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Le monde des ombres

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Academic year: 2021

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This paper was given in the seminar series of Professors Carlo Poni and Stuart Woolf

I N G DES P A P E R OMBRES par DANIEL ROCHE No. 9 9 MAY 1984

BADIA F I E S O L A N A , SAN DOMENICO (FI)

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(C) Daniel Roche 1984 Printed in Italy in May 1984 European University Institute

Badia Fiesolana I - 50016 San Domenico(FI) Italy

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Summary

In the society of the Ancien Regime the theatre assumed many functions: it could moralise or teach as well as amuse. The study of its main aspects between 1600 and 1789 reveals the absence of any clear dividing line between traditional spectacle and daily life in those days. A new division arose in the classical period which can be measured in the creation of auditoria, the stabilization of the companies, the monopoly of the big controlled theatres, which led to a hierarchy of genres and a new social topography of audiences. The College theatre was a model established early on, in terms of both repertoire and social practice. The parallel study of the big provincial theatres in the eighteenth century and the evolution in Paris of open-space performances confirms these transformations. However, the love of theatre is to be found everywhere and attendance at theatres of all genres lead one to question the classic but sometimes too simple contrast made between, on the one hand, the savant educated élite and, on the other, the uncultured illiterate popular classes.

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pas de frontières précises. Les balbutiements des spectacles de foire, les grandes représentations religieuses, les cortèges expiatoires et propitiatoires, les Entrées royales, voire les émotions et les révoltes mettaient en jeu une mise en marge de la réalité quotidienne et une esthétique, une répartition symbolique des rôles sociaux et une différenciation, de l'espace déjà théâtralisée. Processions, mystères, mouvements de foules ont leurs scènes. Ce que précise l'époque classique, c'est la netteté du partage dans la définition de la participation individuelle ou collective et dans l'attribution des lieux. Paysans et citadins, bien sûr, ne vivent pas cette séparation au même rythme.

Spectacle ouvert, spectacle clos

Pour les premiers, les occasions de spectacle sont rares, toute fête religieuse ordinaire peut garder sa part de magie et devenir cet immense conclave, dont parle Mauss, à propos des forces collectives du sorcier. On le voit bien dans les manifestations spectaculaires des Missions; plus souvent, le paysan ne connaît du théâtre que les survivances des mystères religieux, longtemps maintenues dans les montagnes dauphinoises, les pastorales de Noël, les dramaturgies religieuses qu'interprètent des troupes ambulantes et souvent en patois. Ces comédiens des champs ne sont que de passage;

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des grands seigneurs, des gouverneurs de Provence - Conti en Languedoc - des hobereaux, des nouveaux riches les attirent dans leur château où ils peuvent faire leurs affaires mieux que dans les bourgades et les hameaux perdus. Pour le XVIIè siècle, G. Mongrédien en a dénombré plus de deux cents et la liste n'est pas close: peut-être un millier de comédiens français sans compter les étrangers, italiens ou anglais, les danseurs, les bateleurs, les chanteurs. Les troupes sont constituées en Société temporaire, avec un directeur (Molière n'est que le plus célèbre), regroupant une dizaine de personnes, hommes et femmes qu'unissent la parenté et les relations arnica les; le théâtre est, comme la monarchie, affaire de dynastie. Ces acteurs errants jouent où ils peuvent, salles d'auberge, jeux de paume, granges, ou en plein air sur la place du village, enfin dans le salon du seigneur. L'instabilité et la précarité sont le sort des troupes errantes sans protecteur; les autres sont pendant quelques temps mieux payées, bien vêtues, plus cohérentes car disciplinées sous le service du mécène, à son château, l'été à la campagne, à son hôtel en ville l'hiver. Pour les ruraux, le hasard fait le spectacle, ou le déplacement à la ville et à la foire, quand se rassemblent bateleurs et troupes ambulants. De leurs impressions on ne sait rien.

C'est en ville et pour les citadins que se jouent vraiment le sort du théâtre et son avenir. On voit disparaître peu à peu l'esthétique vivante qui enracinait l'expérience théâtrale du Moyen Age - principalement le Mystère de la Passion - dans des formes de participation collective et unanime, visant à

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proclamer l'harmonie et la solidarité de toute une société, à l'initiative des notables mais avec le concours de tous. La conjuration de l'Eglise et des Parlements, hostiles à l'extension progressive du spectacle et à son débordement (il attire les foules venues de loin et s'accompagne de spectacles populaires que les clercs dénoncent comme des occasions de débauches, nuisibles au respect de la religion) y met fin. Dans la mesure où le profane nuit à l'édification du sacré, voire même l'éclipse, dans la mesure où l'unité sociale et culturelle qui supposait la mise en scène et la mise en rôle, puisque clercs et laïcs se partageaint les interprétations, se rompent, les vieux mystères alors quittent le devant de la scène. La moralisation des peuples et l'évolution de la culture urbaine en sont responsables. L'arrêt du parlement de Paris qui interdit le jeu en 1548, ne fut pas toujours respecté, en 1597 Henri IV autorise encore la représentation des mystères et la Cour renouvelle son interdiction en 1598; jusqu'au début du XVIlè siècle dans les grandes villes, et surtout dans les provinces reculées jusqu'au XVIIIè siècle, on a joué et on a imprimé des Mystères épurés et surveillés qui ne favorisent plus les rencontres et les activités scandaleuses et impudiques . Ni le mélange des genres, ni celui des publics ne conviennent à la Cité classique.

