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Résultats détaillés des études scientifiques identifiées pour le thème de qualité de l'eau

3.4 Impacts sur la qualité des eaux des mesures agro-environnementales

3.4.4 Résultats détaillés des études scientifiques identifiées pour le thème de qualité de l'eau

Les études montrent donc plutôt bien l'effet des MAE sur la qualité de l'eau, en revanche les effets des MAE sur la qualité des habitats aquatiques sont peu montrés. D'une façon plus générale, il ressort également de ces études :

- L'influence de l'étendue des surfaces contractualisées pour obtenir, au delà de l'efficacité sur les exploitations contractantes, une réelle efficacité globale.

- L'importance de la notion de réseau (continuité du réseau de bandes enherbées et de haies) pour limiter les transferts de matière polluante.

- Les limites des pratiques qui peuvent être efficace à une saison ou dans un environnement spécifique et l'être moins dans d'autres conditions. Cela suggère l'importance d'établir un diagnostic préalable avant l'utilisation des MAE et de développer la pratique des analyses et des bilans de fertilisation.

3.4.4 Résultats détaillés des études scientifiques identifiées pour le thème de qualité de l'eau

Nous avons identifié et exploité 53 études scientifiques ou techniques qui analysent les effets des MAE (ou de pratiques reprises dans le cadre des MAE), sur la qualité de l'eau. Les résultats de notre analyse sont reportés aux § suivants qui sont classés par type de mesures issu de notre typologie des MAE. Ces études proviennent de 9 EM.

3.4.4.1 Résultats pour l'ensemble des mesures au plan de la protection de la qualité de l'eau Un certain nombre d'études traitent des effets des MAE en général sur la qualité de l'eau. Ainsi en Finlande, l'étude d'évaluation du programme GAEPS132 conclut que le programme a considérablement amélioré les pratiques de culture : moindre utilisation d'engrais (-30% de P et -10 % de N en 1994-1997), moindre utilisation et meilleure gestion des pesticides (-34 %), couverture accrue des cultures en hiver, diminution du cheptel et fin de l'épandage hivernal du fumier d'étable. En revanche, l'incidence sur la protection des eaux est plus limitée: la lixiviation des phosphates diminue certes, mais lentement. Toujours en Finlande, de nombreuses études scientifiques démontrent l’intérêt des MAE en terme de préservation de la qualité de l’eau. Le soutien à l’AE a permis la mise en place de nombreuses tournières et bandes enherbées. Il a

132 Commission européenne, 1998. Evaluation des programmes agro-environnementaux, Document de travail de la Commission – DG VI, Etat d'application du règlement CE 2078/92.

http://europa.eu.int/comm/agriculture/envir/programs/evalrep/text_fr.pdf

également contribué à l'introduction de ripisylves et à la mise en place d’un couvert herbacé sur les sols en hiver. Les mesures mises en œuvre ont ainsi limité l’utilisation de phosphore et d'azote contenus dans les engrais chimiques. Les effets les plus visibles ont été lors du programme précédent (1995-1999), mais de 1999 à 2002, l'utilisation d'azote a été réduite de 2,60% et celle du phosphore de 7,10%. Encore en Finlande, une autre étude, menée sur l’efficacité du programme AE133 montre que le taux de phosphates dans le sol est en lente diminution ces dernières années grâce aux contrats AE souscrits par les agriculteurs. Toutefois dans les zones d'études MYTVAS, l'analyse de la distribution des teneurs en phosphates dans le sol montre peu d'évolution entre les périodes 1995-1999 et 2000-2002, même si dans la plupart des cas une diminution du taux moyen des phosphates existe (Pyykönen et al., 2004). Le soutien à l’AE a entraîné une prise de conscience environnementale générale, mais en dépit de la réduction des apports en intrants et pesticides, la qualité des eaux ne s’est pas améliorée de manière significative. Ce résultat est confirmé par Granlund et al.134 pour la première période du PAE finlandais 1995-1999 qui ont utilisé des données de monitoring à long terme. Leur étude montre que malgré des efforts considérables pour réduire la charge en nutriments, pas ou peu de diminutions de ces charges n'ont été constatées entre 1995 et 1999 dans les versants étudiés. Les qualités des eaux dans les deux petits bassins-versants agricoles (Löytäneenoja et Savijoki) ne suivent pas de tendance particulière dans leurs concentrations en phosphore entre 1981 et 2000, et une augmentation significative a même été enregistrée pour la concentration en azote dans le bassin de Löytäneenoja. Dans les bassins hydrographiques, la plupart des concentrations moyennes en nutriments ont le même niveau ou sont même plus élevées pendant la période 1995-1999 que pendant la période 1990-1994. Selon les chercheurs, les résultats suggèrent de renforcer les mesures de protection de l'eau pour la production agricole et de tenir compte du délai de réponse de la qualité de l'eau au changement des pratiques.

