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Repères bibliographiques concernant la presse

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Academic year: 2021

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RÉSUMÉ

Le présent mémoire s’interroge sur le débat journalistique autour de l’attentat de Nice, survenu le soir du 14 juillet 2016 sur la Promenade des Anglais, lors du feu d’artifice. Le but de ma recherche consiste à examiner comment la presse nationale française a traité l’actualité terroriste, dans le but d’informer les lecteurs et de les orienter politiquement. Au cœur de cette étude, une place considérable est occupée par l’analyse des Unes, des éditoriaux et des articles-portrait du terroriste, parus la semaine successive à l’attentat, entre le 16 et le 21 juillet 2016, dans les versions papier des quotidiens nationaux suivants : Le Figaro, Libération, Aujourd’hui en France et Le Monde. La présente étude s’articule autour de deux parties. La première partie s’intéresse au contexte historique, qui se place en arrière plan par rapport aux attentats terroristes ayant eu lieu en France, ainsi qu’aux références méthodologiques employées pour l’analyse. En revanche, la deuxième partie, se focalise sur l’analyse des éditoriaux, des Unes et des articles-portrait du tueur, contenus dans le corpus examiné, afin de retracer la position du journal sur la question de l’attentat.

COMPENDIO

Il presente lavoro di tesi affronta lo studio del dibattito giornalistico sulla strage di Nizza, che ha avuto luogo la sera del 14 luglio 2016, sulla Promenade des Anglais, in occasione della festa nazionale francese.

L’obiettivo della mia ricerca consiste nell’analizzare come la stampa francese ha trattato tale tematica, nel tentativo di informare i lettori e di orientarli politicamente. Fondamentale è in tal senso l’analisi delle prime pagine dei quotidiani, degli editoriali e del ritratto dell’attentatore, pubblicati la settimana successiva all’attentato, precisamente dal 16 al 21 luglio 2016, nelle versioni cartacee dei seguenti quotidiani nazionali francesi: Le Figaro, Libération, Aujourd’hui en France e Le Monde. Tale ricerca si suddivide in due parti distinte. La prima parte si interessa al contesto storico alla base degli attentati terroristici avvenuti in Francia e alla metodologia applicata per l’analisi. La seconda parte rappresenta il cuore del presente elaborato finale ed è incentrata sull’analisi degli editoriali, delle prime pagine e del ritratto dell’attentatore, presenti nel corpus, al fine di delineare la posizione di ciascun quotidiano sulla tematica dell’attentato.

ABSTRACT

This dissertation deals with the journalistic debate on Nice terror attack, occurred on 14th July 2016, while people was celebrating Bastille Day on the Promenade des Anglais. The purpose of my research is to outline how French newspapers dealt with Nice terror attack, in order to inform and orient readers politically. The main part of my study approaches the analysis of front-pages, editorials and articles about the terrorist, published from 16th to 21st July 2016, in the following newspapers print editions: Le Figaro, Libération, Aujourd’hui en France and Le Monde. This study is composed of two parts. The first part investigates the historical context at the very basis of terrorist attacks in France, as well as the methodology applied for the analysis. On the contrary, the second part focuses on editorials, front pages and portraits of the terrorist, included into this corpus, in order to define the position each newspaper adopted on this topic.

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TABLE DES MATIÈRES

INTRODUCTION……….…………....7

I. L’ATTENTAT DE NICE : CONTEXTE ET MÉTHODOLOGIE………11

1.1. Le contexte sociopolitique des attentats en France………...………11

1.2. L’attentat de Nice : rappel des faits……….…………..16

1.2.1. La dynamique de l’attentat………..………...16

1.2.2. Quelles mesures ont été adoptées ?...………...16

1.2.3. Les questions polémiques autour de l’attentat………...17

1.3. Détermination du corpus……….……...18

1.4. Les grandes lignes……….………...………...……….…………20

1.4.1. L’analyse du discours………..20

1.4.2. L’embrayage énonciatif……….………..21

1.4.3. Le positionnement énonciatif………...……….………...…...24

1.4.4. L’analyse argumentative………...……….……….…25

1.4.5. Les stratégies argumentatives………...………..26

II. L’ATTENTAT DE NICE : LE DISCOURS DES QUOTIDIENS FRANÇAIS…...29

L’embrayage énonciatif : l’éditorialiste et ses lecteurs……….…..…..………30

L’argumentation éditoriale………...…………...………..…………31

2.1. L’attentat de Nice : analyse journalistique des éditoriaux………...………...32

2.1.1. Le Figaro…………...………..………...….…………..32

2.1.1.1. Le Figaro, édition du 16-17 juillet 2016……….……..……...33

Embrayage énonciatif……..…….……….………...…33

Argumentation éditoriale……….………...………..…………...35

2.1.1.2. Le Figaro, édition du 18 juillet 2016……….………..……...38

Embrayage énonciatif………..…...………...…………....38

Argumentation éditoriale……….………...……….…….40

2.1.1.3. Le Figaro, édition du 19 juillet 2016…..………...….…...42

Embrayage énonciatif……….………...42

Argumentation éditoriale………...………..43

2.1.2. Libération………..………45

2.1.2.1. Libération, édition du 16-17 juillet 2016…..………...…..…46

(4)

Embrayage énonciatif……….………..………...46

Argumentation éditoriale………..………...………...47

2.1.2.2. Libération, édition du 18 juillet 2016………..………..…..49

Embrayage énonciatif ……….………..………...49

Argumentation éditoriale.….………...………...51

2.1.2.3. Libération, édition du 19 juillet 2016………..………52

Embrayage énonciatif……….………...52

Argumentation éditoriale.….………...………...54

2.1.3. Aujourd’hui en France………..………...56

2.1.3.1. Aujourd’hui en France, édition du 16 juillet 2016………….………..………..57

Embrayage énonciatif……….………...57

Argumentation éditoriale.….………...………...58

2.1.3.2. Aujourd’hui en France, édition du 17 juillet 2016………….…………..………..…....60

Embrayage énonciatif……….……….……….…...60

Argumentation éditoriale.….………...………...61

2.1.3.3. Aujourd’hui en France, édition du 20 juillet 2016………….……..………...62

Embrayage énonciatif……….……….………...62

Argumentation éditoriale.….………..…...………...63

2.1.4. Le Monde……….……….……….64

2.1.4.1. Le Monde, édition du 16 juillet 2016…………...…………...………..…..65

Embrayage énonciatif……….……….….………...65

Argumentation éditoriale.….………...………...67

2.1.4.2. Le Monde, édition du 20 juillet 2016…………...………….…..………..…..68

Embrayage énonciatif……….……….……….………...68

Argumentation éditoriale….………...………...70

2.1.4.3. Le Monde, édition du 21 juillet 2016….………...……….……..………..…...71

Embrayage énonciatif.……….……….………...71

Argumentation éditoriale.….………..………...………...72

2.2. L’attentat de Nice : dimension émotionnelle des Unes françaises……….…….…....74

2.2.1. Le Figaro et ses Unes………….………...………...75

2.2.1.1. Le Figaro, édition du 16-17 juillet 2016………....76

2.2.1.2. Le Figaro, édition du 18 juillet 2016…….………...77

2.2.1.3. Le Figaro, édition du 19 juillet 2016………...78

(5)

