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Structure multifacettée du sentiment d’insécurité

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Academic year: 2021

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P. Amerio, M. Roccato

(Dipartimento di Psicologia - Università di Torino)

STRUCTURE MULTI FACETTE DU SENTIMENT D’INSÉCURITÉ

L’objectif principal de ce travail était de développer un modèle multi-facetté du sentiment d’insécurité. Nos postulats théorique à la base du travail étaient les suivants. Le sentiment d’insécurité: (a) est different de la peur de la criminalité; (b) se base sur l’ensemble des perceptions, répresentations et évaluations du soi et du monde social; (c) est constitué par une série de composentes qui sont différentes mais interrelées, relatives aux différentes aspects de la vie sociale. Afin de vérifier cette structure multi-facettée du sentiment d’insécurité et de developper un questionnaire pour la mésurer, nous avons mené des études qualitatives pour explorer les composentes structurales du sentiment. Après nous avons developpé quatre échelles qui relèvent l’insécurité personnelle, les peurs personnelles, les préoccupations sociales et l’insécurité urbaine. Le questionnaire a été soumis à 400 étudiants de l’Université de Turin. Les rèsultats ont confirmé la structure multi-facettée du sentiment d’insécurité et on mis en évidence qu’il y a trois processus que concourent au sentiment d’insécurité: (a) la perception et l’évaluation du context social comme menaçant; (b) la perception et l’évaluation des relations interpersonelles comme instruments de soutien social; (c) la perception e l’évaluation de soi et de ses propres capacités de coping.

English abstract

Multifaceted structure of the feeling of unsafety

The chief aim of this study was to develop a multifaceted model of the feeling of unsafety. Our theoretical standpoints were the following. The feeling of unsafety: (a) is different from fear of crime; (b) is founded on the whole perceptions, representations and evaluations of the self and the social world; (c) is composed by different but interrelated components, referred to the different dimensions of the social life. In order to test this multifaceted structure of the feeling of unsafety and to develop a questionnaire to measure it, we conducted some qualitative studies to explore the structural components of the feeling. Then we developed four scales, assessing the personal unsafety, the personal fears, the social preoccupations, and the urban usafety. We submitted this questionnaire to 400 Turin University students. Data analyses confirm the multifaceted structure of the feeling of unsafety, showing that it origins from three different but interrelated processes: (a) the perception and evaluation of the social context as threatening; (b) the perception and evaluation of the interpersonal relations as bases of social support; (c) the perception and evaluation of one’s own coping abilities.

Key words: feeling of unsafety; self perception; social world perception; coping

1. Le problème

La notion de “sécurité” est vaste et pluridisciplinaire. Elle a une dimension psychologique et subjective, qui commence dès les premières phases de la vie infantile et qui sombre ensuite dans la sphère de la personnalité (Bowlby, 1969). Elle a des dimensions sociales qui, liées à des aspects objectifs de la vie collective et aux institutions qui la

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régissent, mettent en cause des raisons d’ordre éthique, juridique et politique. Ces deux côtés se greffent l’un sur l’autre, au sein d’un parcours compris entre le privé et le public, entre le subjectif et l’objectif et vice versa (Amerio, 1999). C’est toutefois le côté social qui, à l’heure actuelle, fait de la sécurité un des problèmes centraux de notre temps. En effet la sécurité a certainement une forte valence socio-politique: les citoyens revendiquent leur droit de vivre dans des conditions sûres, et les programmes des partis politiques proposent des solutions spécifiques aux problèmes de l’insécurité. Cette valence a fait en sorte que ce soient surtout les sociologues et les politologues qui s’occupent du problème de l’insécurité, tandis que la recherche psychologique se renferme souvent dans des approches individualistes qui conçoivent la sécurité-insécurité essentiellement comme un trait de personnalité ou comme une caractéristique du style d’attachement.

Cela a produit une séparation entre la sécurité conçue comme une donnée étroitement intra-psychique et se référant en général à des dynamiques de la vie infantile et la sécurité considérée dans le sens commun de la vie quotidienne comme une donnée psychologique et sociale. Il y a donc une certaine difficulté à définir le sentiment d’insécurité. Les spécialistes insistent sur l’ “ensemble” des risques sociaux et des perceptions-évaluations qui contribuent à générer le sentiment d’insécurité et sur l’importance des aspects psychologiques: ces derniers sont toutefois souvent relégués à un univers dissipé et peu défini, qu’il s’agisse d’un “registre imaginaire” (Ackermann, Dulong et Jeudy, 1983), ou d’un “état psychique durable résultant de l'accumulation des appréhensions ou de l'incapacité de s'y soustraire” (Lagrange, 1985). Il en résulte que dans la recherche cette notion demeure “flou” et que l’analyse s’arrête presque exclusivement sur ses corrélâts sociaux: “le sentiment d'insécurité n'est rien, ses corrélâts son tout” (Roché, 1993). Des corrélâts qui sont vus surtout dans la grande et petite criminalité et dans les formes d’incivilité qui caractérisent la vie sociale, surtout urbaine.

