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Traduire le roman policier: le cas de "La ribellione del manoscritto" de Olivier Durand. Proposition de traduction et analyse de certains passages du polar

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ALMA MATER STUDIORUM - UNIVERSITA' di BOLOGNA

SCUOLA DI LINGUE E LETTERATURE, TRADUZIONE E

INTERPRETA-ZIONE

SEDE di FORLI'

CORSO di LAUREA IN

MEDIAZIONE LINGUISTICA INTERCULTURALE (Classe L-12)

ELABORATO FINALE

Traduire le roman policier : le cas de La ribellione del manoscritto de

Oli-vier Durand. Proposition de traduction et analyse de certains passages du

polar

CANDIDATO RELATORE

Christelle Yonga Djuimo Yannick Hamon

Anno Accademico 2015/2016

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Index

Introduction………..2

Chapitre 1 : Le livre La ribellione del manoscritto……….…....3

1. Olivier Durand………..……….…....4

2. Interview de l’auteur………...6

3. La ribellione del manoscritto……….………...8

4. Le genre policier……….………....9

5. Les difficultés liées à la traduction du roman policier……….………....10

Chapitre 2 : Proposition de traduction……….………....11

1. 1er passage………..………...11

2. 2e passage………...13

3. 3e passage………..…...15

Chapitre 3 : Analyse réflexive du travail de traduction……….…...19

1. Un titre peu révélateur………..…...19

2. Les références culturelles et historiques……….………...19

3. L’interférence des dialectes et des langues étrangères……….……....20

4. Les choix lexicaux……….…...21

5. Les registres de langue………...………...22

Commentaire général de l’auteur………...………..…...24

Conclusion ………26

Bibliographie………...………..27

Sitographie……….………..…….27

Remerciements………...…..28

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Introduction

Dans cette étude, je me suis proposée de développer une analyse sur le genre policier en me focalisant sur le langage et le jargon utilisés dans le polar La ribellione del manoscritto d’Oli-vier Durand. En effet, les actes terroristes récents perpétrés en France et partout dans le monde m’ont poussé à m’interroger sur le déroulement des interrogatoires et les diverses étapes par lesquelles doit passer la police pour retrouver et arrêter un criminel de qui on ne sait rien au départ.

Le premier chapitre de mon étude est dédié au Professeur Olivier Durand et à La ribellione del

manoscritto dont il est l’auteur. Durant la rédaction de ce mémoire, j’ai eu l’énorme privilè ge

de travailler avec ce dernier qui m’a fasciné par son authenticité et son sérieux.

Le deuxième chapitre est consacré à une traduction proprement dite dans laquelle je mets en évidence le passage de l’italien au français de trois passages du livre que j’ai choisis pour leur complexité dans la mesure où l’on y retrouve des éléments clés relatifs au genre policier.

Dans le troisième chapitre, je m’attarde sur les difficultés rencontrées lors de la traduction dans une analyse dans laquelle je justifie mes choix et j’expose le procédé de traduction qui a mené au rendu final. J’ai aussi tenu à insérer le commentaire critique qu’a fait Olivier Durand après avoir lu mon travail.

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Chapitre 1: Le livre La ribellione del manoscritto

1. Olivier Durand

1Olivier Durand est né à Copenhague en 1959 d’un père suisse d’origine corse et d’une

mère parisienne à son tour de père moldave, juif et de langue allemande. Ses parents se sont installés dans la capitale danoise pour des raisons de travail. En 1963, ils se démé-nagent à Rome. Olivier Durand fait toutes ses études primaires et secondaires à Châ-teaubriand, l’école française de Rome et finira par obtenir son baccalauréat à Paris en 1978. La phrase qui a marqué ses années lycée est : « qu’est-ce qu’on va bien pouvoir faire de toi ? ». En effet, il n’excellait qu’en anglais et en allemand, langues qui plus tard se révèleront être sa passion et dont il en fera son métier. Il s’inscrit à l'Université « La Sapienza » de Rome en langues étrangères modernes où il obtient sa licence en philologie sémitique. Il poursuit alors son parcours académique à l’Université de Turin où il obtiendra un doctorat en langue hébraïque.

En 1992, il débute sa carrière universitaire comme chargé de cours, puis comme cher-cheur à temps plein et dès 2003, il devient professeur adjoint de dialectologie arabe et philologie sémitique à la Faculté des études orientales de La Sapienza. Il a aussi ensei-gné la dialectologie arabe à l’Université « L’Orientale » de Naples et la linguistique à l’Université Suor Orsola, toujours à Naples.

Olivier Durand parle aujourd’hui une dizaine de langues : Le français (sa langue mater-nelle), le corse, l’italien, l’anglais, l’allemand, l’espagnol, l’arabe (standard, palestinie n et marocain), l’hébreu. Il « marmonne » (ce sont ses propres mots) aussi le danois, le portugais, le berbère, le russe et le polonais.

Avant de se lancer dans l’écriture de romans, Olivier Durand a été l’auteur de bon nombre de monographies, articles et critiques. Parmi ses plus récentes œuvres, l’on re-trouve Corso di arabo contemporaneo (Cours d’arabe moderne) et Corso di ebraico

contemporaneo (Cours d’hébreu moderne).

1Ces informations proviennent d’une interview réalisée par Alessandra Grimaldi en italien et traduite par mes soins en français.

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Cette brève biographie du Professeur Olivier Durand nous aidera à mieux comprendre quel est le parcours personnel, les cultures et les expériences de vie qui ont inspiré l’au-teur dans l’élaboration de l’intrigue de La ribellione del manoscritto.

2. Interview de l’auteur

2Depuis quand et comment vous est venue l’idée d’écrire La ribellione del manoscritto ?

« Pourquoi écris-tu », « Pourquoi et quand as-tu décidé d’écrire », aucun écrivain n’a de

réponses à ces questions. En ce qui me concerne, on peut dire que je suis auteur depuis plusieurs années déjà. J’ai écrit des textes linguistiques, des essais et des manuels. Il y a six ans, j’ai aussi voulu m’aventurer sur le chemin de la narration. Du coup, j’ai écrit à la volée les trois premiers chapitres de ce qui plus tard deviendra La ribellione del

manos-critto. Fortement influencé par mon éducation scolaire française selon laquelle il est

im-possible d’écrire quoi que ce soit sans avoir au préalable rédiger un plan, j’ai laissé tombe r après le troisième chapitre, incapable de concevoir la suite.

