ATTIVITÀ DI FORMAZIONE MISSIONARIA
LA RECHERCHE EN ARCHIVES DANS LE DOMAINE DE LA MISSIOLOGIE Centre International d’Animation Missionnaire (CIAM) – Rome
13) Frère Florian RENAUD, spiritain français, étudiant en Diplôme Universitaire à l’ISTR-ICP
Sujet de recherche : Histoire de la fondation de la Congrégation du Saint Cœur de Marie, une des deux Congrégations qui ont donné naissance à la Congrégation du Saint Esprit, à travers la correspondance de Libermann à la Propaganda Fide.
Archives de la Propaganda Fide : L’étudiant a travaillé sur le rapport de 1840 écrit par Libermann qui traite de la fondation de l’œuvre des Noirs, et un mémoire sur la fondation du Saint Cœur de Marie de 1846. Ce travail a été rendu difficile par l’existence de deux rapports dans lesquels se trouvent de nombreux fragments d’autres documents. Ce travail a permis d'observer la façon dont Libermann tient compte du contexte de son époque lors des moments de fondation. Tout d'abord c'est l'observation d'un besoin qui suscite l'initiative de l’œuvre, mais c'est également l'observation du contexte du lieu de mission qui permet d'adapter l’œuvre afin qu'elle réponde au mieux à ce besoin. L’étude des originaux des différents mémoires a également permis d'observer quelques constances dans la pensée missionnaire de Libermann, comme son intime conviction de la nécessité d'un clergé et d'une hiérarchie autochtones par exemple.
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14) M. l’abbé Gianfranco SABA, prêtre diocésain sarde, inscrit en Diplôme Universitaire Religions, Interculturalité et Société à l’ISTR-ICP.
Sujet de recherche : Reconstituer l’histoire d’un capucin sarde, le père Tommaso qui a travaillé 36 ans comme médecin à Damas au milieu de communautés religieuses très diverses, juive, chrétienne et musulmane, et est mort de façon mystérieuse à Damas en 1840.
Archives de la Propaganda Fide. De nombreux documents ont été trouvés, donnant des informations éparses mais importantes sur ce capucin, faisant état de son œuvre au milieu de ce monde juif, chrétien et musulman, ses relations avec le monde des marchands dans cette ville-carrefour de Damas, dans l’Empire ottoman. Mais les circonstances de sa mort n’ont pas pu être élucidées.
15) M. l’abbé Brice TESTU, mep, français, inscrit en Master 2 Missiologie, Théologie des religions, Dialogue à l’ISTR-ICP.
Sujet de recherche : La pensée missionnaire de Henri de Lubac (1896-1991) à travers sa correspondance avec le père de Montcheuil s.j. (1900-1944) et le père Pierre Charles s.j.
(1883-1954).
Archives jésuites : La correspondance étudiée a concerné la période 1920-1940. Le dépouillement des lettres a permis de mieux comprendre le contexte historique, théologique de l’élaboration de la théologie missionnaire du R. P. de Lubac, et ainsi de voir que la théologie ecclésiale du concile Vatican II s’inspire de cette pensée. Les échanges entre Rome et la Belgique d’une part et Lyon d’autre part, les programmes des cours, les séminaires, discussions consultés durant cette semaine a permis de faire avancer solidement l’élaboration du sujet présenté en Master de théologie.
16) M. l’abbé Phong TRONG HOANG, prêtre diocésain vietnamien, inscrit en Master 2 Théologie/Histoire de l’Église à la Faculté de Théologie de l’ICP.
Sujet de recherche : Cardinal François-Xavier Nguyen Van Thuan (1928-2002), témoin de l’Espérance et acteur de l’unité des communautés chrétiennes vietnamiennes dispersées au XXe siècle.
Archives du Conseil Pontifical « Justice et Paix » : De nombreux documents ont été retrouvés dans ce fonds de documentation, en particulier six discours inédits du cardinal François-Xavier et deux ouvrages difficilement trouvables.