Le sentiment d’insécurité est donc souvent vu à travers la notion de “peur de la criminalité”. Cette dernière est liée:

a) A ces épisodes d’“incivilité” (les petits actes de vandalisme, la saleté, la paupérisation des biens privés et publics, les violences verbales, etc.) qui en tant que “des signes de menace” (Roché, 1993) représentent “le reflet d’une dégradation du sociale” (Ackermann, Dulong et Jeudy, 1983) et qui, dans le climat social contemporain, semblent donner l’idée que les comportements antisociaux sont en définitive tolérés par les institutions communautaires.

b) A des facteurs contextuels qui représentent des occasions de stress lorsqu’ils sont liés à l’environnement, en particulier au milieu urbain (Moser, 1992; 1999). La ville est définie dans cette optique comme un lieu complexe et ambivalent, source d’opportunités (culturelles, professionnelles, relationnelles) et en même temps comme un endroit menaçant: à ce propos, l’analyse du comité Peyrefitte (1977) demeure classique.

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c) Au statut social, dans le sens que la peur du crime semble agir plus fortement sur les personnes et les catégories plus “faibles” (Liska, Sanchirico et Reed, 1988), les personnes âgées (Yin, 1980; Villano et Mancini, 1999), les personnes de couleur (Liska, Lawrence et Sanchirico, 1982), les pauvres (Mathieu, 1995), les moins cultivés (Kennedy et Silverman, 1985) et les chômeurs (Balkin, 1979).

Il s’agit de travaux menés dans un domaine strictement sociologique au cours duquel le facteur psychologique, tout en étant constamment rappelé, reste tout aussi indéterminé. Lagrange (1985) écrit en effet: “On peut voir dans l'altération des liens sociaux, dans le bouleversement des équilibres démographiques et économiques, les déterminations d'un mal-vivre, d'un sentiment de frustration et d’ incertitude à l'égard de l'avenir qui, par un transfert sur cette catégorie d'actes universellement condamnés que sont les crimes, produit dans l'esprit public une réalité nouvelle: le sentiment d'insécurité... La donnée psychologique est première, elle cherche des objets adéquats dans lesquels s'incarner, prenant alors l'apparence de peurs particulières”. De manière identique, Roché pense que le sentiment d’insécurité ne peut être relevé directement, mais seulement observé dans la phase intentionnelle de son expression, qui se manifesterait à travers certains comportements de protection du chez-soi ou à travers des auto - évaluations de l’inquiétude.

Nous pensons qu’une telle optique, mettant de côté les aspects psychologiques, conduit a dépouiller le sentiment d’insécurité de toute réalité. Une réalité qui est pareille à celle des autres états psychiques, à l'activation desquels contribuent non pas des “corrélâts sociaux” de façon plus ou moins déterministe, mais plutôt l’articulation entre des données sociales (parmi lesquelles les épisodes de criminalité et d’incivilité) et des facteurs psychologiques: articulation réalisée par l’ensemble des processus d'évaluation et d'attribution greffés sur les processus cognitifs et socio-cognitifs qui président aux rapports avec l'environnement. De ce point de vue le sentiment d'insécurité n'est pas seulement une grille d’interprétation de la société en mesure de “lui donner un ordre”, “un processus de lecture du monde environnant... (et donc) réducteur”, comme le dit Roché, mais quelque chose de plus fortement enraciné dans le monde socio-psycologique.

Considérer la réalité d’état psychique du sentiment d’insécurité veut dire tout d’abord ne pas séparer ses composantes sociales de ses composantes personnelles. Si la motivation à faire, à transformer, à “aller au-delà” est spécifiquement constitutive de l'espèce humaine (Arendt 1958; Nuttin 1980; Amerio 1997), le besoin de sécurité en représente, pour ainsi dire, le contraire: ou, mieux, le côté complémentaire. Il a fonctionné comme une sonnette d'alarme et comme un mécanisme de contrôle pour l'être humain: il a appris à relier la connaissance de l'environnement avec la connaissance de soi-même, en favorisant ces processus de meta-cognition (Flavell et Wellman 1987) dont on a récemment soulignée l'importance dans le contrôle socio-cognitifs de l'activité (Nguyen-Xuan, Richard et Hoc 1990; Amerio 1995).

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Tout ça explique la force des représentations, des catégorisations, des stéréotypes, qui sont reliés au sentiment d'insécurité. Et explique également comme à son activation peut participer une cohorte de peurs, d'angoisses, d'inquiétudes qui, tout en étant pas directement connectées à la situation actuelle, gardent leur importance car elles appartiennent au fond de notre histoire phylogénétique et ontogénétique.

2. Objectifs et hypothèses

A partir de cela, nous avons décidé d’enquêter à un niveau plus analytique le sentiment d’insécurité comme il apparaît communément aujourd’hui dans les comportements et dans les véçus, dans l’existence privée et publique, sur la base des postulats suivants:

a) Les corrélâtssociaux présentées par la littérature sont sûrement importantes, mais il faut tenir compte qu’ils sont constamment perçues, représentées et évaluées lorsqu’ils entrent dans le champ de vie des sujets individuels et collectifs (Lewin, 1951). C’est à partir de la transaction constante de ces processus psychologique avec les données de l’environnement que surgissent les représentations et les évaluation individuelles et collectives ayant un poids spécifique dans les comportements et dans les sentiments.

