r la main qui fait le geste de l'allocution ; en bas, l'Agneau symbolisant le Christ et, e n t r e les d e u x , l a colombe divine. C'est sous une forme s e m i - h i s t o r i q u e et semi-symbolique la représentation du baptême du Christ, où se manifestent sensiblement les trois personnes divines (S. Matth., in, 1G-17).

7. — Les symboles sont au n o m b r e de sept: le triangle% les trois

cercles, le trèfle, les trois croix, le cierge, la bénédiction latine, les trois couleurs, les trois soleils.

Le t r i a n g l e , p a r ses trois côtés et ses trois angles é g a u x , est u n symbole très expressif. On le voit en nimbe h la tête de Dieu ou entre ses m a i n s ; depuis le xvn° siècle, qui en a s i n g u l i è r e m e n t

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2 8 TRAITÉ D'ICONOGRAPHIE

a b u s é , on y a inscrit le n o m de Jéhovah en hébreu ou l'œil de Dieu qui voit tout. Nous devons le repousser, p a r c e que les francs-m a ç o n s en ont fait leur s y francs-m b o l e : ils l'ont e francs-m p r u n t é à l'Eglise, qui avait donné la Trinité créatrice p o u r p a t r o n n e a u x a r c h i t e c t e s et aux m a ç o n s .

Une des formes les p l u s g r a c i e u s e s , très r é p a n d u e aux xv° et xvi° siècles, surtout en Angleterre et popularisée p a r Jes Heures g o t h i q u e s , consiste à placer les n o m s des trois p e r s o n n e s a u x trois a n g l e s et à les r é u n i r p a r les mots non est p o u r établir la d i s t i n c -tion des personnes ; au c e n t r e , le mot Deus se relie p a r le verbe est a u x trois angles, en vue de l'unité.

Les trois cercles, se p é n é t r a n t s a n s s e confondre, e x p r i m e n t aussi la trinité et l'unité. La Belgique et l'Allemagne s'en sont surtout servi aux x ve et x v r siècles.

En ne p r e n a n t que leur contour, ils dessinent u n trèfle, figure g é o m é t r i q u e à trois lobes égaux. Saint Patrice, p o u r c o n v e r t i r les Irlandais à la foi catholique, expliqua les propriétés du trèfle q u i , p a r ses trois folioles s u r un pédoncule c o m m u n , figure g r a p h i -q u e m e n t le mystère.

Les trois croix sont fréquentes à l'époque m é r o v i n g i e n n e , sur-tout s u r les t o m b e a u x , où elles attestent l'orthodoxie du défunt, p a r opposition à l'hérésie a r i e n n e . Au Martyriumàe Poitiers, elles sont gravées sur la m a r c h e de l'autel, là où le p r ê t r e faisait la c o n -fession, a v a n t d'y m o n t e r p o u r célébrer. L'évêque, en b é n i s s a n t , fait trois signes de croix, de m ê m e que le prêtre en v e r s a n t l'eau sur la tête de l'enfant, au b a p t ê m e : tous les d e u x i n v o q u e n t en

m ê m e t e m p s la Sainte Trinité.

Quelquefois au vi° siècle, il n'y a que deux croix : le Fils est alors symbolisé p a r l e c h r i s m e ( é g l i s e S a i n t . J e a n , à Monza)ou p a r l'agneau (pupitre de Sainte Radegonde à Poitiers).

La bénédiction latine se fait avec les trois p r e m i e r s doigts levés, les deux autres étant abaissés sur la p a u m e de la m a i n . Le pouce symbolise le Père, le doigt du milieu le Fils et l'index lo

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Saint-L I V R E ONZIÈME. — DIEU 2 9

Esprit, d o n t C h a r l e m a g n e a pu dire avec vérité d a n s le Veni Créa-tor: « Ta digitus p a t e r n œ dexterœ ». Le prêtre, en bénissant, in-voque la T r i n i t é et fait un s i g n e de croix.

