May/Mai 2012 No./N
o152
Information Note on the Court’s case-law
Note d’information sur la jurisprudence de la Cour
Provisional version/Version provisoire
CONSEIL DE L'EUROPE COUNCIL OF EUROPE
on the Court. In the provisional version the summaries are normally drafted in the language of the case concerned, whereas the final single-language version appears in English and French respectively. The Information Note may be downloaded at <www.echr.coe.
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Cette Note d’information, établie par la Division des publications et de l’information sur la jurisprudence, contient les résumés d’affaires dont le greffe de la Cour a indiqué qu’elles présentaient un intérêt particulier. Les résumés ne lient pas la Cour. Dans la version provisoire, les résumés sont en principe rédigés dans la langue de l’affaire en cause ; la version unilingue de la note paraît ultérieurement en français et en anglais et peut être téléchargée à l’adresse suivante : <www.echr.coe.int/echr/NoteInformation/fr>.
Un abonnement annuel à la version papier comprenant un index est disponible pour 30 euros (EUR) ou 45 dollars américains (USD) en contactant le service publications via le formulaire : <www.echr.coe.int/echr/contact/fr>.
La base de données HUDOC disponible gratuitement sur le site internet de la Cour (<www.echr.coe.int/ECHR/FR/hudoc>) vous permettra d’accéder à la jurisprudence complète de la Convention européenne des droits de l’homme, qui se compose des textes suivants : décisions, arrêts et avis consultatifs de la Cour, rapports de la Commission européenne des droits de l’homme et résolutions du Comité des Ministres.
European Court of Human Rights Cour européenne des droits de l’homme
(Council of Europe) (Conseil de l’Europe)
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© Council of Europe / European Court of Human Rights – Conseil de l’Europe / Cour européenne des droits de l’homme, 2012
3 ARTICLE 2
Positive obligations/Obligations positives Life/Vie
Use of force/Recours à la force
Effective investigation/Enquête efficace
• Alleged breach of State’s obligations to protect life during hostage taking crisis in Beslan in 2004:
communicated
• Manquement allégué de l’Etat à son obligation de protéger la vie des individus, lors d’une prise d’otages survenue à Beslan en 2004 : affaire communiquée
Tagayeva and Others/et autres – Russia/Russie - 26562/07 et al. ... 7 Use of force/Recours à la force
• Conscript shot dead while trying to escape from detention to which he had been sentenced for disciplinary offence: violation
• Conscrit abattu par arme à feu alors qu’il tentait d’échapper à l’enfermement résultant d’une sanction disciplinaire : violation
Putintseva – Russia/Russie - 33498/04 ... 7
ARTICLE 3
Inhuman treatment/Traitement inhumain Degrading treatment/Traitement dégradant
• Confinement of prisoner to restraint bed for nine hours: violation
• Détenu attaché sur un lit de contention pendant neuf heures : violation
Julin – Estonia/Estonie - 16563/08 et al. ... 8 Expulsion
• Refusal of asylum to Iranian dissidents who had actively and openly campaigned against the regime since their arrival in respondent State: deportation would constitute a violation
• Refus d’accorder l’asile à des dissidents iraniens qui, depuis leur arrivée dans l’Etat défendeur, militaient activement et ouvertement contre le régime de leur pays : l’expulsion emporterait violation S.F. and Others/et autres – Sweden/Suède - 52077/10 ... 9
ARTICLE 6 Article 6 § 1 (civil)
Fair hearing/Procès équitable
• Final judgment given in brief interval before case-law conflict was resolved by the High Court:
no violation
• Jugement définitif rendu durant une courte période avant la résolution du conflit de jurisprudence par la Haute Cour : non-violation
Albu and Others/et autres – Romania/Roumanie - 34796/09 et al... 10
4
Article 6 § 1 (criminal/pénal) Equality of arms/Egalité des armes
• Raised position of public prosecutor in hearing room: inadmissible
• Position surélevée du procureur dans la salle d’audience : irrecevable
Diriöz – Turkey/Turquie - 38560/04 ... 10 Reasonable time/Délai raisonnable
• Criminal proceedings lasting over twenty-five years because of the applicant’s state of health:
inadmissible
• Procédure criminelle en cours depuis plus de vingt-cinq en raison de l’état de santé du requérant : irrecevable
Krakolinig – Austria/Autriche (dec./déc.) - 33992/07 ... 10 ARTICLE 8
Respect for private life/Respect de la vie privée
• Refusal to renew teacher of Catholic religion and morals’ contract after he publicly revealed his position as a “married priest”: no violation
• Non-renouvellement du contrat de travail d’un professeur de religion et de morale catholique ayant publiquement affiché sa situation de « prêtre marié » : non-violation
Fernández Martínez – Spain/Espagne - 56030/07 ... 11
• Police powers to stop and search individuals in city-centre areas designated as a security risk owing to the prevalence of violent crime there: inadmissible
• Pouvoirs de la police d’interpeler et de fouiller les particuliers dans les quartiers de centre-ville désignés comme étant à risque du fait que les infractions violentes y sont fréquentes : irrecevable Colon – Netherlands/Pays-Bas (dec./déc.) - 49458/06 ... 12 Respect for family life/Respect de la vie familiale
• Lack of diligence by domestic authorities in executing court order granting biological father custody of abducted child: violation
• Manque de diligence des autorités dans l’exécution de la décision accordant au père biologique la garde de son enfant soustraite par des tiers : violation
Santos Nunes – Portugal - 61173/08 ... 13 ARTICLE 10
Positive obligations/Obligations positives
• Failure of authorities to take adequate measures to enforce court order allowing journalists access to radio station: violation
• Incapacité des autorités de prendre des mesures afin d’assurer l’exécution d’une décision judiciaire permettant à des journalistes l’accès à une station de radio : violation
Frăsilă and/et Ciocîrlan – Romania/Roumanie - 25329/03 ... 14 ARTICLE 14
Discrimination (Article 3 of Protocol No. 1/du Protocole no 1)
• Refusal of financial aid to political party on grounds that it had not received the statutory minimum number of votes (7%) required to be eligible for aid: no violation
• Refus de l’Etat d’accorder une aide financière à un parti n’ayant pas atteint le niveau de représentativité de 7 % requis par la loi : non-violation
Özgürlük ve Dayanışma Partisi (ÖDP) – Turkey/Turquie - 7819/03 ... 15
5 ARTICLE 34
Hinder the exercise of the right of petition/Entraver l’exercice du droit de recours
• Failure to comply with interim measure indicated by Court on account of real risk of torture:
violation
• Non-observation de la mesure provisoire indiquée par la Cour, qui a prié l’Etat défendeur de ne pas expulser le requérant en raison de risques réels de torture : violation
Labsi – Slovakia/Slovaquie - 33809/08 ... 16
ARTICLE 35 Article 35 § 1
Exhaustion of domestic remedies/Epuisement des voies de recours internes
• Inability, owing to particularly strict interpretation of a procedural rule, to obtain hearing of application: preliminary objection dismissed; admissible
• Interprétation particulièrement stricte d’une règle de procédure rendant impossible l’examen d’un recours : exception préliminaire rejetée ; recevable
UTE Saur Vallnet – Andorra/Andorre - 16047/10 ... 17 Exhaustion of domestic remedies/Epuisement des voies de recours internes
Effective domestic remedy/Recours interne efficace – Germany/Allemagne
• Proceedings under Protracted Court Proceedings and Criminal Investigations Act: effective domestic remedy
