Que de chemin parcouru entre la publication du rapport de l’IGASS sur l’état de la cancérologie française en 1994 et janvier 2005, où la communauté médicale, les structures administratives et les associations de patients se sont engagées dans une mobilisation générale au travers du Plan Cancer annoncé en mars 2003 !
Rappelons que ce rapport réalisé à la demande du ministère de la Santé après le scandale Crozemarie relevait, entre autres, cinq points essentiels :
– une absence de politique concertée contre le cancer en France ; – un éparpillement des moyens ;
– une absence de coordination des acteurs ;
– des inégalités, des retards importants dans certains domaines ;
– et enfin, question polémique, faut-il fermer les centres de lutte contre le cancer ? Ces constatations, établies en 1994 par les experts du Conseil d’État, firent l’effet d’une bombe et elles furent à l’origine d’une intense réflexion de la part de tous les professionnels concernés par cette affection, soignants, responsables politiques, de santé publique, et même des malades, ce qui était nouveau à l’époque.
Cependant, il faut remarquer que ce rapport de 1994 ne relevait pas l’impéritie chronique de nos gouvernants successifs à envisager l’évolution démographique catastrophique des soignants en France. Aucune mesure en 2005. On ne pourra rapidement et efficacement pallier l’absence de vision à moyen ou long terme de ces responsables de tous poils qui n’ont fait que gérer leurs intérêts électoralistes ou cor- poratistes et leurs divers fromages syndicaux.
Le Plan Cancer est issu de ce long travail de réflexion qui a été mené dans de nombreuses instances ou dans des groupes informels comme le Cercle.
Avec soixante-dix mesures, le Plan Cancer balaie tous les champs de la cancéro- logie : de la prévention aux soins de tous ordres, de la recherche à la formation, de la psycho-oncologie à la création de l’Institut national du cancer.
Certaines de ces mesures n’auront pas d’impact avant plusieurs années, voire plusieurs décennies sur les pratiques médicales et sur la vie des malades, d’autres, au contraire, devraient avoir un retentissement rapide sur notre quotidien et la circu-
Plan Cancer. Quels changements attendre dans notre pratique oncologique
quotidienne ?
D. Serin
laire d’organisation des soins du 22 février 2005 précise les modifications organisa- tionnelles voulues par le législateur.
Introduction
L’objet de cette présentation est d’essayer d’envisager les probables implications des différentes mesures du Plan Cancer sur la pratique quotidienne des oncologues de terrain. La coordination des soins médico-techniques, au travers de réunions de concertation pluridisciplinaires comme la coordination des soins de support au tra- vers de l’unité de soins de support (USO) ou des DISSPO (départements interdisci- plinaires de soins de support pour les malades en oncologie) s’intègrent dans une mesure phare voulue par les patients : le dispositif autour de l’annonce.
D’autre mesures, dont on ne peut pas prévoir pour l’instant l’importance, auront un impact certain sur nos pratiques : le nouveau mode de valorisation par tarification à l’activité (T2A), le comité de coordination de cancérologie (3C), le contrat de bon usage du médicament (CBUM), le pôle régional de cancérologie ou encore le réseau régional de cancérologie ou l’Institut national du cancer (INCA).
Nous entamons tous aujourd’hui une démarche en cancérologie qui aura probable- ment des conséquences dont nous mesurons difficilement l’importance sur les pra- tiques médicales dans leur ensemble.
Plan de la présentation
Plan Cancer, un peu d’histoire Ancienne
Récente Très récente
Quelles sont les exigences actuelles des patients et de leurs proches ? Verbatim
Enquêtes
Parcours de femmes EPAC
FNCLCC
Club Sainte-Agathe
Les réponses du Plan Cancer Mesures générales Mesures spécifiques 474 Cancer du sein
Le dispositif autour de l’annonce
La coordination pluridisciplinaire des soins médico-chirurgicaux La coordinations des soins de support
Le dispositif autour de l’annonce
Autres mesures ou structures à impact direct ou indirect sur nos pratiques La T2A
Le 3C Le CBUM
Le pôle régional de cancérologie Le réseau régional de cancérologie L’Institut national du cancer
Conclusions transitoires
Ces dix ans marquent un véritable changement à la fois culturel, structurel et orga- nisationnel de la cancérologie française qui a peut être aujourd’hui l’occasion d’ef- fectuer une véritable mue pour aborder les défis posés par la volonté exprimée d’une véritable prise en charge globale des malades atteints de cancer.
La convergence de la volonté des soignants, des malades et des politiques d’en- gager des réformes de fond est un atout essentiel pour la réussite du Plan et sa pérennisation au-delà de 2007.
Les efforts de tous les acteurs nécessitent des engagements clairs de la part de l’Etat, ce qui à ce jour est effectif. Cependant, les réalités démographiques des soi- gnants sont incontournables et constituent un handicap qui ne se résoudra pas en allant chercher des cancérologues francophones dans des pays qui en ont un besoin essentiel.
Plan cancer. Quels changements attendre dans notre pratique… 475