Quatre ans plus tard, je suis retombé par hasard sur un fichier intitulé “livre” – le français demeurant ma langue de référence ! –, je l’ai alors relu et je me suis dit que ce n’était pas si mal que ça. Cependant, la question incontournable du plan continuait de se poser. J’ai regardé en arrière et je me suis rendu compte de toutes ces choses que j’avais accomplie s sans jamais avoir su par où commencer et surtout, sans ces sacro-saints plans. J’ai réalisé à ce moment-là que j’étais un assez bon improvisateur et je me lançais dans la rédaction du quatrième chapitre sans avoir la moindre idée de ce que j’y aurais raconté. Toutefois, j’étais certain que tôt ou tard, j’aurais su comment avancer. Et voilà.

Dans le livre, chaque personnage a une origine et une culture différentes que vous réussissez à entremêler en toute simplicité. Vous y évoquez alors des thèmes comme les différences, les antagonismes et l’un des plus drôles antagonismes, si on peut le qualifier ainsi, est celui de Souleymane et du colonel des services israéliens Yerushalmi sur la question d’Israël et la Pa-lestine. Une histoire qui se déroule dans toute la Méditerranée et dans laquelle vous ne néglige z

2Cette interview a été réalisée par Alessandra Grimaldi en italien et traduite par mes soins en français.

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aucun épisode plus ou moins récent – par exemple tu cites Ilaria Alpi mais aussi Vittorio Arri-goni – sans pour autant faire abstraction des endroits que tu connais, qui vous ont formé, de la Tunisie à Jérusalem en passant par Rome et bien sûr avec un attachement particulier à la Corse. Dites-moi, à quel point connaissez-vous ces pays, de quelle façon vous ont-ils formé et combien nous Européens pouvons-nous comprendre ces différentes cultures ?

Comme tu le disais, j’ai grandi dans la « diversité ». Je suis né à l’étranger, je vis à L’étran-ger et je mourrai à l’étranL’étran-ger… Pour mes parents, connaitre au moins deux langues autres que la langue maternelle était un prérequis en matière de culture générale. À la maison, on entendait très souvent des langues différentes, on aimait beaucoup voyager et aller en vacances chez des parents en Suisse, à Paris ou en Corse. Pendant mon adolescence – dans les années soixante-dix - pour nous les enfants de Chateaubriand [les Italiens étaient en-core des « mammoni » (fils à maman) et « villeggiatura » signifiait « plage » et rien d’autre], il était de coutume de s’armer de sac à dos et sac de couchage et de parcourir l’Europe en train, en autostop mais aussi en marchant longuement, dormant dans des auberges et plus rarement dans des prés. Les nouvelles langues m’ont toujours intrigué . Déjà tout petit, quand je croisais des étrangers dans les rues de Rome, je me disais fasciné : « ils sont si doués à parler cette langue difficile ! ».

Un des faits très intrigants du roman est que vous y faites référence à la Corse : tout d’abord par sa géographie mais aussi son histoire que l’on ne retrouve presque pas dans les programmes scolaires italiens, certains détails liés à la langue et à la poésie, la façon dont ils surnomme nt les Italiens sans oublier l’aspect culinaire qui est très intéressant. Quels sont les souvenirs qui vous rattachent à la Corse et pourquoi teniez-vous à lier d’une manière ou d’une autre les péri-péties du roman à cette partie du monde ?

Durant toute mon enfance, la Corse a été l’endroit où je passais les vacances et c’est tou-jours le cas aujourd’hui. L’idée d’insérer la Corse parmi les « personnages » de ce roman m’est venue d’une volonté de partage : parler de la Corse à tous ces Italiens qui n’en savent rien ou presque. À Chateaubriand, le manuel utilisé en géographie contenait une image où l’on pouvait voir l’Hexagone et dans un angle en bas à droite, la Corse. Au CM2, toutes les semaines pendant une heure on devait étudier la géographie italienne dans un

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livre italien. Grande a été mon incompréhension quand j’ai vu sur la carte « la Botte », la Sicile et la Sardaigne… et un peu plus au Nord la mer d’un bleu magnifique. Les Italiens de ma génération ont donc grandi sans jamais rien savoir de l’existence de cette île. Qui-conque y est allé sait pertinemment que c’est l’un des vrais et rares paradis naturels ter-restres qui restent en Europe.

J’aimerais que vous nous parliez de ces sublimes femmes que vous décrivez dans votre livre. Il y’en a plusieurs, différentes les unes des autres, des figures intéressantes chacune dans leur contexte social et professionnel. Ce qui ressort surtout de ces îles, c’est leur grande beauté, mais aussi la façon dont vous les présentez et habillez. D’apparence, elles pourraient sembler sans pudeur mais au fond elles reflètent le sentiment de beaucoup de femmes qui, tout comme Asia, aiment se sentir féminines. Un hommage à la femme ?

Dans cet « essai littéraire », l’objectif était de décrire les personnages féminins par des traits physiques moindres mais toutefois en mettant en avant leur grande beauté et leur charme. Leur beauté se reflète alors au travers de leurs actions, de leur façon de penser ou de parler. Je suis ravi que tu les aies trouvées charmantes, même si à propos de Noura, on sait juste qu’elle a de longs cheveux bruns et des yeux noirs avec des reflets émeraude. Je ne mentionne nulle part sa taille ou ses courbes, si elle a un beau derrière ou pas.

Le plus important est que Souleymane la trouve éblouissante ! Pareil pour Dalanda et Asia. C’est toujours très difficile pour un homme de décrire une femme sans toutefois tomber dans la vulgarité. « Un hommage à la femme » … je le prends comme un très joli compliment et je t’en remercie sincèrement. Je ne fais aucune différence entre une femme belle, laide, avec de jolies courbes ou filiforme. Je suis plus captivé par celles dont j’ai su capter la magie, dans le regard, le sourire ou encore dans la grâce de leurs mouvements . Les courbes viennent juste après ; je n’ai pas le courage de le nier, toutefois ces critères sont nettement secondaires. Je n’ai jamais vraiment compris la différence entre une fée et une sorcière. Toutefois, pour qu’une femme me séduise, elle doit tout d’abord et sans con-cession m’ensorceler. Je ne supporte pas la misogynie, qu’elle soit humoristique ou même sympathique. Je sais que je suis assez atypique sur certains points. Par exemple, j’adore faire le tour des magasins avec ma femme ou une de mes amies à la recherche de la robe ou de la paire de chaussures qui la rendront heureuse ou qui la feront sourire comme un enfant.

