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Università degli Studi di Modena e Reggio Emilia

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Academic year: 2021

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Università degli Studi di Modena e Reggio Emilia D

IPARTIMENTO DI STUDI LINGUISTICI E CULTURALI

C

ORSO DI

L

AUREA

M

AGISTRALE IN

LINGUE PER LA COMUNICAZIONE NELL’IMPRESA E NELLE ORGANIZZAZIONI INTERNAZIONALI

ANGLICISMES ET JEUX DE MOTS DANS LES NOMS PROPRES DE MARQUE ET DE PRODUIT ET DANS LES TEXTES PUBLICITAIRES FRANÇAIS : ANALYSE D’UN

CORPUS DE PRESSE

ANGLICISMI E GIOCHI DI PAROLE NEI NOMI PROPRI DI MARCA E DI PRODOTTO E NEI TESTI PUBBLICITARI

FRANCESI: ANALISI DI UN CORPUS DI STAMPA

Prova finale di:

Chiara Cugini Relatore:

Chiara Preite

Correlatore Paola Ruozzi

Anno Accademico 2014/2015

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RIASSUNTO

L’obiettivo della tesi è individuare gli anglicismi e i giochi di parole che sono presenti nei nomi propri di marca, di prodotto e nelle pubblicità francesi mediante l’analisi di un corpus costituito da centodue pubblicità a mezzo stampa.

Prima di definire ciò che rappresenta un anglicismo è stato illustrato il concetto di

“interferenza linguistica”, in virtù della quale si hanno i cosiddetti “prestiti” da una lingua all’altra. A tal proposito, è stata data una spiegazione concernente il loro significato, quindi è stata fatta una suddivisione tra prestiti di necessità e di lusso.

Successivamente sono stati trattati gli anglicismi, i quali si articolano in varie categorie che sono state opportunamente descritte. Dal punto di vista storico, sono stati ripercorsi i tratti salienti dell’interferenza tra la lingua inglese e quella francese, mettendo in luce come, se in un primo momento era l’inglese a prendere in prestito termini dal francese, poi, a partire dal 17° secolo, gli anglicismi abbiano cominciato a infiltrarsi in modo significativo all’interno del lessico francese fino ad approdare al fenomeno del franglais negli anni ‘50 del secolo scorso. Sono state inoltre menzionate le misure attuate dal Governo francese per proteggere la propria lingua dai termini stranieri, soprattutto dagli anglicismi, con particolare riferimento alla legge Toubon che concerne la pubblicità.

In seguito, è stata presa in considerazione la storia della pubblicità, soffermandosi nello specifico sulla storia francese e, da ultimo, sono state elencate le caratteristiche principali e le componenti della pubblicità su stampa.

L’ultima parte della ricerca è imperniata sull’analisi del corpus riguardante i vari anglicismi contenuti nei nomi di marca e di prodotto e nei testi pubblicitari. Prima di procedere all’analisi concreta, è stato spiegato come l’uso degli stessi sia fortemente connesso al fenomeno della globalizzazione, nel quale la lingua inglese occupa un ruolo di primo piano. In merito all’analisi del corpus, è stato posto rilievo ai settori in cui la loro presenza risulta preponderante, ossia: trucco e cura del corpo, moda, alimenti e bevande, musica, tecnologia e sport. Per concludere, da tale analisi, è stato osservato come esista una stretta relazione tra l’uso degli anglicismi ed il pubblico per il quale i prodotti sono concepiti e al quale sono indirizzati: in particolar modo vi è un numero

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considerevole di termini inglesi nei prodotti rivolti a un pubblico giovane, soprattutto femminile.

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ABSTRACT

The aim of this thesis is to identify anglicisms and puns which can be found in the proper nouns of brands and products and in French advertising through the analysis of a corpus which is composed of one hundred and two print advertising .

Before defining what an anglicism is, we have clarified the concept of "language transfer”, whereby we have the so-called "loanwords" from one language to another. In this regard, we have explained their meaning, therefore we have made a subdivision between luxury and necessity loanwords. Subsequently we have taken into account anglicisms, which are divided into various categories that have been appropriately described. From a historical perspective, we have retraced the key points of the interference between the English language and the French language. We have highlighted that, if initially it was the English language which borrowed terms from the French language, then, starting from 17th century, anglicisms have begun to influence the French vocabulary so much that this influence led to the phenomenon of franglais in the 50s of the last century. Moreover, we have mentioned those measures that have been implemented by the French government to protect their language from foreign words, especially from English terms, with particular reference to the Toubon law which regards advertising.

We have also discussed the history of advertising, by focusing specifically on the French history and, then, we have explained the main features and the components of print advertising.

The last part of this research is based on the analysis of the corpus that concerns the various anglicisms we have found in the proper nouns of brands and products and in French advertising texts. Before carrying out the analysis at issue, we have explained how the use of English words is strongly connected to the phenomenon of globalization in which the English language plays an important role. As regards the analysis of the corpus, we have placed emphasis on those areas where the presence of anglicisms is predominant, i.e.: make-up and body care, fashion, food and beverage, technology, sports and music. Finally, we have observed that there is a close connection between the use of anglicisms and the public for whom the products are designed and to whom they

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are addressed: in particular there is a considerable number of English terms when dealing with products aimed at a young audience, especially women.

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RÉSUMÉ

L'objectif principal de ce travail de recherche est d'identifier les anglicismes et les jeux de mots qui se trouvent dans les noms propres de marque et de produit ainsi que dans les publicités françaises à travers l'analyse d'un corpus de presse constitué par cent deux textes publicitaires.

Avant de définir ce qu’un anglicisme représente, nous avons expliqué le concept de

« transfert linguistique », par lequel se créé le phénomène de l’« emprunt » d'une langue à une autre, nous avons effectué une subdivision entre les emprunts de nécessité et les emprunts de luxe, et nous avons pris en considération les anglicismes en les divisant en différentes catégories, qui ont été décrites de manière approfondie. Du point de vue historique, nous avons retracé les caractéristiques principales de l'interférence entre la langue anglaise et la langue française en soulignant que, si au début c’était l'anglais qui empruntait les termes du français, à partir du XVIIᵉ siècle, les anglicismes ont commencé à s’infiltrer de manière significative dans le lexique français jusqu'à donner lieu au phénomène du franglais dans les années 50 du siècle dernier. Les mesures de protection du français des mots étrangers mises en œuvre par le gouvernement français ont également été mentionnées, avec une référence particulière à la loi Toubon qui concerne la publicité.

Successivement, nous avons traité de l'histoire de la publicité, en nous concentrant particulièrement sur l'histoire française. Ensuite, nous avons indiqué les principales caractéristiques et les composantes de la publicité dans la presse.

La dernière partie de la recherche porte sur l'analyse du corpus qui concerne les différents anglicismes qui se trouvent à son intérieur : les noms de marque, les noms de produit et les textes publicitaires. Avant d'analyser le corpus de manière concrète, nous avons expliqué le fait que l'utilisation des anglicismes est fortement liée au phénomène de la mondialisation, dans laquelle la langue anglaise occupe un rôle de premier plan.

En ce qui concerne l'analyse du corpus, nous avons mis l'accent sur les domaines où leur présence est prédominante, à savoir : le maquillage et les produits de beauté, la mode, les aliments et les boissons, la musique, la technologie et le sport. Enfin, à partir de cette analyse, nous avons observé qu'il existe une relation étroite entre l'utilisation des

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anglicismes et le public pour lequel les produits sont conçus et auquel ils sont adressés : en particulier, il y a un nombre considérable de termes anglais dans les produits destinés à un public jeune, avec une fréquence particulière pour ce qui est des produits pour les femmes.