Une étude menée au Royaume-uni, sur l’utilisation des terres agricoles dans le programme ESA135 montre qu’une réduction substantielle de l'utilisation de fongicides et d’insecticides a été réalisée, permettant une amélioration de la qualité des eaux. De la même manière en Autriche, les résultats d'une étude sur les effets du programme ÖPUL sur la qualité des eaux136 montrent des corrélations significatives entre des bilans azotés faibles et certaines mesures ÖPUL, en particulier les mesures 31 "Protection des eaux" et 2

"Agriculture biologique".

Figure 28 : Effet du programme ÖPUL sur le bilan azoté

-20 0 20 40 60 80 100

without advancement

OEPUL 1 basic advancement

OEPUL 31 projekt water

protection

OEPUL 2 organic farming

kg N/ha

Le graphique ci-dessus démontre l'efficacité des mesures "protection des eaux" et "agriculture biologique"

sur la réduction de la quantité de nitrates dans les sols et donc le lessivage de ces nitrates dans les eaux.

Il faut signaler tout de même que le faible nombre de participants au programme ne permet pas d'avoir des résultats statistiques fiables, mais plutôt une tendance. L'étude montre aussi que l'abandon de la fertilisation après le 15 octobre a des effets positifs sur le potentiel de lessivage des nitrates, et recommande une extension de la période. D'autre part, les chercheurs montrent que les bilans d'engrais et les analyses de sol volontaires sont très efficaces mais que le degré de participation n'est pas suffisant, sans doute à cause des efforts que cela implique de la part des agriculteurs. Une autre étude concernant les effets

133 Uusitalo R., Ekholm P., 2004. Estimating algal-available phosphorus in surface soil and runoff, in E. Turtola, R. Lemola (eds), Follow-up of the effectiveness of the Agri-environmental Programme in Finland, MTT.

134 Granlund et al., 2005. Assessment of water protection targets for agricultural nutrient loading in Finland, Journal of Hydrology volume 304, pp.251-260.

135 Psychoudakis A., Aggelopoulos S., Dimitriadou E., 2002. Agricultural Land Use in an Environmentally Sensitive Area: An Assessment of an Agri-environmental Policy Measure, Journal of Environmental Planning and Management vol. 45, no. 4, pp. 481-491(11).

136 Wpa GmbH, 2003. Evaluierung der Auswirkungen der Maßnahme 2.31 aus ÖPUL (Regionalprogramm Grundwasser 2000 NEU) für die Verbesserung der Grundwasserqualität am Beispiel von zwei Grundwassergebieten Oberösterreichs, in Zusammenarbeit mit dem BA für Wasserwirtschaft Institut für Kulturtechnik und Bodenwasserhaushalt, Wien.

des programmes AE137, montre que la réduction de l'utilisation d’engrais et de pesticides a entraîné des effets significatifs dans l’amélioration de la qualité de l’eau dans la plupart des secteurs étudiés sur la période 1993-1997 en Europe de l'Ouest.

Dans le Parc Naturel de l'Albufera, dans la région de Valencia en Espagne, le rapport d'évaluation intermédiaire des MAE138 montre une tendance à la diminution de la concentration en nitrates des eaux superficielles et des eaux souterraines entre 1990 et 1998, comme l'indique le graphique suivant.