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Mais sois en sûre, je reste un homme avec tous ses défauts : déplacer un tableau est une tragédie pour moi, je ne trouve pas nécessaire de repeindre la maison après deux ans, une veste sur une chaise ne me pose aucun problème, quand je suis seul je fais mon lit une fois par semaine si j’en ai envie et toute la poussière qui s’accumule sur ma bibliothèque ne me dérange pas le moins du monde.

Les livres et les auteurs qui vous ont particulièrement marqué et formé ?

Le tout premier livre qui a changé ma vie est « L’étranger » de Camus quand j’avais seize ans. Juste après, je dirais « Germinal » de Zola qu’on nous fit lire de force au lycée. Le dernier en date est « I disorientati » de Maalouf. Je n’ai pas de genre particulier et je ne me mets aucune barrière à priori. Comme beaucoup d’autres de ma génération, j’ai dé-voré Sartre, Oz et Yehoshua par la suite. Comme auteurs arabes, je citerai Kanafani, Jabra et al-Aswani.

À partir de mes vingt ans, je suis devenu accro à S.A.S, une longue saga française écrite par Gérard de Villiers […]

Pour finir, je suis aussi un grand fan de Marco Vichi et de Corina Bomann qui roman après roman, reconstruisent à la perfection une histoire moderne - italienne et allemande soi-disant communiste – par moment honteuse et malheureusement occultée dans les an-nales officielles.

3. La ribellione del manoscritto

3“La ribellione del manoscritto” raconte l’histoire de Noura Marea, une charmante

com-missaire et de Souleymane Elkatib, un professeur titulaire de linguistique arabe à la “Sa-pienza” de Rome. Ils se rencontrent dans le cadre d’un homicide qu’ils doivent tenter de résoudre. Entre enquêtes, retournement de situations et surprises continues, ce roman po-licier est aussi très riche en culture. Un mélange de cultures et de personnages telleme nt

3Ces informations proviennent d’une interview réalisée par Alessandra Grimaldi en italien et traduite par mes soins en français.

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différents et intrigants qui favorisent la connaissance de plusieurs courants de pensée comme le bundisme, notion contraire au sionisme dont on ne lit presque rien, encore moins dans un roman. Voyages de connaissances, enrichis par des descriptions de pay-sages et de lieux dont on ne sait pas grand-chose. L’auteur nous émerveille aussi par la précision particulière dont il fait preuve dans tous les aspects liés à la gastronomie. Dans le roman, Il ne s’agit pas seulement d’enquêtes mais aussi d’une histoire d’amour, l’un des nombreux instruments utilisés par Durand pour parler de différences, de dépassement des barrières raciales, ce roman illustrant parfaitement la situation actuelle du monde arabe. Un récit rempli de faits historiques et de péripéties enrichies par des approfondis-sements de la langue mais aussi de vraies leçons qui nous ramènent avec plaisir à un sentiment d’apprentissage. Des romans de ce genre, on n’en voit pas tous les jours.

Dans ce roman, on peut clairement entrevoir la main du professeur, mais on y retrouve aussi un homme qui a beaucoup voyagé, un homme qui a vu tous ces lieux qu’il décrit avec précision et émotion : on arrive à percevoir les pas de Dalanda à Tunis tout comme les gestes rebelles de Jean-Pierre dans sa magnifique et luxuriante Corse. Il est très rare qu’un roman permette aux lecteurs de suivre avec engouement l’intrigue et en même temps soit en mesure d’enseigner ces derniers sur des sujets linguistiques, grammaticaux, géographiques et 4culinaires. Le grand

ta-lent de Durand a été de confier aux différents protagonistes du roman l’évolution de l’histo ire au travers de leurs origines et de leur profession. Il est capable de décrire de façon unique des profils, des comportements et des rôles dans le récit.

Des personnages apparemment sans défaut mais pourtant simples et accessibles qui se dévelop-pent au travers d’enquêtes ardues et de recherches d’un manuscrit dans toute la Méditerranée. Un style d’écriture raffiné, sophistiqué qui parvient à alterner leçons de grammaire et conver-sations frivoles ou encore des sujets inspirés du quotidien comme l’astrologie, ou encore des programmes télévisés controversés qui néanmoins s’unissent avec aisance à la narration (nous pensons par exemple à Franca Leosini qui est mentionnée dans le livre). Cet autre aspect du récit traduit aussi la générosité de l’auteur qui a pour but d’accompagner le lecteur dans un voyage multiple. Une générosité qui est possible grâce à l’énorme culture de notre narrateur.

4Ces informations proviennent d’une interview réalisée par Alessandra Grimaldi en italien et traduite par mes soins en français.

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Un livre d’histoire, de géographie, de grammaire qui se révèle aussi être un intrigant roman couronné d’une belle histoire d’amour.

4. Le genre policier

La ribellione del manoscritto s’inscrit dans un genre littéraire bien précis qui est le policier. En effet, Le roman policier a réussi à s’imposer et à durer au fil des décennies. Dans Les caractéristiques du genre policier, Jessica Dutertre définit le genre policier comme “un genre narratif centré sur un crime au sens juridique du terme [...] composé en fonction de six éléments principaux qui sont le crime, la victime, l’enquête, le coupable, le mobile ainsi que le mode opératoire.”

Sa popularité découle de sa finalisation. Il comporte généralement une information initiale qui mène inévitablement vers une solution finale. Il tient donc le lecteur en haleine jusqu’au bout en trompant son attente. Toujours selon Jessica Dutertre, « le stéréotype de l’histoire policière est que cette der-nière commence dans la majorité des cas, par un crime : un cadavre est découvert. La victime est ensuite identifiée et l’enquête peut donc commencer. Le rôle du détective est alors d'enquêter sur la victime afin de trouver des mobiles crédibles et d'analyser le mode opératoire du crime qui permettrait d’identifier, parmi les suspects sélectionnés grâce aux mobiles, le coupable » (Jessica Dutertre, Les

caractéristiques du genre policier,Pp 12).