La séparation qui s'instaure entre le XVlê et le XVIlè siècles entre la culture des notables et celle de la place publique met en valeur deux espaces clos: celui des clercs et des collèges, celui du théâtre fermé où jouent les troupes fixées à Paris ou itinérantes en province. La réalité, de

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l'exclusion du peuple s'y joue différemment. Dans la vie scolaire, on l'a déjà évoqué, le théâtre s'est imposé malgré la méfiance des jésuites: la Ratio studiorum essaye d'en limiter la pratique, en précisant que les représentations doivent être exceptionnelles, données en latin, et les rôles de femmes prohibés. Dans les faits, le spectacle du collège est un succès et ces injonctions prudentes ne sont pas respectées. Toutes les congrégations enseignantes introduisent le théâtre dans leur collège, on en a rappelé la vertu pédagogique. C'est une des voies majeures de la pédagogie de l'émulation et pour les réformateurs scolaires, plus particulièrement pour la compagnie de Jésus, un efficace moyen de séduction de l'élite sociale et culturelle des villes. La multiplication des spectacles, le choix des dates de représentation, qui coïncident avec celles des fêtes officielles de la cité, la constitution d'un répertoire adapté et la mobilisation du public des parents d'élèves et de la bonne société, l'invitation des corps notables, municipalités, chapitres, cours, académies, en ont fait une arme remarquable de propagande et de conquête.

Dans les cours ou dans les salles des actions se pressent le monde des autorités,les représentants de la noblesse, les officiers et leurs épouses, les plus riches marchands, les honnêtes g e n s , les pères et mères des collégiens qui recrutent dans tous les milieux, voir même des gens du menu peuple, aux portes, et parfois entassés dans des salles contiguës, tous attirés par l'éclat d'une manifestation tout à la gloire des personnages importants de la cité et à sa célébration de la

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hiérarchie sociale porteuse de la victoire catholique, de l'affirmation de la Contre-Réforme, de l'ordre monarchique. Sous le voile de la fable, les allusions sont transparentes, ainsi dans les Travaux d*Hercule représentés à Louis le Grand en 1686, Hercule (Louis XIV) ruine la ville de Troie qui a violé sa parole envers les Dieux (les temples a b a t t u s ), aide Atlas à porter le ciel (la religion catholique soutenue), détruit l'Hydre (révocation de l'Edit de Nantes). Une vision politique se joue sur scène, une dramaturgie assure en permanence, là où il n'y a pas d'autres théâtres, la diffusion de processus unificateurs. De surcroît, le théâtre scolaire a souvent donné aux auteurs profanes des sujets et un esprit; c'est à lui que le théâtre classique et ses spectateurs doivent le goût des spectacles historiques, politiques, idéologiques. C'est le répertoire collégial qui a habitué tout le monde à un cadre historique providentiel, où cependant se joue le drame du libre arbitre. C'est encore lui, qui a préparé le triomphe de la tragédie classique et celui de l'affirmation des règles d'unité et de bienséances. A la fin du XVIlè et au XVIIIè siècles, c'est le théâtre de collège qui maintient le jeu des spectacles et des tragédies religieuses dans les provinces où les traditions pèsent plus que les préjugés du monde et de la ville, voire même que les objections des théologiens. La limite de ce théâtre c'est certes qu'il est resté trop longtemps fidèle au latin, mais plus encore c'est que, en s'identifiant à une doctrine, il se condamnait sur le plan esthétique.

Le deuxième lieu où s'est joué la transformation du sens de

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la rencontre théâtrale est le théâtre c l o s : un type de scène dominé par une perspective illusionniste en profondeur, avec un public hiérarchisé de la scène à l'amphithéâtre, de l'orchestre au parterre. Cette disposition, et ce dispositif scénique, s'imposent à la France sur le modèle italien en même temps qu'une doctrine de la représentation dramatique; elle le fait en éliminant les autres expériences collectives ou en les déclamant. Désormais entre les circuits des représentations d'orientation plus élitiste et celui des dramaturgies plus populaires l'écart va grandissant, non sans rivalité ou osmose.

Les spectacles de Paris

C'est à Paris, capitale du théâtre, que s'est joué la novation décisive. Dès le premier quart du XVIIè siècle, deux troupes s'implantent au temps où triomphe la tragédie comédie:

(H. Carrington Lancaster), celle des comédiens du Roi, à l'Hôtel de Bourgogne en 1628, celle du Marais, en 1630. Mais d'autres compagnies circulent, italiennes, anglaises, espagnoles. C'est la faveur du Roi qui fait le triomphe des grands comédiens, le prestige de Rotrou et la qualité de quelques acteurs; Montfleury et la Champaneslé, Beau-château et la Du Parc. Jusqu'à la fondation de la Comédie Française,

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en 1680, ils gardent la vedette sur tous les concurrents qui passent ainsi au Palais Royal, Molière dès 1658, et les italiens de Scaramouche en 1660. A la mort de Molière, qui avait régné sur les fastes baroques du Versailles naissant, un regroupement s'opère par fusion de sa troupe avec le théâtre du Marais. En 1673; ainsi est fondé le théâtre Guénégaud, qu'aménage au jeu de paume de la Bouteille le marquis de Sourdis puis par ordre du Roi, le théâtre Guénégaud fusionne avec l'Hôtel de Bourgogne. Pour un siècle, avec 1'Opéra qui mêle tous les spectacles, la Comédie Française a le monopole de la scène, qu'elle étend en 1697 avec l'expulsion des Italiens, et qu'elle défend, à prix coûtant, contre toutes les autres initatives, et avec succès jusqu'en 1762. Alors, les théâtres privés de la Foire et du boulevard auront enfin acquis le droit de jouer et de se développer.

