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Salesiana Historica

LES ORIGINES DES OEUVRES SALÉSIENNES EN BELGIQUE (1891 -1914)

Albert Druart

Le 15 mai 1891, Leon X III publiait l ’encyclique Rerum Novarum, premier document fondamental de l ’Eglise sur la condition ouvrière. Quelques mois plus tard, le 8 décembre 1891, à la demande de l’évèque de Liège, V.-J. Doutre- loux, les Salésiens de Don Bosco ouvraient leur première maison en Belgique.

Il y a plus qu’une coincidence entre ces deux événements. Les religieux, qui étaient appelés dans un cadre précis de rénovation de la vie sociale, ont-ils pris leur part dans cette entreprise? La question vaut la peine d’ètre posée. Après plus de 80 ans de présence en Belgique, la Congrégation salésienne offre un visage différent de celui qu’elle présentait en 1914. Pouvait-on prévoir cette transformation? Le service salésien aux jeunes visait les plus déshérités d’entre eux; cette préoccupation d’aller vers les plus pauvres s’est-elle maintenue parmi les Salésiens?

Toutes ces questions ont provoqué une réflexion sur les premières oeuvres salésiennes en Belgique. Pour ce faire, il fallait reconstituer les diverses phases de l’installation des Salésiens en Belgique, considérer leur développement et celui de leurs oeuvres et s’interroger sur les sens profonds de leur action.

Ne pouvant considérer les 85 ans de présences salésienne en Belgique, on a voulu s’arréter sur les 23 premières années, de 1891 à 1914. Le terme ultime se justifie aisément. La première guerre mondiale, par les bouleverse- ments qu’elle a provoqués, a terminé ce long XlXème siècle, qui s’était prolongé durant les premières années du XXème. Les oeuvres salésiennes, installées en 1891, avaient déjà près de 25 ans d’existence; elles présentaient dès lors assez d’éléments se prètant à une analyse. On disposait en mème temps du recul nécessaire à l’histoire et d’une documentation suffisante pour mener à bien les recherches. On livrera ici une partie des résultats de cette enquète. Après

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une brève évocation des vingt-trois premières années de présence salésienne en Belgique, on s’arrétera plus longuement sur les significations de l ’installation de ces religieux dans ce pays.

I. Les faits

La période que nous considérons (1891-1914) couvre à peu de chose près le temps dune generation; elle peut elle-mème se subdiviser en deux étapes: les premières fondations, de 1891 à 1902, et les premiers temps de la province de l’Immaculée Conception de 1902 à 1914. En 1902 en effet, les maisons belges avaient été détachées de la province France-nord pour former une province religieuse.1

Les premières fondations

Durant les premiers temps de leur présence en Belgique, les religieux salé- siens ouvrirent quatre maisons: Liège (1891), Tournai (1895), Hechtel (1896) et Verviers (1900). Pendant cette mème période, ils furent sollicités à de nombreuses reprises de prendre en charge d’autres oeuvres dans divers lieux de ce pays.

Si les premiers Salésiens n’arrivèrent à Liège qu’en 1891, on avait déjà suggéré à Don Bosco de se rendre en Belgique dès 1867. Mais celui-ci n’en fit rien.2 Il décida, par contre, en 1887 que ses fils répondraient à l’invitation de Monseigneur Doutreloux.3 Ce dernier lui avait écrit en 1883 une longue lettre le priant d’envoyer quelques religieux pour établir une maison dans sa ville épiscopale.4 Il lui fallut attendre huit ans pour voir son voeu se réaliser. En effet, le fondateur des Salésiens ne prit la décision formelle d’envoyer ses fils à Liège que le matin du 8 décembre 1887 dans des circonstances que

1 On trouvera un récit plus circonstancié sur les origines des oeuvres salésiennes en Bel­

gique in A. Druart, Les débuts des Salésiens de Don Bosco en Belgique (1891-1914), Louvain, 1975, polycopié.

2 Lettre du comte Francesco Saverio di Collegno au chevalier Oreglia, le 25 aoùt 1867, in Memorie Biografiche, t. V i li , pp. 915-916. On n’en a pas retrouvé l’originai.

3 Victor-Joseph Do utreloux (Chènée 1837 - Liège 1901), docteur en théologie de l’Université grégorienne, prétre en 1861, directeur du petit séminaire Saint-Roch 1865- 1871, président du grand séminaire de Liège 1871-1875, coadjuteur de Monseigneur de Montpellier en 1871, évèque de Liège 1879-1901. Preoccupò du sort des ouvriers, il fut à la base de nombreuses initiatives en leur faveur. Sur son action politico-sociale, voir P. Ge r in, La démocratie chrétienne dans les relations Eglise-Etat à la fin du XlXèm e siècle. L'action de Mgr. Doutreloux, in L ’Eglise et l ’Etat à l'époque contemporaine, Me- langes dédiés à la tnémoire de Mgr. Alois Simon, Bruxelles, 1975, pp. 225-287.

4 Lettre de Monseigneur Doutreloux à Don Bosco, le 19 aoùt 1883, citée in J. Mo erm a ns, Circulaire n° 34, Woluwé-Saint Pierre, 14 novembre 1941, polycopié. On n’en a pas retrouvé l ’originai. Voir le texte de cette lettre en annexe.

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l’on s’accorde à reconnaìtre providentielles.5 Entretemps une correspondance s’était échangée entre Liège et Turiti.6

Les premiers religieux arrivèrent à Liège le 4 novembre 1891 et ouvrirent l’orphelinat Saint-Jean Berchmans le 8 décembre de la mème année.7 Les années comprises entre 1887 et 1891 furent mises à profit pour entreprendre la construction des bàtiments destinés aux Salésiens et pour préparer la population belge à leur venue.8 Entretemps Don Bosco avait regu d ’autres propositions de fondation en Fiandre orientale (1883), à Tournai (1886), à Longlier (1886), à Wareghem (1891), à La Louvière (1891) et à Jemappes (1891), mais aucune de ces propositions ne fut retenue.9

Dès 1889, par contre, on voit s'entreprendre de nouvelles négociations pour ouvrir un orphelinat à Tournai. Celles-ci n’aboutirent qu’en 1895, car les diverses parties —- les Salésiens, Aglaé-Colette Verdure, la fondatrice, et Leveque de Tournai, Monseigneur Du Rousseaux — ne parvinrent que diffici- lement à se mettre d’accord.10 il Quoiqu’il en soit, après de pénibles tractations, les Salésiens furent admis à prendre possession de l’ancien orphelinat Saint- Philippe le 8 décembre 1895; ils l’appelèrent l’orphelinat Saint-Charles en souvenir de Charles Verdure, frère de la fondatrice."

Possédant déjà deux institutions en Belgique, les Salésiens éprouvèrent le besoin d ’ouvrir une maison de noviciat destinée à former le personnel religieux indispensable au développement de leurs oeuvres. L ’occasion leur en fut donnée

5 W.S.L. (Woluwé-Saint-Lambert), A rcb ives provin ciales, Lettre de Ch. Viglietti à F. Scaloni, le 15 février 1908. Le récit de cet épisode est rapporté in Memorie Biografiche, t. X V III, pp. 436-439 et in A n n ali, t. I, p. 616.