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Archives de la Propaganda Fide : L’étudiant a pu consulter aussi des lettres d’évêques MEP du Tonkin et de la Cochinchine adressées à la Propaganda Fide. La récolte fructueuse de ce travail de recherche va permettre de nourrir le contenu historique du mémoire de théologie.
Responsables de la session « recherche en archives dans le domaine de la missiologie »
Pierre DIARRA, Théologien, historien et anthropologue – UPM/OPM-France ; ISTR/ICP, responsable en France de l’UPM et de la formation missionnaire des OPM en France, enseigne au Theologicum (Faculté de Théologie et des Sciences Religieuses). Membre du Centre de Recherches CIM-APPLA&Co (EA 1484 – Communication-Information-Médias – Approches Pragmatiques en Philosophie du Langage et de la Communication, de l’École Doctorale Arts et Médias (ED 267) de l’Université Sorbonne Nouvelle-Paris-3). Membre du Conseil épiscopal pour les relations interreligieuses et les nouveaux mouvements religieux (Conférence des Évêques de France) ; membre de l’AFOM (Association Francophone œcuménique de missiologie) ; membre de l’ATA (Association des Théologiens Africains).
Enseignement de 2016-2017 : Séminaire de théologie à deux voix sur religions et violence ; Atelier sur les textes fondamentaux du Magistère sur la mission, les religions et le dialogue interreligieux ; cours sur les religions du terroir africain ; cours sur l’anthropologie des religions des ancêtres.
Principales Publications :
Paulin Poucouta, Gaston Ogui et Pierre Diarra (éd.), Les défis du vivre-ensemble au XXIe siècle, Paris, Karthala, 2016, 584 pages.
Catherine Marin, Guy Vuillemin, Jean-Paul Avrillon, Pierre Diarra, Tous missionnaires.
Allez, de toutes les nations faites des disciples, Montrouge, Bayard service édition, 2016, 240 pages.
Pierre Diarra, L’activité missionnaire de l’Église. Décret conciliaire Ad gentes présenté et commenté, Paris, Mame, 2015, 160 pages.
Pierre Diarra, « Sagesses africaines. Morceaux choisis », Petite bibliothèque des Sagesses, Paris, Éd. Le Monde des religions-Télérama, 2014, 48 pages.
Pierre Diarra, « Les Religions des Ancêtres. Orientations anthropologiques et réflexions théologiques », Paris, Publié par le Secrétariat général de la Conférence des Évêques de France, Documents Épiscopat n°11/2013, janvier 2014, 86 pages.
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Thierry-Marie Courau et Pierre Diarra (dir.), Les pays africains entre violence, espoir et reconstruction. L’action des chrétiens et des Églises, Paris, Karthala, 2011, 255 pages.
Pierre Diarra (en collaboration avec Pierre-Yves Pecqueux), « Présentation de l’exhortation Africae Munus de Benoit XVI donnée à Ouidah, au Bénin, le 19 novembre 2011 » (p. V-XXXIV), in Benoît XVI, L’engagement de l’Afrique. Africae munus. Exhortation apostolique, Paris, Bayard/Cerf/Fleurus-Mame, 2011, 214 pages.
Pierre Diarra, Cent ans de catholicisme au Mali. Approche anthropologique et théologique d’une rencontre (1888-1988), Paris, Karthala, Coll. « Mémoire d’Églises », 2009, 508 pages.
Catherine MARIN, Maître de conférences à l'ICP (Faculté de Théologie et de Sciences Religieuses et Faculté des Lettres), spécialité : histoire de la fondation des Églises hors d’Europe, directrice-adjointe de l’ISTR, co-responsable du pôle missiologie à l’ISTR, directrice du Groupe de Recherche sur les Écritures Missionnaires (GRIEM) au Pôle de Recherche de l’Institut Catholique de Paris, membre de l’Académie Catholique de France.
Enseignements donnés en 2016-2017 : Cours « Histoire de la fondation des Églises hors d’Europe » – Cours à deux voix (théologie et histoire) : « Chrétiens et musulmans dans l’Histoire » – Cours « Solitudes Sacrées et Villes Saintes » – Séminaire de Recherche en missiologie – Séminaire de Recherche à deux voix (théologie et histoire) « Le temps chez les Pères de l’Église » – Séminaire « Lecture des Écritures Missionnaires à la lumière de Paul Ricœur ».
