• Non ci sono risultati.

Résultats détaillés des études scientifiques identifiées pour le thème habitats

3.2 Impacts sur les habitats des mesures agro-environnementales

3.2.4 Résultats détaillés des études scientifiques identifiées pour le thème habitats

Nous avons identifié et exploité 23 études scientifiques ou techniques (plus une partie des 111 sur la biodiversité, ces deux thèmes étant souvent liés) qui analysent les effets des MAE (ou de pratiques reprises dans le cadre des MAE), sur les habitats. Les résultats de notre analyse sont reportés aux § suivants qui sont classés par type de mesures issu de notre typologie des MAE. Ces études proviennent de 6 EM.

3.2.4.1 Résultats pour l'ensemble des mesures au plan de la préservation des habitats Certaines études traitent de l'effet des MAE sur les habitats, de manière globale et montrent les effets bénéfiques sur les habitats des MAE. Ainsi, une étude96 réalisée en Angleterre, sur 451 contrats AE du CSS met en évidence des différences significatives entre les habitats recensés dans les terres sous CSS et ceux recensés dans l'ensemble de la campagne. Les habitats prioritaires représentent 15 % des surfaces sous contrats CSS. Les terres sous contrat CSS contiennent des habitats plus divers, avec notamment une plus forte proportion de prairies et de landes. Le nombre moyen d'espèces par m² est significativement plus élevé sur les terres CSS que dans la campagne en général : 20.9-22.7 contre 11.4-19.4. Les résultats de l'étude montrent donc que la qualité écologique des terres CSS est meilleure que celle de la campagne anglaise dans son ensemble. Toujours en Angleterre, selon Ovenden et al97, les programmes AE assurent au minimum le maintien des habitats existants sur les terres agricoles. La dégradation des habitats due à l'intensification ou à l'abandon peut être stoppée et dans de nombreux cas améliorée. Des habitats ou des éléments paysagers (haies par exemple) dégradés peuvent être restaurés et des habitats disparus tels que les prairies permanentes, les marécages pâturés, peuvent être recréés. Les chercheurs montrent comment les MAE contribuent déjà à la conservation d'habitats prioritaires au travers de l'exemple de Landes de plaine (DoE 1995) dont certains composants sont listés dans l'annexe 1 de la Directive Habitats. Fin 1997 environ 17 000 ha de landes étaient couverts par les programmes CSS et ESA et 930 ha de landes ont été recréés sur des terres agricoles. Ovenden et al. pensent que les objectifs du Biodiversity Action Plan pour la conservation des Landes de plaine vont être atteints en grande partie grâce aux MAE. De même 25 % des objectifs de re-création des habitats pourraient être atteints grâce aux MAE. Une autre étude98 au Portugal met en évidence les effets positifs des MAE mises en place dans une pseudo steppe typique du Sud sur l'abondance des oiseaux de la région mais montre que ces MAE n'ont pas d'effet sur les oiseaux migrateurs qui arrivent l'hiver. Pourtant, certaines ont des impacts positifs sur les habitats, par exemple sur la préservation des champs de chaume et il a été démontré que ce type de mesures était favorable à la reproduction des oiseaux (Borralho et al, 1999). Les auteurs soulignent la nécessité de donner à la gestion conservatoire des prairies ibériques comme objectif principal l'amélioration des habitats.

Si ces études montrent globalement les effets positifs des MAE sur les habitats, d'autres montrent que malgré leurs effets significatifs au niveau des exploitations, l'importance de leur niveau de mise en œuvre trop limité a pu constituer une limite. Ainsi, en Finlande, malgré les effets positifs des MAE sur la biodiversité, la dégradation des habitats sur les terres agricoles continue. Les impacts des MAE sont moindres par rapport aux impacts de l'intensification simultanée de l'agriculture99. En Autriche, une étude100 montre que les types d'habitats importants ne peuvent pas être conservés de façon suffisante, parce que seules les zones agricoles peuvent participer au programme et les habitats situés hors de la SAU ne sont pas inclus dans le programme AE. Un objectif concret en termes d'habitats Natura 2000 aiderait à améliorer l'efficacité des programmes, ainsi qu'un degré plus élevé de régionalisation dans la planification et la mise en oeuvre de mesures de protection de la nature.

D'après un rapport sur l'efficacité du PDR pour la gestion des zones de protection spéciale (ZPS) et zones importantes pour les oiseaux (IBA, important bird areas)101 en Italie, les actions les plus utiles à la protection de la faune sauvage sont les suivantes : le retrait de terres arables pour des raisons environnementales, le maintien de prairies et de pâturages, la conversion des terres arables en prairies et la création et la préservation d'éléments naturels dans les agro-écosystèmes.