b) Si toute relation avec le contexte “implique le sujet” sur les axes de la “valorisation de l’objet” et de l’“identification de soi-même” (Rouquette, 1994), dans les situations problématiques il s’avère un maximum d’implication, car l’“objet” est en général de grande importance (réelle ou perçue) et le sujet concerné très personnellement. Cette implication a des conséquences cognitives et d’action. Centré sur la singularité de la situation, le sujet pourra mettre en œuvre non seulement des “stratégies socio-cognitives ayant une fonction et une utilité sociale particulières”, fournissantes aux questions “des réponses immédiates” (Guimelli, 1999), mais également des stratégies d’action adressées à faire face au problème: to cope, comme on le dit par un terme que la recherche dans ce domaine a internationalisé.

c) Les processus de perception et d’évaluation constituent une partie essentielle de l’appraisal qui dirige l’implication émotionnelle (Lazarus, 1981; Amerio, 1989). Cette implication a un rôle central dans la construction du sentiment d’insécurité. d) La transaction entre processus psychologique et données sociales se déroule à des

niveaux beaucoup plus larges de ceux habituellement considérés dans les études sur la criminalité et sur l’incivilité car elles impliques les rapports avec la famille, avec le travail, avec les relations intimes et moins intimes, avec le lieu d’habitation, les

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déplacements, etc. Les recherches de psychologie environnementale (cf., par ex. Proshansky, Ittelson et Rivlin, 1970) sont très indicatives à ce propos.

e) Dans la formation des “sentiments sociaux” tel que le sentiment d’insécurité non seulement les aspects relationnels du hic et nunc exercent un rôle, mais aussi les aspects plus profondément structurés dans la sphère intrapsychique, comme les peurs et d’autres données étroitement personnelles qui agissent dans ce domaine (comme le remarquait encore Lewin) grâce à leur activation provoquée par la relation avec d’autres éléments de ce milieu même.

Ces postulats étant donnés nous avons avancé deux hypothèses:

a) Le sentiment d’insécurité, tout en se présentant comme une donnée assez unitaire, est en réalité constitué par une série de composantes relatives aux différents aspects de la relation entre l’individu et le social et entre l’individu et son monde personnel. Nous pouvons donc supposer une structure multi-facettée du sentiment d’insécurité.

b) Ces composantes, tout en étant distinguables aux niveaux cités ci-dessus, sont liées entre elles, c’est-à-dire que la présence dominante d’une d’entre elles accroît le poids de toutes les autres: en pratique, par exemple, la présence de peurs étroitement personnelles accroît le rôle de craintes sociales liées à la vie urbaine ou à l’évaluation de l’action institutionnelle. Cette hypothèse est en accord avec les données déjà relevées dans le rapport entre statut social et peur du crime et, sur le plan théorique méthodologique, elle est bien expliquée par l’interrelation des facteurs de champ lewinien.

Nôtre recherche vise a vérifier la tenue empirique de la notion de sentiment d’insécurité comme structure multi-facettée: elle vise également a fournir des indicateurs essentiels pour des recherches socio-démoscopiques sur de larges échantillons, comme cela est actuellement demandé par les institutions qui travaillent dans le domaine.

3. Méthodologie

3.1. Phases préliminaires

Afin de poursuivre ces objectifs, nous avons procédé à trois opérations. Tout d’abord, nous avons mené une analyse “clinique” sur 62 sujets volontaires et par moyen d’entretiens individuels et de group visant leurs peurs personnelles et leurs préoccupations sociales, les éléments de l’existence qui contribuent à leur sécurité-insécurité, les contre-mesures sociales et politiques susceptibles d’augmenter la sécurité des gens, et enfin les aspects de la vie

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urbaine qui contribuent à rendre l’insécurité sociale. Les protocoles, analysés par la méthode des correspondances lexicales (software: Spad_t), ont mis en évidence plusieurs facteurs qui contribuent au sentiment d’insécurité, tel que:

a) Peurs personnelles liées au passé du sujet et/ou à des motivations largement inconscientes.

b) Préoccupations liées à sa propre insertion.

c) Perception d’événements considérés dangereux pour sa propre existence sur le plan privé et public, en relation avec les difficultés personnelles d’affrontement.

d) Plusieurs facteurs liés à la vie urbaine.

On a construit sur cette base un premier questionnaire (constitué par 125 item), qui a été soumis à 250 étudiants et étudiantes universitaires. L’analyse statistique des données (dont nous avons discuté dans un rapport au II Congrès International de l’Adrips: cf. Amerio, Roccato et Pavin, 1998) a permis de passer au questionnaire définitif qu’on a utilisé pour cette recherche.

3.2. Le questionnaire

Le questionnaire vise les aspects suivant.

Qualités psychophysiques personnelles et capacités de coping par rapport aux problèmes de la vie.

 Relations interpersonnelles, en particulier dans les domaines affectifs et familiers.  Travail, école, formation en liaison avec les projets de vie.

 Rapports sociaux et évaluation des institutions.

 Peurs personnelles touchant plus spécifiquement le domaine intrapsichyque.  Préoccupations pour la situation de la société.

 Événements sociaux traditionnellement liés aux sentiments d’insécurité (macro et micro criminalité, incivilité, déviance, etc.).

 Facteurs de l’environnement urbain susceptibles de provoquer insécurité.

Le questionnaire est composé par 92 items, organisés en quatre échelles Likert (insécurité personnelle, peurs personnelles, insécurité urbaine, préoccupations sociales) plus une section finale visant les aspects socio-démographiques, le positionnement sociopolitique relevé sur une échelle continue en dix points sur les deux pôles gauche droite.