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TABLE DES MATIÈRES

Introduction………1

Chapitre 1 – Les emprunts et le franglais……… 3

1.1 L’interférence linguistique……….. 3

1.1.1 Substrat………...………... 3

1.1.2 Superstrat………...………… 4

1.1.3 Adstrat………..……. 5

1.2 L’emprunt………....6

1.2.1 Les emprunts « de nécessité »………..…. 6

1.2.2 Les emprunts « de luxe »………...…… 7

1.2.3 Les emprunts à la langue arabe, néerlandaise et italienne………... 8

1.2.4 Les emprunts à l’anglais : les anglicismes………... 8

1.2.4.1 Définition d’anglicisme……….. 8

1.2.4.2 Catégories d’anglicismes………...….10

1.2.4.3 La graphie et la prononciation des anglicismes au fil du temps……….…...……15

1.3 Le contact entre la langue française et la langue anglaise…………...…… 16

1.3.1 L’influence du français sur l’anglais………..…… 16

1.3.2 L’influence de l’anglais sur le français………...……… 17

1.3.2.1 Le franglais……….……….……...… 18

1.3.3 Défense de la langue française………..…. 20

1.4 L’anglais en tant que langue de communication universelle……….… 24

1.4.1 Les raisons de la diffusion de la langue anglaise………..……… 29

1.4.2 La diffusion de la culture anglo-américaine………...…. 32

1.4.3 La langue anglo-américaine dans les publicités………... 34

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Chapitre 2 – La publicité………..….…………..…. 37

2.1 Définition de publicité………..…. 37

2.1.1 La publicité comme communication de masse……….…… 39

2.1.2 La publicité comme argumentation………..….... 42

2.2 Histoire de la publicité……… ……….……….. 45

2.2.1 L’histoire de la publicité dans les médias………...…………..…… 47

2.3 Les caractéristiques de la publicité………..….. 54

2.4 Les composantes de la publicité………...……. 58

Chapitre 3 – Analyse du corpus de presse……….….. 61

3.1 Les anglicismes dans le domaine du maquillage et de la beauté………... 62

3.2 Les anglicismes dans le domaine de la mode……… 70

3.3 Les anglicismes dans le domaine des aliments et des boissons………….77

3.4 Les anglicismes dans le domaine de la musique………...….83

3.5 Les anglicismes dans le domaine de la technologie……….. 88

3.6 Les anglicismes dans le domaine du sport………...93

Conclusion……….…. 99

Bibliographie……….. 103

Sitographie………...….……..107

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INTRODUCTION

Il est connu que les langues ont emprunté depuis toujours des termes ou des expressions les unes des autres pour des raisons différentes qui peuvent être liées, par exemple, au prestige dont jouit une certaine langue ou au besoin de nommer une réalité inconnue.

À partir de la deuxième moitié du XXᵉ siècle on a assisté à une véritable invasion d’anglicismes dans les langues européennes, en raison de laquelle on utilise des désignations telles que : « anglomanie » ou « impérialisme linguistique » pour indiquer la domination linguistique de la langue anglaise sur le plan international.

En ce qui concerne notre travail de recherche, dans le premier chapitre nous nous focaliserons sur les anglicismes pas rapport à la langue française : on mettra donc en évidence le phénomène du franglais qui désigne la présence massive de mots anglais et de tournures syntaxiques typiques de la langue anglaise dans la langue française. Le grand nombre d’anglicismes qui sont utilisés dans l’Hexagone concerne plusieurs domaines, y compris la publicité que nous traiterons dans le deuxième chapitre. Tout d’abord nous donnerons une définition à propos du domaine en question, puis nous considèrerons la publicité en termes de communication de masse et d’argumentation.

Ensuite nous nous concentrerons sur le cas français, en retraçant l’histoire de la publicité dans l’Hexagone et, enfin, nous illustrerons quelles sont les caractéristiques et les composantes des textes publicitaires.

À propos de ces derniers, dans le troisième chapitre nous analyserons un corpus de presse constitué de textes publicitaires tirés de revues et de sites Internet français pour témoigner de l’invasion des mots anglo-américains dans le lexique français.

Spécifiquement, nous prendrons en considération les anglicismes et les jeux de mots que l’on peut trouver dans les noms propres de marque et de produit ainsi que dans les textes publicitaires français. Notre analyse sera articulée en six domaines dans lesquels on peut observer une présence significative d’anglicismes ; les secteurs sélectionnés sont les suivants : le maquillage et les produits de beauté, la mode, les aliments et les boissons, la musique, la technologie et le sport.

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Il faut remarquer que cette invasion de mots anglais contredit par certains aspects les disposition officielles du gouvernement français en matière de défense du patrimoine linguistique français des mots étrangers, en particulier des mots anglais. En vertu de cette protection, les organismes chargés de défendre la langue française ont préconisé l’emploi de mots équivalents français ou, au moins, la traduction des mots étrangers afin d’aider les consommateurs, comme la loi Toubon l’atteste.

En outre, aux fins de notre analyse, on fera référence aussi à la loi Toubon, qui concerne le domaine publicitaire et qui exige une traduction des mots étrangers de manière qu’ils soient lisibles en français. Par conséquent, on fera noter, par exemple, si les anglicismes ont été traduits dans les publicités ou non et si leur traductions peuvent être facilement lues par le public.

Pour conclure, on verra donc comment dans les publicités françaises on essaie d’établir un équilibre entre la sauvegarde de la langue nationale d’une part et l’hégémonie de la langue anglaise en tant que langue internationale de l’autre.

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CHAPITRE 1 :

LES EMPRUNTS ET LE FRANGLAIS

1. 1 L’interférence linguistique

Les langues ne constituent pas des « entités isolées et stables » (Winter-Froemel 2015 : 401) qui ne changent jamais au cours du temps mais elles entrent continuellement en contact entre elles et s’influencent les unes les autres en produisant des phénomènes d’interférence linguistique ou de transfert linguistique.

L’interférence linguistique comporte l’introduction de nouveaux mots et de nouvelles structures syntaxiques dans une certaine langue et se manifeste principalement à travers les emprunts lexicaux et les calques.

Les facteurs qui sont à la base du contact et, donc, du transfert entre deux langues sont plusieurs. Tout d’abord, on peut nommer la proximité géographique entre deux États, comme par exemple la proximité existante entre la France et l’Allemagne. Ensuite, on peut citer l’influence que certaines langues exercent sur les autres à cause de leur prestige mondial, tel est le cas de la langue anglaise aujourd’hui. Enfin, on peut remarquer l’importance que certaines langues possèdent dans certains domaines spécifiques, comme par exemple l’anglais dans le domaine de l’informatique : un grand nombre de langues ont emprunté computer, mot anglais qui désigne ce que l’on appelle ordinateur dans les pays francophones.

Le contact entre deux langues peut engendrer trois types d’interférence possibles : le substrat, le superstrat et l’adstrat.