Le s i g n e de la croix est l u i - m ê m e un symbole de la T r i n i t é , c a r , dit le Sacerdotale llomanum, composé à la fin du x vc siècle et dont le Cérémonial des Evêques r e c o m m a n d e la leeturejinettre sa m a i n au front, c'est r e c o n n a î t r e que le Père est le principe de la divinité ; l'abaisser s u r le v e n t r e , c'est m o n t r e r l'humiliation du Fils fait h o m m e et la porter d'une épaule à l'autre, c'est figurer la proces-sion du Saint-Esprit, lien d ' a m o u r entre le Père et le Fils.

« Cum sibi ipsi benedicit c h r i s t i a n u s , v e r t a t a d se p a l m a m ma-1 n u s dexterce et, o m n i b u s illius digitis j u n c t i s et extensis, s i g n u m crucis forrnet, quod fieri débet hoc modo :

« P r i m o m a n u m d e x t e r a m p o n a t super frontem et dicat : IN NO-MINE PÀTRIS, q u i a P a t e r est p r i n c i p i u m totius deitatis, ut dicit A u g u s t i n u s . Deinde, super u m b i l i c u m , et d i c a t : ET FIL1I, q u i a Filius, a i t e r n a l i t e r p r o c e d e n s à P â t r e , descendit t e m p o r a l i t e r in v e n t r e m Virginis . Deinde p o n a t m a n u m ad s c a p u l a m s i n i s t r a m , t r a h e n s illam ad d e x t e r a m , dicendo : Et SPI1UTUS SANCTI, q u i a Spiritus s à n c t u s procedit ut a m o r , et est t a n q u a m n e x u s Patris et Filii , ab utroque procedens : et nos a s i n i s t r a , id est a tribulatio-n i b u s hujus m u tribulatio-n d i , t r a tribulatio-n s i r c s p e r a m u s ad dexteram rctertribulatio-nœ feli-licitatis. Deinde, elevata m a n u , d i c a t : AMEN, id est fiât. »

Le Tcxtus sacramentorum proposait en quatre vers, h la fin du xic siècle, la signification du c i e r g e , où la cire est le symbole du

Père, la m è c h e celui du Fils et la flamme celui du Saint E s p r i t : In se candela tria désignait} videUir:

Cera, ibeus, l u m e n , tria sunt, m o n s l r a n t Xmncii ; In liehiiio Nalus, in llanuiia F l a m e n liahelur, Sic Deus in rera p a n i e r Paler e s s e prohalur.

Les trois cierges, alignés d e v a n t l'autel pendant le moyen Age, sont e n c o r e un symbole de la T r i n i t é . Ce rite subsiste à la

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calhc-30 TRAITÉ D'ICONOGRAPHIE

drale de Tours, où le râteau qui les supporte ne date que du siècle dernier.

Les trois couleurs sont le blanc, le bleu et le rouge. Elles ont été révélées en H OS au pape Innocent III, à l'occasion de la fondation de l'ordre des Trinitaires, qui portent un costume blanc, marqué d'une croix bleue et rouge. Le blanc convient au Père, l'ancien des jours ; le bleu au Fils, à cause de son origine céleste ; le rouge, au Saint Esprit, qui est flamme et amour, » ignis, carilas » (Veni

ereator).

Les trois soleils se voient à l'hôpital Saint Jean, à Angers, sur une fresque du x v ic siècle.

8. — Les Orecs ont créé un type spécial pour la Trinité : un

//-vre est posé sur un trnne adossé à une croix. Le trône symbolise

le P è r e ; la croix, le Fils et le livre, l'Esprit saint, qui a parlé par les auteurs sacrés qui Jui doivent leur inspiration.

<J. — A consulter: Van Itobays, s. j . , Les symboles delà Sainte

Trinité, Bruxelles, 1876, in-KM(Ext. des Précis historiques).

10. — Types iconographiques : Fig. 223. La Trinité créantl'homme, sarcoph. du ivc s. au mus. de Latran. — F i g . 22-i. Trinité sous

la forme de trois cercles, m i n . de la fin du x me s. — Fig. 225.