Les quatre échelles Likert ont été présentées sans titre de la façon suivante:

I. Échelle de l’insécurité personnelle. Au cours de votre expérience quotidienne, en quelle mesure chacune des situations indiquées contribue, ou pourrait contribuer, à vous provoquer de l’insécurité? Indiquez à l’aide d’une croix le degré d’insécurité;

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en tenant compte que 0 = ne me génère aucune insécurité, 4 = me génère le maximum d’insécurité. L’échelle est constituée par 22 item: par ex. Avoir été victime d’un crime; Ne pas réussir à former une famille; L’indifférence des gens; Avoir des problèmes économiques. Les instructions d’évaluation sous dites ont été utilisées également pour les autres trois échelles.

II. Échelle des peurs personnelles. Voici une liste de peurs personnelles qui sont assez diffusées parmi les gens. Indiquez l’importance que chacune a pour vous même. L’échelle est constituée par 16 item: par ex. Ne pas être à la hauteur des situations; Les maladies; Être déçu/e par les autres; Le futur).

III. Échelle des préoccupations sociales. Quel degré de préoccupation pour la société vous provoquent les phénomènes ou les événements suivants? L’échelle est constituée par 18 items: par ex. La pauvreté; La perte de principes moraux; Les homicides; L’immigration clandestine)1.

IV. Échelle de l’insécurité urbaine. Indiquez le degré d’insécurité que, selon votre expérience quotidienne, chacun de ces aspects de la ville contribue, ou pourrait contribuer, à produire. L’échelle est constituée par 21 items: par ex. La présence considérable de mendiants dans les rues, Le rythme frénétique de la vie, Le manque de lieux d’agrégation, Les vols).

3. 3. Les sujets interviewés

Si nous considérons les objets mentionnés au cours de cette phase de la recherche, nous pouvons choisir d’interviewer des sujets volontaires (dont l’anonymat a été rigoureusement sauvegardé), homogènes par rapport à l’âge et à la condition culturelle.

Puisque la recherche avait des objectifs non pas démoscopiques, mais théorico-méthodologiques, nous avons choisi un échantillon de sujets volontaires (dont l’anonymat a été rigoureusement sauvegardé), homogènes par rapport à l’âge (19-31 ans) et à la condition culturelle: cette dernière de niveau assez élevé. Le questionnaire a donc été soumis comme “faisant partie d’une enquête menée par le Département de Psychologie de l’Université de Turin sur certaines thématiques de caractère personnel et social” à 400 étudiants de psychologie, répartis de manière équitable pour ce qui est du sexe (204 garçons, 196 filles), tous domiciliés dans des centres comprenant au moins 100.000 habitants.

4. Résultats

Après en avoir examiné l’unidimensionalité à travers l’application du test de Cronbach (1951), les échelles du questionnaire ont été soumises à des analyses factorielles (méthode 1 Le questionnaire dans sa version italienne complète peut être fourni au gens intéressés, en s’adressant aux

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d’extraction: Maximum likelihood, rotation oblique Oblimin), finalisées a tester nos hypothèses.

4.1. Échelle de l’insécurité personnelle

L’échelle de l’insécurité personnelle ( = .87) se structure en quatre facteurs, qui expliquent le 49.67% de la variance totale. Le premier (variance expliquée: 27.70%) domine par rapport aux autres et se réfère aux “Lieux, personnes et événements de l’insécurité personnelle”, par les 7 items qui le saturent: Avoir été victime d’un crime; Être dans un lieu inconnu; Être dans des rues ou sur des places où il y a des trafiquants; Avoir été victime d’un accident (sur routes, à la maison, etc.); Être entouré de personnes inconnues; Être en compagnie de personnes qui sont sous l’effet de l’alcool ou de drogues; Parcourir une route sombre tout seul/toute seule. Le deuxième et le troisième facteur (qui expliquent respectivement le 8.14% et le 7.56% de la variance totale) se réfèrent l’un aux “Relations amicales et familiales” (4 items: Avoir des parents peu présents; Ne pas avoir de vrais amis; Avoir des parents séparés; Ne pas réussir à former une famille) et l’autre à “L’insécurité sentimentale et relationnelle” (3 items: Avoir des difficultés à établir des relations interpersonnelles; L’indifférence des gens; Ne pas avoir de relation sentimentale stable). Le dernier facteur (qui explique le 6.26% de la variance) a été étiqueté “Insécurité économique/professionnelle”, étant saturé par 3 items: Avoir un travail précaire; Avoir des problèmes économiques; Être au chômage. Le Tab. 1 montre que les quatre facteurs ont des corrélations entre eux qui ne sont pas particulièrement élevées mais positives, comme s’ils constituaient des aspects différents du même objet.

L’ importance du premier facteur souligne le rapport qui existe entre des situations sociales classiques des vécus d’insécurité (criminalité et incivilité), mais aussi leur rapport avec des variables typiquement personnelles (lieux inconnus, personnes inconnues). Le rôle des autres dimensions apparaît également intéressant: la première se réfère à la sphère affective-relationnelle (qui se dédouble dans ce cas en deux sous-dimensions, la première plus liée à la sphère amicale et familiale et la seconde davantage à celle sentimentale et relationnelle); la deuxième à la sphère professionnelle qui correspond surtout à la crainte d’être exclu du monde du travail. Ces deux domaines dans les recherches effectuées sur des populations jeunes semblables à la nôtre (cf. p. ex. Buzzi, Cavalli et De Lillo, 1997) appairaient assez importants dans les processus de construction identitaire.

