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Connaissances, attitudes et comportements en santé : comment les acquérir ?

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Academic year: 2022

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Connaissances, attitudes et comportements en santé : comment les acquérir ?

A. Stoebner-Delbarre

De nombreuses études démontrent qu’une partie notable des décès prématurés dus à des maladies dégénératives chroniques (cancers, problèmes cardiovasculaires) sont étroitement liés aux modes de vie et aux comportements. D’autres études confirment que les comportements préjudiciables à la santé se mettent en place, dans une large mesure, au cours de l’enfance et de l’adolescence. Depuis les années 1960, public et spécialistes s’accordent quant à la nécessité de promouvoir une importante participation des collectivités et de l’individu dans le domaine de la santé. Différents courants se sont développés, de prévention, d’éducation pour la santé voire de promotion de la santé. Ils ont tous plus ou moins pour objectif d’a- méliorer la santé de l’individu et incluent la participation de celui-ci de la mater- nelle à la maison de retraite.

Mais comment améliorer la santé ? Quels sont les facteurs influençant les connaissances, les attitudes en matière de santé ? Quels sont les déterminants inter- venant dans les décisions des individus concernant leurs comportements en lien avec leur santé ?

De nombreuses théories ont été élaborées pour identifier ces facteurs et pour expliquer les comportements positifs ou négatifs liés à la santé. Elles proviennent des sciences biomédicales et sociales mais aussi des sciences psychologiques. Aucune n’explique à elle seule tous les comportements humains. Nous considérerons ici trois facteurs principaux constitutifs de nombre de ces théories et connus pour influencer les attitudes et les comportements. Il s’agit des facteurs cognitif, affectif et estime de soi.

Le facteur cognitif

Le facteur cognitif a été un des premiers éléments étudiés. Il a même été longtemps le seul caractérisé pour influencer directement les comportements en santé selon l’approche traditionnelle qui veut que l’information entraîne des modifications

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immédiates des comportements. Cette théorie s’appuyait sur l’hypothèse qu’un manque de connaissances est à l’origine des mauvais comportements. D’autres théories plus contemporaines et plus complexes incluent ce facteur, comme le modèle des croyances relatives à la santé de Rosenstock (1), la théorie sociale cogni- tive de Bandura (2), celle de l’action raisonnée de Fishbein et Azjen (3) et quelques autres (4).

L’information et la connaissance sont nécessaires et indispensables. Chaque per- sonne doit, selon Piaget reconstruire mentalement le monde, pour en faire son monde (5). Il acquiert la connaissance en retravaillant les informations qui l’attei- gnent en provenance du monde extérieur.

Les connaissances doivent être progressives. Il ne viendrait à l’idée d’aucune faculté de médecine d’apprendre à ses futurs médecins l’activité de telles ou telles thérapeutiques ou le descriptif de l’ensemble des pathologies avant d’avoir dévelop- pé la physiologie et l’anatomie du corps. De même, peu de monde ferait confiance à un chirurgien qui connaîtrait en détail le maniement du bistouri mais ne saurait pas faire la différence entre un foie et une rate. Dès lors, pourquoi voudrait-on apprendre aux enfants le rôle athéromateux du tabac alors qu’ils ne connaissent pas encore le système vasculaire ? Pourquoi devraient-ils comprendre et assimiler de manière définitive l’impact d’une alimentation déséquilibrée alors qu’ils ne savent rien de la digestion ? L’éducation pour la santé peut commencer par apporter aux enfants ou aux adultes les connaissances de base sur leur corps et son fonctionne- ment et ce, de manière adaptée à leurs connaissances antérieures, à leurs croyances et à leur culture.

Cependant, si un niveau d’information est indispensable pour adopter des atti- tudes en matière de santé, les connaissances ne suffisent pas à elles seules à déter- miner les comportements de manière durable. L’information, même progressive et participative, interagit avec d’autres facteurs déterminants comme les facteurs affec- tif et d’estime de soi.

Le facteur affectif

Le facteur affectif concerne le plaisir, le désir et la motivation. L’objectif éducatif en santé est que l’individu puisse agir de manière à construire, pour lui et son entou- rage, un état de bien-être physique, psychique et social. Il s’agit alors d’intégrer les apprentissages cognitifs à la sphère affective représentée par les valeurs, les opinions et les attitudes. Très liés aux représentations que l’enfant puis l’adolescent et l’adul- te aura de sa santé, plaisirs, désirs et motivations devraient être intégrés dans tous les programmes d’éducation pour la santé. Ceci est d’ailleurs réalisable par l’inter- médiaire d’une éducation affective qui éveille la curiosité et suscite l’intérêt. Grâce à l’émotion, l’enfant, mais aussi l’adulte, est conduit à explorer plusieurs aspects du monde qui l’entoure, son univers intérieur, celui de ses sentiments, de ses habiletés et de ses connaissances sur le corps et la santé comme sur le reste de son environ- nement (6). Ce type de pédagogie l’invite à se définir par rapport à son milieu et à s’y adapter. Il favorise l’acquisition d’attitudes favorables à la santé et en cela, se trouve très lié avec les représentations que l’individu aura de sa santé.