Principales Publications :
Marin Catherine (éd.), Les écritures de la mission en Extrême-Orient. Le choc de l'arrivée, XVIIIe-XXe siècles : de l'attente à la réalité. Chine - Asie du Sud-Est - Japon, Turnhout, Brepols, 2007, 480 pages.
Marin Catherine (éd.), La Société des Missions étrangères de Paris, 350 ans à la rencontre de l’Asie, 1658-2008, coll. « Mémoire d'Églises », Paris, Karthala, 2011, 278 pages.
Marin Catherine (éd.), Femmes missionnaires en Asie, coll. « En mission avec les MEP », Angers, Frémur Éditions, 2011, 133 pages.
Marin Catherine (éd.), Les soutiens spirituels aux missionnaires et à la mission, XVIIe-XXe siècles, coll. « Mémoires d’Églises », Paris, Karthala, 2016, 258 pages.
Catherine Marin, Guy Vuillemin, Jean-Paul Avrillon, Pierre Diarra, Tous missionnaires.
Allez, de toutes les nations faites des disciples, Montrouge, Bayard service édition, 2016, 240 pages.
93 Organisation de cette semaine de travail
L’organisation de cette semaine de travail a présenté deux temps particuliers : chaque matinée, ont été dispensés des cours de formation, afin d’aider les étudiants à mieux appréhender leur travail en archives. Les cours ont eu lieu de 9h à 12h, et la programmation a été la même chaque jour. L’après-midi, chaque étudiant rejoignait son centre d’archives pour étudier les documents-sources dont il avait besoin pour sa recherche.
9h-10h
Cours de methodologie Catherine Marin
Cette séance a eu deux objectifs : donner les moyens et outils nécessaires à un travail efficace en archives, et donner un temps de parole à chaque étudiant pour présenter les difficultés rencontrées dans sa recherche personnelle.
Lors de la première séance, la définition de ce qu’on appelle archives a été présentée, en énumérant les différents types de production archivistique que l’on peut rencontrer (archives écrites, archives orales, photos, objets, cinéma), puis a été expliqué le rôle des inventaires qui présentent les documents déposés dans le fonds. Ensuite, le cours a mis l’accent sur la démarche que doit avoir un bon chercheur : ne pas arriver avec des « a priori », garder constamment un esprit de questionnement à partir de ce qui est écrit et de ce qui n’est pas écrit pour approfondir la recherche, analyser un document sous différents angles pour en tirer un maximum d’informations précieuses (littéraire, historique, religieuse, théologique, philosophique…). Enfin, ce cours a donné des éléments de réflexion sur la notion de « vérité historique », l’exigence de prudence et de discernement à la lecture des documents, et enfin des points de réflexion fondamentaux sur ce lien entre théologie et histoire.
Les jours suivants, cette première séance du matin a donné à chaque étudiant le temps de présenter l’avancée de sa recherche et les moyens de résoudre les difficultés rencontrées dans son travail.
Bibliographie (Bibliothèque de Fels, ICP)
Jacques Berlioz, Identifier sources et citations, Turnhout, Brepols, 1994.
Sophie Coeuré et Vincent Duclert, Les archives, Paris, Éd. La Découverte, 2001.
Paul Delsalle (dir.), La recherche historique en archives, XVIe, XVIIe, XVIIIe siècles, Gap/Paris, Ophrys, 1993.
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Paul Delsalle (dir.), La recherche historique en archives, XIXe et XXe siècles : de 1789 à nos jours, Gap/Paris, Ophrys, 1996.
Jean Favier, les Archives, Paris, PUF, 1991.
10h-11h
Les grandes figures de la Theologie de la Mission (missiologie) au XXe et XXIe siecles Pierre Diarra
L’objectif de cet enseignement de missiologie à l’attention des étudiants de l’Institut catholique de Paris, sélectionnés pour un séjour de formation, à Rome au CIAM, était de faire connaître la vie et l’œuvre de plusieurs grandes figures de la pensée missionnaire du XXe siècle.
