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Mention Prix Energheia France 2020

Une fois encore, ce jour-là, je ne sortis pas. Si cela ne faisait que depuis peu de temps que j’avais emménagé à Paris, je n’avais aucunement émis l’envie d’en connaître le moindre recoin. C’était avec un projet bien précis que j’étais descendu d’un train matinal à la gare Saint-Lazare, il y a de cela quelques semaines. Je m’étais alors immédiatement dirigé chez Félix Potin à Sébastopol afin d’y acheter toutes les denrées qu’il m’était possible de porter, puis à la Belle Jardinière au Pont-Neuf pour y trouver quelques changes et chemises ; ainsi encombré, j’avais traversé la Cité puis avais remonté le boulevard Saint-Michel à pied, sans regarder ni les nombreux passants, ni les façades haussmanniennes baignées alors de l’éclatant soleil d’été de 1893. J’avais tourné ensuite à l’angle du Lycée Saint-Louis, pour y trouver, rue de Vaugirard, la chambre que j’avais pris précaution de louer.

Bien que décontenancée par mon air pressé, puis agacée de voir que j’avais déjà acquis de quoi tenir un siège de plusieurs mois, la logeuse ne broncha pas lorsqu’elle me confia les clés de mon nouveau perchoir, au septième étage de cette vieille bâtisse biscornue. Elle ne put néanmoins empêcher un regard en biais sur ma haute taille, ma barbe blonde et mon costume, s’étant manifestement préparée à accueillir un étudiant. Alors que je la suivais dans le colimaçon pour une visite des lieux, elle ne put s’empêcher de me rappeler de sa voix nasillarde que le repas, confectionné par ses soins, était inclus dans la location. Sans lui répondre je continuai ma montée, bercé par le rythme accordé de mes pas sur les planches et mon souffle éreinté par l’effort.

J’attendis que nous soyons arrivés au sommet pour, lorsqu’elle ouvrit la porte de mon nouveau logement, m’y engouffrer, lancer mes nombreux paquets sur le lit et claquer la porte derrière moi. Ce ne fut que sous les éructations indignées et les violents coups de talons s’éloignant dans le couloir que je ressortis, rattrapai la logeuse dans la cage d’escalier et lui répondis que quelques fois par semaine, je ne rechignerais pas à un repas chaud. C’est ainsi la conscience plus légère que commença ma réclusion volontaire.

Je n’avais pas compté les jours depuis lors. C’était avec une vague idée des semaines passes que je voyais le soleil de midi pointer à ma lucarne. Cela, et le son lointain de la rue en contrebas, étaient les seuls rappels à mon bon souvenir qu’il existait un monde en dehors de cette pièce. Au départ inébranlable à ma démarche résolue d’isolement total, j’avais placé un drap devant l’oeil-deboeuf pour que seule une pâle lumière ne traverse les carreaux.

Ainsi moins à la merci de la chaleur accablante de juin, allongé sur le lit ou penché sur le bureau, je griffonnais ça et là tout ce qui pouvait me venir à l’esprit, sans que cela ne fasse même pour moi un semblant de cohérence.

Pendant ce temps, la logeuse avait abandonné l’idée de bavarder et laissait mes gamelles sur mon palier; mes proches et associés ne pouvaient pas m’écrire ne sachant pas mon adresse, et ma situation de confinement me rendait invisible au tout-Paris. J’avais caché sous mes draps le peu d’effets personnels que je

possédais encore : j’espérais ainsi échapper à des tentations de réminiscences inopinées. Pour parfaire mon autarcie, j’avais enfin décroché le miroir au mur, audessus de la vasque. Je n’avais plus pour mes yeux que la vue de la lueur opaline de l’été, ses rayons faisant miroiter les milliers d’étincelles de poussière dans la mansarde dont l’odeur farinée avait achevé de recouvrir toutes mes possessions. Je m’étais abandonné à cet abri, tout ceci dans un seul but: en m’effaçant moi-même, j’espérais mieux écrire les autres.