6 Voir A.C.S. (Archivio centrale salesiano), 126.1 Doutreloux et 126.2 Doutreloux.

7 Lettre de Monseigneur Doutreloux à F. Scaloni, le 17 aout 1891, in J. Mo e r- m a n s, op. cit., p. 9; on n’en a pas retrouvé l’originai. Evèché de Liège, Fonds Doutreloux, 22 Salésiens, Lettre de F. Scaloni à Monseigneur Doutreloux, le 20 aoùt 1891,

8 J(oseph) B (e g a s s e), Une visite à Don Bosco, in « Gazette le Liège », Supplé- ment du 5 février 1888, repris in « Bulletin Salésien », février 1888, pp. 18-21, publié également in Memorie Biografiche, t. X V III, pp. 793-798. H. La u sc h er, Dom Bosco et ses oeuvres sociales, in Tracts populaires, Verviers, 1888; sur l ’identité de l’auteur de cette plaquette voir «Bulletin Salésien», mai-juin 1900, p. 116. V.-J. Do utrelo ux, La religion dans l ’éducation, Lettre pastorale, Liège, 1888, pp. 14-16. C. Wo e st e, Les vagabonds de Don Bosco, in « Revue Générale », février 1891, pp. 161-176. Assemblée générale des catholiques en Belgique. Session de 1891, Malines, t. II, 1893, pp. 240-251.

9 A.C.S., 126.2 Monin, Lettre de la baronne de Monin à Don Bosco, le 14, aoùt 1883. Segreteria generale, Capitolo superiore, seduta del 11 giugno in Verbali, t. I, p. 92 r°. A.C.S., 126.2 Hauzeur, Lettre de Hyacinthe Hauzeur à Don Bosco, le 18 aoùt 1886.

A.C.S. 381 La Louvière (1891); 381 Waereghem (1891); 381 Jemappes (1891).

10 Colette-Aglaé Verdure (Tournai 1815-1896); voir Bulletin Salésien, mai 1896, pp. 123-124. Isidore-Joseph D u Ro u sse a u x (Hai 1826-Tournai 1897), ordonné prètte en 1849, il devint supérieur du petit séminaire de Malines en 1868 après y avoir été profes- seur pendant dix-neuf ans. Désigné comme administrateur du diocèse de Tournai en 1878, il en devint l’évéque en 1880, A.C.S., 38 Tournai, Oratorio S. Carlo I et IL

11 Economato generale, C op ie C onvenzioni, t. II, pp. 51-51. «Bulletin Salésien», février 1896, p. 50.

Charles Verdure (Tournai 1813-1888) industrie!.

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en 1896. Une curé du Limbourg leur avait offert dès 1894 à Hechtel une petite propriété pour en faire une école agricole. Celle-ci convenait peu à la destination souhaitée par le donateur; les Salésiens préférèrent en faire, avec l’accord du propriétaire et après quelques aménagements, un noviciat qu’ils ouvrirent solennellement le 15 décembre 1896.12

Après ces deux fondations successives, le développement des oeuvres salésiennes belges marqua une brève pause. On attendit en effet 1900 pour ouvrir une nouvelle maison dans le diocèse de Liège — la troisième — à Verviers, que Monseigneur Doutreloux demandait depuis 1897.13 II s’agissait de prendre la direction de la « Société des jeunes ouvriers » et du « Cercle des vétérans » qui avaient été fondés par Pierre Limbourg respectivement en 1864 et en 1885.14 Pendant ce temps, les propositions d ’oeuvres nouvelles continuaient d ’arriver à Turin. Entre 1892 et 1900, on re$ut des demandes de Virton (1892), Anvers (1894), Cruyshautem (1894), Louvain (1896), Gesseghem (1899) et Courtrai (1900).15 Mais la pénuire de personnel qui frappait la Congrégation ne permit d ’honorer aucune de ces demandes.

En 1902, les quatre maisons belges, auxquelles on joindra deux oeuvres suisses seront constituées en province religieuse indépendante, la Province de l’Immaculée Conception, avec à sa tète Francois Scaloni.16 Cette province comp- tait, en Belgique, 61 religieux répartis dans 4 maisons. Une nouvelle étape commence.

12 Hechtel, commune de la province de Limbourg, à cette epoque dans le diocèse de Liège.

A.C.S., 38(49) Hechtel: Relazione, Brève chronique; Annali, t. II, pp. 656-657.

13 A.C.S., 38 Verviers-, Scuola tecnica Alberto I, Corrispondenza, Lettre de Mon­

seigneur Doutreloux à Don Rua, le 16 aoùt 1897.

14 Pierre Limbourg (Verviers 1843-1912), avocat, rédacteur de la Gazette du peuple de Verviers, cheville ouvrière des oeuvres catholiques de cette ville. Sur les cercles ouvriers, on consulterà utilement P. Ger in, Social-katholieke verenigingen van de arbei- ders, in 130 jaar katholieke arbeidersbeivegìng in Belgio 1789-1939, sous la dir. De S.M.

Scholl, Bruxelles, t. I, 1963, pp. 276-293.

15 A.C.S., 381 Virton; 381 Anvers; 3122 Belgio-Nord 1891-1912; Segreteria gene­

rale, Capitolo superiore, seduta del 20 luglio 1896, in Verbali, t. I, p . 150 V °, seduta del 11 dicembre 1899, in Ibidem, p. 176 r'°, et seduta del 23 ottobre 1900, in Ibidem, p. 185 r°.

16 Belgio e Svizzera. Ispettoria deU’Immacolata Concezione (fondata nel 1901; eretta canonicamente con decreto 20 gennaio 1902), Società di San Francesco di Sales, Antico Continente, s.L, 1903, p. 63. Il avait été question en 1897 dejà, d ’ériger les maisons salé­

siennes de Belgique en une province indépendante. Voir Segreteria generale, Capitolo superiore, seduta del 16 novembr 1897, in Verbali, t. I, p. 160 v°. Voir une copie du décret d ’érection canonique de la Province belge et du noviciat d ’Hechtel in A.C.S., 311 Belgio-Nord.

Francois Sc a l o n i (Monterubiano, Italie 1861 - Elisabethville, Congo Belge 1926), prètre salésien italien, directeur-fondateur de l ’orphelinat Saint-Jean Berchmans à Liège 1891-1902, provincial de la Province belge 1902-1919, provincial de la Province anglaise 1919-1926. Il est l’auteur de divers ouvrages, entre autres Capital et travati. Manuel populaire d ’économie sociale, Liège, 1902; Le socialismo. Son oeuvre de démolition reli­

gieuse, morale et économique, Liège, 1918 (reprise du précédent remanié et complété).

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La province religieuse

La jeune province conserverà durant les douze premières années de son existence le rythme de croissance de ses débuts: entre 1902 et 1914, les religieux ouvriront 6 oeuvres nouvelles, ils recevront d’autre part autant de propositions de fondation.

Dès l’année de son érection canonique, la province se verrà augmentée de deux maisons, l’une à Liège et l ’autre à Gand. A Liège, les appels réitérés de Monseigneur Doutreloux pressaient depuis 1899, les Salésiens de prendre en charge un foyer de jeunes ouvriers que l’évèque comptait ouvrir avec Laide du baron de la Rousselière.17 Cette oeuvre vit le jour le 27 avril 1902.18 Quelques mois plus tard, le 29 septembre, les religieux reprenaient la direction de Lorphelinat Saint-Joseph fondé en 1867 par le comte Joseph de Hemptinne et confié jusque là aux Frères de Notre-Dame de Lourdes.19 En 1903, Loccasion fut offerte au pére Scaloni d’ouvrir un scolasticat de théologie.