Ces chercheurs, comme Henri de Lubac, Marie-Dominique Chenu, Pedro Arrupe, Michaël Amaladoss, Claude Geffré ou Léonard Santedi, ont influé sur l’évolution du sens de la mission qui a abouti au Concile Vatican II. Certains ont préparé le Concile et y ont participé ; d’autres se sont appuyés sur le Concile pour poursuivre leurs réflexions. En situant ces chercheurs dans divers contextes (espace, temps, enjeux ecclésiaux), on relèvera les défis et les orientations missionnaires, les objectifs théologiques et les déplacements d’accent, notamment dans les rapports entre Évangile et cultures, Évangile et justice, annonce et dialogue interreligieux, traditions et herméneutique, ou encore sécularisation et quête de « salut ».
Après avoir présenté l’objectif du cours, lundi 9 janvier 2017, Henri de Lubac (1896-1991), Marie-Dominique Chenu (1895-1990) et Pedro Arrupe (1907-1991) ont retenu l’attention, en articulant leurs réflexions aux grandes orientations missionnaires du concile Vatican II, sa préparation et sa réception.
Le père Henri de Lubac s’efforce de faire mieux connaître et aimer les trésors de la grande Tradition catholique. Il explique comment le catholicisme est essentiellement social en lui-même, en son centre le plus mystérieux, dans l’essence de sa dogmatique (voir Catholicisme. Les aspects sociaux du dogme, 1937 ; Le Drame de l’humanisme athée, 1964 ; Aspects du bouddhisme, I-1951 ; II-1956 ; Bouddhisme et Occident, 1952), notamment à travers les thèmes de la charité et de la grâce (voir Surnaturel de 1946 et Le Mystère du surnaturel de 1965). Il précise le lien entre l’être humain et Dieu, le désir de voir Dieu, un désir naturel du surnaturel qui est aussi un don.
Marie-Dominique Chenu va être freiné dans ses recherches après la publication de son petit ouvrage controversé, Une école de théologie : Le Saulchoir, 1937. Il y proposait, en effet, une
« réforme de la théologie », avec une affirmation du primat du donné révélé, l’acceptation de la critique biblique et historique, un thomisme ouvert et une présence aux problèmes du temps:
expansion missionnaire en contexte de pluralisme des civilisations humaines, union des cœurs au
95 sein de la chrétienté, entre croyants et tous les membres de l’humanité. La « théologie nouvelle » proposée met l’accent sur l’expérience religieuse en invitant les chrétiens et l’Église à être attentifs aux « signes des temps » (voir Maritain, Humanisme intégral, 1936 ; Congar, Chrétiens désunis, 1937 ; Henri de Lubac, Catholicisme, 1938 ; Henri Godin et Yvan Daniel, France pays de mission ? Chenu a donné le Nihil obstat le 23 mai 1943 ; Chenu, La Parole de Dieu, 1964, en deux volumes : La foi dans l’intelligence et L’Évangile dans le temps). Chenu s’interroge notamment sur l’incarnation de la Parole de Dieu, tant dans l’esprit de l’homme, que dans le déroulement de l’histoire, mais aussi sur la manière dont la théologie peut bénéficier de l’apport des sciences humaines : psychologie, psychanalyse, histoire, sociologie, ethnologie, linguistique.
Le père Pedro Arrupe, entré dans la Compagnie de Jésus en Espagne en 1927, est animé d’une vraie passion d’évangéliser qui marque toute son existence de jésuite, notamment quand il est missionnaire au Japon à partir de 1938 et quand il est élu supérieur général de la Compagnie le 22 mai 1965. Il écrit pour évangéliser en mettant l’accent sur la prière et la réflexion missiologique (voir Préface de Yves Calvez, dans Pedro Arrupe, Écrits pour évangéliser, présentés par Jean-Yves Calvez, DDB, Bellarmin, Paris, 1985, p. 12-13), la pauvreté et l’œcuménisme (voir les assemblées de Medellin en 1968 et de Puebla en 1979). Il entretient des échanges avec le pape Jean-Paul II, préoccupé comme celui-ci par la dimension trinitaire de la mission et l’inculturation, mais aussi par la promotion de la justice.