Cependant, après avoir noirci presque tous mes carnets, je dus me rendre à l’évidence: j’étais dans une impasse. Si mon imagination n’avait jamais été si versatile, ce n’était pas tant le signe d’un retour à mon âme créatrice que la conséquence symptomatique d’une isolation sensorielle. Un immense bruit, un matin, vint cependant me sortir de cette torpeur lunaire. Sans mesurer mon geste, je soulevai de quelques centimètres le drap qui me servait de rideau et pus voir par l’ouverture qu’un carambolage d’omnibus bouchait entièrement la rue de Médicis, non loin du croisement avec le boulevard Saint-Michel. Tel les badauds s’approchant du désastre, je m’amusai un instant de la scène toujours noire de la fumée de charbon, entourée par les conducteurs dont la discussion s’envenimait avec la marée-chaussée, déjà sur les lieux. Trop tard, je réalisai que j’étais sorti de ma quarantaine. Car en effet j’avais obstrué la fenêtre en faisant attention de ne pas être tenté par l’extérieur, précisément pour empêcher toute sorte de distraction: je réalisai à présent comme mon esprit avait été négligé par ce traitement. A ce moment précis, comme jamais je ne l’avais fait auparavant, je savourai chaque parcelle du monde devant moi, tel un tableau donc chaque détail se révélait peu à peu à ma vue délectée. Je n’avais pas réalisé que l’exposition au sud de ma chambre, et sa hauteur, me permettaient de bénéficier d’une vue imprenable sur les jardins du Luxembourg. De l’École des Mines au Palais du Sénat, il se révélait à moi l’alliance de l’émeraude végétale et de la pierre de taille, l’organisation pointilleuse d’une nature arrangée et régentée. Nous étions en juillet à présent, et de bon matin des flâneurs gambadaient déjà sur les promenades sableuses, doublés par des travailleurs pressés la mallette à la main, tandis que les jardiniers oeuvraient sur les parterres de dahlias flamboyants. Tous étaient protégés de la chaleur par les grands marronniers et autres arbres verdoyants, ordonnés en allées nettes auxquelles répondaient les caisses à orangers, disposées de part et d’autres des grands bassins où se pressaient déjà les parisiens.

Je passai ainsi plusieurs heures, fasciné, à regarder la ville s’animer autour de ce vaste poumon dont les bronches herbeuses exhalaient quiétude pour les uns et effervescence pour les autres. Ce n’est que lorsque j’entendis toquer à ma porte, annonce que ma gamelle m’attendait, que je quittai mon point d’observation. Une fois revenu avec l’assiette fumante je trouvai sur le bric-à-brac de mon bureau mon dernier carnet vierge, un Windsor & Newton de cuir noir que je possédais depuis des années sans jamais m’en être servi. J’utilisai ensuite la petite chaise en osier du bureau pour escalader la lucarne, et m’installai avec mon plat, mon papier et ma plume sur le rebord de la fenêtre, mes pieds s’appuyant sur les tuiles du toit. J’avais l’idée de suivre quelques passants au hasard, et d’observer aussi méticuleusement que la distance me le permettait leurs faits et gestes. Ainsi, mon abri d’ermite s’était mué en poste

d’observation anthropologique. Au fil des jours qui suivirent, sans changer pour autant ma résolution de ne pas sortir, j’appris ainsi à déceler et reconnaître les riverains et habitués des alentours du parc et d’en dresser le portrait pour chacun. Je reconnaissais le facteur au grincement de sa bicyclette, je pouvais prédire le passage du laitier et discernais les promeneuses à la couleur de leur toilette. Petit à petit, sans que je le remarquais, je m’attachais à certains passants; leur allure et certaines physionomies rappelaient à mon souvenir d’autres individus que je connus en d’autres temps, d’autres endroits. Dans une autre vie même, me dis-je alors.