• Procédure fondée sur la loi sur les procédures judiciaires et enquêtes pénales d’une durée excessive : recours interne efficace
Taron – Germany/Allemagne (dec./déc.) - 53126/07... 18 Six-month period/Délai de six mois
• Non-consecutive periods of pre-trial detention treated as separate for purposes of six-month time- limit
• Périodes non-consécutives de détention provisoire considérées séparément pour l’application du délai de six mois
Idalov – Russia/Russie [GC] - 5826/03 ... 18
• Failure by applicant to comply with time-limits set by Court for lodging a form of authority enabling representative to act: inadmissible
• Manquement de la requérante à respecter les délais fixés par la Cour pour le dépôt d’un mandat permettant au représentant d’agir : irrecevable
Kaur – Netherlands/Pays-Bas (dec./déc.) - 35864/11 ... 20
• Starting point for six-month time-limit in deportation cases under Article 3
• Point de départ du délai de six mois dans une affaire d’expulsion portée sur le terrain de l’article 3 P.Z. and Others/et autres – Sweden/Suède (dec./déc.) - 68194/10 ... 20
ARTICLE 46
General Measures/Mesures générales
• Respondent State required to effect urgent reforms to eradicate ill-treatment by police and ensure effective investigations into allegations of police brutality
• Etat défendeur tenu d’opérer d’urgence des réformes destinées à éradiquer les brutalités policières et à garantir des enquêtes effectives sur les accusations relatives à de tels actes
Kaverzin – Ukraine - 23893/03 ... 21
6
ARTICLE 1 OF PROTOCOL No. 1 / ARTICLE 1 DU PROTOCOLE No 1 Positive obligations/Obligations positives
• Damage to property caused by flooding after heavy rainfall: inadmissible
• Dégâts causés aux biens de la requérante à la suite d’une inondation : irrecevable
Hadzhiyska – Bulgaria/Bulgarie (dec./déc.) - 20701/09 ... 22 Possessions/Biens
• Reimbursement of sum deposited with Portuguese Consulate on the independence of Mozambique without any allowance in respect of inflation or currency depreciation: no violation
• Remboursement d’une somme déposée au consulat portugais lors de l’indépendance du Mozambique sans tenir compte de l’inflation et de la dépréciation de la monnaie : non-violation
Flores Cardoso – Portugal - 2489/09 ... 23
ARTICLE 3 OF PROTOCOL No. 1 / ARTICLE 3 DU PROTOCOLE No 1 Vote
• Ban on prisoner voting imposed automatically as a result of sentence: no violation
• Interdiction faite à un détenu de voter découlant automatiquement de la peine prononcée : non- violation
Scoppola – Italy/Italie (no. 3/no 3) [GC] - 126/05 ... 23
COURT NEWS / ACTUALITÉ DE LA COUR ... 24 Handbook on the European case-law covering the fields of asylum, immigration and border control / Manuel de jurisprudence européenne en matière d’asile, d’immigration et de contrôles aux frontières HRTF project “Bringing Convention standards closer to home: Translation and dissemination of key ECHR case-law in target languages” /
Projet du Fonds fiduciaire pour les droits de l’homme : « Porter les standards de la Convention à domicile: traduction et diffusion de la jurisprudence principale de la Convention dans des langues cibles »
7 Article 2
ARTICLE 2
Positive obligations/Obligations positives Life/Vie
Use of force/Recours à la force
Effective investigation/Enquête efficace Alleged breach of State’s obligations to protect life during hostage taking crisis in Beslan in 2004: communicated
Manquement allégué de l’Etat à son obligation de protéger la vie des individus, lors d’une prise d’otages survenue à Beslan en 2004 : affaire communiquée
Tagayeva and Others/et autres – Russia/Russie - 26562/07 et al.
[Section I]
This case arises out of a terrorist attack on a school in Beslan, North Ossetia (Russia) in September 2004 that resulted in the deaths of some 334 civilians, including 186 children, who had been taken hos- tage. Shortly after 9 a.m. on 1 September 2004 a group of heavily armed terrorists entered the court- yard of the school during a traditional ceremony to mark the opening of the academic year and forced over 1,100 of those present into a ground- floor gymnasium, where they proceeded to rig with explosive devices. Some sixteen male hostages were killed later that day. On 3 September a series of three explosions ripped through the gymnasium where the hostages were being held, causing multiple casualties, either during the explosions or resulting fire, or when they were shot when attempting to escape. The nature and origins of the explosions are disputed. In particular, a series of forensic reports commissioned by the investigators at the time indicated that the explosions were caused by the devices that had been placed by the terrorists. The applicants, however, rely on a report commissioned by the North Ossetian Parliament and a report by a deputy from the State Duma, Mr Saliyev, both of which argue that the first two explosions were in fact caused by external sources.
In their applications to the European Court, the applicants allege, inter alia, that the deaths in the gymnasium were the result of a disproportionate use of force by the authorities, that the authorities failed to negotiate with the assailants to secure the hostages’ peaceful release and that there was no adequate plan for the treatment and medical care of victims and insufficient resources to prevent the loss of life from fire. They also alleged the lack of an effective investigation into the events.
Communicated under Articles 2, 3, 6, 8, 10 and 13 of the Convention.
Use of force/Recours à la force
Conscript shot dead while trying to escape from detention to which he had been sentenced for disciplinary offence: violation Conscrit abattu par arme à feu alors qu’il tentait d’échapper à l’enfermement résultant d’une sanction disciplinaire : violation
Putintseva – Russia/Russie - 33498/04 Judgment/Arrêt 10.5.2012 [Section I]
Facts – The applicant’s son was shot and killed on attempting to escape as he was being escorted back to his detention unit to complete a ten-day dis- ciplinary sentence he had received for being absent without leave from his compulsory military service.
No charges were brought against the sergeant who shot him – and with whom the applicant’s son had had an altercation shortly beforehand – on the grounds that he had followed the rules regulating the use of firearms to prevent the escape of an arrestee.
Law – Article 2
(a) Substantive aspect: The domestic authorities’
findings had not involved the assessment of the legal framework defining the circumstances for the use of force against a fleeing soldier. Ascertaining whether the facts disclosed a violation of Article 2 was a distinct question from assessing whether there was any criminal liability on the part of the sergeant. The standard applied by the domestic authorities had been whether the use of lethal force had been legitimate, as opposed to whether it had been “absolutely necessary” under Article 2 § 2.
Under the relevant domestic law it was lawful to shoot any fugitive, even one sentenced for a minor disciplinary offence, who did not surrender imme- diately in response to an oral warning or the firing of a warning shot in the air. Such a legal framework was fundamentally deficient and fell well short of the level of protection “by law” of the right to life as it made no room for the proportionality require- ment and did not contain any other safeguards to prevent the arbitrary deprivation of life. There had therefore been a general failure by the respondent State to comply with its obligation under Article 2 to secure the right to life by putting in place an appropriate legal and administrative framework on the use of force and firearms by military sentries against fleeing soldiers.