Tab 1 ici 4.2. Échelle des peurs personnelles

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L’échelle des peurs personnelles ( = .81) se structure elle aussi en quatre facteurs, qui expliquent le 53.01% de la variance totale. Les deux premiers facteurs (variance respectivement expliquée: 27.40% et 11.69%) se réfèrent, le premier à l’“Inadéquation personnelle” (saturé par 7 items: Prendre de mauvaises décisions; Se sentir peu intelligent; Être abandonné/e; Ne pas réussir a comprendre les autres; Ne pas être à la hauteur des situations; Être refusé par les autres; Parler en public) et le deuxième à l’“Intégrité physique” (4 items: Les maladies; L’invalidité; La mort; La douleur physique). Le troisième facteur (variance expliqué 7. 29%), se réfère à la “Déception” et est saturé par 2 items: Ne pas réussir à avoir une vie sexuelle satisfaisante; Être déçu par les autres. Le dernier facteur (variance expliqué 6.26%) est également saturé par deux seuls items: Le futur et Le changement; il se réfère à la centralité de l’“Inquiétude pour l’avenir” que nous avons récemment focalisé au cours d’une recherche menée sur 3000 jeunes turinois (cf. Amerio, Gattino et Roccato, sous presse). Dans cette échelle aussi les facteurs montrent des corrélations peu élevées (aucune entre le deuxième et le troisième): il faut signaler que le quatrième corrèle négativement avec les trois autres (cfr. Tab. 2).

Tab 2 ici

La structure des peurs personnelles dégagée par l’analyse factorielle met en évidence un aspect du monde des jeunes d’aujourd’hui dont les dernières recherches soulignent l’importance (Brannen, Dodd, Oakley, Storey, 1996): c’est-à-dire le rôle “fort” attribué d’un côté à la santé et à l’intégrité psychophysique, et de l’autre à la crainte de ne pas savoir répondre de manière correcte aux exigences de la vie relationnelle normale. La peur de la déception et l’inquiétude pour l’avenir ne sont probablement qu’un corrélât du sentiment d’inadéquation. Le poids attribué à la maladie, à la douleur physique et à la mort semble disproportionné par rapport à l’âge de nos sujets: compte tenu de l’“idéologie salutiste” dominant dans les pays industrialisés, on comprend davantage comment une idéologie de la sécurité puisse s’implanter dépassant tout données objectives du contexte (Roché, 1994; 1996).

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L’échelle des préoccupations sociales ( = .88) présente une structure de quatre facteurs qui expliquent le 55.22% de la variance totale. Le premier (33.79% de variance expliqué) peut être défini comme “La société invivible” car il est saturé par les 8 items suivent: La mafia, la camorra et la ‘ndrangheta; La récession économique; La corruption politique; Les homicides; La violence dans les stades; Les guerres (en Moyen-Orient, dans les Balkans, etc.); Le terrorisme; La pauvreté. Le deuxième facteur beaucoup moins important (variance expliquée: 8.78%) rassemble 4 item sur la “Crise morale” (La diffusion de l’alcoolisme; La crise de la famille; La perte de principes moraux; La prostitution), tandis que le troisième, (6.74% de la variance), se réfère aux “Intégrité des citoyens” (2 item: Les accidents des moyens de transports et Les accidents du samedi soir). Le dernier facteur (5.92% de la variance) a été étiqueté “Nouvelles formes de déviance”, à cause de deux seuls item, Les centres sociaux et L’immigration clandestine. Le Tab. 3 montre que le deuxième facteur a des liens assez étroits et positifs avec le troisième et négatifs avec le premier, tandis que les corrélations du quatrième avec les autres facteurs sont assez faibles.

Tab. 3 ici

Le poids du premier facteur (où la violence dans les stades est mise ensemble avec le terrorisme, et la corruption politique à la pauvreté) et le poids réduit des autres montrent la présence dans l’esprit des gens d’une espèce d’évaluation globale des difficultés de vivre en société. Il s’agit d’une donné à notre avis importante pour analyser la crise de confiance dans les institutions sociales, qui constitue un des problèmes des démocraties contemporaines, touchant particulièrement les jeunes générations (Albano, 1997; Amerio, Gattino, Roccato, cit.). Nos données confirment l’existence, au niveau psychologique, d’une situation dans laquelle les gens ne font pas de distinctions entre des types différents d’événements sociaux qui sont globalement transportés au sein d’une préoccupation sociale qui contribue a l’insécurité personnelle. Il est aussi intéressant de remarquer la distinction entre ce facteur et le facteur qui met en cause la sphère morale: la corrélation négative entre la facteur 1 et 2 fait ressortir une presque opposition entre le domaine des préoccupations sociales et le domaine étique. On pourrait considérer à ce propos l’analyse “dure” que Lipovetsky a développé dans son essai Le crépuscule du devoir (1992).

