• Non ci sono risultati.

NOTRE-DAMECATHÉDRALE DE PARIS.

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Condividi "NOTRE-DAMECATHÉDRALE DE PARIS."

Copied!
46
0
0

Testo completo

(1)
(2)
(3)
(4)

DESCRIPTION

DE

N O T R E - D A M E

C A T H É D R A L E D E P A R I S .

(5)

%

PARIS. — I M P R I M E CHEZ BONAVENTURE ET DUCESSOIS QUAI DES AUGUSTINES, 5 5 , PRES DU PONT-NEUF.

(6)

D E S C R I P T I O N

D E

N O T R E - D A M E

CATHÉDRALE DE PARIS

M . D E G U I L H E R M Y

Me mb r e d u Comi t é d e l a l a ngue , d e l'hi s t oi r e e t d e s a r t s d e l a Fr a n c e e t d e l a Commi s s i on des édi fices r e l i g i e u x

M. VI O L L E T - L E D U C Architecte du Gouvernement .

DEDIE A MONSEIGNEUR L’A R CHEVEQUE DE P A R I S.

P ARIS

L I B R A I R I E D ' A R C H I T E C T U R E D E B A N C E , 13, RUE BONAPARTE,

D é p ô t p o u r l ’ I t a l i e à R o m e

173, VIA QUATTRO FONTANE, P. 1°

CAMILLO MARTINENGO - REPRÉSENTANT

P A R

ET

(7)
(8)

A M O N S E I G N E U R S I B O U R

A R C H E V Ê Q U E D E P A R I S .

M

onsegneur

,

A u moment où les importants travaux, entrepris

dans le but de rétablir la cathédrale de Paris dans

son antique splendeur, avancent vers leur terme,

nous avons cru qu'il serait opportun de f aire paraî

tre une Notice exacte sur l'histoire, la structure et

l'ornementation de ce magnifique monument. Notre

première pensée devait être de placer ce travail sous

le patronage de Votre Grandeur. Nous nous sommes

efforcé de rendre sensible tout ce qu'il y a de science,

(9)

d'art, de goût dans l'ensemble comme dans les détails infinis de cette église à la conservation de laquelle Vos illustres prédécesseurs ont veillé avec tant de sol- licitude, et dont la restauration complète sera une des gloires de votre pontificat.

E n nous perm ettant d’inscrire son nom en tête de notre publication, Votre Grandeur montre assez l'intérêt qu e lle porte à tout ce qui peut faire con­

naître les beautés du monument que nous avons décrit; c’est pour nous un encouragement dont nous apprécions toute la valeur.

Nous

sommes avec le p lus profond respect, Monseigneur,

De Votre Grandeur, Les très-humbles et très-obéissants serviteurs,

Bon d e Gu i p h e r m y, Vi o l l e t-l e- Du c.

(10)

TABLE.

Cathédrale de PARIS... 1

Le Parvis... ... 48

Dispositions générales... ib. Façade occidentale... 20

T o u rs ... ... 24 Porte du Jugem ent... 30

Porte de la Vierge... 50

Porte Sainte-Anne... 63

Galerie des Rois... ... 74 Elévations latérales de l’église... 75 Porte du C loître... 80

Porte Saint-Marcel ... ... 88

Le Chœur et l' Abside. La Porte Rouge ... 90

Intérieur de l’é g lise ... 98

Décoration et ameublement... 109

V itraux... 119 Sépultures; tombeaux... ... 124

T r é s o r ... 130

FIN DE LA TABLE

(11)
(12)

DESCRIPTION

D E

N O T R E-DAME

( C A T H É D R A L E D E P A R I S ) .

N o u s s a v o n s, p a r la v ie d e sa in t M a rc e l, q u 'u n e é g lise existait déjà dans la C ité de Paris, sur le bord de la Seine, et v e rs la p o in te d e file , d u c ô té d e l'o rie n t, à la fin d u IV e s iè c l e . C e tte a n tiq u e c a th é d r a le f u t s a n s d o u te r e c o n ­ struite par la pieuse m unificence du roi C hildebert Ier. C ar il s e ra it d iffic ile d ’a d m e ttre q u e le s p re m ie rs c h ré tie n s d e P a ris e u s s e n t é le v é u n m o n u m e n t a u s s i c o n s id é ra b le q u e l’ég lise ép isco p ale q u i ex istait d u tem p s d e ce p rin ce, et d o n t F o rtu n at n o u s a tran sm is u n e p o étiq u e d escrip tio n . L a b asiliq u e é tait sp len d id e e t so u ten u e p a r d es co lo n n es d e m a rb re ; se s fe n ê tre s, g a rn ie s d ’u n e c lô tu re d e v e rre , rec ev aien t le s p rem iers ra y o n s d u jo u r; se s lam b ris et se s

1

(13)

m urs brillaient du plus vif éclat. Prêtre et ro i, comme un autre Melchisedech, Childebert avait voulu enrichir de ses dons ce temple magnifique, pour le bien de ses sujets et pour la gloire de l’Eglise.

F ortunat célèbre aussi la gravité du clergé de Paris et les mérites du saint évêque Germain, qui, les mains levées au ciel, appelait sur son peuple, ainsi qu’un nouveau Moïse, les bénédictions divines.

Une circonstance inattendue est venue récemment con- firmer le récit de Fortunat. En 1847, des fouilles entre- prises sur la place du Parvis avaient amené la découverte de quelques substructions de la basilique de Childebert.

ensevelies sous le sol depuis dix siècles peut-être. Les fondations de cet édifice se confondaient avec celles de plusieurs maisons romaines qu’on avait certainem ent ra - sées pour lui faire un emplacement convenable. On retrouva une partie de la mosaïque en petits cubes de m arbre de diverses couleurs qui servait de pavé aux nefs de l’église, trois de ses colonnes en m arbre d’Aquitaine, vulgairem ent appelé grand antique, et un grand chapiteau corinthien de m arbre blanc qui présentait tous les carac- tères de la sculpture mérovingienne. Les colonnes ont été relevées au milieu de la grande salle des Thermes ; elles ne sont pas entières ; mais leurs dimensions n’en révèlent pas moins l’importance de l’édifice dont elles faisaient partie.

La plus complète des trois, qui a conservé son astragale, a reçu pour couronnem ent le chapiteau d’ordre corinthien qu’elle portait peut-être il y a plus de treize siècles. D’au- tres fragments de colonnes absolum ent semblables, et pro-

(14)

venant sans aucun d o u te d u m êm e édifice, ont été reconnus dans le cours des travaux qui ont m is à. n u une p artie des substructions des m u rs la té ra u x de la ca th éd rale actuelle au n o rd e t au m idi. L' étu d e des m onum ents chrétiens des prem iers siècles qui sont restés debout à Rom e et dans d ’au tre s villes de l ’Italie, nous p erm e t de nous faire une idée assez exacte de la disposition et m êm e de la décora­

tion de cette basilique m érovingienne. La chrétienté to u t entière recevait alors de Rom e, avec les enseignem ents de la foi, les form ules de l’a r t et ju sq u ’aux sym boles sous lesquels on pouvait p ro d u ire les choses saintes devant les yeux des fidèles. L 'église de C hildebert offrait donc les caractères essentiels du style latin . C’est ainsi que nous pourrions croire extraite des catacom bes de S ain te-A gn ès ou de Sain t-S ébastien cette inscription trouvée d an s le q u artier Saint-M arcel, à P aris, qui d ate à peu p rès du Ve siècle, e t qui est m a in te n a n t placée à la B ibliothèque im périale. C onsacré p ar Vitalis à sa très-douce épouse B arbara, qui vécut vingt-trois ans cinq m ois et vingt-huit jo u rs, ce p etit m onum ent p rése n te, gravés sur la p ie rre, les deux colom bes avec des ram eaux dans le bec, e t au m ilieu d ’une couronne de lau riers le m onogram m e du Christ e n tre l'a lph a et l’om éga .

N ous nous p erd rio n s en conjectures inutiles si nous ten­

tions de chercher quel fu t le so rt de la basilique de C hilde­

b e rt dans le long intervalle qui sépare le VIe siècle du XIIe.