As regards the actual use of force and the authorities’
conduct preceding the incident, the applicant’s son was not armed and did not represent a danger to
8 Article 2 – Article 3 the convoy or third parties. In these circumstances
any resort to potentially lethal force was prohibited by Article 2, regardless of any risk that he might escape. Moreover, it appeared that there had been other means available to prevent his escape. His behaviour had apparently been predictable, since he had easily been found in a previous incident, and his commanding officers were aware that he was experiencing psychological problems in ad- justing to life in the army and was liable to try to escape. However there was no indication that the sergeant who had shot him had received clear instructions about the amount of force necessary in such circumstances or provided with guidance to minimise the risk of loss of life. It was also of concern that the same sergeant with whom the ap plicant’s son had had a physical altercation short- ly before the shooting had been entrusted with the task of escorting him. The convoy had been organised in an unconsidered manner and the decision taken by the commandant to entrust the sergeant with the task of escorting him had lacked the necessary degree of caution. Thus the authorities had failed to minimise to the greatest extent pos- sible recourse to lethal force and any risk to the applicant’s son’s life.
In sum, the relevant legal framework on the use of force had been fundamentally deficient and the applicant’s son had been killed in circumstances in which the use of firearms to prevent his escape was incompatible with Article 2.
Conclusion : violation (unanimously).
(b) Procedural aspect: The investigation had been independent and was conducted with sufficient expedition.
Conclusion: no violation (unanimously).
Article 41: EUR 45,000 in respect of non-pecuniary damage.
ARTICLE 3
Inhuman treatment/Traitement inhumain Degrading treatment/Traitement dégradant Confinement of prisoner to restraint bed for nine hours: violation
Détenu attaché sur un lit de contention pendant neuf heures : violation
Julin – Estonia/Estonie - 16563/08 et al.
Judgment/Arrêt 29.5.2012 [Section I]
Facts – The applicant, a convicted prisoner, was confined to a restraint bed for nearly nine hours
following an incident with prison officers in which he was alleged to have become aggressive after being prohibited from taking tobacco to the punishment cell. The incident report stated that he had made threats, used foul language, banged at length against the door, struck a prison officer on the hand and failed to comply with lawful orders. His con- dition was monitored every hour, with the need for his continued restraint being assessed on the basis of his behaviour.
Law – Article 3 (confinement to restraint bed): While confinement to a restraint bed did not necessar- ily give rise to an issue under Article 3, in view of the high risk of ill-treatment it entailed, its appli- cation would be subject to thorough scrutiny by the Court, as regards both its lawfulness and the grounds for and manner of its use.
As to the question of lawfulness, the grounds, con- ditions and procedure for the use of such restrictive means of restraint had to be defined with the ut- most precision,. The domestic regulations were, however, quite superficial and general and, as the Estonian Supreme Court had recently recognised, lacking in detail. Nevertheless, the way the author- ities had acted in the applicant’s case had in practice offered him some additional guarantees: his situ- ation had been reviewed hourly and he had been seen twice by medical staff, whose observations were recorded in a report.
As regards the grounds for and manner of use of the measure, the Court noted that medical checks were performed only at the beginning and end of the confinement with an eight-hour interval in-between when the applicant was not seen by medical staff. It reiterated that restraint should never be used as a means of punishment but only to avoid self-injury or serious danger to others or to prison security. While the applicant’s behaviour appeared to have been aggressive and disturbing, it was doubtful that, as the sole occupier of his cell, he posed a sufficient threat to himself or others as to justify such a severe measure and there was no indication that the authorities had given any con- sideration to using alternative measures. Most im- portantly, even if the applicant’s initial confinement was justified, the Court was not persuaded that the situation had remained as serious for nearly nine hours. Confinement to a restraint bed, without valid medical reasons – which had not been shown – should rarely be needed for more than a few hours.
However, after six (and again after seven) hours’
confinement the authorities had decided to con- tinue the restraint on the grounds that the appli- cant’s “behaviour” was “abnormal” although he was
Article 3 9
“silent”. These reasons were wholly insufficient for the extension of the restraint for such a long period.
Regard being had to the great distress and physical discomfort the prolonged immobilisation must have caused him, the level of suffering and humili- ation the applicant endured could not be considered compatible with Article 3.
Conclusion: violation (unanimously).
The Court also found, by six votes to one, that there had been no violation of Article 3 on account of the use of force and handcuffs following an isolated incident and, unanimously, no violation of Article 3 concerning the effectiveness of the in- vest igation into the applicant’s allegations of ill- treatment. It further unanimously found a violation in respect of one of his two complaints of a breach of his right of access to a court (Article 6 § 1).
Article 41: EUR 10,000 in respect of non-pecuniary damage.
Expulsion
Refusal of asylum to Iranian dissidents who had actively and openly campaigned against the regime since their arrival in respondent State: deportation would constitute a violation Refus d’accorder l’asile à des dissidents iraniens qui, depuis leur arrivée dans l’Etat défendeur, militaient activement et
ouvertement contre le régime de leur pays : l’expulsion emporterait violation
S.F. and Others/et autres – Sweden/Suède - 52077/10 Judgment/Arrêt 15.5.2012 [Section V]
Facts – In 2007 the first two applicants, a married couple of Kurdish and Persian origin, sought asy- lum in Sweden after leaving their native Iran. They submitted that their political activities and op- position to the Iranian regime meant that their lives would be at risk if they returned to Iran. The first applicant had campaigned in favour of the Kurdish cause, and had spent a month in prison there in 2003 because of his activities. Since their arrival in Sweden, both the first and second ap- plicants had been politically active, attending meetings of the Democratic Party of Iranian Kur- distan (KDPI) and featuring in news programmes broadcast on satellite channels banned in Iran. The second applicant had started working regularly for a Kurdish television channel known to be critical of the Iranian regime. Their asylum requests were rejected by the Swedish migration board and courts,
which found that while their story sounded cred- ible, it was unlikely that the Iranian authorities would persecute them, given their low ranking as Kurdish-rights activists.
Law – Article 3: The human-rights situation in Iran gave rise to grave concern. The information avail- able from a number of international sources showed that the Iranian authorities frequently detained and ill-treated people who peacefully participated in opposition or human-rights activities in the coun- try: anyone who demonstrated or in any way op- posed the regime was at risk of being detained and ill-treated or tortured. However, the reports of ser- ious human-rights violations in Iran were not of such a nature as to show, on their own, that there would be a violation of the Convention if the appli- cants were expelled to Iran.
Turning to the applicants’ personal situation, the Court noted that the first applicant had sympathised with the KDPI only at a low political level in Iran and that a considerable time had elapsed since his arrest in 2003. He had been able to continue his work and life as normal after his time in prison and there was no indication of any further attention from the Iranian authorities. These circumstances were not by themselves sufficient to find that the ap plicants would be at risk of proscribed treatment if expelled. However, the applicants had been involved in extensive and genuine political and human-rights activities and incidents since their arrival in Sweden, having appeared on several internet sites and television broadcasts and played leading roles in raising human-rights issues in Iran and criticising the regime. The second applicant had been the international spokesperson of a European committee campaigning on behalf of Kurdish prisoners and human rights in Iran. These activities placed the applicants at risk as the information before the Court confirmed that the Iranian author- ities monitored internet communications and regime critics both within and outside Iran and screened returning nationals. In this context, the first applicant’s arrest in 2003 and background as a musician and prominent athlete also increased the risk of his being identified. Additionally, the applicants had allegedly left Iran illegally and did not have valid exit documentation. Lastly, the fact that the applicants were of Kurdish and Persian origin, culturally active and well-educated, were also potential risk factors. There were thus sub- stantial grounds for believing that the applicants would be exposed to a real risk of ill-treatment if they were deported to Iran.