1.1.1 Substrat

De manière générale, quand on parle de substrat on fait référence aux

langues de peuples conquis qui ont coexisté pendant un certain temps avec la langue des conquérants, mais qui ont finalement été abandonnées. (Winter-Froemel 2015 : 403)

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Le concept de substrat a été utilisé pour la première fois par le linguiste Graziadio Isaia Ascoli qui, dans ses Lettere glottologiche datant de 1887, a identifié dans le substrat la cause de certains changements linguistiques. En effet, Ascoli

introduce il termine sostrato e l’applica a diversi fenomeni che in francese andrebbero attribuiti all’influsso della lingua celtica, presente nella Gallia prima della conquista romana (ad es., la trasformazione de [u] in [y], fr., dur, mur, sûr). (Ferrer 2010 : 1)

Comme on a pu le constater dans la citation susmentionnée, les dialectes gaulois représentent un substrat de la langue française. Les Gaulois étaient une population celtique qui vivaient dans le territoire français avant l’arrivée des Romains. Le gaulois et le latin ont coexisté pendant quatre siècles et, enfin, les Gaulois ont abandonné leur langue en faveur du latin à cause du prestige politique, économique et culturel dont jouissait ce dernier. Même si les dialectes gaulois ont disparu, on peut en trouver des traces dans environ une centaine des mots français, notamment dans le domaine de l’agriculture, ou bien encore dans la façon de compter les nombres comme des multiples de 20.

1.1.2 Superstrat

Comme on l’a vu dans le paragraphe précèdent, si le substrat peut se configurer d’une certain façon comme la « langue des vaincus », de l’autre côté on a le concept de superstrat qui a été créé par Walther von Wartburg. D’après Winter-Froemel, ce terme désigne les

langues de peuples qui ont envahi le terrain après que la romanisation a eu lieu et qui ont exercé une certaine influence sur la langue, mais qui ont également été abandonnées plus tard. (Winter- Froemel 2015 : 404)

Donc, à l’opposé du substrat, on peut affirmer que le superstrat indique la « langue des vainqueurs ». Dans le cas de la langue française, on peut prendre en considération le francique, c’est-à-dire la langue des Francs, comme exemple de superstrat. Les Francs, peuple germanique, ont envahi la Gaule en donnant ainsi lieu à une coexistence entre leur langue et la langue gallo-romaine

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jusqu’au Xᵉ siècle, période pendant laquelle les Francs se romanisent et se christianisent progressivement, de sorte que le gallo-roman s’impose finalement en tant que langue de la vie religieuse, culturelle, commerciale et politique. (Winter-Froemel 2015 : 406)

Par rapport aux dialectes gaulois, comme l’affirme Paul Bogaards,

il reste un peu plus des traces franciques dans la langue qui porte toujours le nom de ces tribus germaniques : le français. (Bogaards 2008 : 74)

En effet, on peut retrouver ces traces dans environ 700 mots français : il s’agit surtout des mots liés aux domaines de la guerre et de l’administration. En outre, le fait de prononcer le h aspiré est dû également à cette influence germanique, contrairement au latin où le h est muet.

1.1.3 Adstrat

Enfin, le troisième type d’interférence linguistique possible est représenté par ce que Marius Valkhoff a appelé adstrat, terme qui dénote le fait que deux langues voisines d’un point de vue géographique s’influencent mutuellement sans qu’aucune des deux ne disparaisse.

Pour mieux comprendre ce concept, on peut penser à l’allemand ou à l’italien, qui représentent deux adstrats du français, qui ont emprunté des mots à la langue française et qui, à leur tour, ont fourni des mots au lexique français comme par exemple : valse qui vient de l’allemand Walzer ou sérénade qui vient de l’italien serenata.

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1.2 L’emprunt

On peut résumer l’histoire de la langue française qu’on a vu dans les paragraphes précédents en disant que

le français est né d’un parler qu’on appelle le gallo-roman et qui était une version du latin vulgaire ou populaire parlée par les diverses tribus qui peuplaient le territoire français à l’époque de l’Empire romain. (Bogaards 2008 : 73)

Donc, c’est à partir de ce fonds gallo-latino-germanique que la langue française développera son lexique, en empruntant des mots aux autres langues.

Comme on l’a observé dans le premier paragraphe, l’emprunt lexical ou, plus simplement, l’emprunt se configure comme une conséquence du contact entre les langues. Winter-Froemel écrit qu’on parle d’emprunt lorsque

suite à une situation de contact entre un locuteur natif de langue B, un nouveau mot ou une nouvelle expression de la langue A est introduit dans la langue B, comme c’est le cas pour le français base-ball, manager et week-end. (Winter-Froemel 2015 : 403)

De manière générale, on peut affirmer que quand une langue décide d’adopter un mot ou une expression étrangère dans son vocabulaire, c’est pour l’exigence de nommer des nouveaux concepts ou des nouveaux objets pour lesquels il n’y a pas encore un mot pour les décrire. Cependant, certaines fois on emprunte des mots qui n’indiquent pas une innovation et qui doublent ainsi les mots français ; par conséquent, il est important de distinguer entre deux types d’emprunts selon la nécessité effective : les emprunts

« de nécessité » et les emprunts « de luxe ».

1.2.1 Les emprunts « de nécessité »

On parle d’emprunt de nécessité pour indiquer un mot qui est introduit dans le vocabulaire de la langue cible afin de nommer un nouveau concept qui n’appartient pas à la langue emprunteuse. Par exemple, on peut prendre en considération les mots cow- boy, jazz ou whisky qui ont été empruntés pour désigner des nouvelles réalités

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socioculturelles qui n’existaient pas dans la langue française, en comblant ainsi le trou lexical.

1.2.2 Les emprunts « de luxe »

De l’autre côté, on trouve les emprunts de luxe qui sont considérés comme des emprunts superflus et inutiles puisqu’ils se réfèrent à un concept déjà connu et pour lequel il existe un terme français précis qui le désigne. À ce propos, Paul Bogaards se demande :

En effet, pourquoi se servir de surbooké si on peut dire qu’on est surchargé ou qu’on a trop de travail ? Et pourquoi employer O.K. si on a entendu, d’accord, d’ac, bien, ça va et tout le reste?

(Bogaards 2008 : 32)

On pourrait essayer de répondre aux questions posées par l’auteur en disant, avec Winter-Froemel (2015), que l’on emploie des emprunts de luxe afin de concrétiser certains buts communicatifs. De plus, on pourrait avancer aussi que l’emploi des emprunts de luxe dénote un certain snobisme ; Paul-Romain Larreya (2014) affirme, en effet, qu’ils sont considérés comme des « emprunts snobs » par « les moins modérés des franglophobes » (Larreya 2014 : 28). Il cite comme exemple d’emprunts de luxe l’utilisation de mots anglais tels que blind test ou winner à la place de leur équivalents français test à l’aveugle et vainqueur. Toutefois, Larreya précise que le fait d’employer des mots comme gentleman ou stock-option ne doit pas être considéré comme une attitude de « snobitude franglophonique » (Larreya 2014 : 29) puisque ces mots anglais appartiennent au français courant.

À propos du vocabulaire contemporain du français, si on l’observe, on peut constater que la langue anglaise représente celle que lui fournit plus des mots actuellement car il y a beaucoup d’anglicismes qui constituent son vocabulaire. Mais, avant d’analyser les anglicismes, si on rebondit au XIIᵉ siècle, on peut voir quelles sont les premières langues auxquelles le français a emprunté des mots: l’arabe, le néerlandais et l’italien.

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1.2.3 Les emprunts à la langue arabe, néerlandaise et italienne

Tout d’abord, la langue française est entrée en contact avec le monde arabe au moyen des Croisades, en empruntant des mots concernant le domaine scientifique, plus précisément la médicine, la chimie et les mathématiques : alcool, alcali, zéro constituent des exemple d’emprunts à la langue arabe.