Un midi, tandis que je noircissais mon carnet de descriptions diverses et que les hirondelles qui nichaient sous le toit picoraient ma miche de pain, mon esprit se perdit dans des contrées lointaines, celles-là mêmes dont je m’étais exilé au début de l’été. Mais je m’efforçai de sortir de mes pensées, tandis que mon attention se portait sur un petit groupe que je reconnus.

Celui-ci était aussi bruyant que charmant, et j’en avais reconnu le chahut avant même de les distinguer; cinq enfants surexcités, parés de riches dentelles et de noeuds en satin dévalaient à toute vitesse l’allée du parc longeant le Sénat en direction des bassins, où ils pourraient faire voguer les petits voiliers de bois qu’ils tenaient à bout de bras. Derrière eux, leur nourrice excédée les suivaient tant bien que mal en portant le petit dernier. Cette petite famille venait passer trois après-midi par semaine au parc, parfois accompagnés de leurs parents.

Les cris joyeux et les remontrances atteignaient aisément le septième étage, où je ne pouvais m’empêcher de sourire à ce spectacle innocent. Pourtant cela ne suffit pas à me sortir pour de bon de mes réminiscences et aussitôt je retombais dans l’abîme de ma mémoire: cette contrée où les allées n’étaient pas de sable mais dessinées par les rivières et la pluie, dans l’ombre non de jeunes platanes, mais de chênes centenaires dont la cime touchait le ciel. Je ne me sentais pas si vieux, et pourtant cette image fugace de ma propre enfance me semblait si éloignée qu’elle aurait pu appartenir à un autre. Voir tous ces enfants jouer ensemble me rappelaient mes propres frères et soeurs, sans doute, mais rien ne pouvait plus m’éloigner de l’Uppland de mon enfance que ce décor rigoureusement agencé. Je frissonnais même à l’idée de sortir de mon refuge pour me mêler à tous ces gens.

Cela n’enlevait rien au plaisir que j’avais de contempler la biocénose du parc, même si l’émerveillement du premier jour s’était dissipé tant l’effervescence citadine était pesante pour mes nerfs. J’admirais tout de même la variété des espèces présentées, des pins de Macédoine aux érables du Japon:

seulement, les apprécier de près m’était toujours insupportable. C’était par choix que je m’étais enfermé, par dépit que j’étais devenu misanthrope. Cet équilibre précaire que je maintenais en souhaitant voir et décrire me suffisait alors, et je n’espérais même pas apercevoir la fin de ma situation. Ce n’était pas l’argent qui me manquait pour satisfaire ce genre de lubie. Néanmoins, Paris avait semblé pour moi le meilleur choix à plus d’un titre: d’abord, cette ville ne m’était pas inconnue et de précédents séjours m’avaient même permis de développer une préférence certaine pour la rive gauche de la Seine. Ensuite, même si j’y avais quelques accointances, j’étais relativement inconnu dans la capitale française, un luxe dont j’avais toujours été privé dans mon pays. Et enfin, cela me permettait de m’éloigner au plus loin de ce que j’aimais en ce bas

monde: les bois, la quiétude et un horizon dégagé. De tout cela je n’avais gardé que le silence et la solitude dans mon abri ; et cela je l’avais quitté en ouvrant ma fenêtre.

Alors que l’après-midi défilait, je cessai d’écrire pour me contenter d’observer d’un air absent tout en grignotant. C’était à présent une foule immense qui se pressait autour des bassins et à l’ombre des arbres près de la fontaine Médicis. Des centaines d’ombrelles et de canotiers immaculés reflétaient les rayons d’un soleil de plomb, pendant que la température arrivait à des seuils inédits. Il était tout à fait impossible de trouver refuge à l’intérieur de la chambre, encore plus cuisante qu’au dehors: ma lucarne, vigie donnant sur le parc était désormais mon lieu de villégiature privilégié. Pour moi qui n’avais jamais apprécié la chaleur, rester ainsi dehors, affalé contre le toit, perché entre les branches d’un arbre de pierre et d’ardoise, c’était comme m’infliger une torture douce, un supplice mesquin me faisant complaisant de mon propre désespoir.