Conclusion: deportation would constitute a vio- lation (unanimously).
10 Article 6 § 1 (civil) – Article 6 § 1 (criminal/pénal)
ARTICLE 6
Article 6 § 1 (civil)Fair hearing/Procès équitable
Final judgment given in brief interval before case-law conflict was resolved by the High Court: no violation
Jugement définitif rendu durant une courte période avant la résolution du conflit de jurisprudence par la Haute Cour : non-violation
Albu and Others/et autres – Romania/Roumanie - 34796/09 et al.
Judgment/Arrêt 10.5.2012 [Section III]
Facts – The applicants are civil servants. They brought unsuccessful proceedings against their em- ployer, seeking the payment of allowances. The final decision in their case was given by a court of appeal in January 2009. From 2008 onwards, con- flicting decisions affecting a large number of people were adopted by the domestic courts in respect of the allowances in question. In September 2009, upon an application by the Prosecutor General, the High Court of Cassation and Justice (the High Court) laid down binding guidelines for the uni- form interpretation of the legal provisions at issue.
Law – Article 6: The applicants had had the benefit of adversarial proceedings and been able to adduce evidence and freely formulate their defence. Their arguments had been properly examined by the do- mestic courts. The courts’ conclusions and inter- pretation of the relevant law could not be regarded as manifestly arbitrary or unreasonable. Further- more, the mechanism provided by the Romanian Code of Civil Procedure and designed to resolve, and not preclude, conflicting court decisions had proved to be effective, since it had been set in mo- tion relatively promptly by the Prosecutor General and had put an end to the divergence in the case- law in a reasonably short period of time. While the judgment dismissing the applicants’ claims had been given before the High Court had had the opportunity to give a uniform interpretation of the legal texts in issue, the approach adopted by the domestic courts in the applicants’ case was similar to that advocated by the High Court. Thus, even though the impugned judgment had been given during the period of time when the divergence still existed, there had been no breach of the principle of legal certainty.
Conclusion: no violation (unanimously).
Article 6 § 1 (criminal/pénal)
Equality of arms/Egalité des armes Raised position of public prosecutor in hearing room: inadmissible
Position surélevée du procureur dans la salle d’audience : irrecevable
Diriöz – Turkey/Turquie - 38560/04 Judgment/Arrêt 31.5.2012 [Section II]
En fait – En 2003, le requérant fut condamné à une peine d’emprisonnement pour homicide volon- taire, tentative d’homicide et blessure par arme à feu. Devant la Cour européenne, il se plaint, entre autres, d’une atteinte au principe d’égalité des armes dans la mesure où le procureur avait pris place sur une estrade surélevée alors que lui-même et son avocat étaient placés, comme c’est la règle, en contrebas dans la salle d’audience. Il expose, par ailleurs, que le procureur est entré en même temps que les juges dans la salle d’audience, par la même porte, alors que son avocat a dû utiliser l’accès public.
En droit – Article 6 § 1 : La circonstance dénoncée ne suffit pas à mettre en cause l’égalité des armes dans la mesure où, si elle donne au procureur une position « physique » privilégiée, elle ne place pas l’accusé dans une situation de désavantage concret pour la défense de ses intérêts.
Conclusion : irrecevable (défaut manifeste de fon- dement).
Par ailleurs, la Cour conclut à l’unanimité à la non-violation de l’article 6 §§ 1 et 3 c) pour ce qui est de l’absence alléguée d’un avocat lors de la garde à vue du requérant.
Reasonable time/Délai raisonnable
Criminal proceedings lasting over twenty-five years because of the applicant’s state of health:
inadmissible
Procédure criminelle en cours depuis plus de vingt-cinq en raison de l’état de santé du requérant : irrecevable
Krakolinig – Austria/Autriche - 33992/07 Decision/Décision 10.5.2012 [Section I]
Facts – In 1985 the applicant was indicted for em- bezzlement. The case was originally scheduled for trial by the regional court in the summer of 1986,
11 Article 6 § 1 (criminal/pénal) – Article 8
but the applicant suffered a heart attack the day before it was due to begin and was unable to attend.
Thereafter the case was repeatedly adjourned at the applicant’s request on the basis of expert medical opinion. In March 2007 the applicant requested that the proceedings be terminated because he thought that it would be a violation of the Con- vention to continue in the circumstances. The do- mestic courts refused his request and the proceed- ings are still pending. In separate proceedings the applicant was convicted of other crimes by various district courts in 2000, 2006 and 2009. In his appli cation to the European Court, the applicant com plained of the length of the embezzlement proceedings.
Law – Article 6 § 1: It was not excluded that the subject-matter of the applicant’s case was of some complexity, as it concerned white-collar crime, but that element alone could not explain the exceptional length of the proceedings in issue. Nor could the Austrian authorities be held exclusively responsible.
There was no indication that they had contributed to the delays: the regional court, in particular, had tried repeatedly to hold trial hearings and had had the applicant’s fitness to stand trial examined by medical experts at regular intervals. The repeated postponements and stays were caused by the ap- plicant’s ill-health. While he could not be con- sidered responsible as that was a matter beyond his control, it was without doubt the objective reason for the resulting length of the proceedings.
Accordingly, the delays could not be attributed to the domestic courts. The Court observed further that Article 6 did not give a right to have criminal proceedings terminated on account of the accused’s state of health, particularly when, as in the appli- cant’s case, there was an indication that the person concerned had not been entirely prevented by his state of health from attending court proceedings as such.
Conclusion: inadmissible (manifestly ill-founded).
ARTICLE 8
Respect for private life/Respect de la vie privée Refusal to renew teacher of Catholic religion and morals’ contract after he publicly revealed his position as a “married priest”: no violation Non-renouvellement du contrat de travail d’un professeur de religion et de morale catholique ayant publiquement affiché sa situation de « prêtre marié » : non-violation
Fernández Martínez – Spain/Espagne - 56030/07 Judgment/Arrêt 15.5.2012 [Section III]
En fait – Le requérant est un prêtre catholique sécu- larisé. En 1984, il demanda au Vatican à être dis- pensé de l’obligation de célibat. L’année suivante, il épousa une femme dont il eut cinq enfants. A par tir de 1991, il exerça en tant que professeur de morale et de religion dans un lycée public, son contrat de travail annuel étant renouvelé sur avis de l’évêque du diocèse et le ministère de l’Education étant lié par cet avis. En 1996, le requérant participa à un rassemblement du « Mouvement procélibat optionnel ». Les participants y exposaient leur dé- saccord avec les positions de l’Eglise sur plusieurs sujets, tels que l’avortement, le divorce, la sexualité ou le contrôle de la natalité. Un article fut publié dans un journal régional où paraissaient une photo du requérant accompagné de sa famille, son nom et plusieurs de ses propos. En 1997, la dispense de célibat fut accordée au requérant. Son contrat de tra vail ne fut pas renouvelé au motif qu’il avait man qué à son devoir d’enseigner « sans risquer le scandale » en affichant publiquement sa situation de « prêtre marié ». Le requérant contesta sans suc- cès cette décision devant les juridictions internes.