Le concile, notamment à travers les documents Ad gentes, Lumen gentium et Gaudium et spes, mais aussi Nostra aetate et Dignitatis humanae, invite les chrétiens à revenir à l’Écriture sainte : allez de toutes les nations, faites des disciples (Mt 28, 19-20). C’est un envoi « au pays de l’autre », auprès des « autres » par la Trinité (cf. Missio Dei) et l’Église, pour annoncer l’Évangile qui explicite la mission chrétienne dans le monde, là où l’Esprit de Dieu, « le protagoniste de toute la mission ecclésiale » (Redemptoris Missio, 21), est déjà à l’œuvre. Les attentes de l’autre, ses résistances à l’annonce de l’Évangile et ses diverses critiques, sans oublier les initiatives et la créativité souvent surprenante des « missionnés » et des néophytes, aident l’Église à mieux relever les défis missionnaires (voir Redemptoris Missio, 39 ; Mt 9, 35 ; Message du pape Benoît XVI pour la journée mondiale des missions de 2011 ; Evangelii Nuntiandi, 14).
Ces grandes idées générales du premier jour, à partir des trois premières figures retenues et articulées au Concile Vatican II, sont reprises les jours suivants et contextualisées avec les théologiens qui retiennent l’attention.
Ainsi, le mardi 10 janvier 2017, les étudiants ont été invités à réfléchir sur : L’Évangile à la rencontre des cultures, à travers la figure de Michaël Amaladoss (voir A la rencontre des cultures, Éd. de l’Atelier, 1997). Quel que soit le contexte de l’évangélisation, une phase de
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réception et d’inculturation s’avère inévitable (voir le choc de la tradition judéo-chrétienne et de la culture gréco-latine; l’Évangile au cœur des confrontations culturelles, notamment avec les apports culturels « barbares », la culture arabo-musulmane à l’Occident et, plus tard sur le mode de l’opposition, avec la culture philosophique et scientifique). La mission, avec ses diverses formes d’adaptation et d’inculturation, va « adapter » la foi chrétienne aux « missionnés », transformant progressivement des « Églises dites de mission » en « Églises locales », avec un clergé et un épiscopat indigènes (voir Maximum Illud, en 1919 ; Evangelii praecones, en 1951 ; Evangelii nuntiandi, en 1975), en essayant d’être fidèle à Dieu, sans oublier les attentes de l’Homme (voir Redemptoris missio en 1990, n°5 ; Jn 15, 12 ; Evangelii gaudium, 164 ; 2 Tm 4, 2-5 ; Lucien Legrand, Le Dieu qui vient. La mission dans la Bible, Paris, Desclée, 1988, p. 195-198 ; Michel Dujarier, Église-Fraternité. L’ecclésiologie du Christ-Frère aux huit premiers siècles, t. 1, L’Église s’appelle « Fraternité » (Ier-IIIe siècle), Paris, Cerf, 2013).
Le mercredi, 11 janvier 2017, la réflexion s’est articulée autour de quelques défis missionnaires liés à l’Afrique, à partir de la figure de Léonard Santedi (voir Dogme et inculturation en Afrique. Perspective d’une théologie de l’invention, Karthala, 2003 ; Les défis de l’évangélisation dans l’Afrique contemporaine, Karthala, 2005) mais aussi de Paulin Poucouta, Gaston Ogui et Pierre Diarra (voir Les défis du vivre-ensemble au XXe siècle, Karthala, 2016). Dans une logique de l’invention, Léonard Santedi Kinkupu propose d’opter pour une évangélisation inculturée qui favorise l’accueil de la foi chrétienne, vécue et partagée au sein d’une communauté, lieu de témoignage, d’interpellation et de diaconie multiforme. Il faut faire un effort d’inventivité dans la proposition de l’Évangile, dans la transmission de la foi, lors de la catéchèse, de la pastorale, de la détermination des normes éthiques, la réinterprétation des dogmes, etc., en se référant à l’auteur de la Vie qui a envoyé son Fils, le Verbe, pour que tous aient la vie en abondance (Jn 10, 10 ; Léonard Santedi Kinkupu, « Deux chantiers de travail dans la pratique des théologies contextuelles », dans Maurice Cheza, Gerard vant’Spijker (dir.), Théologiens et théologiennes dans l’Afrique d’aujourd’hui, Paris/Yaoundé, Karthala-Clé, 2007, p. 43-62).