Il résulte assez clairem ent du rap p ro ch e m en t de p lu sieu rs textes très-anciens, tels que ceux de G régoire de T ours et d’A ym oin, q u e, dès la fin d u VIe siècle déjà, la cath éd rale

3

(15)

de P aris se co m posait de deux édifices, très-voisins l'u n de l’au tre, m ais p arfaitem en t distincts, l’un d u titre de S ain t-Et ienne, et le plus im p o rta n t, situé vers la p artie m éridio­

nale de l’église actuelle ; l ’a u tre du titre de Sain te-Marie, p lacé u n peu plus à l’o rien t et vers le n o rd . U ne trad itio n très-in certain e a ttrib u e à l’évê que E rc hen ra d Ier, qui sié­

geait du tem ps de C harlem agne, des travaux de co n stru c­

tions dans sa cathédrale. En 82 9, le célèbre concile de P a ris s’assem bla dans la n ef de S aint-É tienne, com m e le p ro u v en t ses actes qui no u s o n t été conservés. L ’église de Sainte-M arie fut incendiée p a r les N orm ands en 857, l’évêque É née n ’ayant p u rac h ete r du pillage que celle de S aint-É tienne. Au XIIe siècle, l ’archidiacre É tienne de G arlande, qui m o u ru t en 1142, fit faire des rép a ra tio n s im portantes à l’église de la Vierge, e t S uger, le g ran d abbé de Saint-Den is, donna p o u r la d écorer u n vitrail d ’une rem arquable beauté. Des ouvrages exécutés du te m p s d ’É tienne de G arlande, il ne reste plus que les b as- reliefs du ty m p a n , et une p ortion des voussures de la p o rte Sainte-Anne, replacés au com m encem ent du XIIe siècle, lorsqu’on co n stru isit la façade actu elle ; p robablem ent parce que ces sc u lp tu res sem b lèren t tro p rem arquables p o u r être détru ites. C’était d ’ailleurs un usage assez o rd i­

n aire , au m om ent où l'on rec o n stru isit les g randes cathé­

drales françaises, de conserver u n souvenir des édifices p r im itifs. Les prem iers rois capétiens se ren d a ien t fré­

qu em m en t à l’église Sainte-M arie, q u ’on appelait alors nova ecclesia, p a r opposition à celle de S aint-É tienne, qui était beaucoup p lu s ancienne. Les fouilles de la sacristie neuve

4

(16)

de N otre-D am e ont laisse v oir en p artie le plan d ' un édifice religieux qui ne pouvait guère ê tre a u tre chose que celui de S a in t-É tie n n e , m odifié e t rem an ié dans la suite des tem ps. L a p o rtio n visible des fondations a d û faire suppo­

ser que l' abside de ce m o n u m e n t n ’avait gu ère p lu s de 8 à 9 m ètres de d ia m ètre .

N ous sortons enfin de ce q u e nous p o u rrio n s ap p eler l’ère des fictions, et nous to u c h o n s, p o u r N otre-D am e, aux époques vraim ent h isto riq u e s. L e soixante-deuxièm e suc­

cesseur de saint D enis, Maurice de Sully, un des habiles p réla ts qui aient gouverné l’É glise de P aris (1 160-1196), é ta it à peine m o n té su r le siége épiscopal , q u ’il réso lu t de rec o n stru ire sa c a th é d ra le , en réu n issan t les d eux églises ju s q u ’alors séparées. Ce fut lui, d isait l’ép itap h e gravée su r son tom beau dans l’église abbatiale de S aint-Victor , qui le p rem ier com m ença la g ran d e basilique de S ain te - Marie. Le plan qu’il avait en tre p ris d ’exécuter n ’était g u ère in férieur en étendue à celui de la cathédrale d a n s l'é ta t où nous la voyons. S uivant le récit du m oine d ’A u x erre , la p rem ière p ierre de la nouvelle église au ra it été posée en 1163, p ar le pape A lexandre III. Ce pontife é ta it, en effet, alors réfugié en F ran ce, e t le 21 avril de la m êm e a n n é e, à la p rière de l’abbé Hugues de Monceaux il consacra l’ab­

side récem m ent rec o n stru ite de S aint-G erm ain des P ré s, avec l’assistance de douze cardinaux. Au bout de dix-neuf an n ées, en 1182, q u a tre jo u rs ap rès la solennité de la Pentecôte, le m a ître au tel de N otre-D am e fu t consacré par H enri, légat du sain t-siég e. Trois ans p lu s ta rd , en 1185, le p atriarch e de Jé ru sa le m , Héraclius, venu à P aris p o u r

1.

5

(17)

p récher une troisièm e croisade, officia d an s le chœ ur de la cathédrale. L’évêque Maurice fit ensevelir devant le m a ître autel Geoffroi, com te de B retagne, fils du roi d ’A ngleterre, H enri II, m o rt à P aris, le 19 ao û t 1186. L a rein e Isabelle de H ainaut, fem m e de P hilip p e-A u g u ste, re ç u t à la fin du XIIe siècle la sép u ltu re dans le m êm e lieu. L orsque Mau rice de Sully m o u ru t, en 119 6 , il laissa cinq m ille livres po u r faire au ch œ u r une to itu re de p lo m b . L ’abside devait être term in ée depuis plusieurs années et la nef elle-m êm e en bon état de construction. Les fondations n ’étaien t pas éta­

blies su r pilotis, com m e le veut une tradition fo rt ré p a n ­ du e, m ais bien su r de ro b u stes assises, en p ierres d u res, ainsi que l’ont constaté les fouilles faites à d e ux reprises différentes dans le siècle d ern ie r, e t depuis peu, j u squ'à un e g ran d e profondeur.

Les travaux continuèrent sans doute sous le gouverne­

m en t d u successeur de M aurice, Eu de de Sully (1 1 97- 1208). Mais la g ran d e façade occidentale ne fu t com m encée que vers la tin de l’ép iscop at de P ie rre de N em ours, qui siégea de 1208 à 1219. D’après le m arty ro lo g e de l’église de P aris cité p ar l’abbé L ebeuf, on d étru isit, vers 1218, les restes de la vieille église de Sain t-É tie n n e, qui faisaient obstacle au développem ent de la partie m éridionale et de la façade de N otre-D am e. On trouva d an s la dém olition des reliques im p o rta n tes, e n tre au tre s quelques p ierres de la lapidation du saint m a rty r, qui fu re n t p ortées le A décem bre dans l’église neuve. A la m o rt de Philippe-A uguste, en 1223, le p ortail était achevé ju s q u ’à la base de la grande g alerie à jo u r qui ré u n it les deux to u rs. Il y e u t évidem -

6

(18)

P lan de Notre-Dame de P aris (1250).

(19)
(20)

m en t, à cette époque, une in te rru p tio n dans les tra v a u x ; le style du som m et de la façade et la n a ture des m atériaux em ployés ne peuvent faire d o u te r que les to u rs, avec la gran d e galerie qui enceint le u rs bases, aient été élevées, vers 1235, fort rap id em en t. A lors la cathédrale était com - p létem en t term inée, sauf les flèches qui d evaient su rm o n - ter les deux to u rs.

Cette vaste église était alors dépourvue de chapelles, ou, s' il en existait, elles n' étaient q u ’au no m b re de tro is, fo rt p etites, e t situées d e rrière l’abside ; car on a retro u v é la corniche extérieure du double bas-côté su r presque tous les p oints de la circonférence de ce double bas-côté absidal;

ces chapelles ne pouvaient donc ê tre percées q u ’au-dessous de cette corniche, e t, p a r co n séq u en t, n ’occuper q u ’une faible h a u te u r et un p etit espace. On p o u rra it croire plutôt- que trois autels étaie n t placés co n tre la paro i de ce double bas-côté ; l’u n dédié à la V ierge, l’a u tre à saint Étie n n e, et le troisièm e à la S ainte-T rinité. Mais ce q u ’on avait voulu su rto u t obten ir en tra ç a n t ce p la n si sim ple, c’était un g ran d espace po u r co n ten ir le clergé e t la foule, d evant e t au to u r de l’autel principal placé au ce n tre d u sanc- tu a ire.