En ce qui concerne le contact avec la langue néerlandaise, la langue française a emprunté des termes qui se réfèrent aux domaines de la navigation et de la pêche tels que quille et éperlan, pour n’en citer que quelques-uns.

Comme on l’a vu, l’italien représente une autre langue qui a fortement influencé le français à partir du XIIIᵉ siècle pour atteindre le sommet au XVIᵉ siècle, grâce au prestige que l’Italie avait à l’époque de la Renaissance d’une point de vue culturel, politique et économique. Les italianismes concernent surtout le domaine des arts, comme la musique (ballet, violon) et l’architecture (balcon, stuc). Puis encore, on peut trouver des mots d’origine italienne dans le domaine de la guerre (colonel, sentinelle) et de la finance (banqueroute, contrebande). Bogaards (2008 : 76) cite Pierre Guiraud (1971) pour souligner le fait que l’italien représente le premier fournisseur de mots pour le français par rapport à l’anglais ; en effet on estime que le français a emprunté plus de 800 mots italiens contre moins de 700 mots anglais jusqu’en 1933. Ensuite, à partir de la deuxième moitié du XXᵉ siècle, l’anglais deviendra la langue principale à laquelle le français empruntera un nombre considérable de mots.

1.2.4 Les emprunts à l’anglais : les anglicismes

1.2.4.1 Définition d’anglicisme

Traditionnellement, l’anglicisme est défini comme un « emprunt à l’anglais » (Le Petit Robert, 2012), donc il s’agit d’un mot ou d’une expression du français qui ont été empruntés à la langue anglaise. Cependant, selon Paul Bogaards (2008) cette définition est un peu réductrice et donc elle ne suffit pas à expliquer ce qu’un anglicisme représente vraiment. En effet, on doit souligner que l’anglicisme n’est pas un emprunt

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qui concerne seulement le mot en soi car il peut n’intéresser qu’un seul aspect du terme comme le suffixe ou le sens.

En retournant à Bogaards, il propose une double définition du terme « anglicisme » en prenant en considération d’une part le locuteur et de l’autre part la langue elle-même.

En ce qui concerne le locuteur, l’auteur affirme que l’anglicisme constitue une tendance ou une habitude que l’on peut observer chez les locuteurs francophones et qui se manifeste d’une façon diverse dans la langue. Il précise que:

le terme « anglicisme », tout comme d’autres termes en –isme comme « alarmisme » ou

« altruisme », devrait évoquer l’idée des attitudes qu’on a fait siennes, en l’espèce à l’égard de l’emploi de la langue. À l’égard du locuteur, l’anglicisme pourrait se définir comme la tendance à se servir sans restrictions des moyens linguistique de l’anglais […]. (Bogaards 2008 : 57-58)

Ensuite, dans le domaine de la langue, il définit l’anglicisme comme

l’ensemble des phénomènes et tendances qui traduisent l’influence de l’anglais sur le français. Et cela va donc des changements dans l’image graphique, via les innovations phonologiques, lexicales, syntaxiques et discursives, aux développements morphologiques récents. (Bogaards 2008 : 58)

Après avoir expliqué les deux nouveaux sens qu’il propose pour définir ce qu’est un anglicisme, Bogaards éclaircit, enfin, qu’il utilise

ce terme aussi dans le sens qu’il a le plus fréquemment dans le discours, à savoir : un mot ou une expression qui a été emprunté, en tout ou en partie, à l’anglais ou qui a été formé sous l’influence de cette langue. Cette définition inclut donc aussi bien des formations morphologiques comme débriefer que le calques du type gratte-ciel ou ce n’est pas ma tasse de thé. (Bogaards 2008 : 58)

Comme on l’a vu, l’auteur propose comme exemples d’emprunts à l’anglais débriefer, gratte-ciel et ce n’est pas ma tasse de thé qui représentent des différent types d’anglicismes. Cela nous permet d’illustrer quelles sont les catégories d’anglicismes qu’on peut trouver dans la langue française.

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1.2.4.2 Catégories d’anglicismes

Il existe plusieurs catégorisations qui concernent les emprunts à l’anglais. Dans la liste suivante, on a regroupé les classifications proposées par Celeste Boccuzzi (2010), Paul Bogaards (2008) et Maria Teresa Zanola (1991).

Dans sa classification des différents types d’anglicismes, Celeste Boccuzzi se fonde sur Josette Rey-Debove (1998). En particulier, Boccuzzi cite Rey-Debove lorsqu’elle met en évidence que

C’est avoir une idée bien superficielle de l’anglicisme que de ne le considérer que comme un mot emprunté. D’une part, nous n’empruntons pas que des mots et, d’autre part, il ne s’agit pas toujours du signe complet mais de son expression et de son contenu seulement. (Rey-Debove 1998 : 170-171 apud Boccuzzi 2010 : 58)

Après cette précision théorique, on passe à la catégorisation effective des emprunts à l’anglais. Quant à Boccuzzi, l’auteure classifie les anglicismes dans les catégories qui suivent :

1) L’anglicisme lexical

L’anglicisme lexical est autrement appelé « intégral » puisqu’il s’agit d’un mot ou d’une expression anglaise qui sont repris tels quels sans aucun changement dans la langue emprunteuse, comme par exemple dans les cas de look ou de top.

2) L’anglicisme sémantique

On parle d’anglicisme sémantique quand on n’emprunte que le sens d’un mot ou d’une expression anglaise. Par exemple, le verbe réaliser est principalement employé en français avec le sens d’ « accomplir » ; mais ce verbe a acquiert aussi le sens de « se rendre compte (de) » qui a été emprunté au verbe anglais to realize.

3) Le calque

Le calque constitue un type particulier d’emprunt où une langue emprunte un terme ou une expression et les traduit de manière littérale : le mot français gratte-ciel est un calque de l’anglais skyscraper, l’expression française lune de miel est calquée sur l’anglais honeymoon. En outre, le calque peut aussi concerner des phrases entières, donc

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dans ce cas on parle de calque phraséologique. Par exemple, la phrase anglaise This is not my cup of tea a donné lieu en français à l’expression Ce n’est pas ma tasse de thé qui, comme an anglais,

est utilisée pour signaler que l'on n'est pas dans son activité préférée, que la chose en question n'est pas quelque chose qui nous convient. (http://www.linternaute.com/expression/langue- francaise/4924/ce-n-est-pas-ma-tasse-de-the/)

4) L’anglicisme morphologique

On parle d’anglicisme morphologique lorsqu’on ajoute à un mot des suffixes d’origine anglaise tels que : –ing (shampooing), -man (tennisman), -woman (superwoman) et - land (Dysneyland).1

5) L’anglicisme phonétique

Ce type d’anglicisme comporte le fait d’emprunter à l’anglais des phonèmes comme [ŋ]

qu’on peut rencontrer dans des mots qui se terminent par -ing comme parking, ou encore le fait d’emprunter le phonème [s] suivi d’une consonne sonore comme dans smoking. En outre, l’anglicisme phonétique concerne aussi le fait de « prononcer des mots empruntés à l’anglais en gardant la prononciation anglaise » (Boccuzzi 2010 : 64).

À ce propos, Celeste Boccuzzi (2010 : 64) cite comme exemples les mots cents et interview, mots qui sont écrits de la même façon en anglais et en français et qui sont souvent prononcés à l’anglaise sans être toutefois adaptés aux règles de la prononciation française.