Une dame charitable proposait aux religieux de construire le séminaire dont ils avaient besoin, à condition qu’ils acceptent de désservir la chapelle qu’elle voulait édifier à Grand-Bigard.20 L ’accord se fit avec Lautorisation du Cardinal Goossens, archevéque de Malines, qui avait Grand-Bigard sour sa juridiction.21 Les premiers scolastiques s’y installèrent au début de 1904.

Après cette date, le rythme des fondations se relantit quelque peu; on n’ouvrit plus que trois petites maisons: en 1907, une école moyenne à Aywaille, en 1909, une école primaire à Antoing avant d ’établir une école primaire dans Lagglomération bruxelloise, à Ixelles en 1910.22

Ce ralentissement n’est pas imputable au manque de propositions de fon­

dations; seules les difficultés de personnel interdisaient aux religieux de croitre davantage. On sollicita à de nombreuses reprises le zèle des fils de Don Bosco;

on leur proposa de s’installer en 1902 dans le Limbourg, région qui s’ouvrait à Lindustrialisation, en 1904 à Anvers, en 1905 à Thielt, en 1907 à Ruremonde

17 A.C.S., 38 Verviers: Scuola tecnica Alberto I, Corrispondenza, Lettre de Monsei­

gneur Doutreloux à Don Rua, le 3 septembre 1899.

18 « Bulletin Salésien », juillet 1902, pp. 178-179.

19 A.C.S., 329 St Denijs Westrem, Historique de l’Institut Saint-Joseph. Joseph de

He m p t i n n e (Gand 1822-1909), industriel gantois, un des fondateurs du Bien Public (journal catholique conservateur); il était une figure de proue de Fultramontanisme en Belgique. Economato generale, Copie Convenzioni, t. II, p. 191.

20 « Bulletin Salésien », février 1913, p. 53.

21 W.S.P. (Woluwé-Saint-Pierre), Centraal archief, Groot Bijgaarden, lettre du Car­

dinal Goossens à F. Scaloni, le 28 octobre 1903. Pierre-Lambert Goossens (Perde 1827- Malines 1906), cardinal-archevèque de Malines. Ordonné prétre en 1850, il fut élu évéque de Namur en 1883 avant de devenir, le 24 mars 1884, archevéque de Malines.

22 W.S.L., Archives provinciales, Remouchamps, minute de la lettre de F. Scaloni à Monseigneur Rutten, le 17 décembre 1907 et lettre de Monseigneur Rutten à F. Scaloni, le 19 décembre 1907. 1909-1919. 1897-1919, Xème anniversaire de Fècole du Sacré-Coeur.

XXIIètne anniversaire du Patronage du Sacré-Coeur, Antoing, 1919, p. 7. «Bulletin Salésien », décembre 1909, p. 319.

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(Hollande), à Ypres en 1907 et en 1908, l’évèque de Tournai leur offrit de s’installer dans n’importe quelle paroisse de la région du Centre.23 Aucune de ces propositions ne fut agréée. En 1910, cependant, les supérieurs salésiens acceptèrent l’offre du Ministre des Colonies de s’installer au Katanga, l’actuel Shaba: les six premiers missionnaires quittèrent la Belgique en 1911.24

Ce rapide survol met en relief le dynamisme avec lequel les Salésiens se sont propagés en Belgique: dix oeuvres en l’espace de 23 ans et l’établissement d’une mission en Afrique centrale.

II. Les significations d’une installation

Après avoir, évoqué la croissance rapide des oeuvres salésiennes, on vou- drait pousser l’analyse plus avant et s’interroger sur les sens profonds de cette installation.

A partir d’un essai de typologie des institutions dirigées par les Salésiens en Belgique et de constantes dégagées de l’histoire des foundations, on s’efforcera de mettre en lumière les buts voulus et ceux effectivement réalisés des oeuvres salésiennes. On sera alors en mesure d’évaluer la part assumée par ces religieux dans la solution de la question sociale.

Dix o eu v r es en Belg iq u e

On voudrait maintenant répondre à quelques questions qui éclai- reront l’histoire salésienne en Belgique de 1891 à 1914. Les supérieurs salésiens avaient-ils une politique de fondation? Quels sont les éléments qui déterminent une fondation? Avec le recul du temps, peut-on dire que les implantations retenues paraissent avoir été les meilleures? Mais avant tout, il semble utile de tenter un essai de typologie des oeuvres salésiennes exis- tantes en 1914.

Les fondations salésiennes ne revètent pas toutes la mème importance.

23 A.C.S., 3122 Belgio-Nord 1891-1912, Lettre de F. Scaloni à C. Durando, le 25 juillet 1902. A.C.S., 381 Anvers, Lettre de S. Wégimont à Don Rua, le 31 décembre 1904.

Segreteria generale, Capitolo superiore, seduta del 5 dicembre 1905, in Verbali, t. II, p. 56. A.C.S., 3122 Belgio-Nord, Lettre de F. Scaloni à P. Albera, le 23 décembre 19'07.

W.S.L., Archives provinciales, Procès-verbaux, réunions du 19 décembre 1907 et du 22 février 1908; A.C.S., 381 Ypres, Lettre de F. Scaloni, le 12 juin 1914; W.S.P., Centraal archief, St Denijs Westrem, Lettre de F. Scaloni à P. Virion, le 20 mars 1923. A.C.S.

381 Tournai, Lettre de C.-G. à Don Rua, le 6 mai 1908 (Il s’agit de Charles-Gustave

Wa l r a v e n s [Enghien 1841 - Tournai 1915] évèque de Tournai en 1897). Le Centre est une des régions industrielles du diocèse de Tournai.

24 Collège Saint-Franqois de Sales 1912-1932, Elisabethville, 1952, pp. 7-8.

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On peut, par exemple, opérer un premier classement en tenant compte de Pimportance du personnel religieux engagé dans la bonne marche de l’oeuvre.

Certaines réclamaient un personnel nombreux: Liège (Saint-Jean Berchmans), Tournai, Gand; d’autres s’accomodaient d’un personnel restreint: Verviers, Liège (Maison de famille), Aywaille, Antoing, Ixelles. En fait, seuls les orphe- linats bénéficiaient d ’un personnel important. Il ne fait pas de doute que l’encadrement de deux cents orphelins exige davantage de personnel religieux que la direction d’oeuvres externes ou d’un foyer de jeunes travailleurs. D ’autant plus que les Salésiens entretenaient certaines préventions à l’égard d’un per­

sonnel la'ic.25 Celui-ci est demeuré de longues années une exception dans les maisons salésiennes. On n’engageait que les contremaìtres indispensables au bon fonctionnement des ateliers de l’école professionnelle; pour les classes d’enseignement secondaire, on s’effor^ait de constituer un corps professerai homogène, compose de seuls Salésiens. L ’engagement en grand nombre de laics dans les institutions salésiennes reste un phénomène récent, lié pour une bonne part à l’évolution de la législation belge sur l’enseignement. Ce qui n’entraìne pas le fait que l’acceptation de membres laiques procède des seules raisons financières. Les Salésiens étaient convaincus de l’opportunité d’un corps professoral composé uniquement de prètres et de religieux pour la sauvegarde d’un esprit.