Ce n ’était pas assez de la vaste surface couverte à rez-de- chaussée p ar les constructions : une large galerie p o u r- to u rn e l’église au-dessus d u collatéral in té rie u r; on y arrive p a r q u atre grands escaliers à vis, d’un enm archem

en t d’un m è tre cinquante cen tim ètres environ . Alor ces aleries su p érieu res étaient a u -ta n t destinées à contenir la foule qu’à p ro jeter u n e grande lu m ière dans le vaisseau

7

(21)

central au m oyen de larges e t hau tes fenêtres ouverte s au m ilieu des travées. Les fenêtres supérieures qui éclairaient la voûte étaien t beaucoup plus petites q u ’elles ne le sont a u jo u rd ’h u i, e t en tre le u r'ap p u i et l’archivolte de la galerie, des roses s’ouvraient sous le com ble de ces galeries. On peu t voir les restes de cette disposition prim itive dans la p rem ière travée de la n e f ; elle a d ’ailleurs été rétablie au- ta n t p a r suite de nécessités de c o n stru c tio n s , que po u r conserver la trac e du m onum ent p rim itif dans la p artie occidentale des deux tran ssep ts.

M alheureusem ent , cette église re ç u t très-prom ptem ent d ’im p o rtan tes m odifications qui sont venues en altérer le c a ractère sim ple e t grandiose. De 1235 à 1240, u n in- cendie, dont l’h istoire ne fa it nulle m ention, m ais dont les traces sont visibles su r le m o n u m en t, d é tru isit les c h a r- p en tes supérieures et les com bles des galeries de la cathé- d rale; les m eneaux des roses percées sous les appuis des fenêtres supérieures et qui éclairaient les com bles de ces galeries fu re n t calcinées ainsi que les b ah u ts , pinacles et corniches supérieures sous le g ran d com ble. A vant cet in c en d ie , les grands arc s-b o u tan ts de la n ef et du ch œ u r éta ie n t co n stru its à double volée, c’est-à-d ire q u ’au lieu de fra n ch ir l’espace com pris e n tre les contreforts et les voûtes p a r u n e seule courbe, ils se com posaient de deux p o rtions d ’a r c avec une pile in term éd iaire. L’incendie d o n t nous venons de p a rle r d u t égalem ent endom m ager la seconde volée des arcs-boutants prim itifs. A cette époque, d ’autres cath éd rales avaient été élevées e t on les avait percées de fenêtres plus g ran d es, garnies de brillants v itra u x ; cette

8

(22)

décoration p re n a it chaque jo u r plus d ’im p ortance. Au lieu de rép a re r le dom m age survenu aux constructions de N otre-D am e de P aris, on en profita p o u r su p p rim e r les roses percées au-dessus des galeries, faire descendre les fen ê tre s h au tes en sa p an t le u rs appuis ju s q u ’à l’archivolte des galeries. On dém o lit les a rc s-b o u ta n ts à double volée, on dim inua de h a u te u r les fenêtres du trifo riu m en abais- sant ses v o û tes.

Les fenêtres h au te s ag randies fu re n t garnies de m e- neaux très-sim ples, d o n t la form e e t la sculpture nous d o n n en t précisém ent l’époque de ce travail. A peine cette opération était-elle te rm in ée à la h âte ( ca r l’exam en des constructions dénote une g ran d e p récipitation), que l’on e n tre p rit, vers 1245 , de faire des chapelles e n tre les sail- lies form ées à l’ex térieu r p a r les gros con treforts de la nef.

Ces chapelles fu re n t élevées égalem ent avec u ne grande rap id ité. Mais alors les d eux pignons prim itifs des tr a ns septs se tro u -vaient débordés p a r la saillie de ces chapelles.

C om parativem ent à la nouvelle d éc o ratio n ex térieu re de la nef, ces deux pignons devaient p ré se n te r une m asse lo u rd e ; on les dém olit, e t u n e inscription sculptée en m a - gnifiques caractères su r le soubassem ent du p ortail m éri- dional de la croisée atteste q u ’en 1257, le second jo u r des ides de février, m a ître Jean de Chelles com m ença cette œ uvre en l’h o n n eu r de la m ère d u C hrist. S ain t Louis rég n ait alors et R en au d de Corbeil occupait le siége de P aris. Il fau t affirm er, en dépit des textes, que le portail septen trio n al, la p o rte ro u g e, e t les prem ières chapelles qui de chaque côté suivent im m édiatem ent le tra n ss e p t, o n t

9

(23)

été con stru its à cette m êm e époque et peu t-être p a r le m êm e architecte ; c’est le m êm e style, la m êm e sculpture, et ju sq u ’à la m êm e n atu re de p ie rre. Ces trav a u x , vu leur im portance e t le soin ap p o rté dans le u r exécution, d u re n t exiger plusieurs années.

Q uant aux chapelles absidales, elles s’achevaient à la fin du XIIIe siècle et au com m encem ent du siècle suivant. A l’en trée de l’une d ’entre elles, celle de Saint-N icaise, on lisait su r le socle d ’une statu e de l’évêque Sim on Matiffas de B uci, que ce p réla t avait fondé prem ièrem en t c e tte cha- pelle avec les deux suivantes en 1 296, et q u ’ensuite on avait fait successivem ent toutes les autres du p o u rto u r du ch œ u r. Cette précieuse inscription a été conservée ; nous l’avons relevée dans les m agasins de l’église abbatiale de Saint-D enis, où elle se trouvait confondue avec d 'autres m onum ents p ro v en a n t de diverses églises. Nous savons encore le nom du chanoine P ie rre de F ayel, qui donna deux cents livres parisis p o u r aider à faire les histoires de la clôture du ch œ u r et p o u r les nouvelles verrières, ainsi que ceux des sc u lp te u rs m aître Jean Ravy, qui com m ença lesdites histoires , et m a ître Jean le B outeiller, qui les p arfit en 1331. N ous au ro n s à revenir su r cette clôture e t su r les curieuses figures qui s’y trouvaient rep rése n - tées.

D u XIVe au XVIIIe siècle, la cathédrale p a ra ît avoir con- servé intacte sa physionom ie prem ière. Mais l’exécution du vœ u de Louis XIII o uvrit p o u r la vieille église, en 1699, un e série de changem ents et de m utilations qui se sont succédé sans in te rru p tio n ju sq u ’à nos jo u rs. La piété qui

10

(24)

p rétendait raje u n ir le sanctuaire p a r des em bellissem ents m odernes obtenus à g ran d s frais, ne lui fut guère m oins fatale que la barb arie qui u n peu plus ta rd s’a c h arn ait à le dévaster. A insi, de 1699 à 1733, la cathédrale p erd it ses anciennes stalles du XIVe siècle, son ju b é , to u te la clôture à jo u r du ro n d -p o in t , l' an tiq u e m aître autel avec ses colonnes de cuivre e t ses châsses, tous les tom beaux du ch œ u r, les vitrau x de la nef, d u chœ ur e t des chapelles.

Les trav au x , en tre p ris d an s le b u t de ré p a re r ou de con- solider l’édifice, le dépouillaient aussi to u r à to u r de ses m oulures, de sa végétation de p ierre, de ses gargouilles, de ses clochetons. Mais la m utilation la plus grave fu t accom - plie en 1771, sous la direction du célèbre architecte Soufflot, avec l’assentim ent e t le concours d u ch ap itre.

P o u r laisser le passage plus libre aux processions et aux cérém onies, Soufflot fi t d isp a ra ître le tru m e au qui divisait la g ran d e p o rte occidentale en d eux parties. Ce pilier fu t en tièrem en t supprim é avec la statu e du C hrist qui s’y tro u - v ait posée et les curieux bas-reliefs qui en couvraient la base. P uis on entailla to u te la p a rtie in férieu re du ty m p a n , sans respect p o u r sa belle scu lp tu re du Jugem ent d e rn ie r, afin d ’y in tro d u ire l’a rc de la p o rte nouvelle, élargie et exhaussée aux dépens de l’ancienne o rn em en tatio n . S ur la fin du règne de Louis X V, u n dallage uniform e en grands carreaux de m a rb re vint p re n d re la place des dalles funé- raires qui couvraient en q u an tité innom brable to u t le sol de l 'église, et qui p rése n taien t les effigies d ’une foule de personnages illu stres. Les années 1773 e t 1787 virent d ég rad er de la m anière la plus d ép lo ra b le, sous p réte x te

11

(25)

de restau ratio n et p ar des arc h itec te s, le m u r m éridional des chapelles de la nef, les arc s-b o u tan ts du ch œ u r, les p arties supérieures de la façade occidentale. On était en - core à l’œ uvre, q uand éclata l’orag e qui m enaça la cathé- d rale d ’une d estruction com plète. Il faut le d ire cependant, u n certain o rd re fu t m ain ten u ju sq u e dans la dévastation.