Figure 29 : Evolution de la concentration en nitrates des eaux superficielles (gauche) et souterraines (droite) entre 1990 et 1998 dans le Parc Naturel de l'Albufera

Source : MAPA, 2000

Cependant, ces résultats ne sont pas représentatifs de l'ensemble des parcelles sous contrat AE "Protection de la faune et de la flore dans les zones humides" car les données sont relatives à un petit nombre de parcelles.

Par ailleurs, la contribution de l'eau des rizières à l'aquifère de la zone est très faible par rapport à celles des industries, des zones urbaines, et des cultures intensives alentour. L'évaluation du second PAE (2003) souligne que l'amélioration de la qualité des eaux, superficielles et souterraines, grâce à la riziculture agro-environnementale est un fait. D'autre part, toujours en Espagne, l'évaluation du premier PAE139 dans le Parc National de Doñana montre une tendance à la baisse de la concentration en nitrates des eaux superficielles et souterraines entre 1993 et 1996 comme l'indiquent les graphiques ci-dessous.

Figure 30 : Evolution de la concentration en nitrates des eaux superficielles (gauche) et souterraines (droite) entre 1993 et 1996 dans le Parc National de Doñana

Source : MAPA, 2000

Cependant, les concentrations en nitrates dans les eaux superficielles n'ont été relevées que pour une parcelle en AE ce n'est pas assez représentatif. Toutefois de ces deux études il ressort que lorsque les mesures sont faites sur les parcelles mêmes où les MAE sont mises en œuvre, elles peuvent refléter des résultats plus rapides et probants que celles produites à l'échelle de bassins versants qui intègrent d'autres parcelles.

L'ensemble de ces études montre donc une certaine efficacité des MAE en relation avec la baisse d'utilisation d'intrants et l'amélioration de la qualité de l'eau. D'autres études montrent qu'il a été assez difficile d'atteindre ces résultats voire qu'il n'y a pas eu de résultat du tout. Ainsi au Danemark, l'évaluation à mi-parcours du RDP indique que les effets des MAE de protection de l'eau étaient limités. Les réductions d'azote par exemple atteignent 1150 t pour l'agriculture biologique et 550 t seulement pour les mesures orientées vers la

137 Primdahl J., Peco B., Schramek J., Andersen E., Oñate J.J., 2003. Environmental effects of agri-environmental schemes in Western Europe, Journal of Environmental Management 67, pp 129-138.

138 Sources : MAPA, 2000. Evaluation Report of the Spanish Agri-environmental Programme.

139 Sources : MAPA, 2000. Evaluation Report of the Spanish Agri-environmental Programme.

protection des eaux. Des réductions de 33 kg/ha pour l'agriculture organique et de 11 kg/ha pour les autres mesures sont prévues. Une autre étude menée en 1999 en Andalousie sur des systèmes de production laitière indique que les éleveurs sont toujours principalement motivés par l'accroissement de la productivité. Dans ces systèmes d'élevage hors sol, les MAE n'ont pas stoppé la surcharge animale. Les dégâts causés par le stockage des déchets (fumiers) conduisent à une contamination des eaux souterraines par les nitrates et à une contamination des eaux proches des exploitations intensives par des bactéries E.Coli140. Cette étude montre donc que certains systèmes de production sont plus ou moins convaincus d'adhérer au système des MAE. D'une manière générale ce qui est constaté par cette étude est que les MAE ont eu plus de mal à s'implanter dans les exploitations très intensives.

3.4.4.2 Résultats des mesures de type 1 (réduction des apports d'engrais et de pesticides) au plan de la protection de la qualité de l'eau

Ce point est sensible en Europe. Il y a donc une littérature scientifique abondante sur le sujet. Par exemple, une étude menée en Italie141, dans la plaine du Pô, sur l’impact environnemental de la culture du maïs compare 4 systèmes de culture : A, avec une forte utilisation d'engrais chimiques, lisiers et pesticides, B, intensif, C à usage d'intrants modéré qui représente l'exploitation AE type (règlement 2078/92) et D avec des techniques très respectueuses de l'environnement. Elle montre que les 2 systèmes ayant opté pour la réduction d’intrants, ont des impacts environnementaux négatifs moindres que les 2 autres et particulièrement sur le lessivage des nitrates, comme le montre le graphique ci-après.