96 Carey P.D., 2002. A comparison of the ecological quality of land between an English agri-environment scheme and the countryside as a whole, Biological Conservation, Volume 108, Issue 2, pp.183-197.

97 Ovenden G.N., Swash A.R.H., Smallshire D., 1998. Agri-environment scheme and their contribution to the conservation of biodiversity in England, Journal of Applied Ecology 35, pp.955-960.

98 Moreira et al., 2005. Effects of field management and landscape context on grassland wintering birds in Southern Portugal, Agriculture, Ecosystems and Environment, in press.

99 SAVCOR, 2005. Evaluation of agri-environmental measures, National Report.

100 Suske W., 2002. ÖPUL in Natura 2000 Gebieten, Wien.

101 Rossi P., Brunner A., Gustin M., Celada C., 2003. Analisi dell’idoneità dei Piani di Sviluppo Rurale per la gestione delle ZPS e delle IBA, Dipartimento Conservazione Natura, LIPU- BirdLife Italia.

En Emilie-Romagne, le rapport relève des effets positifs exceptionnels de la mesure de retrait des terres arables pour raisons environnementales sur la biodiversité, particulièrement dans les zones protégées. Cette mesure est parfaitement appropriée à la création de zones tampons pour les zones humides, et à la "re-naturalisation" des rivières et des zones alentours ainsi que des plaines d'inondation.

Comme on peut le voir, les MAE sont efficaces pour conserver ou créer des habitats mais leur mise en œuvre ne peut suffire seule, à régler tous les problèmes. D'autres actions doivent être également mises en œuvre (ex : éco-conditionnalité, BPA, programmes Natura 2000, etc.) pour compléter leurs effets si l'on veut avoir un impact significatif en Europe en terme d'habitats agricoles.

3.2.4.2 Résultats de la création d'infrastructures écologiques (type 7) au plan de la préservation des habitats

Les infrastructures écologiques en tant que telles constituent souvent des habitats. Nous présentons ci-dessous les résultats des études par pratique. D'une manière générale d'après une étude réalisée en Allemagne, sur les réseaux d'habitats102, les programmes AE qui visent à développer les réseaux d'habitats par la mise en place de bords de champ, de haies, de jachères, par la promotion des méthodes d'agriculture extensive, ne seraient pas assez efficaces par rapport aux objectifs de la conservation de la nature (SRU, 2002). Dans l'étude de cas "Kronsberg" à Hannovre, Von Haaren et Reich montrent cependant que les MAE ont joué un rôle important dans l'application du concept de réseau multifonctionnel. Ainsi, le réseau de bords de champ mis en place a répondu aux attentes de conservation de la nature, une végétation diverse typique s'est installée spontanément, et ce réseau évolue vers un habitat de prairie caractéristique de la région. Les bordures de champ cultivées sans pesticide ni fertilisant ont développé une flore riche et de grande valeur, contenant beaucoup d'espèces en danger, dont certaines avaient disparu de la région depuis 40 ans. Mais des concessions ont dû être faites aux agriculteurs, qui empêchent le développement d'un réseau d'habitats optimal.

Une autre étude103 faite en Angleterre, sur la sélection d'habitats chez le lièvre commun (Lepus europaeus) menée sur une exploitation agricole mixte (pâturage et cultures arables) montre que les lièvres utilisent la diversité des types et des hauteurs de végétation disponible sur l'exploitation. Les résultats indiquent que les lièvres font leur sélection sur l'hétérogénéité à l'échelle du champ. L'augmentation de l'hétérogénéité à l'échelle de l'exploitation ne semble pas avoir d'effet significatif sur le nombre de lièvres. Les auteurs citent une autre étude qui montre que dans les paysages arables, le nombre de lièvres est plus élevé en présence de jachères. De même, les prairies non aménagées, qui ont une structure hétérogène sont fortement associées à des nombres élevés de lièvres dans les pâturages et les terres arables (Hutchings et Harris, 1996).

Selon Smith et al., à la fois l'hétérogénéité spatiale et temporelle sont importantes pour les espèces à l'échelle de l'habitat (champ). Pour ralentir le déclin des populations de lièvres, les terres agricoles doivent être gérées de façon à rétablir l'hétérogénéité spatiale et temporelle, en restaurant des systèmes d'élevage à bas niveau d'intrants, plus extensifs (limitation de la charge), en introduisant des jachères et des bords de champ enherbés dans les pâturages. L'abondance des lièvres est positivement associée à la diversité d'habitats à travers l'Europe (Smith et al., 2005). Selon cette étude, les PAE ne sont pas, pour l'instant tournés vers la création et la gestion de l'hétérogénéité du paysage agricole. S'ils l'étaient, ce serait un grand pas pour inverser le déclin de la biodiversité dans les paysages agricoles.