2.2.2. Libération et ses Unes………...………...79

2.2.2.1. Libération, édition du 16-17 juillet 2016………...………..……..80

2.2.2.2. Libération, édition du 18 juillet 2016………..…..80

2.2.2.3. Libération, édition du 19 juillet 2016………..…..81

2.2.3. Aujourd’hui en France et ses Unes………...……...……….82

2.2.3.1. Aujourd’hui en France, édition du 16 juillet 2016………….………..…83

2.2.3.2. Aujourd’hui en France, édition du 17 juillet 2016………….………...…..….84

2.2.3.3. Aujourd’hui en France, édition du 20 juillet 2016………….………..…84

2.2.4. Le Monde et ses Unes………...………...85

2.2.4.1. Le Monde, édition du 16 juillet 2016…...……...………….……….…………..…..85

2.2.4.2. Le Monde, édition du 17-18 juillet 2016…………...………….………...……..…..86

2.2.4.3. Le Monde, édition du 20 juillet 2016…………...………….………..…..87

2.3. Mohamed Lahouaiej Bouhlel : le portrait du tueur de Nice………...……….…..88

2.3.1. Le Figaro : discours journalistique autour du terroriste………...88

2.3.2. Libération : discours journalistique autour du terroriste………..89

2.3.3. Aujourd’hui en France : discours journalistique autour du terroriste……….90

2.3.4. Le Monde : discours journalistique autour du terroriste………...91

CONCLUSION………..…..95

Repères bibliographiques du Corpus………99

BIBLIOGRAPHIE..………..…………101

SITOGRAPHIE..……….………..…………...103

ANNEXES………...107

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- 7 -

INTRODUCTION

« Le 11 septembre a révélé une face encore plus sombre de la mondialisation. Le terrorisme aussi franchit aisément les frontières. Ses racines sont complexes, mais le désespoir et le chômage massif qui règnent dans tant de pays du monde lui offrent un terreau fertile »1.

L’économiste américain Joseph Eugène Stiglitz, dans son essai Quand le capitalisme perd la tête, évoque un événement historique sans précédents: les attentats du 11 septembre 2001 à New York, marquant le véritable acte de naissance du terrorisme islamiste international2. Une nouvelle ère s’ouvre pour l’Occident: celle de la lutte contre le terrorisme islamiste international3. C’est dans ce contexte géopolitique que se situent les attentats survenus en Europe à partir de 2001. L’attentat qui a frappé Nice le soir du 14 juillet 2016 fait suite à une triste série d’attentats qui a touché la France dès 2012. Face à cette menace, dont la France est devenue une cible privilégiée en Europe, les médias se sont mobilisés pour donner leur propre interprétation.

Ce mémoire traitera le cas spécifique de l’attentat de Nice, notamment comment la presse nationale a analysé l’actualité terroriste, dans le but d’informer les lecteurs et de les orienter politiquement. En particulier, notre analyse se penchera sur les Unes, les éditoriaux et les articles-portrait du terroriste, parus la semaine successive à l’attentat, entre le 16 et le 21 juillet 2016, dans les versions papier des quotidiens nationaux suivants : Le Figaro, Libération, Aujourd’hui en France (version nationale du Parisien) et Le Monde. La présente étude s’articulera autour de deux parties, qui aborderont des aspects différents de l’évolution du débat terroriste en France. La première partie s’intéressera au contexte historique dans lequel l’attentat de Nice et, plus en général, tous les attentats ayant eu lieu sur le sol français s’inscrivent, ainsi qu’aux références méthodologiques employées pour la présente étude. En termes méthodologiques, nous traiterons l’organisation énonciative du discours journalistique (paragraphes 1.4.1.-1.4.2.), la notion de modalisation (paragraphe 1.4.3) et l’approche théorique de l’argumentation (paragraphes 1.4.4.-1.4.5.). Parmi les stratégies argumentatives, nous ferons une distinction entre celles de nature logique (logos), éthique (ethos) et pathétique

1 Stiglitz, J. E, (2003), Quand le capitalisme perd la tête, cité dans Le Monde, Dictionnaire des citations, citation publiée le 30 août 2016, consultée le 2 mars 2020,disponible sur : https://dicocitations.lemonde.fr/blog/11- septembre-journee-mondiale-de-lutte-contre-le-terrorisme-les-plus-belles-citations/.

2 L’Obs, (21 décembre 2009), Halifa-Legrand, S., « Dix ans de lutte contre le terrorisme », article publié le 21 décembre 2009, consulté le 2 mars 2020, disponible sur :

https://www.nouvelobs.com/monde/20091221.OBS1302/dix-ans-de-lutte-contre-le-terrorisme.html.

3 Idem.

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- 8 -

(pathos). Quant aux arguments de nature logique, il sera question d’arguments fondés sur une relation de causalité, sur l’analogie et sur les personnes. En revanche, parmi les arguments de nature pathétique, visant à activer la sensibilité et l’émotion des lecteurs, nous nous occuperons des figures de style et rhétoriques, ainsi que des interjections et du lexique émotionnel mobilisé. En ce qui concerne les arguments de nature éthique, nous ferons référence aux arguments d’autorité et aux données scientifiques, qui sont fondamentaux pour dresser une image respectable du journal. La deuxième partie de cette recherche se penchera sur l’analyse des éditoriaux, des Unes et des articles-portrait du tueur, contenus dans le corpus examiné, dans le but de présenter la position du journal sur la question de l’attentat. La sélection des Unes et des articles de presse est liée à leur valeur symbolique, mais également à la représentativité que les quotidiens choisis manifestent en termes de ligne éditoriale et de tirage. Dans un premier temps, nous traiterons les éditoriaux en termes de stratégies énonciatives et argumentatives (du paragraphe 2.1. au paragraphe 2.1.4.3.). Ensuite, nous nous pencherons sur l’analyse des titres et des images des Unes françaises, ayant une charge émotionnelle forte (du paragraphe 2.2. au paragraphe 2.2.4.3.). Enfin, nous aborderons l’image du terroriste que chaque quotidien a évoquée dans ses articles (du paragraphe 2.3. au paragraphe 2.3.4.). Cette analyse permettra de comprendre comment chaque journal a organisé son discours et de quelle manière il a contribué à l’évolution du débat autour de l’attentat.

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- 11 -

I. L’ATTENTAT DE NICE : CONTEXTE ET MÉTHODOLOGIE

La présente recherche se focalise sur le débat suscité au sein de l’opinion publique à l’occasion d’un effroyable attentat qui a profondément bouleversé la France : l’attentat de Nice, ayant eu lieu le soir du 14 juillet 2016. À cet égard, la couverture médiatique a été considérable : la télévision, la radio et la presse se sont mobilisées pour donner leur propre interprétation de ces événements, qui ont eu une forte répercussion dans la politique à la fois intérieure et internationale du pays4. En effet, de nos jours, les médias, qui sont parfois indissociables de l’événement même, contribuent à la formation de connaissances, de représentations et de jugements, afin d’orienter l’auditoire, et lui faire partager une certaine perception de la réalité5. En particulier, cette étude vise à analyser de manière approfondie le rôle joué par la presse écrite française lors du débat autour de l’attentat de Nice. Plus précisément, l’analyse se penche sur les éditoriaux de la presse nationale, ainsi que sur les Unes et sur les articles concernant le portrait du tueur dressé par les quotidiens. Avant de procéder à l’analyse du discours journalistique autour de l’attentat, qui sera abordée dans la deuxième partie de cette recherche, il est nécessaire tout d’abord de préciser le contexte sociopolitique dans lequel les attentats se sont produits. Ensuite, nous présenterons le corpus, le cadre théorique dans lequel il s’inscrit et la méthodologie employée.