Outre cette classification sur base du nombre de membres du personnel engagés dans la marche de l’oeuvre, on peut introduire un autre critère lié à la spécificité de l ’oeuvre. A cet égard, les fondations salésiennes se répartissent en quatre catégories: les orphelinats, les écoles, les oeuvres externes et les maisons nécessaires au développement de la Congrégation.

Dans ce dernier groupe viennent se ranger les résidences d ’Hechtel et de Grand-Bigard. La première est le noviciat, où les candidats à la vie salésienne se préparaient à la profession religieuse. Elle fut en outre, jusqu’en 1904, sco- lasticat de philosophie et de théologie.26 En février 1899, les Supérieurs adjoigni-

25 L. Sicard, Chronique manuscrite de l’Institut Saint-Philippe de Néri, Ixelles, 1910, p. 4.

26 Selon les indications de la minute d ’une lettre adressée à « Monsieur le Vicaire generai »: « Les élèves qui y sont admis sont tous des candidats à la vie sacerdotale.

Pour y ètre admis, il est nécessaire, . . . , d’avoir terminé les humanités latines, et de se destiner à la vie sacerdotale dans la pieuse société de St Francois de Sales fondée par Don Bosco... Ces étudiants font dans cette maison durant trois ans les études complètes de philosophie et de théologie fondamentale sous la direction de professeurs ecclésiasti- ques ». La minute, qui ne porte ni date ni signature, est vraisemblement antérieure à 1904, année où fut ouvert le scolasticat de Grand-Bigard. W.S.P., Centraal Archief, Hechtel.

Ce document peut amener à penser que la maison d’Hechtel n’abritait que la philo­

sophie et la première année de théologie. On n’a pu faire la lumière totale sur cette question. Les affirmations contenues dans les textes ne correspondent pas toujours aux témoignages que l’on a recueillis. On peut établir néammoins quelques certitudes. Les Salésiens ont eu en Belgique des maisons de formation et d ’études: depuis 1896, ils possédaient une maison de noviciat et, depuis 1904, un scolasticat de théologie. On sait

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rent au noviciat une serie d’oeuvres diverses au Service de la population du village d’Hechtel: un patronage, un cours de catéchisme, une confrérie, une ligue antialcoolique, una caisse d’épargne et une école du soir pour les jeune.s gens de plus de quatorze ans.27 Suite au vote par le parlement frangais des lois sur les congrégations religieuses en 1901, le noviciat belge accueillit un certain nombre de novices franpais.28 Rapidement le petit noviciat acquit un caractère international. En 1906, il abritait les novices de quatre nationalités: belges, hollandais, frangais et allemands.29 Pendant quelques années, selon la coutume dans de nombreuses congrégations religieuses, les jeunes Salésiens terminaient à Hechtel, après le noviciat, leur formation secondaire.30 Le noviciat fut trans- féré à Grand-Bigard en 1919.31

La seconde maison qui entre dans la catégorie des oeuvres servant au développement de la congrégation est le scolasticat de Grand-Bigard fondé gràce aux libéralités de Madame Jules Mention.32 Cette maison « se propose corame but unique la formation intellectuelle et morale des jeunes étudiants, en vue du sacerdoce ».33 « C ’est une maison de formation où, après différentes probations, les jeunes religieux salésiens viennent passer quatre ans, pour se préparer, dans le recueillement et l’étude de la théologie et des autres Sciences ecclésiastiques, à la mission importante de prètres éducateurs ».34 Cette mission, les Salésiens l’exerceront dans des orphelinats, des écoles et dans d’autres oeuvres externes.

Les orphelinats constituent assurément l’oeuvre salésienne par excellence.

En 1914, les Salésiens en dirigeaient trois en Belgique: Liège, Tournai et Gand.

Dans cette fin du XlXème siècle, le problème de la protection de la jeunesse

qu’en plus du noviciat d ’Hechtel, les orphelinats accueillaient quelques jeunes gens se destinant à la vie salésienne. En ce qui concerne la formation philosophique et théolo- gique, il est établi que, depuis 1891 et jusque dans les années 1930, un certain nombre de clercs salésiens l’acquéraient par eux-mèmes dans les maisons. Cependant, entre 1896 et 1904, la maison d’Hechtel a toujours abrité le séminaire de philosophie et mème de théologie où les clercs qui n’étaient pas indispensables au bon fonctionnement des oeu­

vres, poursuivaient leurs études. Après 1904, Hechtel est demeuré scolasticat de phi­

losophie.

27 « Bulletin Salésien », mai 1901, pp. 123-124.

28 J. M. Besla y Histoire des fondations salésiennes de trance, livre II, 1888-191)3, Paris, 1958, pp. 133 et 154; «Bulletin Salésien», juillet 1902, p. 180.

29 « Bulletin Salésien », juillet 1906, p. 185.

30 1887-1912. Au Reverendissime Don Paul Albera, supérieur generai de la pieuse Société de Saint Franpoise de Sales, à l ’occasion du XXVe Anniversaire de l’acceptation de l’oeuvre salésienne à Liège par le vénérable Don Bosco et du Couronnement de N.D.

Auxiliatrice, le 26 mai 1912, Liège, 1912, p. 39.

31 W.S.P., Centraal Archief, Groot-Bijgaarden, Décret d’autorisation du transfert du noviciat d ’Hechtel à Grand-Bigard, le 19 aoùt 1919.

32 Concernant Madame Jules Mention, voir l ’« Ami des Anciens », juin, 1921, pp. 5-8.

33 W.S.P., Centraal Archief, Groot-Bijgaarden, Minute de la lettre de F. Scaloni au Consul d’Allemagne à Bruxelles, s.d..

34 1887-191? Au Révérendissime Don Paul TUbera..., p. 55.

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se posait en termes aigus. De nombreuses oeuvres avaient été fondées avec cet objectif dans notre pays.35 Le Congrès catholique de Malines de 1891 avait inscrit ce problème à son ordre du jour en préconisant l’orphelinat salésien comme solution.36 Les Salésiens avaient été appelés en Belgique « pour recueillir les pauvres enfants que la misère, la négligence ou la mort des parents a jetés à la rue, et que le vagabondage prépare à tous les vices et à tous crimes, en faire des ouvriers honnètes, des membres utiles à la société humaine, des chrétiens fervents et parfois mème des ministres du sanctuaire ».37 C’est ce que Don Bosco avait fait à Turin et c’est ce que les Salésiens feront en Belgique.

A coté de l’orphelinat, les religieux entretiendront des classes primaires, une école secondaire et une école professionnelle qui lui seront annexées.38 En effet, nous le verrons plus en détail, l’oeuvre salésienne aura un doublé but: la for- mation d ’ouvriers chrétiens et l’éducation des jeunes aspirants au sacerdoce.39 L ’école secondaire ne vise pas la masse, elle est réservée à ceux qui manifestent le désir d’accèder au sacerdoce et qui en sont reconnus capables. L ’école pro­

fessionnelle avait pour raison d ’instruire, éclairer et moraliser en préparant à un métier ».40 Rapidement elles furent adoptées par l’Etat belge et subsidiées par lui.41

A coté des orphelinats, les Salésiens ont dirigé après 1907-1908 des établissements d ’enseignement: une école moyenne à Aywaille et des écoles primaires à Antoing et à Ixelles. Il a été question un moment d’ouvrir un orphelinat à Ixelles, mais le projet avorta.