Les m êm es hom m es qui arrach aien t des portails et des niches toutes les g randes figures qu’on le u r avait signalées com m e rap p e lan t des souvenirs m onarchiques, o n t re s- pecté les voussures e t les ty m p an s qui ne contiennent que des personnages sacrés. On fi t valoir, p o u r sauver ces a d - m irables m o d è les, des considérations astronom iques et m êm es m y thologiques ; elles o b tin re n t un succès que n ’au ra it jam ais eu alors l’appel le p lu s éloquent à la vieille foi de la population parisienne. A u m ois d ’aoû t 179 3 , un a rrê té de la C om m une décida que sous h u it jo u rs les gothi- ques sim ulacres des rois au p ortail de N otre-D am e seraient renversés e t d é tru its, ainsi que les effigies religieuses en m a rb re ou en bronze. Le conseil m unicipal réitéra cette p resc rip tio n au m ois de b ru m aire de l’an II , o rd o n n an t la suppression im m édiate de tous les saints du p o rtail. Mais le citoyen C haum ette réclam a en faveur des a rts et de La ph ilosophie; il su t se faire e n ten d re de ses fanatiques col- lègues, en le u r affirm ant avec vivacité q u e l’astronom e D upuis avait tro u v é son systèm e p la n éta ire d an s une des p o rtes collatérales de l’église. Le conseil d éc réta donc que le citoyen D upuis serait adjoint à l’ad m in istra tio n des travaux publics, afin de conserver les m o n u m en ts dignes d’étre connus de la po stérité. L’intervention de D upuis a

(26)

sauvé ce qui re sta it, et puisse ce g ran d service ren d u le faire absoudre de ses agressions co n tre les trad itio n s reli- gieuses ! Mutilée au d eh o rs, dépouillée au dedans de ses p lus précieuses richesses, l’église de Maurice de Sully, de P hilippe-A uguste e t de sa in t Louis devint le tem p le d éca- d aire de la R a iso n .

Les p ré lats qui se so n t succédé su r le siége de P aris depuis le concordat de 1802, les princes qui ont gouverné la F ra n c e , les a d m in istra teu rs qui ont été chargés des gran d s in té rêts de la ville de P aris e t du d ép a rtem e n t de la S eine, o n t tous fait les plus louables efforts p o u r ren d re à N otre-D am e son antique m agnificence. Mais le m o m e n t n' é tait pas arrivé. Les principes de l ’a rt d u m oyen âge n ’avaient pas encore été étudiés, e t chaque restau ratio n nouvelle e n tra în a it, com m e au XVIIIe siècle, la p erte ou la dégradation de quelque p artie im p o rta n te du m onum ent.

C ependant une génération d’artistes, pleine de zèle et de dévouem ent, se form ait en silence à la pratique de no tre vieil a r t n atio n al, p a r les travaux les plus sérieux e t les p lu s opiniâtres. Des voix éloquentes, e n tre lesquelles nous aim erons to u jo u rs à citer celle de M. le com te de Montalem- b e rt, le défenseur-né de l’a rt et de la lib e rté catholiques, p ro testaie n t en faveur de nos m onum ents historiques si longtem ps oubliés. L e gouvernem ent , de son côté, voulut rép o n d re dignem ent à l’expression d' un aussi nob le senti- m e n t, e t en 1845 u n e loi solennellem ent discutée o uvrit libéralem ent le tré so r de l’É ta t p o u r la resta u ratio n de Notre-Dam e. Depuis dix ans des travaux d ’un développe- m ent im m ense et d ’une difficulté dont on ne p e u t ap p r é-

2 - 13

(27)

cier l 'éten d u e , q u ' en passant plusieurs h e u re s à parco u rir les divers étages de ce vaste édifice, ont été accom plis sans q ue le cu lte ait été in te rro m p u u n seul jo u r e t sans acci­

dents.

Nous d o n n o n s ici le p la n de la c a th é d ra le de P a ris telle que nous la voyons a u jo u rd 'h u i, avec les adjonctions suc­

cessives faites depuis le m ilieu du XIIIe siècle, et la sacristie nouvelle qui a rem p lacé l ’ancien palais épiscopal.

L 'h isto ire de N otre-D am e se lie d ’une m a n ière in tim e à to u te l’h istoire de F ra n ce . On ne fin irait pas d ’é n u m é re r les solennités nationales , les baptêm es de p rin c e s, les m ariages e t funérailles de ro is, les conclusions de traités d o n t cette insigne église a été tém o in . C’est là que les g ran d s corps de l' É ta t v enaient ren d re à Dieu de publiques actions de grâces p o u r le triom phe de nos arm es ; les éten d a rd s1 pris su r les ennem is de la F ran ce étaient suspendus en tro p h ée s aux galeries d u chœ ur. Nous citerons quelques faits rem arquables et quelques cérém onies e x tra o rd i - naires.

Dans les prem ières années d u XIIIe siècle , saint Domi- niq u e prêcha dans la cathédrale de P aris. Il était dem euré plus d 'u n e h eu re en p riè re avant de com m encer, q u an d la Vierge lui a p p a ru t, radieuse com m e le soleil, et lui donna u n livre co ntenant le sujet q u ’il devait tra ite r.

E n 1229, le 12 avril, veille de Pâques, le com te de Tou- louse, R aym ond V II, fu t absous d u crim e d ’hérésie dans

1 4

1 Ces d ra p ea u x ne re s ta ie n t exp o sés que p e n d a n t la g u e rre ; p a r un se n tim e n t de d élic atesse to u te fran ç a ise, on les re tira it en tem p s de paix.

(28)

Plan de Notre-Dame de Paris (1850).

(29)
(30)

l’église N otre-Dam e. « Et c’était pitié, dit le chroniqueur, G uillaum e de P u y lau ren s, de voir u n si g ran d hom m e, lequel p ar si long espace de tem ps avait pu résister à ta n t et de si fortes n atio n s, co n d u it n u , en chem ise, b ras e t pieds découverts, j u squ’à l ’a u te l . »

P ierre B onfons nous ap p re n d qu ’en 1 3 8 1, le prévôt de P aris, « Hugues A ubriot, accusé et convaincu d’hérésie et

« autres crim es, fu t, à la p o u rsu ite de l’U niversité, pres-

« ché et m itré p u b liquem ent au parvis N otre-D am e, e t

« après ce, condam né à être en l' oubliette au pain e t à

« l’eau. »

Le 27 novem bre 14311, le roi d ’A ng leterre, H enri VI, âgé seulem ent de dix an s, fut sacré et couronné roi de F rance en grande pom pe, dans le chœ ur de la cath éd rale.

Mais le souvenir de ce sacre fut bientôt effacé, tandis que depuis l’an 1436, on célébrait chaque a n n é e , p ar u n Te Deu m , le p rem ier vendredi ap rè s P âques, en présence du prévôt des m archands et des échevin s, la m ém oire de la rep rise de P aris p ar les tro u p es du vrai roi de F rance, Charles VII.

Le jo u r de l’A ssom ption, au XIIIe siècle, to u te l’église était revêtue d ’étoffes p récieu ses; on jon ch ait le pavé d ’herbes odor iré ra n tes que les p rieurs de l’archidiaconé de J osas devaient fo u rn ir to u r à to u r. Deux siècles p lu s ta rd , on se contentait de ré p a n d re d an s l’église d e l’herbe tirée des prés de Gen tilly.