Au cours du XVIIè siècle le public s'est transformé, le changement du répertoire, le prix des places sont à la fois les raisons et les indices de cette mutation. Le peuple n'a pas été totalement chassé du théâtre, il compose une partie de ce public qui constitue à la fin du XVIIè, les 100 ou 200 000 entrées annuelles de la Comédie, ce qui compte tenu des entrées multipliées, indique une minorité recrutée à la ville et à la cour. En moyenne, le nombre de spectateurs ne dépasse pas 400 par représentation. Ils se répartissent entre les loges et les sièges sur la scène réservés à une élite du rang et de la fortune, et le parterre, où la clientèle doit rester debout. Beaucoup d'habitués ne paient pas, malgré les protestations des comédiens qui défendent la recette. Les autres acceptent de

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débourse vers 1715 d'une livre à une livre 16 sols selon l'emplacement, et les prix ne changent guère de 1716 à 1782. La place de parterre à un franc, c'est à peu près le revenu quotidien d'un ouvrier: le théâtre n'est plus fait pour le peuple des compagnons et des salariés, il accueille essentiellement les riches, les bourgeois aisés et cultivés, mais il s'ouvre largement, les jours chômés et le dimanche, qui voient envahir le parterre par la foule des boutiquiers, des artisans, et la populace ; ces jours là, la bonne compagnie ne vient pas.

Les salles et leur discipline se sont adaptées à ces nouveautés. L'effervescence est progressivement contrôlée, que suscitait le mélange des classes, des oisifs et des travailleurs, des habitués qui reviennent toujours et font le succès d'une troupe et des amateurs occasionnels, des valets, des pages, des mousquetaires, chevaux légers, compagnons chômeurs, maîtres des jurandes en ballade, étudiants et collégiens, commis de boutique qui se faufilent dans l'affluence et parmi lesquels se mêlent coupe-bourses, tire-laines, filles de petite vertu. Ce public agité, plus intéressé par la farce que par la tragédie, s'interpellait, criblait les autres spectateurs de quolibets et les acteurs de trognons de choux, créant parfois de vraies bagarres auxquels mettaient fin le Guet et la Garde : il fallait y mettre bon ordre. On riait au théâtre, et de tout, on y jouait aux cartes et aux dés, la rumeur et le bavardage étaient le fond sonore d'un spectacle qui se déroulait aussi bien dans la salle que sur la scène. Jusqu'à la fin de l'Ancien Régime, le

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théâtre parisien reste un lieu public bigarré et bruyant, mais il se discipline, les armes y sont interdites aux laquais, les chiens expulsés, les siffleurs patentés mis à la porte, enfin les spectateurs du parterre sont assis, et ainsi plus difficiles à é m o uvoir.

C'est 1'accroisement de ce public qui fait la fièvre théâtrale de Paris au XVIIIè siècle: Louis Lagrave évalue à 4 ou 500 000 le nombre des entrées annuelles vers 1750. Il justifie le retour des Italiens, redevenus en 1723, comédiens ordinaires du R o i , parmi lesquels triomphent Luigi Ricoboni et Marivaux, il soustend la montée décisive des théâtres, des foires et des boulevards, où vont s'opérer une autre répartition des publics et s'élaborer des expériences dramatiques nouvelles. La hiérarchie des théâtres, imposée par la tradition et par l'autorité, correspond en gros à celle de la société, 1'O p é r a , la Comédie sont moins bourgeois que les Italiens, il y a une distance entre les Halles et le faubourg. Paris est fou de théâtre, et la moyenne des affluences, calculée pour tous les spectacles, ne fait que croître entre

le règne de Louis XIV et celui de Louis XVI. De l'affaire, les architectes songent à multiplier les projets et à imaginer de nouveaux dispositifs qui inspirent les modèles italiens, puis les modèles antiques. L'incendie de l'Opéra en 1763 et 1781, la vétusté de la vieille Comédie française suscitent "les théâtres de papier" de nombreux architectes, puis les initiatives intéressantes quand la Ville et la maison du Roi s'entendront pour laisser créer de nouvelles salles, à l'instar de la Province. La première salle nouvelle revient à

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l'initiative privée, c'est le théâtre construit en 1752 par Monnet pour l'Opéra comique de la Foire Saint-Laurent. Après 1770 sont reconstruits, ou construits, l'Opéra, la nouvelle salle de la Comédie Française, à l'Odéon, dans le façonnement d'un quartier expressif du nouvel urbanisme (D. Rabreau), puis la nouvelle comédie italienne vers 1782; le théâtre est alors devenu monument de l'urbanité.