1.1. Le contexte sociopolitique des attentats en France

Avant de dresser une fresque des faits qui se sont produits à Nice sur la Promenade des Anglais le soir du 14 juillet 2016, à l’occasion du feu d’artifice, il est fondamental de présenter une définition du terme terrorisme et de contextualiser les attentats terroristes qui ont frappé la France sans relâche à partir de 2012. Entre 2012 et 2016, le sol français a été ravagé par une vague d’attentats terroristes sans précédents : l’attaque à Toulouse et à Montauban le 11 et 19 mars 2012, les attentats de Charlie Hebdo, de Montrouge et de l’Hyper Cacher respectivement le 7, le 8 et le 9 janvier 2015, l’attentat manqué contre les églises le 19 avril 2015 à Paris, la décapitation d’un patron à Saint-Quentin-Fallavier le 26 juin 2015, l’attaque déjouée dans un train Thalys reliant Amsterdam à Paris, l’attentat du Bataclan le soir du 13 novembre 2015, le meurtre de deux policiers dans les Yvelines le 13 juin 2016 et

4 Spagna, M. I., (2018), « De Charlie Hebdo à Nice: le discours émotionné des titres des Unes italiennes et françaises », Lingue e Linguaggi, n. 28, pp. 293-314, article publié en 2018, consulté le 10 février 2019, disponible sur : http://siba-ese.unisalento.it/index.php/linguelinguaggi/article/view/19124/17044.

5 Idem.

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l’attentat de Nice le 14 juillet 20166. Les attentats qui ont touché la France ces dernières années portent la matrice du terrorisme islamiste. Mais d’où vient le terrorisme islamiste ? Quels sont ses principes inspirateurs ? Pourquoi la France est devenue aujourd’hui une cible du terrorisme islamiste ? Pour répondre à ces questions, il est nécessaire de définir ce que nous entendons par terrorisme dans ce mémoire, sachant qu’il ne s’agit pas d’un phénomène purement moderne, mais qui était pratiqué aussi dans le passé. En effet, la première apparition écrite de ce terme est attestée en 1794, en France, pendant la Terreur révolutionnaire. À cette époque ce terme désignait un moyen politique d’exercer le pouvoir, alors qu’aujourd’hui il ne désigne plus une action de l’État, mais une action dirigée contre l’État. Le terrorisme, comme nous l’entendons aujourd’hui, est devenue une forme de combat des minorités, du faible contre le fort7. Dans ce mémoire, nous avons décidé d’illustrer le terrorisme islamiste à travers une définition tirée du mensuel Le Monde diplomatique :

« Tactique d’emploi de la violence (sabotages, attentats, assassinats, enlèvements, prise d’otages ...) à des fins politiques, pour déstabiliser et frapper massivement l’opinion publique et les États concernés. Le terrorisme peut être le fait d’individus ou de groupes non-étatiques en lutte contre un régime politique, mais également constituer un mode de gouvernement par la terreur ; il s’agit alors de terrorisme d’État »8.

Les attentats qui ont récemment bouleversé la France, d’inspiration djihadiste radicale, ont été organisés par l’État islamique (EI), appelé aussi Daech. Il s’agit d’une organisation terroriste, militaire et politique d’idéologie wahhabite9, c’est-à-dire un « mouvement ultra- sectaire et intolérant »10 d’origine saoudite, qui veut ramener l’islam à sa forme primitive, comme il était chez les premières générations de musulmans. Fondée sur la shari’a (loi islamique) et sur la jihad (la guerre sainte), cette idéologie vise à imposer ses préceptes par la violence dans le monde entier. L’EI, qui s’est autoproclamé le 29 juin 2014 en Irak et en Syrie, se fait porte-parole de cette pensée, mais l’argument religieux n’est pas la seule raison qui pousse les organisations terroristes à commettre et à commander de tels crimes même en

6 L’Obs, (15 juillet 2016), De Larquier, S., « De “Charlie Hebdo” à Nice: la triste série noire des attentats en France », article consulté le 3 mars 2020, disponible sur : https://www.nouvelobs.com/societe/attaque-de- nice/20160715.OBS4698/de-charlie-hebdo-a-nice-la-triste-serie-noire-des-attentats-en-france.html.

7 Martin, R., (2005), «Terreur et Terrorisme », Revue juridique de l’Ouest, 2, pp.171-178, article publié en 2005, consulté le 3 mars 2020, disponible sur : https://www.persee.fr/doc/juro_0990-1027_2005_num_18_2_2817.

8 Le Monde diplomatique, « Définition du terme Terrorisme », site consulté le 5 mars 2020, disponible sur : https://www.monde-diplomatique.fr/index/sujet/terrorisme.

9 Charaudeau, P., (2017), Le Débat public. Entre controverse et polémique. Enjeu de vérité, enjeu de pouvoir, Limoges, Lambert-Lucas, p. 162.

10 Ibid., p.164.

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dehors de leur pays. Il ne s’agit pas seulement d’une guerre de valeurs11, car, dans cette mission globale, il faut tenir compte aussi des questions géopolitiques, notamment de la politique menée par l’Occident depuis des décennies. Dans l’article Le retour du boomerang paru dans Libération, Jean-François Bayart, Professeur à l’Institut universitaire des Hautes Études Internationales et du Développement de Genève, estime qu’à l’origine de la radicalisation au Proche-Orient il y a « la démission de l’Europe sur la question palestinienne »12 au bénéfice des intérêts israéliens, ainsi que « l’alliance stratégique de la France et des États-Unis avec les pétromonarchies »13 et pour conclure « l’alliance de la France avec les États-Unis »14 dans les interventions militaires au Moyen-Orient. En effet, les États-Unis sont vus par les djihadistes comme l’ennemi extérieur par excellence, voulant s’assurer une position d’hégémonie au Moyen-Orient, riche en pétrole et en ressources naturelles. En 1979, les États-Unis interviennent en Afghanistan au soutien des moudjahidines, qui luttent contre la présence soviétique dans le pays. Alors que les Soviétiques se retirent progressivement d’Afghanistan, le groupe islamiste Al-Qaeda, dirigé par le saoudite Osama Bin Laden, s’impose à la tête du pays. Al-Qaeda et les talibans ont été un produit américain, car ces derniers ont été armés et financés par les Américains lors du conflit contre les Soviétiques. Au cours des années 90, Al-Qaeda est le promoteur de nombreux attentats terroristes, dont les plus significatifs sont ceux du 11 septembre 2001 contre le World Trade Center à New York et le Pentagone, faisant plus de trois mille morts15. Face à cette attaque, le Président américain George W. Bush décide de conduire une intervention en Afghanistan en 2001, entraînant la chute du régime des talibans, et puis, en 2003, une guerre préventive en Irak contre Saddam Hussein. Le Président américain justifie son intervention en Irak, accusant le dictateur irakien d’entretenir des liens avec les organisations terroristes et de détenir des armes de destruction de masse16. En réalité, derrière cette justification se cache le désir américain d’obtenir une position stratégique sur le Golfe Persique. Au cours de la deuxième guerre du Golfe, Saddam Hussein est capturé et le shiite Malik, soutenu par les Américains, s’installe au pouvoir. L’après-guerre se révèle plutôt difficile et voit la diffusion de l’idéologie wahhabite, embrassée par les anciens soldats de

11 Ibid., p. 157.

12 Libération, (15 novembre 2015), Bayart, J. F., « Le retour du boomerang », article consulté le 5 mars 2020, disponible sur : https://www.liberation.fr/debats/2015/11/15/le-retour-du-boomerang_1413552

13 Idem.

14 Idem.

15 Stop-djihadisme.gouv.fr. Agir contre la menace terroriste, « Comprendre ce qu’est Al-Qaïda en 4 points », article consulté le 7 mars 2015, disponible sur : http://www.stop-djihadisme.gouv.fr/aller-plus-loin/terrorisme- djihadiste/al-qaida/comprendre-ce-quest-al-qaida-4-points.