Trinité à trois personnes égales se distinguant par leur attribut, m i -niat. du x i ve s. — Fig. 22G. Trinité, miniat. de la fin du x me s . —

Fig. 227. Trinité, miniat. du x me s. — Fig. 228. Trinité à.trois

per-sonnes d'âge inégal, miniat. franc, du x i vc s. — Fig. 229. Trinité,

miniat. du xvie s. — Fig. 230. Trinité du Pérugin, xyi° s. — Fig.

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LIVRE ONZIÈME. — DIEU 31

CHAPITRE m

LK PÈRM KTKHNEL

i- — Le Père éternel est la première personno.de la Sainte Tri-nité.

On le représente de deux façons: identique aux deux autres personnes, qui lui sont absolument égales, ou en vieillard, parce que de lui est engendré le Fils et procède le Saint-Esprit, ce qui répond mieux à son titre de père. Sa ressemblance avec le Fils est justifiée par ce texte de Saint Paul : « Imago Dei invisibilis » t(Ad

Coloss., I,15).

2. — Pour rendre sensible ce pur esprit, on lui donne la forme

hu-maine : il est alors homme d'âge mûr ou vieillard. Son costume

comporte une tunique longue et un manteau. Souvent ses pieds sont supprimés ou cachés par sa robe. Du xtv8 au xvie siècle, pour

l'honorer davantage, on lui a donné les insignes des deux plus grandes dignités qui soient sur terre, le pape et l'empereur: il porte donc l'aube, la ceinture, F étale croisée sur la poitrine et la tiare ou la couronne fermée. Ses autres attributs sont le sceptre, le livre et

le globe du monde, parce que, d'après le Credo des apôtres, il en

est lecréateur : « Credo in Deum Patrem omnipotentem,creatorem cœli et terrœ. »

3. — Quand il est représenté avec les deux autres personnes, il faut considérer si la ligne qu'ils forment ensemble est horizontale ou verticale. Sur le rang horizontal, il occupe le centre, ayant à sa droite le Fils et l'Esprit saint à sa gauche ; ou il est le premier, le Fils le suivant ou le Saint Esprit,pour mieux montrer la proces-sion de celui-ci du Père et du Fils. Verticalement, il est le

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pre-32 T R A I T É D ' I C O N O G R A P H I E

micr, quoique parfois on oit fait planer la colombe au-dessus de sa tête : dans cette dernière altitude, assis en majesté» il soutient à deux mains la croix sur laquelle son Fils est attaché.

4 . — S o n nimbe est celui de la Trinité, rond et timbré d'une croix. Cependant, on lui donne souvent le nimbe uni ou un s i m -ple rayonnement autour de la tète. Raphaël a inventé le nimbe triangulaire, qui est assez disgracieux.

5. — Le Père est représenté en entier ou partiellement. Homme, il figure, dès l c i vB siècle, sur le beau sarcophage du musée de

Latran.

Morcelé, on ne lui voit que le buste, la tête ou la main.

Le buste est très fréquent depuis le x v siècle. 11 sort des nuages ou en est entouré.

La tête, également dans les nuages ou enveloppée d'une fturéole de lumière, se rencontre surtout aux x me et xive siècles.

1A main 9 appelée Dextera Dei, offre ces caractères : elle bénit à

trois doigts, est appliquée sur un nimbe crucifère ou une croix, sort du ciel ou- des nuages, est emmanchée, ce qu'en blason on nomme un dextrochère ; prend le Christ à Y Ascension, tient une

couronne au-dessus de la tête du vainqueur et lance des rayons.

Saint Jacques a dit [Epist.}\, 17) : « Omne datum optimum et

o m n e donum perfectum desursum est, descendens a Pâtre lu-minum ». Le Père des lumières éclaire l'homme et son don est parfait, parce qu'il vient du ciel.

La main bénissante désigne Pacceptation.de l'offrande ou du v œ u , le secours donné par le ciel. L'évêquede Poitiers Guillaume (1216), sur son contresceau porte une main nimbée d'un nimbe croisé et bénissant à trois doigts. L'exergue est ainsi conçu:

W(il-fe/me) VOTV (m tuum) 1N0TVI.