Généralement les orphelinats, comme les écoles du reste, étaient le sup- port d’un certain nombre d ’oeuvres, les unes de bienfaisance destinées à leur venir en aide, les autres à accroìtre et à conserver leur influence. Dans le premier groupe, la plus répandue est l’oeuvre du Vestiaire, qui prend en charge la réparation et parfois la confection des vètements des orphelins.42 A Liège

35 L. Saint Vin c en t, Belgique charitable, Bruxelles, 1893 et 1904.

36 Assemblée générale des Catholiques en Belgique, Session de 1891, t. II, pp.

240-251.

37 H. La u sc h er, Dom Bosco et ses oeuvres sociales, in « Tracts populaires », Verviers, 1888, pp. 14-15.

38 E. La u m o n t, La charité à Liège, Liège 1897, p. 45; 1887-1912. Au Reveren­

dissime Don Paul Albera..., pp. 34 et 51-52.

39 Courte notice sur l’Ecole Professionnelle St-]ean Bercbmans inaugurée à Liège le 8 décembre 1891, Liège, 1905, p. 9. « Bulletin Salésien», décembre 1906, p. 314 et décembre 1905, pp. 302-303.

40 Ch. Wo e st e, Les vagabonds de Don Bosco, in « Revue Générale », février 1891, p. 171.

41 Liège subsidié à partir de 1896: Rapport sur l’enseignement industriel et pro- jessionnel en Belgique, 1897-1901, Bruxelles, 19'02, t. I, p. 662. Tournai patronné par l’Etat depuis 19’03 et régulièrement subsidié par lui à partir de 1905: Rapport général sur la situation de l’enseignement technique en Belgique, 1902-1910, Bruxelles, 1912, t. II, p. 297. Gand subsidié par l’Etat à partir de 1908: Ibidem, pp. 491-592.

42 «Bulletin Salésien», mai-juin 1900, p. 117; mars 1904, p. 52. Echo de l’Orpheli- nat St-Charles ou l'Orphelin reconnaissant, aoùt-septembre-octobre 1906, p. 8.

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et à Tournai, on mentionne également « L ’Oeuvre du Pain de Saint Antoine ».43 Dans le second groupe, la plus importante est incontestablement l’association des anciens élèves. Chaque maison regroupe ses anciens en associations qui leur permettent « de résister aux attaques du monde et du démon » et leur procurent « la force de rester fidèles à l’éducation chrétienne re$ue ».44 Ces diverses associations possèdent leur revue.45 46 A Liège, l’association des anciens développera un vaste réseau d’oeuvres d ’assistance mutuelle: caisse mutuelle de retraite, caisse d’épargne...^ Elle inaugurerà en mars 1905, un « Cercle Don Bosco », qui deviendra, avec la fondation de la paroisse, le 19 janvier 1911, le cercle paroissial. Il fera preuve d’une belle vitalité. En plus de l’édition d ’un journal « La Concorde », il regroupera en 1913-1914: un tronc d’infortune, une caisse de retraite, une caisse d’épargne, un syndicat des Francs-Mineurs, une mutuelle pour jeunes, une fanfare, une société dramatique et une chorale.47 A partir du 4 février 1911, on ouvrira un cinéma, « L ’Unitas »: « pour détourner les paroissiens des mauvais cinémas et pour procurer des amusements honnètes à la population ouvrière du Laveu ».48 A coté de ces activités multiples, les maisons salésiennes de Liège (Saint-Jean Berchmans), Hechtel et Antoing orga- nisent également un patronage destiné à fournir aux « jeunes les distractions honnètes et le supplément d’instruction religieuse dont ils n’ont hélas que trop besoin ».49

Cette énumération conduit à la quatrième catégorie d ’oeuvres que l’on a appelées « oeuvres externes », c’est-à-dire les maisons salésiennes, qui n’étant ni écoles, ni orphelinats, développent leur action auprès des jeunes dans un cadre ouvert. La Belgique salésienne d’avant 1914 en compte deux: à Verviers, l’Ora- toire Saint-Jean l’Evangéliste et à Liège, la Maison de famille Saint-Joseph. Cette dernière est un foyer qui procure aux jeunes ouvriers le gite et le couvert. Le directeur de cette maison est en mème temps l’aumònier du patronage voisin.

La résidence de Verviers est le siège d’oeuvres en faveur des ouvriers.50 L ’oeuvre

43 « Bulletin Salésien », juillet 1899, p. 189; 1887-1912. A u R évéren dissim e D on P au l A lb era..., p. 35.

44 « Bulletin Salésien », juillet 1907, p. 193; C ourte notice. 1908-1918 ln stitu t St-R aphaél, X e an n iversaire, s. 1., 1918, p. 28.

45 A Liège: L ’A m i des A nciens, depuis mats 1904; voir le numero special de mars 1954 qui retrace l ’historique des cinquante ans de cette revue.

A Tournai: E cb o de l ’O ratoire Saint-C harles depuis avril 1908. En fait cette revue existait depuis 1905 sous le titre E ch o de l'O rph elin at S t C h arles ou l ’O rph elin recon- n aissan t; elle n’est devenue « organe mensuel de l’Association des anciens élèves » qu’à partir d ’avril 1908.

46 A m i des A n cien s, mars 1904.

47 L a C oncorde, depuis 1912. « Bulletin Salésien », juin 1914, pp. 163-164.

48 Liège-Oeuvres de Don Bosco, C h ron ique m anuscrìte de l ’O rph elin at S t Je an B erchm ans, le 4 février 1912.

49 « Bulletin Salésien », mars 1896, p. 63; 1887-1912. A u R évéren dissim e D on P au l A lb era..., pp. 26, 39 et 63; C ou rte notice..., p. 19.

50 H. Berc k, M aison de fam ille S t Jo se p h , in C on grès des oeuvres de l ’arrondis-

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externe de Verviers se transformera en 1915 en une école professionnelle:

l’école Albert Ier.51 La maison de famille Saint-Joseph fermerà ses portes en 1920.52

Cet exposé rend compte de la complexité des oeuvres salésiennes organisées en Belgique de 1891 à 1914. Il laisse néanmoins ouvert le problème de la vita- lite réelle de ces différentes institutions. Ce ne devait pas è tre des oeuvres de grande masse. Les indications que nous possédons concernant les chiffres de population des orphelinats de Liège et de Tournai autorisent une première estimation.53 On peut déduire des encouragements pressants à s’affilier à l’une ou l’autre des sociétés liégeoises et des nombreux rappels à l’ordre que l’on rencontre dans les premiers numéros de « l’Ami des Anciens » que les divers groupements ne comptaient pas des masses d ’adhérents. D ’autre part, il ne s’agissait pas d ’oeuvres originales, elles correspondent très bien aux idéees admises en Belgique, comme ailleurs, concernant les oeuvres caritatives et paternalistes en faveur des ouvriers pendant cette période.54 On ne doit pas perdre de vue cependant toutes les entreprises des démocrates chrétiens qui se sont déployées après 1895 pour soulager la condition ouvrière, mais que les Salésiens ne semblent pas connaitre.55 Il n’en reste pas moins vrai que les religieux salésiens ont déployé dans leurs secteurs propres, une grande activité.

Il faut à présent pousser la réflexion plus avant et s’interroger sur les cir- constances qui les ont amenés à prendre en charge tei ou tei type d’oeuvres.

