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Autres impacts des MAE

Quelques EM d'Europe du Sud ont, ou ont eu, des MAE en relation avec la prévention des risques d'incendie de forêts. Certaines publications traitent des effets de ces mesures. Ainsi en Espagne, l'évaluation à mi-parcours du 2ème PAE250 considère que de nombreuses MAE ont des effets bénéfiques sur la prévention du risque d'incendie ou facilitent l'extinction des feux. Le rapport cite la maîtrise de l'embroussaillement, l'élagage et le nettoyage des branches sèches et malades, l'entretien de chemins ruraux qui peuvent être utilisés en cas d'incendie, l'entretien de zones abandonnées. Une autre étude portugaise menée dans la région de Pampilhosa da Serra251 souligne la forte corrélation négative entre la surface agricole et la surface incendiée grâce à l'effet de discontinuité. Ainsi, pour chaque hectare supplémentaire de surface agricole, 10,58 ha de forêt seraient préservés des risques d'incendie lors d'une année à haut risque. A l'opposé, une autre étude menée au Portugal, dans la municipalité de Sertã (qui est une région fortement touchée par l'exode rural et par conséquent par l'abandon des champs et une afforestation généralisée de pins maritimes), ne montre pas d'effet des MAE relatives à la lutte contre les incendies sur le risque d'incendie252. Un système d'information géographique a été mis en place pour suivre la fréquence des incendies sur les parcelles étudiées entre 1994 et 1996, mais aucun des tests conduits n'a abouti à des résultats statistiquement significatifs. L'étude ne permet donc pas de conclure si les MAE ont atteints leurs objectifs pour ces années.

Au contraire, elle indique plutôt que les MAE étaient inappropriées au regard des objectifs annoncés.

Etant donné la structure très fragmentaire de la propriété foncière dans la région, et la largeur des surfaces abandonnées, il est extrêmement peu probable que des mesures discontinues, qui nettoient des parcelles petites et peu nombreuses, puissent avoir un impact sur la réduction du nombre d'incendies et faciliter la lutte. Ces mesures n'ont donc pas été reprises dans le PAE de 2000.

3.8.2 Protection de la qualité de l'air et changements climatiques

La préservation de la qualité de l'air est une préoccupation majeure mais très récente, et c'est un thème très marginal encore dans le domaine de l'AE. Il existe peu d'études scientifiques traitant des relations agriculture/qualité de l'air. Peu de PAE intègrent des mesures relatives à la qualité de l'air. Cependant, d'autres MAE peuvent avoir un effet sur la qualité de l'air, et surtout les émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) même si ce n'est pas leur objectif premier. Ainsi, une étude européenne253 souligne le lien étroit entre les mesures de réduction des émissions d'oxydes d'azote et les mesures de préservation de la qualité des eaux (dont font partie les MAE). Les mesures orientées vers une réduction de la teneur en nitrates des eaux résultent aussi en une baisse des émissions d'oxyde d'azote et d'ammoniac dans l'air. Les différentes mesures autour de la réduction d'engrais pourraient conduire à une réduction des émissions de 10 millions de tonnes équivalent CO2. D'autre part, le rapport mentionne que des résultats scientifiques montrent qu'en moyenne 0,30 t/ha de carbone soit 1,10 t de CO2 pourrait être absorbé grâce à un changement des pratiques d'utilisation des terres. L'étude prend l'exemple d'un système de non travail du sol associé à un mulch qui est une MAE appliquée en Allemagne entre autres. Le rapport suggère que les bénéfices économiques de la réduction des émissions de CO2 ainsi réalisées servent à financer des MAE supplémentaires. Cependant, de nombreuses incertitudes techniques et scientifiques subsistent quant à l'estimation de la réduction potentielle des émissions.

Une étude de l'OCDE qui traite des pratiques agricoles réduisant les émissions de GES254 montre que la diminution du cheptel contribue à la réduction des émissions de méthane provenant de la production animale. Or, il existe des MAE de limitation de la taille du cheptel, ces MAE ont donc des effets indirects sur la qualité de l'air et le réchauffement climatique. Dans les zones de surpâturage ou sur les terres marginales, une telle démarche peut également accroître la fixation de carbone dans les sols et atténuer leur érosion. Le rapport cite plusieurs pays européens qui ont indiqué avoir réduit leur cheptel au cours des dernières années.

Ainsi, en Autriche, le nombre de bovins a diminué de 15,90 % entre 1990 et 1998, et celui des vaches laitières de 30 % environ. Il en est résulté au total une diminution des émissions de méthane venant des animaux d'élevage. Des évolutions analogues ont été observées au Danemark, aux Pays-Bas, en Pologne, en Hongrie, au Royaume-Uni. Le rapport OCDE ne fait pas toutefois explicitement de lien avec les MAE. De

250 Universidad Politécnica de Madrid, 2005. Evaluation of agri-environmental measures in Europe, National report Spain.

251 In Agroges, 2005. Evaluation of agri-environmental measures in Europe, National report Portugal.

252 Erena, Estudo de Avaliação Ambiental Intermédia da Aplcação das medidas Agro-Ambientais a Portugal Continental. DGDR, Lisboa, 1998.