16 Ward, T., (2019), Il codice Wahhabi. Come i sauditi hanno diffuso l’estremismo nel mondo, Firenze, Libreria Editrice Fiorentina, p. 56.

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Hussein. À partir de 2004, un groupe lié à Al-Qaeda, connu sous le nom d’Al-Qaeda en Irak (AQI), cherche à polariser la société irakienne entre sunnites et shiites pour plonger le pays dans une guerre civile et exploiter le désarroi des sunnites pour mieux les recruter par la suite17. En 2006, la majorité des combattants d’AQI proclame l’État islamique d’Irak, qui se considère à partir de cette date comme le véritable État irakien (EII)18. Profitant des déstabilisations géopolitiques causées par la guerre civile syrienne en 2010-2011, l’EII s’étend en Syrie et le 9 avril 2013, il s’autoproclame État islamique en Irak et au Levant (EIIL), appelé aussi Daech19. En juin 2014, dans les territoires sous son contrôle, il fonde un califat islamique (État islamique) sous le guide de Al-Baghdadi. À partir de 2015, l'État islamique mène des attentats jusqu'en Europe et en Amérique du Nord. Al-Qaeda et Daech se disputent aujourd’hui le leadership de la mouvance djihadiste internationale. D’après Jean- François Bayart, aux questions géopolitiques s’ajoutent les causes internes liées au territoire français, qui a mené pendant de nombreuses années une politique aveugle vis-à-vis de l’immigration. Cela a entraîné une marginalisation des populations musulmanes de seconde génération, qui se sont senties exclues et mal aimées en France. Ce mal-être a permis un développement progressif de la radicalisation islamiste en Europe, car les recruteurs propagandistes djihadistes exercent une influence considérable chez les jeunes européens issus de la deuxième génération d’immigrés, vivant dans une situation de marginalité et de rupture avec le milieu familial et la société 20. Tout cela en ayant recours à un savoir-faire qui repose sur « un jeu subtil d’incitations religieuses et de promesses paradisiaques. Resocialisé par l’organisation réseau, l’individu adopte progressivement les modes de perception et d’action qui lui sont proposés »21. Comme l’affirme Paolo Branca, Professeur associé d’arabe et d’islamologie à l’Université Cattolica del Sacro Cuore à Milan :

« Notre société contemporaine est très instable en raison des changements rapides et des difficultés sociales et économiques auxquelles de nombreux jeunes sont confrontés, avec en plus peu de perspectives d’avenir. Cette situation les laisse à la merci des

17 Stop-djihadisme.gouv.fr. Agir contre la menace terroriste, op. cit., article consulté le 7 mars 2015, disponible sur : http://www.stop-djihadisme.gouv.fr/aller-plus-loin/terrorisme-djihadiste/al-qaida/comprendre-ce-quest-al- qaida-4-points.

18 Idem.

19 Idem.

20 Libération, (14 mars 2016), Kepel, G., « « Radicalisation » et « islamophobie » : le roi est nu », cité dans Charaudeau, P., (2017), op. cit., p. 154.

21 Idem.

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- 15 -

recruteurs propagandistes extrémistes qui trouvent dans ces jeunes des cibles parfaites »22.

La radicalisation a pour effet de les inciter à commettre des attentats sur le sol européen, ce qui amène les pouvoirs publics à se préoccuper du phénomène. Comme avance le politologue islamologue, Olivier Roy, Professeur à l’Institut universitaire européen de Florence :

« Le problème essentiel pour la France n’est donc pas le califat du désert syrien, qui s’évaporera tôt ou tard comme un vieux mirage devenu cauchemar, le problème, c’est la révolte de ces jeunes »23.

D’après l’auteur, il ne s’agit pas de réduire ce conflit purement à une guerre de civilisations entre les musulmans radicaux et les occidentaux, mais plutôt d’investiguer les causes qui poussent des jeunes à choisir l’islam radical. À ce propos, Olivier Roy et Boris Cyrulnik, ce dernier Psychiatre et Psychanalyste, spécialiste des phénomènes de résilience, explique le phénomène du djihadisme français, en faisant recours à trois types d’arguments : de rupture, d’enfermement, d’imaginaire24. En effet, il s’agit de la révolte d’une génération de jeunes déstructurés, élevés dans la rue et vivant en bande, se radicalisant autour d’un groupe de confrères, où ils se sentent acceptés. Ils deviennent le symbole du héros négatif, menant une vie débridée, faisant peur, et qui érige la mort volontaire comme une offrande à Dieu. Par conséquent, la mort est conçue comme un moyen pour venger leur condition sociale.

22 Branca, P., Dynamiques de la radicalisation islamique en Europe : les politiques de prévention et d’éducation, cité dans Pluriel, thème de recherche consulté le 6 mars 2020, disponible sur :

https://pluriel.fuce.eu/thematique/dynamics-of-islamic-radicalization-in-europe-prevention-and-educational- policies/.

23 Le Monde, (24 novembre 2015), Roy., O., « Le djihadisme est une révolte générationnelle et silencieuse », cité dans Charaudeau, P., (2017), op. cit., p. 153.

24 Idem.

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1.2. L’attentat de Nice : rappel des faits

Les éditoriaux et les articles contenus dans ce corpus couvrent le sujet de l’attentat de Nice survenu le soir du 14 juillet 2016. Dans cette partie, nous allons présenter une chronique des événements qui se sont produits lors des festivités et les mesures adoptées par la suite, afin de comparer le traitement journalistique que les quotidiens ici en examen ont adopté à l’égard de cette attaque.

1.2.1. La dynamique de l’attentat

Le soir du 14 juillet, jour de fête nationale, plusieurs dizaines de milliers de personnes se réunissent sur la Promenade des Anglais pour assister au traditionnel feu d’artifice. Le feu d’artifice vient de s’achever quand un camion frigorifique de 19 tonnes, à toute vitesse et à feux éteints, avance en zigzag sur la Promenade des Anglais dans le but de faire un maximum de victimes. Il renverse sur une distance de deux kilomètres plusieurs personnes se trouvant sur son chemin, dont plusieurs enfants. Les forces de l’ordre parviennent à revenir à la hauteur du véhicule et font feu sur le chauffeur, qui meurt sur le coup. Le bilan de cette attaque fait état de 86 morts et de centaines de blessés, dont plus de 50 en état d’urgence absolue. Grâce à la découverte des papiers d’identité dans le camion, le tueur du carnage est identifié. Il s’agit d’un chauffeur-livreur d’origine tunisienne, mais résidant à Nice, complètement inconnu des services de renseignement pour radicalisation. Il avait été condamné une seule fois en mars 2016 pour des faits de violences avec arme, lors d’un accident de circulation25.