Le jo u r de la P entecôte , p en d a n t l' office, on je ta it des

1 C’e st la date donnée p a r M ézeray. Le p ré s id e n t H én au t in d iq u e c elle du 17 d é ce m b re .

15

(31)

pigeons, des oiseaux, des fleurs, des oublies , des é to u pes enflam m ées, p a r des o u vertures p ratiq u ées d ans les voûtes, p o u r rap p e ler la descente du S ain t-E sp rit e t l' effusion de la g râce divine.

Tous les an s, le 22 m a rs, le ch a p itre faisait une proces- sion en m ém oire de l ’en trée de -Henri IV à P aris, en 1394 . Les chanoines, accom pagnés des cours souveraines, se ren d aien t à l'église des G rands-A ugustins, où la m esse é ta it ch an tée en m usique. On re m e tta it la cérém onie après la sem aine de P â ques, lorsque le 22 m ars arriv ait dans la sem aine sainte.

M aintenant que nous connaissons la généalogie et l’his- to ire de N otre-D am e, il est tem ps de décrire son im po- san te arch itectu re e t de dire le sens de ces m ille p erso n - nages qui en p eu p len t les riches portails. C’est que la cath éd rale était le g ran d m onum ent populaire du m oyen âge, le m onum ent de to u s, auquel chacun avait ap p o rté sa p ie rre , et qui ap p a rte n a it en réalité à to u t le m o n d e.

Quand nous parcourons les nefs de nos ca th é d ra le s , n ’y voyons-nous pas en effet , au bas des v e rrières , e t su r les soubassem ents des statu es, les arm o iries du p euple e t les em blèm es des corps de m étiers, bien p lu s encore que les attrib u ts de la puissance e t les blasons de l’a risto cratie ? Ce so n t des boulangers, des bo u ch ers, des m archands de d rap s, des fo u rreu rs, des vendeurs d’épices qui ont enrichi de le u rs dons les N otre-D am e de R eim s, d ’A m iens e t de C h a rtre s, S aint-E tienne de B ourges e t S aint-P ierre de T royes. L a cath éd rale était, p o u r les populations d ’alors, n o n-seulem ent le lieu de la prière et la dem eure de Dieu,

16

(32)

m ais le cen tre du m o u v em en t intellectuel, le d ép ô t de toutes les trad itio n s d ’a rt et de to u te s les connaissances hum aines. Ce que n ous placerions dans les arm oires d ’un m u sée, nos pères le confiaient aux tréso rs des églises1.

Ce que nous cherchons dans les livres, ils allaient le lire en ca ractères vivants su r les ébr asures des p ortes ou su r les vitraux des fenêtres. E t voilà p o u rq u o i, à côté des scènes religieuses e t des allégories m o rales, nous re n c o n tro n s eu si g ran d nom bre aux parois de nos cathédrales ces calen- d rie rs, ces enseignem ents de botanique et de zoologie, ces détails su r les procédés des a rts e t des m étiers, ces aver- tissem ents su r l’hygiène, su r le bon emploi du tem ps, sur l’a g ric u ltu re, qui com posent u n e encyclopédie à l’usage et à la p o rtée de tous.

2.

17

1 G uillaum e D urand, dans son R a tion al des divins Offices, nous a v ertit que dans p lu sieu rs é g lises on s u s p en d a it des œufs d ’au - tru ch e s et d ’au tres choses a d m irab les ou ra re s , afin que le p e u p le en fû t d av an tag e a ttiré dans le lie u sain t e t m ie ux d is- posé à la p iété. D ans n os c ath éd ra le s de L aon , de R eim s, de Bay e u x , de C o m m in g es, à Saint-D e n is , a S ain t-B e rtin , à la S ainte-C hapelle de P a ris, e t ailleu rs, on c o n se rv a it des c ôt e s de b a le in e, des cro co d ile s em p a illés, des c o rn es de lic o rn es , des o ngles de griffons, des cam ées e t des vases an tiq u es.

(33)

18

Le Parvis.

De tem ps im m ém orial , la place qui précède la fa- çade occidentale de N otre-Dam e p o rte le n o m de p a r- vis. L ’étym ologie de ce m ot n ' est pas difficile à tro u v e r.

C’était le P arad is te rre s tre , P a r a d is u s , p a r lequel on a r- rivait à l’église, figure de la Jérusalem céleste. Au ce n tre de ce parvis, s’élevait une fontaine en souvenir de celle q ui, placée au m ilieu du P arad is, donnait naissance aux q u a tre g ra n d s fleuves de l'O rie n t. L a fontaine d u p arvis Notre- Dame é ta it accom pagnée d ’une très-an cien n e statue, que l’abbé L ebeuf reco n n u t p o u r un C hrist te n a n t le livre de la loi nouvelle, et qu’il croyait tirée d ' une des deux églises an térieu res au XIIIe siècle. Un p e rso n n a g e, A aron ou D avid, sculpté au soubassem ent, rep rése n tait la loi m osaïque. Le bon sens o rd in aire de l’abbé L ebeuf lui avait révélé le véritable caractère de cette figure usée p a r le tem p s, q ue les am ateu rs de la m ythologie p aïen n e p re n a ie n t p o u r un E sculape p ro tég e an t les m alades de l'H otel- D ieu, tandis que les partisan s d u systèm e h isto riq u e y v oulaient voir le p o rtra it d’E rch in oald , m aire d u palais, sous le règne de Clovis II, e t p ré te n d u b ienfaiteur de l’Église de P a ris 1.

Dispositions générales.

Le plan de N otre-D am e est en fo rm e de croix latine.

L’église a deux grandes to u rs à l’occident ; elle avait

1 J a illo t, dans ses re c h e rc h es su r P a ris, assu re que c e tte statu e éta it de p lâ tre c o u v e rt de plom b.

(34)

de p lu s autrefois , au p o in t d' intersection des q u a tre b ran c h es de la c ro ix , une h au te flèche qui n' existe p lu s, m ais qui doit être réta b lie . On e n tre p a r six p o rtes, trois à la façade occidentale, une au n o rd e t l’a u tre au m idi, aux ex tré m ité s des branches tra n sv e r- sales de la croix, une d e rn iè re sur le côté se p ten trio n a l de l' abside. Ces portes o n t chacune le u r n o m ; ce sont la G rande p o rte ou p o rte d u Ju g e m en t, les portes de la V ierge e t S ainte-A n n e, d u C loître e t Saint-M arcel, la p o rte Rouge , autrefois réservée à l’usage d u ch a p itre. N ous ne com p to n s pas les deux p ortes in té rieu res, qui com m uni- quen t avec la sacristie neuve et qui o n t été récem m en t ouvertes dans les m u rs la térau x de deux chapelles. On calcule ainsi ap p roxim ativem ent les dim ensions de l’édi- fice : développem ent de la façade, cen t vingt pieds ; lon- g u eu r totale d an s œ uvre, trois cent quatre-vingt-dix pieds, e t la rg e u r, cent q u a ra n te -q u a tre d ' une ex trém ité du tra n s- sept à l’a u tre ; élévation de la m aîtresse voûte, cent q u a tre pieds, e t cent pieds de p lu s p o u r la h a u te u r totale des to u rs. Le ch œ u r en tre dans les p ro p o rtio n s générales po u r une longueur de cent-quinze pieds e t une la rg e u r de trente-cinq 1.

19

1 Le p è re Du B reu l, Théâtre des Antiquités de Paris, cite , p o u r m ieu x e x p rim er les d im ensions de N o tre-Dam e , les v e rs sui­

v an ts, é crits dans u n ta b le a u q ui é ta it p e n d u d essous e t p rès l ’im age sain t C hristoph e, à l ’e n tré e de l ’ég lise :

Si tu veux sçauoir comme est am ple De Nostre-Dam e le gran d tem ple : I l a dans son œ uure, pour seur, Dix e t sept toises de hau lteu r, Sur la largeur de vingt e t q u atre : E t soixante cinq sans ra b a ttre , A de long. Aux tours hau lt m ontées T ren te quatre sont bien comptées, L e to u t fondé sur pilotis, A insi vray que je te le dis.