Figure 31 : Distribution statistique des événements de lessivage annuel de nitrates (simulations sur 100 années)

Une autre étude italienne très similaire142 compare les impacts environnementaux de 4 systèmes de production qui diffèrent principalement par leur utilisation d'intrants. Les résultats montrent de grandes différences dans les concentrations en nitrates de la partie superficielle des eaux souterraines, avec des valeurs moyennes comprises entre 7,89 mg/L pour le système qui consomme le plus d'intrants (engrais chimiques, lisiers et pesticides) et 2,21 mg/L pour le système à bas niveau d'intrants avec une couverture végétale. Le classement des pertes en azote par lessivage dans les 4 systèmes de culture correspond au niveau total d'azote apporté avant et pendant le cycle de croissance du maïs. Les chercheurs montrent qu'une réduction considérable des pertes en azote peut être atteinte en passant d'un système intensif avec apport de lisier à un système intensif sans apport de lisier. Des améliorations supplémentaires peuvent être obtenues avec un système à bas niveau d'intrants basé sur une fertilisation en azote faible et la présence d'un couvert végétal en hiver. L'étude ne permet pas de distinguer les effets de ces deux mesures.

En France, l'opération nationale Ferti-mieux (1991-2002) a permis une amélioration des pratiques en matière de fertilisation azotée et a eu des effets positifs sur la qualité des eaux : deux exemples pris en Lorraine montrent une diminution de la teneur en nitrates des eaux deux ans après le début de l'opération143. L'évaluation à mi parcours du RDP du Brandenburg144 montre également qu'une réduction des intrants

140 Ceña Delgado F., Ortiz Miranda D., 1999. The effects of Common Agricultural Policy on agro-environmental quality in livestock farming : the case of Andalusia. Mediterranée n°1.

141 Giupponi C., 2000. The environmental impact of maize cultivation in the European union : practical options for the improvement of the environmental impact. Italian case study, Università degli Studi di Padova Dipartimento di Agronomia Ambientale e Produzioni Vegetali. http://europa.eu.int/comm/environment/agriculture/pdf/mais_italie.pdf

142 Borin M., Giupponi C., Morari F., 1997. Effects of four cultivation systems for maize on nitrate leaching – 1. Field experiment, European Journal of Agronomy 6, pp.101-l12.

143 Sebillotte M., 2003. Ferti-mieux. Une opération de lutte contre les pollutions par les nitrates, Journée de l'Académie d'Agriculture de France.

144 ZALF, 2002. Halbzeitbewertung des Plans zur Entwicklung des ländlichen Raums des Landes Brandenburg, für das MLUR Brandenburg, Potsdam, 287p.

peut être réalisée par les MAE, mais c'est surtout vrai pour la mesure "Agriculture biologique". La comparaison des bilans azotés des fermes participant au programme AE KULAP (Kulturlandschaftsprogramm) et des fermes hors programme ne montre pas d'effet significatif : dans les fermes participantes, le bilan est en moyenne de 32 kg/ha et dans les non participantes, la valeur est de 33 kg/ha. Seule l'agriculture biologique atteint un solde en azote négatif, -21 kg/ha. En Autriche, un rapport sur le programme ÖPUL (Österreichische Programm zur Förderung einer umweltgerechten, extensiven und den natürlichen Lebensraum schützenden Landwirtschaft)145 montre, au bout d'un an d'application, les résultats positifs suivants, relatifs à la diminution de l'emploi de pesticides sur les cultures:

– diminution de 7,14 % de l'emploi de pesticides (9,64 % pour les fongicides, 10,14 % pour les insecticides);

– diminution de 57,62 % des inhibiteurs de croissance.