4.4. Échelle de l’insécurité urbaine

L’échelle de l’insécurité urbaine ( = .89) se structure en trois facteurs qui expliquent le 53.81% de la variance totale. Le premier (variance expliquée: 33.28%) a été étiqueté “Incivilité” à cause des 6 items que le saturent: La présence considérable d’immigrés dans les rues; Les routes peu illuminées; La présence considérable de trafiquants dans les rues; Les rues désertes en pleine nuit; La présence quasi-inexistante des forces de l’ordre; La présence considérable de mendiants dans les rues. Le deuxième facteur (variance expliquée: 12.93%) a

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été défini “Stress urbains” (cf. Moser, 1992), saturé par 9 items: Le bruit; La saleté dans les rues; Le manque d’espaces verts; Les comportements barbares (insultes au volant, compliments par des inconnus, etc.); Les actes de vandalisme; Le manque des lieux de agrégation; Le manque d’information sur les services disponibles; La pollution; Le rythme frénétique de la vie. Seulement le troisième facteur (6.26% de la variance totale), se réfère à la “Criminalité” avec les 4 items: Les vols; Les cambriolages dans les appartements; Les hold-up; Les vols de voitures, de bicyclettes, de mobylettes.

Le fait que la criminalité apparaisse comme une dimension beaucoup moins importante que les autres indique que le sentiment d’insécurité urbaine se construit davantage par rapport à ce qui rend l’existence quotidienne difficile, fatiguante, stressante et vaguement menaçante que par rapport aux signaux de danger effectif représentés par des actes de délinquance. Comme le montre le Tab. 4, la covariation entre ces dimensions est positive: elles semblent vraiment se renforcer à tour de rôle. Les facteurs sociologiques considérés typiques de l’insécurité urbaine (incivilité et criminalité) semblent donc acquérir de la force seulement dans la mesure où ils se conjuguent avec le domaine psychologique.

Tab. 4 ici

4.5. Structure des facettes (“super-facteurs”) inter-échelles

Dans leur ensemble les données dégagées par l’analyse sur le quatre échelles montrent en accord avec notre hypothèse que le sentiment d’insécurité se structure par des dimensions différentes mais interconnectées. A fin de relever de manière plus synthétique le poids de ces interconnections, et donc de mettre en évidence les éléments clés qui, en quelque sorte, unifient le sentiment d’insécurité, on a effectué une analyse factorielle de deuxième ordre (extraction Maximum likelihood, rotation oblique Oblimin), en utilisant comme variables manifestes les factor scores émis au cours des élaborations précédentes.

La matrice factorielle ainsi obtenue met en lumière trois “super-facteurs” qui expliquant le 47.41% de la variance totale des facteurs de premier ordre peuvent être interprétés comme les facettes essentielles du sentiment d’insécurité considéré dans sa globalité.

 Le premier “super-facteur” est sûrement le plus explicatif, puisqu’il explique le 30.21% de la variance totale: il est saturé par le premier et par le deuxième facteur de l’échelle de l’insécurité personnelle (Lieux, personnes et événements de l’insécurité et Relations amicales et familiales), par le premier facteur des peurs personnelles (Inadéquation personnelle), par les deux premiers de l’échelle des préoccupations sociales (Société invivible et Crise morale) et par le premier et le troisième facteurs de l’échelle de l’insécurité urbaine (Incivilité et Criminalité). Toutes ces saturations sont positives, exception faite pour celle du deuxième facteur (Crise morale) de l’échelle des préoccupations sociales: la dimension étique continue donc a être exclue des préoccupations sociales et sa violation ne constitue

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pas un élément d’insécurité. On peut considérer ce “super-facteur” comme le “noyau dur” du sentiment d’insécurité, comme un Facteur général d’insécurité: il met en jeu non seulement les variables sociales traditionnelles (les incivilités, la criminalité, les nouvelles déviances), non seulement les variables liées à la vie urbaine (incivilités et criminalité), mais aussi des variables d’ordre très personnel se référant soit au monde relationnel et affectif (la famille, les amis) et à l’inadéquation perçue vis à vis des exigences de la vie relationnelle quotidienne. La saturation négative qu’assument dans ce “super-facteur” les préoccupations éthiques semble montrer que le sentiment d’insécurité met en jeu la concrétisation de l’existence personnelle au détriment de la sphère plus abstraite et lointaine de la morale.

 L’articulation de la dimension personnelle avec celle sociale est confirmée par le second “super-facteur” qui, même ayant une importance secondaire (9.16% de la variance globale expliquée), isole un type d’insécurité lié surtout aux préoccupations envers la propre vie relationnelle et à la crainte de ne pas l’affronter de manière correcte. On peut l’appeler Insécurité de soi-même, car il est saturé de façon positive par le facteur 3 (Insécurité sentimentale et relationnelle) de l’échelle d’insécurité personnelle et par le premier facteur (Inadéquation personnelle) de l’échelle des peurs personnelles. Il est saturé de façon négative par le troisième facteur (Inquiétude pour l’avenir) de la même échelle: cela montre que le sentiment d’insécurité est centré sur le présent.

 Le troisième “super-facteur” (variance expliquée 9.04%), qu’on peut appeler Insuffisante maîtrise perçue des situations, saturé positivement par le troisième facteur (Insécurité économique/professionnelle) de l’échelle de l’insécurité personnelle, par le troisième facteur (Déception) de l’échelle des peurs personnelles et par le deuxième et le troisième facteurs de l’échelle de l’insécurité urbaine (Stress urbains et Criminalité), montre ultérieurement l’importance que la perception de soi (des propres capacités de maîtriser les situations) a dans la structuration du sentiment d’insécurité.