(35)

O n com pte cinq nefs, tren te-sep t chapelles affectées au culte, ou servant de passag es, trois roses de q u ara n te pieds de d iam ètre chacune, cent treize fenêtres, soixante-quinze colonnes ou piliers lib res, non com pris les colonnes enga- gées, cent h u it colonnettes au x baies de la trib u n e . Les co n tre fo rts, les clochetons, les gargouilles h istoriées, les pinacles, les colonnettes m onostyles ou groupées en fais- ceaux dans les galeries, d an s les fen ê tre s, d an s l' in té rie u r des to u rs, aux retom bées des arc s, les b alu strad e s à jo u r, les pignons feuillagés, les corniches chargées de végéta- tions, les consoles en figures d' hom m es e t d' anim aux, so n t en q u an tité v raim ent innom brable.

F a ç a d e o c c i d e n t a l e .

Aucune de nos g randes ca th é d ra les n e possède façade p lus m o n u m e n ta le , plus m ajestueuse que celle de

Notre-D am e d e P aris. On p e u t d ire que le XIIIe siècle, celte é p o q ue em p rein te de ta n t de puissance et d ' origi- n a lité , s’est rep rése n té lui-m êm e dans ce m erveilleux po rtail. D’ab o rd , les vastes p ro p o rtio n s de l’ensem ble ab so rb en t to u te l’atte n tio n et com m andent le respect.

Cette m asse vigoureuse inspire, suivant l’én erg iq u e ex- pression d ’un de nos d ev a n ciers, u n e so rte de te r re u r religieuse à ceux qui la c o n te m p le n t, m ole su a terror em incu lit spectanttbu s.

P u is, q uand on passe à l’étude de tous les détails, on se sent à la fois su rp ris et charm é d e ren c o n tre r au p rès de ta n t de force, ta n t de délicatesse dans l’o rn em e n tatio n , ta n t de finesse dans la scu lp tu re , ta n t d’ingénieuse re - cherche dans la com position e t dans l’a rran g e m en t des figures et des bas-reliefs.

La façade se divise en tro is p artie s dans sa la rg e u r, et 2 0

(36)

en q u atre étages d an s son élévation. Les deux to u rs qui l’accom pagnent, la d épassent en co re d’une h au teu r consi- dérable. Q uatre c o n tre fo rts en dessinent les grandes divi- sions verticales et m a rq u e n t en m êm e te m p s, à p a rtir du sol, la la rg e u r de chaque to u r, ainsi que celle des co llaté- ra u x de la nef.

T rois larges p o rtes ogivales, partagées chacune en deux baies carrées p a r un p ilie r-tru m e a u , et surm ontées de ty m p an s sculptés, s’o u vre n t sous des voussures p rofondes, toutes peuplées de figures. L ongtem ps on a c ru que ces po rtes étaient ja dis précédées d ’un p erro n de treize d eg ré s, do n t le m assif a u ra it form é p o u r la façade un adm irable soubassem ent. Les fouilles de 18 47 o n t d ém ontré ju sq u ’à l’évidence que jam ais il n’en avait été ainsi. Il est probable que ces m arches, d o n t la p lu p a rt des au teu rs anciens p a r- lent sans cependant les avoir vues, existaient du côté du logis épisco pal, non dans l’axe de la façade , m ais su r le côté de la to u r du sud, e t q u ’elles descendaient vers la riv ière. A ujourd’h u i on e n tre à peu p rès de p lain -pied du p arvis dans l’église.

S u r chacun des q u a tre g ra n d s co n trefo rts, à la h a u te u r où les voussures des p ortes com m encent à se c o u rb e r, on rem arq u e une niche p late form ée de d eux colonnes que su rm o n te une trip le ogive, avec en tab le m e n t com posé de tourelles et de p etits châteaux. Deux niches sem blables se tro u v en t en re to u r d ’éq u e rre , u n e à chaque b o u t de la façade. Elles co n ten aien t en to u t six figures, d o n t il ne reste plus q u e des silh o u ettes m u tilées. On sait que dans celles du m u r de face les figures rep rése n taien t sa in t

Étienne vers le cloître, sa in t Denis vers l'evêché, e t, dans le m ilieu, deux fem m es couronnées. La p lu p a rt de nos prédécesseurs ont c ru que ces d ern ières étaien t la Religion et la F oi. Mais nous considérons com m e certain q u ’on

21

(37)

devait y voir les personnifications de l' Église e t de la Synagogue, l'u ne fière et trio m p h a n te, l' a u tre hum iliée e t vaincue; l’une, la tête h au te et le reg a rd fixé sur le C hrist, l’a u tre , le visage baissé et les yeux couverts d ’un b an d eau ; l’u n e , coiffée d ’un diadêm e , te n an t élevés la croix e t le calice, l’a u tre , laissant tom ber à la fois sa c o u ro n n e , les tables de la loi et son éten d a rd brisé p o u r to u jo u rs. Les scu lp teu rs et les v erriers du m oyen âge affectionnaien t ce beau m otif. On en tro u v e des exem ples notables à Sain t- Denis, à C h artres, à R eim s, à B ourges, à Lyon et d an s la p lu p a rt de nos églises im p o rta n tes des XIIIe e t XIVe siècles.

Une double rangée de feuillages, prolongée horizonta­

lem ent d an s to u t le trav ers de la façade, sépare l’étage in férie u r de la galerie des rois. Cette galerie se com pose de vingt-huit arcs trilo b é s, g arn is de bo u to n s à l’archivolte, et su rm o n té s de bastilles ; ils ont p o u r appuis des colonnes coiffées d ’excellents chapiteaux à crochets. V ingt-quatre"

de ces arceaux sont com plétem en t o u v erts, tandis que les q u a tre au tre s ne so n t q u ’appliqués su r les c o n tre fo rts ; il y en a q u atre de p lu s en re to u r, deux à chaque ex trém ité du portail. Là se trouvaient v in g t-h u it effigies royales, d o n t nous au ro n s à p arle r plus en détail d an s la description des sculptures. E n a rriè re de l’ar c a tu r e , il existe u n passage qui trav erse l’épaisseur des co n tre fo rts. L’enlèvem ent des statu es y laisse à découvert des baies c a rré es, d o n t l’arch i­

trave repose su r des im postes d 'u n style sévère. Un plafond de p ie rre l’abrite. Il fau t p a rc o u rir cette galerie, dont la stru c tu re in té rieu re est aussi étra n g e que solide. Au-dessus de la galerie des rois, s’étend celle de la V ierge, terrasse à ciel o u v ert, bordée d ’une b alu strad e à jo u r. Le XIVe siècle, su r son déclin, avait refait, cette ram p e dans un style qui s’éloignait beaucoup du dessin p rim itif; elle vient d ’être rétab lie en e n tie r, d ’après quelques p arties anciennes qui

22

(38)

étaien t restées en application su r les contreforts. Elle consiste eu u n e n o m b reu se série de p etits arcs, la p lu p a rt en ogives, quelques-uns cin trés , tous accom pagnés de co- lo n n e tte s, décorés à l' archivolte de poin tes de d ia m a n t. La d ev an tu re cache des socles s u r lesquels o n t été posés, au m ois d 'a o û t 1854, cinq g randes statues de p ie rre , exé- cutées p a r MM. Geoffroy D echaum e, Chen illon , T oussaint, P ascal et F ro m a n g e r : A dam1 à la to u r d u n o rd , Ève à celle d u m idi, et dans le m ilieu, en avant de la ro se , la V ierge p o rta n t le C hrist, e n tre deux anges qui tie n n en t des chandeliers. C’est en résu m é la ch u te e t la rédem ption.