En ce qui concerne la production fruitière intégrée, les mesures du programme ÖPUL se sont traduites par une diminution des pesticides de l'ordre de 30 % par rapport à l'arboriculture traditionnelle. Plus que la diminution quantitative, c'est le changement qualitatif qui est important pour l'environnement: les nouvelles substances utilisées pour la production intégrée présentent une qualité écologique infiniment supérieure. Parmi les critères d'introduction d'un nouveau produit dans les "consignes relatives à la production intégrée", on trouve les effets sur les eaux souterraines. Le rapport finlandais d'évaluation des MAE146 confirme la réduction totale par hectare des apports de phosphore et d'azote contenus dans les engrais chimiques. La majeure partie de cette réduction s'est réalisée pendant le 1ere période du programme AE, entre 1995 et 1999. Le graphique suivant indique l'ampleur des réductions d'apports.

Tableau 26 : Réduction d'engrais obtenue en Finlande par les PAE

Réduction de l'utilisation d'engrais 1995-1999

Azote (céréales) -10 kg/ha

Azote (herbe fourragère) -20 kg/ha

Phosphore -5 kg/ha

Source : Etude nationale Finlande de SAVCOR

Entre 1999 et 2002, l'utilisation d'azote a diminué de 2,60 % et celle du phosphore de 7,10 %. En 12 ans, le bilan phosphoré a baissé d'environ un tiers mais il a augmenté dans les champs qui avaient les niveaux de phosphore les plus faibles.

Dans le sud-ouest de l'Espagne, une étude147 montre qu'une réduction de la fertilisation azotée dans des cultures de maïs irriguées diminue considérablement le lessivage des nitrates sans abaisser le rendement.

Les chercheurs ont comparé la quantité de nitrates lessivés dans les parcelles A, à une fertilisation azotée traditionnelle de 500 kg d'azote/ha, et dans les parcelles B à une fertilisation azotée 3 fois moindre, de 170 kg d'azote/ha. Les quantités de nitrates lessivés, calculées pendant et après la culture du maïs au cours de 3 années, atteignent 147,50 kg/ha dans les parcelles A et 44 kg/ha seulement dans les parcelles B, bien que le drainage ait été plus important dans les parcelles B.

Figure 32 : Quantités cumulées de nitrates lessivés (kg N/ha) sous une profondeur de 0,90 m pendant la période d'expérimentation dans les parcelles A et B

Source : Moreno et al., 1996

145 Commission européenne, 1998. Evaluation des programmes agro-environnementaux, Document de travail de la Commission – DG VI, Etat d'application du règlement CE 2078/92.

http://europa.eu.int/comm/agriculture/envir/programs/evalrep/text_fr.pdf

146 SAVCOR, 2005. Evaluation des mesures agri-environnementales en Europe, Rapport National Finlande.

147 Moreno F. et al., 1996. Water balance and nitrate leaching in an irrigated maize crop in SW Spain, Agricultural Water Management volume 32, pp.71-83.

Ainsi, l'étude montre qu'en divisant la quantité d'azote apportée par 3, les agriculteurs peuvent diviser par 3 aussi la quantité d'azote lessivé sous forme de nitrates. Une autre étude espagnole148 évalue l'effet de différentes doses de fertilisation (niveau de base, niveau de base -20 %, -50 % et la dose calculée par le système de recommandation Nmin (Neeteson, 1995) pour les légumes, ou la dose de base -70 % pour les agrumes) sur le lessivage total de l'azote vers les eaux souterraines dans une région de culture intensive près de Valencia à l'aide du modèle GLEAMS associé à un SIG. Les chercheurs ont relevé une forte diminution 66 % du lessivage de l'azote avec la méthode Nmin par rapport au lessivage obtenu avec le niveau de base de fertilisation azotée. C'est le système le plus efficace pour les légumes car il réduit peu la prise d'azote par les plantes. Dans le cas des agrumes, la réduction de 70 % de la dose de fertilisation azotée entraîne une réduction de 79 % du lessivage mais au détriment aussi des cultures. Le système le plus efficace pour les agrumes est de réduire la dose basique de 50 % : cela réduit le lessivage de 65 % et la prise d'azote par les cultures ne baisse que de 3 %. L'étude montre aussi que la réduction du lessivage est plus importante quand l'agriculteur irrigue avec des eaux de surface qu'avec des eaux souterraines car l'eau des nappes est chargée en nitrates. L'étude présente un graphique démontrant la relation entre la dose d'azote apportée (par la fertilisation, l'irrigation et la pluie) et le lessivage de l'azote, mise en évidence par plusieurs études (Lidόn, 1994 ; Dasberg et al., 1984 ; Rodrigo, 1995 ; Samaleh et al., 1997 ; Lamb et al., 1999).