Tab. 5 ici

On voit de la Tab. 5 que ces dimensions globales (“super-facteurs” du sentiment d’insécurité, bien que différentes, sont interconnectées, c’est-à-dire qu’elles tendent à covarier et vraisemblablement à se renforcer à tour de rôle. Autrement dit, les gens qui manquent de sécurité sur le plan intrapsychique sont plus sensibles aux menaces extérieures; parallèlement, les situations, réelles ou perçues, de menace sociale exaltent les états latents d’insécurité intrapsychique personnelle.

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4.6. Analyse différentielle des facettes sur victimisation et sexe

Puisque l’analyse factorielle de deuxième ordre a dégagé, comme on a vu, un “super-facteur” de grande importance statistique, on pourrait interpréter ce dernier comme une espèce de “noyau dur” du sentiment d’insécurité, et donc utiliser ce seul facteur pour construire un instrument, plus réduit mais également significatif, utilisable à fin d’analyses démoscopiques sur large échelle. Toutefois, de cette façon, on risque de perdre des informations plus spécifiques, et également importantes, surtout au niveau différentiel: soit en ce qui concerne le rapport entre les expériences réelles de victimisation subies et le sentiment d’insécurité, qu’en ce qui concerne les différences de gendre. Cela ressort clairement des ultérieures élaborations auxquelles nous avons soumis les données.

Nous avons pris en considération deux indices de victimisation: l’un contre le patrimoine (qui discrimine celui qui a été victime de vols, de cambriolages et de hold-up par rapport à celui qui n’en a pas subis) et l‘autre contre la personne (qui discrimine celui qui a été victime d’agressions, de violences et de viols par rapport à celui qui n’en a pas subi). Les résultats obtenus sont intéressants. Indépendamment du type de victimisation subie, on peut en effet remarquer des différences significatives non pas sur le premier “super-facteur” ni sur le deuxième, mais sur le troisième (cf. Tab. 6 et 7).

Tabb. 6-7 ici

En ce qui concerne les différences de gendre, l’analyse a montré de manière générale que les hommes sont significativement plus sûrs que les femmes sur le premier et sur le deuxième des “super-facteur”, confirmant ainsi les résultats largement partagés par la littérature (cf. Barbagli, 1999). Il n’y a toutefois aucune différence en ce qui concerne le troisième “super-facteur” (cf. Tab. 8).

Tab 8 ici

L’analyse différentielle montre donc que le premier “super-facteur” (le noyau dur du sentiment d’insécurité) différencie bien les hommes des femmes, mais qu’il n’est pas en degré de différencier entre ceux qu’ont été de quelques façons victimisés et les autres: un problème, ce dernier, considéré très important soit du point de vue de la recherche que des pratiques et des politiques sociales. La même chose on peut dire pour le deuxième “super-facteur”. Seulement le troisième “super-facteur”, qui fait appel à la capacité de maîtriser les situations, est capable de discriminer entre les victimes et les autres gens: c’est donc sur le “plan de l’action possible” que l’“action subie” a un effet.

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5. Discussion

Les résultats ont largement confirmé les hypothèses formulées. Ils ont mis en évidence que le sentiment d’insécurité, même si d’un côté est expression d’un vécu global, de l’autre côté, si visé en tant qu’état socio-psychologique, présente une structure dans laquelle nous pouvons reconnaître des aspects différents de la vie relationnelle privée et publique. En synthèse, nous avons plus particulièrement déterminé trois processus fondamentaux que concourent au sentiment d’insécurité.

 L’un qui est lié à la perception et à l’évaluation des éléments menaçants du contexte (criminalité, incivilité, aspects dangereux de la vie urbaine, incertitude des rôles institutionnels).

 L’autre qui fait appel au sentiment de sécurité-insécurité personnel surtout en rapport aux relations familiales et amicales, perçues comme des instruments de soutien non seulement au niveau intrapsichyque mais également pour participer au monde relationnel.

 Le troisième, enfin, qui met en cause la perception et l’évaluation de soi, des ses propres capacités à affronter non seulement les événements menaçants, mais aussi les demandes normales de l’existence.

Les trois “super-facteurs” de deuxième ordre dégagés par notre analyse (Facteur général d’insécurité, Insécurité de soi même, Insuffisante maîtrise perçue des situations) offrent un cadre assez convaincant de cette structure. La rotation oblique Oblimin, par laquelle ces facteurs ont été obtenus, montre qu’ils sont corrélés. Puisque leurs intercorrélations sont positives et assez fortes, on peut affirmer que notre double hypothèse peut être soutenue: le sentiment d’insécurité est un phénomène global, qui peut être toutefois analysé à travers une structure différentiée.

Le “super-facteur” qu’on a appelé d’insécurité général sature une quote-part très haute de la variance totale (30.21%) contre les saturations très basse des autres deux “super-facteurs” (respectivement 9.16% et 9.04%), et met en jeu soit les variables socio-psychologiques traditionnelles (perceptions des incivilités, de la criminalité, etc.), que des variables très personnel se référant au monde intrapsychique et a la maîtrise perçue des situations relationnelle, peut constituer une espèce de “noyau dur” du sentiment d’insécurité. On pourrait, donc, utiliser les seuls items qui le composent pour construire un instrument, plus réduit mais également significatif, utilisable à fin d’analyses démoscopiques sur large échelle.