Apollon en province

En Province, le cheminement suivi avec quelque retard est celui de Paris, mais l ’entregent des élites provinciales leur confère au XVIIlè siècle un rôle novateur spécifique. Au départ il y a peu de théâtres implantés en permanence, et aucune salle affectée exclusivement au jeu des troupes de passage. Les comédiens utilisent leurs ressources locales qu'autorisent les autorités, toujours maîtresses d'accorder ou de refuser la liberté de jouer. A la fin du XVIlè siècle apparaissent les premiers théâtres construits pour l'Opéra et ses machineries, après les succès parisiens de Lully et de ses successeurs: Rouen en 1682, Lille en 1702, Strasbourg en 1701-1702, Metz en 1703, se dotent des nouveaux équipements. L'itinéraire des troupes suit plutôt le réseau des protections

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et l'appel des amateurs citadins dont la fidélité entraîne les passages répétés des mêmes comédiens. En dépit de l'aventure fameuse de l 'illustre T h é â t r e , qui visite entre 1655 et 1657 Pézenas, Narbonne, Bordeaux, Agen, Lyon, la moitié Nord de la France a été plus fréquentée que la moitié méridionale. Les troupes passent 72 fois à Dijon, 57 fois à Lyon, 53 fois à Rouen, à Nantes, 48 fois à Lille; au sud de la Loire, 22 fois à Marseille, 21 à Bordeaux, 11 spectacles seulement à Toulouse. Trois raisons rendent compte de ce décalage: la trame urbaine et l'état du réseau routier, le progrès de l'alphabétisation et la constitution des élites culturelles, la géographie des patois et de l'extension du bilinguisme. Cependant la vie théâtrale méridionale connaît sans conteste son apogée avant 1650 avec un répertoire en langue d'oc, un public composite, rassemblant les bourgeois et le populaire, des auteurs de talent tels Bruey, Zerbin et Fébau, des acteurs renommés qui itinéraient du jeu de paume en salle d'auberge, et souvent, un succès local centré autour des petites capitales (E. Leroy Ladurie): Aix avec Bruey avant 1650; Béziers avec le théâtre des caritats de l'ascension, au temps de Louis XIII; Avignon, jusqu'à la Fronde; Agen, Montélimar, Cahors, Montpellier, Carcassonne, Nîmes, Marseilles, qui éclipse les autres cités; jusqu'à Grenoble et même Limoges. La carte du XVIIè siècle enregistre les étapes d'une conquête du Royaume par un répertoire, une langue, un style de jeu: le théâtre parisien en français qu'interprète les troupes libres et protégées, celles des Conti, des Villeroy, des Condés, du Duc d'Epernon, de Monsieur, qui parcourent le Sud et le Sud-Ouest du royaume.

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La carte du XVIIIè siècle prouve le ralliement des élites

urbaines dans le midi comme dans le Nord. Le répertoire

occitanien se maintient quelque peu mais dans un registre

déclassé, qui bénéficie de l'unanimité festive passagère des

notables et du peuple: celui de la tragi comédie baroque où

s'expriment l'amour de la vie et les sentiments ordinaires.

Pour le reste, l'occitanie urbaine privilégie aussi un théâtre

en français. C'est le temps où se fixent les troupes et où se

construisent les théâtres.

Dans le réseau urbain, une dizaine de cités bénéficient d'une activité théâtrale continue, depuis la fin du règne de Louis XIV et en dépit des difficultés des temps: Lille, Amiens, Bayonne, Nancy, Avignon, Bordeaux, Nantes, Besançon, Dijon et Rouen; une autre douzaine de cités reçoit des troupes par intermittence. La Province se dote de salles de spectacles modernes et dans certains cas exemplaires par rapport à Paris. Le théâtre quitte les jeux de paume, les hangars, les granges et les salles de banquet pour s'installer dans ses meubles, avec commodité et quelquefois luxe. En 1789, D. Rabreau évalue à 50 le nombre des villes qui se sont dotées d'une salle fixe dans un ancien local, d'une nouvelle salle, et d'un grand théâtre temple des Mu ses (huit pour ce modèle à Besançon, Bordeaux, Dijon, Lille, Marseille, Nantes, Nîmes et Strasbourg après 1780). Pour les 4/5 ce sont des villes de plus de 10.000 habitants, où l'on retrouve tous les facteurs du développement de la vie culturelle (cours souveraines, collèges), mais aussi activités négociantes et garnisons, car le théâtre est porté à la fois pour le goût de l'ancienne noblesse et celui des

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nouvelles élites. Les troupes sont partout décentes et le répertoire est celui de Paris; on joue, en alternance, tragédies, comédies, opéras, opéras comiques, pantomimes. Derrière le plaisir et le loisir recherchés par les notables urbains qui encouragent les fondations et les finances, trois enjeux se profilent qui traduisent l'évolution de la société (D. Rabreau): la police urbaine, pour un meilleur usage et un meilleur contrôle des lieux de spectacle, la spéculation, le prestige culturel.