Figure 33 : Relation entre la quantité d'azote apportée (kg/ha) et la quantité d'azote lessivé (kg/ha) observée par différents chercheurs pour des légumes et des agrumes

Source : de Paz J.M., Ramos C., 2004

D'autres régions d'Europe font le même constat, ainsi, d'après un document de la Commission149, le rapport d'évaluation intermédiaire des PAE en Italie indique que la production intégrée (PI) est largement appliquée dans ce pays où elle représente environ 40 % des dépenses. Son application est concentrée sur les cultures permanentes, comme les vignobles, les vergers et les oliveraies. Les résultats de l'évaluation en Émilia-Romagna montrent une diminution de l'emploi de pesticides qui va d'un minimum de 7 % pour les vignes à 35 % pour les pommiers, 43 % pour les poiriers et 55 % pour les pêchers. Les données relatives aux cultures annuelles indiquent un recul de l'emploi de pesticides qui va de 6 % pour le maïs à 38 % pour le blé et 37 % pour les tomates, tandis que l'emploi d'engrais a diminué de 30 % à 48 %. Les résultats indiquent une baisse du bilan azoté, voire un bilan négatif, et un accroissement du bilan énergétique, voire un bilan positif.

Pour le contrôle des nitrates, des phosphates et des substances actives, le suivi a été effectué sur des échantillons de sol et d'eau : les résultats montrent une évolution positive vers les valeurs cibles. Des résultats analogues ont été constatés en d'autres points de l'Italie. D'après le même document, un net recul de l'emploi d'engrais et de pesticides est enregistré en Toscane, dans les exploitations agro-environnementales. Les résultats sont obtenus en comparant les exploitations qui ont souscrit un engagement avec des exploitations témoins où les mesures ne sont pas appliquées et qui font partie du Réseau des données comptables agricoles (RICA). On a également constaté que des produits présentant un certain degré de toxicité étaient remplacés par des produits moins toxiques. L'analyse des résidus de pesticides sur des fruits montre l'absence de résidus supérieurs aux seuils et une majorité d'échantillons présentant une absence totale de résidus — 60 % pour les fruits et 80 % pour les légumes. Cependant, en Vénétie, Italie150, une mesure de diminution de l'azote, qui vise entre autres la réduction de la lixiviation

148 de Paz J.M., Ramos C., 2004. Simulation of nitrate leaching for different nitrogen fertilization rates in a region of Valencia (Spain) using GIS-GLEAMS system, Agriculture, Ecosystems & Environment volume 103, pp.59-73.

149 Commission européenne, 1998. Evaluation des programmes agro-environnementaux, Document de travail de la Commission – DG VI, Etat d'application du règlement CE 2078/92, p46.

http://europa.eu.int/comm/agriculture/envir/programs/evalrep/text_fr.pdf

150 Commission européenne, 1998. Evaluation des programmes agro-environnementaux, Document de travail de la Commission – DG VI, Etat d'application du règlement CE 2078/92, p47.

http://europa.eu.int/comm/agriculture/envir/programs/evalrep/text_fr.pdf

des nitrates dans les cours d'eau, y compris la lagune de Venise, n'a eu qu'une incidence minime dans une zone intensive où la culture dominante est le maïs. Les résultats montrent que le niveau de financement est trop faible et que l'application du programme est insuffisamment répandue. Les calculs montrent que, même si toutes les terres éligibles étaient intégrées dans le projet et que l'utilisation de l'azote soit réduite de 20 %, la diminution globale ne serait que de 0,6 % pour l'ensemble de la zone.