1.2.2. Quelles mesures ont été adoptées ?

Dans la foulée de l’attentat qui a frappé Nice, plusieurs dispositifs et mesures de crise ont été adoptés : trois jours de deuil national, l’état d’urgence, le plan Blanc, le plan Orsec, l’opération Sentinelle, le plan Vigipirate, la réserve opérationnelle et l’annulation de plusieurs manifestations26. La proclamation de trois jours de deuil national, pour rendre hommage aux victimes, a été suivie par la prolongation de trois mois de l’état d’urgence, qui devait

25 Libération, (15 juillet 2016), « Attaque de Nice : ce que l’on sait », article consulté le 8 mars 2020, disponible sur : https://www.liberation.fr/france/2016/07/15/attaque-de-nice-ce-que-l-on-sait_1466282.

26 Le Monde, (15 juillet 2016), « État d’urgence, « plan blanc », plan Orsec… Que recouvrent les dispositifs enclenchés après l’attentat de Nice ? », article consulté le 8 mars 2020, disponible sur : https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2016/07/15/etat-d-urgence-plan-blanc-plan-orsec-que-recouvrent- les-dispositifs-enclenches-apres-l-attentat-de-nice_4970039_1653578.html.

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initialement s’achever le 26 juillet. Il s’ensuit qu’une vigilance plus stricte est mise en place à travers la mobilisations de militaires (opération Sentinelle), pour mieux surveiller certains bâtiments. En plus, l’activation du plan Blanc et du plan Orsec, concernant respectivement les hôpitaux et la sécurité des citoyens, est fondamental pour gérer le plus rapidement possible la prise en charge des victimes.

1.2.3. Les questions polémiques autour de l’attentat

De nombreuses polémiques autour de la sécurité lors du feu d’artifice ont surgi chez les militants de droite. D’après eux, la pénétration d’un camion sur la Promenade des Anglais témoigne d’un système de sécurité assez léger. Selon plusieurs riverains interviewés, le dispositif mis en place comprenait « uniquement des séparateurs de voies (des plots rectangulaires rouges et blancs) et des voitures de police »27. Les dispositifs de barrage, disposés « uniquement sur la chaussée »28, pas sur les trottoirs, ont permis au véhicule de contourner les voitures de police faisant barrage, et de monter sur le trottoir. Les hostilités entre la droite et le gouvernement concernent également le nombre de policiers présents le soir du feu d’artifice. Dans une interview au Point, Christian Estrosi, Président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA), déclare que :

« Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve m’a affirmé que 64 policiers nationaux étaient présents ce soir-là. J’étais dans la foule, j’ai visionné depuis toutes les images enregistrées par les caméras, où sont-ils, ces 64 policiers ? Moi, je n’en vois que la moitié. On me dit que des fouilles aléatoires ont été effectuées sur les passants, c’est faux. Le gouvernement a menti »29.

En sus, il ajoute que le nombre de policiers était insuffisant pour une telle manifestation et que la police municipale de Nice n’était pas suffisamment armée.

27 L’Obs, (20 juillet 2016), Manenti, B., « Attentat de Nice : les 6 polémiques après l’attaque », article consulté le 9 mars 2020, disponible sur :https://www.nouvelobs.com/societe/attaque-denice/20160720.OBS4966/attentat- de-nice-les-6-questions-polemiques-apres-l-attaque.html.

28 Idem.

29 Estrosi, C., (17 juillet 2016), « Interview au Point », citée dans L’Obs, (20 juillet 2016), Manenti, B., op.cit., article consulté le 10 mars 2020, disponible sur :

https://www.nouvelobs.com/societe/attaque-de-nice/20160720.OBS4966/attentat-de-nice-les-6-questions- polemiques-apres-l-attaque.html.

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1.3. Détermination du corpus

Le corpus ici en examen se compose d’articles de presse écrite couvrant l’attentat de Nice, parus dans les versions papier des quotidiens nationaux suivants : Le Figaro, Libération, Aujourd’hui en France (version nationale du Parisien) et Le Monde. Plus précisément, nous nous pencherons sur l’analyse des Unes, des éditoriaux et des articles-portrait, publiés la semaine successive à l’attentat, entre le 16 et le 21 juillet 2016. Au cœur de ce mémoire, nous verrons comment la presse a traité l’actualité terroriste, dans le but d’informer les lecteurs et d’en orienter les opinions. La première partie de cette recherche est donc consacrée à l’analyse des éditoriaux, dont le choix est dicté par l’importance que ce genre revêt au niveau linguistique et argumentatif, reflétant la position et l’orientation générale de la rédaction face à un sujet d’actualité. Les articles choisis et contenus dans ce corpus ont été tirés des versions papier du Figaro, de Libération, d’Aujourd’hui en France et du Monde30. L’acte de travailler à partir des versions papier de ces journaux, au lieu de leur version numérique, a été fait pour différentes raisons. D’une part, les versions digitales de 2016 ne sont plus accessibles intégralement en ligne, d’autre part, les versions papier assurent une étude approfondie des Unes et de la mise en page des contenus. De plus, l’étude des éditions en ligne impliquerait la prise en considération de toutes les mises à jours et les modifications apportées, voire les mises hors-ligne potentielles de certains articles. Nous avons choisi d’analyser les éditoriaux et les articles, allant du 16 au 21 juillet 2016, parce qu’ils représentent la période la plus dense en termes d’informations et de stratégies employées. Quand un événement se produit dans le monde entier, tous les médias s’en occupent les jours qui suivent pour répondre aux exigences de l’opinion publique, pour peu à peu s’amenuiser quand l’intérêt commence à se dissiper. La sélection des éditoriaux et des articles de presse est liée non seulement à leur valeur symbolique, mais également à la représentativité que les quotidiens cités plus haut manifestent en termes de ligne éditoriale et de tirage. Selon l’Alliance pour les Chiffres de la Presse et des Médias (ACPM), en 2016, Le Figaro était le journal bénéficiant de la plus large diffusion payée, avec plus de 300.000 exemplaires vendus31. L’analyse du Figaro se justifie par sa très large diffusion, ainsi que par sa ligne éditoriale orientée à droite. Le Monde

30 La consultation des versions papier des quotidiens susvisés a été possible grâce à la bibliothèque numérique Emilib (https://emilib.medialibrary.it/home/cover.aspx), qui met à disposition de ses lecteurs les versions digitalisées des journaux, sauf pour Le Monde, dont les versions papier n’étaient consultables que sur demande auprès de la Bibliothèque du Sénat de Rome.

31 L’Alliance pour les Chiffres de la Presse et des Médias, (2016), site consulté le 10 mars 2020, disponible sur:

https://www.acpm.fr/Support/le-figaro.