Depuis que j’avais ouvert une fenêtre sur le monde, les phantasmes fiévreux provoqués par ma solitude s’étaient peu à peu transformés en cauchemars vibrants de réel. Ce furent ces memes monstres dont je voyais là les ombres qui avaient causé mon départ il y a deux mois, et à present plus rien ne se plaçait entre moi et moi-même. Je rêvais du parc du Luxembourg rangé, net et éblouissant de soleil; puis il se voilait de nuées de charbon, les fleurs étaient piétinées, les arbres étaient hachés et déracinés, les oiseaux massacrés, et les enfants abandonnés à eux-mêmes dans une friche urbaine et stérile. J’avais futilement espéré de cette fuite en avant si loin de mes attaches, de mes responsabilités et de mes habitudes, qu’elle m’offrirait un quelconque répit… Je réalisai peu à peu combien cette démarche désespérée était vaine. Cela dit, même si je comprenais bien que prendre cette décision n’avait parvenu au mieux qu’à retarder l’échéance, il m’avait été insupportable de demeurer plus longtemps parmi ces étrangers que j’eusse appelé autrefois ma famille. Car si les enfants s’égayant dans le jardin sous mes yeux pouvaient évoquer ma fratrie d’autrefois, il ne restait dorénavant plus aucune trace de cette âme simple et libre dans un monde où les enfants puissant jouer sans rien craindre de la vie.

Le ciel commençant doucement à s’assombrir, je rentrai rapidement afin de reprendre mon carnet. Je me replongeai dans mes notes pour y trouver les paragraphes écrits quelques jours auparavant: un fragment décrivant un gentleman se promenant en bonne compagnie, quelques mots sur cet officier passant à cheval, un court paragraphe sur ce jeune livreur de journaux… Ma méditation en pleine chaleur m’avait ramené aux prémices de mon existence, et je me rendis compte à cet instant que je me prêtais à cet exercice en réalité depuis des semaines. Tous ces inconnus, ces silhouettes fugaces si éloignées de ma vue avaient attiré mon attention pour une raison que je pensais arbitraire au moment où j’en écrivais l’ énoncé; en vérité, ils reflétaient tous, chacun à leur manière, une partie de ma vie.

Nous étions en plein coucher de soleil lorsque l’air d’une mélodie enjouée se fit entendre au loin: un orchestre populaire avait pris place dans le kiosque du jardin près de l’entrée Saint-Michel, de l’autre côté de la fontaine Médicis. Les parisiens quittaient leurs places près de la fraîcheur des bassins pour rejoindre celle des arbres afin de profiter du spectacle des danseurs tournoyant déjà

autour du belvédère. Bien sûr la chaleur relâchait sa pression de plomb, mais c’était surtout pour ses nuances chaudes embrasées, ondulant du parme à l’orange vers l’horizon, que l’atmosphère du soir était de loin ma préférée. En Suède, l’été tout entier baigne dans ce chatoiement étrange car le soleil ne se couche jamais vraiment autour du solstice. Se retrouver ainsi drapé dans cet embrasement dénué de chaleur a été longtemps pour moi l’unique façon de me représenter l’été, et même après avoir voyagé aux quatre coins du monde je gardais cette langueur teintée d’attachement pour ce moment particulier.

Comment aurais-je pu ne pas préférer l’atmosphère figée de la chaleur et la lumière du jardin à la grisaille et les fumerolles de charbon de Chicago? Car en effet si c’était de la Suède que je m’étais exilé, c’était de l’Amérique que j’étais parti dès le 1er mai; j’étais arrivé en France au port de Cherbourg début juin pour rejoindre directement Paris. Le 12 octobre de l’année précédente, j’avais été convié en temps que financier à la World’s Columbian Exposition afin d’y présenter le pavillon suédois pour l’événement. J’y étais arrivé après une escale à New York pour y rencontrer des actionnaires américains, français et anglais.