N ous som m es p arvenus au troisièm e étage du p o rta il. A chaque to u r, deux larges baies, com prises sous une m êm e ogive , avec une rose feinte dans le ty m p a n , éclairen t de vastes salles intérieures. Au ce n tre, s’épanouit la rose qui illum ine to u te la p artie a n té rie u re de la nef. Un arc cin tré, soutenu p a r des colonnet t es, lui se rt d ’en cad rem en t, e t u n double cordon to riq u e en suit to u t le p o u rto u r. Un p rem ier ra n g de douze p etits a rcs trilobés s’y développe a u to u r d ’un c o m p artim en t circu laire g arn i de re d e n ts ; u n e seconde ran g é e, ta n g en te à la circonférence, com pte u n no m b re double de baies sem blables aux prem ières. T oute cette a rc atu re à jo u r a ses colo n n ettes et ses chapiteaux. Les baies d u troisièm e étage sont toutes enrichies de m o u lu re s, de fleurons, de crochets, de consoles historiées. De g ran d s trèfles fl euronnés rem p lissen t les angles des espaces ca rré s, d an s le cham p desquels s’ou vren t les baies des to u rs e t la

23

1 L' an cien n e sta tu e d 'A dam , o u v rag e du XIVe siè cle, se tro u v e a u jo u rd 'h ui dans les m ag asin s de l ’ég lise Saint-D e nis, où e lle a été p o rtée avec u n g ran d n o m b re d ’a u tre s sc u lp tu re s p ro v e n an t du m usée su p p rim é des P etits-A u g u stin s. C’est u n e figure e n tiè - re m e n t n u e , d ’un trav a il fo rt c u rie u x ; elle a subi q u e lq u e s m u ti- latio n s, s u rto u t dans les jam b e s.

(39)

rose m édiane. Un en tab le m e n t feu illagé co u ro n n e cette troisièm e p artie de la façade.

Ici les to u rs com m encent à se d étac h er de la m asse. Mais un e a rc a tu re à jo u r , un p o n t h a rd im e n t je té su r l' abîm e, les relie encore l’une à l’au tre , e t form e la tra n sitio n e n tre la p artie pleine du p o rtail et la séparation absolue des deux clochers. Cette a rc a tu re , h a u te et lég ère, se com pose d ’ogives g é m in é e s, avec colonnettes en faisceaux p o u r su p p o rts, e t trèfles percés dans les tym pans. Suspendue e n tre les to u r s , elle va se p rolonger ensuite su r leurs p arois e t les enveloppe d ’u ne brillan te galerie. R esp ectan t les co n trefo rts qui lui font obstacle, elle laisse seulem ent s u r les parem ents de leurs piles l’em preinte de son p as- sage. À son som m et elle po rte une balu strad e découpée en quatrefeuilles, à tous les angles de laquelle so n t venus perch er des oiseaux, s’accroupir des dém ons et des m o n s- tres. Ces pittoresques figures viennent d’ê tre réta b lies ; les anciennes n ’existaient p lu s ; m ais q uelques-unes, en tom - b a n t, a v a ie n t laissé le u rs p attes attachées à la p ie rre.

T ou rs.

Les to u rs s’élèvent en su ite ca rré m en t, désorm ais libres dans l 'espace. L eurs angles d isparaissaient d erriè re des co n tre fo rts én o rm es, bo rd és d an s to u te le u r h a u te u r d ’une longue suite de feuilles en crochets, su rm o n tées de g a r- gouilles e t de clochetons. A chaque to u r, e t su r chacune des q u a tre faces, s’o u vre n t deux baies ogivales d ’une dim ension ex tra o rd in a ire , d o n t les éb rasu res so n t tapis sées de colonnettes, de crochets, e t d o n t les archivoltes se divisent en n om breuses ran g ées de to res. Les co rd o n s ex- ternes des arcs descendent su r des m ascaron s à tê tes grim a- çantes. E nfin, p o u r co u ro n n er l ’œ u v re , au-dessus d ’une

24

(40)

Façade occidentale de Notre-Dame de Paris.

(41)
(42)

double ligne de g ra n d s crochets feuillus, une b alu strad e , sem blable à celle de la d ern ière galerie que nous venons de décrire, environne la terrasse revêtu e de plom b où l’a r- chitecte a posé sa d ern iè re assise. A l' un des angles de la b alu strad e de chaque to u r, une to u relle term inée p a r un fleuron recouvre la cage de l’escalier. Les p arties latérales des to u rs p résen ten t le m ê me systèm e d' arc h itec tu re, ex- cepté cependant aux étages inférieurs, où se tro u v en t de longues baies en ogive sim ple po u r d o n n er du jo u r aux porches , e t des tourelles polygonales percées de b a rba- canes po u r co n ten ir les escaliers.

Les tours sont égales en h a u te u r, et d ’abord l’œ il n ’y saisit aucune différence. L a to u r m éridionale est cepen- d an t un peu m oins volum ineuse que celle du n o rd . Le m otif de cette dissem blance n ous échappe. A l’époque qui nous occupe, il n ’y avait poin t de ces lois d ’expropriation d o n t on use si larg em en t de nos jo u r s ; il est arriv é sou- v en t que la ré g u la rité d ’un édifice a été sacrifiée à la nécessité de respecter la voie p u b liq u e ou la p ro p rié té particulière. N ous en avons à P aris un exem ple très- im p o rta n t, qui date seulem ent d u XIVe siècle, dans le plan de l’église Saint-E u sta ch e; l’arch itecte , em pêché d ’envahir la rue voisine, se vit obligé de restre in d re de la m anière la p lu s singulière l’étendue de ses prem ières chapelles. Il est possible q u ’à N otre-D am e on ait cra in t de réd u ire d’une façon tro p incom m ode l’accès de la m aison épiscopale, e n tre l’église et l’Hôtel-D ieu, en do n - n an t à la to u r du sud les m êm es dim ensions qu ’à l’au tre.

On croit gén éralem en t que la dissem blance des to u rs est une m arq u e d ’infériorité des églises épiscopales ou paroissiales , et q u e les seules cathédrales d ’arch e- vêchés jouissaient d u priv ilége de posséder deux to u rs égales. A ucune règle pareille n ’a jam ais existé. D ans les

25

3

(43)

villes d ' archevêchés, d ' ailleu rs, à Sens, à B ourges, à Ro uen, les différences sont p eu t-ê tre encore plus accusées que dans les au tres. On en tro u v erait la cause le plus o r- d inairem ent dans l’in te rru p tio n des travaux, dans l’inter- vention d’u n architecte nouveau qui m odifiait le plan p rim itif, et dans la tran sfo rm atio n incessante des procédés de l’a rt. Quel que soit le m o tif qui ait guidé l’architecte des to u rs de N otre-D am e de P aris, la dissem blance e n tre elles existe non-seulem ent dans la la rg e u r et l’épaisseur, m ais d an s certains d étails. Ainsi, l a grande arc a tu re à jo u r est plus ferm e, p lu s largem ent com posée sous la to u r nord que sous la to u r sud ; les piles de la to u r n o rd , à la h a u te u r du beffroi, reçoivent u n p lu s g ran d nom bre de crochets que celles de la to u r sud. N ous p référo n s la to u r d u no rd à l’a u tre , son aspect est plus gran d io se, les détails en sont m ieux exécutés, la com position p lu s belle, les ra p p o rts e n tre les pleins e t les vides plus heureux.

L’escalier qui conduit au som m et de chaque to u r n ’a p as m oins de trois cen t quatre-vingts degrés. L 'étage in- férie u r form e un po rch e en avant des co llatéraux de la nef. D ans les étages supérieurs on trouve de vastes salles voû tées. Il y a su rto u t, dans chaque to u r , à la h a u te u r de la galerie de la V ierge, u n e salle im m ense e t m agnifique, o ù la lum ière habilem en t m énagée vient gran d ir encore les form es de l’architecture. C hacune de ces salles contient d an s un de ses angles u n escalier rem a rq u a b le , em pri- sonné dans u n e tourelle de p ie rre percée à jo u r. 11 n’est pas possible de se faire u n e idée des p ro p o rtio n s colossales de N otre-D am e, ta n t qu ’on n ’en a poin t p arc o u ru en détail les to u rs, les te rra sse s, les galeries.