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occupait la deuxième place avec 269.584 exemplaires32, alors qu’Aujourd’hui en France figurait en quatrième position, après L’Équipe, journal sportif, avec ses 131.359 exemplaires vendus33. Bien que Le Monde et Aujourd’hui en France se présentent respectivement comme journaux de centre-gauche et de centre, ils s’adressent à un public de lecteurs complètement différent. En effet, Aujourd’hui en France est acheté surtout par un public de lecteurs moins cultivés, peu clivés politiquement, s’intéressant particulièrement aux faits divers. Le choix du Monde est justifié par sa deuxième place en termes de diffusion, ainsi que par sa valeur symbolique dans l’imaginaire collectif, alors qu’Aujourd’hui en France par l’habileté d’exploiter le sensationnel dans le traitement de l’actualité. Libération occupait la septième position avec 73.331 exemplaires vendus34 et l’analyse de ce journal est dictée par son importance dans la presse nationale et par sa ligne éditoriale de gauche. Selon le classement proposé par ACPM, d’autres quotidiens apparaissent plus représentatifs en termes d’audience par rapport à Libération, comme par exemple L’Équipe, journal sportif, Les Échos, journal d’économie, et La Croix, journal de droite représentant le même courant de droite que Le Figaro35. Ces derniers n’ont pas été sélectionnés, car ils n’étaient pas représentatifs de la presse écrite française quant à la couverture des événements terroristes.

32 L’Alliance pour les Chiffres de la Presse et des Médias, (2016), site consulté le 10 mars 2020, disponible sur : https://www.acpm.fr/Les-chiffres/Diffusion-presse/Presse-Payante/Presse-Quotidienne-Nationale.

33 L’Alliance pour les Chiffres de la Presse et des Médias, (2016), site consulté le 10 mars 2020, disponible sur : https://www.acpm.fr/Support/aujourd-hui-en-france .

34 Les ventes de la presse en 2016 sont toujours en forte baisse, site consulté le 12 mars 2020, disponible sur : https://www.graphiline.com/article/25210/chiffres-acpm-ojd-de-presse-2016.

35 L’Alliance pour les Chiffres de la Presse et des Médias, (2016), site consulté le 10 mars 2020, disponible sur : https://www.acpm.fr/Leschiffres/Diffusion-presse/Presse-Payante/Presse-Quotidienne-Nationale.

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1.4. Les grandes lignes

La présente recherche vise à identifier les positions adoptées par la presse nationale française au sujet de l’attentat de Nice. Il est donc nécessaire d’analyser les éditoriaux de ce corpus d’un point de vue énonciatif et argumentatif, alors que les Unes et les articles-portrait seront analysés respectivement en termes de mise en page des contenus et d’apport informatif.

Dans cette partie, nous allons présenter les concepts fondamentaux pour l’étude des éditoriaux. En premier lieu, nous nous pencherons sur l’analyse du discours, notamment sur le discours journalistique, ainsi que sur son organisation énonciative. En deuxième lieu, nous traiterons la notion de modalisation, à savoir le positionnement du sujet parlant par rapport à son propos36. Enfin, nous aborderons les stratégies argumentatives employées pour persuader les lecteurs.

1.4.1. L’analyse du discours

L’analyse du discours est une discipline récente apparue dans les années soixante, se situant au carrefour des sciences humaines et sociales. Bien qu’il soit complexe de retracer l’histoire de cette discipline, la première apparition de ce terme est attestée en 1952 dans un article rédigé par le chercheur Harris. Contrairement à la linguistique classique, l’analyse du discours soutient que « l’interprétation d’un discours donné ne se réduit pas à la somme des interprétations des phrases qui le composent »37, mais elle tient en considération aussi bien son organisation textuelle que la situation de communication dans laquelle le discours se produit38. Pour la première fois, la langue n’est plus considérée comme un objet inerte, mais comme une entité dynamique, qui dépend de la position assumée par le locuteur dans la production d’un énoncé. L’analyse du discours étudie le discours, à savoir l’usage réel du langage ancré dans un contexte communicatif précis, produisant des unités transphrastiques ayant des fins sociales, expressives et référentielles. Il s’agit donc d’une activité verbale interactive et contextualisée, qui est prise en charge par un sujet, mais qui engage plusieurs co-énonciateurs. En d’autres termes, le discours est l’actualisation du langage dans une situation énonciative précise. Cette notion implique inévitablement celle d’énonciation, à savoir « la façon dont le sujet parlant s’approprie de la langue pour l’organiser en

36 Charaudeau, P., (1992), Grammaire du sens et de l’expression, Paris, Hachette, p. 572.

37 Charaudeau, P., Maingueneau, D., (2002), Dictionnaire d’analyse du discours, Pais, Le Seuil, p. 42.

38 Ibid., p. 43.

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discours »39. Il s’ensuit que chaque discours contient des traces linguistiques, qui permettent d’identifier les protagonistes de l’échange communicatif, ainsi que la situation énonciative.

Dans le cas de notre recherche, c’est le discours journalistique, en particulier le genre de l’éditorial, qui fait l’objet de notre analyse. Parmi les genres de la presse écrite, l’éditorial est un article qui reflète la position de la rédaction d’un journal sur un thème d’actualité. Bien que le locuteur reste implicite, cela ne signifie pas qu’il se limite uniquement à reproduire les faits tels qu’ils se présentent, mais il vise également à orienter l’opinion des lecteurs. À ces fins, l’étude de l’organisation énonciative des discours, ainsi que des stratégies argumentatives est fondamentale pour comprendre le but final de l’éditorial.

1.4.2. L’embrayage énonciatif

Les études sur l’énonciation, menées par Benveniste, distinguent deux systèmes énonciatifs : le discours et l’histoire. Le plan d’énonciation du discours (ou plan embrayé) présuppose l’existence d’un locuteur qui s’adresse à un auditeur, en organisant ce qu’il dit dans la catégorie de la personne ; alors que dans le plan énonciatif de l’histoire, « les événements semblent se raconter eux-mêmes »40. Le principe dichotomique entre discours et histoire se fonde sur la différenciation entre des textes qui manifestent explicitement la présence dans l’énoncé du sujet de l’énonciation, et des textes qui effacent ou cachent cette présence.

Toutefois, les deux systèmes énonciatifs ne sont pas fermés et un passage du système de l’histoire à celui du discours dans un même texte est possible. En plus, il est important de reconnaître l’omniprésence de la subjectivité langagière, car tout discours porte la marque de son énonciateur, mais selon des modes et des degrés différents. Dans le cas spécifique des éditoriaux, se caractérisant par le non-investissement du locuteur, ce genre textuel se pose à la limite entre discours et histoire, c’est-à-dire entre plan embrayé et plan non-embrayé, car il est possible de retracer quelques traces d’embrayage énonciatif. À ce propos, nous adoptons une méthodologie qui vise, d’une part, à décrire les marques linguistiques rapportées aux sujets impliqués dans le discours, pour mieux comprendre comment ces marques contribuent à la construction des identités du locuteur et des interlocuteurs. D’autre part, elle sert à identifier le hic et nunc de l’énonciation. L’étude de l’embrayage énonciatif se réalise donc à travers l’étude des traces linguistiques, notamment celle des embrayeurs de personne et des embrayeurs spatio-temporels. Parmi les déictiques de personne, nous retrouvons les pronoms