Le Tribunal constitutionnel releva notamment que sa situation de « prêtre marié » était connue de l’Evê- ché et que ce dernier n’avait mis fin au renouvelle- ment du contrat que lors de la parution de l’article dans la presse, dont le requérant était lui-même à l’origine.
En droit – Article 8 : Le non-renouvellement du contrat du requérant a affecté la possibilité pour celui-ci d’exercer une activité professionnelle et a entraîné des conséquences sur la jouissance de son droit au respect de la vie privée. L’article 8 est donc applicable en l’espèce. La question principale est alors de savoir si l’Etat était tenu, dans le cadre de ses obligations positives, de faire prévaloir le droit du requérant au respect de sa vie privée sur le droit de l’Eglise catholique de refuser le renouvellement du contrat de l’intéressé. Les communautés reli- gieuses existent traditionnellement et universelle- ment sous la forme de structures organisées et, lors- que l’organisation d’une telle communauté est en cause, l’article 9 de la Convention doit s’interpréter à la lumière de l’article 11, qui protège la vie asso- ciative contre toute ingérence injustifiée de l’Etat.
En droit espagnol, la notion d’autonomie des com- munautés religieuses est complétée par le principe de neutralité religieuse de l’Etat. Ce principe em- pêche l’Etat de se prononcer sur des notions telles que celle de scandale ou le célibat des prêtres. Ce- pen dant, l’obligation de neutralité est limitée dans
Article 8 12
la mesure où la décision de l’évêque peut faire l’ob- jet d’un contrôle juridictionnel. En effet, l’évêque ne peut proposer des candidats qui n’auraient pas les qualifications professionnelles requises pour le poste et est tenu de respecter les droits fondamentaux et les libertés publiques. De même, si la définition des critères religieux ou moraux à l’origine d’un non- renouvellement de contrat appartient exclusivement aux autorités religieuses, les juridictions internes peuvent néanmoins effectuer une mise en balance des droits fondamentaux en conflit et sont éga- lement compétentes pour examiner si des motifs autres que ceux à caractère strictement religieux sont intervenus dans la décision de ne pas désigner le candidat concerné, car seuls ces derniers sont pro tégés par le principe de la liberté religieuse. Le requérant a eu la possibilité de porter son affaire devant les tribunaux compétents. Les motifs à la base du non-renouvellement de son contrat de travail étant strictement religieux, la Cour se limite à vérifier que les principes fondamentaux internes et la dignité du requérant n’ont pas été remis en cause.
En l’espèce, la publication de l’article en question amena l’évêque à considérer que le lien de confiance requis s’était brisé. Ce lien implique nécessairement certaines spécificités qui différencient les professeurs de religion et de morale catholiques des autres ensei- gnants. En ne renouvelant pas le contrat du requé- rant, les autorités ecclésiastiques se sont bornées à s’acquitter des obligations qui leur incombent en application du droit canonique et du principe d’au- tonomie religieuse. L’intéressé était ou devait être conscient, lors de la signature de son contrat, des particularités des relations de travail pour ce type de poste. De ce fait, la Cour considère que le requé- rant était soumis à des obligations de loyauté et note à ce propos qu’il n’a pas quitté le rassemble- ment en cause, même après s’être aperçu de la pré- sence des médias sur place, et qu’il était parmi ceux qui ont exprimé ouvertement leur désaccord avec les politiques de l’Eglise dans plusieurs domaines.
Les juridictions compétentes ont d’ailleurs démon- tré, par un raisonnement suffisamment détaillé, que les obligations de loyauté étaient acceptables en ce qu’elles avaient pour but de préserver la sen- sibilité du public et des parents des élèves du lycée.
En outre, l’exigence de réserve et de discrétion est d’autant plus importante que les destinataires directs des enseignements du requérant sont des enfants mi neurs, vulnérables et influençables par nature.
Eu égard à la marge d’appréciation de l’Etat, les juri dictions compétentes ont ménagé un juste équi- libre entre plusieurs intérêts privés.
Conclusion : non-violation (six voix contre une).
(Voir Lombardi Vallauri c. Italie, no 39128/05, 20 octobre 2009, Note d’information no 123 ; Obst c. Allemagne, no 425/03, et Schüth c. Allemagne, no 1620/03, 23 août 2010, Note d’information no 133 ; et Siebenhaar c. Allemagne, no 18136/02, 3 février 2011)
Police powers to stop and search individuals in city-centre areas designated as a security risk owing to the prevalence of violent crime there: inadmissible
Pouvoirs de la police d’interpeler et de fouiller les particuliers dans les quartiers de centre- ville désignés comme étant à risque du fait que les infractions violentes y sont fréquentes : irrecevable
Colon – Netherlands/Pays-Bas - 49458/06 Decision/Décision 15.5.2012 [Section III]
Facts – In response to a rise in violent crime in the city, the Amsterdam Burgomaster issued orders under section 151b of the Municipalities Act des- ignating certain parts of the city as security-risk areas for set periods. This in turn empowered the public prosecutor to issue orders, valid for twelve hours, allowing the police to search anyone present in the designated area for weapons. In two reports issued on May 2006 and May 2007 the COT Insti tute for Safety and Crisis Management noted a significant and continuing decline in the number of weapons-related incidents in the designated areas since the use of the preventive searches.
In his application to the European Court, the ap- pli cant, who had on one occasion been convicted, but ultimately not sentenced, for refusing to com- ply with an order to submit to a search, complained that the public prosecutor had been given the power within the designated areas to invade his privacy without any form of prior judicial control.
Law – Article 8: The stop and search power constituted interference with the applicant’s right to respect for his private life, which interference was in accordance with the law and pursued the legitimate aims of protecting public safety and preventing disorder or crime.
In assessing whether the interference had been necessary in a democratic society, the Court first had regard to the legal framework within which the preventive-search system operated. Under the ap- plicable legislation the Burgomaster’s powers to designate a security-risk area were dependent on the prior adoption of a bye-law by the local council.
Article 8 13 The designated area could be no greater than strict-
ly necessary and the order was to be revoked when no longer needed. The Burgomaster’s powers were subject to review and control by the local council, an elected representative body and, before making a designation order, the Burgomaster was required to consult with the public prosecutor and the local police commander. Preventive-search operations had to be ordered by the public prosecutor, whose powers were also statutorily defined. The public prosecutor had to issue an order defining the area within which searches could be made and such orders were only valid for twelve hours at a time and were not renewable. Accordingly, no single ex ecut ive authority had the power by itself to order a preventive-search operation.
As regards the factual situation, it was apparent from the figures given by the Burgomaster and from the reports of the COT Institute for Safety and Crisis Management that preventive searches were having their intended effect of helping to reduce violent crime in Amsterdam. There was always a possibility the applicant might be subjected to a preventive search he found unpleasant and inconvenient if he ventured into the city centre when a designation order was in force. Nevertheless, in the light of the legal framework surrounding such searches and the effectiveness of such searches for their intended purpose, the domestic authorities had been entitled to consider that the public inter- est outweighed any subjective disadvantage caused to the applicant and had given “relevant” and “suf- ficient” reasons for the interference with his right to respect for his private life.