6) L’anglicisme graphique

Celeste Boccuzzi (2010 : 64) décrit l’anglicisme graphique comme « l’emploi d’une orthographe ou d’une typographie qui suit l’usage anglo-saxon ». Elle examine comme exemple orthographique le mot addresse, écrit avec un double d à cause de l’influence

1 Dans cette catégorie, nous incluons aussi la catégories des « anglicismes en –ing » que Boccuzzi analyse séparément. L’auteure parle des anglicismes en –ing pour indiquer tous les mots qui sont créés à partir de l’ajout du suffixe –ing à une racine. La suffixation peut concerner des mots d’origine anglaise comme dans le cas de meeting ou des mots d’origine française comme dans le cas de bronzing.

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du mot anglais address, tandis qu’en français on dit adresse. Du point de vue de la typographie, on peut signaler l’emploi des guillemets anglais (" ") au lieu des guillemets français (« »).

7) L’anglicisme phraséologique

Ce type d’anglicisme se caractérise par l’emprunt d’expressions ou des locutions idiomatiques qui sont propres à la langue d’outre-Manche comme : fifty-fifty, one-man- show, made in suivi du lieu de production, comme dans l’expression « made in France » qui est fortement utilisée dans la publicité française.

8) L’anglicisme hybride

L’anglicisme hybride est un type d’emprunt mixte puisqu’il y a la combinaison d’un élément anglais avec une forme française : Bogaards (2008) cite top niveau comme exemple d’anglicisme hybride, où top représente l’emprunt anglais et niveau est la forme française.

9) Les emprunts aller-retour : français-anglais-français

Boccuzzi (2010) définit les emprunts aller-retour comme des mots français qui ont été empruntés en premier lieu par la langue anglaise pendant la domination normande et qui ensuite se sont bien intégrés à cette langue. Enfin, ces mots qui sont devenus désormais anglais ont été réempruntés par la langue française en revenant ainsi au français. En d’autres termes, il s’agit de mots devenus anglais que la langue française a réempruntés comme tels. Pour faire un exemple, on peut citer le mot anglais budget qui « vient de l’ancien français bougette, diminutif de bouge "sac, valise" » (Le Petit Robert, 2012).

Larreya (2014) appelle ces types d’emprunts comme des « mots ping-pong » puisqu’ils ont fait un aller-et-retour entre le français et l’anglais. L’auteur propose comme exemple le mot tonel qui vient du français médiéval avec le sens de tonneau. Au XVᵉ siècle, le mot tonel a été emprunté par la langue anglaise qui en a modifié non seulement la forme (tunnel), mais aussi le sens (tuyau). Au XIXᵉ siècle, la langue française a réemprunté ce mot avec « son sens actuel (« galerie souterraine ») » (Larreya 2014 : 18).

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13

10) Les faux anglicismes ou pseudo-anglicismes

Pour définir les faux anglicismes ou pseudo-anglicismes Boccuzzi (2010) se sert d’une définition tirée d’Henriette et Gérard Walter dans le Dictionnaire des mots d’origine étrangère où les faux anglicismes sont classés comme

des inventions made in France formées avec des mots d’apparence anglaise mais qui n’existent pas sous cette forme ou avec le même sens en anglais. (Walter / Walter 1988 : 389)

Pour faire un exemple concret, on peut citer le cas du mot smoking qui est utilisé en français et en anglais avec la même forme graphique, mais qui a deux sens différents.

En effet, en français, le smoking représente un vêtement élégant qui est appelé dinner jacket par les anglais et tuxedo par les américains. Dans la langue anglaise, si on parle de smoking on fait référence à l’acte de fumer, du verbe anglais to smoke.

11) Les anglicismes exotiques

Un anglicisme exotique représente un emprunt indirect, c’est-à-dire un emprunt que la langue anglaise a fait à une autre langue et qui a été emprunté ensuite par le français à travers l’anglais. Au contraire, on parle d’anglicisme direct pour indiquer un emprunt que la langue française fait directement à la langue anglaise et qui est d’origine anglaise, comme dans le cas du mot background.

Pour faire un exemple d’anglicisme exotique ou indirect, on peut citer kiwi, mot qui a été emprunté par l’anglais à la langue maori et qui a été repris ensuite par le français.

Dans ce cas, la langue anglaise joue le rôle d’intermédiaire entre la langue maori et la langue française.

Après avoir exposé les types d’anglicismes analysés par Boccuzzi, on peut prendre en considération aussi la catégorie d’anglicismes qui concerne les sigles et les acronymes comme le propose Bogaards :

12) L’emprunt des sigles et d’acronymes

Paul Bogaards (2008) parle de ce type d’anglicisme pour indiquer les sigles et les acronymes anglais qui ont été empruntés et qui sont utilisés en français comme : O.K.

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ou K.O., mais il souligne aussi l’emploi de l’appellatif anglais Mr. à la place de l’équivalent français Monsieur.

Dans sa classification des anglicismes, Zanola (1991) inclut aussi les anglicismes intégrés, les pérégrinismes et les xénismes :

13) Les anglicismes intégrés

À cette catégorie appartiennent tous les anglicismes qui ont été codifiés officiellement par la langue française comme interview et meeting et qui sont mentionnés dans le dictionnaire de l’Académie Française.

14) Les pérégrinismes

Les pérégrinismes sont des anglicismes qui sont employés seulement dans certaines circonstances par la langue française et qui concernent

une réalité anglaise ou américaine qui n’existe pas dans le domaine d’expérience du locuteur français au moment de leur emploi. (Zanola 1991 : 20-21)

Dans l’analyse de son corpus de presse (1982-1989), l’auteure observe que certain pérégrinismes sont « devenus des emprunts proprement dits » (Zanola 1991 : 20), comme T-shirt, tandis que d’autres sont utilisés rarement comme, par exemple, twin-set.

15) Les xénismes

On parle de xénismes pour faire référence aux anglicismes qui sont empruntés tels quels à la langue anglaise et qui sont considérés comme étrangers dans la langue d’arrivée. Ce type d’emprunt représente des termes ou des expressions anglais qui entrent en concurrence avec un terme ou une expression française. À ce propos, l’auteure cite l’exemple de l’anglais know-how qui est souvent employé dans la langue française à la place de l’expression française savoir-faire.

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1.2.4.3

La graphie et la prononciation des anglicismes au fil du temps

Après avoir illustré les catégories d’anglicismes qu’on peut trouver dans la langue française, on doit souligner le fait que la graphie et la prononciation des emprunts anglais ont connu des changements au cours du temps ; quant à ces changements, Winter-Froemel (2015) identifie trois périodes principales.

Dans la première période, qui va jusqu’à la fin du XVIIIᵉ siècle, les emprunts sont fondés sur l’oralité et, donc, les mots empruntés s’adaptent en premier lieu aux règles de la prononciation française et, par conséquent, leur graphie sera fondée sur la prononciation française (par exemple, le mot français redingote vient de l’anglais riding-coat).

Ensuite, la deuxième période, qui va jusqu’au début du XXᵉ siècle, est caractérisée par la voie écrite : les anglicismes en français ne changent plus de graphie, mais leur prononciation ne respecte pas les règles de la prononciation anglaise (par exemple le mot anglais cow-boy était prononcé « coboï » en suivant donc la prononciation française).