Un pareil instrument peut être sans doute utile, mais, comme on a vu par notre analyse différentielle, on cour le risque de simplifier excessivement le cadre et de perdre des informations plus spécifiques surtout au niveau des relations entre les expériences réelles des individus et l’ensemble de leurs perceptions, représentations et évaluations.

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Les différences de sexe que le “super-facteur” général d’insécurité a mis en évidence constituent une donnée fréquente dans la littérature et même dans l’expérience commune. Le fait que seulement la facette qui met en cause la maîtrise perçue des situations ne dégage pas des différences entre les sexes met en lumière l’importance de la liaison existant entre évaluation de soi et évaluation de contexte (Amerio, 1995), ainsi que l’importance des facteurs subjectifs dans la production du sentiment d’insécurité. Les hommes et les femmes sont touchés de la même manière par les dimensions intrapsychiques de l’insécurité et par leur perception de réussir a maîtriser les situations: ce niveau est justement appelé quand la personne est impliquée dans les vicissitudes sociales.

Les sentiments d’insécurité vont, donc, au delà des situations relevées dans l’analyse purement objective de ses “correlâts sociaux”. Si on peut parler, comme justement on fait dans beaucoup de la littérature socio-politique, d’une “idéologie de l’insécurité”, liée aussi à l’utilisation politique que l’on fait du sentiment d’insécurité, il faut également se rappeler que ce phénomène est possible grâce au fond personnel, vraisemblablement lointain dans le monde intrapsychique, sur lequel le sentiment d’insécurité se greffe. On pourrait dire que plus les individus manquent de sécurité sur le plan intrapsychique, plus ils sont facilement influençables au niveau médiatique et propagandiste. Les politiques sociales visant la diminution du sentiment d’insécurité devraient se baser non seulement sur la réduction des stimulations objectives de menace (criminalité et incivilité), mais également encourager une formation des individus et des groupes apte à toucher plus en profondeur la personne à travers des canaux psychologiques socio-psychologiques et éducationnels. Les travaux de Peter Marris (1996), ainsi que les expériences conduites par nous mêmes (Amerio e Turtoro, 1999), soutiennent de façon particulière cette considération.

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Tab. 1. Échelle de l’insécurité personnelle: corrélation entre les facteurs

Facteur Lieu, personnes,

événements Amicale etfamiliale Sentimentale etrelationnelle professionnelleÉconomique/

Lieu, personnes, événements 1 .235 .165 .341

Amicale et familiale 1 .120 .286

Sentimentale et relationnelle 1 .129

Économique/professionnelle 1

Tab. 2. Échelle des peurs personnelles: corrélation entre les facteurs

Facteur Inadéquation

personnelle Intégritéphysique Déception Inquiétude pourl’avenir

Inadéquation personnelle 1 .149 .170 -.279

Intégrité physique 1 .004 -.255

Déception 1 -.106

Inquiétude pour l’avenir 1

Tab. 3. Échelle des préoccupations sociales: corrélation entre les facteurs

Facteur Société

invivible moraleCrise Intégrité descitoyens Nouvelles formes dedéviance

Société invivible 1 -.361 -.185 .148

Crise morale 1 .269 -.148

Intégrité des citoyens 1 -.002

Nouvelles formes de

déviance 1

Tab. 4. Échelle de l’insécurité urbaine: corrélation entre les facteurs

Facteur Incivilité Stress urbains Criminalité

Incivilité 1 .234 .427

Stress urbains 1 .216

Criminalité 1

Tab. 5. Facettes de l’insécurité: corrélation entre les “super-facteurs”

“Super-facteur” Facteur général

d’insécurité Insécurité de soi-même Insuffisante maîtriseperçue des situations

Facteur général d’insécurité 1 .234 .427

Insécurité de soi-même 1 .216

Insuffisante maîtrise perçue des

situations 1

Tab. 6. Sentiment d’insécurité X victimisation contre le patrimoine

Facteur général

d’insécurité Insécurité desoi-même maîtrise perçue desInsuffisante situations Non victimisés (N=231) Moyenne Déviat.standard 1.04.07 .00.99 1.00-.13 Victimisés (N=169) MoyenneDéviat.standard -.10.95 1.02-.00 .18.98 t=1.664, df=398, p=.097 df=398,t=.012, p=.991 t=-3.061, df=398, p=.002

(19)

Tab. 7. Sentiment d’insécurité X victimisation contre le personne

Facteur général

d’insécurité Insécurité desoi-même maîtrise perçue desInsuffisante situations Non victimisés (N=326) Moyenne Déviat.standard 1.03-.01 .00.98 1.01-.07 Victimisés (N=74) Moyenne Déviat.standard .06 .88 -.02 1.09 .30 .86 t=-.543, df=398, p=.588 df=398,t=.182, p=.855 t=-2.861, df=398, p=.004

Tab. 8. Sentiment d’insécurité X sexe

Facteur général

d’insécurité Insécurité desoi-même perçue des situationsInsuffisante maîtrise Hommes (N=204) Moyenne Déviat.standard -.49 .94 -.42 .99 -.00 1.04 Femmes (N=196) MoyenneDéviat.standard .51.79 .44.81 .00.96 t=-11.563, df=398, p=.000 t=.-9.423, df=398, p=.000 t=-.679, df=398, p=.498

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