Conclusion: inadmissible (manifestly ill-founded).
(See also Gillan and Quinton v. the United Kingdom, no. 4158/05, 12 January 2010, Information Note no. 126)
Respect for family life/Respect de la vie familiale
Lack of diligence by domestic authorities in executing court order granting biological father custody of abducted child: violation Manque de diligence des autorités dans l’exécution de la décision accordant au père biologique la garde de son enfant soustraite par des tiers : violation
Santos Nunes – Portugal - 61173/08 Judgment/Arrêt 22.5.2012 [Section II]
En fait – Le requérant eut une relation occasion- nelle avec une ressortissante brésilienne de laquelle naquit, en 2002, une fille. En 2003, il reconnut sa paternité à la suite d’une expertise génétique et introduisit une demande d’attribution de l’autorité parentale auprès du ministère public. Il apparut lors de la procédure que la fillette avait été confiée à la garde d’un couple portugais par sa mère. Lors de leur audition, les époux G. précisèrent que la mère leur avait confié son bébé faute de moyens financiers pour l’élever et après avoir signé une déclaration de consentement. Ne pouvant pas procréer, ils se sont ensuite inscrits comme candidats à l’adoption. En juillet 2004, le juge accorda la garde de l’enfant au requérant. Il précisa notamment que, si la situation économique des époux G. était meilleure que celle du requérant, ils avaient toutefois recueilli l’enfant faisant fi des lois et règlements applicables. Peu après, le requérant demanda au tribunal l’exécu- tion forcée de la décision alléguant que les époux G.
avaient refusé de lui confier l’enfant. En 2006, les tentatives de retrouver la fillette étant restées in- fruc tueuses, le juge attribua un caractère d’urgence à la procédure et M. G. fut placé en détention pro visoire. Mme G. se plia alors à la demande du juge de faire examiner l’enfant à l’hôpital. En 2007, à la suite de cet examen, le juge fixa une période transitoire en vue de l’exécution du jugement attri- buant la garde au requérant. L’enfant resta avec les époux G. mais le requérant se vit attribuer un droit de visite. La fillette lui fut remise en décembre 2008. En janvier 2009, après un entretien avec l’en fant, le juge mit fin à la période transitoire et décida qu’elle vivrait dorénavant avec le requérant.
Un droit de visite aux époux G. fut fixé ultérieu- rement. Ceux-ci furent tous deux poursuivis péna- lement et condamnés pour soustraction d’enfant à la peine de deux ans d’emprisonnement avec sursis ainsi qu’au paiement de dommages et intérêts au requérant.
En droit – Article 8 : Quatre années et cinq mois se sont écoulés avant que la décision judiciaire accor dant la garde de l’enfant au requérant ait été exécutée. Le déroulement de la procédure a été mar- qué par le manque de coopération du couple G., qui s’était dérobé successivement aux nombreuses convocations des autorités judiciaires et de police.
L’affaire n’a été traitée en priorité qu’à compter de juin 2006, malgré le fait que le requérant avait alerté les autorités sur le manque de coopération du couple dès juillet 2004. En outre, la Cour s’étonne de l’absence de résultat des efforts des autorités de police en vue de retrouver la trace de l’enfant. Il a fallu attendre la mise en détention provisoire de M. G. pour que Mme G. présente l’enfant aux
14 Article 8 – Article 10 autorités. Cette affaire était particulièrement déli-
cate en raison des retombées médiatiques et de sa nouveauté. En effet, la situation allait au-delà d’un conflit entre les parents biologiques ou entre ceux- ci et l’Etat dans la mesure où des tiers étaient im- pliqués. Cependant, ceci ne dispensait pas les autorités de leurs obligations positives découlant de l’article 8. Il est vrai qu’à partir de 2007, et mal- gré quelques vicissitudes, les juridictions in ternes se sont appliquées, de bonne foi, à préserver le bien- être de l’enfant. Toutefois, les autorités portugaises ont omis de déployer des efforts adéquats et suffisants pour faire respecter les droits du requé- rant, méconnaissant ainsi son droit au respect de sa vie familiale.
Conclusion : violation (unanimité).
Article 41 : 15 000 EUR pour préjudice moral.
ARTICLE 10
Positive obligations/Obligations positives Failure of authorities to take adequate measures to enforce court order allowing journalists access to radio station: violation Incapacité des autorités de prendre des mesures afin d’assurer l’exécution d’une décision judiciaire permettant à des journalistes l’accès à une station de radio : violation
Frăsilă and/et Ciocîrlan – Romania/Roumanie - 25329/03 Judgment/Arrêt 10.5.2012 [Section III]
En fait – Le premier requérant était à la tête de deux sociétés, Radio M Plus et Tele M, qui se partageaient des activités de télédiffusion. En août 2002, à la suite de deux reportages diffusés par Tele M concernant un personnage politique local influent, le requérant, en proie à des pressions financières, se vit contraint à vendre cette société.
Le même jour, les deux sociétés constituèrent une association en participation portant sur la produc- tion et la diffusion de programmes radiophoniques.
Le contrat d’association prévoyait, entre autres, que Radio M Plus, dont le requérant était toujours le gérant et pour laquelle la deuxième requérante tra vaillait en tant que rédactrice, continuerait à émettre depuis son siège qui se trouvait dans le même immeuble que celui de Tele M. Cependant, à partir d’octobre 2002, les requérants se virent refuser l’accès à la rédaction de la station de radio par les représentants de Tele M. Par une décision de
décembre 2002, le tribunal départemental accueil- lit une action en référé des requérants et intima à Tele M de leur permettre d’accéder à la rédaction de Radio M Plus. Cette décision fut confirmée en appel, mais toutes les tentatives d’exécution de cette décision furent vains. Devant la Cour euro péenne, les requérants se plaignent de ce que les autorités compétentes ne les ont pas assistés de manière effec- tive dans leurs démarches d’exécution de la décision définitive de décembre 2002 du tribunal départe- mental, ce qui les a empêchés de travailler en tant que journalistes de radio, portant ainsi atteinte à leur droit à la liberté d’expression.
En droit – Article 10 : Si les autorités n’ont aucune responsabilité directe dans la restriction alléguée à la liberté d’expression des intéressés, il reste à exa- miner si l’Etat défendeur a respecté ou non une éventuelle obligation positive de protéger cette li- berté d’une ingérence d’autrui. La présente affaire concerne le mode d’exercice de la liberté d’expres- sion d’une profession à laquelle la Cour reconnaît un rôle essentiel dans une société démocratique, à savoir celui de « chien de garde ». En outre, l’Etat est l’ultime garant du pluralisme, surtout pour ce qui est des médias audiovisuels dont les programmes se diffusent souvent à très grande échelle. Ce rôle devient d’autant plus indispensable lorsque l’indé- pendance de la presse souffre de pressions exté- rieures exercées par des politiciens et des détenteurs du pouvoir économique. En conséquence, la Cour attache une importance particulière au fait que la liberté de la presse en Roumanie à l’époque des faits n’était pas satisfaisante, la presse locale se trou- vant directement ou indirectement sous le contrôle des responsables politiques ou économiques de la région. En l’espèce, le requérant affirme avoir subi des pressions qui ont abouti à la vente de sa parti- cipation dans une société de télévision. Dans ces conditions, l’Etat était tenu de prendre des mesures efficaces afin d’assister les requérants dans la mise à exécution de la décision définitive qui leur était favorable.