Il s'agit d'abord de discipliner le public, tout en le distrayant, par la surveillance policière ou militaire, par les règlements de police ; l'effervescence des spectateurs est canalisée, on empêche le détournement des lieux vers d'autres activités, le jeu, la prostitution, la boisson, ainsi l'on évite le débordement des cabales conduites par les différents composants sociaux du public: nobles contre bourgeois, populaire contre élite. La spéculation immobilière et le commerce installent le théâtre dans un édifice public: il devient une affaire entre commanditaires, actionnaires et entrepreneurs. Le théâtre provincial, en effet, n'est pas protégé: c'est un secteur de liberté et de concurrence. De

surcroît, il permet maints profits, car souvent sa construction entraîne des aménagements ou l'extension vers des terrains voisins de la spéculation, c'est le cas à Lyon avec Soufflet, à Bordeaux, à Nantes, à Marseille, voire même au Hâvre et surtout à Paris, autour de l'Odéon. Ni le bon plaisir du prince, ni le fonctionnalisme théâtral pur, ne guident désormais les constructions, mais une économie de

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progrès, liée à l'utilité publique; une poiitique urbaine où en marge de la société des ordres agissent des citoyens qui s'associent par libre contrat pour un profit et un loisir. Enfin, la moisson culturelle s'engrange dans les nouveaux temples de l'art: la gloire du prince s'y déploie dans le répertoire parisien et l'éducation des peuples pour un ordre policé. Les philosophes y ajoutent la morale civique et le patriotisme. L'inauguration d'un théâtre comme la séance publique d'une académie, est une cérémonie de liturgie civique. C'est un autre élargissement des pratiques culturelles des milieux notables, et l'affirmation symbolique de la cohérence d'une société par delà ses divisions.

De la foire au boulevard

C'est que la théatromanie est partout, elle s'exprime dans les spectacles de la cour comme dans les théâtres privés, elle mobilise les riches, mais aussi le peuple, elle fait les auteurs à succès. Rousseau prêche dans le désert, car jamais société n'a été aussi enjouée de théâtre que celle des Lumières. C'est l'expression d'un besoin qui traverse toutes les couches sociales, c'est un enjeu politique, car par la généralisation de la fréquentation du théâtre se prépare le

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règne du public et d'une opinion, en attendant les vraies libertés. C'est pourquoi le destin du théâtre de foire mérite attention. A Paris principalment, en province aussi, à la foire de Guibray ou à celle de Beaucaire, à celle de Reims qu'a étudiée René Gandilhun, il est lieu de rassemblement et de contact, il active le commerce des choses et celui des hommes. Le théâtre prend rang dans une pédagogie de la consommation qui s'universalise. Durant tout le XVIlè siècle se sont maintenus dans ces assemblées périodiques les gestes de la culture de la place publique. A Lille, Chavatte est au XVIlè siècle le chroniqueur précis des exhibitions de bêtes fauves ou d'animaux savants, des jeux des nains et des géants, des prouesses des banquistes, des mangeurs de feu. A Pax'is, la Foire Saint-Germain et la Foire Saint-Laurent voient se succéder les spectacles des jongleurs, des sauteurs, des marionnettistes, et la multiplication des troupes foraines venues ici se remplumer après des tournées provinciales misérables et faméliques. L'expulsion des Italiens donne un coup de fouet aux forains, les entreprises se multiplient, avec les frères Allard, Domenico, la Veuve Maurice, Bertrand, Gauthier de Saint Edme et Octave. C'est aussi un secteur de

liberté qui obtient un franc succès, le public en est friand et les spéculations, Bourgeois de Paris, financiers comme Nicolas et Baron, les paumiers toujours intéressés par les représentations, investissent dans les entreprises foraines. Celles-ci, en butte à l'hostilité des comédiens français qu'appuie la justice, s'adaptent: ils doivent se contenter de monologue puisque tout dialogue est interdit, puis du jeu à la

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muette, où les acteurs miment un texte écrit sur les écriteaux que déchiffrent les lettrés du public. Le théâtre de la foire traduit dans ses formes dramatiques l'écart social et culturel qui sépare la culture du petit nombre et celle de la Place publique. Dans la réalité il permet aux pratiques originales du théâtre forain de jouer un rôle intermédiaire entre les domaines culturels. Au terme de bien des avatars, c'est la liberté qui l'emporte. L'union de la tradition italienne avec celle de l'opéra comique forain, qu'avait soutenue Monnet, se concrétise après 1762, marquant le succès de l'imagination sur le monopole. Jusqu'à la Révolution, le théâtre des boulevards en multiplie les effets, avec Nicolet, Gaudon, les Grands danseurs, les Variétés, 1'Ambigu comique. C'est la vogue pré révolutionnaire des spectacles inférieurs, qui ont relayé les tréteaux forains. Pour ce théâtre ont travaillé des auteurs de talent, oubliés parce qu'a triomphé dans la culture le grand théâtre : Lesage, Fuzelier, d'Orneval, Piron, Favart, et quantité d'hommes de lettres du second rayon, composant pour des entrepreneurs rapaces, Audinot, Pompigny, Maillé de la Malle, Saint Aubin, Mayer de Saint Paul: ce sont les pauvres honteux du Parnasse et les Rousseau du ruisseau, champions d'un théâtre mineur.

Le public est ici populaire mais pas uniquement: tout le monde va à la foire et au boulevard, la bonne compagnie elle-même tend à s'imposer aux spectateurs de plein vent et de parades. Monnet sollicite pour l ’opéra comique une ordonnance de Police qui codifie la décence de son spectacle et de sa salle à l'instar de celle des autres grands théâtres.