Il existe plusieurs types de romans policiers dont le plus connu est le roman noir qui se caractérise par l’accent mis sur le coupable, la victime ou l'enquêteur. Le roman à suspens par contre met la victime au premier plan car le but principal ici est de tenir le lecteur en haleine du début à la fin de l’histoire. Le récit à énigme lui est composé deux histoires parallèles, une sur le crime et l’autre sur qui a mené au crime. Les deux récits se complètent alors pour mener le lecteur vers la résolution du crime. Le « crime parfait » est uniquement centré sur le crime et le roman procédurier quant à lui met l’accent sur l'enquête. Enfin dans le « serial killer », il ya plusieurs victimes avec un mode opératoire plus ou moins semblable et la résolution du crime ici passe par une approche psychologique.

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5. Les difficultés liées à la traduction du roman policier

Le roman policier se distingue tout d’abord des autres genres littéraires par un lexique bien spécifique. Le traducteur doit alors rester prudent et faire attention aux équivalences d’une langue à l’autre car il est très facile ici de tomber dans les faux sens ou dans la surtraduction.

Dans le genre policier, on retrouve aussi des changements de registres très fréquents. L’auteur dans son rôle de narrateur utilise un registre standard ou courant. Toutefois quand il s’agit d’in-terrogatoires ou de d’analyses entre collègues, il arrive qu’il choisisse de ne pas “filtrer” les propos des personnages et opte pour le langage familier. La difficulté pour le traducteur ici est de conserver la fluidité du texte d’arrivée tout en adaptant ces changements de registre dans le texte traduit.

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Chapitre 2 : Proposition de traduction

1

er

passage

Pp 11-13

Rome

Souleymane s’en doutait bien, les deux hommes ne parlaient pas ‘hébreu’ mais arabe. De voir des Juifs italiens parler hébreu entre eux est chose commune parmi les demi-incultes. C’était de l’arabe libyen. Il ne comprenait pas très bien mais il arrivait quand même à suivre la conver-sation. Il remarqua que la lettre qaf était prononcée correctement q. Ce qui lui confirma que les locuteurs étaient bien des Juifs : les Musulmans la prononcent g.

Il passa aux autres interceptions. Toutes en arabe sauf une en français et une en hébreu cette fois, mais avec un fort accent arabe.

Souleymane fixa l’agent Ceccarelli pendant quelques secondes en se demandant à quel person-nage de Sans compromis 44 de Aaron Harvey il essayait de ressembler. Bruce Willis ? Pourtant, la légère amblyopie de son œil gauche faisait plus penser à Forest Whitaker. Si tant est qu’il ne l’avait jamais vu… Il avait plutôt l’air du genre à regarder Countdown ou Alerte Cobra à la télévision. Le regard fixe du policier était supposé refléter dureté et inflexibilité mais ne tradui-sait pas une grande intelligence.

« Ils parlent arabe », expliqua-t- il à l’agent. « Arabe libyen pour être plus précis. Ce sont des juifs italiens d’origine libyenne qui comme vous le savez », le regard de l’agent se fit encore plus brumeux, « ont fui la Libye en 1970 après la prise de pouvoir par le colonel Kadhafi. Plusieurs d’entre eux se sont installés en Italie à Rome, mais la vieille génération est restée fidèle à la langue qu’ils parlaient là-bas alors que les fils et même les petits-fils se sont complè-tement italianisés ».

Toujours aussi impassible, Ceccarelli le fixait comme un gorille dans sa cage au zoo avec l’air de quelqu’un qui se dit « Mais t’es aussi bête que t’en as l’air ou tu fais juste semblant ? » et resta immobile.

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« En ce qui concerne le contenu » continua Souleymane, « de ce que j’ai pu entendre, ce ne sont que des civilités. Échanges sur la santé, la famille et papotages sans intérêt. Rien qui puisse cacher quelque chose, à mon avis… ».

« Ouais. ‘Sont malins ces Juifs jamais ils s’balancent ! » Commenta Ceccarelli avec une once de colère.

En bon marocain installé en Italie depuis de nombreuses années, Souleymane avait telleme nt l’habitude des préjugés à en avoir perdu tout espoir que l’italien de tous les jours puisse un jour devenir moins analphabète en matière d’ouverture mentale vis-à-vis de l’extracommunauta ire. Il le savait bien ce que cela voulait dire d'être comme un ‘arabe’, génétiquement prédisposé à poignarder en criant « Allah ! » les yeux tournoyants ou se faire exploser dans un supermarché. Ces pauvres italiens, ils ne se souviennent même plus comment on les regardait et traitait en Allemagne ou en Suisse il y a seulement soixante ans… Rien à faire : le réflexe de l’ancien clochard quand il en voit un nouveau est de le traiter de va-nu-pieds…

« Bah, vous conviendrez qu’après toutes les tribulations avec leur expulsion et les diverses dif-ficultés rencontrées entre l’Italie, Israël et les autres pays, les Juifs libyens ont appris à être prudents. Vous ne vous attendiez quand même pas à ce qu’ils soient naïfs au point de parler de choses compromettantes par téléphone… Ils le savent très bien que la mise sous écoute est devenue l’une des méthodes préférées de ce pays. Vous ne croyez pas ? »

« Mmm », grogna Ceccarelli. « Le problème c’est que si on continue à pas comprendre qui diable se cache derrière cet homicide, on passera pour des cons et il est bien possible que l’as-sassin ou les asl’as-sassins s’en sortent sans encombre. C’est ça qui me fout vraiment les boules ».

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2

e

passage

Pp 126-128

« Commissaire Marea, je suis le colonel David Yerushalmi des services israéliens ». Il se pré-senta ainsi dans un italien scolaire mais correct en prononçant le r de façon âpre et rauque, typique de l’hébreu.

Pendant qu’il serrait la main de Noura, il détourna son regard vers celui de Souleymane. Tous les deux comprirent alors que l’autre savait que l’autre savait.

« Professeur Souleymane Elkatib je présume ? dit-il en lui tendant la main. « Ravi de faire votre connaissance ».

Une poignée de main chaleureuse et sincère. Les rapports entre les agents des services parallèles sont toujours excellents en temps de paix ou de trêve. Mais est-on vraiment en paix ? se de-manda Souleymane. Il avait appris depuis bien longtemps à ne pas sous-estimer l’intellige nce des Juifs, ce n’était pas que des ragots [...].