Depuis septembre, je n’avais donc plus vu ni mon épouse, ni ma fille.

Tandis que je fixais sans les voir les robes colorées tournoyer sous les feuilles, je succombais finalement à l’appel de mes souvenirs. Il y a vingt ans maintenant, mon frère m’avait poussé à exploiter nos terres, ces bois et lacs ancestraux légués à nos soins par nos parents. Notre sang fut victime d’une hécatombe de maladies et d’accidents, et ainsi d’une fratrie de six nous n’étions désormais plus que deux à même de reprendre la direction d’une vaste propriété agricole. Celle-ci n’était que partiellement exploitée, en partie sauvage et tout à fait magnifique: je ne saurai la comparer au protocole ordonné du jardin français sous mes yeux. En tant qu’aîné j’avais pris sur moi l’administration du domaine, malgré mes désirs d’écriture oisive et de voyages lointains. J’ignorais alors qu’en refoulant l’écrivain, je réveillerais le voyageur malgré moi. Cependant, mon frère lui avait fui vers la ville à la mort de notre troisième soeur cadette. Il avait brillamment réussi des études de droit et d’économie à Uppsala; une fois de retour dans notre land, il joua sur l’affection que je lui portais, étant ma seule famille, et il me convainc après maintes discussions de le laisser établir des scieries, des manufactures de bois et des conserveries de légumes et de poissons. Par respect pour son aîné il n’avait jamais prétendu à mon héritage, et par amour fraternal je lui cédais le gré de nos affaires. Au début il m’avait souvent reproché de ne voir que l’attrait pastoral dans ce qu’il appelait rendement, dividendes, placements boursiers. Il ne devait pas attendre longtemps avant de cesser ces réprimandes, car je n’avais plus rien à préserver : la faune, la flore, tout avait disparu autour de la maison, et les souvenirs de mon enfance devinrent sans toit ni repères.

Ici sur le toit, les oiseaux nichant à la même hauteur que moi étaient les premiers que je côtoyais depuis ce temps. Il va sans dire que l’ironie m’a blessé lorsque je m’aperçus comme une chambre au coeur de Paris m’avait rapproché des éléments plutôt que des années passées dans une campagne devenue industrieuse et dénaturée. Trop tard je me rendis compte combien la perte de nos frères et soeurs avait changé mon frère. Il ne voyait plus la majesté des chênes, nouant leurs branches en arabesques gothiques entre des bosquets sombres de noisetiers. Il n’écoutait plus le chant des cormorans dans la lagune

boisée, ni celui des merles sous la pluie. Je ne comprenais que maintenant, devant ce coucher de soleil en France, qu’il y a des années mon frère n’avait vu en notre foyer que ceux qui n’y étaient plus.

Durant les années qui suivirent, toute ma vie fut construite en aidant mon frère à enterer notre héritage six pieds sous terre dans des coffres-forts. Lui dirigeait la production, contrôlait les exportations et surveillait les comptes, tandis que je faisais bonne figure lors de bals mondains et dîners d’affaires, en nouant des relations et levant des fonds. Ce fut lors de l’un de ces événements que je rencontrai ma future épouse: mon frère ainsi que l’un de nos partenaires, un magnat des chemins de fer scandinaves, avaient convenu de me présenter à la fille de ce dernier. C’est en cela que le spectacle des jeunes gens tournoyant

Durant les années qui suivirent, toute ma vie fut construite en aidant mon frère à enterer notre héritage six pieds sous terre dans des coffres-forts. Lui dirigeait la production, contrôlait les exportations et surveillait les comptes, tandis que je faisais bonne figure lors de bals mondains et dîners d’affaires, en nouant des relations et levant des fonds. Ce fut lors de l’un de ces événements que je rencontrai ma future épouse: mon frère ainsi que l’un de nos partenaires, un magnat des chemins de fer scandinaves, avaient convenu de me présenter à la fille de ce dernier. C’est en cela que le spectacle des jeunes gens tournoyant