À partir des années 1950, on peut parler d’une nouvelle période étant donné que les emprunts anglais suivent de manière générale la prononciation et la graphie anglaise car la langue anglaise s’est répandue considérablement « avec l’événement de la télévision de masse et le développement de l’enseignement de l’anglais » (Larreya 2014 : 45).

En résumant, on peut conclure en disant que si les anglicismes les plus récents sont plus faciles à détecter puisqu’ils ont conservé la graphie d’origine anglaise, au contraire il est plus difficile d’établir que, par exemple, redingote est un mot cachant une origine anglaise car il a été adapté à la graphie française.

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1.3 Le contact entre la langue française et la langue anglaise

Avant d’analyser le contexte historique qui a produit le contact entre la langue française et la langue anglaise, on doit préciser que ces deux langues se sont mutuellement influencées au fils des siècles. Si dans un premier temps c’est la langue française qui a influencé l’anglais, à partir du XVIIᵉ siècle c’est la langue anglaise qui a commencé progressivement à s’infiltrer de plus en plus dans le français en donnant lieu au phénomène du franglais.

1.3.1 L’influence du français sur l’anglais

Généralement, on fait remonter le premier contact entre la langue française et la langue anglaise à la bataille de Hastings, ville située au sud de l’Angleterre, qui s’est déroulée en 1066.

Au cours de cette bataille, les troupes normandes ont battu l’armée anglaise et, par conséquent, le duc de Normandie, Guillaume II, a été couronné roi d’Angleterre.

À la suite de l’invasion normande, la langue française est pénétrée en Angleterre en donnant lieu à une coexistence entre le français et l’anglais qui durera jusqu’à la guerre des Cents Ans (1337-1453). Cette cohabitation est commencée, tout d’abord, avec la francisation de la noblesse et du clergé par Guillaume II (devenu ensuite Guillaume le Conquérant) qui avait réservé les postes de pouvoir aux Normands et non pas aux Anglais; donc, il s’ensuit qu’à la cour anglaise on parlait cette variété du français, le normand, qui deviendra ensuite l’anglo-normand. C’est pendant cette période, qui va du XIᵉ siècle au début du XVᵉ siècle, qu’on assiste à la naissance de l’anglo-normand qui représente en quelque sorte le précurseur du franglais, terme largement diffus pour indiquer la présence massive des anglicismes dans le français contemporain.

On peut relever l’influence de la langue française sur la langue anglaise dans des mots comme cat qui vient du français chat ou encore honest qui dérive du français honnête.

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1.3.2 L’influence de l’anglais sur le français

Si la langue française a joué un rôle très significatif jusqu’au début du XVᵉ siècle puisqu’elle était la langue parlée par la classe dirigeante en Angleterre, à partir du XVᵉ siècle la situation a été renversée en causant la perte du prestige que cette langue avait sur l’anglais.

Depuis le XVᵉ siècle, les deux langues ont continué à emprunter réciproquement des mots, toutefois à partir de la fin du XVIIᵉ siècle, c’est la langue anglaise qui commence à acquérir une influence remarquable sur la langue française.

Au XVIIᵉ siècle, le français a commencé à emprunter des mots à la langue anglaise, notamment des mots concernant : les mœurs britanniques comme boulingrin (de l’anglais bowling green) ou football, les voyages exotiques (rhum), la politique (non- conformiste) et le commerce maritime (dock).

Le XVIIIᵉ siècle marque le début de ce qu’on peut appeler anglomanie qui atteindra son sommet à partir des années ‘50 et ‘60 du XXᵉ siècle. Les anglicismes de ce siècle touchent encore une fois plusieurs domaines de la vie anglaise (cricket, humour, whisky), mais surtout le domaine politique : meeting, tory, vote.

À partir du XIXᵉ siècle, la langue française a introduit dans son lexique beaucoup d’

anglicismes, surtout en raison de :

1) l’expansion de la puissance britannique dans le monde entier ; 2) l’augmentation des moyens de communication ;

3) la diffusion des idées, des faits et des mots à travers la presse. (Boccuzzi 2010 : 35)

Dans cette période on assiste à l’entrée dans le français des mots anglais qui concernent plusieurs domaines comme: la mode (leggings, tweed), les boissons et les aliments (cocktail, sandwich), les sports britanniques (tennis, rugby) et aussi les sports américains (base-ball, basket-ball).

Pourtant on doit souligner que ce siècle se caractérise notamment par les progrès techniques à la suite de la Révolution Industrielle où la Grande Bretagne a eu un rôle dominant. Donc, il y a beaucoup d’anglicismes liés, par exemple, à la locomotion, comme train ou pullman, et d’autres concernant la technique moderne comme élévateur ou watt.

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18

Au XXᵉ siècle on assiste à ce que Boccuzzi (2010 : 37) appelle « le début de l’

"américanomanie" » à cause de la grande importance exercée par les États-Unis sur la scène mondiale à partir de la Première Guerre mondiale. Du point de vue linguistique, le français, mais aussi d’autres langues européennes, a emprunté beaucoup de mots qui se réfèrent au domaine de l’informatique où les États-Unis ont toujours joué un rôle très important : on peut citer des anglicismes tels que hardware, software et les plus récents blog, spam. Les anglicismes de ce siècle concernent aussi le domaine du commerce et de la mode comme : look, marketing, shopping.

1.3.2.1 Le franglais

Le nombre des anglicismes et des américanismes empruntés dans cette période a été tellement massif qu’on parle du phénomène du franglais. Ce mot-valise2 est formé à partir de l’union des mots français et anglais et il désigne le fait d’employer une langue française qui est caractérisée par une forte influence anglaise à l’écrit et à l’oral.

En ce qui concerne l’influence de la langue anglaise, on peut citer aussi d’autres langues hybrides telles que le chinglish (mélange de chinois et d’anglais) ou le spanglish (mélange d’espagnol et d’anglais) qui confirment encore une fois le prestige que la langue anglaise possède dans la communication internationale.

Pour comprendre le phénomène du franglais, on peut examiner des exemples concrets de franglais qui témoignent de l’influence de l’anglais sur le français contemporain. On prendra en considération plusieurs domaines de la langue : l’orthographe, la prononciation et la morphosyntaxe.

Dans le domaine de l’orthographe, Bogaards signale « la disparition du –e final dans des mots comme rapide ou moderne » (Bogaards 2008 : 41). Cette tendance semble répondre aux exigences du marketing, donc elle est employée surtout dans les noms de produits ou des entreprises. À propos du commerce, l’auteur cite des exemples tels que Harry’s Bar ou Chez Loui’s où nous pouvons constater que l’emploi du génitif saxon représente une influence évidente de la langue anglaise.

2 Un mot-valise est un « Mot résultant de la réduction d'une suite de mots à un seul mot, qui ne conserve que la partie initiale du premier mot et la partie finale du dernier (par exemple franglais) ».