« Je suis venu à Rome de façon tout à fait officieuse pour que nous puissions parler à visage découvert », expliqua Yerushalmi. « Le cas Bedussa nous tient à cœur parce que nous pensons qu’il s’y cache des éléments susceptibles de mettre en péril la sécurité d’Israël ».

Et c’est reparti, Souleymane pensa… La ‘sécurité’- ha-Bitakhòn en hébreu-, la fixation des Israéliens ! Même s’il est clair qu’elle n’est pas totalement injustifiée. Quelques années aupa-ravant, Souleymane s’était rendu en Israël dans le cadre d’une enquête muni de faux papiers d’identité que la police italienne lui avait fournis. La piste qu’il suivait s’étant révélée fausse, il avait ainsi pu repartir en toute tranquillité par l'aéroport Ben Gurion contrairement à ce qu’il avait imaginé et à l’évasion rocambolesque qu’il avait préparée. Mais ce bref séjour l’avait profondément marqué. Se faisant passer pour un spécialiste de langues sémitiques italien -et en effet il l’était aussi ! - il avait profité de son temps libre pour discuter avec des personnes de divers horizons. Les Israéliens ont en commun avec les Arabes de socialiser très facilement. Si en entrant dans un bar une conversation attire votre attention, il est considéré tout à fait normal que vous vous y joignez. Les échanges étaient parfois enflammés, mais le sentiment général et constant était qu’ils semblaient anesthésiés. La tension générale et quotidienne avait fini à la

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fois par les endormir et les endurcir de façon inquiétante. L’armée n’avait pour seul réflexe que d’agresser sans même réfléchir.

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3

e

passage

Pp 200-204

Lod, Aéroport Ben Gourion

“Vous vous adressez à un haut responsable de la Sécurité de l’Etat d’Israël, alors mesurez vos propos… il en va de votre intérêt ! ».

Sale enfoiré, pensa Souleymane, t’es qu’un soldat minable qui ne ferait même pas peur à un caniche coiffé d’un ruban rose. « Mesurez » vos propos… Comme dirait tout bon Romain : « Mò t’arriva ‘na cotolettata tra capo e collo da fatte ritrova’ la pensione d’invalidità, e quanno la vai a riscote’, manco t’a danno, che a lo sportello ce sta uno che è amico mio » (Tu vas dérouiller un coup de côtelette entre la tête et le coup qui va faire de toi un handicapé, et quand t’iras encaisser ta pension d’invalidité, eh ben des clous : au guichet y’a un pote à moi !)

« Bien sûr », répondit-il.

« Votre anglais est suffisant ou devrai-je faire appel à un interprète ? » « En hébreu, ça ira plus vite » dit-il en hébreu.

Le soldat dut faire un effort pour dissimuler sa surprise.

« Et comment ça se fait que tu parles hébreu ? Tu es Palestinien ? ».

« Non, je suis Marocain. Naturalisé italien comme vous avez pu le remarquer par mon passe-port, dans lequel il est aussi précisé que je suis né à Marrakech… Si je sais parler l’hébreu, c’est parce que je l’ai étudié. Comme vous avez étudié l’anglais ».

« Tu parles trop bien l’hébreu, toi, tu as surement grandi ici ».

Il appela une jeune femme soldate qu’il somma de se joindre à eux. De par ses traits, Souley-mane supposa qu’elle était d’origine nord-africaine.

« Fais-nous écouter comment tu parles ton arabe. Yallah, dis-nous quelque chose ! ». Souleymane le fixa droit dans les yeux.

« Daba nfenghel mmw-ek baad-la tlit terf-ha bel-lben » dit-il en arabe marocain, sachant perti-nemment que ce serait complètement incompréhensible pour quelqu’un qui ne parle que l’arabe oriental. La soldate rougit d’un coup et dut se tourner vers la fenêtre pour ne pas éclater de rire.

Une paraphrase plus ou moins sobre serait : Je vais sodomiser ta mère après lui avoir badi-geonné les fesses de yaourt ».

La jeune femme confirma que c’était bel et bien un pur arabe marocain. « Et on peut savoir ce qu'il a dit de si drôle ? »

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16 « Un… un vieux dicton populaire ».

Le soldat se sentit mal à l’aise. « Tu es musulman ? ».

« Oui M’sieur ».

« Tu hais les Juifs alors ?».

« Bien évidemment : je vous hais au point d’avoir appris votre langue. Ecoutez Monsieur l’Agent, je suis musulman et je puis vous assurer que l’islam n’incite nulle part à haïr qui que ce soit ».

« Alors tu veux bien m’expliquer comment cela se fait que nous soyons constamment en guerre contre vous ? ».

« Bonne question ! Je vous répondrai par les termes d’un vôtre coreligionnaire, Einstein : Deux choses sont infinies : l’univers et la stupidité humaine ».

« Très spirituel. Qu’est-ce que tu penses des extrémistes ? ». Et si je lui répondais « Trop-cool !», pensa Souleymane. « Exactement la même chose que vous, j’en suis sûr ». « Qu’est-ce que tu penses des Palestiniens ? ».

Si tu veux que je sois franc, je pense que vous leur avez arraché leur terre et leur droit à l’auto-gestion. Tout ça pour vous fabriquer un Etat tout à vous - admettons que cela vous était indis-pensable, je veux bien vous l’accorder – et ignorant scandaleusement le sacro-saint et basique devoir de vous engager à respecter, par tous les moyens possibles, l’identité palestinienne autant que la vôtre. Imaginons que je lui réponde de la sorte ! Il m’expulserait séance tenante… « Malheureusement sur ce point, je crains que nous n’ayons des avis différents. Mais contrai-rement à ce que vous pourriez penser, de tous les Arabes, ceux qui seraient les plus disposés à trouver un accord de paix avec vous, ce sont les Palestiniens. Crétins à part bien sûr, qui n’ont ni passeport ni religion ».

Ils se dévisagèrent un instant.

« Vous n'allez pas tout de même de comparer les Palestiniens aux Syriens, des fois ? Les pauvres, ce sont des idiots par nature… ».

Le soldat ne put retenir un petit rire de complicité. A contre cœur, il lui restitua son passeport. « Allez-y. Et bon séjour en Israël. Si tous les arabes étaient comme vous, ça ferait un bon moment qu’on aurait trouvé un accord ».