39 Charaudeau, P., (1992), op. cit., p. 572.

40 Charaudeau, P., Maingueneau, D., (2002), op. cit., p. 210.

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personnels et les déterminants. Les marques linguistiques je, tu, nous et vous, qui désignent explicitement le locuteur et/ou l’interlocuteur relèvent de l’interlocution, à savoir des traces explicitant la présence des énonciateurs dans l’énoncé41. À ces dernières s’opposent les personnes de la délocution il, elle, on, ils et elles, qui ne parlent ni du locuteur, ni de l’interlocuteur, mais qui désignent un tiers, absent dans l’acte communicatif42. Cependant, il n’y a pas toujours de division nette entre l’interlocution et la délocution, puisqu’il existe parfois des transferts de personnes. Dans ce cas, il s’agit de procédés discursifs, qui consistent à désigner une personne de l’interlocution par la marque de la délocution et vice-versa, en créant des effets discursifs particuliers43. Dans l’analyse éditoriale, l’éditorialiste ne recourt jamais au pronom personnel je, mais inscrit sa présence dans le texte à travers l’emploi des pronoms interlocutif nous et délocutif on. Ce choix est stratégique, car le lecteur sera capable de détecter une prise de position, qui ne paraîtra en aucun cas personnelle. L’emploi du pronom nous inclusif et identitaire est parfois remplacé par le pronom délocutif on, dans le but d’effacer la trace du locuteur dans l’énoncé. Parfois, ce pronom joue un rôle doxique, car il évoque un bagage de connaissances partagé par les co-énonciateurs. En plus, il est aussi employé à la place des pronoms délocutifs il singulier et ils pluriel, se référant à des sujets tiers. Il s’agit d’un procédé de mise dans l’anonymat, où l’identité du tiers disparaît dans l’anonymat du on, mais en acquérant plus d’importance. Nous pouvons également constater dans les éditoriaux une grande utilisation du pronom délocutif il impersonnel, qui sert au locuteur à s’exprimer, sans apparaître le responsable de ce qu’il écrit. C’est comme si le contenu de l’énoncé allait s’imposer tout seul. Le recours aux marques précédemment citées est supporté aussi par l’emploi d’adjectifs possessifs et de marques de l’insistance, qui réitèrent et renforcent les identités créées dans le texte. Quant aux embrayeurs spatio- temporels, nous constatons un emploi plus réduit de déictiques spatiaux par rapport aux déictiques temporels, car le déroulement chronologique est bien plus important que la situation spatiale. Les embrayeurs temporels peuvent se trouver sous forme d’adverbes ou de références absolues (les dates) et ils désignent et contextualisent le moment de l’énonciation.

L’emploi de verbes au présent et au passé de l’indicatif sert également à situer les événements : les marques du présent indiquent le moment de l’énonciation, alors que l’emploi du passé sert à évoquer la série de faits qui se sont produits auparavant. Relativement aux déictiques spatiaux, ces derniers se présentent sous forme d’adverbes de lieu ou de syntagmes nominaux, faisant allusion au lieu de l’énonciation ou bien à une deixis spatiale indépendante

41 Charaudeau, P., (1992), op. cit., p. 122.

42 Ibid., p. 127.

43 Ibid., pp. 140-141.

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de la situation énonciative. L’emploi de groupes nominaux déterminés par l’adjectif démonstratif ce contribue à cet ancrage énonciatif.

En effet, Charaudeau soutient que :

« Le démonstratif […] permet de lier la construction du discours et d’en assurer la cohérence, surtout dans les types de discours qui sont amenés à se référer fréquemment aux mêmes êtres contextuels. C’est le cas du récit et de l’argumentation»44.

Dans le cas des éditoriaux, le démonstratif a pour fonction de désigner un référent qui est mentionné dans le contexte, et non un référent présent physiquement dans l’environnement des interlocuteurs45. Le démonstratif peut donc jouer un rôle anaphorique, s’il accompagne un terme qui a été évoqué précédemment ou bien cataphorique, s’il introduit un référent dont il va être question dans le contexte qui suit. Il produit selon le contexte des effets de mise en présence et de mise à distance, c’est-à-dire qu’il présente l’objet désigné comme une entité connue ou extérieure au locuteur46. L’effet de typification crée un effet de mise en présence et se réalise quand le démonstratif donne une valeur positive ou négative à l’être désigné ; alors que l’effet de désolidarisation transmet une intention dévalorisante de la part du locuteur à l’égard de l’être désigné, en mettant ce dernier à distance du sujet parlant47. L’ancrage énonciatif se réalise aussi à travers l’emploi du pronom démonstratif neutre ce 48 respectivement au lieu du pronom il impersonnel, visant à apporter un caractère de concrétisation et une note de familiarité conversationnelle à l’énoncé. Ce caractère de familiarité est obtenu aussi à travers la substitution du pronom cela49 avec ça.

44 Ibid., p. 226.

45 Ibid., pp. 220-221.

46 Ibid., pp. 226-227.

47 Ibid., p. 230.

48 Ibid., p. 232.

49 Ibid., p. 234.

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1.4.3. Le positionnement énonciatif

Bien que dans les éditoriaux le locuteur reste implicite, ses choix verbaux et lexicaux nous permettent également de détecter son attitude vis-à-vis de ce qu’il dit. Cela est possible à travers l’étude de la modalisation, à savoir un ensemble de procédés linguistiques, aptes à identifier le positionnement du locuteur par rapport à l’énoncé qu’il produit, car « quand on parle, on ne fait pas que décrire le monde, mais on l’évalue, on le déconstruit, on le reconstruit »50. D’après Charaudeau, la modalisation se réalise à travers des actes énonciatifs, chacun correspondant à une position particulière51. Notamment, dans les actes allocutifs et élocutifs, le locuteur explicite sa position dans l’énoncé qu’il produit à travers les marques de l’interlocution, respectivement en imposant une action à son interlocuteur et en situant ses propos par rapport à lui-même. En revanche, l’acte délocutif apparaît sous forme impersonnelle et ni le locuteur, ni l’interlocuteur ne sont présents dans l’acte d’énonciation.

Même si le propos s’impose tout naturellement, le locuteur laisse également entrevoir son degré d’adhésion ou de rejet sur la question. Dans la presse éditoriale, les actes énonciatifs les plus récurrents sont les actes élocutifs et délocutifs. Dans ce cas, les actes élocutifs se présentent sous forme de modalités exprimant l’obligation, la nécessité et l’opinion- convinction, alors que les actes délocutifs se manifestent à travers les catégories de l’assertion et du discours rapporté. Le discours rapporté est un phénomène complexe, qui permet au locuteur de relater un discours déjà énoncé par un sujet tiers. Plusieurs façons de rapporter sont possibles : le discours rapporté en style direct52, qui peut être introduit par les deux points et suivi du discours originaire encadré par des guillemets et le discours rapporté en style indirect53, c’est-à-dire la reformulation d’un propos d’un tiers. Dans ce cas, les pronoms, les adjectifs et les temps verbaux dépendent du moment de l’énonciation du discours rapportant.

Le locuteur laisse filtrer sa subjectivité à travers des commentaires explicites ou des marques de modalisation évidentes, permettant au lecteur de comprendre si le locuteur partage ou non les propos relatés. Enfin, le discours rapporté peut aussi se présenter sous forme d’îlot textuel54, quand un fragment de texte n’est qu’évoqué entre guillemets. Une autre stratégie très utilisée par les éditorialistes est la modalisation en discours second par le biais d’adverbes modalisateurs pour positionner le locuteur par rapport à l’énoncé d’autrui. Ainsi faisant,

50 L’Analyse du discours, site consulté le 9 mars 2020, disponible sur : http://www.analyse-du-discours.com/les- modalisateurs.