Une première question que l’on peut se poser: les Salésiens, en s’installant en Belgique, poursuivaient-ils une politique d ’implantation? Sans doute est-on en droit de penser que Don Bosco et après lui, les responsables de la Congré- gation désiraient étendre leur action le plus possible. Le fondateur lui-mème aurait désiré installer ses oeuvres en Belgique.56 S ’il n’a pu réaliser ce désir avant sa mort, du moins a-t-il décidé le principe d ’une fondation à Liège. A partir

sem ettt d e Liège, 21-22 septem b re 1902. R a p p o rts et con clusion s, Liège, 1902, p. 26.

Ju b ilé d e D on B osco à V erviers, numero special de la revue A llo , organe mensuel des Anciens des Oeuvres Salésiennes de Verviers, juin, 195*0, pp. 9-21.

51 1915-1962. C in qu anten aire de l ’E co le A lb e rt I er, ln stitu t technique D on B osco, Verviers, 965, pp. 15-16; A.C.S., 3 2 9 V erviers, Chronique des Oeuvres de Don Bosco à Verviers de 1900 à 1938, p. 1.

52 W.S.L.,Archives provinciales, Procès-verbaux, réunion du 24 juillet 1920; A.C.S., 389 L ieg i, S. Giuseppe, Corrispondenza, Lettre de P. Virion à P. Albera, le 28 juil­

let 1920.

53 Voir A. Druart, op. cit., pp. 78-79.

54 B. S. Chlepner, C ent an s d ’H isto ire sociale en B elgiq u e, Bruxelles, 1958, p. 117; P. Joye et R. Lewin, L ’E g lise et le m ouvem ent ouvrier en B elg iq u e, Bruxelles, 1958, pp. 112-113.

55 150 jaar k ato liek e A rb eid ersbew egin g in B elgiè 1789-1939, sous la dir. de S. H.

Schooll, Bruxelles, 1963, t. II, pp. 207-386.

56 M em orie B iografiche, t. V i l i , pp. 915-916.

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de là, on pouvait essaimer dans d’autres régions du pays. Il ne semble pas cependant que ce développement s’organisa selon un pian précongu. Au départ, du moins dans l’esprit de Don Bosco et de Monseigneur Doutreloux, les religieux ne devaient d’ailleurs installer que deux maisons en Belgique, la première en Wallonie, à Liège, et quand celle-ci serait solidement installée, la seconde en Fiandre.57 Ainsi en aurait décidé, de commun accord l’évèque et le fonda- teur des Salésiens. En fait cette intention fut rapidement démentie par les faits. Il est certain que les initiateurs de l’orphelinat Saint-Jean Berchmans tenaient à établir solidement leur oeuvre avant de prendre pied ailleurs.58 Cette résolution n’empèchait pas les responsables de Turin de négocier, dans le mème temps l’ouverture de l’orphelinat Saint-Charles à Tournai. D ’une manière gene­

rale, les délais proposés par les Supérieurs à ceux qui souhaitent l’installation des religieux dans leur ville ou leur région semblent faire partie d’une tactique dilatoire destinée à temporiser. Dans le mème sens, une pause de cinq ans, décidée en 1905, n’a guère été respectée: rien qu’en Belgique, la période de 1905 à 1910 a vu deux fondations: Aywaille et Antoing.59 Des fondations sont décidées rapidement: Liège (Maison de famille), Aywaille, Gand; d’autres n’aboutissent qu’au terme de longues négociations: Tournai, Ixelles; d’autres encore, qui semblaient pourtant en bonne voie, échouent ou sont abandonnées.

Il n’y a vraisemblablement pas de politique d’implantation; les Salésiens répon- dent à la demande et mènent à bien leurs fondations en tenant compte de quelques critères que l’on examinera plus loin. Les arguments d’ordre financier n’apparaissent guère panni les considérations retenues pour l’acceptation d ’une oeuvre nouvelle. Assurément, les religieux n’étaient pas insensibles au fait qu’une proposition de fondation soit accompagnée des moyens nécessaires pour la mener à bien, mais cet élément ne semble pas déterminant.

Une telle manière de procèder conduit à un certain désordre, manifesté

57 A.C.S., 38 Liège, V.-J. Doutreloux, Est-il opportun d’établir une nouvelle fon­

dation salésienne en Belgique? note manuscrite jointe à la lettre de Monseigneur Dou­

treloux à Don Rua, le 18 septembre 1891. La date de cette lettre est vraisemblable­

ment erronée; son contenu fait allusion à des événements postérieurs. Il vaut mieux la dater du mois de décembre 1891.

Les raisons de cette proposition sont longuement expliquées dans la note à laquelle nous renvoyons; celle-ci ce conclut: « En conséquence de tout cela je crois pourvoir affirmer que pour le bien des oeuvres salésiennes en Belgique il faut déclarer nettement que, après avoir tout bien pensé, par suite de l ’exiguité du pays et le caractère de vos oeuvres, qui ne se soutiennent que par le concours de la charité privée, votre intention est de n’avoir qu’une maison pour le Pays Wallon et plus tard une pour le Pays Wallon (sic; il faut lire bien sur Pays Flamand), que vous voulez donner à ces maisons un développement suffisant pour satisfaire à tous les besoins ».

58 Voir entre autres choses: A.C.S., 3122 Belgio-Nord, 1891-1912, Lettre de C. Du­

rando à J . Bologne, le 6 novembre 1891.

59 Segreteria generale, Capitolo superiore, seduta del 5 dicembre 1905, in Verbali, t. II, p. 56.

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entre autres choses par l’hétérogénité des zones d’implantation. Il est curieux, en effet, de constater qu’une congrégation destinée aux milieux populaires ne s’installe pas de préférence dans des centres industriels. A part Verviers et Liège, qui étaient situées dans des régions de fabriques, on rencontre quatre maisons en milieu rural: Antoing, Grand-Bigard, Hechtel et Remouchamps et trois dans des centres urbains non industriels: Tournai, Gand et Bruxelles (Ixelles). On peut comprendre que le calme soit indispensable à une maison d ’études ou à un scolasticat, mais il est moins propice à d’autres institutions qui se veulent au Service de l’ouvrier. Les fondations que l’on proposa aux Salésiens dans les zones industrielles: dans le Borinage (Jemappes), dans le Limbourg qui s’ouvrait à l’exploitation charbonnière, ou encore dans le Centre, ont été abandonnées. On reste frappe de ce que des considérations de cet ordre n’aient pas été prises en considération lors de l’examen des projets de fondation. Les endroits choisis n’apparaissent pas toujours comme ceux qui favorisent le mieux la poursuite des fins de la Congrégation.

L ’absence de projet d’implantation, une certaine fantaisie dans l’observan- ce des délais ou des pauses que l’on s’était fixés, ne doit pas amener à conclure que les fondations étaient le fruit de l’improvisation. Les fondations salésiennes sont généralement le résultat d’un concours de circonstances et de l’application de quelques critères.

En premier lieu: la personnalité du fondateur est un élément important.

L ’opiniàtreté avec laquelle Monseigneur Doutreloux présenta sa demande et son projet entre pour une bonne part dans les causes secondes des fondations du diocèse de Liège, Aywaille mis à part. De mème l’insistance de Mademoiselle A. Verdure auprès de Monseigneur Du Rousseaux, évéque de Tournai, n’est pas étrangère à Tinstallation des Salésiens dans cette ville. En second lieu, les conditions proposées aux religieux et particulièrement la marge de liberté qu’on leur laissait dans la conduite de l’oeuvre revètent une certaine importance.