3.2.4.2.1 Bordures de champs et bandes enherbées

Au Royaume-Uni, l'évaluation de la création d'habitats sur des terres arables104 dans le cadre du programme ASPS (Arable Stewardship Pilot Scheme) montre que les meilleures options pour la conservation des communautés de plantes annuelles, dicotylédones sont les mesures "uncropped wildlife strips" (bandes enherbées), "wildlife seed mixtures" (semis de mélange de graines favorables à la vie sauvage) et

"conservation headlands without fertiliser" (parcelles ou bords de champ où l'utilisation d'engrais est interdite et celle des pesticides très limitée). L'évaluation des impacts sur la faune met en évidence des effets positifs pour certains groupes d'invertébrés dans les deux années suivant l'application du programme (ADAS, 2001). De nombreuses options concernant les habitats bénéficieront probablement aux oiseaux des espaces agricoles à plus long terme (Vickery et al., 2002). D'autres chercheurs anglais105 ont mesuré la qualité de différents habitats d'espèces de papillons dans dix exploitations agricoles. Les résultats montrent que la

102 Von Haaren C., Reich M., 2004. The German way to greenways and habitat networks, Landscape and Urban Planning, in press.

103 Smith R., 2004. Conservation of European hares Lepus europaeus in Britain : is increasing habitat heterogeneity in farmland the answer ?, Journal of Applied Ecology volume 41n pp.1092-1102.

104 Critchley N.R., Allen D.S., Fowbert J.A., Mole A.C., Gundrey A.L., 2004. Habitat establishment on arable land: assessment of an agri-environment scheme in England, UK. C. Biological Conservation 119, pp. 429–442.

105 Pywell R.F., 2004. Assessing habitat quality for butterflies on intensively managed arable farmland, Biological Conservation, Volume 118, Issue 3, pp. 313-325.

création d'habitats pour les papillons encouragée par les programmes AE a eu des effets positifs sur l'abondance et la diversité des papillons. Les auteurs citent en particulier l'utilisation de mélanges de graines de légumineuses, dont le nectar et le pollen sont recherchés par les papillons et les bourdons, qui est une mesure du Countryside Stewardship Scheme. Sur certains sites, des prairies riches en espèces floristiques ont été créées le long des bords de champ sur plus de 2 % de la surface de l'exploitation.

3.2.4.2.2 Les jachères

Une étude106 conduite en Autriche, montre que les oiseaux "testés" choisissent préférentiellement les parcelles de jachère comme habitats pendant la période hivernale. Cependant, le projet "Etude comparative sur la biodiversité" montre que les jachères peuvent aussi avoir des effets négatifs sur l'environnement107. Dans ce projet, le développement d'éléments linéaires de structure du paysage et de vergers a certainement été négatif, les chercheurs ont essentiellement observé une augmentation des structures paysagères de grande surface. Cependant, ces "agrotopes" sont surtout très importants pour certaines espèces108. Une autre étude d'Autriche 109 sur les habitats hivernaux des oiseaux montre un effet positif de la mesure "Couverture des terres arables en hiver" et l'attraction de ces habitats pour les rapaces. Une étude110 menée dans la région Kärnten démontre les impacts positifs de la mesure "Création d'éléments de structure du paysage" sur la biodiversité grâce à une amélioration des habitats.

3.2.4.2.3 Les haies

Selon une étude réalisée pour Ministère bavarois de l'environnement et du développement rural111, les structures arborées sont des habitats de grande valeur, qui abritent de nombreuses espèces animales.

Une autre étude bavaroise112 souligne l'importance des "agrotopes", petites structures en cohésion avec l'utilisation agricole de l'espace (murets de pierre, haies, etc.). Ces "agrotopes" offrent des habitats très variés et de grande valeur, certaines espèces animales se trouvent en particulier principalement dans les "agrotopes"

(biotopes de pente forte, biotopes de muret de pierre).