51 Charaudeau, P., (1992), op.cit., p. 574.

52 Ibid., p. 624.

53 Idem.

54 Ibid., p. 625.

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l’éditorialiste cache sa présence derrière plusieurs procédés linguistiques. L’emploi du discours rapporté, de la modalisation en discours second et du récit de non-personnes rend les textes fortement polyphoniques, car plusieurs voix et points de vue sont évoqués55. Bien que l’éditorial apparaisse comme un texte monologal, il est en réalité parsemé d’une multiplicité de voix distinctes de celle de l’auteur de l’énoncé.

1.4.4. L’analyse argumentative

Les théories de l’argumentation développées au cours des siècles présentent des approches différentes, ces dernières reprises et réélaborées dans la deuxième moitié du XXIe siècle, dans un cadre intellectuel nouveau marqué par le développement de la pragmatique et des sciences du langage56. Dans les années 80, Plantin introduit le modèle dialogal, à savoir une approche interactionniste situant l’argumentation dans un cadre dialogique57. Cela signifie que l’activité argumentative présente une structure dialogique, dans le sens qu’il y a une situation de confrontation de points de vue opposés à propos d’une question donnée58. Ce modèle présuppose ainsi une redéfinition de l’objet des études argumentatives, car il est nécessaire de prendre en considération l’ensemble des textes contenant des positions différentes sur un même sujet. Notre recherche, ainsi que notre corpus, s’appuie sur cette méthodologie argumentative élaborée par Plantin.

Les quotidiens font face aujourd’hui à une double contrainte : d’une part, ils doivent rapporter les informations de la façon la plus objective possible, d’autre part, ils doivent capter l’attention des lecteurs et en orienter l’opinion. Dans ce but, ils organisent leurs discours autour d’une structure argumentative, en tenant compte de l’auditoire auquel ils s’adressent.

Une argumentation est toujours construite en fonction d’un public particulier et l’image que le locuteur se fait de son public est fondamentale pour la bonne réussite du raisonnement. En outre, comme l’affirme Perelman, le discours argumentatif s’appuie sur la doxa, c’est-à-dire sur des valeurs et sur des connaissances déjà entérinées aussi bien par le locuteur que par l’auditoire59. Chaque argumentation présuppose l’existence de toute une série d’arguments ou prémisses au soutien d’une thèse à valider et qui s’opposent à une thèse antérieure à réfuter.

D’après Marianne Doury, l’argumentation est un procédé discursif utilisé pour gérer le

55 Charaudeau, P., Maingueneau, D., (2002), op. cit., p. 444.

56 Plantin, C., (2016), Dictionnaire de l’argumentation. Une introduction aux études d’argumentation, Lyon, ENS Éditions, p. 72.

57 Idem.

58 Ibid., pp. 78-79.

59 Amossy, R., (2010), L’argumentation dans le discours, Paris, Armand Colin, p. 85.

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désaccord et les opinions divergentes sur un sujet60. Une discussion argumentative implique l’existence et la confrontation d’un discours et d’un contre-discours, en faisant appel aux arguments de nature logique (logos), éthique (ethos) et pathétique (pathos)61. Un locuteur utilise une preuve logique, lorsqu’il cherche à faire admettre une conclusion en l’étayant par de bonnes raisons. Il mobilise une preuve éthique, quand il essaie de renforcer l’acceptabilité de sa thèse à travers une image respectable de lui-même, alors qu’il recourt à la preuve pathétique, quand il cherche à mettre l’auditoire dans une disposition émotionnelle favorable à l’objectif qu’il poursuit62.

1.4.5. Les stratégies argumentatives

Dans cette partie, il est question de répertorier les stratégies argumentatives employées par la presse éditoriale. En ligne générale, le locuteur fait recours aux arguments de nature logique pour réfuter la thèse adverse et pour avancer une nouvelle conclusion. Pour réfuter la thèse adverse et soutenir la sienne, le locuteur recourt à des arguments fondés sur une relation de causalité, sur l’analogie et sur les personnes. L’argument par cause vise à introduire une conclusion valable en exploitant la relation causale entre un état de chose et le discours, par contre, l’argument par l’effet exploite la relation causale de façon inverse : c’est l’affirmation de la conséquence qui permet d’affirmer la réalité de la cause63. Quant aux stratégies fondées sur la ressemblance, les plus utilisées sont l’argument par comparaison et par analogie proportionnelle. L’argument par comparaison consiste à établir un parallèle entre deux situations très proches, alors que l’argument par analogie proportionnelle établit un parallèle entre deux entités issues de domaines expérientiels très éloignés64. L’argument par le précédent en est un exemple et il établit un rapprochement entre deux situations éloignées dans le temps65. Concernant les arguments fondés sur les personnes, ils font dépendre l’acceptabilité d’une thèse de l’évaluation de celui qui la promeut. Une proposition est donc acceptable, car elle soutenue par un locuteur présenté comme compétent et respectable. Parmi les arguments d’autorité66, nous retrouvons le discours rapporté et les citations, auxquels le locuteur se rapproche pour renforcer son point de vue. Par contre, il peut également renforcer sa position, en réfutant la thèse adverse par l’intermédiaire de l’argument par réfutation, par

60 Doury, M., (2016), Argumentation. Analyser textes et discours, Paris, Armand Colin, p. 41.

61 Ibid., p. 120.

62 Idem.

63 Ibid., pp. 100-101.

64 Ibid., p. 92-95.

65 Ibid., p. 95.

66 Ibid., p. 48.

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concession ou bien par l’argument ad hominem ou ad personam. L’argument par réfutation consiste à examiner chacun des arguments avancés par l’adversaire, pour contester sa thèse adverse, alors que l’argument par concession consiste à accepter une partie de la thèse adverse, pour anticiper une objection67. Contrairement à ces derniers, les attaques ad hominem et ad personam permettent de rejeter une proposition sur la base de l’évaluation négative de celui ou ceux qui la soutiennent. En particulier l’attaque ad hominem atteint l’image sociale et les compétences professionnelles de l’adversaire, alors que l’attaque ad personam atteint l’adversaire directement dans sa personne68. Les arguments de nature pathétique sont également très fréquents, afin d’activer l’émotion et la sensibilité des lecteurs et de les orienter politiquement. La dimension pathétique cherche à mettre l’auditoire dans des dispositions émotionnelles qui le rendent plus réceptif à la thèse défendue. Pour faire cela, le locuteur recourt à plusieurs stratégies : la mobilisation d’un lexique émotionnel, l’emploi d’interjections et de la ponctuation expressive, ainsi que les figures de style, comme l’anaphore, la métaphore, l’antithèse et l’hyperbole ou bien les figures rhétoriques telles que l’accumulation et la répétition69. Les figures de style et rhétoriques dressent une image plus concrète et réelle de la situation, ainsi qu’accélèrent la narration, pour susciter des sentiments d’angoisse et d’insécurité au sein des lecteurs. En ce qui concerne les arguments de nature éthique, il n’est pas question dans la presse éditoriale d’aborder le concept de l’ethos lié à l’éditorialiste, car ce dernier ne fait qu’avancer la prise de position adoptée par le quotidien, qui est d’ailleurs partagée par ses lecteurs. Certes, l’emploi d’arguments d’autorité et de données scientifiques est fonctionnel à créer une image respectable du journal.

67 Ibid., p. 71.

68 Charaudeau, P., (2017), Le débat public. Entre controverse et polémique. Enjeu de vérité, enjeu de pouvoir, Paris, Lambert-Lucas, p. 142.

69 Doury, M., (2016), op.cit., p. 136-137.

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