Les supérieurs souhaitaient notamment une grande liberté de choix en ce qui concerne l’acceptation des garqons. Ils n’étaient pas moins attentifs à leur situa- tion à l’égard des immeubles qu’on leur confiait. Le fait d ’en ètre les propriétai- res ou simplement les locataires est un facteur de grande importance. Les diffi- cultés qui ont conduit à l’abandon de Liège (Saint-Joseph), d ’Ixelles et d ’Antoing sont nées en grande partie du fait que les religieux ne pos- sédaient pas les locaux mis à leur disposition. Enfin la présence en Belgique des religieux eux-mèmes facilita leur implantation dans d ’autres régions du pays. Il faut, bien sur, éviter le truisme, mais le fait d ’ètre sur le terrain, de se rendre compte de la mentalité permettait des négociations plus faciles. Il n’est pas indifferent de considérer la situation à partir de l’Italie ou de la Belgique elle-mème. L ’éloignement, s’il procure le recul et est indispensable pour juger sereinement d ’un question, risque d ’entrainer l’ignorance des réalités profondes d ’un pays dont on ne connaìt pas la mentalité. Quelques interventions

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de F. Scaloni et de J. Bologne tendent à le prouver.60 La réciproque peut étre vraie également, elle a été constatée.61

Si ces diverses circonstances accompagnaient des propositions de fonda- tion qui paraissent correspondre aux objectifs poursuivis par les Salésiens, on pouvait s’attendre à voir naitre une nouvelle oeuvre salésienne.

De l a t h é o r i e à l a p r a t i q u e

Les objectifs des maisons salésiennes en Belgique ne diffèrent pas des buts généraux confiés par Don Bosco à la congrégation qu’il a fondée. Leur modulation particulière mérite cependant que nous nous y arrètions. Cet exa­

men permettra de se rendre compte de l’écart qui peut exister entre la théorie et son application dans un lieu et une epoque déterminés. Pour ce faire, il semble utile de distinguer les buts poursuivis par les Salésiens dans leur action de ceux qui leur sont proposés par les fondateurs. Si ces objectifs se recouvrent généralement, leurs significations profondes peuvent ètre différentes. L ’étude d’un cas sera révélatrice.62 63

Les objectifs des religieux salésiens

Les exigences de la synthèse ne permettent pas de rendre compte de la complexité des buts poursuivis dans les diverses oeuvres animées par les religieux salésiens. On s’en tiendra, dans ce paragraphe, aux orientations générales qui ont été défies à plusieurs reprises et qui déterminent les objectifs majeurs poursuivis par les Salésiens dans leur action. Les indications générales données par ailleurs permettent de se faire une idée assez précise des intentions de chacune des oeuvres en particulier.

Dans les premiers temps de leur présence, la raison première des reli­

gieux salésiens était assurément la « préservation morale de l’enfance pauvre et abandonnée ».l>3 Elle correspondait en cela à l’intuition de Don Bosco et à

60 A.C.S., 3122 Francia-Sud, Corrispondenza, Lettres de J . Bologne à C. Durando, le 22 septembre 1894 et le 26 septembre 1894; A.C.S., 3122 Belgio-Nord 1891-1912, Let­

tre de F. Scaloni à L. Piscetta, le 6 juin 1909 et Lettre à Don Rua, le 28 rnars 1911.

Giuseppe Bologna (Garessio (Italie) 1847 - Torino (Italie) 1907), prètte salésien italien, directeur de l’orphelinat Saint-Gabriel à Lille 1878-1892, provincial des maisons salésiennes de Francc-Sud 1892-1898, provincial des maisons salésiennes de France-Nord et de Belgique 1898-1902. Résidant à Lille de 1885 à 1892, il avait été désigné pour servir d ’in- termédiaire entre les supérieurs de Turin et les différentes parties engagées dans la fondation

de Forphelinat Saint-Charles. Son nom a été francisé en Joseph Bologne.

61 Segreteria generale, Capitolo superiore, seduta del 31 maggio 1909, in Verbali, t. II, p. 130 et seduta del 1 settembre 1909, in Ibidem, p. 248.

62 Le développement consacré aux buts de l ’oeuvre salésienne en Belgique a fait l’objet d ’une communication au Colloque d ’études salésiennes de Jiinkerath. Il paraìtra, à ce titre, dans les Actes de ce Colloque.

63 E. Laum ont, op. cit., p. 46.

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la volonté de Monseigneur Doutreloux, qui les avait appelés. Pour ce faire, les religieux ouvriraient des « asiles où pourraient ètre recueillis à l’abri de la misère et du désordre, afin d ’y ètre formés à la vie chrétienne et au travail, les plus pau- vres parmi les orphelins de la Belgique entière ».64 En effet, on rencontre dans les villes ou les centres ouvriers « beaucoup trop d’enfants... délaissés, abandonnés à eux-mèmes » qui sont « la proie de tous les vices; par suite ils deviennent des ètres dangereux et mème nuisibles à la société ».65

Les enfants ainsi recueillis, mis à Labri pourront soit « apprendre un métier, sois ètre initiés aux études ecclésiastiques selon leurs gouts ou leurs aptitu- des ».66 En effet, tout orphelinat salésien a un doublé but: « diriger dans la carrière des études ceux qui en auraient le gout et qui donneraient quelques signes de vocation ecclésiastique; apprendre un métier aux autres selon leurs aptitudes ».67 L ’école professionnelle devra les former au métier de leur choix et leur permettre d ’assurer ainsi leur avenir- De fait, les Salésiens s’efforceront de présenter dans leurs écoles professionnelles un éventail assez large de métiers.

Il y avait à Liège, de 1898 à 1913, des ateliers de tailleurs, relieurs, cordonniers, typographes, menuisiers, sculpteurs, ajusteurs, forgerons.68 L ’école professionnelle de Tournai comportait en 1912 des ateliers de coupé et confection, cordonnerie, forge, menuiserie, reliure, sculpture.69 Gand, aux proportions plus modestes, n’offre à la mème epoque, que la boulangerie, la confection, la cordonnerie, la menuiserie et la sculpture.70 Cet enseignement professionnel se donne parallèle- ment avec des classes d’enseignement général car « l’ouvrier ne peut plus ètre ignorant, il ne doit mème pas se contenter dune instruction médiocre, et quand il commence son apprentissage, il faut qu’il poursuive les études com- mencées à l’école ou tout au moins qu’il en conserve les fruits ».71

A còte de cette préoccupation, les Salésiens s’effor^aient de découvrir ceux parmi les orphelins qui donnaient des signes de vocation à l’état ecclésiastique ou religieux. A ceux-là, ils offraient la possibilité de répondre à leurs aspirations en leur permettant de poursuivr des études. C ’est pour eux un impérieux devoir;

en effet, « Notre vénérable Pére Don Bosco... nous oblige, Salésiens, à tra- vailler à la culture de ces vocations sacerdotales et religieuses en venant en aide aux familles pauvres ou incapables de payer la pension exigée dans la

64 1887-1912. A u R évéren dissim e D on P a u l A lb era..., p. 25.

65 « Bulletin Salésien », mai 19'06, p. 128.