La sonnerie de la cath éd rale de P aris avait autrefois u n e grande rép u ta tio n . La to u r d u no rd renferm ait sept cloches et il y en avait six au tre s dans le clocher

26

(44)

central du tr a n ssept. Les deux plus grosses de lo tîtes, q u ’on appelait les bou rd o n s de N o tre -D a m e , étaient placées dans la to u r du m idi. S ans p a rle r des autres cloches d' a u jo u rd ’h ui, qui n ’o n t aucune im portance , nous dirons que N otre-D am e a conservé le plus gros et le plus harm onieux de ses deux bou rd o n s. Les P arisiens lui ont voué une affection singulière, e t les jo u rs solennels le peuple se plaît fort à l’en ten d re sonner. Le poids en est évalué à treize m ille kilogram m es. Une longue inscrip- tion latine en relief su r le cuivre nous a p p re n d que c e tte cloche, donnée en 14 OO p a r Jean de M ontaigu 1 qui la nom m a Jacqueline, d u nom de sa fem m e, Jacqueline de L a G range, fut refondue en 1686, et q u ’elle reçu t alors les nom s d ’E m m anuel-L ouise-T hérèse, en l’h o nneur du roi Louis XIV e t de la rein e M arie-Thérèse d ’A utriche. A l’époque de la refo n te, la quan tité de m étal, qui n ’était que de quinze m ille livres, fu t augm entée du double environ p ar la m unificence d u chap itre 2. Les beffrois en ch arp en te, auxquels so n t suspendues les cloches, o n t été refaits dans ces d ernières années, et des précautions ex- trêm es o n t été prises p o u r assu rer le je u de la sonnerie sans causer d ’éb ran lem en t aux m urailles.

Les baies supérieures des to u rs étaient défigurées p a r des espèces d ’auvents en ch arpente qui rongeaient les co- lo nnettes et m asquaient toute la décoration ; ils sont m ain-

27

1 Je a n de M ontaigu, d é ca p ité en 1409 aux H a lle s de P a ris, é ta it c o n se iller du roi, g ran d m aître d ’h ô tel de F ra n c e , e t frère de G érard, 95e év êq u e d e P a ris.

2 Le second bou rd o n a été d é tr u it; il p e sa it v in g t-h u it m ille, d ise n t les h isto rie n s de N o tre-D am e, m ais il y a to u jo u rs e x ag é - ratio n dans ces dires.

Sur le bourdon co n serv é, on lit les nom s des fo n d eu rs N. Cha- p e lle , .T. G iltot, C. M oreau e t F lo re n tin le G uay. Le d e rn ie r seul p re n d le titre de m a ître f o n d e u r ; il é ta it P a risien .

(45)

te n a n t rem placés p a r des abat-sons de m étal qui, to u t en p réservant les beffrois, ne viennent plus b riser p a r leurs saillies les lignes de l’architecture.

Une grave question s’est agitée au sujet d u couron- nem ent des to u rs. Le volum e des contreforts qui en con- solident les angles, e t les dispositions prises à l’étage su p érieu r in d iqueraient q u ’au XIIIe siècle on eu t le p ro je t de co n stru ire deux flèches en pierre. Ce p ro jet a été aban- d o n n é; fallait-il le rep re n d re de nos jo u rs? Les architectes chargés de la resta u ratio n d éclarèrent dans le rem a rq u a b le ra p p o rt adressé p a r eux au m inistre de la justice et des cultes, en 1843, e t nous p arta g eo n s com plètem ent leur opinion, que la cathédrale n ’au ra it rien à gagner à l’édifi- cation de ces deux flèches, d ’u n e form e d ’ailleurs très- douteuse. L a physionom ie de N otre-D am e, avec ses deux to u rs carrées couvertes en te rra s s e s , a quelque chose d ’h istorique qu’il faut resp ecter. Nos yeux sont te lle m en t faits à voir les to u rs telles q u ’elles so n t, que nous aurions de la peine à nous les figurer plus belles sous une a u tre form e. Rien ne dénote dans la construction de la façade q ue les ressources aient m anqué po u r la m ener à perfec- tion. C’est p a rto u t le m êm e choix de m atériau x , la m êm e richesse d ’o rn em e n ts, le m êm e soin dans l’aju stem en t. Si donc l’architecte du XIIIe siècle s’est a rrê té à la naissance des flèches, c’est q u ’il au ra sans doute lui-m êm e condam né son p ro je t prim itif.

D ans l’intervalle des to u rs il existe une co u r spacieuse que l’on appelle l’aire de plom b ou la cour des réservoirs.

Des plaques de m étal en couvrent le sol, e t des bassins y contiennent de l’eau p o u r les prem iers secours en cas d’incendie. Un peu en a rriè re s’élève le g ran d pignon trian g u laire qui clôt le com ble de la nef. Sur la p o in te u n ange sonne la tro m p e tte , soit p o u r an noncer le ju g e m en t

28

(46)

29

à venir, soit p o u r convoquer le peuple ch ré tien . Il est contem porain de la façad e; le sc u lp te u r l’a disposé de m a - nière à donner le m oins de p rise possible aux vents et aux tem pêtes qui l’assaillen t sans relâche.

Tel est ce portail su p e rb e , évidem m ent conçu et exécuté p ar le m êm e hom m e, d an s sa p artie la plus considérable et la plus m agnifique. On peu t a ssu re r aussi q u e les tra - vaux se sont poursuivis ra p id e m e n t, sans ép ro u v e r de r e ta r d s , depuis les soubassem ents des p ortes ju sq u ’au poin t où les to u rs com m encent à se sé p arer de la m asse.

L’u n ité de l’ensem ble, la sim ilitude des profils e t des in- nom brables d étails, a tte s te n t, m ieux que ne p o u rra it le texte le plus avéré, que to u t ici a été p ro d u it d’un seul je t, sous l’influence d’un m êm e a rt et d ’une m êm e insp iratio n . Com bien ne reg retto n s-n o u s pas de n e pouvoir dire quel fu t le m a ître de cette œ uvre! Il n ’a pas songé à nous tra n s - m e ttre son no m , e t ses contem porains n ’ont rien fait pour su p p lé er à son silence. « L’hom m e, l’artiste, l’individu s’effacent su r ces g ran d es m asses sans nom d ’a u te u r;

l’intelligence hum aine s’y résum e et s ’y totalise. Le tem ps est l’architecte, le peuple est le m açon. » Nos lecteu rs au - ro n t reconnu sans peine d an s ces d ern ières lignes le style co- loré de celui qui a écrit la N otre-D am e de P a ris. Quant à la p artie supérieure des to u rs et à la galerie qui les réu n it, elles tém o ig n e n t, la g alerie su rto u t p a r ses form es am in- cies e t p a r une certain e exagération de lé g è re té , d ’une rep rise q u i au ra p robablem ent eu lieu vers 1230. II serait im possible en effet d ’a d m e ttre que la galerie des rois e t celle des to u rs fu ssen t c o n te m p o ra in e s. L ’œ u v re s’est arrêté e p en - dan t quelques années au cou ro n n em en t du p o rta il, e t l ’on p eu t aisém ent se ren d re com pte d ’une in te rru p tio n pareille.

D escendons m aintenant au pied de la façade, pour étu d ier l’im agerie des p o rtes.

3.

Riferimenti

Documenti correlati

" sauvage" de l'associationnisme impressionniste trouve là encore aujourd'hui un de ses mobiles les plus agissants, parce que justement les mieux cachés.. L' énargéia

Tout comme on l’a vu dans le cas de l’usage du persan pendant la prière canonique, les adversaires de la traduction du Coran dans n’importe quelle langue, et

Elle peut être plus ou moins efficace, plus ou moins complexe, il n'y a pas de différence de nature ; ce qui fait considérer bien souvent qu'il y a une sorte de continuité dans

Les 6 chiffres de son code sont écrits dans le même ordre que les lettres de son prénom?. Trouver le

Traza en verde el segmento perpendicular al segmento rojo que pasa por otro punto medio. Después traza en azul el segmento perpendicular al segmento rojo que pasa por el 4º

Avec l’autre moitié, elle fabrique des bracelets et il reste trois perles. Elle a confectionné trois bracelets de plus que

Aussi la caractérisation des douleurs abdominales est-elle l’un des éléments essentiels dans le dia- gnostic, non seulement des pathologies digestives, mais aussi des maladies

Lyon Bazzoni G (2006) Rôle des paramètres de fréquence et d’intensité de stimulation dans la thérapie électrique transcutanées en acupuncture