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L 'important reste que la bonne société n'a pas réussi à confisquer totalement le succès de la foire et du boulevard. Là se joue le goût des gens de peu pour un style dramatique appuyé et la fascination des honnêtes gens pour les formes d'expression populaire. On s'encanaille devant la parade de Nicolet ou dans la salle de Monnet. Ménétra, pour qui le théâtre joue un rôle essentiel, y côtoie ceux de la cour et de la ville. C'est pour les autorités un espace de déclassement moral; c' est l'effet mylord l'Arsouille, qui joue pleinement pour plusieurs raisons. L'esthétique foraine en effet conforte l'union des effets qui sont séparés dans la hiérarchie des grands théâtres, c'est aussi un spectacle qui met en jeu tous les sens, c'est enfin un théâtre du merveilleux. En même temps, cette esthétique hybride utilise des procédés qui frondent les grands genres: c'est un théâtre de la force et de la souplesse, qu'incarne 1'ambigu "Arlequin" , c'est un théâtre du sous-entendu et de la connivence, royaume de la Scatologie et de l'obscène, plus ou moins appuyés et voilés, c'est le théâtre du détournement et des ruses qui suppose, au temps de la persécution par la Comédie française, une participation unanimiste, avec lecture, échange et collaboration des lettrés et des analphabètes. Selon la place qu'on occupe dans le théâtre et dans la société, le répertoire forain et son jeu peuvent suggérer la critique, la fronde, ou garantir l'ordre et la stabilité en réduisant le message contestataire à un effet de distance ou de stéréotype. D'où sans doute, l'importance de la Parodie, qui fait rire tout le monde mais divertit sérieusement le petit nombre des amateurs,

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qui iront jusqu'à écrire eux-mêmes des parades pseudo-populaires, pour leurs jeux particuliers. Ainsi le spectacle forain doit son succès au mouvement qui uniformise la culture de la société classique, il fait descendre vers le bas une part de la grande dramaturgie, mais aussi il fait remonter vers les classes dirigeantes les pratiques culturelles de la place. Dans une proxémie neuve, l'érudition et l'ironie élargissent une distance culturelle. Jean-Jacques Rousseau ne s'y trompe pas, en opposant les théâtres aux fêtes de fraternité publique, la tristesse à la joie; les ombres du théâtre à la réalité de la vie.

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H.C. Lancaster H.C. Lancaster J. Lough P. Mélèse G . Mongrédien Histoire de la Bibliographie

A History of French dramatic Literature in the X V II cent u r y , 9 voi., Baltimore, Johns Hopkins, 1929-42.

The Comédie Française, 1680-1701, 2 v o l ., Baltimore, Johns Hopkins, 1941.

Paris theatres audiences in the 17th and 18th centuries , London, Oxford University Press, 1957 .

Le Théâtre et le Public à Paris sous Louis XIV, Genève, D r o z , 1935.

La Vie quotidienne des comédiens au temps de M o l i è r e , Paris, Hachette, 1966.

France urbaine, tome II, Paris, Seuil, 1981, réd. par G. Duby et J. Le Goff.

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PUBLICATIONS OF THE EUROPEAN UNIVERSITY INSTITUTE

EUI WORKING PAPERS :

No. 1 : Jacques PELK1VANS The European Carnnunity and the Newly Industrialized Countries

No. 2 : Joseph H.H. WEILER Supranationalism Revisited - Retrospec­ tive and Prospective. The European Ccm- muni ties After Thirty Years

No. 3 : Aldo RUSTICHINI Seasonality in Eurodollar Interest Rates

No. 4 : Mauro CAPPELLETTI/ David GOLAY

Judicial Review, Transnational and Fede­ ral: Impact on Integration

No. 5 : Leonard GLESKE The European Monetary System: Present Situation and Future Prospects

No. 6 : Manfred HINZ Massenkult und Todessyirbolik in der nazional-sozialistischen Architektur No. 7 : Wilhelm BURKLTN The "Greens" and the "New Politics":

Goodbye to the Three-Party System?

NO. 8 : Athanasios MDULAKIS Unilateralism or the Shadow of Confusion No. 9 : Manfred E. STREIT Information Processing in Futures Mar­

kets. An Essay on the Adequacy of an Ab­ straction

No. 10: Kumaraswany VELUPILLAI When Workers Save and Invest: Sane Kaldorian Dynamics

NO. 11: Kurraraswamy VELUPILLAI A Neo-Cambridge Model of Incane Distri­ bution and Unemployment

NO. 12: Kumaraswamy VELUPILLAI Guglielmo CHICDI

On Lindahl's Theory of Distribution

NO. 13: Gunther TEUBNER Reflexive Ratioialitat des Rechts NO. 14: Gunther TEUBNER Substantive and Reflexive Elements in

Mod e m Law

No. 15: Jens ALEER Sane Causes and Consequences of Social Security Expenditure Development in Western Europe, 1949-1977

No. 16: Ian BUDGE Democratic Party Government: Formation and Functioning in Twenty-one Countries

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No. 17: Hans DAALDER Parties and Political Mobilization: An Initial Mapping

NO. 18: Giuseppe DI PAIMA Party Government and Democratic Repro­ ducibility: The Dilenma of New Democracies No. 19: Richard S. KATZ Party Government: A Rationalistic Conception NO. 20: Jurg STEINER Decision Process and Policy Outcome: An