(http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/mot-valise_mots-valises/52839)

(29)

19

En ce qui concerne la prononciation, le cas le plus remarquable est celui de la consonne [ŋ] que nous avons déjà considérée dans la catégorie des anglicismes phonétiques. À cet égard, Winter-Froemel propose comme exemple l’emprunt du mot shopping, à propos duquel il précise que

la prononciation [ŋ] s’est introduite, mais son statut reste controversé : devrait-on prendre en compte la diffusion marginale de cette prononciation au sein de la langue française, ou s’agit-il tout simplement d’un nouveau phonème de la langue française puisqu’il est possible de trouver les paires minimales campine – camping [kɑ̃pin - kɑ̃piŋ] et chopine – shopping [ʃɔpin - ʃɔpiŋ] ? La plupart des auteurs ont opté pour la deuxième solution, mais cette analyse ne fait pas complètement l’unanimité. (Winter-Froemel 2015 : 414)

Relativement au domaine de la morphosyntaxe, Winter-Froemel (2015) examine certains phénomènes qui résultent de l’influence anglaise sur la langue française. On peut noter la tendance à antéposer l’adjectif au nom, tendance typique de la syntaxe anglaise pour laquelle l’auteur donne comme exemple l’expression une positive attitude au lieu d’une attitude positive. Puis, il remarque l’emploi des adjectifs à la place des adverbes en proposant comme exemple sourire jeune et l’accumulation des adjectifs du type : une moderne et somptueuse demeure. Ensuite, on note une augmentation de l’emploi de la forme passive à la place de la voix active qui, au contraire, est typique de la syntaxe française, et « l’emploi de composées du type déterminant-déterminé (Alpes Hôtel au lieu de Hôtel des Alpes) » (Winter-Froemel 2015 : 415).

Le terme franglais semble avoir fait son apparition pour la première fois le 26 septembre 1959 dans l’article Français ou Franglais ? de Maurice Rat qui a été publié dans le quotidien France-Soir. Dans l’extrait suivant, tiré de l’article en question de Rat, l’écrivain donne sa propre définition du franglais en affirmant que:

L'élite des Argentins écrit et parle un français mêlé d'espagnol que le spirituel chroniqueur du

« Quotidien », le grand journal français de Buenos Aires, a proposé de baptiser le "fragnol".

Faudra-t-il appeler bientôt « franglais » ce français émaillé de vocables britanniques que la mode actuelle nous impose ? (Étiemble 1973 : 48)

Si Rat a forgé ce mot, René Étiemble a contribué à le rendre populaire grâce à la publication de son livre Parlez-vous franglais ? qui a paru en 1964 et qui représente

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20

une vraie pierre angulaire de la défense de la langue française contre l’invasion des anglicismes. À ce propos, Bogaards (2008) consacre un entier chapitre dans son œuvre à Étiemble en résumant le message qui est à la base du livre Parlez-vous franglais ?, un message où l’auteur condamne l’hégémonie - non uniquement linguistique - anglo- américaine :

les Français se servent trop des mots repris à l’anglais ; cela met en danger non seulement la pureté de la langue, mais aussi leur indépendance économique et culturelle, voire leur intégrité intellectuelle. Il est donc de la plus grande urgence, si on veut éviter le pire, d’intervenir et de prendre des mesures bien senties. (Bogaards 2008 : 108)

1.3.3 Défense de la langue française

Comme on l’a observé dans la citation ci-dessus, Étiemble a pris une position nettement puriste par rapport à la langue française en exposant les risques du contact entre l’anglais et le français. Toutefois, la réaction d’Étiemble n’a pas été la seule : il est important de souligner qu’il y a eu beaucoup d’autres réactions critiques, individuelles et institutionnelles, par rapport à la défense de la langue française qui ont comporté une série d’initiatives.

Avant d’illustrer les mesures concernant la protection du français de l’invasion des mots anglo-américains, on doit remarquer que l’invasion des mots étrangers a toujours suscité des réactions puristes afin de défendre la langue française. En effet, il faut rappeler que l’anglais du XXᵉ siècle a recouvert le même rôle de prestige que l’italien avait au XVIᵉ siècle ; c’est en raison de ce prestige que beaucoup d’italianismes ont enrichi le vocabulaire du français à l’époque de la Renaissance. La vague linguistique des italianismes avait été tellement massive qu’elle avait causé des réactions négatives face au contact entre le français et l’italien : Bogaards (2008) cite à ce propos la réaction critique de Henri Estienne qui dans Deux dialogues du nouveau langage françoys italianizé et autrement desguizé (1578) écrivait :

mauvais mesnagers qui, pour avoir plutost faict, empruntent de leurs voisins ce qu’il trouveroyent chez eux s’ils vouloyent prendre la peine de chercher. (Bogaards 2008 : 75)

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En revenant au XXᵉ siècle, on peut voir les mesures qui ont été adoptées afin de lutter contre la contamination linguistique du français, mais surtout contre le phénomène du franglais. Les premiers institutions pour la défense de la langue française ont été créés entre les années ‘50 et ‘60 : le Conseil du Langage Scientifique en 1952, puis devenu Comité Consultatif du langage scientifique trois ans plus tard, le Comité d’Etude des termes techniques français en 1954 et le Haut Comité pour la défense et l’expansion de la langue française en 1966.

Dans les années ‘70 on doit remarquer l’importance des Commissions ministérielles de terminologie et de la loi Bas-Lauriol de 1975. On a confié aux Commissions de terminologie la tâche d’indiquer les termes français qui doivent être utilisés à la place des mots étrangers, surtout des mots anglais. Les termes individués concernent plusieurs domaines (transports, économie, finances, santé, etc.) et ils ont été publiés sous forme de décrets au Journal Officiel. À propos des termes substitutifs, Winter-Froemel (2015) souligne que

certains des équivalents sont entrés dans l’usage (p. ex. baladeur pour walkman […] ), d’autres, par contre, n’ont pas été adoptés (p. ex. champ pour [tennis] court […]. (Winter-Froemel 2015 : 424)

Ensuite, on doit rappeler la loi n°75-1349 du 31 décembre 1975 relative à l'emploi de la langue française, dite loi « Bas-Lauriol » du nom de ses deux auteurs : Pierre Bas et Marc Lauriol. Avec cette loi, l’utilisation du français devient obligatoire dans la publicité, dans le commerce et aussi dans l’audiovisuel comme le premier article l’atteste :

Dans la désignation, l'offre, la présentation, la publicité écrite ou parlée, le mode d'emploi ou d'utilisation, l'étendue et les conditions de garantie d'un bien ou d'un service, ainsi que dans les factures et quittances, l'emploi de la langue française est obligatoire.

Le recours à tout terme étranger ou à toute expression étrangère est prohibé lorsqu'il existe une expression ou un terme approuvés dans le conditions prévues par le décret n° 72-19 du 7 janvier 1972 relatif à l'enrichissement de la langue française.

Le texte français peut se compléter d'une ou plusieurs traductions en langue étrangère.

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22

Les mêmes règles s'appliquent à toutes informations ou présentations de programmes de radiodiffusion et de télévision, sauf lorsqu'elles sont destinées expressément à un public étranger.

L'obligation et la prohibition imposées par les dispositions de l'alinéa 2 s'appliquent également aux certificats de qualités prévues à l'article 7 de la loi de finances n° 63-628 du 2 juillet 1963.

Cette loi a été abrogée par la loi no 94-665 du 4 août 1994, dite aussi « loi Toubon » du nom de Jacques Toubon, le ministre de la Culture et de la Francophonie de l'époque. La loi en question s’appuie sur un nouvel alinéa qui a été ajouté le 25 juin 1992 à l’article 2 de la Constitution : « la langue de la République est le français ». En effet cette loi concerne l’emploi de la langue française et vise à protéger la pureté du patrimoine linguistique français, comme on peut le constater en lisant le premier article :

Langue de la République en vertu de la Constitution, la langue française est un élément fondamental de la personnalité et du patrimoine de la France.

Elle est la langue de l'enseignement, du travail, des échanges et des services publics.

Elle est le lien privilégié des Etats constituant la communauté de la francophonie.