3.2.4.3 Résultats du maintien de prairies et de l'extensification (type 10) au plan de la préservation des habitats

3.2.4.3.1 Maintien des prairies

Critchley et al. ont résumé les résultats de plusieurs monitoring de programmes AE (AEP) britanniques menés entre 1987 et 2000 en se concentrant sur la botanique113, afin d'évaluer le rôle des MAE par rapport aux objectifs du plan d'action "habitats" du Royaume-Uni, (HAP). Il en ressort que les AEP étudiés ont relativement réussi à maintenir l'état des prairies semi-naturelles de grande valeur en termes de biodiversité. Les éléments rassemblés suggèrent que la détérioration de ces habitats est plus probable dans les terres hors AEP. La plupart des exemples de réhabilitation sont associés à une interdiction d'utilisation d'engrais chimique ou à des applications d'engrais réduites lors de l'entrée dans le programme. Selon Carvell114, un autre chercheur anglais, l'introduction de programmes AE comme celui des ESAs, qui peuvent inclure la conversion des terres arables en prairies (Coates, 1997), aura des effets bénéfiques considérables sur la faune de bourdons en déclin en restaurant leur habitat, les pelouses calcaires.

En Angleterre, la comparaison de recensements de papillons Hesperia Comma (HC) en 1982 et 2000 indique que le nombre de populations de ces papillons s'est multiplié par 4, il est passé de 68 à 257, et que la surface de leur habitat s'est multiplié par 10115.

106 Birdlife Österreich, 2002. Winterliche Habitatnutzung von Greifvögeln und anderen Vogelarten, Wien,

107 Zethner G., Pilotstudie – Vergleichende Biodiversitätsuntersuchungen in ausgewählten Gebieten, Forschungsprojekt 1314 UBA, Birdlife Österreich und Institut für Ökologie & Naturschutz, Wien.

108 Birdlife Österreich–Gesellschaft für Vogelkunde, 2002. Winterlichen Habitatnutzung von Greifvögeln und anderen Vogelarten, Wien.

109 Birdlife Österreich–Gesellschaft für Vogelkunde, 2002. Winterlichen Habitatnutzung von Greifvögeln und anderen Vogelarten, Wien.

110 Zethner G., Schwaiger E., 2002. Kulturlandschaft und Landschaftsgestaltung, Wien.

111 Bay.Staatsministerium für Landesentwicklung und Umweltfragen, ANL, 1995. Lebensraumtyp Einzelbäume und Baumgruppen, In:

Landschaftspflegekonzept Bayern, Band II.14, München.

112 Bay.Staatsministerium für Landesentwicklung und Umweltfragen, ANL, 1997. Lebensraumtyp Agrotope In:

Landschaftspflegekonzept Bayern, Band II.11, München

113 Critchley C.N.R., Burke M.J.W., Stevens D.P., 2003. Conservation of lowland semi-natural grasslands in the UK: a review of the botanical monitoring results from agri-environment schemes, Biological Conservation 115, pp.263-278.

114 Carvell C., 2002. Habitat use and conservation of bumblebees (Bombus spp.) under different grassland management regimes, Biological Conservation 103, pp.33–49.

115 Davies Z.G. et al., 2005, The re-expansion and improving status of the silver-spotted skipper butterfly (Hesperia comma) in Britain: a metapopulation success story, Biological Conservation 124, pp.189-198.

Tableau 19 : Accessibilité et colonisation des îlots d'habitats adaptés dans les "Nord and South Downs" et distribution des papillons

Depuis 1982 plusieurs facteurs ont contribué à une élévation de la quantité et de la qualité des habitats, parmi lesquels le développement de programmes AE. Les deux programmes phare ESA et CSS prennent en compte la distribution de HC.

Figure 25 : Abondance des populations d'Hesperia Comma entre 1992 et 2000 dans des sites sous contrats agro-environnementaux et dans des sites hors contrats

Le South Downs ESA, qui s'étend sur 673 km², a favorisé une gestion traditionnelle des prairies pâturées (Lobley et Potter, 1998). En dehors de ce programme, dans le Surrey, le Kent, des régions de l'East Sussex et du Hampshire, 698 contrats CSS ont été signés entre 1992 et 2000 ce qui correspond à une surface de 116 km² (Defra, 2003). Ces régions ne sont pas dans leur totalité des habitats de HC mais les papillons devraient continuer à profiter de ces initiatives ; entre 1992 et 2000 la population de HC s'est accrue de 22 % par an dans les sites sous contrats, contre 9 % seulement dans les autres sites. Cependant, malgré une disponibilité accrue de l'habitat, la nature fragmentée du paysage risque de limiter le rétablissement des populations : ainsi plus de 80 % des îlots d'habitat adapté à HC situés entre 5 et 15 km d'un abri de population de 1982 restent non colonisés en 2000.