36 Au-delà de l’information, la prévention

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L’estime de soi et le sentiment de compétence personnelle

Cependant, un individu peut posséder les savoirs et les savoir-faire, il peut même être motivé pour accomplir tel ou tel acte mais ne jamais arriver à le réaliser. Pourquoi ? Parce qu’il existe un autre facteur peut-être plus important encore que les facteurs cognitif et affectif : l’estime de soi et le sentiment de compétence personnelle. Il s’agit ici de l’autoestimation par l’individu de ce qu’il sait, de ce qu’il aime, de ce qu’il est capable ou incapable de faire (7). Ce facteur était déjà étudié au début des années 1900. Depuis la fin des années 1970, il fait l’objet d’analyses approfondies en éduca- tion pour la santé. Divers auteurs l’ont étudié dans l’adhérence à l’activité physique, dans les protocoles de sevrage au tabac, dans la prise de contraceptifs chez les adoles- centes ou dans le suivi d’un régime alimentaire (8-10). Ces auteurs ont montré qu’un niveau élevé d’estime de soi était lié à une plus grande autonomie, une plus grande capacité à faire la part des choses et notamment à peser le pour ou le contre de telle ou telle proposition en matière de santé. Ils ont montré également que le degré d’es- time de soi était lié à l’image que l’on avait de sa santé. Plus le niveau d’estime était grand et plus le concept de santé était positif.

Notre expérience nous amène à penser qu’il faut favoriser les occasions mettant l’enfant et l’adolescent mais aussi l’adulte en situation de participation active et autonome. Chaque activité doit permettre à chacun d’avancer à son rythme et de faire valoir ses différences. Chaque personne est capable de construire ses propres savoirs sur la santé.

Acquérir des connaissances, des attitudes et des comportements en santé est possible. De nombreuses théories ont analysé les facteurs inducteurs de santé.

Nous venons de présenter trois des facteurs les plus importants : les facteurs cognitif, affectif, estime de soi-sentiment de compétence personnelle. Ces facteurs ne doivent pas aider à promouvoir des programmes qui supprimeraient toutes sortes de plaisir pour que les individus meurent en bonne santé. Leur intégration en éducation pour la santé doit être développée pour que celle-ci demeure une formation à une éthique d’existence qui prône des valeurs d’équité, d’intérêt pour autrui, de respect de l’autre et d’art de vivre. C’est ce que nous allons illustrer dans les chapitres suivants.

Références

1. Rosenstock IM, Strecher VJ, Becker MH (1988) Social Learning Theory and the Health Belief Model. Health Education Quaterly 15 : 175-83

2. Bandura A (1977) Social learning theory. Englewood Cliffs, NJ : Prentice-Hall 3. Ajzen I, Fishbein M (1977) Attitude-behavior relations : a theoretical analysis

and review of empirical research. Psychol Bull. 84 : 888-918

4. Stoebner-Delbarre A (1998) Les théories socio-cognitives des comportements : revue des modèles et application à la connaissance des habitudes tabagiques.

Épidaure

Connaissances, attitudes et comportements en santé 37

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5. Piaget J (2003) La représentation du monde chez l’enfant. PUF

6. Morissette D, Gingras M (1994) Enseigner des attitudes ? Planifier, intervenir, évaluer. De Boeck Université

7. Bandura A (1977) Self efficacy mechanism in agency. Am Psychol. 37 : 122-47 8. Schwarzer R, Fuchs R (1996) Self-efficacy and health behaviours. In : Conner M,

Norman P. (eds.) Predicting Health Behavior. Open University Press, Buckingham, Philadelphia : 162-96

9. Dzewaltowski DA, Noble JM, Shaw JM (1990) Physical activity participation - social cognitive theory versus the theories of reasoned action and planned beha- vior. J Sport Exercice Psychol. 63 : 693-710

10. Di Clemente CC (1986) Self-efficacy and the addictive behaviors. J Social Clin Psychol 4 : 302-15

38 Au-delà de l’information, la prévention

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