Attempt to Conceptualize the Problem at the Cross-National Level

No. 21: Jens AT .HER The Emergence of Welfare Classes in West Germany: Theoretical Perspectives and Empirical Evidence

No. 22: Don PATINKIN Paul A. Samuelson and Monetary Theory No. 23: Marcello DE CECCD Inflation and Structural Change in the

Euro-Dollar Market

NO. 24: Marcello DE CECCO The Vicious/Virtuous Circle Debate in the '20s and the r70s

NO. 25: Manfred E. STREIT Modelling, Managing and Monitoring Futures Trading: Frontiers of Analytical Inquiry No. 26: Domenico Mario NUTI Economic Crisis in Eastern Europe -

Prospects and Repercussions

No. 27: Terence C. DAINTITH Legal Analysis of Economic Policy

No. 28: Francis C. CASTLES/ Left-Right Political Scales: Seme Expert

Peter MAIR Judgements

No. 29: Karl HOHMANN The Ability of German Political Parties

to Resolve the Given Problems: the Situation in 1982

No. 30: Max KAASE

No. 31 : Klaus TOEPFER

No. 32: Ronald INGLEHART

No. 33: Moshe LISSAK

The Concept of Political Culture: Its Meaning for Comparative Political Research Possibilities and Limitations of a Regional Economic Development Policy in the Federal . Republic of Germany

The Changing Structure of Political Clea­ vages Among West European Elites and Publics

Boundaries and Institutional Linkages Between Elites: Seme Illustrations frem Civil-Military Elites in Israel

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No. 35: Richard M. GOODWIN/ Kumaraswamy VELUPILLAI No. 36: Maria MAGUIRE

No. 37:

T

G. Lowell FIELD John Higley

No. 38: Dietrich HERZOG

No. 39: Edward 0 . LAUMANN

David KNOKE No. 40: Gwen MOORE/

Richard D. ALBA No. 41: Peter MAIR

No. 42: Joseph H.H. WEILER

No. 43: Franz Urban PAPPI

No. 44: Thoms GAWRCN Ralf ROGCWSKI

No. 45: Alexis PAULY René DIEDERICH

No. 46: Alessandra VENTURINI

No. 47: Richard A. GOODWIN NO. 48: J.P. FITOUSSI/

Daniel SZPIRD No. 49: Bruno DE WITTE

Economic Systems and their Regulation

The Growth of Income Maintenance Expendi­ ture in Ireland, 1951-1979

The States of National Elites and the Stability of Political Institutions in 81 Nations, 1950-1982

New Protest Elites in the Political System of West Berlin: The Eclipse of Consensus?

A Framework for Concatenated Event Analysis

Class and Prestige Origins in the American Elite

Issue-Dimensions and Party Strategies in the Irish Republic, 1948 - 1981: The Evidence of Manifestos

Israel and the Creation of a Palestine State. The Art of the Impossible and the Possible

Boundary Specification and Structural Models of Elite Systems: Social Circles Revisited

Zur Implementation von Gerichtsurteilen Hypothesen zu den Wirkungsbedingungen von Entscheidungen des Bundesverfassungs- gerichts

Migrant Workers and Civil Liberties

Is the Bargaining Theory Still an Effective Framework of Analysis for Strike Patterns in Europe?

Schunpeter : The Man I Knew

Politique de l'Emploi et Reduction de la Durée du Travail

Retour à Costa. La Primauté du Droit Com­ munautaire

à

la Lumière du Droit Interna­

tional © The Author(s). European University Institute. version produced by the EUI Library in 2020. Available Open Access on Cadmus, European University Institute Research Repository.

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No. 50: Massimo A. BEINEDETTELLI Eguaglianza e Libera Circolazione dei Lavoratori: Principio di Eguaglianza e Divieti di Discriminazione nella Giuris­ prudenza Comunitaria in Materia di Diritti di Mobilità Territoriale e Professionale dei Lavoratori

No. 51 : Gunther TEUBNER Corporate Responsibility as a Problem of Company Constitution

No. 52: Erich SCHANZE Potentials and Limits of Economic Analysis: The Constitution of the Firm

No. 53: Maurizio GOTTA Career and Recruitment Patterns of Italian Legislators. A Contribution to the Under­ standing of a Polarized Political System No. 54: Mattei DOGAN How to Become a Cabinet Minister in Italy:

Unwritten Rules of the Political Game No. 55: Mariano BAENA DEL ALCAZAR/

Narciso PIZARRO .

The Structure of the Spanish Power Elite 1939-1979

No. 56: Bere RUSTEM/

Kumaraswamy VELUPILIAI

Preferences in Policy Optimization and Optimal Economic Policy

No. 57: Giorgio FREDDI Bureaucratic Rationalities and the Prospect for Party Government

No. 58: Manfred E. STREIT Reassessing Consumer Safety Regulations No. 59: Christopher HILL/

James MAYALL

The Sanctions Problem: International and European Perspectives

No. 60: Jean-Paul FITOUSSI Adjusting to Competitive Depression. The Case of the Reduction in Working Time

No. 61: Philippe LEPORI1 Idéologie et Morale Bourgeoise de la Famille dans le Msnacrier de Paris et le Second

Libro de Famiglia, de L.B. Alberti No. 62: Peter BROCKMEIER Die Dichter und das Kritisieren No. 63: Hans-Martin PAWLOWSKI Law and Social Conflict

No. 64: Marcello DE CECCO Italian Monetary Policy in the 1980s No. 65: Gianpaolo ROSSINI Intraindustry Trade in Two Areas: Sane

Aspects of Trade Within and Outside a Custom Union

No. 66: Wolfgang GEBAUER Euromarkets and Monetary Control: The Deutschemark Case © The Author(s). European University Institute. version produced by the EUI Library in 2020. Available Open Access on Cadmus, European University Institute Research Repository.