Souleymane se leva avec un sourire poli dessiné sur le visage. Si tous les Israéliens n’étaient

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entendu bafouiller, juste après : « J’ai des doutes même sur l’univers… ». Tu avais aussi raison à ce propos : les scientifiques pensent aujourd’hui que l’univers est fini. En perpétuelle expan-sion, mais fini. Pareil pour la stupidité humaine, en perpétuelle expanexpan-sion, mais personne n’a encore pu démontrer qu’elle n’est pas infinie.

Il s’excusa intérieurement auprès de ses frères syriens. Nécessité technique. Il lui revint alors en tête une conversation avec une de ses jeunes collègues syriennes. Selon elle, si l’arabe n’était pas enseigné dans les écoles italiennes, c’était parce que le lobby juif y aurait mis son véto. Souleymane avait alors levé les yeux au ciel, s’abstenant de tout commentaire. Par où aurait -il commencé ? L’exubérance des départements arabes dans toutes les universités israéliennes ? Le fait que sur cinq arabisants occidentaux, un est juif ? Le plus grand expert italien de linguis-tique arabe et islamologie Giorgio Levi della Vida mort en 1967, lui aussi était juif ? Le lobby juif… Vraiment étrange. On dirait que plus les Syriens poussent dans les études, plus ils de-viennent stupides.

La douanière israélienne était une femme ronde et moche. Elle avait pratiquement vidé le sac de voyage de Noura sur le comptoir réservé au contrôle des bagages et inspectait chaque vête-ment comme s’il pouvait contenir un quelconque explosif ou arme secrète. Elle s'arrêta d’un air perplexe sur un porte-jarretelles noir et voulut savoir de quoi il s’agissait. « It’s a suspender. A stocking suspender, you know ? » Expliqua Noura avec l’air le plus angé-lique du monde.

Elle le déposa en regardant Noura comme une dépravée. Elle ramassa un string particulière me nt réduit à l’essentiel.

« And this? ».

« It’s called a G-string. A kind of panties… ».

Le douanier fut sur le point de suffoquer. Noura dut se mordre la langue pour continuer à la fixer d’air pur et candide sans éclater de rire. Au même moment, elle imaginait les commen-taires qu’aurait fait Souleymane. C’est une femme honorable qui ne met que de vraies culottes honorables. Tu sais, de celles que tu tires avec les deux mains jusqu’au-dessus du nombril. Le string n’est pas pratique pour la cueillette des pamplemousses, le porte-jarretelles encore moins pour conduire un tracteur dans la poussière du désert.

Certes, quand Noura partait en mission, en général, elle ne mettait pas de porte-jarretelles ou de strings espiègles dans sa valise. Dans le cas présent, elle les avait pris pour deux raisons straté-giques : distraire l’attention de la douanière et si la situation se présentait, plaire à Souleyma ne. Au point où ils en étaient, son instinct lui disait que quelque chose allait se passer...

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Quand ils avaient dîné ensemble au Meknès, elle n’avait rien dit mais avait parfaitement remar-qué ce moment où son regard l’avait déshabillée, curieux de savoir ce qu’elle portait en dessous de sa robe. Elle comprit que c’était un amateur de lingerie féminine. Et ça ne lui déplaisait pas.

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Chapitre 3 : Analyse réflexive du travail de traduction

1. Un titre peu révélateur

La ribellione del manoscritto est un titre assez ambigu qui n’en dit pas très long sur le roman.

Il est même difficile de reconnaître par le titre de quel genre de roman il pourrait s’agir. En le traduisant littéralement, l’on obtiendrait “La rébellion du manuscrit” qui, comme le titre d’ori-gine, ne reflète pas du tout la trame du livre. De ce fait, il est important de se demander quelle était l’intention de l’auteur, quel message voulait-il véhiculer et quelle serait l’interpréta tio n appropriée de ce titre avant de se lancer dans la traduction proprement dite du texte.

Le manuscrit dans le polar d’Olivier Durand représente un objet incontournable dans l’élucida-tion du meurtre de Raphaël Bedussa, Juif de 59 ans né à Tripoli. Bedussa se fait poignarder 89 fois à deux pas de chez lui, son porte-feuilles est retrouvé intact, de même que sa montre, un modèle assez coûteux pourtant. La piste d’une agression pour vol est alors exclue. Aucun sus-pect, aucun mobile. Au fur et à mesure qu’avance l'enquête, les brefs et récents séjours de Be-dussa en Tunisie et en Corse interpellent le Professeur Souleymane Elkatib. En effet, BeBe-dussa était à la recherche d’un mystérieux manuscrit regorgeant d’informations secrètes qui auraient constitué une sérieuse menace pour la politique internationale. Souleymane et ses collaborate urs ne sauront où se trouve le fameux manuscrit qu’après de longues séries d’interrogatoires parfois illégaux.

2. Les références culturelles et historiques

L’une des difficultés majeures rencontrées dans la traduction des passages de La ribellione del

manoscritto aura été de rendre les références culturelles dans la langue d’arrivée, dans notre cas

le français. Il faut spécifier ici que l’histoire que nous raconte Olivier Durand se déroule dans plusieurs pays à savoir la France, la Corse, la Tunisie, l’Italie et Israël. De ce fait, bien que le roman soit écrit en italien, on y retrouve de nombreuses répliques en français, en corse, en arabe marocain, en anglais, en hébreu et même en dialecte romain.

Dans le premier passage que j’ai traduit, Souleymane fait allusion à divers programmes télévi-sés :

“Suleyman fissò per qualche secondo l’agente Ceccarelli, domandandosi a quale personaggio di Catch .44 di Aaron Harvey si sforzasse di assomigliare. Bruce Willis? La leggera ambliopia

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all’occhio sinistro faceva però pensare di più a Forest Whitaker. Sempre che lo avesse visto… Sembrava più il tipo da guardare Countdown o Squadra Speciale Cobra 11 in televisione.”

Catch .44 de son appellation initiale est un film américain réalisé par Aaron Harvey et sorti en

2011. En Italie, le titre original a été conservé mais en France l’on a préféré l’adaptation Sans

compromis et au Canada Arnaque .44. Countdown est une série télévisée d’origine allema nde

et Squadra Speciale Cobra a été traduit en français par Alerte Cobra.

Souleymane fixa l’agent Ceccarelli pendant quelques secondes en se demandant à quel person-nage de Sans compromis 44 de Aaron Harvey il essayait de ressembler. Bruce Willis ? Pourtant, la légère amblyopie de son œil gauche faisait plus penser à Forest Whitaker. Si tant est qu’il l’avait jamais vu… Il avait plutôt l’air du genre à regarder Countdown ou Alerte Cobra à la télévision.