253 European Commission DG-Agri, 2000. Mitigation potential of Greenhouse Gases in the Agricultural Sector, ECCP Working Group 7, 50p.

254 OCDE, 2002. Pratiques agricoles réduisant les émissions de gaz à effet de serre : tour d'horizon et résultats de l'enquête, Groupe de travail mixte du Comité des politiques d'environnement et du Comité de l'agriculture, 70p.

même, la mise en place de Cultures Intermédiaires Pièges à Nitrates (CIPAN) et l'intégration de légumineuses dans les rotations ont des effets bénéfiques sur les émissions de composés azotés (ex.

ammoniac). Dans les plantes fixant l'azote, la teneur en azote est de 0,03 kg de N/kg de biomasse sèche, soit environ deux fois plus que dans les plantes qui ne fixent pas l'azote et on estime qu'elle reste dans les champs à hauteur de 65 %.

Toujours en terme d'émission de GES, les MAE anti-érosion qui préconisent un travail réduit du sol permettent un piégeage du carbone dans le sol d'où des émissions moindres de CO2. On considère que les systèmes de culture sans travail du sol permettent d’augmenter la teneur en carbone des sols agricoles de 10 pour cent par rapport aux systèmes avec travail complet du sol dans les climats tempérés (GIEC, 1996b).

Cependant, certains pays comme les Pays-Bas encouragent au contraire les pratiques de travail accru du sol en vue de produire de la bioénergie et, ainsi, de réduire les émissions de CO2. Le rapport mentionne l'application par différents pays de mesures de régénération naturelle de jachères, qui favorise aussi le piégeage du carbone du sol. L'étude spécifie aussi qu'en conduisant plus d’une culture chaque année sur une parcelle donnée, dans des systèmes de rotation ou de double culture, il est possible d’accroître la teneur du sol en azote et en carbone et de réduire efficacement les émissions de GES. Les MAE relatives à la diversification des rotations entrent dans ce cadre. En Belgique, une étude255 a estimé le potentiel de séquestration du carbone d'une meilleure gestion des cultures pour 2010, en tenant compte des restrictions liées à la politique AE belge. Les chercheurs ont évalué le potentiel de séquestration moyen de différentes mesures en GgC par année (GgC=gigagram carbon (C)). Les mesures agricoles les plus prometteuses sont l'ajout de cultures bioénergétiques (96,20 GgC/an), l'application de fumier uniquement sur les terres arables (45,80–120,50 GgC/an), la régénération des forêts (18,70–45,10 GgC/an), la culture sans travail du sol pour les sols adéquats sur une période de 20 ans (8,90–29,70 GgC/an), l'utilisation de plantes de couverture à la suite de céréales d'hiver sur plus de 20 ans (8,50–25,40 GgC/an), la gestion améliorée des tourbières (3,10–23,50 GgC/an) et l'agriculture biologique (0–4,40 GgC/an). Avec une meilleure gestion agricole, le potentiel global d'atténuation des rejets de CO2pourrait atteindre d'ici 2010 entre 0,47 et 0,90 % des émissions de gaz à effets de serre en 1990. Cela paraît faible mais cela correspond à l'ordre de grandeur des exigences de Kyoto pour l'agriculture. Ce chiffre est inférieur aux résultats d'autres études en Europe, notamment du fait de la prise en compte des contraintes des politiques AE. Enfin, en Finlande, des chercheurs256 ont étudié les émissions d'hémioxyde d'azote N2O pendant deux ans à partir d'un sol biologique drainé. L'étude montre que les émissions annuelles de N2O pour un sol cultivé (de 8,30 à 11 kg N2 O-N.ha−1.année−1) sont deux fois plus élevées que les émissions annuelles d'un site de forêt adjacent (4,20 kg N2O-N.ha−1.année−1). Les émissions de N2O à partir de sols sans plantes (maintenus nus par une coupe ou un travail du sol régulier) sont aussi plus faibles (de 6,50 à 7,10 kg N2O-N.ha−1.année−1) que celles d'un sol cultivé.

Ainsi, sans que ce soit leur objectif premier, certaines MAE ou pratiques peuvent avoir un effet direct sur la réduction des émissions de GES.

3.8.3 Energie

Il existe assez peu d'études qui lient MAE et énergie. Parmi celles identifiées, toutes comparent l'agriculture biologique et la conventionnelle. Ainsi, dans la région d'Allgäu (sud de l'Allemagne), une étude de comparaison des impacts environnementaux de trois systèmes de production (intensif, extensif et biologique) menée sur 18 exploitations de prairies (vaches laitières)257 montre que le système biologique n'utilise qu'un tiers de l'énergie fossile (par hectare) dont le système conventionnel a besoin. En comparant la consommation d'énergie fossile par tonne de lait dans les 3 systèmes de production, les chercheurs montrent une réduction de 52 et 56 % pour les exploitations extensives et biologiques, respectivement, par rapport aux exploitations conventionnelles.