Thompson et al. ont travaillé un éventuel ajustement du programme ESA116 pour une meilleure protection et restauration d'un habitat menacé, les prairies calcaires du sud-est de l'Angleterre reconnues d'importance internationale (92/43/EC). Les résultats des premiers monitorings des programmes ESAs montrent qu'il n'y a pas de détérioration significative des habitats sur les terres sous contrats et certains résultats indiquent même des améliorations en terme de qualité du paysage et de diversité des espèces (Waters, 1993). Une étude de cas réalisée dans les Chiltern Hills prouve qu'une "deuxième génération" de ESA pourrait apporter de meilleurs moyens de conservation et de restauration de l'habitat dans les prairies calcaires de la région que les outils existants. En effet, 50 % des prairies calcaires encore présentes dans les Chiltern sont soumises à une dégradation par invasion de broussailles et il est prouvé que le surpâturage est une menace croissante (Redgrave, 1997). Thompson et al. démontrent qu'une approche plus ciblée des programmes ESA pourrait éviter des coûts inutiles et permettrait de canaliser les fonds excédentaires vers la conservation d'habitats menacés.

Comme on peut le voir au travers de ces résultats multiples, le maintien ou le développement des prairies est souvent favorable au niveau des habitats

116 Thompson S., Larcom A., Lee J.T., 1999. Restoring and enhancing rare and threatened habitats under agri-environment agreements: a case study of the Chiltern Hills Area of Outstanding Natural Beauty, UK, Land Use Policy 16, pp. 93-105.

3.2.4.3.2 Gestion extensive

L'extensification n'est pas par définition une pratique destinée à créer des habitats, toutefois son intérêt dans ce domaine est mis en évidence par plusieurs études. Ainsi, une étude anglaise117 sur l'influence de différents régimes de coupe sur les espèces de carabes dans des tournières de champs à ensiler montre qu'une gestion peu intensive des tournières permet une augmentation de la surface réelle de l'habitat des carabes pendant l'interculture. En fait, les espèces de coléoptères qui utilisent normalement les bords de champ utilisent aussi les parcelles les moins fréquemment coupées, Haysom et al. ont relevé une diversité significativement plus élevée dans les parcelles non coupées que dans les parcelles coupées une ou trois fois.

Or, la valeur des habitats interculturaux en tant que couloirs biologiques, abris et sites d'hivernage est bien documentée (par exemple Thomas et al, 1992; Dennis et al, 1994; Lee et al, 2001).

En France, des chercheurs118 ont étudié les premières MAE mises en œuvre dans les marais de l'ouest qui avaient pour objectif la conservation des biotopes humides par le maintien de modalités de gestion extensive des surfaces en herbe. Ils montrent que l'efficacité du dispositif sur la conservation des surfaces en herbe est réduite par l'absence de prise en compte de la diversité des usages des terres ; l'occupation du sol n'a pas réellement évolué entre 1992 et 1996. Cependant, on ne peut pas affirmer que les MAE ont enrayé le processus de transformation des marais (assèchement) car de nombreux facteurs macro-économiques sont intervenus simultanément. Les MAE ont en tout cas provoqué un regain d'intérêt pour les marais. Les inventaires biologiques à intervalle de 4-5 ans ne permettent pas de conclure sur l'évolution de la flore et de l'avifaune des marais. L'observation des espèces limicoles (associée à des enquêtes agricoles) indique que les parcelles pâturées sont plus fréquentées que les parcelles de fauche. Cependant, l'utilisation agricole du territoire n'est pas le seul élément explicatif de la présence des oiseaux limicoles.

3.2.4.4 Résultats du maintien en culture de zones en voie de déprise (type 11) au plan de la préservation des habitats

Dans le Parc Naturel Régional du Lubéron, France, l'objectif de la mesure "Biotopes rares et sensibles"

était de préserver les milieux ouverts les plus remarquables en associant l'action de pâturage de troupeaux ovins et des débroussaillements mécaniques. Selon Beylier et al119, l'impact environnemental de la mesure par rapport à cet objectif est difficile à quantifier. Des surfaces importantes de "biotopes rares et sensibles" ont effectivement été entretenues ou restaurées. L'évaluation du gain en biodiversité est en cours de traitement par diverses équipes scientifiques.

3.2.4.5 Résultats de l'agriculture biologique (programme transversal de type 14) au plan de la préservation des habitats

En Autriche, une étude120 indique qu'en agriculture biologique la présence d'herbes dans les parcelles de céréales d'hiver est plus importante qu'en agriculture conventionnelle. Il en résulte une augmentation de la diversité des habitats, les chercheurs estiment donc que l'agriculture biologique a un impact positif sur les habitats.