L'histoire de La ribellione del manoscritto se déroule dans diverses parties du monde : Rome, Marseille, Tel Aviv, Jérusalem, Tunis, Paris ou encore la Corse. Pour mieux comprendre le contexte historique dans lequel se situe le roman d’Olivier Durand, il m’a semblé incontour-nable de faire des recherches plus approfondies sur l’histoire d'Israël, sur le rapport que la Corse entretient avec l’Italie, sur la différence entre les musulmans et les islamistes. L’auteur y évoque aussi des figures historiques emblématiques telles que le colonel Kadhafi, Dante Alighieri ou encore Albert Einstein.

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3. L’interférence des dialectes et des langues étrangères

En Italie, il existe une multitude de dialectes. L’un des plus connus est le dialecte de Rome. Olivier Durand ayant vécu à Rome pendant de nombreuses années fait un clin d’oeil à la ville dans laquelle il a grandi à travers cette réplique en pur dialecte romain :

«Mò t’arriva ‘na cotolettata tra capo e collo da fatte ritrova’ la pensione d’invalidità, e quanno la vai a riscote’, manco t’a danno, che a lo sportello ce sta uno che è amico mio».

C’est une tâche bien difficile que d’essayer de “restituer la saveur du dialecte original”. Les expressions dialectales sont en général chargées d’éléments culturels qui les rendent encore plus complexes dans le cadre d’une éventuelle traduction.

« Tu vas dérouiller un coup de côtelette entre la tête et le coup qui va faire de toi un handicapé, et quand t’iras encaisser ta pension d’invalidité, eh ben des clous : au guichet y’a un pote à moi ! »

Face à des répliques en langue étrangère comme « It’s called a G-string. A kind of panties… » ou encore « Daba nfenghel mmw-ek baad-la tlit terf-ha bel-lben », j’ai choisi de laisser la pre-mière telle qu'elle (étant donné que l’anglais est une des langues les plus parlées) et d’ajouter une note explicative entre parenthèses pour la seconde car il est moins probable que le lecteur comprenne l’arabe marocain.

Dans le troisième passage, la soldate nord-africaine s’exclame en disant Yallah, qui veut dire “dépêche-toi !” ou encore “allez !”. Vu qu’il s’agit d’une expression arabe plutôt connue, l’au-teur a préféré la conserver telle quelle dans le roman. A mon tour, je n’ai pas cherché à traduire cette exclamation qui donne au texte d’arrivée une touche d’authenticité.

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22 4. Les choix lexicaux

“Se entri in un bar e senti una conversazione che capta il tuo interesse, viene considerato del tutto normale che tu ti unisca”.

Mon premier réflexe face à cette réplique a été de traduire le « tu » italien par le « tu » français. Seulement, après relecture je me suis rendue compte que le rendu n’était pas tout à fait naturel. En français, il est plus commun d’utiliser « vous » quand il s’agit de généraliser. J’ai donc opté pour la traduction suivante :

Si en entrant dans un bar une conversation attire votre attention, il est considéré tout à fait normal que vous vous y joigniez.

Les figures de styles sont des procédés ayant pour but de donner au discours un caractère plus expressif, voire plus convaincant. Dans la phrase “L’ebraico lo parli troppo bene, tu sei cres-ciuto qui”, “lo” marque une redondance et exprime l’accentuation de l’auteur sur l’objet. Une traduction littérale serait “ L’hébreu tu le parles trop bien, tu as grandi ici”. Toutefois, “traduire signifie parfois se rebeller contre sa propre langue, quand elle introduit des effets de sens qui n'étaient pas entendus dans la langue originale”. Umberto Eco, Dire presque la même chose. Pour rendre cette même insistance de façon plus naturelle, j’ai dû “déplacer” l’accent sur le sujet afin d’obtenir un effet similaire :

Tu parles trop bien l’hébreu, toi, tu as surement grandi ici.

Souleymane reconnaît la soldate marocaine “dai suoi colori”. La traduction littérale serait “de par ses couleurs”, mais toujours dans un souci de fluidité, “de par ses traits” m’a semblé plus adapté. De même, traduire “falsi documenti” par “faux documents” serait moins naturel que “faux papiers”.

Le mot « caliginoso » aussi m’a posé quelques problèmes dans la mesure où il existe la traduc-tion littérale « caligineux » mais dans le souci de rendre plus le fond que la forme, « brumeux » m’a semblé refléter mieux l’idée de départ.

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Le mot “Ebrei” m’a joué un vilain tour car à maintes reprises et de façon spontanée, je l’ai traduit par “Hébreux”. Toutefois, “Ebrei” est un faux ami qui signifie plutôt “Juifs”. Un Hébreu est celui “qui appartient au peuple issu d'Abraham et dont l'histoire est relatée dans la Bible”.

5. Les registres de langue

Dans les polars en général, on retrouve du langage familier voire argotique.

Il problema è che se continuiamo a non capire chi cazzo ci sta dietro a quest’omicidio ù, ci facciamo una figura di merda e l’assassino, o gli assassini, è capace che rimangono impuniti. E questo a me mi rode proprio.

Le problème c’est que si on continue à pas comprendre qui diable se cache derrière cet homi-cide, on passera pour des cons et il est bien possible que l’assassin ou les assassins s’en sortent sans encombre. C’est ça qui me fout vraiment les boules.

Dans le polar, on retrouve aussi des marques d'expression orale comme dans le cas présent : “Certo so’ bravi, mica si compromettono, ‘sti giudii!”

“so” et “sti” sont des contractions des mots qui se font uniquement à l’oral. La meilleure alter-native que j’ai trouvée pour préserver cette volonté de l’auteur d’insérer le langage oral est la suivante :

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Commentaire général de la part de l’auteur

Durant le processus de traduction, je me suis heurtée plus d’une fois à des mots et expressions du texte original dont je n’arrivais pas à cerner le sens ou la portée. J’ai alors demandé à Olivier Durand ce qu’il entendait par telle ou telle autre phrase. À la suite de nombreux échanges durant lesquels il s’est montré très disponible et d’une aide précieuse, je lui ai proposé de lire mon travail et de faire un commentaire critique de la traduction des passages de son roman, lui- mê me étant de langue maternelle française. Voici ses mots :

“Le travail de Christelle est caractérisé par une très claire conscience de son rôle d’intermé-diaire linguistique : si l’on appelle «A » la langue-source et « B » la langue-cible, le traducteur doit constamment se poser la question : « Comment un parlant B s’exprimerait-il dans la si-tuation ou le contexte dans lequel le parlant A se trouve ? ».