Les requérants ont pris l’initiative d’actes d’exécu- tion suffisants et ont déployé les efforts nécessaires afin d’obtenir l’exécution de la décision définitive.
Or l’essentiel de l’arsenal juridique mis à leur dis- position, à savoir le système des huissiers de justice, s’est montré inadéquat et inefficace. L’huissier n’a pas sollicité l’assistance des forces de police, qui s’im posait eu égard au comportement non coopé- ratif des débiteurs, et n’a fait aucune autre démarche afin d’obtenir l’exécution de la décision en question.
En s’abstenant de prendre des mesures efficaces et nécessaires pour assister les requérants dans l’exécu- tion de la décision judiciaire, les autorités nationales
15 Article 10 – Article 14
ont privé les dispositions de l’article 10 de tout effet utile et ont remis en cause l’exercice de la profession de journaliste de radio par les requérants.
Conclusion : violation (unanimité).
Article 41 : 18 000 EUR conjointement pour dom- mage matériel et préjudice moral.
ARTICLE 14
Discrimination (Article 3 of Protocol No. 1/
du Protocole no 1)
Refusal of financial aid to political party on grounds that it had not received the statutory minimum number of votes (7%) required to be eligible for aid: no violation
Refus de l’Etat d’accorder une aide financière à un parti n’ayant pas atteint le niveau de représentativité de 7 % requis par la loi : non-violation
Özgürlük ve Dayanışma Partisi (ÖDP) – Turkey/Turquie - 7819/03 Judgment/Arrêt 10.5.2012 [Section II]
En fait – Le parti requérant fut autorisé à participer aux élections municipales et législatives de 1999.
Il sollicita à cette occasion le bénéfice de l’aide fi- nan cière accordée aux partis politiques par la Cons- titution. Cette aide lui fut refusée au motif qu’il ne remplissait pas les conditions posées par la loi : être déjà représenté au Parlement ou obtenir au moins 7 % des suffrages exprimés lors des élections précé- dentes. Le parti requérant introduisit un recours en annulation devant le tribunal administratif, arguant de ce qu’il était difficile de mener des acti- vités et campagnes politiques sans les ressources éco nomiques nécessaires et que la décision de refus de l’aide financière était contraire au principe de non-discrimination. Ce recours fut rejeté en 1999 au motif que le parti requérant ne remplissait pas les conditions légales d’attribution de l’aide finan cière.
Ce jugement fut confirmé en 2002 par le Con seil d’Etat. Devant la Cour européenne, le parti requé- rant estime que la décision de refus de lui accorder l’aide financière l’a défavorisé pour les élections de 1999, 2002 et 2007, auxquelles il obtint respecti- vement 0,8 %, 0,34 % et 0,15 % des suffrages exprimés valides.
En droit – Article 14 combiné avec l’article 3 du Protocole no 1 : Le refus d’accorder l’aide financière a eu pour conséquence de rendre plus compliquée la diffusion des opinions politiques du parti requé-
rant au niveau national que ce ne fut le cas pour les partis bénéficiant de cette aide. Le parti requé- rant a donc fait l’objet d’une différence de trai- tement dans l’exercice de ses droits électoraux.
Le financement public des partis politiques est un moyen d’empêcher la corruption et d’éviter leur dépendance excessive à l’égard des donateurs privés.
Il ressort de l’examen des systèmes appliqués dans la plupart des pays européens que les dotations sont réparties selon deux systèmes : de manière stricte- ment égale ou selon le principe d’allocation équi- table. Dans ce dernier cas, un niveau minimum de soutien électoral est presque toujours exigé, et ce dans le but d’éviter une inflation des candidatures.
Aucun des textes portant sur les partis politiques dans un régime démocratique pluraliste adopté par les organes du Conseil de l’Europe ne déclare dérai- sonnable l’exigence imposée par les lois nationales aux partis bénéficiaires de fonds publics de disposer d’un niveau minimum de soutien électoral, ni ne fixe de taux précis en la matière. Il ressort des obser- vations de certaines institutions spécialisées, d’une part, qu’il convient de veiller à ne pas fixer un seuil excessivement élevé sous peine de porter atteinte au pluralisme politique et aux petits partis et, d’autre part, que la formule d’attribution des fonds ne devrait pas non plus permettre que les deux plus grands partis monopolisent la réception des fonds publics.
Le financement public des partis politiques selon un système d’allocation équitable exigeant un niveau minimum de soutien électoral poursuit un but légitime : renforcer le pluralisme démocratique tout en évitant une fragmentation excessive et non fonctionnelle des candidatures. Le minimum de repré sentativité exigé en Turquie des partis pré- tendant à un financement public est le plus élevé d’Europe (7 %). Toutefois, pendant les périodes en cause, ce seuil n’a pas eu pour effet de conférer un monopole de l’aide financière aux partis poli- tiques représentés au Parlement. En outre, les ré- sultats du parti requérant aux élections législatives de 1999, 2002 et 2007 sont largement inférieurs à 7 % et ne lui aurait pas permis d’obtenir une aide dans plusieurs autres Etats européens. Le parti re- qué rant n’est pas parvenu à prouver qu’il bénéficiait d’un soutien de l’électorat turc lui conférant une représentativité non négligeable. Enfin, l’Etat fournit aux partis politiques d’autres formes de soutien public, parmi lesquels les exemptions d’im- pôt sur certains de leurs revenus et l’allocation d’un temps d’antenne lors des périodes de campagne électorale. Or le parti requérant a bénéficié de ces formes de soutien public correctif. Le système d’attribution de l’aide financière est proportionné
16 Article 14 – Article 34 compte tenu de sa portée et des correctifs dont il
se trouve assorti. Par conséquent, le refus d’accorder l’aide financière directe au parti requérant au motif qu’il n’avait pas atteint le niveau minimum de représentativité de 7 % requis par la loi repose sur une justification objective et raisonnable. Il n’a pas porté atteinte à la substance même du droit à la libre expression du peuple.
Conclusion : non-violation (cinq voix contre deux).
ARTICLE 34
Hinder the exercise of the right of petition/
Entraver l’exercice du droit de recours Failure to comply with interim measure indicated by Court on account of real risk of torture: violation
Non-observation de la mesure provisoire indiquée par la Cour, qui a prié l’Etat défendeur de ne pas expulser le requérant en raison de risques réels de torture : violation
Labsi – Slovakia/Slovaquie - 33809/08 Judgment/Arrêt 15.5.2012 [Section III]
Facts – The applicant, an Algerian national, married a Slovak national in London in 2001. He was later extradited to France on terrorism related charges and given a five-year prison sentence. Following his release, he travelled to Slovakia, where he made three unsuccessful attempts to obtain asylum. In 2006 the Slovakian immigration authorities ordered his expulsion and banned him from re- entering the country for ten years. The Algerian authorities subsequently requested his extradition to Algeria where in 2005 he had been sentenced in his absence to life imprisonment for membership of a terrorist organisation and forgery. In 2008 the Slovak Supreme Court ruled that the applicant could not be extradited to Algeria owing to the risk that he would be subjected to torture and the Euro- pean Court issued an interim measure under Rule 39 of its Rules requiring the Slovak authorities not to extradite him. In March 2010 the Supreme Court upheld the immigration authorities’ original decision in 2006 to expel the applicant after find- ing that he represented a safety risk in Slovakia on account of his involvement in terrorism. On being informed of this situation, the European Court spe cifically informed the Slovak Government that the Rule 39 interim measure remained in force pend ing a possible constitutional complaint by the
applicant. The applicant was nevertheless expelled to Algeria three days later.