Donc le but de la loi est celui d’assurer la primauté de la langue française en France contre les nombreux anglicismes du français. Cette loi a été surnommée avec l’appellation de loi all good, qui représente une traduction littérale en anglais de Toubon ou de tout bon, pour indiquer d’un ton ironique le fait qu’un nombre considérable d’anglicismes envahissent la publicité française. En ce qui concerne la publicité, la loi en question a imposé l'usage du français dans la publicité et dans le marketing :

Dans la désignation, l'offre, la présentation, le mode d'emploi ou d'utilisation, la description de l'étendue et des conditions de garantie d'un bien, d'un produit ou d'un service, ainsi que dans les factures et quittances, l'emploi de la langue française est obligatoire.

Les mêmes dispositions s'appliquent à toute publicité écrite, parlée ou audiovisuelle.

Les dispositions du présent article ne sont pas applicables à la dénomination des produits typiques et spécialités d'appellation étrangère connus du plus large public.

La législation sur les marques ne fait pas obstacle à l'application des premier et troisième alinéas du présent article aux mentions et messages enregistrés avec la marque. (art. 2, loi Toubon)

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Il est important de préciser que cette loi permet l’emploi des langues étrangères dans la publicité, mais elle impose que les mots étrangers doivent être traduits en français de façon « lisible, audible ou intelligible » (art.4, loi Toubon) afin de protéger les consommateurs comme le deuxième alinéa de l’article 4 l’atteste :

Dans tous les cas où les mentions, annonces et inscriptions prévues aux articles 2 et 3 de la présente loi sont complétées d'une ou plusieurs traductions, la présentation en français doit être aussi lisible, audible ou intelligible que la présentation en langues étrangères. (art. 4, loi Toubon).

Il est évident qu’il y a un parallélisme entre la loi Bas-Lauriol et la loi Toubon en ce qui concerne l’importance de l’emploi de langue française, surtout dans les médias, dans la publicité et dans le commerce. Toutefois, il est nécessaire de souligner que dans la loi Toubon il n’y a pas de références aux listes de termes français à employer à la place des termes étrangers, comme prévu, par contre, par la loi Bas-Lauriol. En effet, dans la circulaire du 19 mars 1996 qui comporte l’application de la loi Toubon, on affirme qu’il n’y a « aucune liste de termes ou d’expressions qui seraient interdits ou qu’il faudrait obligatoirement employer » (Bogaards 2008 : 187). À ce propos, le Conseil constitutionnel a jugé le fait de devoir obligatoirement utiliser des mots équivalent français et non pas des termes étrangers comme une violation de la liberté d’expression conformément aux dispositions de l’article 11 de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen3.

Le décret du 3 juillet 1996 a introduit un dispositif qui a pour but l’enrichissement du vocabulaire français à travers la création de nouveaux mots et de nouvelles expressions surtout « dans les domaines économique, scientifique et technique » (Boccuzzi 2010 : 152). Dans l’accomplissement de cette mission, l’Académie Française et la Commission générale de terminologie jouent un rôle déterminant puisqu’elles s’occupent de la création de néologismes, équivalents aux mots étrangers, indispensables pour combler les lacunes du lexique français.

3 Art. 11. La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi.

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1.4 L’anglais en tant que langue de communication universelle

Après avoir traité des mesures qui concernent la protection du patrimoine linguistique français, nous pensons qu’il est nécessaire de s’attarder à expliquer le phénomène par lequel l’anglais constitue une langue universelle et les raisons qui ont conduit à l’énorme diffusion planétaire de cette langue.

Il faut avant tout signaler que, comme on l’a déjà observé, la langue anglaise et la langue française se sont longtemps mutuellement influencées ; cependant, à partir du vingtième siècle, la langue anglaise a commencé à pénétrer de façon massive dans le vocabulaire français ainsi que dans le vocabulaire des autres langues.

Quant à la langue française, on doit remarquer qu’elle a acquis son statut de langue de la diplomatie à partir du dix-septième siècle : en effet, à partir de cette époque, beaucoup de termes français, comme « élite » pour citer un exemple parmi d’autres, ont enrichi le vocabulaire de différents pays européens étant donné que les classes bourgeoises européennes utilisaient très souvent la langue française « comme la langue de conversation cultivée ou élégante » (Bogaards 2008 : 140). De plus, on doit considérer que

Le français connaît son apogée au 19ème et au début du 20ème siècle. D'une part, les aristocrates dans certains pays européens comme la Russie et la Roumanie préféraient le français à leurs langues maternelles. D'autre part, le développement du colonialisme a joué un rôle important dans l'expansion du français en dehors de l'Europe. La France est devenue alors la métropole d'un vaste empire colonial dans lequel elle envoyait de nombreux enseignants et où elle créait des collèges et des lycées français. (Ennasser 2010 : 66)

Toutefois, à partir du vingtième siècle, le français a commencé lentement à perdre son prestige en tant que « langue privilégiée des relations contractuelles et diplomatiques » (Boccuzzi 2010 : 17) à cause de l’influence culturelle, économique et linguistique jouée par la langue anglaise sur la scène mondiale. Plus précisément, on doit souligner que l’anglais s’est configuré comme langue de la diplomatie à partir du 1919, à l’occasion du traité de Versailles qui « a été écrit en anglais et en français, la langue dominante

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25

utilisée dans la diplomatie jusqu’à ce moment » (http://frenchinaustralia.com/pourquoi- langlais-est-il-devenu-une-langue-universelle/).

Comme il est notoire, à l’époque actuelle c’est la langue anglaise qui possède le prestige qu’une fois appartenait au grec et au latin et, ensuite, au français en tant que langues universelles, surtout sur la scène européenne. En d’autres termes, à partir de la moitié du vingtième siècle, l’anglais a obtenu le statut de langue prestigieuse et privilégiée en vertu de son emploi comme moyen de communication dans plusieurs contextes au niveau international. Par conséquent, on peut affirmer que la langue anglaise se caractérise aujourd’hui, sans aucun doute, comme la langue de communication universelle par excellence. Tel concept de langue universelle s’inscrit dans un monde qui est de plus en plus global et interconnecté et qui, donc, est dominé par une communication de masse grâce aux technologies de plus en plus efficaces et rapides à notre disposition. On peut introduire sur ce sujet le concept de mondialisation qui est défini, en effet, en tant que

Phénomène d’ouverture des économies nationales sur un marché mondial libéral, lié au progrès des communications et des transports, à la libéralisation des échanges, entraînant une interdépendance croissante des pays. (Le Petit Robert, 2012)

En raison de cette mondialisation, la langue anglaise occupe une place prédominante dans plusieurs secteurs et, en outre, il faut souligner qu’elle représente aussi la langue qui est normalement utilisée dans plusieurs contextes internationaux afin de permettre, par exemple, des communications interculturelles. Compte tenu de ce qui précède, on peut définir donc la langue anglaise en termes de « lingua franca », expression qui était utilisée historiquement pour indiquer la langue employée dans les ports méditerranéens pour les échanges et qui remonte à l’époque des croisades jusqu’à la fin du dix- neuvième siècle environ. En ce qui concerne son sens contemporain, il faut préciser que

« le terme a été emprunté par la langue anglaise pour nommer le concept de "langue véhiculaire" » (Truchot 2005 : 167) qui indique précisément la langue qu’on utilise lorsqu’il y a une

[…] communication entre des communautés d'une même région ayant des langues maternelles différentes. (http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/véhiculaire/81267)

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