D'après le document de la Commission précité, dans la région Sachsen Anhalt, en Allemagne, la mesure de diminution de l'azote permet de réduire les nitrates résiduels dans le sol en automne. Les nitrates résiduels sont un indicateur du risque potentiel de lixiviation de nitrates dans les eaux souterraines. Les chiffres indiqués ci-dessous donnent, pour trois mesures, la réduction obtenue par rapport aux méthodes habituelles:

− mesure de base: diminution de 9,90 kg de NO3-N/ha.

− diminution des engrais azotés de 20 %: diminution de 17,10 kg de NO3-N/ha.

− diminution des engrais azotés de 20 % plus semis de paillis et cultures dérobées: diminution de 31,90 kg de NO3-N/ha.

Les autorités estiment que la diminution des nitrates résiduels dans le sol a atteint, en 1997 en Saxe, 11 672 tonnes de NO3-N pour les activités de culture.

Le même document indique que la mesure de diminution de la pollution par les nitrates en Thessalie, Grèce, n'a pas eu d'effet significatif ni sur les pratiques agricoles, ni sur l'environnement car cette mesure ne s'applique même pas à 5 % de la plaine de Thessalie, une zone de monoculture de coton intensive.

Une autre étude151 confirme la faible participation des agriculteurs de la plaine de Thessalie à la MAE. Les auteurs présentent des résultats d'analyses de sol menées par la National Agricultural Research Foundation (N.A.G.R.E.F), organisme chargé du monitoring en 2001, 2002, 2003 sur 5 % des bénéficiaires des primes AE pour la réduction des nitrates.

Tableau 27 : Réduction annuelle des concentrations en nitrates du sol Year Difference

2001 8,37 mg/kg

2002 Not available

2003 4,75 mg/kg

Source : Speed, 2005

Ces résultats montrent toutefois qu'il y a eu réduction de la concentration en nitrates dans le sol chez les participants à la MAE.

En France, des études vont dans le même sens d'une difficulté à montrer les effets en dehors des exploitations contractantes. Lors de l'évaluation des effets environnementaux des mesures de réduction d'intrants152, il a été constaté que :

− souvent les parcelles contractualisées ne forment pas un ensemble assez vaste pour pouvoir espérer un effet sur la qualité de l'eau.

− 60 % des dispositifs de suivi régionaux évalués n'ont pu fournir d'éléments sur les effets de cette mesure, jugeant le plus souvent qu'il était trop tôt pour conclure.

− 13 % des opérations de suivi de cette mesure ont conclu à une diminution des risques de lessivage (non quantifié).

Toujours en France, une étude de l'INRA montre que :

− l'application du Cahier des Charges MAE entraîne une réduction de reliquat d'Azote post-récolte de l'ordre de 7 à 10 kg/ha sur des cultures de Colza et de Blé par rapport au modèle "Azobil"153.

− pour le Blé, les analyses montrent un écart de moins de 5 kg/ha d'azote entre la dose "Azobil" et la dose MAE quel que soit le type de sol.

− à l'échelle du bassin versant étudié (bassin des Bruyères en Ile de France) la diminution des reliquats induite par l'application des doses MAE est très faible. Ils ne sont pas extrapolables à l'ensemble des régions françaises puisqu'ils dépendent de nombreux autres facteurs (nature des cultures, pratiques des agriculteurs, présence d'apports importants de matière organique, type de sols, pluviométrie, etc.).

De la même manière, au Danemark, l'évaluation du premier PAE 1994-1996 au moyen d'enquêtes et d'entretiens individuels avec les agriculteurs154 montre qu'une forte réduction de l'emploi d'engrais azotés

151 Speed, 2005. Evaluation of agri-environmental measures in Europe, National Report Greece.

152 Duclay E., 1997. Evaluation nationale de la mesure agro-environnementale "réduction d'intrants". Rapport de synthèse. Ministère de l'Agriculture et de la Pêche. Décembre 1997.

153 Azobil : Dose issue de la méthode du bilan prévisionnel à l'aide d'un logiciel calé sur les références locales à partir de la mesure du reliquat à la sortie de l'hiver (en moyenne, Blé : 161 N, Orge : 125 N, Colza : 199 N, Betterave : 153 N).