66 F. Scaloni, L ’in stitu t salésien à L ièg e, in « Congrès des oeuvres de l’arrondis- sement de Liège... », p. 28.

67 O eu v re de D on Bosco. O rph elin at St-C harles, Tournai, 1904, p. 22.

68 Liège-Oeuvres de Don Bosco, C o m p te rendu annuel envoyé au M in istère de l'in d u str ie et du T ravail. On a retrouvé les minutes de ces comptes rendus annuels des années 1897 à 1914.

69 1887-1912. A u R évéren dissim e D on P a u l A lb era..., p. 34.

70Ib id em , p. 51.

71 « Bulletin Salésien », décembre 1906, p. 315.

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plupart des établissements ».72 Cette obligation est ressentie vivement par les directeurs des maisons salésiennes. Il est bien entendu que les instituts n’ont pas comme but principal de donner l’instruction secondaire, mais ils doivent posseder une section latine car « on cberche simplement à aider quelques enfants dans le coeur desquels Dieu a déposé le germe d’une vocation divine afin que leur manque de ressources n’entrave pas la réalisation de leurs saints désirs ».73 Cela explique que le nombre d’étudiants soit généralement assez restreint. Les religieux sont prèts à tous les efforts nécessaires pour accepter tout enfant pauvre qui désirerait répondre à l’appel divin. En 1908, les directeurs des maisons salésiennes prennent la décision de soutenir les orphelinats de Tournai et de Gand qui sont « disposés à faire tous les sacrifices pour accepter gratis des jeunes gens ».74 * Dans un mémoire confidentiel adressé aux directeurs, F. Scaloni, provincial, les exhorte: « préoccupons-nous sérieusement du recrute- ment et de la conservation des vocations salésiennes. Acceptez volontiers des jeunes gens mème très pauvres, lorsqu’ils donnent quelques signes de vocation sacerdotale. La caisse inspectoriale vous viendra en aide dans les limites du possible pour vous fournir au moins en partie les pensions ».73

En plus de cela, les Salésiens recherchaient activement les jeunes gens qui manifestaient des signes de vocation. Le directeur de l’orphelinat Saint-Jean Berchmans, Louis Mertens, fait parvenir à plusieurs reprises une lettre aux curés du diocèse de Liège pour les inviter à confier à son établissement les jeunes gens « pieux, vertueux et intelligents qui seraient susceptibles de devenir prètres ».76 77 De mème un prètre salésien de Liège entreprend en 1913 « un voyage de quinze jours dans le Luxembourg belge et le Grand-Duché pour cher- cher des vocations à l’état ecclésiastique ».'7 Nous connaissons bien cette manière de procèder.

Pour ne perdre aucune « vocation », les Salésiens ouvraient parfois dans leur établissements une section destinée à ceux qu’ils appelaient les « Fils de Marie ». Il s’agissait généralement d’adultes plus ou moins jeunes qui se desti- naient sur le tard au sacerdoce. On les connaìt mieux sous l’appelation de

72 Liège-Oeuvres de Don Bosco, Lettre de L. Mertens aux curés du diocèse de Liège, in Chronique de l’Orphelinat St Jean Berchmans, le 20 aoùt 1909.

73 E ch o de l ’O rph elin at St-C harles ou l ’O rphelin recon n aissan t, septembre-octobre 1905, p. 76.

74 W.S.L., Archives provinciales, Procès-verbaux, Réunion des Directeurs, le 22 oc- tobre 1908. Dans le mème sens, voir: Echo de l’Orphelinat St-Charles ou l’Orphelin reconnaissant, novembre-décembre 1905, p. 10.

7:5 Remouchamps-Oeuvres de Don Bosco, Mémoire à conserver et à relire de temps en ternps adressé aux Directeurs, le 12 juin 1912.

76 Liège-Oeuvres de Don Bosco, Lettres de L. Mertens aux curés du diocèse de Liège, in C h ron ique m anu scrite de l’O rph elin at St-Jean B erch m an s, le 20 aoùt 1909 et le 28 mars 1910.

77 Ibidem, le 13 mai 1913.

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« vocations tardives ». Des sections de ce genre existaient à Liège (Saint-Jean Berchmans) et à Gand.78

Ce souci Constant, dans l’esprit des supérieurs, influengait le développe- ment de leurs oeuvres scolaires. En 1908, on renonce à la création d ’une école moyenne dans les internats « pour ne pas empécher de vocations ».'9 Ce cycle d’études de trois ans qui avait sa finalité en lui-mème, était insuffisant pour envi- sager l’entrée dans un séminaire ou dans un noviciat en vue de se préparer au sacerdoce. Quelques années plus tard, F. Scaloni, dans une note adressée à P. Al­

bera, alors recteur majeur, explique ainsi la résistance qu’il oppose à l’organisation de cours techniques: « È certo che le scuole tecniche non saranno mai giardini dove fioriscano vocazioni religiose e, d’altra parte, noi abbiamo assoluto bisogno di numerose vocazioni per conservare e sviluppare le opere nostre, tanto richieste per il bene delle anime ed a sostegno della società pericolante... ».80 L ’influence de ces idées sera tenace: il faudra attendre les années 1960 pour voir s’organiser dans les écoles salésiennes le réseau diversifié de Penseigne- ment secondaire. Cette politique entrainera également une option pédagogique.

Il était fortement déconseillé, dans la note à laquelle nous faisons allusion, de conduire dans un mème établissement une école technique et des cours sccondai- res, tant il est vrai que l’influence d’enfants destinés à mener une vie d’ouvrier sur des enfants qui ont la vocation sacerdotale peut nuire au bon épanouissement de cette vocation. Ces derniers ont en effet besoin des conditions les meilleures tant du point de vue de la piété que de la moralité.81

On se doute que cette préoccupation apostolique entrait pour une bonne part dans les critères du choix d’une implantation nouvelle. Certains lieux sont présentés comme étant plus propices que d’autres à l’éclosion de vocations.

Ainsi « la province de Limbourg est la plus chrétienne des neuf provinces belges.

Elle fournit à elle seule le quart des vocations religieuses et des missionnaires de tout le pays... ».82 Gand et Ypres étaient considérés comme des lieux fertiles aux vocations.83 On s’installera de préférence dans de tels sites. En réalité, toute la Belgique est considérée comme une terre propice aux vocations. I7. Scaloni Bassure dans une lettre qu’il écrit au maitre des novices de la Congrégation

78 1887-1912. Au Révérendissime Don Paul Albera..., pp. 26 et 52. La maison de famille Saint-Joseph à Liège hébergeait en 1904 une quinzaine de ces « Fils de Marie »;

voir « Bulletin Salésien », octobre 1904, pp. 240-241.

79 W.S.L., Archives provinciales, Procès-verbaux, réunion des Directeurs, le 22 oc­

tobre 1908.

80 A.C.S., 3122 Belgio-Nord 1891-1911, Note de F. Scaloni à P. Albera, le 28 mars 1911.

81 Ibidem.

82 A.C.S., 3122 Belgio-Nord, Lettre de F. Scaloni à C. Durando, le 25 juillet 1902.

83 A.C.S., 38 Sint-Denijs Westrem S. Giuseppe, Pratiche per la fondazione; F. Sca­

loni, Projet de fondation à Maltebrugge-Saint-Denis Westrem (Faubourg de Gand), s. d.:

« vero giardino di vocazioni »; A.C.S., 3122 Belgio-Nord 1891-1912, F. Scaloni, le 12 juin 1914.

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