Avec Paulin Poucouta, Gaston Ogui et Pierre Diarra la question du vivre-ensemble est posée, non seulement entre chrétiens, mais aussi entre croyants et au sein de toute communauté humaine, quelles que soient les convictions des uns et des autres. L’Évangile de Jésus-Christ devrait apporter de nouvelles réponses aux différentes questions spirituelles, éthiques, sociales, économiques et politiques des pays, et pas seulement en Afrique. C’est pourquoi la mission Ad gentes, la nouvelle évangélisation et la mission inter gentes doivent emprunter le chemin de l’écoute des appels des hommes et des femmes de ce temps, des appels de Dieu qu’il faut
97 interpréter, accueillir, dans une démarche herméneutique. C’est enfin un appel à se laisser renouveler dans le service de la mission universelle.
Le jeudi 12 janvier 2017, la figure de Claude Geffré et celle de Jean-François Zorn ont retenu l’attention, notamment la théologie herméneutique, la théologie interreligieuse et la missiologie en tant que discipline théologique (voir Claude Geffré, Passion de l’homme, passion de Dieu, 1991; De Babel à Pentecôte : essais de théologie interreligieuse, 2006 ; Le christianisme comme religion de l’Évangile, 2012). Comment envisager une théologie du pluralisme religieux de préférence à une théologie du dialogue interreligieux, pour tenter de mieux comprendre le « salut des infidèles » et la signification de la pluralité des voies vers Dieu à l’intérieur de l’unique Dessein divin. Dans une perspective herméneutique, à la suite de la doctrine patristique des semina Verbi et de Nostra aetate, on peut se demander si le pluralisme de fait ne renvoie pas à un pluralisme de principe qui correspondrait à un vouloir mystérieux de Dieu (voir Redemptoris missio en 1990 ; Dominus Jesus en 2000).
Dans son ouvrage, La missiologie. Émergence d’une discipline théologique de 2004, le pasteur de l’Église réformé, Jean-François Zorn, réfléchit sur la missiologie, en tant que discipline relative à la mission chrétienne. Alors que celle-ci a connu un développement formidable au XXe siècle, aucune discipline réflexive ne lui permit de trouver une assise doctrinale dans les branches de la théologie de l’ère francophone. Quelles en sont les raisons et quelles pourraient être le programme d’un cours de missiologie, en tant que « science de l’envoi de l’Église et du chrétien dans le monde », avec des aspects doctrinaux, historiques, pratiques et spirituelles ? La missiologie doit être articulée à l’œcuménisme (voir Evangelii nuntiandi, n°77 ; Ut unum sint, 1995, n°98-99 ; Jn 17, 21).
Le vendredi 13 janvier, les étudiants ont été invités à analyser le phénomène de la conversion comme signe d’accueil de l’Évangile, en se référant à la figure de Nicolas Standaert (voir L’« autre » dans la mission. Leçons à partir de la Chine, 2003) et à celle de Maurice Pivot (voir Un nouveau souffle pour la Mission, 2000 ; Au pays de l’autre. L’étonnante vitalité de la mission, 2009). Nicolas Standaert se demande si on n’a pas trop observé le christianisme à partir des missionnaires, de leurs intentions et de leurs projets, comme si les destinataires n’étaient qu’une cible passive. Il serait alors temps de regarder le déroulement de la mission à partir de « l’autre » : ses attentes et ses résistances, mais aussi ses initiatives et sa créativité souvent surprenante.
L’analyse du processus de conversion met en relief les interactions et les aspirations du converti, le
L’analyse du processus de conversion met en relief les interactions et les aspirations du converti, le