C. Dos Remedios, G. Prodhomme
Les autoplasties locales sont l’équivalent de lambeaux péninsulaires, cutanés purs en général, adjacents à une perte de substance cutanée, fréquemment utilisés en chirurgie reconstructrice. Les autoplasties locales apportent une qualité tissulaire identique à celle des défects cutanés à couvrir. Leur réalisa- tion est limitée à la main par le faible capital cutané disponible. La face dorsale de la main est le site privilégié des autoplasties locales, car il n’existe pas de tractus fibreux sous-cutanés cloisonnant la région comme c’est le cas à la paume. Les prélèvements cutanés ne doivent pas altérer la fonction globale de la main. Ainsi, les espaces commissuraux, le bord ulnaire de la main et le talon de la paume de la main sont des sites donneurs à proscrire.
Techniques des autoplasties locales
Autoplasties de transposition (figs 1, 2)
Elles sont utiles en cas de perte de substance de forme allongée. Le lambeau est dessiné perpendiculairement et à la base de la perte de substance cutanée.
Fig. 1a, b – Schémas d’un lambeau de transposition. a) Dessin du lambeau ; b) Résultat après transposition sur le site receveur.
a b
Le plan de décollement se fait jusqu’en surface du péritendon des extenseurs des doigts longs et du pouce. Le site donneur est recouvert par une greffe cutanée ou laissé en cicatrisation dirigée s’il est de petite taille.
Autoplasties de rotation (fig. 3)
Les dimensions du tracé quadrangulaire à angles arrondis doivent respecter le rapport largeur/longueur égal à 1,5. De même ici, le décollement doit respecter le péritendon, la perte de substance laissée est en cicatrisation dirigée ou greffée.
Autoplastie d’avancement : lambeaux VY ou YV
En transformant une incision en V en une incision en Y, la suture distale de la pointe du lambeau en V permet un allongement cutané, alors qu’un rap- prochement cutané est possible lorsque la pointe du lambeau en Y est trans- formée en V.
c d
Fig. 2a-d – Cas clinique d’un lambeau de transposition pour la couverture de la première com- missure ; a) Schéma des lambeaux possibles ; b) Bride cicatricielle ; c) Lambeau en place ; d) Résultat à distance avec l’aspect à trois semaines de la greffe de peau mise en place sur le site donneur. (Collection D. Le Nen.)
Autoplastie d’échange : plasties en Z et LLL (figs 4, 5)
Les plasties en Z ont un intérêt particulier en cas de cicatrice rétractile dorsale ou en cas de rétraction modérée au niveau des espaces commissuraux. Le lambeau en LLL décrit par Dufourmentel associe deux lambeaux de rotation permettant un échange cutané. Il est utilisé en cas de perte de substance cutanée de forme losangique ou rendue losangique. La réalisation de cette autoplastie nécessite un tracé préopératoire précis. À partir du losange ABCD, le lambeau est tracé par deux lignes droites DE et EF dont la longueur est identique et égale au côté du losange. On repère ainsi le prolongement des
a b
Fig. 3a, b – Schémas d’un lambeau de rotation. a) Dessin du lambeau ; b) Résultat après rota- tion sur le site receveur.
a b
Fig. 4a, b – Schémas d’un lambeau de type LLL. a) Dessin du lambeau ; b) Résultat après mise en place de la plastie sur le site receveur.
droites CD et BD et on trace, sur la bissectrice de l’angle qu’elles forment au niveau du point D, le segment DE. On trace enfin le segment EF qui est parallèle à l’axe du losange AC.
c
d
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Fig. 5a-e – a) Perte de substance « rendue losangique » au dos de la main et proche du 3e espace commissural. b, c) Couverture par un lambeau de type LLL. d, e) Résultat à 7 ans.
(Collection D. Le Nen.)