6. — Types iconographiques. Fig. 232. Main du Père bénissant : mitre de Deauvois, xiv8 s . — Fig. 233. Main du Père versant des

rayons de lumière: font baptismal de Liège, x ncs . — Fig. 234, Main

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LIVRE ONZIÈME. — DIEU 33

CHAPITRE IV

L E F I L S

1. — Le Fils est la deuxième personne de la Sainte Trinité : je n'ai à en parler ici que dans ses rapports avec elle.

2. — Il est l'égal des autres personnes divines, semblable à elles en toutes choses, ou avec une iconographie spéciale qni le

carac-térise.

3. — S a place est à droite du Père: » DixitDominus Domino meo: Sede a dextris meis » ( Ps. cix, 1). Cependant, on le voit quelque-fois à gauche, soit au milieu, soit à l'extrémité, le Saint-Esprit étant alors entre le Père et le Fils pour les unir.

4. — Vêtu de la robe et du manteau, il a aussi F aube, tétole croi-sée et la chape , mais, le plus ordinairement, il est attaché à une

croix que tient le Père.

5.—Ses autres attributs sont la tiare, car il est le pontife suprême dont David a dit: « Tu es sacerdos in aeternum secundum ordinem Melchisedech » [Ps. cix, 4) ; le livre de vie ou Xévangile qu'il a ap-porté à la terre ; le globe du monde crucifère, parce qu'il Ta racheté par sa mort sur la croix.

6. — David a annoncé sa génération éternelle: » Ex utero ante luciferum genui te » [Ps. cix, 3). Sur les stalles en marqueterie de la chapelle municipale de Sienne (xiv* s. ), au-dessous de cet article du Credo : « Et in unum Dominum Jesum Ghristum, Filium Dei unigenitum », on voit une petite tôte d'enfant, avec le nimbe crucifère, appliquée sur la poitrine du Père, assis en majesté et étendant ses bras sur le monde.

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3 4 TRAITÉ D'ICONOGRAPHIE

7. — Type iconographique. Fig. 235. Génération é t e r n e l l e du

Fils : stalles de S i e n n e , x i ve s.

CHAPITRE V

L ' E S P R I T S A I N T

1. — L'Esprit Saint, troisième p e r s o n n e de la S a i n t e Trinité, a clé représenté de q u a t r e m a n i è r e s : en âme, en homme, en co-lombe et en feu. Les deux d e r n i è r e s sont historiques et pax conséq u e n t les seules acceptables ; les a u t r e s sont p u r e m e n t f a n t a i s i s tes, la seconde s u r t o u t , puisque l'Esprit s a i n t ne s'est p a s i n -c a r n é .

2. — Vdme, telle qu'on la figurait au m o y e n â g e , est u n petit enfant n u e U a n s sexe. Une m i n i a t u r e du xiv° siècle, p o u r r e n d r e le verset de la Genèse (i, 2) : « Spiritus Dei ferebatur super a q u a s » , a t r a d u i t littéralement spiritus p a r âme, l ' o r n a n t du n i m b e crucifère, motivé p a r l'addition de Dei.

3 . — U h o m m e n e se r e n c o n t r e pas isolément, m a i s fait p a r t i e d u groupe humain de la Trinité. L'Esprit saint se place alors à la g a u c h e du Père. Plus o r d i n a i r e m e n t , il est barbu et d a n s la force de l'âge; mais, au xvi° siècle, u n e m i n i a t u r e de la bibliothèque Sainte Geneviève, a P a r i s , le r e p r é s e n t e imberbe et a d o l e s c e n t .

Ses attributs sont alors le nimbe crucifère, les pieds nus, le dou-ble vêtement, la colombe, la majesté, le sceptie et le globe, p a r c e qu'il règne sur le m o n d e ; le livre, p a r c e qu'il a parlé p a r les p r o -phètes, « qui locutus est per p r o p h e t a s » (Credo de la messe) e t q u ' i l a instruit les apôtres: « Et repleti s u n t o m n e s Spiritu s a n c t o e t c œ -p e r u n t loqui variis linguis, -prout S -p i r i t u s s a n c t u s dabat

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