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No. 67: Gerd WEINRICH On the Theory of Effective Demand under Stochastic Rationing

No. 68: Saul ESTRIN/ Derek C. JONES

The Effects of Worker Participation upon Productivity in French Producer Cooperatives No. 69: Bere RUSTEM/

Kumaraswarny VELUPILLAI

On the Formalization of Political Preferen­ ces: A Contribution bo the Frischian Scheme No. 70: Werner MAIHOFER Politique et Morale

No. 71: Samuel OOHN Five Centuries of Dying in Siena: Comparisons with Southern France

No. 72: Wolfgang GEBAUER Inflation and Interest: the Fisher Theorem Revisited

No. 73: Patrick NERHOT Rationalism and the Modem State

No. 74: Philippe C. SCHMITTER Democratic Theory and Neo-Corporatist Practice

No. 75: Sheila A. CHAPMAN Eastern Hard Currency Debt 1970-83. An Overview

No. 76: Richard GRIFFITHS Economic Reconstruction Policy in the Netherlands and its International Con­ sequences, May 1945 - March 1951

No. 77: Scott NEWTON The 1949 Sterling Crisis and British Policy towards European Integration Nò. 73: Giorgio PODOR Why did Europe need a Marshall Plan in

1947?

Nò. 79: Philippe MIOCHE The Origins of the Monnet Plan: How a Transisbory Experiment answered to Deep-Rooted Needs

Nò. 80: Werner ABELSHAUSER The Economic Policy of Ludwig Erhard

No. 81: Helge PHARO The Domestic and International Implications of Norwegian Reconstruction

Nò. 82: Heiner R. ADAMSEN Investitionspolitik in der Bundesrepublik Deutschland 1949-1951

No. 83: Jean BOUVXER Le Plan Monnet et l'Economie Française 1947-1952

No. 84: Mariuccia SALVATI Industrial and Economic Policy in the Italian Reconstruction

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No. .85: William DIEB0LD Trade and Payments in Western Europe in Historical Perspective: A Personal View by an Interested Party

No. 86: Frances LYNCH French Reconstruction in a European Context No. 87: Gunther TEUBNER Verrechtlichung Begriffe, Merkmale, Grenzen,

Auswege

No. 88: Marina SPINEDI Les Crimes Internationaux de l'Etat dans les Travaux de Codification de la Responsabilité des Etats Entrepris par les Nations Unies No. 89: Jelle VISSER Dimensions of Union Growth in Postwar

Western Europe

No. 90: Will BARTLETT Unemployment, Migration and Industrialization in Yugoslavia, 1958-1977

No. 91: Wolfgang GEBAUER Kondratieff's Long Waves No. 92: Elisabeth DE GHETLTNCK,

Paul A. GEROSKI Alexis JACQUEMTN

Inter-Industry and Inter-Temporal Variations in the Effect of Trade on Industry Per­

formance No. 93: Gunther TEUENER

Helmut WILLKE

Kontext und Autonomie, Gesellschaftliche Selbststeuerung durch reflexives Recht No. 94: Wolfgang STREECK,

Philippe C. SCHMITTER

Ccranunity, Market, State- and Associations?

No. 95: Nigel GRIFFIN "Virtue Versus Letters": The Society of Jesus 1550-1580 and the Export of an Idea No. 96: Andreas KUNZ Arbeitsbeziehungen und Arbeitskonflikte im

offentlichen Sektor Deutschland und Grofi- britannien im Vergleich 1914-1924

No. 97: Wolfgang STREECK Neo-Corporatist Industrial Relations and the Economic Crisis in West Germany

No. 98: Simon A. HORNER The Isle of Man and the Channel Islands - A Study of their Status under Constitutional, International and European Law

No. 99; Daniel ROCHE Le Monde des Gnbres

No. 100: Gunther TEUBNER After Legal Instrumentalism?

No. 101: Patrick NERHCT Contribution aux Débats sur le Droit Sub-jectif et le Droit ObSub-jectif carne Sources du Droit

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84/102: Jelle VISSER The Position of Central Confederations in the National Union Movements

84/103: Marcello DE ΠC C O The International Debt Problem in the Inter- War Period

84/104: M. Rainer LEPSIUS Sociology in Germany and Austria 1918-1945. The Emigration of the Social Sciences and its Consequences.

The Development of Sociology in Germany after the Second World War, 1945-1967

84/105: Derek JCNES The Economic Performances of Producer Coop­ erations within Command Economies: Evidence for the Case of Poland

84/106: Philippe C. SCHMEETER New-Corporatism and the State

84/107: Marcos BUSER Der EinfluB der Wirtschaftsverbande auf Gesetzgebungsprozesse und das Vollzugs- wesen im Bereich des linweltschutzes

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