Law – Article 3: The assurances the Slovak Govern- ment had received from the Algerian authorities were of a general nature and had to be considered in the light of the information available on the human-rights situation obtaining in Algeria. From the material before the Court – including reports from international bodies and the findings of the Slovakian authorities themselves – it was clear that, at the time of his expulsion, there had been sub- stantial grounds for believing that the applicant faced a real risk of being subjected to treatment con trary to Article 3 in Algeria. The argument that the expulsion had nevertheless been justified be- cause he represented a security risk could not be accepted because of the absolute nature of the guar- antee under Article 3. The applicant was reported to have been detained by Algerian Intelligence for twelve days following his return to Algeria and there had been no follow-up to the request for a visit by a Slovak official to check compliance with the Algerian authorities’ assurances as regards his treatment. The guarantees that he would be pro- tected against the risk of ill-treatment had thus been insufficient.
Conclusion: violation (unanimously).
Article 13: The applicant’s expulsion to Algeria just one working day after he was served with the Supreme Court’s judgment of March 2010 had de prived him of an effective remedy as it had pre- vented him from seeking redress through a con- stitutional complaint (the time for lodging a com- plaint only started to run from the date of the final effect of the impugned decision and the complaint had to be accompanied by the decision).
Conclusion: violation (unanimously).
Article 34: The level of protection the Court was able to afford the rights the applicant was asserting under Article 3 had been irreversibly reduced by his expulsion to Algeria. The expulsion had oc- curred prior to the exchange of the parties’ obser- vations on the admissibility and merits of the application. The applicant’s representative had lost contact with him since his expulsion and, as a result, the gathering of evidence in support of the applicant’s allegations had proved more complex.
The Court had thus been prevented by the ap- plicant’s expulsion from conducting a proper exam- ination of his complaints in accordance with its settled practice in similar cases. It had further been prevented from protecting the applicant against a real risk of ill-treatment. The applicant had thus
17 Article 34 – Article 35 § 1
been hindered in the effective exercise of his right of individual application.
Conclusion: violation (unanimously).
Article 41: EUR 15,000 in respect of non- pecuniary damage.
(See also Mannai v. Italy, no. 9961/10, 27 March 2012, Information Note no. 150)
ARTICLE 35
Article 35 § 1Exhaustion of domestic remedies/Epuisement des voies de recours internes
Inability, owing to particularly strict
interpretation of a procedural rule, to obtain hearing of application: preliminary objection dismissed; admissible
Interprétation particulièrement stricte d’une règle de procédure rendant impossible l’examen d’un recours : exception préliminaire rejetée ; recevable
UTE Saur Vallnet – Andorra/Andorre - 16047/10 Judgment/Arrêt 29.5.2012 [Section III]
En fait – La requérante est une union temporaire d’entreprises. En 2007, le ministre de l’Aménage- ment du territoire lui imposa deux sanctions admi- nistratives. La requérante introduisit un recours contre ces décisions ministérielles dont elle fut dé- boutée en 2008. Le 14 septembre 2009, la chambre administrative du Tribunal supérieur de jus tice con- firma le jugement de première ins tance. Le 1er oc- tobre 2009, la requérante présenta deux recours en nullité, dont un pour dénoncer le manque d’im- partialité et d’indépendance du ma gis trat rappor- teur de la chambre administrative, lequel était éga- lement associé et membre du conseil d’admi nis tration d’un cabinet d’avocats espagnol qui prêtait des services de conseil juridique au gouvernement andorran depuis 2002. Etait joint à sa demande un document extrait du site web du cabinet d’avocats qui avait été consulté et imprimé le 24 septembre 2009. Le Tribunal supérieur de jus tice décida de joindre les deux demandes et les rejeta pour tardi- veté, le délai de recours étant de quinze jours calen- daires à compter de la notification du jugement ou de la date à laquelle l’intéressé a eu connaissance de la violation du droit qu’il entend faire valoir. La requérante forma un recours d’empara devant le
Tribunal constitutionnel qui fut déclaré irrecevable.
La haute juridiction indiqua que la requérante ne pouvait pas se prévaloir d’un « fait nouveau », la situation du magistrat étant un fait objectif et public depuis des années et la requé rante n’ayant pas prouvé qu’elle n’en avait effec tivement eu con naissance que le jour où elle avait for mé sa demande. En 2011, dans le cadre de la procédure d’exécution du jugement de 2008 enta mée par le gouvernement, la chambre pénale du Tribunal supérieur de justice fit droit à la demande de récu- sation concernant le magistrat en question, après avoir vérifié auprès du gouvernement la véra cité de certains documents présentés par la requé rante. Le magistrat rapporteur fut remplacé.
En droit – Article 35 § 1 : Le Gouvernement excipe du non-épuisement des voies de recours internes, affirmant que la requérante n’a pas respecté le délai légal pour introduire le recours en nullité. Cepen- dant, le délai de recours ne peut courir qu’à compter du jour où celui qui l’invoque est en mesure d’agir valablement. Les deux demandes en nullité, pré- sentées par la requérante et fondées sur des motifs différents, méritaient une réponse différenciée de la part des tribunaux. Concernant le recours en nullité alléguant du manque d’impartialité du ma- gis trat rapporteur, il est vrai que la requérante n’a pu fournir la preuve du moment où elle a eu con- nais sance de la situation du magistrat rapporteur.
Il est toutefois peu probable qu’une telle preuve puisse être apportée. A supposer même que la requérante ait eu connaissance de la situation du magistrat le 24 septembre 2009, comme le prétend le Gouvernement, elle a de toute façon soumis son recours en nullité le 1er octobre 2009, soit bien dans le délai légal de quinze jours. On ne peut reprocher à la requérante d’avoir agi avec négligence, ni d’avoir commis une erreur, compte tenu du fait que le dies a quo était controversé et que la chambre administrative du Tribunal supérieur de justice n’a procédé à aucune vérification des craintes sur lesquelles le recours était fondé. Ces vérifications ont été menées ultérieurement par la chambre pénale du Tribunal supérieur de justice qui a fait droit à la demande de récusation de la requérante. L’inter- prétation particulièrement stricte faite par la cham- bre administrative du Tribunal supérieur de justice et par le Tribunal constitutionnel d’une règle de procédure a privé la requérante de la possibilité de faire examiner son recours en nullité.
Conclusion : exception préliminaire rejetée ; rece- vable (unanimité).
Par ailleurs, la Cour conclut à une violation de l’ar- ticle 6 § 1 en raison du manque d’impartialité de