Christelle a su choisir des passages où les « pièges » ne manquaient pas. Nous allons les exa-miner point par point.

1. Sti giudii « ces Juifs », forme romaine pour un plus standard questi ebrei. Les deux syno-nymes giudeo et giudio sont taquin le premier, légèrement péjoratif le second. Le français you-pin est carrément plus agressif. On aurait pu envisager « ces p’tits Juifs », mais là aussi on dépasse la force de giudio.

2. Si compromettono, litt. « Ils se compromettent. Le choix de « ils s’balancent pas » exprime bien la notion de cohésion à l’intérieur de la Communauté.

3. « rauque » : en tant qu’auteur de langue maternelle française qui écrit en italien, le premier adjectif qui m’était venu à l’esprit était « rocailleux », qui rend bien une voix masculine un peu caverneuse, et qui pourrait être récupéré ici.

4. Cazzone, litt. « Grosse bite », s’insère dans une lignée d’expressions triviales centrées sur le pénis, dont l’intention est de souligner une façon d’agir ou des comportements dictés par un instinct archaïque bien plus que par le cerveau. On dit aussi testa di cazzo « tête de bite » (dans ma jeunesse francophone « tête de nœud » n’était pas inconnu : au traducteur de juger s’il est

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encore de mise). « Enfoiré », dérivé de foire « diarrhée » indique au départ celui qui a procédé à un « pet foireux », c.à.d. une flatulence après laquelle il est nécessaire d’aller se laver et se changer. Dans l’usage actuel « enfoiré » transmet l’idée d’« espèce d’imbécile ». On aurait pu opter pour « sale petit con ».

5. Le parler romain est fleuri d’expressions aussi pittoresques que criantes. Il est délicat de choisir entre la traduction littérale, éventuellement glosée par une note, ce qui fait « couleur locale », et une adaptation comme celle qui est proposée ici.

6. Eccolo là ! litt. « le voilà ! », souligne la personne ou la chose qui se reproduit, avec un effet irritant, pour la énième fois. Le choix de « Et c’est reparti ! » est très indiqué.

7. Pezzente se rend peut-être mieux par « miséreux ». Le pezzente est celui qui est vêtu de pezze « chiffons ».

8 Mi rode proprio, litt. « ça me ronge », est très bien rendu par « ça me fout les boules », ou « ça m’gonfle ».

9. « M’sieur » a quelque chose d’ironique qui n’a peut-être pas sa place ici : un « Oui Monsieur » serait plus neutre.

10. « Se regarder en chiens de faïence » rend bien guardarsi in cagnesco, litt. « se regarder d’une façon canine »”.

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Conclusion

Au bout de trois années d’étude des techniques et mécanismes de traduction, j’ai voulu mettre en pratique les connaissances acquises. J’ai éprouvé un grand plaisir à traduire ces passages de ce livre parce que cet ouvrage comportait de gros défis pour un futur traducteur et le fait d'être “parrainée” par l’auteur du livre durant cette étude m’a permis de réévaluer à plusieurs reprises le passage du texte de départ au texte d’arrivée.

Certes, les livres, articles, dictionnaires ont grandement contribué à élaborer ce travail. Toute-fois, la contribution majeure que j’ai reçue est celle de ceux qui ont bien voulu lire et critiquer cette étude. Ce mémoire est le fruit de leur appréciation objective qui m’a aidé à reconsidérer les choix opérés et obtenir le présent résultat.

Comprendre La ribellione del manoscritto passait aussi par de longues recherches prélimina ires sur des sujets pas très souvent abordés comme le sionisme, le bundisme et des sujets plus ou moins “tabous” tels que le conflit israélo-palestinien, les essais chimiques et la bombe nucléa ire. A travers cette traduction, j’ai aussi pu toucher d’une manière ou d’une autre à un sujet qui me tient particulièrement à coeur: l’action des forces de police dans le rétablissement de l’ordre et de la justice au quotidien. Le choix de ce thème a été motivé par mon envie de rendre hommage à ces “héros” qui risquent leur vie jour après jour afin que nous puissions vivre la nôtre plus sereinement.

Au terme de ce mémoire, je me rends compte que traduire c’est aussi “y mettre du sien”, donner vie à des personnages et transmettre des émotions à travers un vocabulaire choisi avec attention.

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BIOGRAPHIE

Umberto Eco, Dire presque la même chose. Expressions de traduction. Edition Grasset, 2006.

Jessica Dutertre, Les caractéristiques du genre policier. Education. 2012.

M. Lits, Le genre policier dans tous ses états, Limoges : PuLim, 1999 ;

J. Dubois, Le roman policier et la modernité, Paris : Colin, 2006. 5

Reuter Yves, Le roman policier, Paris : Armand Colin, 2009.

Todorov Tzvetan, Typologie du roman policier, in Tzvetan Todorov, Poétique de la prose, Paris : Seuil, 2008.

SITOGRAPHIE

Trésor de la Langue Française Informatisé

http://atilf.atilf.fr/dendien/scripts/tlfiv5/visusel.exe?17;s=1821588675;b=13;r=1;nat=;i=1;;

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Remerciements

Je tiens tout d’abord à remercier Mr Yannick Hamon, Professeur à la Scuola di Lingue e Let-terature, Traduzione e Interpretazione, qui a bien voulu superviser ce travail et pour ses con-seils avisés. Un merci particulier va aussi au Professeur Ahmad Al Addous qui a éclairci mes doutes sur le conflit israélo-palestinien et bien d’autres zones d’ombres en ce qui concerne la culture arabe.

Je remercie également Olivier Durand, Professeur à l’Université “La Sapienza” de Rome et auteur de La ribellione del manoscritto dont je me suis proposée de traduire certains passages, qui m’a guidée et conseillée tout au long du processus de traduction.

À ma famille et à mes amis qui m’ont soutenu pendant ces trois années et sans qui je n’aurais sans doute pas eu la force de me relever après chaque échec… Un immense MERCI.

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