255 Dendoncker N. et al., 2004. Belgium's CO2 mitigation under improved cropland management, Agriculture, Ecosystems and Environment volume 103, pp. 101-116.

256 Maljanen M.et al., 2003. Nitrous oxide emissions from boreal organic soil under different land-use, Soil Biology and Biochemistry volume 35, issue 5, pp.689-700.

257 Haas G., Wetterich F., Köpke U., 2001. Comparing intensive, extensified and organic grassland farming in Southern Germany by process life cycle assessment, Agriculture, Ecosystems & Environment 83, pp.43-53.

Tableau 39 : Consommation d'énergie primaire (Gj/ha) dans la région d'Allgäu détaillée par catégories

Haas et al., 2001

En Allemagne, les exploitations conventionnelles utilisent en moyenne 19,40 Gj/ha et les exploitations biologiques environ 6,80 Gj/ha (65 % de moins, Haas et al., 1995). Ces différences d'utilisation d'énergie fossile induisent des différences d'émissions de dioxyde de carbone CO2. Le potentiel de réchauffement climatique des exploitations extensives est significativement le plus faible par tonne de lait avec seulement 1 t équivalent-CO2, alors que les exploitations conventionnelles et biologiques ont les mêmes taux d'émissions avec 1,20-1,30 t équivalent-CO2. En fait, dans les exploitations biologiques, les émissions plus faibles d'hémioxyde d'azote N2O et de CO2 sont compensées par une émission plus forte de méthane CH4. Enfin, au Danemark, une étude sur l'agriculture biologique258 montre que la consommation d'énergie fossile et la production de GES sont nettement inférieures en production biologique qu'en conventionnelle. C'est principalement dû à une moindre utilisation d'énergie indirecte par l'interdiction des engrais azotés chimiques. Il est donc clair avec ces trois études que l'agriculture biologique consomme moins d'énergie que l'agriculture conventionnelle.

3.8.4 Accueil du public

Il y a peu de MAE en lien avec ce thème aussi peu de publications s'y sont intéressées. En Angleterre259, une évaluation importante menée en 1999 sur les éléments relatifs à l'accueil du public dans les PAE (Garrod et al, 1999) a eu ses conclusions ont été contestées. Elle indique que, même dans les parties des zones d'étude qui enregistrent le niveau le plus élevé de fourniture supplémentaire d'accès au public sous les PAE, cet accès public ne représente qu'un peu plus de 5 % de la surface totale. L'une des conclusions essentielles de cette évaluation est que de nombreuses personnes, qui apprécient les loisirs à la campagne, sont en principe prêtes à payer des taxes supplémentaires pour avoir accès à des zones proches de leur habitation.

Même si la plupart des personnes interrogées pensent que l'accès aux zones rurales où ils vivent et se distraient est globalement suffisant. Cependant certains sondages montrent que de nombreuses personnes ressentent un besoin d'accès supplémentaires à la campagne. L'évaluation signale aussi qu'il est peu vraisemblable que beaucoup d'agriculteurs aient fait l'effort d'entretenir les chemins publics ou d'en ouvrir sur leur exploitation s'il n'y avait pas eu de prime. Enfin, d'après ce rapport, les utilisateurs de ces sites de récréation trouvent que le Ministère de l'Agriculture MAFF (Ministry of Agriculture, Fisheries and Food) ne fait pas assez d'efforts de communication sur les PAE et font part d'un manque d'information sur les PAE.

Les évaluateurs constatent ainsi qu'alors que certains sites ouverts par les PAE sont fréquemment visités, les experts rencontrés font état d'un nombre significatif de sites qui n'attirent que très peu de monde. Le rapport recommande d'améliorer le matériel publicitaire sur les lieux accessibles aux visiteurs.

3.8.5 Conclusion sur les autres effets

Il y a peu d'études sur les autres effets des MAE. Celles que nous avons identifiées permettent de tirer relativement peu d'enseignement d'ordre général car la plupart d'entre elles concernent des zones bien spécifiques. Les seules généralisations qui nous paraissent possibles concernent :

l'intérêt de certaines MAE (réduction des nitrates, diminution du cheptel, travail du sol réduit, couverture des sols en hiver, agriculture biologique, etc.) sur la réduction des émissions de GES, l'intérêt qu'il y aurait à développer plus de MAE dans le domaine de l'énergie.

Enfin, il est clair qu'il ressort de cet inventaire, certes très incomplet que des travaux de recherche font défaut pour étayer des actions dans ces directions.

258 Hansen B., Alroe H.F., Kristensen E.S., 2001. Approaches to assess the environmental impact of organic farming with particular regard to Denmark, Agriculture, Ecosystems & Environment vol. 83, no. 1, pp. 11-26(16).

259 University of Gloucestershire, 2005. Evaluation of Agri-environmental measures in Europe, National Report UK.

4 REPONSES AUX QUESTIONS D'EVALUATION